NICOLAS

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VI  DECEMBRE. SAINT NICOLAS, ÉVÊQUE DE MYRE ET CONFESSEUR.

 

Pour faire honneur au Messie Pontife, la souveraine Sagesse a multiplié les Pontifes sur la route qui conduit à lui. Deux Papes, saint Melchiade et saint Damase; deux Docteurs, saint Pierre Chrysologue et saint Ambroise ; deux Evêques, l'amour de leur troupeau, saint Nicolas et saint Eusèbe : tels sont les glorieux Pontifes qui ont reçu la charge de préparer, par leurs suffrages, la voie du peuple fidèle vers Celui qui est le souverain Prêtre selon l'ordre de Melchisédech. Nous développerons successivement leurs titres à faire partie de cette noble cour. Aujourd'hui, l'Eglise célèbre avec joie la mémoire de l'insigne thaumaturge Nicolas, aussi fameux dans l'Orient que le grand saint Martin l'est dans l'Occident, et honoré depuis près de mille ans par l'Eglise latine. Rendons hommage au souverain pouvoir que Dieu lui avait donné sur la nature ; mais félicitons-le sur. tout d'avoir été du nombre des trois cent dix-huit Evoques qui proclamèrent, à Nicée, le Verbe consubstantiel au Père. Il ne fut point scandalisé des abaissements du Fils de Dieu ; ni la bassesse de la chair que le souverain Seigneur de toutes choses revêtit au sein de la Vierge, ni l'humilité de la crèche,  ne l'empêchèrent de proclamer Fils

 

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de Dieu, égal à Dieu, le fils de Marie ; c'est pourquoi il a été élevé en gloire et a reçu la charge d'obtenir, chaque année, pour le peuple chrétien, la grâce d'aller au-devant du Verbe de vie, avec une foi simple et un ardent amour. Ecoutons maintenant l'éloge que l'Eglise Romaine lui a consacré.

 

 

Nicolas naquit à Patare, ville de Lycie, d'une famille illustre. Sa naissance fut accordée aux prières de ses parents. L'éminente sainteté qu'il fit éclater dans son âge mûr apparut dès son berceau. Encore enfant, on le vit, les mercredis et vendredis, ne prendre le lait de sa nourrice qu'une seule fois, et sur le soir, bien qu'il le fit fréquemment les autres jours : il conserva toute sa vie cette pratique de jeûne. Privé de ses parents dans son adolescence, il distribua tous ses biens aux indigents. On cite entre autres ce bel exemple de générosité chrétienne : un homme pauvre, ne trouvant point à marier trois filles nubiles qu'il avait, pensait aies abandonner à la prostitution. Nicolas l'ayant appris, jeta, la nuit, par la fenêtre, dans cette maison autant d'argent qu'il en fallait pour la dot d'une de ces jeunes filles ; ce qu'il fit une seconde et une troisième fois, en sorte que toutes trois trouvèrent d'honorables partis.

 

Cependant, le saint s'était donné à Dieu tout entier; il partit pour la Palestine, afin de visiter les saints lieux. Dans ce pèlerinage qu'il fit par mer, il prédit aux matelots, par un ciel serein et une mer très calme, une horrible tempête ; elle s'éleva soudain, et tout l'équipage fut en grand danger; mais à la prière de Nicolas, la mer se calma miraculeusement. Il revint de là dans sa patrie, donnant à tous des exemples de singulière sainteté. Par un avertissement de Dieu, il vint à Myre, métropole de la Lycie, qui venait de perdre son évêque, et au temps même où les évêques de la province étaient rassemblés pour élire un successeur. Pendant qu'ils délibéraient, ils eurent une révélation de choisir celui qui, le lendemain, entrerait le premier dans l'église, et aurait nom Nicolas. Fidèles à cet avertissement, celui qu'ils trouvèrent à la porte de l'église fut Nicolas lui-même, lequel fut, au grand applaudissement de tous , créé évêque de Myre. Durant son épiscopat, on vit briller en lui sans relâche la chasteté qu'il garda toute sa vie, la gravité, l'assiduité à la prière et aux veilles, l'abstinence, la libéralité, l'hospitalité, la mansuétude dans les exhortations, la sévérité dans les réprimandes.

