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LETTRE
LETTRE CIRCULAIRE
CONDAMNATION DE MOLINOS.
DÉCRET DE L'INQUISITION DE ROME CONTRE MOLINOS,
PROPOSITIONS.
BULLE D'INNOCENT XI CONTRE MICHEL DE MOLINOS.
PROPOSITIONS
DÉCRET DE L'INQUISITION DE ROME,
AUTRE DÉCRET DE LA MÊME INQUISITION,
AUTRE DÉCRET DE LA MÊME INQUISITION,
AUTRE DÉCRET DE LA MÊME INQUISITION,
AUTRE DÉCRET DE LA MÊME INQUISITION,
De M. le cardinal Caraccioli, à Sa Sainteté, écrite de Naples, le 30 janvier
1682, traduite de l'italien.
Très-saint père,
Si j'ai quelque sujet de me
consoler et de rendre grâces à Dieu, en apprenant que beaucoup d'âmes confiées à
mes soins s'appliquent au saint exercice de l'oraison mentale, source de toute
bénédiction céleste ; je ne dois pas moins m'affliger d'en voir quelques autres
s'égarer inconsidérément dans des voies dangereuses. Depuis quelques temps,
très-saint Père, il s'est introduit à Naples et, comme je l'apprends, en
d'autres parties de ce royaume, un usage fréquent de l'oraison passive, que
quelques-uns appellent de pure foi ou de quiétude. Ils affectent de prendre le
nom de quiétistes, ne faisant ni méditation ni prières vocales; mais dans
l'exercice actuel de l'oraison se tenant dans un grand repos et dans un grand
silence, comme s'ils étaient ou muets ou morts, ils prétendent faire l'oraison
purement passive. En effet ils s'efforcent d'éloigner de leur esprit, et même de
leurs yeux, tout sujet de méditation, se présentant eux-mêmes, comme ils disent,
à la lumière et au souffle de Dieu qu'ils attendent du ciel, sans observer
aucune règle ni méthode, et sans se préparer ni par aucune lecture ni par la
considération d'aucun point, quoique les maîtres de la vie spirituelle aient
coutume de les proposer surtout aux commençants, afin que par la réflexion sur
leurs propres défauts, sur leurs passions et sur leurs imperfections, ils
parviennent à s'en corriger : mais ceux-ci prétendent s'élever d'eux-mêmes au
plus sublime degré de l'oraison et de la contemplation, qui vient néanmoins de
la pure bonté de Dieu, qui le donne à qui il lui plait et quand il lui plait.
Aussi se trompent-ils visiblement, s'imaginant que, sans avoir passé par les
exercices de la vie purgative, ils peuvent par leurs propres forces s'ouvrir
d'abord le chemin
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de la contemplation : sans penser que les anciens et les
modernes traitant cette matière, enseignent unanimement que l'oraison passive ou
de quiétude ne peut être pratiquée que par des personnes arrivées à la parfaite
mortification de leurs passions, et déjà fort avancées dans l'oraison. C'est
cette méthode irrégulière de faire oraison, par laquelle le démon est enfin
parvenu présentement à se transformer en ange de lumière, dont je vais faire le
récit à Votre Sainteté, non sans une très-grande horreur.
Il y en a parmi eux qui
rejettent entièrement la prière vocale : et il est arrivé que certains, exercés
de longtemps dans l'oraison de pure foi et de quiétude sous la conduite de ces
nouveaux directeurs, étant depuis tombés en d'autres mains, n'ont pu se résoudre
à dire le saint Rosaire, ni même à faire le signe de la croix, disant qu'ils ne
peuvent ni ne veulent le faire, ni réciter aucune prière vocale, parce qu'ils
sont morts en la présence de Dieu, et que ces choses extérieures ne leur servent
de rien. Une femme élevée dans cette pratique ne cesse de dire : Je ne suis
rien, Dieu est tout; et je suis dans l'abandon où vous me voyez, parce qu'il
plait ainsi à Dieu : elle ne veut plus se confesser; mais elle voudrait toujours
communier : elle n'obéit à personne, et ne fait aucune prière vocale. D'autres
encore, dans cette oraison de quiétude, quand il se présente à leur imagination
des images même saintes, et de Notre-Seigneur Jésus-Christ, s'efforcent de les
chasser en secouant la tète, parce, disent-ils, qu'elles les éloignent de Dieu.
