II° VÊPRES DE NOËL

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LES SECONDES VÊPRES DE NOËL.

 

La louange du soir appelle les fidèles à la maison de Dieu, pour terminer saintement cette mémorable journée. Le soleil matériel avance sa course à grands pas ; mais le Soleil de justice ne s'éteindra pas dans les cœurs qui l'ont reçu. Allons nous joindre à la sainte Eglise et célébrer avec elle, par les chants du Roi-Prophète, le bonheur de la terre qui a enfanté son Sauveur, les grandeurs de ce nouveau-né, et les miséricordes qu'il nous apporte. Ne laissons pas refroidir nos cœurs ; le Christ est né en nous : que notre bouche le chante avec transport ; que nos vœux si admirablement formulés par la sainte Eglise, dans la divine Liturgie, montent vers lui purs et sincères.

 

V/. O Dieu ! venez à monde!

R/. Hâtez-vous, Seigneur, de me secourir

Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit ;

Comme il était au commencement, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen. Alleluia.

 

Le premier Psaume des secondes Vêpres de Noël est celui qui ouvre l'Office du soir, le dimanche et dans toutes les solennités.  Il  célèbre la génération éternelle du Verbe, et prophétise ses souffrances et son triomphe.

 

Ant. La  principauté éclatera en vous au jour de votre force, au milieu des splendeurs des Saints ; car le Père vous a dit: Je vous ai engendré de mon sein avant l'aurore.

 

PSAUME CIX

 

Celui qui est le Seigneur a dit à son Fils, mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite, et régnez avec moi ;

 

Jusqu'à ce que, au jour de votre dernier avènement, je fasse de vos ennemis l'escabeau de vos pieds.

 

O Christ ! le Seigneur votre Père fera sortir de Sion le sceptre de votre force : c'est de là que vous partirez pour dominer au milieu de vos ennemis.

 

La principauté éclatera en vous, au jour de votre force, au milieu des splendeurs des Saints ; car le Père vous a dit : Je vous ai engendré de mon sein avant l'aurore.

 

Le Seigneur l'a juré, et sa parole est sans repentir ; il a dit en vous parlant : Dieu-Homme, vous êtes prêtre à jamais, selon l'ordre de Melchisedech.

 

O Père! le Seigneur votre Fils est donc à votre droite : c'est lui qui, au jour de sa colère, viendra juger les rois.

 

Il jugera aussi les nations ; il consommera la ruine du monde, et brisera contre terre la tête de plusieurs.

 

Maintenant il vient dans l'humilité ; il s'abaisse pour boire l'eau du torrent des afflictions ; mais c'est pour cela même qu'un jour il élèvera la tête.

 

Ant. La principauté éclatera en vous, au jour de votre force, au milieu des splendeurs des Saints; car le Père vous a dit : Je vous ai engendré de mon sein avant l'aurore.

 

Le second Psaume chante l'alliance que Dieu vient de contracter avec son peuple, la Rédemption qu'il lui envoie aujourd'hui. Le genre humain languissait dans sa misère ; le Dieu de miséricorde, fidèle à ses promesses, lui donne, en Bethléhem, celui qui est le Pain de vie, la nourriture céleste qui préserve de la mort.

 

Ant.  Il a envoyé à son peuple un Rédempteur : il a rendu son alliance éternelle.

 

PSAUME CX.

 

Je vous louerai, Seigneur, de toute la plénitude de mon cœur, dans l'assemblée des justes.

 

Grandes sont les œuvres du Seigneur; elles ont été concertées dans les desseins de sa sagesse.

 

Elles sont dignes de louanges et magnifiques ; et la justice de Dieu demeure dans les siècles des siècles.

 

Le Seigneur, clément et miséricordieux, nous a laissé un mémorial de ses merveilles; il est le Pain de vie, et il a donné une nourriture à ceux qui le craignent.

 

Il se souviendra à jamais de son alliance avec les hommes : le moment est venu où il fera éclater aux yeux de son peuple la vertu de ses œuvres.

 

Il donnera à son Eglise l'héritage des nations : tout ce qu'il fait est justice et vérité.

 

Ses préceptes sont immuables, et garantis par la succession des siècles; ils sont fondés sur la vérité et la justice.

 

Il a envoyé à son peuple un Rédempteur; il rend par là son alliance éternelle.

