IMMACULÉE

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VIII DÉCEMBRE. L'IMMACULÉE  CONCEPTION DE LA  TRÈS SAINTE VIERGE.

 

Enfin, l'aurore du Soleil tant désiré brille aux extrémités du ciel, tendre et radieuse. L'heureuse Mère du Messie devait naître avant le Messie lui-même ; et ce jour est celui de la Conception de Marie. La terre possède déjà un premier gage des célestes miséricordes ; le Fils de l'homme est à la porte. Deux vrais Israélites, Joachim et Anne, nobles rejetons de la famille de David, voient enfin, après une longue stérilité, leur union rendue féconde par la toute-puissance divine. Gloire au Seigneur qui s'est souvenu de ses promesses, et qui daigne, du haut du ciel, annoncer la fin du déluge de l'iniquité, en envoyant à la terre la blanche et douce colombe qui porte la nouvelle de paix !

La fête de l'Immaculée Conception de la Sainte Vierge est la plus solennelle de toutes celles que l'Eglise célèbre au saint temps de l'Avent ; et s'il était nécessaire que la première partie du Cycle présentât la commémoration de quelqu'un des Mystères de Marie, il n'en est aucun dont l'objet pût offrir de plus touchantes harmonies avec les pieuses préoccupations de l'Eglise en cette mystique saison de  l'attente. Célébrons donc avec

 

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joie cette solennité ; car la Conception de Marie présage la prochaine Naissance de Jésus.

L'intention de l'Eglise, dans cette fête, n'est pas seulement de célébrer l'anniversaire de l'instant fortuné auquel commença, au sein de la pieuse Anne, la vie de la très glorieuse Vierge Marie; mais encore d'honorer le sublime privilège en vertu duquel Marie a été préservée de la tache originelle que, par un décret souverain et universel, tous les enfants d'Adam contractent au moment même où ils sont conçus dans le sein de leurs mères. La foi de l'Eglise catholique que nous avons entendu solennellement reconnaître comme révélée de Dieu même, au jour à jamais mémorable du huit Décembre 1854, cette foi qu'a proclamée l'oracle apostolique, par la bouche de Pie IX, aux acclamations de la chrétienté tout entière, nous enseigne qu'au moment où Dieu a uni l'âme de Marie qu'il venait de créer au corps qu'elle devait animer, cette âme à jamais bénie, non seulement n'a pas contracté la souillure qui envahit à ce moment toute âme humaine, mais qu'elle a été remplie d'une grâce immense qui l'a rendue, dès ce moment, le miroir de la sainteté de Dieu même, autant qu'il est possible à un être créé.

Une telle suspension de la loi portée par la justice divine contre toute la postérité de nos premiers parents était motivée par le respect que Dieu porte à sa propre sainteté. Les rapports que Marie devait avoir avec la divinité même, étant non seulement la Fille du Père céleste, mais appelée à devenir la propre Mère du Fils, et le Sanctuaire ineffable de l'Esprit-Saint, ces rapports exigeaient que rien de souillé ne se rencontrât, même un seul instant,  dans la créature

 

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prédestinée à de si étroites relations avec l'adorable Trinité ; qu'aucune ombre n'eût jamais obscurci en Marie la pureté parfaite que le Dieu souverainement saint veut trouver même dans les êtres qu'il appelle à jouir au ciel de sa simple vue ; en un mot, comme le dit le grand Docteur saint Anselme : « Il était juste qu'elle fût ornée d'une  pureté au-dessus de laquelle on n'en puisse concevoir de plus grande que celle de Dieu même, cette Vierge à qui Dieu le Père devait donner son Fils d'une manière si particulière que ce Fils deviendrait par nature le Fils commun et  unique de Dieu et de la Vierge ; cette Vierge que le Fils devait élire pour en faire substantiellement sa Mère, et au sein de laquelle l'Esprit-Saint voulait opérer la conception et la naissance de Celui dont il procédait lui-même. » ( De Conceptu Virginali. Cap. XVIII.)

En même temps, les relations que le Fils de Dieu avait à contracter avec Marie, relations ineffables de tendresse et de déférence filiales, avant été éternellement présentes à sa pensée, elles obligent à conclure que le Verbe divin a ressenti pour cette Mère qu'il devait avoir dans le temps, un amour d'une nature infiniment supérieure à celui qu'il éprouvait pour tous les êtres créés par sa puissance. L'honneur de Marie lui a été cher au-dessus de tout, parce qu'elle devait être sa Mère, qu'elle l'était même déjà dans ses éternels et miséricordieux desseins. L'amour du Fils a dune protégé la Mère ; et si celle-ci, dans son humilité sublime, n'a repoussé aucune des conditions auxquelles sont soumises toutes les créatures de Dieu, aucune des exigences même de la loi de Moïse qui n'avait pas été portée pour elle, la main du Fils divin a abaissé pour elle l'humiliante barrière

 

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qui arrête tout enfant d'Adam venant en ce monde, et lui ferme le sentier de la lumière et de la grâce jusqu'à ce qu'il ait été régénéré dans une nouvelle naissance.

Le Père céleste ne pouvait pas faire moins pour la nouvelle Eve qu'il n'avait fait pour l'ancienne, qui fut établie tout d'abord, ainsi que le premier homme, dans l'état de sainteté originelle où elle ne sut pas se maintenir. Le Fils de Dieu ne devait pas souffrir que la femme à laquelle il emprunterait sa nature humaine eût à envier quelque chose à celle qui a été la mère de prévarication. L'Esprit-Saint, qui devait la couvrir de son ombre et la rendre féconde par sa divine opération, ne pouvait pas permettre que sa Bien-Aimée fût un seul instant maculée de la tache honteuse avec laquelle nous sommes conçus. La sentence est universelle ; mais une Mère de Dieu devait en être exempte. Dieu auteur de la loi, Dieu qui a posé librement cette loi, n'était-il pas le maître d'en affranchir celle qu'il avait destinée à lui être unie en tant de manières ? Il le pouvait, il le devait : il l'a donc fait.

Et n'était-ce pas cette glorieuse exception qu'il annonçait lui-même au moment où comparurent devant sa majesté offensée les deux prévaricateurs dont nous sommes tous issus? La promesse miséricordieuse descendait sur nous dans l'anathème qui tombait sur le serpent. « J'établirai moi-même, disait Jéhovah, une inimitié entre toi et la femme, entre ta race et son fruit ; et elle-même t'écrasera la tête. » Ainsi, le salut était annoncé à la famille humaine sous la forme d'une victoire contre Satan ; et cette victoire, c'est la Femme qui la devait remporter pour nous tous. Et que l'on ne dise pas que ce sera  le fils de la

 

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femme qui la remportera seul, cette victoire : le Seigneur nous dit que l'inimitié de la femme contre le serpent sera personnelle, et que, de son pied vainqueur, elle brisera la tête de l'odieux reptile ; en un mot, que la nouvelle Eve sera digne du nouvel Adam, triomphante comme lui ; que la race humaine un jour sera vengée, non seulement parle Dieu fait homme, mais aussi par la Femme miraculeusement soustraite à toute atteinte du péché ; en sorte que la création primitive dans la sainteté et la justice (Ephes. IV, 24) reparaîtra en elle, comme si la faute primitive n'avait pas été commise.