C'est pourquoi ils font encore cette action ridicule et scandaleuse, même en
communiant publiquement, parce qu'alors ils s'imaginent devoir laisser
Jésus-Christ, pour penser uniquement à Dieu. Leur aveuglement est si grand, que
l'un d'eux s'avisa un jour de renverser un crucifix de haut en bas, parce,
dit-il, qu'il l'empêchait de s'unir à Dieu, et lui faisait perdre sa présence.
Ils sont dans cette erreur, de croire que toutes les pensées qui leur viennent
dans le silence et dans le repos de l'oraison, sont autant de lumières et
d'inspirations de Dieu; et qu'étant la lumière de Dieu, elles ne sont sujettes à
aucune loi. De là vient qu'ils se croient permis sans distinction tout ce qui
leur passe alors dans l'esprit.
Ces désordres me pressent, moi
qui suis, quoiqu'indigne, comme le vigneron appliqué à la culture de cette
vigne, d'en rendre un compte exact avec tout le respect que je dois à Votre
Sainteté, comme au grand Père de famille, afin que connaissant par sa sagesse la
racine envenimée qui produit de tels germes, il emploie toute la force de son
bras apostolique pour les couper, et pour en arracher jusqu'à la racine,
d’autant plus que sur cette matière il se répand des opinions qui méritent
d'être condamnées. Depuis que je suis ici on m'a présenté un manuscrit qui
traite de l'oraison de quiétude, pour en obtenir la
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permission de l'imprimer. Il s'y est trouvé tant de
propositions dignes de censure, que j'ai refusé cette permission, et que j'ai
retenu le livre. Je prévois que les plumes se préparent de tous côtés à écrire
des choses dangereuses. Je supplie Votre Sainteté de me donner les lumières et
les moyens qu'elle jugera à propos, afin que de ma part je puisse aller
au-devant des plus grands scandales qu'il y a à craindre en cette ville el dans
ce diocèse. Je ne puis m'empêcher de donner encore avis à Votre Sainteté de
l'usage de la communion journalière, introduit ici parmi les laïques même
mariés, qui, sans faire paraître aucun avancement dans la vie spirituelle, comme
ils le devraient néanmoins en s'approchant si souvent de la sainte table,
non-seulement ne donnent aucune édification, mais au contraire beaucoup de
scandale. Aussi Votre Sainteté ne peut-elle ignorer ce qu'elle a ordonné dans
son décret général, recommandant particulièrement aux confesseurs, au jugement
desquels doit être réglée la communion journalière des laïques , qu'en la
permettant ils se souvinssent surtout de faire voir la grande préparation et la
grande pureté que l’âme doit apporter au saint banquet. Et néanmoins
l'expérience ne fait voir que trop que sans avoir aucun égard aux pieux
avertissements de Votre Sainteté, la plupart des laïques fréquentent tous les
jours la sainte communion, dont je me sens obligé défaire ma plainte à Votre
Sainteté comme d'un abus manifeste, auquel je la supplie de me prescrire un
remède convenable avec ses ordres particuliers que je suivrai, comme la guide
qui me doit conduire en toute sûreté dans le gouvernement des âmes. Au reste je
baise très-humblement les pieds de Votre Sainteté.
Signé,
le cardinal Caraccioli.
De M. le cardinal Cibo,
écrite de Rome le 15 février 1087, à tous les Potentats, Evêques et Supérieurs
de la chrétienté, par l'ordre de la Congrégation du saint Office : traduite de
l'italien.
