Vig. EPIPHANIE

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JEAN
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SILVESTRE
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Oct. JEAN
GENEVIEVE
Oct. INNOCENTS
Vig. EPIPHANIE

V  JANVIER. LA VIGILE DE L'EPIPHANIE.

 

La fête de Noël est terminée ; les quatre Octaves ont achevé leur cours ; et nous voici en présence de la solennité de l'Epiphanie du Seigneur. Une seule journée nous reste pour nous préparer à la Manifestation pleine de mystère que nous doit faire de sa gloire celui qui est l'Ange du grand Conseil. Encore quelques heures, et l'étoile se sera arrêtée, et les Mages frapperont à la porte de la maison de Bethléhem.

Cette Vigile n'est pas, comme celle de Noël, un jour de pénitence. L'Enfant que nous attendions alors, dans la componction et dans l'ardeur de nos désirs, est venu ; il reste avec nous et nous prépare de nouvelles faveurs. Ce jour d'attente d'une nouvelle solennité est un jour de joie comme ceux qui l'ont précédé. Cette Vigile ne sera donc point marquée par le jeûne ; et la sainte Eglise n'y revêtira point ses habits de deuil. Aujourd'hui, elle se pare de la couleur blanche, comme elle le fera demain. Ce jour est le douzième de la Naissance de l'Emmanuel.

Si la Vigile de l'Epiphanie tombe le Dimanche, elle partage avec celle de Noël l'honneur de n'être pas anticipée comme les autres Vigiles. Elle jouit de tous les privilèges des Dimanches ; et la Messe est celle du Dimanche dans l'Octave de Noël. Célébrons donc cette Vigile dans l'allégresse de

 

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nos cœurs, et préparons nos âmes aux  nouvelles faveurs qui leur sont réservées.

L'Eglise Grecque observe le jeûne aujourd'hui, en mémoire de la préparation au Baptême qui s'administrait autrefois, principalement en Orient, dans la nuit qui précédait le saint jour de l'Epiphanie. Elle bénit encore les eaux avec une grande solennité en cette fête; nous parlerons avec détail de cette cérémonie dont les vestiges ne sont pas encore  entièrement effacés dans l'Occident.

La sainte Eglise Romaine fait mémoire en ce jour d'un de ses Papes Martyrs, saint Télesphore. Ce Pontife monta sur le Siège Apostolique l'an 127 ; et parmi les décrets qu'il rendit, on remarque celui par lequel il établissait l'usage de célébrer la Messe durant la nuit de Noël, pour honorer l'heure delà Naissance du Christ, et un autre dans lequel il décrète que l'Hymne Angélique Gloria in excelsis Deo serait chantée ordinairement au commencement du saint Sacrifice. Cette piété du saint Pape envers le grand mystère que nous célébrons en ces jours, rend sa mémoire plus vénérable encore à l'époque de l'année où elle tombe. Télesphore souffrit un glorieux martyre, selon l'expression de saint Irénée, et fut couronné de la gloire céleste, l'an 138.

 

A LA MESSE.

 

La Messe de la Vigile de l'Epiphanie est la même que celle du Dimanche dans l'Octave de Noël, sauf la commémoration de saint Télesphore et l'Evangile.

 

INTROÏT.

 

Dum medium silentium, page 429.

 

 

COLLECTE

 

Omnipotens, sempiterne Deus, page 4.I0.

 

Mémoire de saint Télesphore

 

O Dieu, qui nous réjouissez par la solennité annuelle du bienheureux Télesphore, votre Martyr et Pontife, accordez à nous qui célébrons sa Naissance, de jouir de sa protection.

 

Mémoire de la très Sainte Vierge.

 

Deus, qui salutis œternœ, page 479.

 

ÉPÎTRE.

 

Fratres, quanto tempore, page 43o.

 

GRADUEL.

 

Speciosus forma,page 432.

 

EVANGILE

 

La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. II.

 

En ce temps-là, Hérode étant mort, voici que l'Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Egypte, lui disant : Lève-toi, et prends l'Enfant et sa Mère, et va dans la terre d'Israël ; car ils sont morts, ceux qui poursuivaient la vie de l'Enfant. Joseph, s'étant levé, prit l'Enfant et sa Mère, et vint dans la terre d'Israël. Mais ayant appris qu'Archélaüs régnait en Judée, en la place d'Hérode son père , il craignit d'y aller; et averti en songe, il se retira dans la Galilée. Et il vint habiter dans la ville qui est appelée Nazareth, afin que fût accompli ce qui avait été dit par les Prophètes : Il sera appelé Nazaréen.