Relevez donc la tête, enfants d'Adam, et secouez vos chaînes. Aujourd'hui, l'humiliation qui pesait sur vous est anéantie. Voici que Marie, qui est votre chair et votre sang, a vu reculer devant elle le torrent du péché qui entraîne toutes les générations : le souffle du dragon infernal s'est détourné pour ne pas la flétrir ; la dignité première de votre origine est rétablie en elle. Saluez donc ce jour fortuné où la pureté première de votre sang est renouvelée : la nouvelle Eve est produite ; et de son sang qui est aussi le vôtre, moins le péché, elle va vous donner, sous peu d'heures, le Dieu-homme qui procède d'elle selon la chair, comme il sort de son Père par une génération éternelle.

Et comment n'admirerions-nous pas la pureté incomparable de Marie dans sa conception immaculée, lorsque nous entendons, dans le divin Cantique, le Dieu même qui l'a ainsi préparée pour être sa Mère, lui dire avec l'accent d'une complaisance toute d'amour : « Vous êtes toute belle, ma bien-aimée, et il n'y a en vous aucune tache ? » (Cant. IV, 7.) C'est le Dieu de toute sainteté qui parle ; son œil qui  pénètre tout ne

 

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découvre en Marie aucune trace, aucune cicatrice du péché ; voilà pourquoi il se conjoint avec elle, et la félicite du don qu'il a daigné lui faire. Après cela, nous étonnerons-nous que Gabriel, descendu des cieux pour lui apporter le divin message, soit saisi d'admiration à la vue de cette pureté dont le point de départ a été si glorieux et les accroissements sans limites ; qu'il s'incline profondément devant une telle merveille, et qu'il dise : « Salut, ô Marie, pleine de grâce ! » Gabriel mène sa vie immortelle au centre de toutes les magnificences de la création, de toutes les richesses du ciel ; il est le frère des Chérubins et des Séraphins, des Trônes et des Dominations ; son regard parcourt éternellement ces neuf hiérarchies angéliques où la lumière et la sainteté resplendissent souverainement, croissant toujours de degré en degré ; mais voici qu'il a rencontré sur la terre, dans une créature d'un rang inférieur aux Anges, la plénitude de la grâce, de cette grâce qui n'a été donnée qu'avec mesure aux Esprits célestes, et qui repose en Marie depuis le premier instant de sa création. C'est la future Mère de Dieu toujours sainte, toujours pure, toujours immaculée.

Cette vérité révélée aux Apôtres par le divin Fils de Marie, recueillie dans l'Eglise, enseignée par les saints Docteurs, crue avec une fidélité toujours plus grande par le peuple chrétien, était contenue dans la notion même d'une Mère de Dieu. Croire Marie Mère de Dieu, c'était déjà croire implicitement que celle en qui devait se réaliser ce titre sublime n'avait jamais rien eu de commun avec le péché, et que nulle exception n'avait pu coûter à Dieu pour l'en préserver. Mais désormais l'honneur de Marie est appuyé sur la sentence explicite qu'a dictée l'Esprit-Saint. Pierre

 

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a parlé par la bouche de Pie IX ; et lorsque Pierre a parlé, tout fidèle doit croire ; car le Fils de Dieu a dit : « J'ai prié pour toi, Pierre, afin que ta foi ne défaille jamais » (LUC. XXVII, 32) ; et il a dit aussi : « Je vous enverrai l'Esprit de vérité qui demeurera avec vous à jamais, et vous fera souci venir de tout ce que je  vous avais enseigné. »

(JOHAN. XIV, 20.)

Le symbole de notre foi a donc acquis, non une vérité nouvelle, mais une nouvelle lumière sur la vérité qui était auparavant l'objet de la croyance universelle. En ce jour, le serpent infernal a senti de nouveau la pression victorieuse du pied de la Vierge-mère, et le Seigneur a daigné nous donner le gage le plus signalé de ses miséricordes. Il aime encore cette terre coupable; car il a daigné l'éclairer tout entière d'un des plus beaux rayons de la gloire de sa Mère. N'a-t-elle pas tressailli, cette terre ? N'a-t-elle pas ressenti à ce moment un enthousiasme que notre génération n'oubliera jamais ? Quelque chose de grand s'accomplissait à cette moitié du siècle ; et nous attendrons désormais les temps avec plus de confiance, puisque si l'Esprit-Saint nous avertit de craindre pour les jours où les vérités diminuent chez les enfants des hommes, il nous dit assez par là que nous devons regarder comme heureux les jours où les vérités croissent pour nous en lumière et en autorité.

En attendant l'heure de la proclamation solennelle du grand dogme, la sainte Eglise le confessait chaque année, en célébrant la fête d'aujourd'hui. Cette fête n'était pas appelée, il est vrai, la Conception immaculée, mais simplement la Conception de Marie. Toutefois, le fait de son institution et de sa célébration exprimait déjà suffisamment la croyance de la chrétienté. Saint Bernard

 

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et l'Angélique Docteur saint Thomas s'accordent à enseigner que l'Eglise ne peut pas célébrer la fête de ce qui n'est pas saint ; la Conception de Marie fut donc sainte et immaculée, puisque l'Eglise, depuis tant de siècles, l'honore d'une fête spéciale. La Nativité de Marie est l'objet d'une solennité dans l'Eglise, parce que Marie naquit pleine de grâce ; si donc le premier instant de son existence eût été marqué par la flétrissure commune, sa Conception n'aurait pu être l'objet d'un culte. Or, il est peu de fêtes plus générales et mieux établies dans l'Eglise que celle que nous célébrons aujourd’hui.

L'Eglise grecque, héritière plus prochaine des pieuses traditions de l'Orient, la célébrait déjà au VI° siècle, comme on le voit par le Type ou cérémonial de saint Sabbas. En Occident nous la trouvons établie dès le VIII° siècle, dans l'Eglise gothique d'Espagne. Un célèbre calendrier gravé sur le marbre, auIX° siècle, pour l'usage de l'Eglise de Naples, nous la montre déjà instituée à cette époque. Paul Diacre, secrétaire de Charlemagne, puis moineau Mont-Cassin, célébrait le mystère de l'Immaculée-Conception dans une Hymne remarquable, que nous donnerons tout à l'heure, d'après les manuscrits du Mont-Cassin, de Subiaco et de Bénévent. En 1066, la fête s'établissait en Angleterre à la suite d'un prodige opéré sur mer en faveur du pieux abbé Helsin, et bientôt elle s'étendait dans cette île par les soins du grand saint Anselme, moine et archevêque de Cantorbéry ; delà elle passait en Normandie, et prenait possession du sol français. Nous la trouvons en Allemagne sanctionnée dans un concile présidé, en 1049, par saint Léon IX ; dans la Navarre, en 1090, à l'abbaye  d'Irach ; en Belgique,

 

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à Liège, en 1142. C'est ainsi que toutes les Eglises de l'Occident rendaient tour à tour témoignage au mystère, en acceptant la fête qui l'exprimait.

Enfin, l'Eglise de Rome l'adopta elle-même, et par son concours vint rendre plus imposant encore ce concert de toutes les Eglises. Ce fut Sixte IV qui, en 1476, rendit le décret qui instituait la fête de la Conception de Notre-Dame dans la ville de saint Pierre. Au siècle suivant, en 1568, saint Pie V publiait l'édition universelle du Bréviaire Romain ; on y voyait cette fête inscrite au calendrier, comme l'une des solennités chrétiennes qui doivent chaque année réunir les vœux des fidèles. Rome n'avait pas déterminé le mouvement de la piété catholique envers le mystère; elle le sanctionnait de son autorité liturgique, comme elle Fa confirmé, dans ces derniers temps, de son autorité doctrinale.