Illustrissime et révérendissime
Seigneur et Confrère. La sacrée Congrégation ayant été informée qu'en divers
lieux d'Italie on voit s'élever insensiblement, et que même il y en a déjà
d'établies, des écoles ou compagnies, des confréries ou assemblées, et encore
sous d'autres noms, dans des églises, dans des oratoires et dans des maisons
particulières, sous prétexte de conférences spirituelles, les unes de femmes
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seulement, d'autres d'hommes, ou mêlées des deux sexes;
dans lesquelles certains directeurs, sans aucune expérience des voies de Dieu
fréquentées parles Saints, et peut-être même malicieux, feignant de conduire les
âmes à l'oraison, qu'ils nomment de quiétude ou de pure foi et intérieure, et
encore sous d'autres noms : quoiqu'ils semblent d'abord parleurs principes mal
entendus et très-mauvais dans la pratique, ne proposer autre chose que la
perfection la plus haute en toute manière; néanmoins ils insinuent peu à peu
dans les esprits simples des erreurs très-grièves et très-pernicieuses, qui
enfin aboutissent à des hérésies manifestes et à des abominations honteuses,
avec la perte irréparable des âmes qui se mettent sous leur conduite par le seul
désir de servir Dieu, comme on ne sait que trop qu'il est arrivé en quelques
endroits. Les cardinaux inquisiteurs généraux mes confrères, ont jugé qu'il
était à propos avant toute chose de vous charger par cette lettre circulaire,
adressée à tous les évêques d'Italie, de faire une recherche exacte de toutes
les nouvelles associations semblables à celles-ci, et différentes de celles qui
se sont établies ci-devant, et ont été de tout temps fréquentées par les
catholiques ; afin que, s'il s'en trouve de cette sorte, vous ayez à les rompre
incessamment, et qu'à l'avenir vous ne permettiez l'établissement d'aucune ;
recommandant particulièrement aux directeurs des consciences démarcher le grand
chemin de la perfection chrétienne sans aucune singularité; et ayant surtout un
très-grand soin qu'aucune personne suspecte de ces nouveautés ne s'ingère dans
la direction des religieuses, ni de vive voix ni par écrit, de peur que cette
peste venant à gagner dans les monastères, ne porte la corruption parmi les
Epouses du Seigneur. En remettant le tout à votre prudence, nous ne prétendons
point par cette ordonnance provisionnelle, nous ôter la faculté de poursuivre
par les voies de la justice, ceux que l'on découvrira coupables de ces erreurs
insupportables. Cependant on ne cesse de travailler ici à éclaircir cette
matière, afin qu'en son temps on soit en état de faire connaître aux chrétiens
les erreurs qu'ils auront à éviter. Je vous souhaite toute sorte de prospérité.
A Rome, ce 15 février 1687. Votre confrère très-affectionné,
Signé,
le cardinal Cibo.
Erreurs
principales de la nouvelle contemplation ou oraison de quiétude aussi traduites
de l'italien.
1- La contemplation, ou
l'oraison de quiétude, consiste à se mettre en la présence de Dieu par un acte
de foi obscure, pure et amoureuse ; et ensuite sans passer plus avant, et sans
écouter ni raisonnement, ni image, ni pensées aucunes, à demeurer ainsi oisif:
parce qu'il est
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contre la révérence qu'on doit a Dieu de réitérer le
premier acte : lequel aussi est d'un si grand mérite et valeur, qu'il contient
en soi à la fois, et même avec encore un plus grand avantage les actes de toutes
les vertus, et dure tout le temps de la vie, pourvu qu'il ne soit point rétracté
par un acte contraire, d'où vient qu'il n'est pas nécessaire de le réitérer.
2. Sans la contemplation aidée
de la méditation on ne peut faire un pas à la perfection.
3. La science et la doctrine
même théologique et sacrée est un obstacle et un éloignement à la contemplation,
de laquelle les hommes doctes ne sont point capables déjuger, mais seulement les
contemplatifs eux-mêmes.
4. La contemplation parfaite ne
peut regarder que la Divinité : et les mystères de l'incarnation, de la vie et
de la passion de notre Sauveur ne sont point des sujets propres à la
contemplation, puisqu'au contraire ils l'empêchent : c'est pourquoi les
contemplatifs doivent s'en éloigner beaucoup et ne les considérer qu'en fuyant.
5. Les mortifications
corporelles et la vie pénitente ne conviennent pas aux contemplatifs : la
conversion doit plutôt commencer par la vie contemplative que par la vie
purgative et par la pénitence : les contemplatifs doivent encore fuir, rejeter
et même mépriser les effets de la dévotion sensible, la tendresse de coeur, les
larmes et les consolations du Saint-Esprit, comme des obstacles de la
contemplation.
