CHAPITRE VI

Précédente Accueil Remonter Suivante

Accueil
Remonter
TEMPS DE NOEL I
CHAPITRE I
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
JOUR DE NOËL
I° VÊPRES DE NOËL
Av. OFFICE DE NUIT
MATINES DE NOËL
MESSE DE MINUIT
LAUDES DE NOËL
MESSE DE L'AURORE
JOURNÉE DE NOËL
II° VÊPRES DE NOËL
ETIENNE
JEAN
INNOCENTS
THOMAS DE CANTORBERY
VI° J. Oct. NOEL
SILVESTRE
CIRCONCISION
Oct. ETIENNE
Oct. JEAN
GENEVIEVE
Oct. INNOCENTS
Vig. EPIPHANIE

CHAPITRE VI. PRATIQUE DE LA SAINTE COMMUNION AU TEMPS DE NOËL.

 

La sainte Communion, au temps de l'Avent, préparait les âmes fidèles à l'avènement visible de leur céleste Epoux. Il daignait les admettre à ses faveurs mystérieuses, en attendant la nuit fortunée dans laquelle il se révélerait enfin sous les charmes ineffables de son enfance, qui ravirent à la fois les Anges, les bergers et les rois. Elles goûtaient alors quelque chose de la félicité de Marie portant en elle, sentant vivre et se développer en son chaste sein Celui que ses yeux n'avaient pas vu encore.

Mais au temps de Noël, maintenant qu'un petit enfant nous est né, qu'il repose à Bethléhem, dans la Maison du Pain, que les Anges ont invité les bergers, que l'étoile a convié les Mages avenir le reconnaître et l'adorer, la sainte Communion doit initier les âmes plus avant à la connaissance du Verbe de Dieu, les illuminer d'une vive splendeur, et produire en elles un plus ardent désir de posséder Celui dont la douceur et l'amour se révèlent déjà d'une manière si victorieuse, à travers l'humilité des langes et de la crèche.

Ce n'est donc plus ce Jésus invisible, préludant par le silence et l'immobilité à sa laborieuse mission de la conquête des âmes ; c'est le libérateur du genre humain parti déjà pour courir la carrière ; c'est le  Soleil de justice  lançant  ses  premiers rayons sur le monde; c'est l'hôte céleste demandant asile à notre cœur; c'est le Dieu qui a fait les âmes et qui les aime (1) s'offrant à notre tendresse.

Allons à lui afin de le connaître, connaissons-le afin de l'aimer, aimons-le afin de lui devenir semblables. Or, il veut, dans ce mystère de Noël, que nous devenions enfants comme lui : c'est maintenant l'unique moyen de le posséder, l'unique voie pour aller à son Père. Approchez donc, âmes fidèles, et soyez illuminées (2). Pour vous aider dans l'œuvre de préparation à cette heureuse visite que vous désirez faire à l'Enfant de Bethléhem, nous avons osé formuler les Actes suivants; puissiez-vous en tirer quelque profit, et aussi vous souvenir alors de Celui qui ne les a écrits que pour vous !

 

1. Sap. XI, 27. — 2. Psalm. XXXIII, 6.

 

AVANT LA COMMUNION.

 

ACTE  DE  FOI.

 

Vous vous apprêtez à descendre en moi, ô Dieu éternel, et rien n'annonce l'approche de votre divine majesté. De même que dans la nuit sacrée de Bethléhem votre entrée fut humble et silencieuse, aucun bruit, aucun éclat n'annoncera la visite que vous allez me faire. Un petit enfant enveloppé des langes eucharistiques va venir en moi sous l'apparence d'un pain léger et vil aux yeux de la chair, et je posséderai en moi-même Celui qui a tiré toutes choses du néant, le Juge suprême des vivants et des morts ! Oh ! combien je dois anéantir ma raison en présence d'un si haut mystère! Mais combien aussi j'aime à contempler ces abaissements incompréhensibles d'un Dieu qui ne s'humilie que pour me relever ! Ma raison ne l'eût jamais pressenti, je le sais ; mais, bien loin de savoir ce que peut l'amour infini d'un Dieu pour ses créatures, sais-je seulement ce que c'est que mon néant et mon péché, cet autre abîme, au fond duquel vous descendez, ô mon Sauveur, pour me chercher? O Dieu-Enfant, mon cœur touché et reconnaissant croit à votre amour, et votre amour lui révèle votre puissance. Je viens à vous sans raisonner, comme vinrent les bergers à la parole de l'Ange. Il leur fut dit : Il vous est né un Sauveur qui est le Christ du Seigneur ; vous le reconnaîtrez à la faiblesse de l'enfance, à l'humilité des langes, à la pauvreté de la crèche. Aussitôt ils partirent, et étant arrivés ils trouvèrent ce qui leur avait été annoncé, et ils crurent en lui. Ainsi je veux faire moi-même, ô Jésus ! C'est votre enfance, ce sont vos langes, c'est votre crèche que je cherche. Agréez donc, sous les voiles qui vous couvrent, l'hommage de ma foi, et recevez-moi comme l'un de ces humbles bergers à qui leur simplicité mérita la première place au céleste festin de Bethléhem.

