THOMAS D'AQUIN

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LE  VII MARS. SAINT THOMAS D'AQUIN, DOCTEUR DE L'ÉGLISE.

 

Saluons aujourd'hui l'un des plus sublimes et des plus lumineux interprètes de la Vérité divine. L'Eglise l'a produit bien des siècles après l'âge des Apôtres, longtemps après que la parole des Ambroise, des Augustin, des Jérôme et des Grégoire, avait cessé de retentir ; mais Thomas a prouvé que le sein de la Mère commune était toujours fécond ; et celle-ci, dans sa joie de l'avoir mis au jour, l'a nommé le Docteur Angélique. C'est donc parmi les chœurs des Anges que nos yeux doivent chercher Thomas; homme par nature, sa noble et pure intelligence l'associe aux Chérubins du ciel ; de même que la tendresse ineffable de Bonaventure, son émule et son ami, a introduit ce merveilleux disciple de François dans les rangs des Séraphins. La gloire de Thomas d'Aquin est celle de l'humanité, dont il est un des plus grands génies ; celle de l'Eglise, dont ses écrits ont exposé la doctrine avec une lucidité et une précision qu'aucun Docteur n'avait encore atteintes ; celle du Christ lui-même, qui daigna de sa bouche divine féliciter cet homme si profond et si simple d'avoir expliqué dignement ses mystères aux hommes. En ces jours qui doivent nous ramener à Dieu, le plus grand besoin de nos âmes est de le connaître, comme notre plus grand malheur a été de ne l'avoir pas assez

 

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connu. Demandons à saint Thomas « cette lumière sans tache qui convertit les âmes, cette doctrine qui donne la sagesse même aux enfants, qui réjouit le cœur et éclaire les yeux (1) ». Nous verrons alors la vanité de tout ce qui est hors de Dieu, la justice de ses préceptes, la malice de nos infractions, la bonté infinie qui accueillera notre repentir.

 

1. Psalm. XVIII.

 

Lisons maintenant quelques-uns des titres du Docteur Angélique à l'admiration et à la confiance des fidèles.

 

Admirable ornement du monde chrétien et lumière de l'Eglise, le bienheureux Thomas naquit de Landolphe, comte d'Aquin, et de Théodora de Naples, tous deux de noble extraction. Il montra, encore au berceau, quelle devait être l'ardeur de sa dévotion envers la Mère de Dieu ; car ayant trouvé un papier sur lequel on avait écrit la Salutation angélique, il le retint dans sa main fermée malgré les efforts de sa nourrice, et sa mère l'ayant arraché de force, il le redemanda par pleurs et par gestes, jusqu'à ce qu'on le lui rendît, ce qui étant fait, il l'avala. Il fut confié à l'âge de cinq ans aux soins des moines Bénédictins du Mont-Cassin. De là, il fut envoyé à Naples pour faire ses études; et, étant encore adolescent , il entra dans l'Ordre des Frères-Prêcheurs. Cette résolution ayant excité le mécontentement de sa mère et de ses frères, on le fit partir pour Paris. Durant le voyage, il fut enlevé par ses frères qui l'entraînèrent dans le château-fort de Saint-Jean. On s'y prit de diverses manières pour le détourner de sa sainte résolution, jusqu'à envoyer près de lui une femme de mauvaise vie, afin d'ébranler sa constance. Thomas la mit en fuite avec un tison. Après cette victoire le saint jeune homme, s'étant mis à genoux devant une croix, fut saisi d'un sommeil durant lequel il sentit ceindre ses reins par les Anges ; et, depuis ce temps, il fut exempt des révoltes de la chair. Ses sœurs étaient venues aussi au château dans l'intention de le détourner de son pieux dessein ; il leur persuada de mépriser les embarras du siècle, et d'embrasser les exercices d'une vie toute céleste.