Les trois grands Etats de l'Europe catholique, l'Empire d'Allemagne, la France et l'Espagne, se signalèrent, chacun à sa manière, par les manifestations de leur piété envers Marie immaculée dans sa Conception. La France, par l'entremise de Louis XIV, obtint de Clément IX que la fête serait célébrée avec Octave dans le royaume : faveur qui fut bientôt étendue à l'Eglise universelle par Innocent XII. Déjà, depuis des siècles, la Faculté de théologie de Paris astreignait tous ses Docteurs à prêter serment de soutenir le privilège de Marie, et elle maintint cette pieuse pratique jusqu'à son dernier jour.

L'empereur Ferdinand III, en 1647, fit élever sur la grande place de Vienne une splendide colonne couverte d'emblèmes et de figures qui sont autant de symboles de la victoire  que Marie

 

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a remportée sur le péché, et surmontée de la statue de notre Reine immaculée, avec cette pompeuse et catholique inscription :

 

AU DIEU TRÈS BON ET TRES GRAND,

MONARQUE DU CIEL ET DE LA TERRE,

PAR QUI  RÉGNENT LES ROIS ;

A LA VIERGE MÈRE DE DIEU,

IMMACULÉE DANS SA CONCEPTION.

PAR QUI LES PRINCES COMMANDENT,

QUE L'AUTRICHE A CHOISIE AVEC AMOUR

POUR SOUVERAINE ET PATRONNE ,

FERDINAND III AUGUSTE

CONFIE, DONNE, CONSACRE SOI-MÊME,

SES  ENFANTS ,  SES  PEUPLES ,  SES  ARMÉES ,

SES PROVINCES,

ENFIN TOUT CE QU'IL POSSÈDE,

ET ÉRIGE POUR ACCOMPLIR UN VOEU

CETTE STATUE,

EN SOUVENIR  ÉTERNEL (1).

 

L'Espagne dépassa tous les Etats catholiques par son zèle pour le privilège de Marie. Dès l'année 1398, Jean Ier, roi d'Aragon, donnait une charte solennelle pour mettre sa personne et son royaume sous la protection de Marie conçue sans péché. Plus tard, les rois Philippe III et Philippe IV faisaient partir pour Rome des ambassades qui sollicitaient en leur nom la solennelle décision que le ciel, dans sa  miséricorde, avait

 

1. D. O. M. supremo cœli terraeque imperatori, per quem reges regnant; Virgini Deiparae immaculatae conceptae, per quam principes imperant, in peculiarem Dominam, Austriae Patronam, singulari pietate susceptae, se, liberos, populos, exercitus, provincias, cmnia denique confidit, donat, consecrat, et in perpetuam rei memonam, statuam hanc ex voto ponit Ferdinandus III Augustus.

 

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réservée pour nos temps. Charles III, au siècle dernier, obtenait de Clément XIII que la Conception immaculée devînt la fête patronale des Espagnes. Les habitants du royaume Catholique inscrivaient sur la porte ou sur la façade de leurs maisons la louange du privilège de Marie ; ils se saluaient en le prononçant dans une formule touchante. Marie de Jésus, abbesse du monastère de l’Immaculée-Conception d'Agréda, écrivait son livre de la Cité mystique de Dieu, dans lequel Murillo s'inspirait pour produire le chef-d'œuvre de la peinture espagnole.

Mais il ne serait pas juste d'omettre, dans cette énumération des hommages rendus à Marie immaculée, la part immense qu'a eue l'Ordre Séraphique au triomphe terrestre de cette auguste Souveraine de la terre et des cieux. Le pieux et profond docteur Jean Duns Scot, qui le premier sut assigner au dogme de la Conception immaculée le rang qu'il occupe dans la divine théorie de l'Incarnation du Verbe, ne mérite-t-il pas d'être nommé aujourd'hui avec l'honneur qui lui est dû? Et toute l'Eglise n'a-t-elle pas applaudi à l'audience sublime que reçut du Pontife la grande famille des Frères-Mineurs, au moment où toutes les pompes de la solennelle proclamation du dogme paraissant accomplies, Pie IX y mit le dernier sceau en acceptant des mains de l'Ordre de Saint-François l'hommage touchant et les actions de grâces que lui offrait l'Ecole scotiste, après quatre siècles de savants travaux en faveur du privilège de Marie ?

En présence de cinquante-quatre Cardinaux, de quarante-deux Archevêques et de quatre-vingt-douze Evêques, sous les regards d'un peuple immense  qui remplissait  le plus  vaste  temple de

 

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l'univers, et avait joint sa voix pour implorer la présence de l'Esprit de vérité, le Vicaire du Christ venait de prononcer l'oracle attendu depuis des siècles ; le divin Sacrifice avait été offert par lui sur la Confession de saint Pierre ; la main du Pontife avait orné d'un splendide diadème l'image de la Reine immaculée ; porté sur son trône aérien et le front ceint de la triple couronne, il était arrivé près du portique de la basilique. Là, prosternés à ses pieds, les deux représentants du Patriarche Séraphique arrêtèrent sa marche triomphale. L'un présentait une branche de lis en argent : c'était le Général des Frères-Mineurs de l'Observance ; une tige de rosier chargée de ses fleurs, de même métal, brillait aux mains du second : c'était le Général des Frères-Mineurs Conventuels. Lis et roses, fleurs de Marie, pureté et amour symbolisés dans cette offrande que rehaussait la blancheur de l'argent, pour rappeler le doux éclat de l'astre sur lequel se réfléchit la lumière du soleil : car Marie « est belle comme la lune », nous dit le divin Cantique (VI, 9). Le Pontife ému daigna accepter le don de la famille Franciscaine, de qui l'on pouvait dire en ce jour, comme de l'étendard de notre héroïne française, « qu'ayant été à la lutte, il était juste qu'elle fût aussi au triomphe. » Et ainsi se terminèrent les pompes si imposantes de cette grande matinée du huit décembre MDCCCLIV.

C'est ainsi que vous avez été glorifiée sur la terre en votre Conception Immaculée, ô vous la plus humble des créatures! Mais comment les hommes ne mettraient-ils pas toute leur joie à vous honorer, divine aurore du Soleil de justice ? Ne leur apportez-vous pas, en ces jours, la nouvelle de leur salut ? N'êtes-vous pas, ô Marie, cette radieuse

 

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espérance qui vient tout d'un coup briller au sein même de l'abîme de la désolation ? Qu'allions-nous devenir sans le Christ qui vient nous sauver ? et vous êtes sa Mère à jamais chérie, la plus sainte des créatures de Dieu, la plus pure des vierges, la plus aimante des mères !