 

ACTE  D'HUMILITÉ.

 

Mais, ô Dieu enfant, les bergers de Bethléhem ne vous furent pas seulement agréables par la simplicité de leur foi ; ils vous plurent aussi par l'humilité de leur cœur. Vous aimez les petits, ô mon souverain Roi ! et c'est pour cela même que ces heureux pasteurs obtinrent l'insigne gloire d être préférés à tout le genre humain, dans l'honneur qu'ils eurent de saluer les premiers votre berceau. Ainsi l'humilité de Marie a été l'aimant qui vous attira du ciel dans ses chastes flancs, et l'humilité des bergers vous porta à les appeler d'abord pour former, avec Marie et Joseph, avec les saints Anges, votre auguste cour, dans cette étable devenue un vrai paradis. Quelle admirable leçon vous me donnez, ô mon Sauveur, à moi qui dois marcher à leur suite ; bien plus, qui vais vous recevoir en moi-même ! Abaissez donc, ô Jésus, toutes les hauteurs de mon esprit; humiliez toutes les répugnances de mon cœur. Abattez-moi au pied de votre crèche, afin que je ne m'élève plus dans mon orgueil. Mais, ô mon Jésus, non seulement vous  aimez les petits ; vous daignez  encore vous faire petit pour vous unir à ma bassesse. C'est comme un faible enfant que vous venez à moi, c Dieu suprême ! A votre approche, je me confonds, je m'abîme dans mon néant, moi, jusqu'ici si éloigné de l'humilité et de la simplicité de l'enfance. Dans votre sagesse souveraine, vous cherchez l'étable et la crèche pour y naître : entrez dans mon cœur. Bethléhem ne vous offrit rien d'aussi digne de cette grandeur qui aime à descendre dans ce qu'il y a de plus infime, de cette lumière qui se plaît à illuminer les plus profondes ténèbres.

 

ACTE  DE  CONTRITION.

 

Mais, ô Dieu de sainteté, l'étable et la crèche, tout indignes  qu'elles fussent  de  votre  majesté, n'avaient du moins rien qui blessât vos regards. Dans ce monde, ouvrage de vos mains, quel lieu, quel objet eussent été dignes de vous servir de berceau ou de palais ?  Votre grandeur,  votre  divinité que vous portez partout,  suffiraient  à changer  en habitation digne de vous tout recoin de ce  monde que vous eussiez  daigné choisir pour  y naître. Il  n'y avait qu'un lieu indigne de  vous,  et  dans  lequel  votre gloire pût refuser de descendre : le cœur de l'homme pécheur. C'est là l'étable vraiment infecte, la crèche avilissante pour votre  majesté. Pourquoi faut-il, ô mon Sauveur, que les restes du  péché que je sens en moi,  les cicatrices encore  saignantes  des blessures qu'il m'a  faites, m'avertissent que mon cœur a été cette étable, cette crèche honteuse que vous ne pouviez visiter qu'après les avoir purifiées par votre grâce? Je déplore, ô mon Sauveur, l'état dans lequel le péché m'avait mis par ma faute. A vous voir ainsi humilié sous les livrées de  l'enfance, je comprends tout à la fois la grandeur de ma malice qui demandait de tels remèdes, et l'immensité de votre amour qui n'a pas dédaigné de me les apporter. Oh ! combien je renonce de tout mon cœur au péché ! Combien je veux le poursuivre désormais en moi, jusqu'à ce que j'en aie extirpé les dernières racines ! O Jésus ! je me souviens de cette parole : Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu'ils verront Dieu. Le moment est venu où  je  vais vous voir  et approcher  de votre berceau ; purifiez  donc mon cœur,  et chassez-en à jamais le péché et l'attache au péché.

 

ACTE  D'AMOUR.

