|
LE MERCREDI DES CENDRES.Hier le monde s'agitait dans ses plaisirs, les enfants de la promesse eux-mêmes se livraient à des joies innocentes; dès ce matin, la trompette sacrée dont parle le Prophète a retenti (1). Elle annonce l'ouverture solennelle du jeûne quadragésimal, le temps des expiations, l'approche toujours plus imminente des grands anniversaires de notre salut. Levons-nous donc, chrétiens, et préparons-nous à combattre les combats du Seigneur. Mais, dans cette lutte de l'esprit contre la chair, il nous faut être armés, et voici que la sainte Eglise nous convoque dans ses temples, pour nous dresser aux exercices de la milice spirituelle. Déjà saint Paul nous a fait connaître en détail toutes les parties de notre défense : « Que la vérité, nous a-t-il dit, soit votre ceinture, la justice votre cuirasse, la docilité à l'Evangile votre chaussure, la foi votre bouclier, l'espérance du salut le casque qui protégera votre tête (2) ». Le Prince des Apôtres vient lui-même, qui nous dit : « Le Christ a souffert dans sa chair; armez-vous de cette pensée (3) ». Ces enseignements apostoliques, l'Eglise aujourd'hui nous les rappelle ; mais elle en ajoute un autre non moins éloquent, en nous forçant à remonter 1. Voir ci-après l'Epître de la Messe. —2. Eph. VI, 16. — 3. I Petr. IV, 1. 240 jusqu'au jour de la prévarication, qui a rendu nécessaires les combats auxquels nous allons nous livrer, les expiations par lesquelles il nous faut passer. Deux sortes d'ennemis sont déchaînés contre nous : les passions dans notre cœur, les démons au dehors ; l'orgueil a fait tout ce désordre. L'homme a refusé d'obéir à Dieu ; toutefois, Dieu l'a épargné, mais à la dure condition de subir la mort. Il a dit: « Homme, tu n'es que poussière, et tu rentreras dans la poussière (1) ». Oh ! pourquoi avons-nous oublié cet avertissement ? à lui seul il eût suffi pour nous prémunir contre nous-mêmes ; pénétrés de notre néant, nous n'eussions jamais osé enfreindre la loi de Dieu. Si maintenant nous voulons persévérer dans le bien, où la grâce du Seigneur nous a rétablis, humilions-nous ; acceptons la sentence , et ne considérons plus la vie que comme un chemin plus ou moins court qui aboutit au tombeau. A ce point de vue, tout se renouvelle, tout s'éclaire. L'immense bonté de Dieu qui a daigné attacher son amour à des êtres dévoués à la mort, nous apparaît plus admirable encore ; notre insolence et notre ingratitude envers celui que nous avons bravé , durant ces quelques instants de notre existence, nous semble de plus en plus digne de regrets, et la réparation qu'il nous est possible de faire, et que Dieu daigne accepter, plus légitime et plus salutaire. Tel est le motif qui porta la sainte Eglise, lorsqu'elle jugea à propos, il y a plus de mille ans, d'anticiper de quatre jours le jeûne quadragésimal, à ouvrir cette sainte carrière en marquant 1. Gen. III, 19. 241 avec la cendre le front coupable de ses enfants, et en redisant à chacun les terribles paroles du Seigneur qui nous dévouent à la mort. Mais l'usage de la cendre, comme symbole d'humiliation et de pénitence, est bien antérieur à cette institution, et nous le trouvons déjà pratiqué dans l'ancienne alliance. Job lui-même, au sein de la gentilité, couvrait de cendres sa chair frappée par la main de Dieu, et implorait ainsi miséricorde, il y a quatre mille ans (1). Plus tard, le Roi-Prophète, dans l'ardente contrition de son cœur, mêlait la cendre au pain amer qu'il mangeait (2) ; les exemples analogues abondent dans les Livres historiques et dans les Prophètes de l'Ancien Testament. C'est que l'on sentait dès lors le rapport qui existe entre cette poussière d'un être matériel que la flamme a visité, et l'homme pécheur dont le corps doit être réduit en poussière sous le feu de la justice divine. Pour sauver du moins l'âme des traits brûlants de la vengeance céleste, le pécheur courait à la cendre, et reconnaissant sa triste fraternité avec elle, il se sentait plus à couvert de la colère de celui qui résiste aux superbes et veut bien pardonner aux humbles. Dans l'origine, l'usage liturgique de la cendre, au Mercredi de la Quinquagésime, ne paraît pas avoir été appliqué à tous les fidèles, mais seulement à ceux qui avaient commis quelqu'un de ces crimes pour lesquels l'Eglise infligeait la pénitence publique. Avant la Messe de ce jour, les coupables se présentaient à l'église où tout le peuple était rassemblé. Les prêtres recevaient l'aveu de leurs péchés, puis ils les couvraient de cilices et répandaient la cendre sur leurs têtes. 