O Marie! que votre douce lumière réjouit délicieusement nos yeux fatigués ! De génération en génération, les hommes se succédaient sur la terre ; ils regardaient le ciel avec inquiétude, espérant à chaque instant voir poindre à l'horizon l'astre qui devait les arracher à l'horreur des ténèbres ; mais la mort avait fermé leurs yeux, avant qu'ils eussent pu seulement entrevoir l'objet de leurs désirs. Il nous était réservé de voir votre lever radieux, ô brillante Etoile du matin ! vous dont les rayons bénis se réfléchissent sur les ondes de la mer, et lui apportent le calme après une nuit d'orages! Oh! préparez nos yeux à contempler l'éclat vainqueur du divin Soleil qui marche à votre suite. Préparez nos coeurs ; car c'est à nos cœurs qu'il veut se révéler. Mais, pour mériter de le voir, il est nécessaire que nos cœurs soient purs; purifiez-les, ô vous, l'Immaculée, la très pure ! Entre toutes les fêtes que l'Eglise a consacrées à votre honneur, la divine Sagesse a voulu que celle de votre Conception sans tache se célébrât dans ces jours de l'A vent, afin que les enfants de l'Eglise, songeant avec quelle divine jalousie le Seigneur a pris soin d'éloigner de vous tout contact du péché, par honneur pour Celui dont vous deviez être la Mère, ils se préparassent eux-mêmes à le recevoir par le renoncement absolu à tout ce qui est péché et affection au péché. Aidez-nous, ô Marie ! à opérer ce grand changement. Détruisez en nous, par votre Conception  Immaculée,

 

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les racines de la cupidité, éteignez les flammes de la volupté, abaissez les hauteurs de la superbe. Souvenez-vous que Dieu ne vous a choisie pour son habitation, qu'afin de venir ensuite faire sa demeure en chacun de nous.

O Marie ! Arche d'alliance, formée d'un bois incorruptible, revêtue de l'or le plus pur, aidez-nous à correspondre aux desseins ineffables du Dieu qui, après s'être glorifié dans votre pureté incomparable, veut maintenant se glorifier dans notre indignité, et ne nous a arrachés au démon que pour faire de nous son temple et sa demeure la plus chère Venez à notre aide, ô vous qui, par la miséricorde de votre Fils, n'avez jamais connu le péché ! et recevez en ce jour nos hommages. Car vous êtes l'Arche de Salut qui surnage seule sur les eaux du déluge universel ; la blanche Toison rafraîchie par la rosée du ciel, pendant que la terre entière demeure dans la sécheresse ; la Flamme que les grandes eaux n'ont pu éteindre ; le Lis qui fleurit entre les épines; le Jardin fermé au serpent infernal ; la Fontaine scellée, dont la limpidité ne fut jamais troublée; la Maison du Seigneur, sur laquelle ses yeux sont ouverts sans cesse, et dans laquelle rien de souillé ne doit jamais entrer ; la Cité mystique dont on raconte tant de merveilles (Ps. LXXXVI). Nous nous plaisons à redire vos titres d'honneur, ô Marie ! car nous vous aimons ; et la gloire de la Mère est celle des enfants. Continuez de bénir et de protéger ceux qui honorent votre auguste privilège, vous qui êtes conçue en ce jour ; et bientôt naissez, concevez l'Emmanuel, enfantez-le et montrez-le à notre amour.

 

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AUX PREMIERES VEPRES.

 

Les cinq Psaumes que l'Eglise chante dans cet Office sont ceux avec lesquels elle a coutume de célébrer les Vêpres dans les solennités de Marie.

Le premier rappelle la Royauté, le Sacerdoce et la suprême Judicature du Christ, Fils de Dieu et fils de Marie: c'est annoncer déjà la haute dignité, l'incomparable pureté de celle qui doit le donner au monde.

 

Ant. Vous êtes toute belle, ô Marie, et la tâche originelle n'est point en vous.

 

PSAUME CIX.

 

Celui qui est le Seigneur a dit à son Fils, mon Seigneur : Asseyez-vous à ma droite , et régnez avec moi;

Jusqu'à ce que je fasse de vos ennemis l'escabeau de vos pieds.

O Christ! le Seigneur votre Père fera sortir de Sion le sceptre de votre force : c'est de là que vous partirez, pour dominer au milieu de vos ennemis.

La principauté éclatera en vous, au jour de votre force, au milieu des splendeurs des Saints ; car le Père vous a dit : Je vous ai engendré de mon sein avant l'aurore.

Le Seigneur l'a juré, et sa parole est sans repentir : Il a dit en vous parlant : Dieu-homme, vous êtes Prêtre à jamais, selon l'ordre de Melchisédech.

O Père ! le Seigneur votre Fils est donc à votre droite ; c'est lui qui au jour de sa colère viendra juger les rois.

Il jugera aussi les nations : dans cet avènement terrible, il consommera la ruine du monde et brisera contre terre la tête de plusieurs.

Maintenant, il vient dans l'humilité ; il s'abaissera pour boire l'eau du torrent des afflictions ; mais c'est pour cela même qu'un jour il élèvera la tête.

 

Ant. Vous êtes toute belle, ô Marie, et la tache originelle n'est point en vous.

 

Ant. Votre vêtement est blanc comme la neige, et votre visage éclatant comme le soleil.

 

Le second Psaume célèbre la grandeur de Dieu, et en même temps nous le montre attentif à considérer les cœurs humbles du haut du ciel. L'humilité de Marie l'a attiré en elle, et il l'a établie Reine de l'univers. Elle est demeurée vierge, et le Seigneur l'a faite mère d'une famille innombrable.

 

PSAUME CXVII.

 

Serviteurs du Seigneur, faites entendre ses louanges : célébrez le Nom du Seigneur.

Que le Nom du Seigneur soit béni, aujourd'hui et jusque dans l'éternité.

De l'aurore au couchant, le Nom du Seigneur doit être à jamais célébré.

Le Seigneur est élève au-dessus de toutes les nations; sa gloire est par delà les cieux.

Qui est semblable au Seigneur notre Dieu, dont la demeure est dans les hauteurs ? C'est de là qu'il abaisse ses regards sur les choses les plus humbles dans le ciel et sur la terre.

C'est de là qu'il soulève de terre l'indigent, qu'il élève le pauvre de dessus le fumier, où il languissait ;

Pour le placer avec les princes, avec les princes même de son peuple.

C'est lui qui fait habiter pleine de joie dans sa maison celle qui auparavant fut stérile, et qui maintenant est mère de nombreux enfants.

Ant. Votre vêtement est blanc comme la neige, et votre visage éclatant comme le soleil.

 

Ant. Vous êtes la gloire de Jérusalem, la joie d'Israël,  l'honneur de notre peuple.

 

Le troisième Psaume chante la gloire de Jérusalem, Cité de Dieu ; Marie, demeure du Très-Haut, était figurée par cette cité bénie. C'est en elle, en l'admiration que font naître ses grandeurs, en la confiance qu'inspire que se réunissent les enfants  est la Cité de Dieu.

 

PSAUME CXXI.

 

Je me suis réjoui quand on m'a dit : Nous irons vers Marie, la maison du Seigneur.

Nos pieds se sont fixés dans tes parvis, ô Jérusalem ! notre cœur dans votre amour, ô Marie !

Marie, semblable à Jérusalem, est bâtie comme une Cité : tous ceux qui habitent dans son amour sont unis et liés ensemble.

C'est en elle que se sont donne rendez-vous les tribus du Seigneur, selon l'ordre qu'il en a donné à Israël, pour y louer le Nom du Seigneur.

Là, sont dressés les sièges de la justice, les trônes de la maison de David ; et Marie est la fille des Rois.

Demandez à Dieu par marie la paix pour Jérusalem : que tous les biens soient pour ceux qui t'aiment, ô Eglise !

