V Oct. PIERRE et PAUL

Précédente Accueil Remonter Suivante

Accueil
Remonter
PENTECOTE III
MARCELLIN
POTHIN
CLOTILDE
FRANÇOIS CARACCIOLO
BONIFACE
NORBERT
PRIME-FÉLICIEN
MARGUERITE
BARNABÉ
JEAN DE SAHAGUN
BASILIDE
LÉON III
ANTOINE DE PADOUE
BASILE LE GRAND
VITE
CYR et JULITTE
MARC et MARCELLIEN
JULIENNE FALCONIÉRI
GERVAIS et PROTAIS
SILVÈRE
LOUIS DE GONZAGUE
PAULIN
Vig. JEAN-BAPTISTE
NATIVITÉ JEAN-BAPTISTE
GUILLAUME
JEAN et PAUL
Oct. JEAN-BAPTISTE
Vig. PIERRE et PAUL
LEON II
IRÉNÉE
PIERRE et PAUL
Comm. S. PAUL
PRÉCIEUX SANG
Oct. JEAN-BAPTISTE
VISITATION
V Oct. PIERRE et PAUL
VI Oct. PIERRE et PAUL
ZACCARIA
Oct. PIERRE et PAUL
CYRILLE et MÉTHODE
WILLIAM
ALBAN

LE III JUILLET. CINQUIÈME JOUR DANS L'OCTAVE DES SAINTS APOTRES PIERRE ET PAUL.

 

Si parmi tous les Saints il n'en est pas qui ne mérite les hommages de la terre, et dont le nom ne soit puissamment secourable, le culte rendu à chacun d'eux, la confiance qui leur est témoignée, varient pourtant en la mesure de ce que nous connaissons de leur gloire. Il est donc juste, et c'est l'affirmation posée par saint Léon le Grand dans l'Office de ce jour, il est juste d'honorer davantage ceux que la grâce divine a tellement élevés entre tous, que, dans ce corps de l'Eglise qui a le Christ pour tête, ils sont établis comme les deux yeux éclairant tous les membres (1). C'est la raison qui fait qu'entre les nombreuses solennités consacrées sur le Cycle aux serviteurs de Dieu, il n'en est point qui soit supérieure à la fête des deux princes des Apôtres.

Lorsque la pratique de l'Eglise inspirait les mœurs des particuliers et des peuples, la confiance des nations, la dévotion privée elle-même n'avaient pas d'autres appréciations, d'autres préférences que celles de la sainte Liturgie; et il serait long, trop long pour nous, de relever dans les histoires, chartes publiques ou simples contrats, monuments de toutes sortes, les preuves sans fin de

 

1. Sermo I in Nat. Apost. Lect. IIi Nocturni.

 

532

 

l'amour de nos pères pour le glorieux porte-clefs du royaume du ciel et son illustre compagnon armé du glaive. La foi était vive en ces temps. On comprenait que, de tous les biens départis par Dieu à la terre, il n'en est point qui égalent les grâces de sanctification, de doctrine, d'unité, dont Pierre et Paul avaient été, pour tous, les instruments prédestinés ; le cœur aussi s'élargissait avec l'intelligence; on voulait connaître la vie si touchante de ces pères du peuple chrétien; on leur tenait compte du dévouement avec lequel ils avaient, sans calculer, dépensé leurs sueurs et leur sang.

Pourrait-on dire qu'il en est encore ainsi de nos jours? Combien de baptisés, catholiques de nom, parfois pratiquants, possèdent à peine sur le christianisme les élémentaires notions qui leur permettraient d'entrevoir, au moins confusément, l'importance du rôle qu'ont rempli dans l'humanité les fondateurs de l'Eglise ! Il en est d'autres, et, grâces à Dieu, leur nombre a grandi dans nos temps, qui tiennent à honneur d'avoir approfondi les principes sur lesquels repose la divine constitution de la société rachetée par le Sang du Seigneur.Ceux-là comprennent et ils révèrent la place auguste que Pierre et Paul ont occupée, qu'ils retiennent toujours dans l'économie du dogme chrétien. De ceux-là même néanmoins, en est-il beaucoup qui véritablement honorent comme ils doivent les deux princes des Apôtres? Ce qu'ils savent d'eux leur dit assez qu'il n'en peut être à leur égard comme pour d'autres bienheureux, dont on voit le culte s'étendre ou décroître, suivant les lieux, les temps, les circonstances : le culte de saint Pierre et de saint Paul tient par ses racines au fondement du catholicisme; soit dans

 

533

 

les peuples, soit dans les âmes,'il ne saurait s'amoindrir qu'au grand détriment du catholicisme lui-même. Mais tout culte n'est vrai, que s'il implique dévotion et amour ; et peut-on dire que, chez tous ceux dont nous parlons, la connaissance des saints Apôtres ait pénétré suffisamment de l'esprit jusqu'au cœur ?

C'est que pour plusieurs cette connaissance, confinée dans la région de la théorie, demeure par trop impersonnelle aux deux Apôtres ; et que les principes les plus savamment déduits ne donnent point l'esprit de foi, qui réside au cœur et anime la vie. Qu'ils complètent donc leur science; sans perdre de vue les hauteurs du dogme, qu'ils sachent demander à la prière, à l'humble étude de l'Evangile, des Actes des Apôtres, de leurs lettres aux Eglises, des traditions ecclésiastiques, cette révélation tout intime de l'âme de Pierre et de celle de Paul qui ne peut manquer de les leur faire admirer, aimer surtout, autant et plus que leurs sublimes prérogatives. Peut-être alors s'étonneront-ils d'avoir connu si tard bien des détails précieux, et mille traits instructifs que les plus petits enfants des siècles réputés barbares eussent rougi d'ignorer. A coup sûr, ils auront joie de se sentir plus catholiques dans l'âme ; ils s'estimeront heureux d'avoir compris, de partager enfin la dévotion de l'humble femme du peuple et sa naïve confiance, mêlée de crainte, dans le portier du paradis.

