Oct. JEAN-BAPTISTE

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LE XXVII JUIN. QUATRIÈME JOUR DANS L'OCTAVE DE SAINT  JEAN-BAPTISTE.

 

La joyeuse Octave du Précurseur nous réservait un complément de lumière. Imitons l'Eglise, qui, de nouveau, concentre aujourd'hui ses pensées sur l'Ami de l'Epoux ; elle sait qu'ainsi l'Epoux lui-même lui sera mieux connu. « Car, selon la parole d'un des princes les plus autorisés de la chaire chrétienne, entre Jésus-Christ et Jean-Baptiste il y a eu des liaisons si étroites, qu'on ne peut bien connaître l'un sans connaître l'autre ; et si la vie éternelle consiste à connaître Jésus-Christ, aussi une partie de notre salut consiste-t-elle à connaître saint Jean (1). »

La mission du Précurseur l'élevait par elle seule, nous l'avons vu, au-dessus de tous les autres prophètes et apôtres. Mais quel était en sa personne le héraut dont la grandeur nous fut manifestée, au jour de la fête, par la dignité du message qu'il apportait au monde? Ses qualités privées, sa propre sainteté, répondirent-elles à l'éminence du rôle qu'il venait remplir ? La souveraine harmonie qui inspire les décrets éternels et préside à leur exécution dans le temps, nous défend d'en douter. Lorsque le Très-Haut résolut d'unir

 

1. Bourdaloue, Sermon pour la fête de saint Jean-Baptiste.

 

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son Verbe à la nature humaine, il s'engageait à revêtir cette nature créée de qualités toutes divines, qui lui permissent de traiter avec l'Adam nouveau d'égal à égal, et de l'appeler son fils. Lorsque à ce fils de ses complaisances, qu'il voulait en même temps fils de l'homme, il eut arrêté de donner une mère, le don d'une pureté digne en tout de son titre auguste resta dès lors assuré à la future Mère de Dieu. Prédestiné dès avant tous les âges au service le plus éminent du Fils et de la Mère, chargé par le Père souverain de découvrir le Verbe au sein de Notre-Dame , d'accréditer l'Homme-Dieu, de lui fiancer l'Epouse : se pourrait-il que la sainteté de Jean fût demeurée, dans les desseins de Dieu ou par sa propre faute, moins incomparable que ne l'était sa mission? L'éternelle Sagesse ne se ment point de la sorte à elle-même; et l'éloge sans pareil fait par Jésus de son Précurseur, au moment où s'achevait la vie de celui-ci (1), montre assez que les grâces tenues en réserve pour cette âme y fructifièrent dans leur plénitude.

Et quelles grâces que celles dont le point de départ nous montre Jean, trois mois avant sa naissance, établi déjà sur les sommets qu'atteignent à peine en toute une vie les plus saints personnages ! Bien au-dessus de la région des sens et de la raison, qui n'ont point encore en lui d'usage, il prend son essor : de ce regard intellectuel qui n'est dépassé que parla claire vision des élus, il perçoit Dieu présent devant lui dans la chair ; et, dans une extase d'adoration et d'amour, son premier acte en fait l'émule des Séraphins. La plénitude de l’Esprit-Saint fut, dès ce moment, le partage  de l'enfant de Zacharie et d'Elisabeth :

 

1. MATTH. XI.

 

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plénitude tellement débordante , qu'aussitôt la mère, et bientôt le père, se virent remplis eux-mêmes de la surabondance sortant de  leur fils (1).

Le premier donc après Notre-Dame, il avait reconnu l'Agneau de Dieu, donné son amour à l'Epoux descendu des collines éternelles ; le premier encore, pénétrant le mystère de la divine et virginale maternité, ne séparant point le Fils de la Mère, il avait, en même temps qu'adoré Jésus, honoré Marie par-dessus toute créature. Bénie êtes-vous entre les femmes, et béni le fruit de vos entrailles (2) ! C'est l'affirmation unanime de la tradition, qu'en prononçant ces mots, Elisabeth ne fut que l'organe et prête-voix de son fils. Le début de Jean, comme témoin de la lumière, a Marie pour objet ; à elle, dans l'admiration et la louange, la première expression des sentiments qui l'animent : ange lui-même, comme l'appelaient les Prophètes, il reprend et complète le salut de Gabriel à la douce souveraine de la terre et des cieux (3). C'était l'élan de sa reconnaissance éclairée pleinement sur le rôle de Marie dans la sanctification des élus, le cri de son âme en s'éveillant lui-même à la sainteté au premier son de voix de la Vierge-mère.

C'était pour lui en effet qu'en grande hâte, après la visite de l'ange, elle avait franchi les montagnes ; mais Notre-Dame réserve à Jean d'autres faveurs. Jusque-là silencieuse, devant ce séraphin dont elle est sûre d'être comprise, Marie entonne son chant divin, qui donne à Dieu la gloire, à Jean la pleine compréhension du mystère ineffable. En la manière qu'elle a sanctifié le Précurseur de son Fils, la Mère de Dieu doit elle-même maintenant le former

 

1. LUC. I, 15, 41, 67. — 2. Ibid. 42. — 3. Ibid. 28.

 

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et l'instruire. Le Magnificat est la première leçon du fils d'Elisabeth : leçon incomparable de divine louange ; leçon qui donne à Jean l'intelligence du contenu des Ecritures, la science du plan divin dans toute la suite des âges. Trois mois durant, dans l'angélique secret de communications plus réservées encore, se continue l'éducation merveilleuse.