Voix de Marie : Que la paix règne sur tes remparts, ô nouvelle Sion ! et l'abondance dans tes forteresses.

Moi, fille d'Israël, je prononce sur toi des paroles de paix, à cause de mes frères et de mes amis qui sont au milieu de toi.

Parce que tu es la maison du Seigneur notre Dieu, j'ai appelé sur toi tous les biens.

 

Ant. Vous êtes la gloire de Jérusalem, la joie d'Israël , l'honneur de notre peuple.

Ant  Vous êtes bénie, ô vierge Marie, par le Seigneur Dieu Très-Haut, plus que toutes les femmes de la terre.

 

 

Le Psaume suivant est employé dans l'Office de la Sainte Vierge à cause de l'allusion qu'il fait à une Maison que Dieu même a bâtie, à une Cité dont il se fait le gardien. Marie est cette Maison que Dieu a construite pour lui-même, cette Cité qu'il a protégée contre toute insulte de l'ennemi.

 

PSAUME CXXVI.

 

Si le Seigneur ne bâtit la Maison, en vain travaillent ceux qui la bâtissent.

Si le Seigneur ne garde la Cité, inutilement veilleront ses gardiens.

En vain vous vous lèveriez avant le jour : mais levez-vous après le repos, vous qui mangez le pain de la douleur.

Le Seigneur donnera un sommeil tranquille à ceux qu'il aime : des fils, voilà l'héritage que le Seigneur leur destine; le fruit des entrailles, voilà leur récompense.

Comme des  flèches dans une main puissante, ainsi seront les fils de ceux que l'on opprime.

Heureux l'homme qui en a rempli son désir ! il ne sera pas confondu, quand il parlera à ses ennemis aux portes de la ville.

Ant. Vous êtes bénie, ô Vierge Marie, par le seigneur Dieu Très-Haut, plus que toutes les femmes de la terre.

 

Ant. Attirez-nous, Vierge immaculée; nous courrons sur vos pas, à l'odeur de vos

parfums.

 

C'est encore Marie, Cité mystique de Dieu, que l'Eglise a en vue dans le choix qu'elle a fait aujourd'hui du beau Psaume suivant. Le Seigneur, en ce jour, a fortifié les portes de sa Cité chérie ; l'ennemi n'a pu y pénétrer. Dieu devait ce secours à celle par qui il a envoyé son Verbe  à la terre.

 

PSAUME  CXLVII.

 

Marie, vraie Jérusalem, chantez le Seigneur : Marie, sainte Sion, chantez votre Dieu.

C'est lui qui fortifie contre le péché les serrures de vos portes ; il bénit les fils nés en votre sein.

Il a placé la paix sur vos frontières ; il vous nourrit de la fleur du froment, Jésus, le Pain de vie.

Il envoie par vous son Verbe à la terre ; sa Parole parcourt le monde avec rapidité.

Il donne la neige comme des flocons de laine : il répand les frimas comme la poussière.

Il envoie le cristal de la glace semblable à un pain léger: qui pourra résister devant le froid que son souffle répand ?

Mais bientôt il envoie son Verbe en Marie; et cette glace si dure se fond à sa chaleur : l'Esprit de Dieu souffle, et les eaux reprennent leur cours.

Il a donné son Verbe à Jacob, sa loi. et ses jugements à Israël.

Jusqu'aux jours où nous sommes, il n'avait point traité de la sorte toutes les nations, et ne leur avait pas manifesté ses décrets.

Ant. Attirez-nous, Vierge immaculée ; nous courrons sur vos pas, à l'odeur de vos parfums.

 

Le Capitale est un passage du livre des Proverbes de Salomon, dans lequel on entend la divine Sagesse, le Fils de Dieu, déclarer l'éternité du dessein de l'Incarnation. L'Eglise met aujourd'hui ces mêmes paroles dans la bouche de Marie, parce que cette créature privilégiée a été décrétée comme Mère de l'Homme-Dieu, avant tous les temps.

 

CAPITULE. (Prov. VIII.)

 

L e Seigneur m'a possédée, dès le commencement de ses voies, avant qu'il créât aucune chose au commencement. J'ai été  établi dès  l'éternité, et de toute  antiquité, avant que la terre fût créée. Les abîmes n'étaient pas encore, et  déjà j'étais  conçue.

 

L'Hymne est cet antique chant de la catholicité, qui s'étend à toutes les fêtes de Marie : cantique de confiance et de tendresse et d'une incomparable fraîcheur, que les vierges sacrées aiment à faire retentir sous l'abri mystique du cloître, et le nautonnier chrétien au milieu des mugissements de la tempête.

 

HYMNE.

 

 

 

Ave, maris Stella,

Dei Mater alma,

Atque semper Virgo,

Felix coeli porta.

 

Sumens illud

Ave Gabrielis ore,

Funda nos in pace,

Mutans Eva; nomen.

 

Solve vincla reis,

Profer lumen caecis,

Mala nostra pelle,

Bona cuncta posce.

 

Monstra te esse Matrem,

Sumat per te preces,

Qui pro nobis natus,

Tulit esse tuus.

 

Virgo singularis,

Inter omnes mitis,

Nos culpis solutos

Mites fac et castos.

 

Vitam praesta puram,

Iter para tutum ;

Ut videntes Jesum,

Semper collaetemur.

 

Sit laus Deo Patri,

Summo Christo  decus,

Spiritui Sancto,

Tribus honor unus.

Amen.

 

 

V/. Immaculata Conceptio est hodie sanctae Maria; Virginis,

R/. Quae serpentis caput virgineo pede contrivit.

 

 

Salut, astre des mers,

Mère de Dieu féconde !

Salut, ô toujours Vierge,

Porte heureuse du ciel!

 

Vous qui de Gabriel

Avez reçu l'Ave,

Fondez-nous dans la paix,

Changez le nom d'Eva.

 

Délivrez les captifs.

Eclairez les aveugles,

Chassez loin tous nos maux,

Demandez tous les biens.

 

Montrez en vous la Mère;

Vous-même offrez nos vœux

Au Dieu qui, né pour nous,

Voulut naître de vous.

 

O Vierge incomparable,

Vierge douce entre toutes ;

Affranchis du péché,

Rendez-nous doux et  chastes.

 

Donnez vie innocente,
Et sûr pèlerinage,
Pour qu'un jour soit  Jésus
Notre liesse à tous.

 

Louange à Dieu le Père,
Gloire au Christ souverain;
Louange au Saint-Esprit;
Aux trois un même honneur.

Amen.

 

 

V/. C'est aujourd'hui la Conception immaculée de la sainte Vierge Marie,

R/. Qui, de son pied virginal, a brisé la tête du serpent.

 

 

 

ANTIENNE de Magnificat.

 

Beatam me dicent omnes generationes , quia fecit mihi magna qui potens est.
Alleluia.

Toutes les générations m'appelleront bienheureuse ; car Celui qui est puissant a fait en moi de grandes choses.
Alleluia.

 

 

ORAISON.

 

 

Deus, qui per immaculatam Virginis Conceptionem dignum Filio tuo habitaculum praeparasti : quaesumus, ut qui ex morte ejusdem Filii tui praevisa, eam ab omni labe praeservasti, nos quoque mundos ejus intercessione ad te pervenire concedas. Per eumdem Christum Dominum nostrum. Amen.