1. Job. XVI, 16. — 2. Psalm. CI, 10. 242 Après cette cérémonie, le clergé et le peuple se prosternaient contre terre, et on récitait à haute voix les sept psaumes pénitentiaux. La procession avait lieu ensuite, à laquelle les pénitents marchaient nu-pieds. Au retour, ils étaient solennellement chassés de l'église par l'Evêque, qui leur disait : « Voici que nous vous chassons de l'enceinte de l'Eglise, à cause de vos péchés et de vos crimes, comme Adam, le premier homme, fut chassé du Paradis, à cause de sa transgression ». Le clergé chantait ensuite plusieurs Répons tirés de la Genèse, dans lesquels étaient rappelées les paroles du Seigneur condamnant l'homme aux sueurs et au travail , sur cette terre désormais maudite. On fermait ensuite les portes de l'église, et les pénitents n'en devaient plus franchir le seuil que pour venir recevoir solennellement l'absolution, le Jeudi-Saint. Après le XI° siècle, la pénitence publique commença à tomber en désuétude ; mais l'usage d'imposer les cendres à tous les fidèles, en ce jour, devint de plus en plus général, et il a pris place parmi les cérémonies essentielles de la Liturgie romaine. Autrefois, on s'approchait nu-pieds pour recevoir cet avertissement solennel du néant de l'homme, et, encore au XII° siècle, le Pape lui-même, se rendant de l'Eglise de Sainte-Anastasie à celle de Sainte-Sabine où est la Station, faisait tout ce trajet sans chaussure, ainsi que les Cardinaux qui l'accompagnaient. L'Eglise s'est relâchée de cette rigueur extérieure ; mais elle n'en compte pas moins sur les sentiments qu'un rite aussi imposant doit produire en nous. Ainsi que nous venons de le dire, la Station, à Rome, est aujourd'hui à Sainte-Sabine, sur le Mont-Aventin. C'est sous les auspices de cette 243 sainte Martyre que s'ouvre la pénitence quadragésimale. La fonction sacrée commence par la bénédiction des cendres que l'Eglise va imposer sur nos fronts. Ces cendres sont faites des rameaux qui ont été bénis l'année précédente, au Dimanche qui précède la Pâque. La bénédiction qu'elles reçoivent dans ce nouvel état a pour but de les rendre plus dignes du mystère de contrition et d'humilité qu'elles sont appelées à signifier. Le chœur chante d'abord cette Antienne, qui implore la divine miséricorde. ANTIENNE.Exaucez-nous, Seigneur, car
votre miséricorde est compatissante ; selon la multitude de vos miséricordes,
jetez un regard sur nous, Seigneur. Ps. Sauvez-moi, ô Dieu, car les eaux ont pénétré jusqu'à
mon âme. Gloire au Père. Exaucez-nous. Le Prêtre, à l'autel, ayant près de lui les cendres mystérieuses, prononce les Oraisons suivantes, par lesquelles il demande à Dieu d'en faire pour nous un moyen de sanctification. ORAISON.Dieu tout-puissant et
éternel, pardonnez au repentir, soyez propice aux supplications, et daignez
envoyer du ciel votre saint Ange pour bénir et sanctifier ces cendres, afin
qu'elles deviennent un remède salutaire à ceux qui implorent humblement votre saint Nom, qui, reconnaissant leurs péchés, s'accusent eux-mêmes, déplorent leurs
méfaits sous les regards de votre divine clémence, et implorent avec ardeur par
leurs supplications votre très douce
miséricorde. Daignez faire que par
l'invocation de votre très saint Nom, tous ceux sur lesquels ces cendres seront
répandues, pour le rachat de leurs péchés,
reçoivent la santé du corps et la
protection de l'àme. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. ORAISON.O Dieu, qui ne voulez pas
notre mort, mais notre pénitence, considérez avec bonté la fragilité de la
condition humaine, et daignez bénir dans
votre miséricorde ces cendres que nous voulons recevoir sur nos têtes, en signe d'humilité, et pour
mériter le pardon ; afin que,reconnaissant que nous ne sommes que cendre, et
que nous devons retourner en poussière, pour la punition de notre malice, nous
méritions d'obtenir de votre miséricorde le
pardon de tous nos péchés, et les récompenses promises aux pénitents. Par
Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. ORAISON.Mon Dieu, qui vous laissez