Oh ! oui, pouvons-nous dire à notre tour et mieux que les Juifs, que pensez-vous que sera cet enfant (1) ? La dispensatrice des célestes trésors avait gardé pour Jean la première effusion de ces flots de la grâce, dont elle était devenue le divin réservoir. Le fleuve qui s'échappe de la cité sainte (2) ne s'arrêtera plus, portant à toute âme jusqu'à la fin des temps ses innombrables ruisseaux ; mais son choc impétueux, dans la force du premier bond, a rencontré Jean tout d'abord ; dans sa totalité non divisée encore, trois mois durant il passe et repasse sur cette âme, comme s'il eût existé pour elle seule. Qui mesurera ces torrents ? qui dira leur effet ? La sainte Eglise ne l'essaie pas ; mais dans l'admiration que lui cause la mystérieuse croissance de Jean sous l'œil étonné des anges, perdant de vue la faiblesse de ce corps d'enfant devant la maturité de l'âme qui l'habite, elle s'écrie, au jour de la glorieuse Nativité du Précurseur : Il est grand, l’homme qu'Elisabeth a mis au monde ! Elisabeth Zachariœ magnum virum genuit, Johannem Baptistam prœcursorem Domini (3).

Pour donner leur formule liturgique aux pensées qui précèdent, chantons cette Séquence dont

 

1. LUC. I, 66. — 2. Psalm. XLV. — 3. Ant. Ia in Laud. et IIis Vesperis.

 

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nous empruntons le texte à l'ancien Missel de Lyon de 153o. On sait le culte filial des Lyonnais pour saint Jean-Baptiste. Leur église primatiale reconnaît comme Patron le saint Précurseur. En l'an de grâce 1886, nous avons vu les mêmes foules qu'autrefois accourir au jubilé fameux concédé par le Siège de Pierre à la Rome des Gaules, dans les années où la fête du Très-Saint-Sacrement coïncide avec la solennité du glorieux Titulaire au 24 juin.

 

SEQUENCE.

 

 

IL est grand l'homme qu'en ce jour glorieux, Elisabeth, femme de Zacharie, a mis au monde.

 

La plénitude et perfection de ses vertus, fait de lui le premier d'entre les fils des femmes.

 

Non encore né, il découvrit le Roi qui devait naître en des conditions supérieures à la loi, sans concours d'homme.

 

Il découvrit Dieu ici-bas, comme l’amande en son noyau, caché dans la Vierge.

Heureux enfant, dont nous célébrons la naissance! C'est l'ange du Sauveur, la voix, le porteur du Verbe, qui nous est donné dans la chair.

 

Le fruit ne précède pas la fleur: mais, comme il est d'usage, c'est la fleur qui parait la première : elle apporte l'odeur du champ béni par Dieu aux âmes des fidèles.

 

Il prépare et montre la voie, où nul obstacle n'arrête le pied de celui qui, par la foi , s'attache au vrai Fils de Dieu.

 

Austère est sa vie; il ne rejette point pour nourriture le miel des bois et les sauterelles.

Vêtu de poils de chameau, combien pauvre il fut au désert! Combien bon il apparut au monde!

 

Ecoutons l’évangéliste : Lui, dit-il, n'était pas la lumière; mais il venait pour rendre, ô Christ, témoignage à votre lumière.

 

Ce n'était pas la lumière, mais c'était le flambeau montrant la route vers les hauteurs, où l'éternelle paix promet ses joies à ceux qui la cherchent.

 

Contemplons tous celui en qui la foule, que tant de prodiges frappaient d'étonnement, espérait voir le Christ.

 

Lui n'éleva point sa tête; il se reconnut indigne de dénouer la courroie des chaussures du Seigneur.

 

Depuis son temps, parla divine grâce, le ciel souffre violence ; non de plein droit, mais comme faveur, il est donné à qui fait preuve de force et fait des fruits de pénitence.

 

Celui que sous l'ancienne loi les autres prophètes chantent dans les ténèbres, prophète incomparable, il le montre du doigt : c'est le Seigneur dans la chair, fin des figures.

 

O combien saint, combien illustre est l'homme qui baptisa le Christ, source des eaux vives, qui lava dans les flots du Jourdain celui qui purifie tout!

 

O Christ, purifiez de leurs fautes ceux qui célèbrent la naissance de votre précurseur et baptiseur; exaucez nos gémissements dans ce désert.

 

Après cette terre aride et brûlée du soleil, nous vous demandons, comme dot de nos âmes, un domaine fécondé par les eaux,

 

Pour que, chargés de gerbes, nous arrivions pleins d'allégresse à la paix éternelle.

Amen.

 

 

 

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