SERMON CLXXV
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SERMON CLXXV. L'ESPÉRANCE DES PÉCHEURS (1).

 

ANALYSE. — Jésus-Christ n'est venu au monde que pour sauver les pécheurs. Or, ce qui prouve combien les pécheurs doivent avoir en lui de confiance, c'est la grâce de conversion qu'il a daigné accorder aux Juifs en général et à saint Paul en particulier aux Juifs qui ont commis le plus grand crime en le mettant à mort dans leur fureur, et dont un grand nombre se sont convertis et sont devenus des saints quelques jours après ; à saint Paul, le premier, le plus grand des pécheurs, parce qu'il s'était montré le plus acharné des persécuteurs. Aussi dit-il lui-même que Dieu l'a converti, afin que nul ne désespère de sa conversion.

 

1. Ce qu'on vient de lire dans le saint Evangile est exprimé par ces paroles de l'Apôtre saint Paul : « Une vérité sûre et digne de toute confiance, c'est que Jésus-Christ est avenu au monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier » . Le Christ n'avait, pour venir au monde, d'autre motif que celui de sauver les pécheurs. Qu'on supprime les maladies et les plaies; à quoi bon la médecine? Or, si un tel Médecin est descendu du ciel, c'est qu'il y avait sur la terre un grand malade étendu; ce malade est le genre humain tout entier.

 

1. I Tim. I, 15.

 

Tous les hommes cependant n'ont pas la foi (1) ; mais le Seigneur connaît ceux qui sont à lui (2). Les Juifs donc étaient orgueilleux, ils s'enflaient, avaient de hautes idées d'eux-mêmes, se croyaient justes; ils allaient même jusqu'à faire un crime au Seigneur de ce qu'il appelait à lui les pécheurs. Aussi ces hommes hautains et fiers furent délaissés sur leurs montagnes, où ils font partie des quatre-vingt-dix-neuf (3). Ils furent délaissés sur leurs montagnes, qu'est-ce à dire ? Qu'ils furent abandonnés à leur frayeur terrestre. Ils font partie des quatre-vingt-dix-neuf, qu'est-ce à dire encore?

 

1. II Thess. III, 2. — 2. II Tim. II, 19. — 3. Matt. XVIII,12.

 

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Qu'ils ne sont pas à la droite, mais à la gauche; car les quatre-vingt-dix-neuf représentent la gauche : un de plus, et les voilà à la droite.

« Le Fils de l'homme est donc venu » , comme lui-même le dit ailleurs, « pour rechercher et sauver ce qui était perdu (1) ». Mais c'est tout qui était perdu.; tout était perdu, depuis le péché de celui en qui tout était. Un autre est donc venu, exempt de tout péché, pour sauver du péché. Mais, ce qui est plus déplorable, ces orgueilleux, dans leur orgueil, étaient malades et se croyaient en santé.

2. La maladie est plus dangereuse, quand le travail de la fièvre a égaré l'esprit. On rit alors, tandis que pleurent ceux qui ont la santé. C'est le frénétique qui rit aux éclats. Hélas ! pourtant il est malade. Supposons que tu adresses cette double question : Vaut-il mieux rire ou pleurer ? Qui ne répondrait que pour lui il aime mieux rire ? De là vient que si le Seigneur, en vue des fruits salutaires que produit la douleur de la pénitence, a fait des larmes un devoir, il a présenté le rire même comme une récompense. Quand ? Au moment où il disait en annonçant l'Evangile : « Bienheureux ceux qui pleurent, parce qu'ils riront (2) ». Il est donc bien vrai que notre devoir est de pleurer, et que le rire est la récompense due à la sagesse. Mais le rire est ici synonyme de la joie; il signifie, non les bruyants éclats, mais l'allégresse du coeur. Nous disions que si tu adressais cette double question : Lequel vaut le mieux, de rire ou de pleurer, chacun répondrait qu'il ne voudrait pas pleurer, mais rire. Va plus loin maintenant, et personnifiant en quelque sorte la question que tu viens de faire, demande si l'on aimerait mieux le rire de l'insensé que les pleurs de l'homme sage ? Et chacun de répondre qu'il préférerait pleurer avec le sage, plutôt que de rire avec l'insensé. Oui, la santé de l'âme est de si haut prix, que toujours on l'appelle à soi, fût-elle accompagnée d'angoisses.