6. La contemplation parfaite et
véritable doit s'arrêter à la pure essence de Dieu, dépouillée des Personnes et
des attributs : et l'acte de foi envers Dieu ainsi conçu est plus parfait et
plus méritoire que celui qui le regarde avec les personnes et les attributs,
étant de la manière que Jésus-Christ l'a enseigné lui-même ; joint que ce second
acte est un obstacle à la véritable et parfaite contemplation de Dieu.
7. Dans la contemplation déjà
acquise l’âme s'unit à Dieu immédiatement : c'est pourquoi toute idée ou image
et espèce y est tout à fait inutile.
8. Tous les contemplatifs dans
la contemplation actuelle souffrent des peines et des tourments si griefs,
qu'ils égalent et même surpassent ceux des martyrs.
9. Dans le sacrifice de la messe
et aux fêtes des Saints, il vaut mieux s'appliquer a l'acte de pure foi et de
contemplation, qu'au mystère même du sacrifice, ou aux actions et circonstances
de la vie des Saints.
10. La lecture des livres
spirituels, la prédication , la prière vocale, l'invocation des Saints et autres
choses semblables, sont un obstacle à la contemplation et à l'oraison
d'affections, à laquelle on ne doit apporter aucune préparation.
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11. Le sacrement de pénitence
avant la sainte communion n'est pas nécessaire aux âmes intérieures et
contemplatives, mais seulement à celles qui sont dans la vie active et qui
s'exercent encore a la méditation.
12. La méditation ne regarde
point Dieu avec la lumière de la foi, mais avec la lumière naturelle, quoiqu'en
esprit et en vérité; aussi n'est-elle d'aucun mérite auprès de Dieu.
13. Les images, non-seulement
intérieures et spirituelles, mais même les corporelles exposées a la vénération
des fidèles, comme sont celles de Jésus-Christ et de ses Saints, font un grand
tort aux contemplatifs ; c'est pourquoi il faut les éviter, et même les ôter
tout a fait, de peur qu'elles n'empêchent la contemplation.
14. Celui qui s'est une fois
appliqué à la contemplation ne doit plus retourner à la méditation, parce que ce
serait aller de mieux en pis.
15. Si dans le temps de la
contemplation il survient des pensées terrestres et animales, il ne faut prendre
aucun soin de les chasser, ni recourir à aucune bonne pensée, mais au contraire
prendre plaisir à ce tourment.
16. Toute action ou affection
intérieure, bien que produite avec réflexion en vue de la foi pure, ne peut être
agréable à Dieu, parce qu'elle nait de l'amour-propre, toutes les fois qu'elle
n'est pas inspirée par le Saint-Esprit avant toute application et toute
diligence de notre part : c'est pourquoi dans la contemplation ou dans l'oraison
d'affections, il faut demeurer oisif en attendant le souffle miraculeux du
Saint-Esprit.
17. Toute personne étant
actuellement en contemplation ou dans l'oraison de quiétude, soit religieux ou
fils de famille, ou autrement dans la sujétion, ne doit point en ce temps-là
obéir à la règle, ni accomplir les ordres des supérieurs, afin de ne pas
interrompre la contemplation.
18. Les contemplatifs doivent
être tellement dépouillés de l'affection de toutes choses, qu'ils rejettent loin
d'eux et méprisent même les dons et les faveurs de Dieu, et perdent jusqu'à
l'amour des vertus : enfin pour se dépouiller plus parfaitement de tout, ils
doivent faire ce qui répugne même à la modestie et à l'honnêteté, pourvu que ce
ne soit pas chose expressément contre les préceptes du Décalogue.
19. Les contemplatifs sont
quelquefois sujets à des transports qui leur ôtent tout usage du libre arbitre,
tellement qu'encore qu'ils tombent extérieurement dans des péchés très-griefs,
néanmoins intérieurement ils n'en sont aucunement coupables : aussi ne se
doivent-ils pas confesser de ce qu'ils ont fait, comme on le prouve par
l'exemple de Job, qui en disant non-seulement des injures au prochain, mais
encore des blasphèmes et des impiétés contre Dieu, ne pêchait en aucune manière,
parce qu'il faisait tout cela par la violence du démon : or ni la théologie
scholastique ni la morale ne sont d'aucun usage pour juger
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de ces sortes d'états violents, mais il y faut apporter un
esprit surnaturel qui se trouve en très-peu de personnes, dans lesquelles on ne
doit point juger de l'intérieur par l'extérieur, mais de l'extérieur par
l’intérieur.