 

Il prodigua toujours ses aumônes, ses conseils et ses services à la veuve et à l'orphelin. Son zèle à soulager les opprimés alla jusqu'à ce point, que trois  Tribuns, condamnés sur une calomnie par l'Empereur Constantin, s'étant recommandés à  ses prières , malgré la grande distance des lieux et sur la réputation de ses miracles, il apparut de son vivant à ce prince avec un air menaçant, et les délivra. Comme  il prêchait à Myre la vérité de la foi chrétienne, contrairement à l'édit de Dioclétien et de Maximien, il fut arrêté par les satellites des Empereurs. Entraîné au loin et jeté en prison, il y resta jusqu'à l'avènement de Constantin à l'empire. Délivré de captivité par ses ordres, il revint à Myre, assista au Concile de  Nicée,  et y condamna l'hérésie Arienne avec les trois cent dix-huit Pères. De  retour dans son évêché,  il  fut  bientôt  surpris par la mort : et levant les yeux  au  ciel,  il vit les Anges qui lui venaient au-devant. Il récita alors le Psaume qui commence par les mots : En vous, Seigneur, j'ai espéré, jusqu'à ces paroles : En vos mains je remets mon âme ; après quoi il s'envola vers la patrie. Son corps qui a été transporté à Bari, dans  la  Pouille, est l'objet d'un grand concours et d'une grande vénération.

 

Presque tous les Bréviaires de l'Eglise Latine, jusqu'au XVII° siècle, sont très abondants sur les vertus et les œuvres merveilleuses de saint Nicolas, et contiennent le bel Office du saint Evêque tel qu'il fut composé vers le XVII° siècle. Nous avons parlé ailleurs de cet Office sous le rapport musical ; ici, nous nous bornerons à dire qu'il est tout entier puisé dans les Actes de saint Nicolas, et plus explicite sur certains faits que la Légende du Bréviaire romain. Les pièces qui vont suivre insistent sur un fait dont cette Légende ne dit rien : nous voulons parler de l'huile miraculeuse qui, depuis près de huit siècles, découle sans cesse du tombeau du saint Evêque, et au moyen de laquelle Dieu a souvent opéré des prodiges. Le Répons et l'Antienne que nous donnons tout d'abord, célèbrent le miracle de cette huile; et ces deux pièces étaient autrefois si populaires, qu'au XIII° siècle on en emprunta la mélodie, pour l'appliquer au Répons Unus panis et à l'Antienne O quam suavis est, dans l'Office du Saint-Sacrement.

 

RÉPONS.

 

R/. De son tombeau de marbre, découle une huile sacrée qui guérit les aveugles dont les yeux en sont oints, * Rend l'ouïe aux sourds,et remet en santé tous ceux qui sont débiles. V/. Les peuples courent en foule, empressés de voir les merveilles qui se font par l'entremise de Nicolas. * Cette huile rend l'ouïe aux sourds, et remet en santé tous ceux qui sont  débiles.

 

ANTIENNE.

 

O bonté du Christ, digne d'être relevée par toutes sortes de louanges ! C'est elle qui manifeste au loin les mérites de Nicolas son serviteur ; car de la tombe de ce Saint découle une huile, et elle guérit tous ceux qui sont dans la langueur.

 

Nous donnons ensuite les deux Hymnes qui se trouvent dans tous les Bréviaires Romains-Français.

 

Ière HYMNE.

 

Chante, ô ma langue, les louanges du pontife Nicolas : afin que le suprême Adonaï, Roi et Père de tous les êtres, nous fasse aborder par l'entremise de son divin Fils au port du salut.

 

A l'âge où Nicolas pendait encore aux mamelles de sa mère, jamais on ne le vit plus d'une fois le jour s'y désaltérer, à la quatrième et sixième férié de la semaine : il craignait, le pieux enfant, de rompre son jeûne par une goutte de lait.

 

Elevé à l'honneur de Prélat, Nicolas fit pleuvoir si abondamment la rosée de la piété sur tous les peuples, qu'à peine a-t-il son pareil dans toute la série des siècles.

 

Par l'usage qu'il fait de son or, il sauve trois vierges de la prostitution; dans la famine il multiplie le blé et le distribue au peuple ; il retire un vase tombé dans la mer, et porte secours aux nautonniers qui craignaient le naufrage.

 

Du milieu des morts est par lui ressuscité un homme qui avait commis un vol : par lui un Juif est baptisé et recouvre le bien qu'on lui avait dérobé ; l'un est rendu à la vie, l'autre s'élance dans la voie de la foi.

 

Des Pontifes l'ornement, l'honneur et la gloire, Nicolas, que la grâce dont vous êtes enrichi vienne en aide au peuple et au clergé; qu'elle assiste nos âmes, nos mains et nos lèvres, et nous fasse rendre à Dieu nos vœux.