La maladie des Juifs était donc d'autant plus dangereuse et d'autant plus désespérée qu'ils se croyaient en santé; et cette maladie qui leur faisait perdre l'esprit, les portait en même temps à frapper le céleste Médecin.

 

1. Luc, XIX, 10. — 2. Luc, VI, 21.

 

Que dis-je ! à le frapper ? Exprimons la vérité tout entière. Pour eux ce n'était pas assez frapper sur lui, ils le mettaient à mort. Mais lui, pendant qu'on le mettait à mort, n était pas moins Médecin; on le déchirait, il guérissait; il ressentait les coups du frénétique, et il n'abandonnait pas le malade; s'emparait de lui, on le garrottait, on meurtrissait de soufflets; on le blessait à coi de roseaux, on le couvrait de dérisions d'outrages, on le faisait comparaître pour condamner, on le suspendait au gibet et toutes parts on frémissait de rage autour lui; mais il n'en était pas moins Médecin.

3. Tu ne connais que trop ces furieux, contemple les actes du Médecin. « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font (1) ». Dans leur aveugle rage ils s'emportaient contre lui et répandaient son sang lui faisait avec son sang un. remède pour guérir; car ce n'est pas inutilement qu’il disait : «Mon Père, pardonnez-leur, ils savent ce qu'ils font ». Un chrétien prie et Dieu l'exauce; le Christ prie, et il ne serait pas exaucé ? Il nous exauce avec son Père, parce qu'il est Dieu ; et comme homme il ne serait pas exaucé, parce qu'il s'est fait homme  pour l'amour de nous ? Ah ! il l'a été sans aucun doute. Or ces cruels étaient là quand il priait, et ils se livraient à toute leur fureur. Dans ce nombre figuraient les dédaigneux le blâmaient et qui s'écriaient : « Le voilà qui mange avec les publicains et les pécheurs (2) » Ils faisaient partie du peuple qui mettait à mort ce divin Médecin; tandis que, celui-ci  leur préparait avec son sang un contre-poison. Non-seulement en effet le Sauveur donnait son sang pour eux et acceptait la mort pour les guérir; il voulut encore que sa résurrection fût l'image de celle qu'il leur promettait. Il souffrit pour que sa patience servît de modèle à la nôtre; il ressuscite, aussi pour nous montrer quelle récompense mérite cette vertu. Dans ce but encore, vous le savez et nous le proclamons tous, il monta au ciel, puis envoya le Saint-Esprit, qu'il avait promis en disant à ses disciples: « Demeurez dans la ville, jusqu'à ce que vous soyez revêtu de la vertu d'en haut (3) ». Cette promesse s’accomplit en effet , l'Esprit-Saint descendit, remplit les disciples, et ceux-ci se mirent à

 

1. Luc, XXIII, 34. — 2. Marc,  II, 16. — 3. Luc, XXIV, 49.

 

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parler toutes les langues. C'était l’emblème de l'unité : l'Eglise dans son unité devait parler tous les idiomes, comme un même homme les parlait tous alors. Les témoins de cette merveille furent saisis d'effroi. Ils savaient que les disciples étaient sans instruction et ne connaissaient qu'une langue. Comment donc ne pas s'étonner, n'être pas surpris que des hommes qui ne connaissaient qu'une langue, deux tout au plus, s'exprimassent tout à coup dans tous les idiomes ? Frappés d'un tel prodige, leur orgueil s'abat, ces montagnes deviennent des vallées. Oui, en devenant humbles ils deviennent des vallées; ils recueillent sans la laisser perdre la grâce qui se répand en eux. En tombant sur une cime altière, l'eau coule et se précipite ; mais elle reste, mais elle pénètre, quand elle descend sur un terrain bas et profond. C'est l'image de ce que devenaient ces esprits orgueilleux: l'étonnement et l'admiration prenaient en eux la place de la fureur.