 

Puisse donc, ô Dieu-Enfant, ce cri de mon cœur qui déteste son péché, arriver jusqu'à vous et m'obtenir votre clémence ! Quand du fond de votre crèche vous vous pencherez vers moi, quand vous arrêterez sur ma misère vos yeux si doux et si pleins de pardon, mon âme tressaillira, et je sentirai alors que tout est oublié, ô Dieu de miséricorde ! Mais je ne veux pas seulement vous apporter un cœur qui cric merci. Je sais, ô Jésus, que si vous exigez en moi la componction de mes fautes, vous voulez surtout l'amour de mon cœur. Ce mystère de votre enfance, qu'est-il autre chose qu'un mystère d'amour? Vous venez à moi parce que vous m'aimez : vous venez avec la faiblesse de l'enfance pour encourager mon amour, en bannissant toutes mes craintes. C'est donc l'amour que je dois vous offrir en ce moment. Mais, ô Jésus, où le prendrai-je, cet amour qui soit digne d'être mis en rapport avec le vôtre, si généreux, si immense, si tendre surtout : l'amour d'un Dieu-Enfant qui daigne traiter l'homme comme un frère bien-aimé? J'oserai pourtant vous le dire en présence de cette crèche et de ces langes, magnifiques trophées d'un amour jusqu'alors inconnu : Je vous aime, ô Jésus-Enfant ! Je m'approche de vous pour vous aimer davantage. Je ne veux plus vous fuir ; vous désirez vous unir à moi par l'amour: je ne cesserai de soupirer pour vous, jusqu'à ce que je vous aie reçu dans mon cœur; jusqu'à ce que, consommé dans l'unité avec vous, je ne fasse plus qu'une même chose avec vous, suivant votre parole : Celui qui mange ma chair demeure en moi, et moi en lui. O Jésus, échauffez mon cœur, comme celui des bergers aux approches de l'étable ; comme celui des Mages à la vue de l'étoile, au moment où elle fixe le terme de leur voyage en s'arrêtant sur Bethléhem, la Maison du Pain ; comme celui du vieillard Siméon quand il aperçoit le Christ du Seigneur entre les bras de Marie sa mère, et qu'il voit enfin s'accomplir toutes les promesses qu'il avait reçues de l'Esprit-Saint. Mon cœur vous présente, ô Jésus, en ce moment, tout l'amour de ces saints, et aussi tout l'amour de Marie elle-même, tout l'amour des saints Anges et de tous les élus ; agréez donc, ô Sauveur si riche en amour, ce supplément à la pauvreté de mon coeur, et daignez venir en lui pour l'enrichir de l'or précieux de la charité.

 

ACTE  DE  DÉSIR.

 

Je vous aime, ô Dieu-Enfant ! et c'est pour cela que je vous désire et que je vous appelle. Et comment ne vous désirerais-je pas, vous le désiré des collines éternelles ? N'est-ce pas vous quiètes la lumière et la vie ? Oh ! venez, divin Soleil de justice, illuminer mes ténèbres, rendre la vie à mon âme qui défaille sans vous. Les nations vous attendent comme leur libérateur. L'Eglise votre Epouse languit d'amour, jusqu'à ce que vous veniez la visiter. Abraham, dans les limbes, et tous les Patriarches soupirent après votre jour. Joseph, l'heureux époux de Marie, tressaille de voir enfin venue l'heure sacrée où les chastes flancs delà Vierge ne cacheront plus le Fils de l'Eternel. Les bergers disent : Hâtons-nous de passer jusqu'à Bethléhem, et voyons Celui que le Seigneur nous a manifesté. Les Mages ont à peine vu l'étoile, qu'ils s'élancent vers Celui qui est l'Etoile de Jacob. Siméon, poussé par l'Esprit divin, s'avance, malgré les années, au-devant du Sauveur que Dieu a préparé. Anne la prophétesse survient tout à coup avec une ardeur inconnue à sa vieillesse, et vient contempler Celui qui est la consolation d'Israël. Tout s'ébranle, ô Jésus ! toute la création court au-devant de vous ; les Anges eux-mêmes descendent du ciel pour vous voir, vous adorer dans la crèche et sous les langes. Daignez donc permettre que, moi aussi, je m'empresse vers vous ; que mon coeur vous appelle et vous désire avec une ardeur sinon égale, du moins aussi vive qu'il la peut concevoir. Je vous appelle donc, ô divin Enfant ! je vous offre tous ces vœux, tous ces désirs de tant de Saints ; j'y joins les miens, tout faibles qu'ils sont. Venez donc, descendez vers moi ; que mon cœur enfin vous rencontre et s'unisse à vous. O Marie, Vierge Mère du Messie, aidez-moi en ce moment à l'aimer comme vous l'avez aimé : introduisez-moi en Bethléhem dont vous êtes la Reine. Saints Anges, recevez-moi dans vos chœurs, entourez-moi de vos célestes influences, couvrez ma  nudité de vos ailes sacrées. Saints et Saintes de Dieu, par les délices que vous avez goûtées dans le Dieu de Bethléhem, ne me délaissez pas à cette heure ; soyez près de moi, au moment où le souverain Seigneur qui vous remplit de son amour et de sa lumière, va daigner descendre au milieu de mes ténèbres et de ma misère.

