BARBE

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IV DÉCEMBRE. SAINTE BARBE,  VIERGE ET MARTYRE.

 

L’Eglise Romaine n'a consacré qu'une simple Commémoration à sainte Barbe, dans l'Office de saint Pierre Chrysologue ; mais elle a approuvé un Office entier à l'usage des Eglises qui honorent spécialement la mémoire de cette illustre vierge. La Légende qui suit, quoique fort grave, n'a donc point l'autorité de celles qui sont promulguées pour toute l'Eglise dans le Bréviaire Romain. Nous n'en devons pas moins rendre nos hommages fervents à cette glorieuse Martyre, si célèbre dans tout l'Orient, et dont l'Eglise Romaine a depuis longtemps adopté le culte. Ses actes, pour n'être pas de la première antiquité, n'ont rien que de glorieux à Dieu et d'honorable à la Sainte. Nous avons relevé ci-dessus l'importance liturgique de sainte Barbe au temps de l'Avent. Rendons hommage à la fidélité avec laquelle cette Vierge attendit l'Epoux, qui ne manqua pas à l'heure dite, et qui fut pour elle un Epoux de sang, comme parle l'Ecriture, parce qu'il avait reconnu la force de son amour.

 

Barbe, Vierge de Nicomédie, fille à Dioscore, noble personnage, mais attaché aux superstitions païennes, parvint, à l'aide de la grâce divine, à connaître les choses invisibles par la vue de ce monde visible: c'est pourquoi elle ne voulut plus s'occuper que de Dieu seul et des choses divines. Son père. voulant, à cause du grand éclat de sa beauté, la soustraire aux regards des hommes, l'enferma dans une tour, où la pieuse vierge vivait dans la prière et la méditation, ne pensant qu'à plaire à Dieu seul, qu'elle avait choisi pour époux. Dioscore, à diverses reprises, lui offrit de nobles alliances qu'elle dédaigna généreusement. Pensant alors qu'en se séparant de sa fille, il pourrait plus facilement adoucir ses résistances, il fit construire un bain dans la tour qu'elle habitait, afin qu'elle eût toutes les commodités de la vie ; puis il partit pour une contrée lointaine.

 

Pendant l'absence de son père, Barbe  fit ajouter aux  deux fenêtres  de  sa tour, une  troisième  en l'honneur de la divine Trinité, et tracer l'image de la très sainte Croix sur le bord de la baignoire.  A son retour, Dioscore, ayant vu ces nouveautés et connu  leur motif, s'emporta contre sa fille au point de se jeter sur elle, l'épée nue  à la main; peu s'en fallut même qu'il ne la tuât  dans sa fureur ; mais Dieu vint au secours de la vierge. Dans sa fuite précipitée, un énorme rocher lui ouvrit un passage, par où elle parvint au sommet d'une montagne, et se cacha dans une grotte. Peu après, ce père dénaturé , l’ayant découverte, l'accabla de coups, la foula sous ses pieds, la traîna par les cheveux à travers des sentiers âpres et rocailleux, et la livra lui-même au gouverneur Marcien, pour être châtiée. Celui-ci employa, mais en vain, tous les moyens pour l'ébranler. Il la fit battre nue à coups de nerfs de bœuf, et déchirer ses blessures encore fraîches avec des débris de poterie, enfin jeter dans une prison. Là, le Christ lui apparut, environné d'une grande lumière, et la fortifia merveilleusement pour sa dernière passion. Témoin de ce prodige, une dame, nommée Juliana, se convertit à la foi et partagea la palme de cette vierge.

 

Barbe eut encore les membres déchirés par les ongles de fer, les flancs brûlés avec des torches, la tête battue à coups de maillets ; et, dans ces tourments , elle consolait sa compagne et l'encourageait à combattre, sans faiblir, jusqu'à la fin. Enfin, toutes les deux eurent les mamelles coupées ,  furent  traînées nues à travers les places publiques  et décapitées. Ce fut un père abominable qui eut assez de  barbarie pour trancher de ses mains la tête de sa  fille.  Mais cette affreuse cruauté ne fut pas longtemps impunie : à l'heure même et au  même lieu , la foudre  l'étendit mort. Le  corps  de cette bienheureuse vierge fut transporté d'abord, parles soins de l'Empereur Justin, de Nicomédie à Constantinople ; puis,  plus tard, les Vénitiens l'ayant obtenu des Empereurs Constantin et Basile, l'enlevèrent de Constantinople, et le déposèrent solennellement dans la basilique de Saint-Marc. Enfin, en dernier lieu, sur les instantes prières  de l’Evêque de Torcello et de sa sœur qui  était Abbesse, i n le transféra,  l'an  de notre salut 1009, dans l'église des religieuses de Saint-Jean-l’Evangéliste, au diocèse Torcello, où il fut honorablement enseveli, c’est présentement encore l'objet d'une constante vénération.