4. Aussi se livrèrent-ils à la componction pendant que Pierre leur parlait, et l'on vit s'accomplir en eux cette prédiction d'un psaume : « Je me suis plongé dans la douleur, pendant que l'épine me pénétrait de son aiguillon (1) ». Que signifie ici l'épine, sinon cette componction de la pénitence, dont il est parlé en termes formels dans ce passage sacré des Actes des Apôtres : « Ils furent touchés de componction au fond de leur coeur et dirent aux Apôtres : Que ferons-nous? » Qu'y a-t-il dans ce mot : « Que ferons-nous ? » Nous savons, hélas ! ce que nous avons fait; désormais « que ferons-nous? » En considérant nos œuvres passées, nous ne pouvons que désespérer du salut; ah ! s'il y a pour nous quelque espoir encore, donnez-nous un conseil. Nous savons ce que nous avons fait; dites maintenant ce que nous avons à faire. Qu'est-ce, hélas ! que nous avons fait? Ce n'est    pas un homme quelconque que nous avons mis à mort; et pourtant quelle iniquité déjà nous aurions commise en mettant à mort un innocent quel qu'il fût! Mais nous avons sauvé le larron et donné la mort à l'Innocent; nous avons opté pour le cadavre, et tué notre Médecin. Ah ! « que ferons-nous?» veuillez nous l'apprendre. « Faites pénitence, répondit Pierre, et que chacun de vous soit baptisé au nom de

 

1. Ps. XXXI, 4.

 

Jésus-Christ Notre-Seigneur ». Vous quitterez ainsi les quatre-vingt-dix-neuf pour faire partie du nombre cent. Quand vous étiez dans les quatre-vingt-dix-neuf , vous ne croyiez pas avoir besoin de pénitence, vous alliez même jusqu'à outrager le Sauveur pendant qu'il appelait à lui les pécheurs pour les porter à la pénitence. Maintenant donc que vous êtes pénétrés de componction à la vue de votre crime, « faites pénitence, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur » ; au nom de Celui que vous avez mis à mort, quoique innocent; et vos péchés sont effacés. Ce langage rappela en eux l'espérance; ils pleurèrent, ils gémirent, ils se convertirent et furent guéris (1). C'était l'effet de cette prière : « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ».

5. Néanmoins, mes très-chers frères, en entendant dire que Notre-Seigneur Jésus-Christ n'est pas venu pour les justes, mais pour les pécheurs, que nul ne se plaise dans le péché; que nul ne dise en soi-même : Si je suis juste, le Christ ne m'aime pas; il m'aime au contraire si je suis pécheur, puisqu'il est descendu du ciel, non pas pour les justes, mais pour les pécheurs. On pourrait te répondre: Dès que tu vois en lui le Médecin, pourquoi ne redouter pas la fièvre ? Oui, il est le Médecin qui s'approche du malade; mais il ne s'en approche que pour le guérir. Que penser alors ? que conclure ? que certifier ? Est-ce la maladie, n'est-ce. pas la santé que recherche le Médecin ? Ce qu'il aime, ce n'est pas ce qu'il rencontre, mais ce qu'il veut produire. Sans doute il s'approche du malade et non de celui qui a la santé : ce n'est pas toutefois ce qu'il faut considérer; car il préfère réellement la santé à la maladie; et pour vous en convaincre, adressez-vous cette simple question : Chercherait-il à rétablir la santé, s'il l'avait en horreur ?