 

Louange à la souveraine Trinité : à elle puissance et victoire ; qu'elle daigne nous accorder d'entrer après la vie, chargés de palmes , dans la patrie des cieux, en part des joies éternelles de  Nicolas. Amen.

 

II° HYMNE.

 

Que le clergé,  déployant la voix et les chants de l'allégresse, exalte et préconise Nicolas, du clergé le père et le patron ! Que le cœur prompt et docile se dilate au son de la voix.

 

Que tous, Grecs, Latins, langues , tribus, nations ; étendue des terres, profondeurs des mers ; sexes, conditions , hôtes , citoyens , étrangers ; tous chantent avec un pareil enthousiasme.

 

Il n'a cessé, ne cesse, ne cessera de nous combler tous de ses bienfaits, cet immortel Prélat, dont le nom ne s'échappera jamais de notre mémoire. Par lui, tout homme qui sema dans la tristesse fleurira comme le lis.

 

Ce héros magnanime, revêtu de la chair, méprisa les œuvres de la chair, ne faisant, ne disant rien que de salutaire ; délivré des liens du corps, il vole enfin au séjour éthéré.

 

Quelle fut sa vertu de charité, l'huile qui coule de son tombeau le déclare assez hautement jusqu'en ce siècle même ; elle donne au peuple qui implore son assistance le bienfait de la santé.

 

Louange à la souveraine Trinité: à elle puissance et victoire; qu'elle daigne nous accorder d'entrer, après la vie, chargés de palmes, dans la patrie des cieux, en part des joies éternelles de Nicolas. Amen.

 

Adam de Saint-Victor ne pouvait faire défaut à saint Nicolas : les Eglises du moyen âge lui durent la belle Séquence qui suit :

 

SÉQUENCE.

 

Réjouissons-nous et tressaillons, unis de bouche et de cœur, à cette solennelle fête du bienheureux Nicolas.

Encore enfant au berceau, il observe les jeûnes ;

Encore enfant à la mamelle, déjà il mérite les joies suprêmes.

Adolescent, il embrasse l'étude des lettres,

Sans pécher, sans connaître la licence de son âge.

Bienheureux Confesseur, une voix venue du ciel l'appelle aux dignités.

Promu par elle, il monte au faîte le plus élevé de la Prélature.

Il avait dans le cœur une tendre miséricorde, et il prodiguait ses bienfaits aux opprimés.

Par ses trésors, des vierges sont sauvées de l'opprobre ; et la pauvreté de leur père est soulagée.

Des matelots en mer luttaient contre la furie des flots, sur une nef à demi brisée.

Déjà désespérant de la vie, en ce danger si pressant, ils crient et disent tous d'une voix :

« O bienheureux Nicolas ! ramenez-nous à un port de mer; sauvez-nous de ce péril de mort.

« Ramenez-nous à un port de mer, vous dont la compassion généreuse est tant de fois venue en aide. »

Pendant qu'ils criaient, et non sans fruit, voici quelqu'un qui leur dit : « J'arrive à votre secours. »

Soudain souffle un vent favorable, et la tempête est apaisée, et les mers sont en repos.

De sa tombe découle une huile abondante,

Qui guérit tous les malades par l'intercession du Saint.

Nous que voici en ce monde, naufragés déjà plus d'une fois dans l'abîme du vice,

Glorieux Nicolas, menez-nous au port du salut où sont paix et gloire.

Obtenez-nous du Seigneur,  par vos secourables prières, l’onction qui sanctifie ;

Cette onction qui a guéri les blessures d'innombrables iniquités dans Marie la pécheresse.

Qu'à jamais soient dans la joie ceux qui célèbrent cette fête ;

Et qu'après cette course de la vie, le Christ les couronne.

Amen.

 

La plus populaire de toutes les Séquences de saint Nicolas est néanmoins celle qui suit. On la trouve dans un grand nombre de Processionnaux jusqu'au XVII° siècle, et elle a servi de type à quantité d'autres qui, bien que consacrées à la louange de divers Patrons, gardent non seulement la mesure et la mélodie de la Séquence de saint Nicolas, mais retiennent encore, par un tour de force ingénieux, le fond même des expressions.

 

SÉQUENCE.

 

Les malades sont rendus à la santé par l'huile miraculeuse.

Au milieu du naufrage, Nicolas est d'un puissant secours.

Il ressuscite du tombeau un mort étendu sur le chemin.

Un juif aperçoit de l'or, et demande le Baptême.