Malgré les soins et les
précautions qu'on vient de voir, la nouvelle contemplation s'est enseignée par
toute l'Italie. Michel de Molinos, prêtre du diocèse de Sarragosse en Arragon,
ayant été déféré à l'Inquisition de Rome, où il demeurait depuis plusieurs
années, comme l'un des principaux fauteurs de cette hérésie, fut mis dans les
prisons du saint Office le 18 juillet 1685. Son procès y a été instruit avec
beaucoup de maturité : et enfin après être demeuré d'accord des principaux chefs
d'accusation portés contre lui; après avoir reconnu et détesté ses erreurs, et
demandé pardon de ses excès, en considération de sa repentance on l'a seulement
condamné a. la prison perpétuelle et à des pénitences particulières par sentence
des cardinaux inquisiteurs généraux députés à cet effet, au mois d'août de
l'année 1687. Pour rendre plus authentique la condamnation de tant d'erreurs,
dans le même temps le pape Innocent XI a fait suivre cette sentence d'un décret
de l'Inquisition et d'une bulle, dont voici la teneur.
Traduit du
latin.
Du jeudi ving-huit
août 1687.
Dans la Congrégation générale de
la sainte Inquisition romaine et universelle, tenue dans le palais apostolique
du Mont-Quirinal, en présence de notre très-saint Père par la Providence divine
le pape Innocent XI, et des éminentissimes et révérendissimes cardinaux de la
sainte Eglise romaine, inquisiteurs généraux dans la république chrétienne
contre la contagion de l'hérésie, spécialement députés par le Saint-Siège
apostolique.
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Pour arrêter le cours d'une
hérésie très-dangereuse, qui s'est répandue en plusieurs parties du monde au
grand scandale des âmes, il faut que la vigueur apostolique s'anime, afin que
par l'autorité et la sagesse de la sollicitude pastorale l'audace des hérétiques
soit abattue dès les premiers efforts de l'erreur, et que le flambeau de la
vérité catholique, qui brille dans la sainte Eglise, la fasse voir de toutes
parts pure de l'horreur des fausses doctrines. Etant donc notoire qu'un enfant
de perdition, nommé Michel de Molinos, a enseigné de vive voix et par des écrits
répandus de tous côtés, des maximes impies qu'il a même mises en pratique, par
lesquelles, sous prétexte d'une oraison de quiétude contraire à la doctrine et à
la pratique des saints Pères depuis la naissance de l'Eglise, il a précipité les
fidèles, de la vraie religion et de la pureté de la piété chrétienne, dans des
erreurs très-grandes et dans des infamies honteuses : notre très-saint Père le
Pape Innocent XI, qui a tant à cœur que les âmes confiées à ses soins puissent
heureusement arriver au port du salut, en bannissant toute erreur et toute
opinion mauvaise, dans une affaire si importante, après avoir ouï plusieurs fois
en sa présence les éminentissimes et révérendissimes cardinaux inquisiteurs
généraux dans toute la république chrétienne, et plusieurs docteurs en
théologie, ayant aussi pris leurs suffrages de vive voix et par écrit et les
ayant mûrement examinés, l'assistance du Saint-Esprit implorée, il a ordonné
qu'il procéderait comme s'ensuit A la condamnation des propositions ici
rapportées, dont Michel de Molinos est auteur, qu'il a reconnues être les
siennes, qu'il a été convaincu et qu'il a confessé respectivement avoir dictées,
écrites, communiquées et crues.
1. Il faut s'anéantir soi-même,
et le reste, avec les propositions suivantes , jusqu'au nombre de 68, dans la
Bulle d'Innocent XI, pag. 685, où l'on renvoie le lecteur.
Lesquelles propositions il
condamne, note et efface comme hérétiques, suspectes, erronées, scandaleuses,
blasphématoires, offensives des pieuses oreilles, téméraires, énervant et
renversant la discipline chrétienne, et séditieuses respectivement, et tout ce
qui a été dit, écrit ou imprimé sur ce sujet; défend à tous et à un chacun
dorénavant, en quelque manière que ce soit, d'en parler, écrire, disputer, de
les croire, retenir, enseigner, ou de les mettre en pratique, et toutes autres
choses semblables: quiconque fera autrement, il le prive actuellement et pour
toujours de toute dignité, degré, honneur, bénéfice et office, et le déclare
inhabile à en posséder aucun ; il le frappe aussi de l'anathème,
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dont aucune personne inférieure au souverain Pontife ne
pourra l'absoudre sinon à l'heure de la mort.