O Dieu, qui, par l'Immaculée Conception de la Vierge, avez préparé une digne habitation à votre Fils, nous vous supplions, vous qui, en vue de la mort de ce môme Fils, l'avez préservée de toute tache, de nous faire la grâce d'arriver jusqu'à vous purifiés par son intercession. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur, Amen.

 

On fait ensuite mémoire de l'Avent,  par l'Antienne, le Verset et l'Oraison du temps.

 

433

 

A LA MESSE.

 

L'Introït est un chant d'actions de grâces emprunté à Isaïe et à David. Marie célèbre les dons supérieurs dont Dieu l'a honorée et la victoire qu'il lui a donnée sur l'enfer.

 

INTROÏT.

 

Je me réjouirai dans le Seigneur, et mon âme tressaillera en mon Dieu ; car il m'a revêtue des vêtements du salut, et il m'a entourée d'une parure de sainteté comme une épouse ornée de ses joyaux.

Ps. Je vous célébrerai, Seigneur, parce que vous m'avez protégée et que vous n'avez pas permis à mes ennemis de triompher de moi. Gloire au Père. Je me réjouirai.   

 

La Collecte présente l'application morale du mystère. Marie a été préservée de la tache originelle, parce qu'elle devait être l'habitation du Dieu trois fois Saint. Que cette pensée nous engage à recourir à la bonté divine pour en obtenir la purification de nos âmes.

COLLECTE.

 

O Dieu, qui, par l'Immaculée Conception de la Vierge, avez préparé une digne habitation à votre Fils, nous vous supplions, vous qui, en vue de la mort de ce même Fils, l'avez préservée de toute tache, de nous faire la grâce d'arriver jusqu'à vous purifiés par son intercession. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

On fait ici la mémoire  de l'Avent, par la Collecte du Dimanche précédent.

 

EPITRE.

 

Lecture du livre de la Sagesse. Prov. VIII.

 

Le Seigneur m'a possédée au commencement de ses voies, avant qu'il créât aucune chose au commencement. J'ai été établie dès l'éternité et de toute antiquité, avant que la terre fût créée. Les abîmes n'étaient point encore, et déjà j'étais conçue ; les fontaines n'avaient point encore répandu leurs eaux ; la pesante masse des montagnes n'était pas encore formée : j'étais enfantée avant les collines : il n'avait point encore créé la terre, ni les fleuves, ni les pôles du monde. Lorsqu'il préparait les cieux, j'étais présente ; lorsqu'il environnait les abîmes de cette circonférence qui a de si justes proportions; lorsqu'il affermissait l'air au-dessus de la terre, et qu'il pesait comme dans une balance les eaux des fontaines ; lorsqu'il renfermait la mer dans ses bornes, et qu'il imposait une loi aux eaux, afin qu'elles ne franchissent point leurs limites; lorsqu'il fondait la terre sur son propre poids, j'étais avec lui et je réglais toutes choses. Je prenais plaisir chaque jour,  me jouant sans cesse devant lui, me jouant dans l'univers ; et mes délices sont d'être avec les enfants  des hommes. Maintenant donc, ô mes enfants ! écoutez-moi :  Heureux ceux  qui gardent mes voies ! Ecoutez mes instructions, soyez sages, et ne les rejetez pas.  Heureux celui qui m'écoute, qui veille tous les jours à l'entrée de ma maison, et qui se tient tout prêta ma porte! Celui qui m'aura trouvée trouvera la vie,  et il puisera le salut dans le Seigneur. 

 

L'Apôtre nous  enseigne que Jésus, notre Emmanuel, est le premier-né de toute créature. (Coloss. I, 15). Ce mot profond signifie non seulement qu'il est, en tant  que  Dieu,  éternellement engendré du Père ; mais il exprime encore que le Verbe divin, en tant qu'homme, est antérieur  à tous les êtres créés. Cependant  ce monde était sorti du néant, le genre humain habitait cette terre depuis déjà quatre mille ans, lorsque  le Fils de Dieu s'unit à une  nature créée.  C'est donc dans l'intention éternelle de Dieu, et non dans  l'ordre des temps, qu'il faut chercher cette antériorité de l'Homme-Dieu sur toute créature. Le Tout-Puissant a d'abord résolu de donner à son Fils éternel une nature créée, la nature humaine, et, par suite de cette résolution, de créer pour être le domaine de cet  Homme-Dieu, tous les êtres spirituels et corporels. Voilà pourquoi la divine Sagesse, le

 

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Fils de Dieu, dans le  passage de l'Ecriture  que l'Eglise nous propose aujourd'hui et que  nous venons de lire, insiste sur sa préexistence à toutes les créatures  qui forment  cet  univers. Comme Dieu, il est engendré de toute éternité au sein de son Pète ; comme homme, il était dans la pensée de  Dieu le type  de toutes les créatures, avant qu'elles fussent sorties du néant. Mais le Fils de Dieu, pour être un homme de notre filiation, ainsi que l'exigeait le décret divin, devait naître dans le temps, et naître d'une Mère : cette Mère a donc été présente éternellement  à  la  pensée de Dieu comme le moyen  par lequel le Verbe  prendrait la nature humaine ; le Fils et la Mère sont donc unis dans le même plan de l'Incarnation;  Marie était donc présente comme Jésus dans  le décret divin, avant que la création sortît du néant. Voilà pourquoi, dès les premiers siècles du christianisme, la sainte Eglise a reconnu la voix de la Mère unie à celle du Fils dans ce sublime passage du livre sacré, et a voulu qu'on le lût dans l'assemblée des fidèles, ainsi que les autres passages analogues de l'Ecriture, aux solennités de la Mère de Dieu. Mais si Marie importe à ce degré dans le plan éternel ; si, comme son fils, elle est, en un sens, avant  toute créature, Dieu pouvait-il permettre qu'elle fût sujette à la flétrissure originelle encourue par la race humaine? Sans doute, elle ne naîtrait qu'à son tour, ainsi que son fils, dans le temps marqué ; mais la grâce détournerait le cours du torrent  qui entraîne  tous lès hommes, afin qu'elle  n'en  fût  pas même  touchée, et  qu'elle transmît à son fils qui devait être aussi le Fils de Dieu, l'être humain primitif qui fut créé dans la sainteté et dans la justice.

Le Graduel est formé des éloges que les ancien

 

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de Béthulie adressèrent à Judith, après qu'elle eut frappé l'ennemi de son peuple. Judith est un des types de Marie qui a brisé la tête du serpent.

Le Verset alléluiatique applique à Marie les paroles du divin Cantique où l'Epouse de Dieu est déclarée toute belle et sans tache.

 

GRADUEL.

 

Vous êtes bénie, ô Vierge Marie, par le Seigneur Dieu Très-Haut, plus que toutes les femmes qui sont sur la terre.

V/. Vous êtes la gloire de Jérusalem, la joie d'Israël, l'honneur de notre peuple.

Alleluia, alleluia.

V/. Vous êtes toute belle, ô Marie, et la tache originelle n'est point en vous. Alleluia.

 

EVANGILE.

 

La suite du saint Evangile selon saint LUC. CHAP. I.

 

En ce temps-là, l'Ange Gabriel fut envoyé de Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth , à une Vierge mariée à un homme de la maison de David, nommé Joseph, et le nom de la Vierge était Marie. Et l'Ange étant entré où elle était, lui dit : Salut, ô pleine de grâce ! Le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie entre les femmes.