 

Son Nom est saint et terrible; le commencement de la sagesse est de craindre le Seigneur.

 

La lumière et l'intelligence sont pour celui qui agit selon cette crainte : gloire et louange à Dieu dans les siècles des siècles.

 

Ant. Il a envoyé à son peuple un Rédempteur : il a rendu son alliance éternelle.

 

Le troisième psaume chante la félicité du juste jour  de la Naissance du Messie. Au sein des ténèbres, la Lumière de l'Emmanuel s'est levée tout à coup ; cette Lumière si douce et si radieuse, c'est le Seigneur de miséricorde. Elle illumine les cœurs droits ; malheur au pécheur qui la méprise !

 

Ant. Au sein des ténèbres, une Lumière s'est levée sur ceux dont le cœur est droit : c'est le Seigneur, le Dieu miséricordieux, clément et juste.

 

PSAUME  CXI.

 

Heureux l'homme qui craint le Seigneur, et qui met tout son zèle à lui obéir.

 

Sa postérité sera puissante sur la terre ; la race du juste sera en bénédiction.

 

La gloire et la richesse sont dans sa maison, et sa justice demeure dans les siècles des siècles.

 

Au sein des ténèbres, une Lumière s'est levée sur ceux dont le cœur est droit : c'est le Seigneur, le Dieu miséricordieux, clément et juste, qui vient de naître parmi les hommes.

 

Heureux aujourd'hui l'homme qui a fait miséricorde, qui a prêté au pauvre, qui a réglé jusqu'à ses paroles avec justice ; car il ne sera point ébranlé.

 

La mémoire du juste sera éternelle : s'il entend une nouvelle fâcheuse, elle ne lui donnera point à craindre.

 

Son cœur est toujours prêt à espérer au Seigneur; son cœur est en assurance ; il ne sera point ému, et méprisera la rage de ses ennemis.

 

Il a répandu l'aumône avec profusion sur le pauvre : sa justice demeurera à jamais ; sa force sera élevée en gloire.

 

Le pécheur le verra, et il entrera en fureur ; il grincera des dents et séchera de colère ; mais les désirs du pécheur périront.

 

Ant. Au sein des ténèbres, une Lumière s'est levée sur ceux dont le cœur est droit : c'est le Seigneur, le Dieu miséricordieux, clément et juste.

 

Le quatrième Psaume exprime le cri de détresse que le genre humain, du fond de l'abîme de la dégradation, envoyait à son Libérateur. Mais ce cri était aussi un cri d'espérance; car la parole de Dieu était engagée. Enfin, le Seigneur, dont la miséricorde est infinie, a daigné descendre, et notre Rédemption commence aujourd'hui.

 

Ant. Dans le Seigneur est la miséricorde, et un prix abondant pour notre rédemption.

 

PSAUME CXXIX.

 

Des profondeurs de l'abîme, moi, votre peuple, j'ai crié vers vous, Seigneur ; Seigneur, écoutez ma voix.

 

Que vos  oreilles  soient attentives au cri de ma prière.

 

Seigneur, si vous considérez mes iniquités ; Seigneur, qui soutiendra votre jugement ?

 

Mais la miséricorde est en vous ; c'est pourquoi, à cause de votre parole, je vous ai attendu, Seigneur, durant de longs siècles.

 

Mon âme s'est soutenue par vos oracles; mon âme a espéré dans le Seigneur.

 

Depuis la veille du matin jusqu'à la nuit, Israël espérera dans le Seigneur.

 

Car dans le Seigneur est la miséricorde, et un prix abondant pour notre rédemption.

 

Il a daigné naître aujourd'hui, et il rachètera Israël de toutes ses iniquités.

 

Ant. Dans le Seigneur est la miséricorde, et un prix abondant pour notre rédemption.

 

Le cinquième Psaume chante l'Arche du Seigneur qui s'est reposée en Ephrata. Marie est l'Arche véritable dont l'autre n'était que la figure ; en elle le Seigneur a fait sa demeure; elle a été le trône de sa Majesté. Qu'il se lève donc, le Seigneur, et qu'il prenne possession de son Eglise qui commence aujourd'hui en Bethléhem; qu'il se lève et qu'il nous régisse avec Marie, la Reine de miséricorde. Désormais, il va habiter au milieu de nous ; il consolera toutes les douleurs, il rassasiera tous ceux qui ont faim d'un Pain immortel; il honorera le  Sacerdoce  nouveau;  il  brillera,

 

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comme un flambeau d'immuable vérité, dans son Eglise; il triomphera de tous ses ennemis; le diadème qui orne le front de cet Enfant ne tombera jamais, et tous les autres pâliront devant lui.

