Oct. PIERRE et PAUL

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LE IV JUILLET. L'OCTAVE DES SS. APOTRES PIERRE ET PAUL.

 

Fermement appuyée sur Pierre, l'Eglise se retourne vers celui que l'Epoux lui a donné pour chef et lui témoigne, non  moins qu'obéissance et foi, vénération et amour. C'est le  besoin de sa reconnaissance; et d'autre part  elle  n'ignore point que, selon la parole de saint Pierre Damien attribuée par d'autres à un disciple de saint Bernard, « nul ne peut prétendre à l'intimité du Seigneur, sans être aussi l'intime de Pierre (1). » Admirable unité de la marche  de Dieu  vers sa créature !  mais,  en même temps, loi absolue du progrès de celle-ci vers la vie divine : Dieu ne se trouve qu'en Jésus, de même que Jésus dans l'Eglise, et l'Eglise avec Pierre. Si vous me connaissiez, disait le Seigneur, peut-être aussi connaîtriez-vous mon Père (2) ; mais les Juifs cherchaient Dieu en dehors de Jésus, et leurs efforts étaient vains. D'autres depuis sont venus, qui ont voulu  trouver Jésus en se passant de son Eglise; mais ce que Dieu a uni, l'homme le séparerait-il donc (3) ? et ces hommes, à la poursuite du Christ de leurs conceptions, n'ont rencontré ni Jésus ni l'Eglise. D'autres enfin sont fils de l'Eglise, mais

 

1.  Petr. Dam. vel Nicol. CLARAVALL. Sermo de S. Petro Ap. — 2. JOHAN. XIV, 7. — 3. MATTH. XIX, 6; Eph. V, 32.

 

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se persuadent que dans les pâturages où, à bon droit, leur âme veut s'engraisser de Dieu, ils n'ont à rechercher que le Pasteur divin qui réside au ciel ; et néanmoins, en remettant à un autre le soin de paître agneaux et brebis (1) Jésus sans doute n'entendait pas qu'il en fût ainsi : par ces paroles, ce n'est pas de quelques-uns seulement, des commençants ou des imparfaits, des puissants ou des saints, mais de tous, petits et grands, que le céleste Pasteur confiait à Simon fils de Jean la nourriture, la direction, l'accroissement et la garde.

O âme avide de Dieu, sache donc aller à Pierre; ne crois pas arriver autrement à l'apaisement de la faim qui te presse. Formée à l'école de la sainte Liturgie, tu n'es point de celles assurément qui, dans le divin Fils de Marie, négligent l'humanité pour arriver, disent-elles, plus vite et plus sûrement au Verbe ; mais pareillement, ne cherche point, comme tu ferais d'un obstacle, à tourner le Vicaire de Dieu. Jésus n'est pas moins impatient que toi de la rencontre ; sois donc assurée que ce qu'il place entre toi et lui sur la route, n'est point retardement, mais secours. Comme, en l'auguste Eucharistie, les espèces sacrées ne sont que pour t'indiquer où t'attend celui que tu ne saurais trouver par toi-même ici-bas : ainsi le mystère de Pierre n'a d'autre fin que de te montrer sûrement où réside pour toi, dans son autorité et son infaillible conduite, celui qui réside pour toi de même au divin Sacrement dans sa propre substance. Les deux mystères se complètent; ils marchent de pair et cesseront à la fois, lorsque nos yeux auront pouvoir de contempler directement Jésus ; mais d'ici là, l'Eglise y voit  bien moins un intermédiaire

 

1. JOHAN.  XXI, 13-17.

 

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ou un voile, que le signe mille fois précieux de l'Epoux invisible. Aussi ne t'étonne point que les honneurs rendus par  elle à Pierre, rivalisent avec ceux qu'elle prodigue à l'Hostie ; dans ces génuflexions multipliées également des deux parts, elle adore en effet également : non  l'homme sans doute qu'elle voit assis au trône apostolique,  pas plus que les espèces perçues par ses sens à l’autel; mais des deux parts le même Jésus, qui se tait au Sacrement, qui parle et commande en son Vicaire.