 

On l'aida à s'échapper du château par une fenêtre, et on le ramena à Naples. Ce fut de là que Frère Jean le Teutonique, Maître général de l'Ordre des Frères-Prêcheurs, le conduisit à Rome, puis à Paris, où il étudia la philosophie et la théologie sous Albert le  Grand. Elevé au degré de Docteur dès l'âge de vingt-cinq ans, il expliqua publiquement, et avec une grande réputation, les écrits des philosophes et des théologiens. Jamais il ne se livra à la lecture ou à la composition sans avoir prié. Pour obtenir l'intelligence des passages difficiles de l'Ecriture sainte, il joignait le jeûne à la prière. Il avait même coutume de dire à Frère Réginald, son compagnon, que ce qu'il savait, il l'avait moins acquis par son étude et son travail qu'il ne l'avait reçu du Ciel. Un jour qu'il priait avec ardeur à Naples devant un crucifix, il entendit cette voix : « Tu as bien écrit de moi, Thomas : quelle récompense en désires-tu recevoir ?» A quoi il répondit : « Point d'autre que vous-même, Seigneur.  »

 

Il lisait assidûment les traités des Pères, et il n'y avait pas de genre de livres qu'il n'eût étudié avec soin. Ses écrits sont d'une telle importance par leur nombre, leur variété et la facilité avec laquelle les choses difficiles y sont expliquées, que sa doctrine abondante et pure, merveilleusement conforme aux vérités révélées, est très propre à détruire les erreurs de tous les temps. Appelé à Rome par le Souverain Pontife Urbain IV, il composa par son ordre l'office de la fête du Corps du Seigneur. Il refusa les dignités qu'on lui Offrit, même l'archevêché de Naples qui lui était proposé par Clément IV. Il prêchait constamment la parole de Dieu ; en s'acquittant de cette fonction, un des jours de l'Octave de Pâques , dans l'Eglise de Saint- Pierre, il guérit d'une perte de sang une femme qui toucha le bas de sa robe. Comme il se rendait au Concile de Lyon par ordre du Bienheureux Grégoire X, il tomba malade dans l'abbaye de Fosse-Neuve, où, malgré son infirmité, il donna l'explication du Cantique des cantiques. Ce fut là qu'il mourut, âgé de cinquante ans, l'an du salut mil deux cent soixante-quatorze, aux nones de mars II éclata, même après sa mort, par des miracles, lesquels étant prouvés, Jean XXII le mit au nombre des Saints, en mil trois cent vingt-trois ; son corps fut ensuite transporté à Toulouse par l'ordre du Bienheureux Urbain V. Comparé aux esprits angéliques non moins pour son innocence que pour son génie,il a mérité le titre de Docteur Angélique, qui lui fut confirmé par l'autorité de saint Pie V. Enfin LéonXIII, agréant avec grande joie les prières et les vœux de presque tous les évêques du monde catholique : pour éloigner le fléau de tant de systèmes , philosophiques principalement, qui s'écartent de la vérité, pour le progrès des sciences et la commune utilité du genre humain, de l'avis de la Congrégation des Rites Sacrés, l'a par Lettres Apostoliques déclaré et institué céleste Patron de toutes les Ecoles Catholiques.

 

La Liturgie Dominicaine a consacré les trois Hymnes suivantes au grand Docteur qui est une des premières gloires de l'Ordre des Frères-Prêcheurs :

 

HYMNE.

 

Que l'assemblée des fidèles se livre à l'allégresse ; qu'elle fasse entendre un chant de louange ; qu'elle célèbre le nouveau soleil dont les rayons dissipent les nuages de l'erreur.

 

Thomas, sur le soir du monde, a répandu des trésors de grâce ; rempli des dons célestes, la sainteté et la sagesse ont éclaté en lui.

 

Source de lumière , il nous fait connaître les splendeurs du Verbe, les Ecritures que Dieu même a dictées, et les règles  de la Vérité.

 

Ceint de l'auréole de la doctrine, il brille par la pureté de sa vie; la gloire des miracles l'environne ; il est la joie du monde entier.

 

Louange au Père, au Fils et au Saint-Esprit ; daigne la Trinité Sainte, par les mérites de Thomas, nous réunir aux chœurs, célestes ! Amen.

 

 

Thomas, issu de noble race, embrasse en un âge encore tendre la milice des Prêcheurs.

 

Semblable à l'astre du matin, il resplendit du sein des nues ; il réfute les erreurs des Gentils plus pleinement que ne l'avaient fait avant lui les docteurs.

 

Il sonde la profondeur des abîmes, il met au jour les choses les plus cachées; il éclaircit les saintes obscurités qui dépassent l'intelligence de l'homme.

