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LE JEUDI DE LA SEPTUAGÉSIME.Le pardon est annoncé ; mais l'expiation est nécessaire. Il faut que la justice divine soit satisfaite, et que toutes les générations sachent qu'on ne se joue pas impunément de Dieu. Eve est la plus coupable ; c'est elle qui est appelée à recevoir sa sentence après le serpent. Créée pour aider l'homme à remplir la terre d'habitants heureux et fidèles, issue de l'homme, la chair de sa chair et l'os de ses os, elle devait marcher son égale ; or voici le changement qui s'opère par l'effet de la sentence divine. Malgré l'humiliation de la concupiscence, l'union conjugale est maintenue sainte et sacrée ; mais elle n'a plus que le second rang. La virginité, qui ignore les convoitises de la chair, la dépassera en honneur devant Dieu et devant les hommes. La femme deviendra mère, comme elle l'eût été dans l'état d'innocence ; mais les fils qu'elle portera dans ses entrailles seront pour elle un poids accablant. Leur pénible naissance ne s'opérera qu'au milieu des plus poignantes douleurs ; plus d'une fois même ils n'arriveront à la lumière qu'aux dépens de la vie de celle qui les conçut. Le souvenir d'Eve et de sa prévarication planera sur tout enfantement, et la nature s'étonnera de voir celui qui devait régner sur elle n'arriver à la vie que par violence. Appelée d'abord aux mêmes honneurs que l'homme, la femme perdra pour jamais son indépendance. 166 L'homme sera son maître, et son devoir à elle sera d'obéir. Durant de longs siècles, cette obéissance ne se distinguera pas de l'esclavage, jusqu'à ce que la Vierge attendue depuis quatre mille ans, celle qui doit écraser la tête du serpent par son humilité, vienne relever son sexe, et créer pour la femme chrétienne cet empire de douceur et de persuasion, qu'elle seule a su concilier avec le devoir de soumission que la sentence divine lui a imposé pour jamais. IN DOMINICA TYROPHAGI.Roi des siècles, Seigneur de
toutes choses, qui par votre volonté m'avez créé, l'envie du perfide serpent me
perdit et provoqua contre moi votre colère, ô Sauveur; ne me dédaignez pas, ô
Dieu, mais rappelez-moi. Hélas ! au
lieu de la gloire qui me couvrait, je n'ai plus qu'un vêtement d'ignominie Je
pleure, ô Sauveur, sur mon désastre, et je crie vers vous avec foi: Dieu bon,
ne me dédaignez pas, mais rappelez-moi. J'étais le maître des
serpents et des autres animaux: Comment, ô Adam, t'es-tu livré à un entretien
familier avec le serpent si funeste aux âmes ? Pourquoi as-tu pris ton ennemi
pour un conseiller plein d'intérêt pour toi? Oh! quelle
erreur a été la tienne, mon âme infortunée ! (Nous vous chantons, ô Marie,
pleine de la grâce de Dieu, splendide tabernacle de la divine incarnation !
Eclairez-moi qui suis en proie aux ténèbres honteuses de mes passions, vous qui
êtes la source de miséricorde, l'espérance de tous ceux quel'espérance a
abandonnés.) |