Au reste, elle sait que Pierre seul peut lui donner l'Hostie. Le baptême qui nous fait fils de Dieu et tous les sacrements qui multiplient en nous les énergies divines, sont un trésor dont seul il a licence de disposer légitimement par lui-même ou par d'autres. C'est sa parole qui, dans tout le monde, à tous les degrés de l'enseignement autorisé, fait naître au fond des âmes la foi commencement du salut, et l'y développe, depuis ces humbles  commencements  jusqu'aux  plus  lumineux sommets de la sainteté. Et comme, sur les montagnes, la vie des conseils évangéliques est le jardin plus  spécialement  réservé de l'Epoux, Pierre aussi  se réserve la conduite et protection plus spéciale des familles religieuses, voulant pouvoir toujours lui-même, directement, offrir à Jésus les plus belles fleurs de cette sainteté dont son haut ministère est le principe et l'appui. Ainsi sanctifiée, c'est encore à Pierre que l'Eglise s'adresse pour apprendre de lui  la manière d'aller à l'Epoux dans ses hommages et son culte ; elle lui répète, comme autrefois les disciples au Sauveur : Enseignez-nous à prier  (1) ; et Pierre, s'inspirant de ce qu'il sait des pompes de la patrie, ordonne ici-bas

 

1. LUC. XI, 1.

 

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l'étiquette sacrée et dicte à l'Epouse le thème de ses chants. Enfin à sa sainteté, qui donc, sinon Pierre, vient ajouter encore ces caractères d'unité, de catholicité, d'apostolicité, qui sont pour elle, en face du monde, l'irréfragable titre de ses droits au trône et à l'amour du Fils de Dieu ?

Si nous sommes vraiment fils de l'Eglise, si c'est au cœur de notre Mère que nous puisons nos sentiments, comprenons quels seront la reconnaissance, le respect plein d'amour, la tendre confiance, le dévouement absolu de tout notre être envers l'homme de qui, par la très suave volonté de Dieu, nous viennent tous ces biens. Pierre en lui-même et dans ses successeurs, en celui surtout qui porte de nos jours le poids du monde et nos propres fardeaux, sera l'objet constant de notre culte filial. Ses gloires, ses souffrances, ses pensées seront nôtres. N'oublions pas que celui dont le Pontife Romain est le représentant visible, a voulu que tous ses membres eussent leur part invisible au gouvernement de son Eglise ; la responsabilité de chacun en un point d'importance si majeure, est clairement indiquée par le devoir de la prière, qui compte plus que l'action devant Dieu, et que l'amour rend plus forte que l'enfer (1). Et cet autre devoir majeur de l'aumône, qui nous oblige à subvenir à l'indigence du plus humble de nos frères : croirions-nous donc en être libres à l'égard de l'évêque et du père de nos âmes, lorsque d'injustes spoliations l'amènent à connaître, dans les nécessités de son immense gestion, le besoin et la gêne ? Heureux qui, au tribut de l'or, peut être admis à joindre celui du sang ! mais tous n'ont pas cet honneur.

 

1. Cant. VIII, 6.

 

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En ce dernier jour  de l'Octave consacrée au triomphe des deux  princes des Apôtres, saluons encore la ville qui fut témoin de leurs derniers combats. Elle garde leurs tombes, et reste le siège du successeur de Pierre ; à ce double titre elle est le vestibule des cieux, la  capitale de l'empire des âmes.  La pensée des augustes trophées élevés sur les deux rives de son fleuve et des souvenirs glorieux multipliés alentour, faisait tressaillir sous le ciel de l'Orient saint Jean Chrysostome. « Non, s'écriait-il dans une Homélie à son peuple ; le ciel, lorsque le soleil l'illumine de tous ses feux, n'a rien de comparable à la splendeur de Rome versant sur le monde la lumière de ces deux flambeaux. C'est de là que sera enlevé Paul, que partira Pierre.  Réfléchissez et frissonnez déjà  à la pensée du spectacle dont Rome sera témoin,lorsque Paul avec Pierre se levant de leurs tombes seront emportés à la rencontre du Seigneur. Quelle rose éclatante Rome présente au Christ ! Quelles couronnes entourent cette cité ! De quelles chaînes d'or elle est ceinte ! Quelles fontaines elle possède ! Cette ville fameuse,  je l'admire,  non à cause de For dont elle abonde, non à cause de ses fastueux portiques, mais parce qu'elle garde dans son enceinte ces deux colonnes de l'Eglise (1). » Et l'illustre orateur exprimait en termes brûlants le désir qu'il aurait eu de visiter les grands tombeaux,  trésor du monde, rempart assuré de la cité-reine.