 

Tel est le récit de la  vie et du martyre de la courageuse vierge de Nicomédie. On  l'invoque dans l'Eglise contre la  foudre, en mémoire  du châtiment que la  justice divine infligea à son détestable père. Sa qualité de protectrice du peuple chrétien contre le feu du ciel a fait donner son nom aux magasins de poudre  sur  les vaisseaux

 

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et l'a fait assigner pour patronne aux artilleurs, aux mineurs, et généralement aux corporations dans lesquelles on emploie la poudre à canon. On la prie aussi pour être préservé de la mort subite, tant a fait d'impression sur les fidèles la fin terrible de Dioscore !

Nous nous bornerons à extraire des livres liturgiques de nos églises cette gracieuse Antienne composée dans les temps chevaleresques :

 

ANTIENNE.

 

O Miséricorde immense de la divine bonté, qui a glorifié Barbe par la splendeur de la seule véritable lumière, et l'a rendue digne de s’unir à la Divinité, après qu'elle eût méprisé les honneurs de la terre ! Elle a brillé comme un lis entre les épines ; elle a lui comme la lumière dans les ténèbres. Alleluia.

 

L'Eglise grecque est abondante  sur les  louanges de sainte Barbe.  Nous  allons extraire de ses Menées quelques-unes des nombreuses strophes dans lesquelles est célébrée la gloire de la sainte martyre.

 

HYMNE DE L'ÉGLISE GRECQUE.

 

Quand s'apparut a toi la douce mort, ô Barbe, ô martyre vénérable, joyeuse triomphante, tu accomplis ta course ; tu fus immolée par les mains iniques d’un père impie ; c'est pourquoi, réunie aux chœurs des Vierges vraiment prudentes, tu contemples la splendeur de ton Epoux.

 

Votre jeune brebis ô Jésus , s'écrie vers vous à haute voix : C'est vous, ô mon Epoux, que je désire; c'est vous que je cherche en combattant ; je suis immolée et ensevelie en votre Baptême; je souffre pour vous, afin de régner avec vous; je meurs pour vous, afin de ne vivre plus qu'en vous : recevez en parfait sacrifice celle qui vous est offerte en sacrifice d'amour. A sa prière, sauvez nos âmes, miséricordieux Seigneur !

 

Eclose sur un tronc épineux, ô rose sacrée qui embaumes l'Eglise de tes parfums ; toi qu'un généreux combat empourpra de ton sang, nous chantons aujourd'hui dignement ta bienheureuse mémoire, ô Barbe, pleine de gloire !

 

Tu ne fus touchée, ni par l'attrait des délices,ni parla fleur de la beauté, ni parles plaisirs de la jeunesse, ô Barbe glorieuse, fiancée au Christ, vierge parée de toutes les grâces !

Durant ton combat, tous furent saisis de stupeur, en te voyant affronter les coups des bourreaux, les liens, les tortures, la prison, ô Barbe très illustre ! C'est pourquoi, Dieu t'a récompensée de la couronne désirée ; tu as fourni la carrière avec courage, et le Seigneur a cicatrisé tes plaies.

 

Amante fidèle du Christ ton Epoux, tu as avec soin préparé ta lampe, jetant autour de toi l'éclat de tes vertus, ô digne de toutes louanges ! C'est pourquoi tu es entrée avec lui aux noces, recevant de sa main la couronne du combat. Délivre-nous de tous maux, nous qui célébrons, ô Barbe, ta mémoire.

 

Tu fis éclairer le bain par trois ouvertures, pour expliquer mystiquement le Baptême, qui procure aux âmes une éclatante purification, par la vive lumière de la Trinité.

 

Pour la soustraire à la colère d'un père furieux, une montagne ouvre à Barbe ses flancs, comme il arriva autrefois à Thècle l'illustre Protomartyre, par la vertu miraculeuse du Christ.

 

Ton père, ô Barbe, illustre martyre, t'immole avec le glaive, comme un second Abraham; mais c'est au culte du diable qu'il est voué.

 

Le Christ, environné d'une inaccessible lumière, s'apparut à toi, ô Barbe, dans ta prison, pour ranimer ta confiance, cicatriser ta chair sillonnée par les  coups et t'apporter la joie ; et l'amour de ton Epoux te donna des  ailes

 

Quand tu fus livrée pour le Christ à une honteuse nudité, un Ange de lumière te revêtit, ainsi qu'une Epouse, d'une robe éclatante pour couvrir tes blessures; et tu as été parée, ô martyre, du vêtement de gloire en lequel s'opère la transmutation.