 

Ant.  Je placerai sur ton trône, ô David ! un fils qui naîtra de ta race.

PSAUME CXXXI.

 

Seigneur, souvenez-vous de David, et de toute sa douceur.

 

Souvenez-vous du serment qu'il fit au Seigneur, et du vœu qu'il offrit au Dieu de Jacob :

 

« Je n'entrerai pas dans l'intérieur de mon palais ; je ne monterai pas sur le lit de mon repos ;

 

« Je n'accorderai pas le sommeil à mes yeux, ni l'assoupissement à mes paupières,

 

« Ni un appui à ma tête, jusqu'à ce que j'aie trouvé « une demeure au Seigneur, un tabernacle au Dieu de Jacob. »

 

Voilà que nous avons entendu que son Arche était dans Bethléhem d'Ephrata : nous sommes partis en toute hâte, et nous l’avons trouvée dans des campagnes couvertes de forêts.

 

Nous sommes entrés dans la demeure du Seigneur; nous l'avons adoré dans l'humble lieu où s'étaient arrêtés ses pieds.

 

Levez-vous , Seigneur ; entrez dans votre repos, vous et Marie, qui est l'Arche dans laquelle a daigné habiter votre sainteté.

 

Que vos prêtres se revêtent de la justice, et que vos Saints tressaillent d'allégresse.

 

A cause de David, votre serviteur, Père céleste ! ne nous privez pas de la vue de ce Christ qui ne vient que pour nous.

 

Le Seigneur l'a juré à David dans sa vérité, et ce serment est irrévocable : « Je placerai sur ton trône un fils qui naîtra de ta  race.

 

« Si tes enfants gardent mon alliance et les préceptes que je leur enseignerai,

 

« Je jure que leur postérité s'assiéra sur ton trône à jamais. »

 

Le Seigneur a fait choix de Sion, son Eglise; il l'a choisie pour son habitation.

 

Il a dit : « C'est ici le lieu de mon repos, le lieu que j'habiterai ; car je l'ai choisi.

 

« Je comblerai de bénédictions, par la naissance de mon Fils, celle dont le veuvage a duré tant de siècles; dans Bethléhem je donnerai du Pain en abondance à tous ses pauvres.

 

« Je revêtirai ses Prêtres du Sacerdoce de mon Fils, leur Sauveur, et ses Saints seront ravis d'allégresse.

 

« C'est là, dans mon Eglise, que je signalerai la force  de David; c'est là que j'ai allumé le flambeau du  Christ, mon Fils.

 

« Je couvrirai de confusion ses ennemis; et le  diadème dont je l'ai sacré brillera à jamais sur sa tête. »

 

Ant. Je placerai sur ton trône, ô David ! un fils qui naîtra de ta race.

 

CAPITULE. (Hebr. I.)

 

Dieu ayant parlé autrefois à nos pères, en diverses occasions et en diverses manières, par les Prophètes, nous a parlé en ces derniers temps par son Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, et par lequel il a fait les siècles.

 

HYMNE

 

Jesu Redemptor

 

Jésus, Rédempteur de tous les hommes, vous qu'avant la première aurore, en sa paternité suprême , le Père engendra semblable à sa gloire;

 

Vous, lumière et splendeur du Père, vous, l'inépuisable espérance de tous , écoutez ces prières que répandent à cette heure vos serviteurs par le monde entier.

 

Souvenez-vous, créateur des êtres, qu'un jour, au sein béni de la Vierge, vous prîtes, par votre naissance, la forme de notre chair.

 

Ce jour même l'atteste, ce jour que ramène l'année dans son cours, où, sortant du sein du Père, vous vîntes à nous , unique salut du monde.

 

Les astres, la terre, la mer, tout ce que le ciel couronne, saluent par un nouveau cantique ce jour auteur d'un salut nouveau.

 

Et nous, lavés dans les heureux flots d'un sang divin, nous vous offrons, ô Christ, le tribut de cette hymne, à la gloire de votre jour Natal.