Aujourd'hui, des divers territoires assignés à leur zèle, les chefs du peuple de Dieu viennent, à des intervalles fixés parle droit, visiter les basiliques élevées sur les restes précieux de Pierre et de Paul ; comme  celui-ci durant sa vie mortelle (2), ils

 

1. Homil. XXXII in Ep. ad Rom. — 2. Gal. I, 18.

 

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doivent aussi venir voir Pierre vivant toujours dans le Pontife héritier de sa primauté. Si les simples chrétiens ne sont pas soumis à une obligation qui est, pour leurs évêques, l'objet d'un serment solennel, tout vrai catholique dirigera néanmoins fréquemment sa pensée vers les sommets bénis d'où partent les canaux du salut pour de là se diviser sur la terre entière. Un des symptômes les plus consolants de nos temps malheureux est le mouvement qui commence à ébranler les foules et à les porter vers la Ville éternelle. Mouvement à encourager, s'il en fut ; car il nous fait rentrer dans les plus saines traditions de nos pères; et aujourd'hui, les facilités d'un pareil pèlerinage, une fois dans la vie, sont devenues telles que, pour un grand nombre, il ne saurait aller sérieusement à l'encontre d'aucune nécessité réelle de position ou de famille.

Si tous pourtant ne peuvent s'approprier en ce sens la parole du Psaume : « Je me suis réjoui de ce qui m'a été dit, nous irons dans la maison du Seigneur ; » que tous du moins, aussi bien et mieux que le Juif, sachent redire ces accents du vrai patriotisme des âmes : « Que tous les biens soient pour ceux qui t'aiment, ô vraie Jérusalem ! que la paix règne sur tes remparts, et l'abondance dans tes forteresses. C'est là mon vœu, à cause de mes frères qui sont en toi ; c'est là ma prière, parce que tu es pour moi la maison du Seigneur notre Dieu (1).  »

Pour rendre honneur aux églises de la Ville éternelle qui  gardent les principaux  souvenirs des

 

1. Psalm. CXXI.

 

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saints Apôtres, Benoît  XIV établit (1) que, chacun des jours de l'Octave, une Messe pontificale serait chantée successivement dans l'une de ces églises, avec  le concours des chantres et autres ministres de la chapelle papale. Au lendemain de la fête du 29 juin, que le Pontife souverain se réserve de célébrer  lui-même  en la  Basilique  Vaticane sur le tombeau du prince des Apôtres, les évêques Assistants au trône pontifical sont convoqués dans la Basilique de la voie d'Ostie qui abrite, non loin du lieu de son martyre, le corps et les chaînes du Docteur des nations. Les Protonotaires apostoliques se réunissent le 1er juillet dans l'Eglise de Sainte-Pudentienne, ancienne maison du sénateur Pudens « où, dit Benoît XIV, Pierre annonçant la parole divine et  célébrant les saints Mystères,  jeta en quelque sorte les premiers fondements de l'Eglise Romaine mère et maîtresse des autres églises. » Le 2 juillet,  les  Auditeurs de Rote et le Maître  du sacré palais honorent de même, à Sainte-Marie in Via lata, la mémoire du séjour que fit en ce lieu durant deux années l'Apôtre des gentils. Le cinquième jour, 3 juillet, la Messe pontificale est célébrée à Saint-Pierre-ès-liens, avec l'assistance des Clercs de la Chambre ; le sixième jour, à la prison Mamertine, en présence des Votants de la Signature ; le septième, devant les Abréviateurs du Parc Majeur,  à Saint-Pierre in Montorio désigné par une tradition comme l'emplacement du martyre de l'Apôtre. Enfin, le 6 juillet, le  Sacré-Collège des Cardinaux termine l'Octave en grande solennité à Saint-Jean de Latran, où sont exposés à la vénération publique, en de riches reliquaires, les chefs mêmes de saint Pierre et de saint Paul.

 

1. Bulle Admirabilis Sapientiae Dei sublimitas, 1er Avril 1743.

 

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Entrons dans la pensée qui inspira au grand Pape Benoît XIV cette distribution des jours de l'Octave des saints Apôtres, et prions avec lui pour la Ville et le monde, en empruntant au Sacramentaire de son immortel prédécesseur, saint Léon Ier, les deux formules qui suivent.