fléchir par l'humilité et apaiser par la satisfaction, inclinez à nos prières
l'oreille de votre miséricorde, et daignez répandre la grâce de votre
bénédiction sur les têtes de vos serviteurs, lorsqu'elles auront été marquées
de ces cendres ; remplissez vos fidèles de l'esprit de componction,accordez-leur pleinement les demandes justes qu'ils vous
présenteront ; affermissez et conservez en eux les faveurs que vous leur aurez
accordées. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. ORAISON.Dieu tout-puissant et
éternel, de qui les Ninivites qui firent pénitence sous la cendre et le cilice
reçurent le remède et le pardon, daignez accorder à nous qui les imitons dans
l'extérieur, d'être comme eux l'objet de votre miséricorde. Par Jésus-Christ
notre Seigneur. Amen. Après ces Oraisons, le Prêtre asperge les cendres avec l'eau bénite, puis il les parfume avec l'encens. Ces rites étant accomplis, il reçoit lui-même de ces cendres sur la tête par la main du prêtre le plus 246 qualifié dans le clergé qui dessert l'église. Celui-ci les reçoit à son tour du célébrant qui, après les avoir imposées aux ministres de l'autel et au reste du clergé, les distribue au peuple. Lorsque le Prêtre s'approchera pour vous marquer du sceau de la pénitence, acceptez avec soumission l'arrêt de mort que Dieu lui-même prononcera sur vous : « Homme, souviens-toi que tu es poussière, et que tu rentreras dans la poussière ». Humiliez-vous, et rappelez-vous que c'est pour avoir voulu être comme des dieux, préférant notre volonté à celle du souverain Maître, que nous avons été condamnés à mourir. Songeons à cette longue suite de péchés que nous avons ajoutés à celui d'Adam, et admirons la clémence de Dieu qui se contentera d'une seule mort pour tant de révoltes. Pendant la distribution des cendres, le chœur chante les deux Antiennes et le Répons ci-après. ANTIENNE.Changeons nos vêtements,
couvrons-nous de la cendre et du cilice, jeûnons et pleurons devant le Seigneur
; car notre Dieu est tout miséricordieux, et il nous remettra nos péchés. ANTIENNE.Entre le vestibule et
l'autel, les prêtres ministres du Seigneur pleureront et diront : Pardonnez,
Seigneur, pardonnez à votre peuple, et ne fermez pas la bouche de ceux qui
chantent vos louanges, Seigneur. 247 REPONS.Réparons les péchés que notre
aveuglement nous a fait commettre, de peur que, surpris tout à coup par le jour
de la mort, nous ne cherchions le temps de la pénitence, sans pouvoir le
trouver. * Regardez-nous. Seigneur, et ayez pitié de nous ; car nous avons
péché contre vous. Ps. Aidez-nous, ô Dieu notre
Sauveur, et , pour l'honneur de votre Nom, Seigneur ,
délivrez-nous. * Regardez-nous. Gloire au Père. * Regardez-nous. La distribution des cendres étant terminée, le Prêtre chante l'Oraison suivante : ORAISON.A ccordez-nous,
Seigneur, de
commencer dignement par ce saint jeûne la carrière de la milice chrétienne , afin que , devant combattre les esprits de
malice, nous ayons pour défense contre leurs efforts le secours de l'abstinence. Par Jésus-Christ notre
Seigneur. Amen. 248 A LA MESSE.Rassurée par l'acte d'humilité qu'elle vient d'accomplir, l'âme chrétienne se laisse aller à la confiance envers le Dieu de miséricorde. Elle ose lui rappeler son amour pour les hommes qu'il a créés, et la longanimité avec laquelle il a daigné attendre leur retour à lui. Ces sentiments sont le sujet de l'Introït, dont les paroles sont empruntées au livre de la Sagesse. INTROÏT.Vous avez pitié de tous,
Seigneur, et vous ne haïssez aucun de ceux que vous avez faits : vous
dissimulez les péchés des hommes pour leur laisser le temps de la pénitence, et
vous leur pardonnez ; car vous êtes le Seigneur notre Dieu. Ps. Ayez pitié de moi, ô Dieu, ayez pitié de moi ; car
mon âme se confie en vous. Gloire au Père. Vous avez pitié de tous. Dans la Collecte, l'Eglise demande pour ses enfants que la salutaire pratique du jeûne soit par eux accueillie avec empressement, et qu'ils y persévèrent pour le bien de leurs âmes. COLLECTE.Accordez, Seigneur, à vos
fidèles d'accepter avec une piétésincèrela solennité
vénérable de ces jeûnes, et d'en fournir la carrière avec une dévotion que rien