 

OFFERTOIRE.

 

Deus firmavit, page 434.

 

SECRÈTE.

 

Concede, quaesumus, page 434.

 

Mémoire de saint Télesphore.

 

Sanctifiez, Seigneur, ces dons qui vous sont offerts ; et, par l'intercession du bienheureux Télesphore, votre Martyr et Pontife, qu'ils vous apaisent et attirent sur nous vos regards.

 

Mémoire de la très sainte Vierge.

Muneribus nostris, page 483.

 

COMMUNION.

 

Tolle puerum, page 435.

 

POSTCOMMUNION.

 

Per hujus, Domine,page 435.

 

Mémoire de saint Télesphore.

 

Rassasiés par la participation du don sacré, nous vous prions, Seigneur notre Dieu, par l'intercession du bienheureux Télesphore, votre Martyr et Pontife, de nous faire ressentir l'effet du Mystère que nous célébrons.

 

Mémoire de la très sainte Vierge.

 

Haec nos communio, page 483.

 

Pour couronnement des pièces liturgiques qui nous ont aidé si suavement à pénétrer le mystère de Noël, nous avons réservé les strophes suivantes. Nulles autres ne pouvaient mieux convenir à ce jour qui prépare l'introduction des Mages près de la Crèche. Elles sont tirées du poème que le prince des mélodes de l'Eglise Grecque, saint Romanus, consacra, comme prémices de son génie, à la Vierge Mère. Nous regrettons de ne pouvoir donner ici le texte même, remis dans nos temps en honneur par un illustre prince de l'Eglise (1), et dont aucune traduction ne saurait rendre l'incomparable harmonie.

 

1. Analecta sacra spicilegio solesmensi parata, I.

 

 IN CHRISTI NATIVITATE.

 

La Vierge aujourd'hui met au monde Celui qui dépasse la nature ; la terre donne une grotte pour gîte à l'inaccessible. Les Anges avec les bergers font assaut de louanges; les Mages sont en route à la suite de l'étoile. Car pour nous voici qu'est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.

 

Voici qu'en Bethléhem Eden est ouvert ; venez donc, et voyons : quel mets suave est là caché pour nous ! venez : dans cette grotte, abreuvons-nous des délices du paradis. Là fleurit, sans être arrosée, la tige qui produit la grâce. Là est le puits qu'aucune main n'a creusé , et dont David un jour eût voulu boire. Ici tout d'un coup, grâce à la Vierge qui enfante, d'Adam et de David la soif est apaisée. Donc hâtons-nous d'aller où vient de naître, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.

 

Le père de la mère a voulu être son fils ; le sauveur des enfants gît enfant dans une crèche. Fixant ses yeux sur lui, celle qui l'enfante a dit : « Qu'est-ce cela, ô mon fils ! En quelle manière as-tu pris germe en moi ? en quelle manière as-tu trouvé en moi vie et croissance ? Je te vois, ô fruit de mes entrailles, et suis dans la stupeur ; mon sein s'emplit de lait, et je n'ai point connu d'homme. Et tante dis que je t'admire en ces langes, je contemple la fleur de ma virginité toujours sauve, ô toi qui l'as gardée, en daignant naître, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles.

 

« Roi très-haut, qui t'attire au milieu des mendiants ? Créateur des cieux, pourquoi viens-tu chez les habitants de la terre ? Une grotte fait tes délices, une crèche est ton amour ! Voici bien que pour ta servante il n'y a point de place dans l'hôtellerie ; et non seulement pas de place : pas de grotte même, car celle-ci est à d'autres. Pourtant à Sara, quand elle eut un fils, beaucoup de terre fut donnée : à moi, pas une tanière ; pour tout j'ai cet antre où tu as voulu habiter, enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles. »

 

Tandis qu'elle formule ces pensées dans son cœur et s'adresse suppliante à Celui qui connaît les mystères, elle apprend que les Mages sont là, cherchant le nouveau-né. Venant à eux: « Qui êtes-vous ? » dit la Vierge. Ceux-ci lui répondent : « Bien plutôt, quelle est ta naissance, ô toi qui as mis au monde un tel enfant? De quel père, de quelle mère es-tu descendue, toi qui nourris un fils dont tu es la mère sans qu'il ait eu de père ? A la vue de son étoile, nous avons prononcé de concert qu'elle annonçait, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.