 

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Telle est la salutation qu'apporte à Marie l'Archange descendu du ciel. Tout y respire l'admiration et le plus humble respect. Le saint Evangile nous dit qu'à ces paroles la Vierge se sentit troublée, et qu'elle se demandait à elle-même ce que pouvait signifier une telle salutation. Les saintes Ecritures en reproduisent plusieurs autres, et, comme le remarquent les Pères, saint Ambroise, saint André de Crète, à la suite d'Origène, il n'en est pas une seule qui contienne de tels éloges. La Vierge prudente dut donc s'étonner d'être le sujet d'un langage si flatteur, et ainsi que le remarquent les auteurs de l'antiquité, elle dut penser au colloque du jardin entre Eve et le serpent. Elle se retrancha donc dans le silence, et attendit, pour répondre, que l'Archange eût parlé une seconde fois.

Néanmoins Gabriel avait parlé non seulement avec toute l'éloquence, mais avec toute la profondeur d'un Esprit céleste initié aux pensées divines ; et, dans son langage surhumain, il annonçait que le moment était venu où Eve se transformait en Marie. Une femme était devant lui, destinée aux plus sublimes grandeurs, une future Mère de Dieu; mais, à cet instant solennel, Marie n'était encore qu'une fille des hommes. Or, dans ce premier état, mesurez la sainteté de Marie telle q ue Gabriel la décrit ; vous comprendrez alors que l'oracle divin du paradis terrestre a déjà reçu en elle son accomplissement.

L'Archange la proclame pleine de grâce. Qu'est-ce à dire ? sinon que la seconde femme possède en elle l'élément dont le péché priva la première. Et remarquez qu'il ne dit pas seulement que la grâce divine agit en elle, mais qu'elle en est remplie. « Chez d'autres réside la grâce, dit notre saint Pierre Chrysologue, mais en Marie habite la plénitude de la grâce. » En elle tout est resplendissant de la pureté divine, et jamais le péché n'a répandu son ombre sur sa beauté. Voulez-vous connaître la portée de l'expression angélique ? Demandez-la à la langue même dont s'est servi le narrateur sacré d'une telle scène. Les grammairiens nous disent que le mot unique qu'il emploie dépasse encore ce que nous exprimons par « pleine de grâce ». Non seulement il rend l'état présent, mais encore le passé, mais une incorporation native de la grâce, mais son attribution pleine et complète, mais sa permanence totale. Il a fallu affaiblir le terme en le traduisant.

Que si nous cherchons un texte analogue dans les Ecritures, afin de pénétrer les termes de la traduction au moyen d'une confrontation, nous pouvons interroger l'Evangéliste saint Jean. Parlant de l'humanité du Verbe incarné, il la caractérise d'un seul mot : il dit qu'elle est « pleine de grâce et de vérité ». Mais cette plénitude serait-elle réelle, si elle eût été précédée d'un moment où le péché tenait la place de la grâce ? Appellera-t-on plein de grâce, celui qui aurait eu besoin d'être purifié ? Sans doute il faut tenir compte respectueusement de la distance qui sépare l'humanité du Verbe incarné de la personne de Marie au sein de laquelle le Fils de Dieu a puisé cette humanité; mais le texte sacré nous oblige à confesser que la plénitude de la grâce a régné proportionnellement dans l'une et dans l'autre.

Gabriel continue d'énumérer les richesses surnaturelles de Marie. « Le Seigneur est avec vous », lui dit-il. Qu'est-ce à dire ? sinon qu'avant même d'avoir conçu le Seigneur dans son chaste sein, Marie le possède déjà dans son âme. Or, ces

 

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paroles pourraient-elles subsister, s'il fallait entendre que cette société avec Dieu n'a pas été perpétuelle, qu'elle ne s'est établie qu'après l'expulsion du péché ? Qui oserait le dire ? Qui oserait le penser, lorsque le langage de l'Archange est d'une si haute gravité ?Qui ne sent ici le contraste entre Eve que le Seigneur n'habite plus, et la seconde femme qui, l'ayant reçu en elle comme Eve, dès le premier moment de son existence, l'a conserve par sa fidélité, étant demeurée telle qu'elle fut des le commencement ?

Pour mieux saisir encore l'intention du discours de Gabriel qui vient déclarer l'accomplissement de l'oracle divin, et signale ici la femme promise pour être l'instrument de la victoire sur Satan, écoutons les dernières paroles de la salutation. « Vous êtes bénie entre les femmes » : qu'est-ce à dire ? sinon que depuis quatre mille ans toute femme ayant été sous la malédiction, condamnée à enfanter dans la douleur, voici maintenant l'unique, celle qui a toujours été dans la bénédiction, qui a été l'ennemie constante du serpent, et qui donnera sans douleur le fruit de ses entrailles.

La Conception immaculée de Marie est donc exprimée dans la salutation que lui adresse Gabriel ; et nous comprenons maintenant le motif qui a porté la sainte Eglise à faire choix de ce passage de l'Evangile, pour le faire lire aujourd'hui dans l'assemblée des fidèles.

Après le chant triomphal du Symbole de la foi. le chœur entonne l'Offertoire ; il est formé des paroles de la Salutation de l'Ange. Disons à Marie avec Gabriel : Vous êtes véritablement pleine de toute grâce.

 

441

 

OFFERTOIRE.

 

Salut, ô Marie, pleine de grâce : le Seigneur est avec vous; vous êtes bénie entre les femmes. Alleluia.

SECRÈTE.

 

Recevez, Seigneur, l'hostie de notre salut que nous vous offrons dans la solennité de la Conception immaculée de la bienheureuse Vierge Marie; et de même que nous confessons qu'elle a été exempte de toute tache par votre grâce prévenante, ainsi daignez, par son intercession, nous délivrer de tous nos péchés commis. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

On fait ici mémoire de l'Avent, par la Secrète du Dimanche précédent.

Dans son enthousiasme, l'Eglise ne se contente pas de la forme ordinaire de l'Action de Grâces ; elle mêle aux accents de sa joie la mémoire glo rieuse de la Mère de Dieu, dont la Conception est le principe de son espérance, et annonce le lever prochain de la Lumière éternelle.

 

PRÉFACE.

 

C’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, de vous rendre grâces en  tout temps et en tous lieux, spécialement de vous louer, de vous bénir, de vous célébrer, en la Conception immaculée de la bienheureuse Marie, toujours vierge. C'est elle qui a conçu votre Fils unique  par  l'opération  du Saint-Esprit, et qui, sans rien perdre de la gloire de sa  virginité ,  a donné  au monde  la Lumière éternelle , Jésus-Christ notre Seigneur : par qui les Anges louent votre  Majesté, les Dominations l'adorent, les Puissances la révèrent en tremblant, les Cieux et les Vertus des cieux, et les heureux Séraphins la célèbrent avec transport. Daignez permettre à nos voix de s'unir à leurs voix, afin que nous puissions  dire dans une humble confession : Saint ! Saint ! Saint !

 

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Pendant la Communion, l'Eglise s'unit à David qui proclame dans un saint enthousiasme les gloires et les grandeurs de la Cité mystique de Dieu.

 

COMMUNION.

 

On a dit de vous des choses glorieuses , ô Marie; car Celui qui est puissant a fait de grandes choses en votre faveur.

 

POSTCOMMUNION.