ne puisse troubler. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. DEUXIEME COLLECTE.PRÉSERVEZ-NOUS, s’il vous plaît, Seigneur, de tous les périls de l'âme et du corps ; et vous laissant fléchir par l'intercession de la bienheureuse et glorieuse Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, du bienheureux Joseph,de vos bienheureux Apôtres Pierre et Paul, du bienheureux N. (on nomme ici le Patron de l'Eglise) et de tous les Saints, accordez-nous dans votre bonté le salut et la paix, afin que toutes les erreurs et les adversités étant écartées, votre Eglise vous serve dans une liberté tranquille. TROISIEME COLLECTE.Dieu tout-puissant et
éternel, qui régnez sur les vivants et sur les morts,et
qui répandez votre miséricorde sur tous ceux que vous savez devoir se donner à
vous par la foi et par les œuvres: nous vous supplions d'accorder dans votre
bonté et votre clémence et par l'intercession . de
tous vos Saints, le pardon des péchés à ceux pour qui nous allons répandre
devant vous nos prières, soit que le siècle présent les retienne encore dans la chair, soit que,
ayant déposé leurs corps, ils soient déjà entrés dans le siècle futur. Par Jésus-Chrit notre Seigneur. Amen. EPITRE.Lecture du Prophète Joël. Chap. II. Voici ce que dit le Seigneur : Convertissez-vous à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, dans les
larmes et dans les gémissements. Déchirez vos cœurs, et non vos vêtements, et
convertissez-vous au Seigneur votre Dieu ; car il est bon et compatissant,
patient et riche en miséricorde, et sa bonté surpasse notre malice. Qui sait
s'il ne se retournera pas vers vous, s'il ne vous pardonnera pas,
et s'il ne laissera pas après lui la bénédiction, afin que vous présentiez au Seigneur votre
Dieu des sacrifices et des offrandes
? Sonnez de la trompette dans Sion,
publiez la sainteté du jeûne, convoquez l'assemblée, réunissez le peuple,
avertissez-le qu'il se purifie ; faites venir les vieillards ;
amenez les enfants, même ceux qui sont
encore à la mamelle. Que l'époux sorte de sa couche, et
l'épouse de son lit nuptial. Que les
prêtres et les ministres du Seigneur pleurent
entre le vestibule et l'autel, qu'ils
disent : « Pardonnez ,
Seigneur , pardonnez à votre peuple ; et ne livrez pas votre héritage à
l'opprobre, en laissant dominer sur lui les nations. Laisserez-vous dire par
les peuples : « Où est leur Dieu ? » Le Seigneur a été ému de compassion pour
sa terre, et il a pardonné à son peuple. Et le Seigneur a répondu à son peuple :
« Voici que je vais vous envoyer du froment, du vin et de l'huile, et vous en
serez rassasiés, et je ne vous abandonnerai plus aux insultes des nations »,
dit le Seigneur tout-puissant. Ce magnifique passage du Prophète nous révèle l'importance que le Seigneur attache à l'expiation par le jeûne. Quand l'homme contrit de ses péchés afflige sa chair, Dieu se laisse fléchir. L'exemple de Ninive l'a prouvé ; et si le Seigneur pardonna à une ville infidèle, par cela seul que ses habitants imploraient sa pitié sous les livrées de la pénitence, que ne fera-t-il pas en faveur de son peuple, qui sait joindre à l'immolation du corps le sacrifice du cœur ? Entrons donc avec courage dans la voie de la pénitence; et si l'affaiblissement des sentiments de la foi et de la crainte de Dieu semble faire tomber autour de nous des pratiques qui sont aussi anciennes que le christianisme, et sur lesquelles il est pour ainsi dire fondé, gardons-nous d'abonder dans Je sens d'un relâchement qui a porté un terrible préjudice à l'ensemble des mœurs chrétiennes. Songeons surtout à nos engagements personnels avec la justice divine qui ne nous remettra nos fautes et 252 les peines qu'elles méritent, qu'autant que nous nous montrerons empressés à lui offrir la satisfaction à laquelle elle a droit. Nous venons de l'entendre : notre corps que nous flatterions n'est que cendre et poussière, et notre âme, que nous serions si souvent portés à lui sacrifier, a des droits à réclamer contre lui. L'Eglise, dans le Graduel, continue d'épancher les sentiments de sa confiance envers le Dieu de toute bonté ; elle se flatte que ses enfants seront fidèles aux moyens qu'elle leur propose pour le désarmer. Le Trait est cette belle prière de David, que l'Eglise répète trois fois par semaine, dans le cours du Carême, et qu'elle emploie pour désarmer la colère de Dieu dans les temps de calamités. GRADUEL.