 

Pour compléter cette préparation, suivez avec foi et avec une religieuse attention tous les mystères de la Messe à laquelle vous devez communier, produisant les actes que nous avons exposés au Chapitre V; et quand vous aurez reçu la visite du Seigneur, vous pourrez vous aider des prières suivantes, dans l'Action de grâces qui vous reste à faire.

 

APRÈS LA COMMUNION.

ACTE D'ADORATION.

 

Vous êtes donc descendu en moi, ô mon souverain Seigneur ! vous reposez donc en mon cœur comme dans le berceau que vous avez choisi, Enfant divin ! Mon cœur est donc en ce moment comme une nouvelle Bethléhem, ô Pain des Anges ! Je m'anéantis dans mes adorations, à la vue d'une si haute majesté qui a daigné descendre jusque dans de si abjectes profondeurs. Gloire à vous, ô Jésus, dans les hauteurs du ciel, disent les saints Anges ; j'ajouterai : Gloire à vous, ô Jésus, dans les abîmes de misère et de faiblesse que vous visitez avec tant de clémence ! Qui me donnera en ce moment, ô céleste Enfant, de vous présenter un hommage digne de vous ? Marie, votre très pure et très heureuse Mère, vous ayant glorieusement enfanté, vous plaça dans la crèche avec ses mains virginales, puis celle qui était votre Mère se prosterna comme votre servante, et elle vous adora profondément. Vous daignâtes, ô Jésus, agréer cet hommage, le plus glorieux que votre majesté eût jamais reçu sur cette terre coupable. Souffrez que je l'imite, cette Mère si chérie de vous, que je vous adore en  ce moment avec elle, ô mon souverain Roi ! Ne voyez que son hommage dans le mien: elle est aussi ma Mère ; tous ses biens, tous ses mérites m'appartiennent. Je vous offre encore les adorations de cet homme juste, le chaste époux de la Vierge, l'admirable Joseph, confident des mystères de Nazareth, témoin aussi de la touchante merveille de Bethléhem. Que ne puis-je arriver à la grandeur des sentiments de cet homme simple et fort, choisi entre les mortels pour veiller sur votre enfance ! Enfin, ô Jésus, je vous adore avec les Anges, avec les Bergers, avec les Mages, avec Siméon, avec Anne, avec toute l'Eglise de la terre et du ciel qui contemple dans son admiration le sublime miracle de vos abaissements.

 

ACTE  DE  REMERCIEMENT.

 

Mais ce n'est point assez, ô divin Enfant, de vous adorer dans ma bassesse ; il me faut encore vous remercier dans ma reconnaissance. Quel honneur ne me faites-vous pas? quelles délices ne me procurez-vous pas ? Voici que par votre bonté je suis devenu, moi pécheur, une Bethléhem vivante, qui possède en soi le Pain de vie ; mon cœur a été choisi non plus pour trône, mais pour berceau, par votre insigne Majesté descendue jusqu'à moi. Les saints Anges vous adorent et vous louent ; mais vous ne reposez pas dans leurs bras. Les bergers vous contemplent avec simplesse et amour; mais vous ne vous laissez pas toucher par leurs mains. Les Mages déposent à vos pieds leurs présents ; mais, suivant la prophétie, ils ne font que baiser la terre autour de votre berceau. Heureux donc le vieillard Siméon qui vous reçoit dans ses bras ; mais plus heureux moi-même qui vous ai reçu dans ma bouche, ô Pain de vie, et qui vous garde présentement dans mon cœur! Soyez donc béni et exalté, ô Dieu, si accessible à la plus indigne de vos créatures ! Je vous rends grâces, je vous glorifie avec les bergers qui, venus en toute hâte à Bethléhem, s'en retournèrent glorifiant et louant Dieu de tout ce qu'ils avaient vu et entendu ; à quoi l'Evangéliste ajoute que tous ceux qui les entendirent furent ravis d'admiration. Moi aussi, j'ouvrirai la bouche, et, empruntant la parole du fils de Bethléhem, David votre aïeul, je dirai dans ma joie : O vous tous qui craignez le Seigneur, venez, et je vous raconterai quels biens il a faits à mon âme.