La belle Préface qui suit est empruntée au Missel Mozarabe. Elle chante les contrastes divins parmi lesquels aime à se jouer l'éternelle Sagesse, et qu'elle s'est plue à multiplier dans la vie des deux princes des Apôtres.

 

534

 

ILLATIO.

 

Il est digne et juste, Père tout-puissant, que  nous vous rendions de grandes grâces pour la multiple gloire des Apôtres Pierre et Paul; car vous les avez gratifiés abondamment  des dons les plus divers en votre miséricordieuse  bonté. Vous avez fait d'eux les disciples de votre Fils, les maîtres des nations. Pour la prédication de l'Evangile ils président dans le royaume des cieux, ils sont enfermés dans d'étroits cachots. Us ont le pouvoir de délier les péchés, ils sont liés par des chaînes de fer. Ils donnent la santé., et souffrent tous les maux. Ils commandent aux démons, et par les hommes sont flagellés. Ils mettent en fuite  chaque genre  de mort, et fuient  la  persécution.  Ils  marchent sur la mer, et peinent au  travail; d'un mot transportent  les montagnes, et vivent du labeur de leurs mains. Ils doivent juger les Anges, et subissent  la question ; vivent avec Dieu, périclitent sur la terre. Enfin le Christ se fait leur serviteur, lavant leurs pieds; et leur visage est souffleté par la main de blasphémateurs. Rien n'a manqué presque,  en fait de misères, à leur  patience; rien,  en fait de succès, qui n'orne leur  couronne de victoire. Si nous repassons toutes les souffrances, tous les tourments qu'ils ont endurés pour attester la foi véritable, ils l'emportèrent sur les Martyrs. Comme miracles, ils ont fait par le Christ ce que fit le Christ même; comme passion, ils ont supporté, devant nécessairement mourir, ce que lui a subi dans une mort volontaire : eux par ses forces,lui par les siennes. Pour enseigner avec autorité, entre lui et eux il y avait ressemblance, non égalité comme docteurs.

 

Pierre a accompli, dans son temps, ce qu'il avait promis avant le temps. Il a donné sa vie pour celui qu'il avait cru ne pouvoir renier autrefois. Comme, dans l'ardeur précipitée de son très grand amour, il s'était engagé légèrement, sans comprendre que le serviteur ne pouvait donner pour le Maître ce que le Maître n'eût auparavant donné pour le serviteur : il ne refusa pas d'être crucifié comme lui, mais n'eut pas la présomption d'être attaché de même. Le Maître était mort debout, lui mourut renversé : signe de la majesté de celui qui montait dans les cieux; marque de la fragilité de celui qui descendait vers la terre.

 

Non inférieur en amour, Paul se souvient de ce qu'il avait dit de lui-même : Le Christ est ma vie, et la mort m'est un gain. Plein de joie, sous les coups du bourreau furieux, il offre au Christ sa tête assouplie au joug; pour celui qui est la tête du corps des élus dont il fait partie, il donne la tête de son propre corps. Les deux soldats de Dieu se partagent la dépouille de la passion du Seigneur : l'un sur le gibet, l'autre sous le glaive; Pierre par les clous. Paul dans le sang.

 

Mort différente, même amour en la mort ! Que l'Eglise catholique se réjouisse en leur enseignement, toute piété au souvenir de cette mort, la ville de Rome à leurs tombeaux, chaque âme chrétienne sous leur patronage. Or toutes ces choses, c'est vous qui les opérez, ô Seigneur qui êtes désigné par les Prophètes, adoré par les Anges, manifesté par la lumière apostolique au monde entier. C'est à bon droit que tous les Anges et les Archanges ne cessent point de crier vers vous, disant : Saint ! Saint ! Saint !

 

La même Liturgie Mozarabe emploie l'Hymne suivante, au jour de la Fête. Elle a pu être, non sans fondement, attribuée à saint Ambroise, et paraît avoir précédé dans l'usage liturgique l'Hymne d'Elpis.

 

537

 

HYMNE.

 

Le martyre des Apôtres consacre ce jour à jamais : c'est de Pierre le noble triomphe, c'est de Paul la couronne.

 

Unis et rapprochés dans le sang de leur mort triomphante, les princes ont suivi Dieu ; ils ont reçu la couronne de la foi du Christ.

 

Le premier est l'Apôtre Pierre, et Paul n'est point inférieur en grâce : le vase de sainte élection a égalé la foi dé Pierre.

 

La Croix tourne en terre son sommet, Simon y rend honneur à Dieu ; il y monte et demeure suspendu, se souvenant de l'oracle aui le concernait.

 

Ainsi qu'il avait été dit, ceint dans sa vieillesse et élevé par un autre, il a été où il ne voulait pas ; mais sa volonté a vaincu la dure mort.

 

Fondée dans un sang pareil, ennoblie par un tel personnage, Rome alors est devenue la tête sublime de la religion.

 

Dans toute l'enceinte de la grande ville, les foules se pressent en rangs serrés, pour aller dans trois directions célébrer la fête des augustes martyrs.

 

On dirait que le monde est ici rassemblé, que c'est le rendez-vous des peuples de l'univers : c'est bien ici la capitale des nations, élue pour telle comme siège du maître des nations.

 

A Dieu le Père soit gloire, et à son Fiis unique, ainsi qu'à l'Esprit Paraclet, dans les siècles  sans fin !

Amen.

 

 

Précédente Accueil Remonter Suivante