Ayez pitié de moi, ô mon
Dieu, ayez pitié de moi ; car mon âme se confie en vous. V/. Le Seigneur m'a envoyé du
ciel un secours, et il m'a délivré ; il a couvert de confusion ceux qui me
foulaient aux pieds. TRAIT.V/. Seigneur, ne nous traitez pas selon les péchés que nous avons commis, et ne nous rendez pas
selon nos iniquités. V/. Seigneur, ne vous
souvenez plus de nos iniquités passées ; que vos miséricordes se hâtent de nous
prévenir; car nous sommes réduits à une extrême misère. V/. Secourez-nous, ô Dieu notre
Sauveur, et, pour la gloire de votre Nom, délivrez-nous, Seigneur, et
pardonnez-nous nos péchés, à cause de votre Nom. ÉVANGILE.La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. VI. En ce temps-là, Jésus dit à
ses disciples : Lorsque vous jeûnez, ne soyez point
tristes comme les hypocrites ; car ils se font un visage pâle et défait, afin
que les hommes s'aperçoivent qu'ils jeûnent. Je vous le dis en vérité : Ils ont reçu leur
récompense. Mais vous, lorsque vous jeûnez, parfumez-vous la tête et lavez
votre visage, afin qu'il ne paraisse pas aux hommes que vous jeûnez, mais seulement à votre Père qui est présent dans le secret, et votre
Père qui voit dans le secret, vous le rendra. Ne vous amassez point de trésors
sur la terre, où la rouille et les vers les consument, et où les
voleurs fouillent et les dérobent. Mais amassez-vous
des trésors dans le ciel, où il n'y a ni rouille ni vers qui les consument, et
où les voleurs ne fouillent ni ne dérobent. Car, où est votre trésor, là est aussi
votre cœur. Notre Seigneur ne veut pas que nous recevions l'annonce du jeûne expiatoire comme une nouvelle triste et affligeante. Le chrétien qui comprend combien il est dangereux pour lui d'être en retard avec la justice de Dieu, voit arriver le temps du Carême avec joie et consolation. Il sait à l'avance que s'il est fidèle aux prescriptions de l'Eglise, il allégera le fardeau qui pèse sur lui. Ces satisfactions, si adoucies aujourd'hui par l'indulgence de l'Eglise, étant offertes à Dieu avec celles du Rédempteur lui-même, et fécondées par cette communauté qui réunit en un faisceau de propitiation les saintes œuvres de tous les membres de l'Eglise militante, purifieront nos âmes et les rendront dignes de participer aux joies si pures de la Pâque. Ne soyons donc pas tristes de ce que nous jeûnons ; soyons-le seulement d'avoir, par le péché, rendu notre jeûne nécessaire. Le Sauveur nous donne un second conseil que l'Eglise nous répétera souvent dans tout le cours de la sainte Quarantaine : celui de joindre l'aumône aux privations du corps. Il nous engage à thésauriser, mais pour le ciel. Nous avons besoin d'intercesseurs: cherchons-les parmi les pauvres. Dans l'Offertoire, l'Eglise chante notre délivrance. Elle se réjouit de voir déjà guéries les plaies de nos âmes ; car elle compte sur notre persévérance. OFFERTOIRE.