En outre Sa Sainteté défend et
condamne tous les livres et toutes les œuvres, en quelque lieu et en quelque
langue qu'ils soient imprimés, aussi tous les manuscrits du même Michel de
Molinos; fait défense qu'aucun de quelque qualité et condition qu'il soit,
dût-il être nommé à cause de sa dignité, ose les imprimer ou faire imprimer sous
quelque prétexte que ce soit, en quelque langue que ce puisse être, dans les
mêmes paroles ou semblables ou équivalentes, sans nom, ou sous un nom feint et
emprunté; ni les lire ou garder imprimés ou manuscrits; ordonne de les mettre et
délivrer entre les mains des Ordinaires des lieux ou des Inquisiteurs sous les
peines portées ci-dessus, pour être à l'instant brûlés à leur diligence.
Lieu, + du sceau Signé, alexandre Speronus, notaire
de la sainte inquisition romaine et universelle.
Le 3 septembre 1687, le
Décret ci-dessus a été publié et affiché aux portes de l'église de Saint-Pierre
et du palais du saint Office; à la tête du champ de Flore, et autres lieux
accoutumés de la ville, par moi François Perino, courrier de notre saint Père et
de la sainte Inquisition.
Imprimé à Rome et à Florence, avec permission des
supérieurs.
683
Seule la
traduction française est reproduite
Innocent, Evêque, serviteur des
serviteurs de Dieu : à la mémoire perpétuelle de la chose. Le céleste pasteur
Noire-Seigneur Jésus-Christ voulant par sa miséricorde ineffable tirer le monde
des ténèbres et des erreurs où il était enseveli au un lieu de la gentilité, et
de la puissance du démon, sous laquelle il gémissait depuis la chute de notre
premier père, s'est abaissé jusqu'à prendre notre chair en témoignage de sa
charité envers nous, et s'est offert à Dieu une hostie vivante pour nos péchés,
ayant attaché à la croix la cédule de notre rédemption. Aussitôt prêt à
retourner au ciel, laissant sur la terre l'Eglise catholique son Epouse, comme
celle sainte cité la nouvelle Jérusalem, descendant du ciel, n'ayant ni tache ni
ride, étant une et sainte, entourée des armes
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de sa toute-puissance contre les portes de l'enfer, il l'a
donnée à gouverner au prince des apôtres et à ses successeurs, afin qu'ils
gardassent saine et entière la doctrine qu'ils avaient apprise de la bouche de
leur Maître, et que les ouailles rachetées au prix de son sang ne retombassent
point dans leurs anciennes erreurs par l'appât des opinions dépravées, comme
nous apprenons dans les saintes Ecritures qu'il a recommandé principalement à
saint Pierre. Car à quel autre d'entre les apôtres a-t-il dit : «Pais mes
brebis;» et encore : «J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne manque point; et
lorsque tu seras converti, fortifie tes frères? » Aussi nous, qui sommes assis
dans la chaire de saint Pierre et revêtu de sa puissance, non par nos mérites,
mais par le conseil impénétrable du Dieu tout-puissant, avons-nous toujours eu
cette sollicitude dans l'esprit, que le peuple chrétien gardât la foi prêchée
par Jésus-Christ et par ses apôtres, qui nous est venue par une tradition
constante et non interrompue, et doit durer jusqu'à la fin du monde selon sa
promesse.