 

« Balaam en  effet  nous  avait avec soin préparés à comprendre les  oracles dont il fut le prophète, lorsqu'il prédit  le lever d'une étoile :  étoile éteignant toutes  divinations et présages ; étoile résolvant les paraboles  des sages,  leurs énigmes et sentences ; étoile dont la lumière  l'emporte  d'autant mieux sur le  soleil qui nous éclaire, qu'elle-même a créé tous les astres ; par elle il était annonce que de Jacob sortirait comme la lumière, l’enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles. »

 

Ayant entendu si merveilleux  discours , Marie prosternée adora  l'enfant né de ses entrailles, et dit en pleurs:   « Grandes  pour moi, ô mon fils, grandes sont toutes les choses que vous avez faites avec mon indigence.  Car voici que dehors se  tiennent  les Mages, et ils vous cherchent ; les rois des nations de l'Orient désirent votre visage ; le contempler est la  prière des  riches de votre peuple.  Ce peuple n'est-il pas vôtre, en effet, pour  qui  vous êtes né, enfant  d'un jour,  Dieu avant tous les siècles?

 

« Puis donc qu'ils sont vôtres, ô mon fils, ordonnez qu'ils entrent sous votre toit, pour voir cette opulente pauvreté, cette noble indigence ;  car je vous ai pour richesses et pour gloire, aussi n'ai-je point à rougir, en vous sont la grâce et la vérité ; et maintenant permettez qu'ils viennent en cet abri : comment m'inquiéterais-je de ma misère, vous possédant, vous le trésor que viennent contempler les princes, l'objet de l'étude des rois et des Mages cherchant où est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles ? »

 

Jésus le Christ et notre vrai Dieu se fit entendre intérieurement au cœur de sa mère, et lui dit : « Introduis ceux qu'amène ma parole ; car cette parole est la lumière de ceux qui me cherchent, étoile aux yeux, force pour l'âme intelligente. C'est elle qui, comme mon serviteur, a conduit les Mages, et maintenant elle s'est arrêtée pour remplir son office et désigner par ses rayons l'endroit où est né, enfant d'un jour, le Dieu d'avant tous les siècles.

 

« Maintenant donc reçois-les, ô toute belle, reçois ceux qui m'ont reçu ; car je suis en eux, comme je suis dans tes bras, et, o en les accompagnant, je ne t'ai point quittée. » Elle donc ouvre la porte et reçoit l'assemblée des Mages ; elle ouvre, celle qui est la porte fermée à tous, que seul le Christ a traversée ; elle ouvre, celle qui fut toujours close, celle qui jamais rien ne perdit des trésors de la virginité ; elle ouvre, celle par qui fut donnée au monde, porte des cieux, l'enfant d'un jour, Dieu avant tous les siècles.

 

Les dernières paroles de notre Avent étaient celles de l'Epouse, dans la prophétie du Disciple bien-aimé : Venez, Seigneur Jésus ! venez ! Nous terminerons cette première partie du Temps de Noël par ces paroles d'Isaïe que la sainte Eglise a répétées avec triomphe : Un petit Enfant nous est né! Les cieux ont envoyé leur rosée, le juste est descendu du ciel, la terre a enfanté son Sauveur, LE VERBE S'EST FAIT CHAIR, la Vierge a produit son doux fruit, Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous. Le Soleil de justice brille maintenant sur nous, les ténèbres sont passées ; au ciel, Gloire à Dieu ! sur la terre, Paix aux hommes ! Tous ces biens nous sont venus par l'humble et glorieuse Naissance de cet Enfant. Adorons-le dans son berceau, aimons-le pour tant d'amour ; et préparons les présents que nous irons demain lui offrir avec les Mages. L'allégresse de la sainte Eglise continue, la nature angélique est dans l'étonnement, toute la création tressaille de bonheur : Un petit Enfant nous est né !

 

FIN  DU  TOME PREMIER.

 

 

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