Je vous glorifierai, Seigneur
; car vous m'avez relevé, et vous n'avez pas réjoui mes ennemis de ma ruine.
Seigneur, j'ai crié vers vous, et vous m'avez guéri. SECRETE.Daignez, Seigneur, nous
rendre dignes de vous offrir, comme nous le devons, ces dons sacrés, par
l'oblation desquels nous célébrons l'ouverture solennelle de ce temps plein de
mystères. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. DEUXIEME SECRETE.Exaucez-nous, ô Dieu notre
Sauveur, et, par la vertu de ce Sacrement, défendez-nous de tous les ennemis de
l'âme et du corps, nous accordant votre grâce en cette vie, et votre gloire en
l'autre. TROISIEME SECRETE.O Dieu, qui seul connaissez
le nombre des élus à qui vous devez donner place dans la céleste béatitude ;
accordez, par l'intercession de tous vos Saints, que les noms de tous ceux que
nous avons résolu de vous recommander dans notre prière, ainsi que les noms de
tous les fidèles, demeurent écrits dans le livre de la bienheureuse
prédestination. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. 230 L'Eglise commence aujourd'hui l'usage de la Préface quadragésimale. PRÉFACEOui,c'est
une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces en tout
temps et en tous lieux, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel , qui
par le jeûne auquel vous assujettissez nos corps, comprimez la source de nos
vices, élevez nos âmes, donnez la force et assurez la récompense : par
Jésus-Christ notre Seigneur. C'est par lui que les Anges louent votre Majesté,
que les Dominations l'adorent, que les Puissances la révèrent en tremblant, que
les Cieux et les Vertus des cieux la célèbrent avec transport. Daignez
permettre à nos voix de s'unir à leurs voix, afin que nous puissions dire dans une
humble confession : Saint ! Saint ! Saint
! etc. Les paroles que l'Eglise fait
entendre dans l'Antienne de la Communion sont un conseil important qu'elle nous
donne. Durant cette longue carrière, nous aurons besoin de soutenir notre
courage ; me;ditons la loi du Seigneur et ses
mystères. Si nous goûtons la Parole de Dieu que l'Eglise nous proposera chaque
jour, ia lumière et l'amour iront toujours croissant
en nos cœurs, et lorsque le Sauveur sortira des ombres du sépulcre, ses clartés
se réfléchiront sur nous. COMMUNION.Celui qui
méditera jour et nuit la loi du Seigneur, portera son fruit en son temps. POSTCOMMUNION.Que les Sacrements auxquels
nous avons participé nous donnent, Seigneur, le secours qui est nécessaire , afin que nos jeûnes vous soient agréables et
servent à notre guérison. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. SECONDE POSTCOMMUNION.Que l'oblation du divin Sacrifice
nous purifie et nous protège , Seigneur, nous vous en
supplions ; et, par l'intercession de la bienheureuse Vierge Marie Mère de
Dieu, du bienheureux Joseph, de vos bienheureux Apôtres Pierre et Paul, du
bienheureux N. (On nomme ici le Saint titulaire de l'Eglise) et de tous
les Saints, qu'elle soit pour nous l'expiation de tous nos péchés, et la
délivrance de toute adversité. TROISIÈME POSTCOMMUNION.Purififiez-nous , ô Dieu tout-puissant
et miséricordieux , par les Sacrements que nous avons reçus, et faites, par
l'intercession de tous vos Saints, que votre Sacrement ne soit pas en nous un
crime digne de châtiment, mais une intercession puissante pour le pardon ;
qu'il efface nos péchés, qu'il soit notre force dans notre fragilité, et notre
défense contre tous les dangers du monde ; qu'il opère dans les fidèles vivants
et défunts la rémission de toutes leurs fautes. Par Jésus-Christ notre
Seigneur. Amen. Tous les jours du Carême, excepté les Dimanches, avant de congédier l'assemblée des fidèles , le Prêtre prononce sur eux une Oraison particulière, qui est toujours précédée de cet avertissement solennel : Humiliate
capita vestra Deo. | Humiliez vos têtes devant Dieu. ORAISON.Regardez, Seigneur, d'un œil
favorable ceux qui se prosternent devant votre Majesté ; afin que, rassasiés de
votre don divin, ils se sentent toujours nourris par ce secours céleste. Par
Jésus-Christ notre Seigneur. Amen. |