Comme donc il a été rapporté à
notre apostolat que le nommé Michel de Molinos a enseigné de vive voix et par
écrit des maximes impies qu'il a même mises en pratique, par lesquelles, sous
prétexte d'une oraison de quiétude contraire à la doctrine et à la pratique des
saints Pères depuis la naissance de l'Eglise, il a précipité les fidèles de la
vraie religion et de la pureté de la piété chrétienne dans des erreurs
très-grandes et dans des infamies honteuses. Nous, qui avons tant à cœur que les
âmes confiées à nos soins puissent heureusement arriver au port du salut,
bannissant toute erreur et toute opinion mauvaise, avons ordonné, sur des
indices très-certains que le susdit Michel de
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Molinos fût mis en prison. Ensuite après avoir ouï en notre
présence et dans la présence de nos vénérables frères les cardinaux de la sainte
Eglise romaine, inquisiteurs généraux dans toute la république chrétienne
députés spécialement par autorité apostolique, plusieurs docteurs en théologie,
ayant aussi pris leurs suffrages de vive voix et par écrit et les ayant mûrement
examinés, l'assistance du Saint-Esprit implorée, Nous avons ordonné de l'avis
commun de nos susdits frères, que nous procéderions, comme s'ensuit, à la
condamnation des propositions ici rapportées, dont Michel de Molinos est auteur,
qu'il a reconnues être les siennes, qu'il a été convaincu et qu'il a confessé
respectivement avoir dictées, écrites, communiquées et crues, ainsi qu'il est
porté plus au long dans son procès et dans le décret qui a été fait par notre
ordre, le 28 août de la présente année 1687.
1. Il faut que l'homme
anéantisse ses puissances : c'est la voie intérieure.
2. Vouloir faire une action,
c'est offenser Dieu, qui veut être seul agent; c'est pourquoi il faut
s'abandonner totalement à lui, et demeurer ensuite comme un corps sans âme.
3. Le vœu de faire quelque bonne
œuvre, est un empêchement à la perfection.
4. L'activité naturelle est
ennemie de la grâce ; c'est un obstacle aux opérations de Dieu et à la vraie
perfection, parce que Dieu veut agir en nous sans nous.
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5. L’âme s'anéantit par
l'inaction ; retourne à son principe et à son origine, qui est l'essence divine,
dans laquelle elle demeure transformée et déifiée : alors aussi Dieu demeure en
lui-même, puisque ce n'est plus deux choses unies, mais une seule chose : et
c'est ainsi que Dieu vit et règne en nous, et que l’âme s'anéantit même dans sa
puissance d'agir.
6. La voie intérieure est celle
où l'on ne connaît ni lumière, ni amour, ni résignation : il ne faut pas même
connaître Dieu; et c'est ainsi que l'on s'avance à la perfection.
7. L’âme ne doit penser ni à la
récompense, ni à la punition, ni au paradis, ni à l'enfer, ni à la mort, ni à
l'éternité.
8. Elle ne doit point désirer de
savoir si elle marche dans la volonté de Dieu, ni si elle y est assez résignée
ou non; et il n'est pas besoin qu'elle veuille connaître son état ni son propre
néant, mais elle doit demeurer comme un corps sans vie.
9. L’âme ne se doit souvenir,
ni d'elle-même, ni de Dieu, ni d'aucune chose : car dans la vie intérieure toute
réflexion est nuisible, même celle qu'on fait sur ses propres actions humaines
et sur ses propres défauts.
10. Si par ses propres défauts
elle scandalise les autres, il n'est pas encore nécessaire qu'elle fasse aucune
réflexion, pourvu qu'elle ne soit point dans la volonté actuelle de les
scandaliser : et c'est une grande grâce de Dieu, de ne pouvoir plus réfléchir
sur ses propres manquements.
11. Dans le doute si l'on est
dans la bonne ou dans la mauvaise voie, il ne faut pas réfléchir.
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12. Celui qui a donné son libre
arbitre à Dieu, ne doit plus être en souci d'aucune chose, ni de l'enfer, ni du
paradis : il ne doit avoir aucun désir de sa propre perfection, ni des vertus,
ni de sa sanctification, ni de son salut, dont il doit perdre l'espérance.
13. Après avoir remis à Dieu
notre libre arbitre, il lui faut aussi abandonner toute pensée et tout soin de
tout ce qui nous regarde, même le soin de faire en nous sans nous sa divine
volonté.
14. Il ne convient point ù,
celui qui s'est résigné à la volonté de Dieu de lui faire aucune demande, parce
que la demande est une imperfection, étant un acte de propre volonté et de
propre choix; c'est vouloir que la volonté divine soit conforme à la nôtre :
aussi cette parole de l'Evangile : « Demandez, et vous recevrez, » n'a-t-elle
pas été dite par Jésus-Christ pour les âmes intérieures qui n'ont point de
volonté, puisqu'enfin ces âmes parviennent au point de ne pouvoir faire aucune
demande! à Dieu.