 

ACTE D'AMOUR.

 

Vous m'avez donc aimé, ô mon Hôte divin, puisque vous m'avez ainsi comblé des dons de votre amour ! Comment ne vous aimerais-je pas moi-même de toute l'étendue de ce cœur que vous habitez ? Soyez donc aimé, ô divin Enfant ! C est dans ce but que vous avez déposé tout votre éclat, anéanti toute votre grandeur ; que vous êtes amoindri jusqu'à cette forme d'esclave, et d'esclave enfant. Non, je ne tremble plus à votre aspect ; je vous approche sans être ému d'autre sentiment que celui de la confiance et de l'amour. O vous qui deviez être mon juge terrible, vous reposez maintenant dans mon cœur, comme dans le berceau que vous avez choisi ; vous vous êtes mis à ma discrétion ; vous êtes à moi, et je suis à vous, suivant votre parole. Ah 1 ne me quittez jamais, Sauveur si aimable ! Vivez, croissez dans mon cœur ; régnez-y par l'amour. Je vous offre, comme supplément à mon ime puissance, l'amour avec lequel Marie votre très pur-Mère vous pressait sur son sein virginal dans ces premiers jours de votre vie mortelle ; l'amour avec lequel Joseph, son chaste époux, et votre père nourricier, vous prodiguait tous les soins de sa tendresse; l'amour avec lequel les pasteurs de Bethléhem contemplaient, sous les langes et dans la crèche, la merveille d'un Sauveur né pour eux ; l'amour avec lequel les Mages déposaient à vos pieds leurs trésors, et oubliaient, à la vue de votre berceau, les fatigues d'une longue course à la suite de l'étoile ; l'amour avec lequel l'heureux Siméon, vous prenant dans ses bras, sentait défaillir sa vie mortelle et poindre pour lui le four de l'éternité ; enfin l'amour des saints Anges, dont la félicité, comme nous l'apprend le saint Apôtre, est de reposer éternellement leurs regards sur votre immortelle beauté, devenue ici-bas, sous les doux traits de l'enfance, accessible aux yeux mêmes des pécheurs. Recevez donc, ô mon divin trésor, recevez mon cœur avec tous ces cœurs qui vous aiment, et demeurez à jamais en moi et moi en vous.

 

ACTE  D'OFFRANDE.

 

Mais ce n'est pas assez de vous aimer, ô céleste Enfant ! Il faut encore que je me donne à vous. Vous m'êtes venu chercher, si bas que je fusse descendu ; et afin que je ne vous fuie plus, vous êtes venu prendre votre habitation dans mon coeur, dont vous avez fait votre Bethléhem, ô Pain de vie ! Vous voulez que je devienne enfant comme vous, que j'abaisse toutes mes hauteurs, toutes mes révoltes au pied de votre berceau ; que ma fausse sagesse s'anéantisse devant les leçons de votre crèche; que mes yeux accoutumés à une lumière trompeuse se renouvellent en contemplant la simplicité de vos langes. O Jésus ! vous êtes le Roi des enfants, comme le dit un grand génie chrétien : je me donne donc à vous pour être enfant à votre suite. Agréez l'hommage de ma docilité ; faites qu'elle soit constante, et qu'elle procède toujours de l'amour. J'abjure, ô mon Sauveur, tout ce qui, dans ma vie passée, dans mes idées et mes affections, a été contraire à vos vues : vous m'avez introduit trop près de vous pour que je ne sois pas désormais tout à vous. Je veux donc imiter les Mages qui, après vous avoir adoré, s'en retournèrent par une autre voie dans leur patrie. Puisse cette enfance que j'ai commencée près de vous, devenir en moi le principe d'une vie nouvelle, qui n'aura plus rien de commun avec l'ancienne ! Siméon, vous ayant reçu dans ses bras, ne voulut plus vivre que pour l'éternité ; moi qui vous possède dans mon cœur, je vous demande de vivre avec vous dans le temps : je m'offre à vous servir toute ma vie, pour mériter de vous être uni à jamais dans la gloire et la félicité de votre paradis.

 

O Mère de Dieu, Marie ! conservez en moi les fruits de la visite qu'a daigné me faire votre divin Fils. Anges de Dieu, qui l'adorez en moi, veillez à la sainteté et à la pureté de cette demeure qu'il s'est choisie. Saints et Saintes, priez, afin que je sois fidèle à Celui que vous avez aimé sur la terre, et que vous aimerez éternellement au ciel.

 

 

Précédente Accueil Remonter Suivante