 

Daignez faire , Seigneur notre Dieu, que les Mystères auxquels nous venons de participer guérissent en nous les blessures de ce péché dont vous avez si efficacement préservé la Conception immaculée de la bienheureuse Marie. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

On fait ici mémoire de l'Avent, par la Postcommunion du Dimanche précédent.

 

AUX SECONDES VÊPRES.

 

Les  Antiennes , les Psaumes , le Capitule , l'Hymne et  le Verset sont les mêmes qu'aux premières Vêpres, pages 424-432.

 

ANTIENNE de Magnificat.

 

Aujourd'hui un rameau est sorti du tronc de Jessé : aujourd'hui Marie a été conçue sans aucune tache : aujourd'hui la tête de l'ancien serpent a été brisée par elle. Alleluia.

 

L'Oraison comme aux premières Vêpres, p. 432.

 

Nous couronnerons cette journée par les poésies liturgiques que le mystère de l'Immaculée Conception de Marie a inspirées. Au premier rang, nous devons placer les belles strophes que Prudence a consacrées, dans son Hymne Ante cibum, à célébrer le triomphe de la femme sur le serpent. Dès le commencement du V° siècle, ce chantre divin glorifiait Marie d'avoir vaincu tous les poisons du dragon infernal, parce qu'à elle était réservé l'honneur de la Maternité divine.

 

HYMNE.

 

Une nouvelle race est au moment de naître; c'est un autre homme venu du ciel, non du limon de la terre comme le premier; c'est un Dieu même revêtu de la nature humaine, mais exempt des imperfections de la chair.

Le Verbe du Père s'est fait chair vivante ; rendue féconde par l'action divine, et non par les lois ordinaires de l'union conjugale, une jeune fille l'a conçu sans souillure, et va l'enfanter.

Une haine antique violente régnait entre le serpent et l'homme ; elle avait pour cause la victoire future de la femme. Aujourd'hui la promesse s'accomplit : sous le pied de la femme, la vipère se sent écrasée.

La Vierge qui a été digne d'enfanter un Dieu triomphe de tous les poisons. Repliant sur lui-même avec rage sa croupe tortueuse, le serpent désarmé revomit son virus impuissant sur le gazon verdâtre comme ses impurs anneaux.

Comment notre ennemi ne tremblerait-il pas, effrayé de la faveur divine envers l'humble troupeau ? Ce loup maintenant parcourt avec tristesse les rangs des brebis rassurées ; oublieux du carnage, il contient désormais sa gueule fameuse par tant de ravages.

Par un changement merveilleux, c'est désormais l'Agneau qui commande aux lions; et la Colombe du ciel, dans son vol vers la terre, met en fuite les aigles cruels, en traversant les nuages et les tempêtes.

 

L'Hymne suivante appartient au VIII° siècle. Elle a pour auteur le célèbre Paul Diacre, d'abord secrétaire de Charlemagne, ensuite moine au Mont-Cassin. Nous y trouvons aussi l'énergique expression de la croyance à la Conception immaculée. Le virus originel, y est-il dit, a infecté la race humaine tout entière ; mais le Créateur a vu que le sein de Marie n'en avait pas été souillé, et il est descendu en elle.

 

HYMNE.

 

Qui jamais possédera un langage assez sublime pour célébrer dignement les grandeurs de la Vierge, par laquelle fut rendue la vie au monde qui languissait dans les liens de l'antique mort ?

Elle est la branche de l'arbre de Jessé, la Vierge qui devait être Mère, le jardin qui recevra le germe céleste, la fontaine sacrée sur laquelle le ciel a mis son sceau, cette femme dont la virginité a produit le bonheur du monde.

Le père des humains tomba dans la mort, pour avoir aspiré les poisons du serpent ennemi ; le virus qui l'atteignit a infecté sa race tout entière, et l'a frappée d'une plaie profonde.

Mais le Créateur, plein de compassion pour son œuvre, et voyant du haut du ciel le sein de la Vierge exempt de cette souillure, veut s'en servir pour donner au monde, languissant sous le poids du péché, les joies du salut.

Gabriel, envoyé des cieux, vient apporter à la chaste Vierge le message éternellement préparé ; le sein de la jeune fille, devenu vaste comme un ciel, contient tout à coup Celui qui remplit le monde.

Elle demeure vierge, elle devient mère ; le Créateur de la terre vient de naître sur la terre ; le pouvoir du redoutable ennemi de l'homme est brisé ; une lumière nouvelle éclaire tout l'univers.

Gloire, honneur, puissance à la royale Trinité, Dieu unique ! qu'elle règne à jamais dans les siècles des siècles ! Amen.

 

La Prose suivante n'est pas un des moindres ornements des Missels dont se servaient nos Eglises, il y a deux siècles, au jour de la Conception de Marie.

 

PROSE.

 

Qu'il soit fêté, ce jour, dans lequel l'Eglise célèbre la Conception de Marie.

 

Une Vierge Mère est engendrée ; elle est conçue, elle est créée, la douce et féconde source de miséricorde.

 

L'antique exil d'Adam et l'opprobre de Joachim ont ici leur terme heureux.

 

Les Prophètes l'ont prévu ; les Patriarches en ont tressailli, inspirés par la grâce.

 

La Branche sur laquelle doit éclore un fruit, l'Etoile qui enfantera le Soleil, est conçue aujourd'hui.

 

Dans la fleur qui doit sortir de  la Branche, dans  le Soleil qui naîtra de l'Etoile, déjà s'entrevoit le Christ.

 

Oh ! qu'elle fut heureuse et triomphale , ravissante pour nous et chère à Dieu même, la Conception immaculée !

 

Notre misère a son terme ; miséricorde nous est faite; au deuil succède la joie.

 

C'est une Mère nouvelle qui enfantera un Fils nouveau; une Etoile nouvelle d'où sortira un nouveau Soleil, par une grâce incomparable.

 

Un enfant donne la vie à l'auteur de ses jours ; de la créature naît le Créateur ; la fille engendre le Père.

 

O étonnante nouveauté ! nouveau privilège ! la conception d'un fils ajoute à la virginité de la mère.

 

Réjouissez-vous, très glorieuse Vierge ! Branche embellie de sa fleur, Mère ennoblie de son Fils, vraiment pleine de joie !

 

Ce qui fut autrefois caché sous l'épais nuage des figures, la Vierge Immaculée, née d'une mère sainte, le manifeste au grand jour; une  rosée divine se répand sur elle ; et dans l'étonnement de la nature, les lois de l'enfantement sont suspendues.

 

Eve, nom lugubre, se terminait en malédiction, vae ! Eva, par un heureux changement, se transforme en cri de salut, Ave! Vous qui avez entendu dans votre demeure cette parole de bonheur et de suavité, Vierge Mère, soyez-nous favorable, et donnez-nous de jouir de votre faveur.

 

Venez tous, ô hommes ! hâtez-vous ; qu'à pleine voix éclatent ses louanges ; rendez-lui honneur et prière tout le jour, à toute heure ; que le cœur soit suppliant, la voix mélodieuse : ainsi faut-il supplier, ainsi faut-il implorer son puissant patronage.

Sûre espérance des malheureux, vraie mère des orphelins , soulagement des opprimés, baume des infirmes ; vous êtes toute à tous.

 

Nous vous prions d'un même vœu, vous, digne de louange singulière, afin qu'après avoir erré sur cette mer, votre bonté nous fixe au port de salut.

Amen.

 

 

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