 

O Jésus, qui êtes né de la Vierge, gloire à vous, avec le Père et l'Esprit divin dans les siècles éternels !

Amen.

 

V/. Le Seigneur a manifesté, alleluia.

R/. Le Sauveur qu'il avait promis, alleluia.

 

ANTIENNE DE Magnificat.

 

Aujourd'hui le Christ est né, aujourd'hui le Sauveur a apparu ; aujourd'hui sur la terre chantent les Anges, se réjouissent les Archanges ; aujourd'hui les justes, dans les transports de leur joie, répètent : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, alleluia.

 

PRIONS.

 

Faites, s'il vous plaît, Dieu tout-puissant , que la nouvelle Naissance de votre Fils unique nous délivre, nous qu'une antique servitude retient sous le joug du péché. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur.

 

Mémoire de saint Etienne, premier Martyr.

 

Ant.  Plein de grâce et de force, Etienne faisait de grands prodiges au milieu du peuple.

 

V/. Vous l'avez couronné d'honneur et de gloire, Seigneur !

R/. Et vous lui avez donné l'empire sur les ouvrages de vos mains.

 

PRIONS

 

ACCORDEZ-NOUS, s'il vous plaît, Seigneur, d'imiter ce que nous honorons, afin que nous apprenions à aimer même nos ennemis ; puisque nous célébrons la fête de celui qui sut aussi implorer pour ses persécuteurs, Jésus-Christ notre Seigneur, qui vit et règne, etc.

 

L'Office de Complies se trouve ci-dessus, p. 133.

 

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La grande journée a terminé son cours, et la nuit approche durant laquelle le sommeil achèvera de réparer les saintes fatigues que nous ont causées les veilles de la glorieuse Nativité. Avant de prendre notre repos, envoyons un souvenir pieux aux saints Martyrs dont l'Eglise a renouvelé la mémoire en ce jour dans le livre du Martyrologe. Dioclétien et ses collègues dans l'empire venaient de publier le fameux édit de persécution qui déclarait à l'Eglise la plus sanglante guerre qu'elle ait jamais subie. L'édit affiché à Nicomédie, résidence de l'empereur, avait été déchiré par un chrétien qui paya cet acte d'une sainte audace par un glorieux martyre. Les fidèles prêts à la lutte osèrent braver la puissance impériale, en continuant de fréquenter leur église condamnée à la démolition. On était arrivé au jour de Noël. Ils s'assemblèrent au nombre de plusieurs milliers dans le saint temple, afin d'y célébrer une dernière fois la Naissance du Rédempteur. A cette nouvelle, Dioclétien envoya un de ses officiers avec ordre de fermer les portes de l'église, et d'allumer aux quatre angles de l'édifice le feu qui devait le consumer. Ces mesures ayant été prises, les sons de la trompette se firent entendre par les fenêtres de la basilique, et les fidèles ouïrent la voix d'un crieur qui leur disait de la part de l'empereur que ceux d'entre eux qui voudraient avoir la vie sauve pouvaient encore sortir, à la condition d'offrir de l'encens sur un autel de Jupiter que l'on avait dressé près de la porte de l'église ; qu'autrement ils allaient être tous la proie des flammes. Un chrétien répondit au nom de la pieuse assemblée : « Nous sommes tous chrétiens ;  nous honorons le Christ, comme le seul Dieu et le seul Roi ; et nous sommes prêts à lui sacrifier notre vie en ce jour. » Sur cette réponse, les soldats reçurent ordre d'allumer les feux; et dans un instant l'église ne fut plus qu'un immense bûcher, dont les flammes montaient vers le ciel, envoyant en holocauste au Fils de Dieu, qui daigna en ce jour commencer une vie humaine, l'offrande généreuse de ces milliers de vies qui rendaient témoignage à sa venue en ce monde. Ainsi fut glorifié, en l'année 3o3, à Nicomédie, l'Emmanuel descendu des cieux pour habiter parmi les hommes. Unissons, avec la sainte Eglise, l'hommage de nos vœux à celui de ces courageux chrétiens dont la mémoire se conservera, par la sainte Liturgie, jusqu'à la fin des siècles.