6. Revenons à l'Apôtre : « Une vérité sûre et digne de toute confiance, c'est que Jésus« Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier » — « Dont je suis le premier? » Comment? Est-ce qu'avant lui il n'y eut point parmi les Juifs d'innombrables pécheurs? Est-ce qu'il n'y en eut point un nombre immense au sein de l'humanité? Est-ce que parmi tous les hommes il n'y en eut pas un seul d'assujetti à l'iniquité? Le premier

 

1. Act. II, 1-8, 37-47.

 

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de tous les pécheurs, celui qui nous a livrés à la mort, Adam ne vécut-il pas avant saint Paul ? Que signifie alors : « Dont je suis le premier? » L'Apôtre veut-il dire qu'il est le premier de ceux dont s'est approché le Sauveur? Mais ce sens n'est pas vrai non plus; car avant lui ont été appelés et Pierre et André (1), et les autres apôtres. Tu as, ô Paul, le dernier d'entre eux; comment donc peux-tu dire : « Dont je suis le premier? » Oui, il se dit le dernier des apôtres et le premier des pécheurs. Mais dans quel sens le premier des pécheurs? Pierre n'a-t-il pas péché avant toi, en reniant jusqu'à trois fois son Maître (2) ? Je pourrais dire aussi que si cet Apôtre ne se fût rencontré parmi les pécheurs, il n'aurait point passé de la gauche à la droite.

7. Mais enfin que veut dire : « Dont je suis le premier? » Je suis le pire de tous; premier est ici synonyme de pire. Que dit un architecte au milieu des ouvriers? Il demande : Quel est ici le premier maçon ? quel est le premier charpentier? Que dit également un malade qui veut guérir? Quel est ici le premier,médecin ? On ne demande pas alors quel est le plus âgé ni le plus ancien dans sa profession, mais quel est le plus habile. Eh bien ! comme on appelle, premier le plus habile, Paul se nomme le premier pour exprimer qu'il est le plus grand pécheur.

Or, comment est-il le plus grand pécheur ? Rappelez-vous ce qu'était Saul, et vous le comprendrez. Vous ne voyez que Paul, vous perdez Saul de vue; vous ne voyez en lui que le pasteur, vous ne pensez plus au loup. N'est-il pas vrai que n'ayant pas assez de ses mains pour lapider Etienne; il gardait les vêtements des autres bourreaux? N'est-il pas vrai que partout il persécutait l'Eglise? N'est-il pas vrai qu'il avait obtenu des lettres des princes des prêtres ? Ce n'était pas assez pour lui de sévir contre les chrétiens qui étaient à Jérusalem; il voulait les découvrir ailleurs encore, et les enchaîner pour les traîner au supplice. N'est-il pas vrai qu'il courait et respirait le sang, lorsqu'il fut frappé du haut du ciel et qu'heureusement renversé par la foudre il entendit la voix du Seigneur, abattu sur le chemin et aveuglé pour recouvrer la vue? Il fut ainsi le premier des persécuteurs; nul autre ne le surpassa en fureur.

 

1. Matt. XV, 18. — 2. Ib. XXVI, 70-74.

 

.           8. Voici qui le fait mieux comprendre encore. Saul étant déjà abattu et déjà relevé, le Seigneur Jésus s'adressa en personne à Ananie et lui dit : « Va dans telle rue, tu y trouveras un nommé Saul, de Tarse en Cilicie, parle-lui ». Saul, au même moment, voyait Ananie s'approcher de lui et le baptiser. Mais à ce nom de Saul, Ananie trembla, quoiqu'il fût entre les bras du Médecin. Voici un trait plus doux.