 

PRÉFACE.

 

Il est vraiment juste de vous rendre grâces, à vous qui, prévoyant les épreuves dont notre Ville aurait à subir l'assaut, plaçâtes en elle les membres principaux de la vigueur apostolique. O Rome heureuse, si tu connaissais tes gardiens, si tu mettais ton zèle à célébrer dignement de si nobles guides ! Aucun ennemi ne t'attaquerait, tu ne craindrais aucunes armes, si, docile à leurs enseignements, véridique et fidèle, tu te pressais autour d'eux dans la profession d'un sincère christianisme. Quels dons te viendraient d'eux si tu les méritais, ils le montrent assez par la protection que déjà ils accordent à des pécheurs.

 

 

ORAISON.

 

O Dieu qui avez placé sur les montagnes saintes les fondements de votre Eglise ; faites qu'elle ne soit minée par aucune entreprise de l'erreur, ébranlée par aucun trouble du monde : mais que, fondée par les Apôtres, elle soit toujours ferme, et, protégée par eux, toujours tranquille. Par Jésus-Christ.

 

La Prose suivante, d'Adam de Saint-Victor, terminera dignement le recueil des pièces liturgiques qui nous ont aidés durant cette Octave à pénétrer dans l'esprit de la sainte Eglise. Nous la choisissons de préférence à celle de l'illustre poète qui commence par ces mots Gaude Roma, caput mundi, et qui est exclusivement personnelle à saint Pierre dont elle raconte les miracles et la vie.

 

SÉQUENCE.

 

Que Rome en Pierre se glorifie, que Rome d'un même culte vénère aussi Paul ; ou bien plutôt que tout entière, en allégresse, en chants joyeux, l'Eglise célèbre ce jour.

 

Ils sont ses fondements, ses fondateurs et ses appuis ; bases, architraves, couvertures et tentures, peaux du temple richement teintes, coupes, pommes et lis d'ornements.

 

Ils sont les nuées éclatantes arrosant la terre de nos cœurs, tantôt de pluie, tantôt de rosée. Ils sont les hérauts de la loi nouvelle, les guides du troupeau nouveau vers le bercail du Christ.

 

Ensemble ils foulent l'aire, compagnons de labeurs ; ils travaillent à la vigne dans l'espoir du denier.

 

Par leurs efforts la paille est séparée, les greniers se remplissent de la moisson nouvelle.

 

On les appelle les monts, frappés qu'ils sont les premiers de la lumière du vrai soleil. Admirable est leur force ; aussi les désigne-t-on sous le titre de firmament ou de cieux.

 

Ils mettent en fuite les maladies, domptent la mort et ses lois, chassent les démons. Ils détruisent l'idolâtrie, donnent grâce aux coupables, aux malheureux consolation.

 

La louange est commune pour les deux, quoique la dignité de chacun soit particulière : Pierre précède par la primauté, Paul excelle par ses enseignements dans l'Eglise entière.

 

La primauté est donnée à un seul, et l'unité de la foi catholique est ainsi proclamée. Une seule écorce est pour les grains, et tous en leur multiplicité ont une seule vertu sous la même écorce.

 

Rome fut le rendez-vous  des courriers du salut : là, comme ils le savaient, dominait le mal, et le remède était absent. Médecins fidèles, ils combattent le mal ; les malades en délire repoussent les remèdes de la vie, les insensés la science.

 

Le nom du Christ a retenti : Simon le Mage et Néron se troublent à ces discours, et ne cèdent pas aux Apôtres. Mais on voit céder toute langueur et la mort obéir ; le Mage se brise, Rome croit, et le monde revient à la vie, rejetant les idoles.

 

Néron chargé de crimes frémit ; la mort du Mage le désole : autant lui plaisait son erreur, autant il est marri de sa chute. Les combattants du bon combat ne peuvent être ébranlés dans leur foi ; ils se redressent de toute leur taille à la lutte, sans craindre le glaive.

 

Pierre, l'héritier de la vraie lumière, subit la croix la tête en bas ; Paul est passé par l'épée : supplice divers, même récompense. Pères de dignité souveraine, vous régnez avec le souverain Roi : déliez les liens de notre malice par la sentence efficace qui est en votre pouvoir. Amen.

 

 

 

 

 

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