 

Il est un fleuve de Paradis qui s'épanche en quatre rameaux; il possède l'armure complète de Gédéon : le glaive, la trompette, le vase et le flambeau.

 

Louange au Père, au Fils et au Saint-Esprit ; daigne la Trinité Sainte, par les mérites de Thomas, nous réunir aux chœurs célestes !

Amen.

 

 

HYMNE.

 

Célèbre, ô Eglise Mère, l'heureuse mort de Thomas, lorsqu'il fut admis à l'éternel bonheur par les mérites du Verbe de vie.

 

Fosse-Neuve reçut la dépouille mortelle de celui qui était un trésor de grâces, au jour où le Christ appela Thomas à l'héritage du royaume de gloire.

 

Sa doctrine de vérité nous reste avec son corps précieux, le parfum merveilleux qu'il exhale, et la santé qu'il rend aux infirmes.

 

Ses prodiges le rendent digne des louanges de la terre, des mens et des cieux ; qu'il daigne nous aider par ses prières, nous recommander à Dieu par ses mérites.

 

Louange au Père, au Fils et au Saint-Esprit; daigne la Trinité Sainte, par les mérites de  Thomas, nous réunir aux chœurs célestes !

Amen.

 

 

Gloire à vous, Thomas, lumière du monde ! vous avez reçu les rayons du Soleil de justice, et vous les avez rendus à la terre. Votre œil limpide a contemplé la vérité, et en vous s'est accomplie cette parole : Heureux ceux dont le cœur est pur ; car ils verront Dieu (1). Vainqueur dans la lutte contre la chair, vous avez obtenu les délices de l'esprit ; et le Sauveur, ravi des charmes de votre âme angélique, vous a choisi pour célébrer dans l'Eglise le divin Sacrement de son amour. La science n'a point tari en vous la source de l'humilité ; la prière fut toujours votre secours dans la recherche de la vérité ; et après tant de travaux vous n'aspiriez qu'à une seule récompense, celle de posséder le Dieu que votre cœur aimait.

Votre carrière mortelle fut promptement interrompue, et vous laissâtes inachevé le chef-d'œuvre de votre angélique doctrine ; mais, ô Thomas, Docteur de vérité, vous pouvez luire encore sur l'Eglise de Dieu. Assistez-la dans les combats contre l'erreur. Elle aime à s'appuyer sur vos enseignements, parce qu'elle sait que nul ne connut plus intimement que vous les secrets de son Epoux. En ces jours où les vérités sont diminuées parmi les enfants des hommes (2), fortifiez, éclairez la foi des croyants. Confondez l'audace de ces vains esprits qui croient savoir quelque chose, et qui profitent de l'affaissement général des

 

1. MATTH. V, 8. — 2. Psalm. XI.

 

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intelligences, pour usurper dans la nullité de leur savoir le rôle de docteurs. Les ténèbres s'épaississent autour de nous ; la confusion règne partout ; ramenez-nous à ces notions qui dans leur divine simplicité sont la vie de l'esprit et la joie du cœur.

Protégez l'Ordre illustre qui se glorifie de vous avoir produit ; fécondez-le de plus en plus ; car il est un des premiers auxiliaires de l'Eglise de Dieu. N'oubliez pas que la France a eu l'honneur de vous posséder dans son sein, et que votre chaire s'est élevée dans sa capitale : obtenez pour elle des jours meilleurs. Sauvez-la de l'anarchie des doctrines, qui a enfanté pour elle cette désolante situation où elle périra, si la véritable science, celle de Dieu et de sa Vérité, ne lui est rendue.

La sainte Quarantaine doit voir les enfants de l'Eglise se disposer à rentrer en grâce avec le Seigneur leur Dieu ; révélez-nous, ô Thomas, cette souveraine Sainteté que nos péchés ont offensée ; faites-nous comprendre l'état d'une âme qui n'est plus en rapport avec la justice éternelle. Saisis d'une sainte horreur à la vue des taches qui nous couvrent, nous aspirerons à purifier nos cœurs dans le sang de l'Agneau immaculé, et à réparer nos fautes par les œuvres de la  pénitence.

 

 

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