 

Votre prophétie, ô Christ, a été manifestement accomplie : car voici le père qui traîne sa fille à la mort ; il se fait lui-même l'artisan d'un tel meurtre ; mais bientôt ce père dénaturé d'une martyre est miraculeusement consumé par le feu du ciel.

 

Entrée dans la carrière des athlètes, tu as résisté à l'injuste volonté de ton père, ô digne de tout honneur ! et, vierge sage, tu es sortie la lampe à la main, pour gagner le palais de ton Seigneur. Martyre généreuse, tu as reçu la grâce de guérir de la peste; délivre-nous, partes prières auprès de Dieu, de toutes douleurs en nos âmes, nous qui chantons des hymnes en ton honneur.

 

Nous venons joindre notre faible voix à celle de tant d'Eglises, ô Vierge fidèle ! et vous offrir à la fois nos louanges et nos prières. Voici que le Seigneur vient, et nous sommes dans la nuit : daignez donner à notre lampe et la lumière qui doit guider nos pas, et l'huile qui entretient la lumière. Vous savez que Celui qui est venu pour vous, et avec qui vous êtes éternellement, s'approche pour nous visiter; obtenez que nul obstacle ne nous empêche d'aller au-devant de lui.

 

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Que notre vol vers lui soit courageux et rapide comme fut le vôtre ; et que, réunis à lui, nous ne nous en séparions plus : car Celui qui vient est véritablement le centre de toute créature. Priez aussi, ô glorieuse Martyre, afin que la foi dans la divine Trinité brille en ce monde d'un éclat toujours croissant. Que Satan, notre ennemi, soit confondu, lorsque toute langue confessera la Triple lumière figurée par les fenêtres de votre tour, et la croix victorieuse qui a sanctifié les eaux. Souvenez-vous, Vierge chérie de l'Epoux, qu'en vos mains pacifiques a été remis le pouvoir, non de lancer la foudre, mais de la retenir et de la détourner. Protégez nos navires contre les feux du ciel et contre ceux de la guerre. Couvrez de votre protection les arsenaux qui renferment la défense de la patrie. Entendez la voix de tous ceux qui vous invoquent, soit qu'elle monte vers vous du sein de la tempête, soit qu'elle parte des entrailles de la terre ; et sauvez-nous tous du terrible châtiment de la mort subite.

 

Considérons les nations répandues sur la surface de la terre, divisées de moeurs, de langage et d'intérêts, mais réunies dans l'attente du libérateur qui doit bientôt paraître. Ni la profonde corruption des peuples, ni tant de siècles écoulés depuis l'âge des traditions, n'ont pu effacer en eux cette espérance. En ce moment même où le monde va tomber en dissolution, un symptôme de vie se révèle ; un cri se fait entendre par toute la terre : le Roi universel est sur le point de paraître; un Empire nouveau, saint et éternel, va réunir à jamais les nations. C'est ainsi, ô Sauveur ! que sur son lit de mort, Jacob l'avait  annoncé,

 

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lorsque, parlant de vous, il avait dit : Il sera l’attente des nations. Les hommes ont bien pu se plonger dans toutes sortes de dégradations : ils n'ont pu faire mentir cet oracle.  Les voilà  forcés  de confesser leur incurable misère, en exprimant  cette attente prophétique d'un sort meilleur. Vend donc, ô Fils de  Dieu !  recueillir cette étincelle d'espérance ; c'est le dernier hommage que l'ancien monde vous offre en périssant. L'attente d'un Libérateur est le lien qui réunit  en un seul tout les deux grandes fractions de la vie de l'humanité, avant et après votre Naissance. Mais, ô Jésus ! si le monde païen, du milieu de ses crimes et de  ses erreurs, a eu encore un soupir vers vous, que ferons-nous, héritiers des promesses, en ces jours où  vous vous apprêtez à venir prendre possession de nos âmes déjà initiées ? Faites que nos cœurs vous aiment déjà, ô Jésus,  quand  vous  viendrez les visiter. Cultivez leur attente, nourrissez leur foi, et venez.

 

RÉPONS DE L'AVENT.

( Ier Dimanche de l'Avent, à Matines.)

 

R/. Nous attendons le Sauveur, notre Seigneur Jésus-Christ : * Qui transformera notre corps vil et abject, en le rendant conforme à son corps glorieux. V/. Vivons dans le siècle présent avec tempérance, justice et piété, dans l'attente du bonheur que nous espérons, et de l'Avènement glorieux du grand Dieu,* Qui transformera notre corps vil et abject, en le rendant conforme à son corps glorieux.

 

 

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