Nicolas retire de l'eau le vase et l'enfant qu'il rend à son père !

Oh ! qu'il parut bien le Saint de Dieu , quand  il multiplia la  farine dans la disette !

Qu'ainsi les louanges de Nicolas soient chantées en cette assemblée ;    

Car quiconque le prie de cœur, met le vice en fuite, et s'en retourne guéri.

Ainsi soit-il.

 

Mais aucune Eglise n'a marqué autant d'enthousiasme pour saint Nicolas, que l'Eglise grecque dans ses Menées. On voit que l'illustre Thaumaturge était une des plus fermes espérances de l'Empire Byzantin; et cette confiance en saint Nicolas, Constantinople l'a transmise à la Russie qui la garde encore aujourd'hui. Nous allons, selon notre usage, extraire quelques strophes de la masse de ces chants sacrés que Sainte-Sophie répétait autrefois en langue grecque, et que les coupoles dorées des Sobors de Moscou entendent retentir encore chaque année dans l'idiome Slavon.

 

HYMNE DE SAINT NICOLAS.

(Tirée des Menées des Grecs.)

 

Tu as vraiment habité à Myre, exhalant un parfum précieux; parfumé toi-même d'un baume spirituel, ô bienheureux Nicolas, grand Hiérarque du Christ ; et tu parfumes la face de ceux qui, avec foi et amour, honorent ton illustre mémoire, les délivrant de toutes nécessités et tribulations,  ô Père saint, par tes prières auprès  du Seigneur.

Ton nom propre est véritablement : Victoire du peuple, bienheureux Nicolas , souverain prêtre du Christ ; car , invoqué en tous lieux, tu préviens aussitôt ceux qui avec amour requièrent ta protection ; apparaissant nuit et jour à ceux qui t'invoquent avec foi, tu les délivres des nécessités et des tentations.

Tu apparus à l'Empereur Constantin et à Ablavius, et leur inspiras une terrible frayeur par ces mots, afin de les engager à la clémence : « Les innocents que vous retenez dans les fers ne méritent point un injuste supplice ; et si tu v méprises mes paroles, ô Prince ! j'en porterai contre toi ma plainte au Seigneur. »

Ton œil intrépide a pu fixer les sublimes hauteurs de la Gnose, et tu as sondé le profond abîme de la Sagesse, toi qui as enrichi le monde de tes enseignements, ô Père saint ! prie pour nous le Christ, ô grand Pontife Nicolas !

Le Christ t'a fait voir à ton troupeau, comme la règle de la foi et l'image de la douceur, ô grand Hiérarque Nicolas ! car tu répands à Myre un précieux parfum, tout y resplendit de la gloire de tes œuvres, ô protecteur des veuves et des orphelins ! prie sans cesse le Seigneur de sauver nos âmes.

Réjouis-toi, ô très sainte âme, demeure très pure de la Trinité, colonne de l'Eglise, soutien des fidèles, appui de ceux qui sont fatigués, astre rayonnant qui, par l'éclat de tes agréables prières, dissipes en tous lieux les ténèbres des tentations ; saint Pontife Nicolas, port tranquille où trouve un abri quiconque dans la fureur de la tempête réclame ton secours, prie le Christ qu'il daigne accorder à nos âmes une grande miséricorde.

Réjouis-toi, homme rempli d'un divin zèle, qui, par un terrible avertissement et par l'éclat de ta voix menaçante dans un songe, as délivré ceux que le glaive allait immoler. Fontaine abondante, tu répands dans Myre la richesse de tes parfums ; tu verses dans les âmes une douce rosée, tu écartes les ordures des passions mauvaises, tu coupes avec le glaive l'ivraie de l'erreur ; prends le van de ton zèle, dissipe les futiles enseignements d'Arius, et prie le Christ d'accorder à nos âmes une grande miséricorde.

Roi très haut de tous les rois, vous dont la puissance est infinie, à la prière c notre saint Pasteur, rendez paisible, ô Verbe, non en conjurons, la vie de tous les Chrétiens. Donnez contre les barbares à notre pieux Empereur la force et la victoire ; afin que tous, et toujours, nous chantions votre puissance, et l'exaltions dans les siècles des siècles.