Ramenons encore une fois nos pensées et nos cœurs dans l'heureuse étable où Marie et Joseph forment l'auguste compagnie de l'Enfant divin. Adorons encore ce nouveau-né, et demandons-lui sa bénédiction. Saint Bonaventure exprime, avec une tendresse digne de son âme séraphique, dans ses Méditations sur la vie de Jésus-Christ, les sentiments du Chrétien admis auprès du berceau de Jésus naissant : « Et toi aussi, dit-il, qui as tant différé, fléchis le genou, adore le Seigneur ton Dieu; vénère la Mère d'icelui et salue révéremment le saint vieillard Joseph ; ensuite, baise les pieds de l'Enfant Jésus, gisant en sa couchette, et prie Notre-Dame de te le donner  ou de te permettre de le prendre. Prends-le en tes bras, retiens-le et considère bien son aimable face; baise-le révéremment, et délecte-toi confidemment en icelui. Tu peux faire cela ; parce que c'est vers les pécheurs qu'il est venu pour leur salut, et qu'il a humblement conversé avec eux, et que, finalement, il s'est abandonné à iceux pour nourriture. Partant, sa bénignité se laissera patiemment toucher, selon ton vouloir, et n'imputera pas cela à la présomption, ains à l'amour (1). »

 

1. Méditations sur la Vie de Jésus-Christ, par saint Bonaventure. Traduction du R. P. Dom François Le Bannier.

 

Nous placerons, à la fin de cette journée de Noël, deux chants joyeux inspirés à la piété du moyen âge par l'allégresse de cette solennité. Le premier est une Séquence que l'on rencontre dans tous les Missels Romains-Français; elle a été longtemps attribuée à saint Bernard; mais nous l'avons trouvée déjà sur un manuscrit du XI° siècle.

 

SÉQUENCE.

 

Que le chœur des fidèles, dans son allégresse, tressaille de joie. Alleluia.

 

Le sein de la Vierge pure a produit le Roi des rois: prodige admirable !

 

L'Ange du Conseil est né de la Vierge : le Soleil de l'Etoile.

 

Soleil sans couchant, Etoile à jamais scintillante, radieuse à jamais.   .

 

L'étoile produit son rayon ; la Vierge enfante son Fils d'une même manière.

 

Ni l'étoile par le rayon, ni la Vierge par son Fils ne perd rien de son pur éclat.

 

Le haut cèdre du Liban vient ramper, avec l'hysope, dans notre humble vallée.

 

Le Verbe, Sagesse du Très-Haut, daigne se revêtir d'un corps ; il se fait chair.

 

Isaïe l'avait chanté, la Synagogue s'en souvient, et pourtant n'a point cessé d'être dans l'aveuglement.

 

Qu'elle en croie, sinon ses Prophètes, au moins ceux de la gentilité ; les vers  de la Sybille ont annoncé le mystère :

 

« Peuple malheureux, hâte-toi : crois enfin les antiques oracles; pourquoi serais-tu réprouvé, peuple « infortuné?

 

« L'Enfant qu'annonce la lettre prophétique, vois-le aujourd'hui : une Vierge l'a mis au monde. »

Amen.

 

La seconde pièce est une Séquence en l'honneur de la très sainte Mère de Dieu. Elle appartient au XV° siècle. C'est une de ces nombreuses imitations de la Séquence de Pâques, Victimae paschali, que l'on rencontre dans les Missels Romains-Français des XV° et XVI° siècles.

 

SÉQUENCE.

 

A la Vierge Marie que les Chrétiens entonnent un cantique.

 

Eve, malheureuse mère, nous perdit; mais Marie nous a donné un Fils qui a racheté les pécheurs.

 

La mort et la vie se sont rencontrées dans une alliance merveilleuse: Celui qui est Fils de Marie est un Dieu, il règne.

 

Dis-nous, ô Marie, Vierge douce et clémente :

 

Comment es-tu devenue mère, étant la créature de Celui qui naît de toi?

 

— L'Ange en est le témoin envoyé des cieux vers moi.

 

De moi est né Celui qui est mon espérance; mais la Judée est demeurée incrédule.

 

 Mieux vaut croire au seul Gabriel, l'Ange de Force, qu'à la perverse race des Juifs.

 

Oui, nous savons que le Christ est Fils de Marie en vérité ; vous, ô Roi, né pour nous, soyez-nous miséricordieux.

Amen.

 

 

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