Vous vous rappelez sans doute d'où venait à Saul le nom qu'il portait; je le dirai néanmoins en faveur de ceux qui ne s'en souviennent pas. Le roi Saül persécutait David; or , David, représentait , figurait le Christ, comme Saül figurait Saul. Ne semble-t-il donc pas que c'était David qui criait à Saül du haut du ciel : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? » Quant au nom d'Ananie, il signifie brebis : c'était donc le Pasteur qui s'adressait à sa brebis, et celle-ci redoutait la dent du loup; car ce loup faisait au loin tant de bruit, que sous la main du Pasteur même, la brebis ne se croyait pas en sûreté ; elle tremblait donc en entendant la voix du Sauveur, et elle répondit : « Seigneur, j'ai appris combien cet homme a fait de maux à vos saints dans Jérusalem, et l'on dit que maintenant encore il a reçu, des princes des prêtres, des lettres qui l'autorisent à reconduire, après les avoir chargés de liens, tous ceux qu'il pourra saisir ». Où m'envoyez-vous? N'est-ce pas la brebis que vous jetez à la gueule du loup ? — Le Seigneur n'admit pas cette excuse. Déjà il avait dit au petit nombre de ses timides brebis : « Voilà que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups (1)». Si j'ai envoyé mes brebis au mi. lieu des loups, pourquoi craindre, Ananie, d'aborder cet homme qui n'est plus un loup? C'est du loup que tu avais peur. Mais écoute le Seigneur ton Dieu : De ce loup, dit-il, j'ai fait une brebis, et de cette brebis je fais maintenant un pasteur.

9. Ah ! écoutez comment ce même homme, comment ce Saul, qui plus tard devait porter le nom de Paul, se félicite d'avoir obtenu de; Dieu miséricorde, après avoir été le premier, c'est-à-dire le plus grand des pécheurs. « Et pourtant, dit-il, j'ai obtenu miséricorde, afin qu'en moi le Christ Jésus montrât toute sa patience , en faveur de ceux qui

 

1. Matt. X, 16.

 

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croiront en lui pour arriver à la vie éternelle »; afin que tous se disent : Si Paul même a été guéri, pourquoi me décourager? Si un malade aussi désespéré a pu être guéri par cet incomparable Médecin, pourquoi ne lui pas laisser panser mes blessures? pourquoi ne courir pas me jeter entre ses bras ? C'est pour que chacun puisse tenir ce langage, que Dieu a fait un Apôtre de ce violent persécuteur (1). En effet, lorsqu'un médecin arrive quelque part, il cherche, pour le guérir, un malade désespéré ; que ce malade soit sans aucune ressource, peu lui importe, pourvu qu'il n'offre plus d'espoir; ce n'est pas la récompense que le médecin a en vue; il veut seulement mettre en relief son habileté.

Revenons à notre idée. Paul donc se félicite d'avoir été choisi et guéri par le Christ, tout pécheur qu'il était; il ne dit pas : Je veux demeurer dans le crime, puisque c'est pour moi et non pour les justes, que le Christ est venu au monde. Ne t'endors pas non plus dans ta

 

1. Act. VII-IX.

 

mollesse, toi qui viens d'apprendre que le Fils de Dieu est descendu pour les pécheurs; écoute plutôt ce cri du même Apôtre : « Lève-toi , toi qui dors ; lève-toi d'entre les morts et le Christ t'éclairera (1) ». N'aime point à reposer sur cette couche de péché ; car il est écrit . « Vous avez bouleversé complètement le lit où sommeillait sa faiblesse (2) ». Lève-toi donc , guéris-toi, aime la santé, et dans ton orgueil ne va plus de la droite à la gauche, de la vallée à la montagne, de l'humilité à la fierté. Une fois guéri , quand tu auras commencé à vivre dans la justice, attribue ce bonheur, non pas à toi, mais à Dieu; car ce n'est pas en te louant, mais en t'accusant que tu trouves le salut. Ta maladie deviendra même plus dangereuse, si tu t'exaltes avec orgueil. Quiconque s'élève, sera abaissé, et quiconque s'abaisse, sera élevé (3).

Tournons-nous avec un coeur pur, etc.

 

1. Eph. V, 14. — 2. Ps. XL, 4. — 3. Luc, XVIII, 14.

 

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