 

Saint Pontife Nicolas, que votre gloire est grande dans l'Eglise de Dieu ! Vous avez confessé Jésus-Christ devant les Proconsuls, et endure la persécution pour son Nom ; vous avez ensuite été témoin des merveilles du Seigneur, quand il rendit la paix à son Eglise ; et peu après, votre bouche s'ouvrait dans l'Assemblée des trois cent dix-huit Pères, pour confesser, avec une autorité irréfragable, la divinité du Sauveur Jésus-Christ, pour lequel tant de millions de Martyrs avaient répandu leur sang. Recevez les félicitations du peuple chrétien qui, par toute la terre, tressaille de joie à votre doux souvenir ; et soyez-nous propice, en ces jours où nous attendons la venue de Celui que vous avez proclamé Consubstantiel au Père. Daignez aider notre foi et seconder notre amour. Vous le voyez maintenant face à face, ce Verbe par qui toutes choses ont été faites et réparées; demandez-lui qu'il daigne se laisser approcher par notre indignité. Soyez notre médiateur entre lui et nous. Vous l'avez fait connaître à notre intelligence, comme le Dieu souverain et éternel; révélez-le à notre cœur, comme le suprême bienfaiteur des fils d'Adam. C'est en lui, ô Pontife charitable, que vous aviez puisé cette compassion tendre pour toutes les misères, qui fait que tous vos miracles sont autant de bienfaits : continuez, du haut du ciel, de secourir le peuple chrétien.

Ranimez et augmentez la foi des nations dans le Sauveur que Dieu leur a envoyé. Que, par l'effet de vos prières, le Verbe divin cesse d'être méconnu et oublié dans ce monde qu'il a racheté de son sang. Demandez, pour les Pasteurs de l'Eglise, l'esprit de charité qui brilla si excellemment en vous, cet esprit qui les rend imitateurs de Jésus-Christ, et leur gagne le cœur du troupeau.

Souvenez-vous aussi, saint Pontife, de cette Eglise d'Orient qui vous garde encore une si vive tendresse. Votre pouvoir sur la terre s'étendait jusqu'à ressusciter les morts ; priez, afin que la véritable vie, celle qui est dans la Foi et l'Unité, revienne animer cet immense cadavre. Par vos instances auprès de Dieu, obtenez que le Sacrifice Je l'Agneau que nous attendons soit de nouveau et bientôt célébré sous les Dômes de Sainte-Sophie. Restituez à l'unité les Sanctuaires de Kiow et de Moscou, et après avoir soumis à la Croix l'orgueil du Croissant, abaissez devant les Clefs de saint Pierre la majesté des Tzars, afin qu'il n'y ait plus ni Scythe, ni Barbare, mais un seul pasteur.

Considérons encore l'état du monde dans les jours qui précèdent l'arrivée du Messie. Tout atteste que les prophéties qui l'annonçaient ont reçu leur accomplissement. Non seulement le sceptre a été ôté de Juda, mais les Semaines de Daniel tirent à leur fin. Les autres prédictions de l'Ecriture, sur l'avenir du monde, se sont successivement vérifiées. Tour à tour sont tombés les Empires des Assyriens, des Mèdes, des Perses et des Grecs; celui des Romains est parvenu à l'apogée de sa force : il est temps qu'il cède la place à l'Empire éternel du Messie. Cette progression a été prédite, et maintenant l'heure sonne où le dernier coup va être frappé. Le Seigneur aussi a dit, par un de ses Prophètes : « Encore un peu de temps, et je remuerai le ciel et la terre, et j'ébranlerai toutes les nations ; puis viendra le Désiré de  tous les peuples » (Aggée, II, 7). Ainsi donc, ô Verbe éternel, descendez. Tout est consommé. Les misères du monde sont parvenues à leur comble ; les crimes de l'humanité sont montés jusqu'au ciel ; le genre humain a été remué jusque dans ses fondements ; haletant, il n'a plus de ressource qu'en vous, qu'il appelle sans vous connaître. Venez donc: toutes les prédictions qui devaient retracer aux hommes les caractères du Rédempteur, sont émises et promulguées. Il n'y a plus de prophète dans Israël ; les oracles de la Gentilité se taisent. Venez accomplir toutes choses : car la plénitude des temps est arrivée.

 

PRIÈRE POUR LE TEMPS DE  L’AVENT.

(Bréviaire  Mozarabe, Ier Dimanche de l'Avent, Capitule.)

 

Ne dédaignez pas nos prières, Seigneur ! regardez et exaucez dans votre clémence. La voix de notre ennemi nous jette dans le trouble; consolez-nous par l'Avènement sacré de votre Fils unique ; que la foi nous donne des ailes, et semblables à la colombe, nous nous élèverons en haut. Seigneur, éloignez-nous d'un siècle pervers, et gardez-nous des filets de l'ennemi ; par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

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