15. De même que l’âme ne doit
faire à. Dieu aucune demande, elle ne doit aussi lui rendre grâces d'aucune
chose, l'un et l'autre étant un acte de propre volonté.
16. Il n'est pas à propos de
chercher des indulgences pour diminuer les peines dues à nos péchés, parce qu'il
vaut mieux satisfaire à la justice de Dieu que d'avoir recours à sa miséricorde
; l'un venant de l'amour pur de Dieu, et l'autre de l'amour intéressé de
nous-mêmes : aussi est-ce chose qui n'est point agréable à Dieu, ni d'aucun
mérite devant lui, puisque c'est vouloir fuir la croix.
17. Le libre arbitre étant remis
a Dieu avec le soin et la connaissance
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de notre âme, il ne faut plus avoir aucune peine des
tentations, ni se soucier d'y faire aucune résistance, si ce n'est négative sans
aucune autre implication : que si la nature s'émeut, laissez-la s'émouvoir, ce
n'est que la nature.
18. Celui qui dans l'oraison se
sert d'images, de figures, d'idées, ou de ses propres conceptions, n'adore point
Dieu en esprit et en vérité.
19. Celui qui aime Dieu à la
manière que la raison prouve qu'il le faut aimer et que l'entendement le
conçoit, n'aime point le vrai Dieu.
20. C'est une ignorance de dire
que dans l'oraison il faut s'aider de raisonnements et de pensées, lorsque Dieu
ne parlé point à l’âme : Dieu ne parle jamais; sa parole est son action : et il
agit dans l’âme toutes les fois qu'elle n'y met point d'obstacle par ses pensées
ou par ses opérations.
21. Il faut dans l'oraison
demeurer dans la foi obscure et universelle, en quiétude et dans l'oubli de
toute pensée particulière, même de la distinction des attributs de Dieu et de la
Trinité : il faut demeurer ainsi en la présence de Dieu pour l'adorer, l'aimer
et le servir, mais sans produire aucun acte, parce que Dieu n'y prend pas
plaisir.
22. Cette connaissance par la
foi n'est pas un acte produit par la créature, mais c'est une connaissance
donnée de Dieu à la créature, que la créature ne connaît point être en elle, et
qu'ensuite elle ne connaît point y avoir été : j'en dis autant de l'amour.
23. Les mystiques, avec saint
Bernard dans l'Echelle des solitaires, distinguent quatre degrés, la lecture, la
méditation, l'oraison et la contrée,
689
contemplation infuse. Celui qui s'arrête toujours au
premier échelon, ne peut monter au second : celui qui demeure continuellement au
second, ne peut arriver au troisième, qui est notre contemplation acquise, dans
laquelle il faut persister pendant toute la vie, si Dieu n'attire l’âme, sans
toutefois qu'elle le désire, à la contemplation infuse : laquelle venant à
cesser, l’âme doit descendre au troisième degré, et s'y fixer tellement qu'elle
ne retourne plus ni au second ni au premier.
24. Quelques pensées qu'il
vienne dans l'oraison, même impures ou contre Dieu et contre les Saints, la foi
et les sacrements, pourvu qu'on ne s'y entretienne pas volontairement, mais
qu'on les souffre seulement avec indifférence et résignation, elles n'empêchent
point l'oraison de foi, au contraire elles la perfectionnent davantage, parce
qu'alors l’âme demeure plus résignée à la volonté divine.
25. Quoiqu'on soit accablé de
sommeil et tout à fait endormi, on ne cesse pas d'être dans l'oraison et dans la
contemplation actuelle, parce que l'oraison et la résignation, la résignation et
l'oraison ne sont qu'une même chose, et que l'oraison dure tout autant que la
résignation.
26. La distinction des trois
voies, purgative, illuminative et unitive, est la chose la plus absurde qui ait
été dite dans la mystique : car il n'y a qu'une seule voie, qui est la voie
intérieure.
27. Celui qui désire et s'arrête
à la dévotion sensible, ne désire ni ne cherche Dieu, mais soi-même : et celui
qui marche dans la voie intérieure, fait mal de la désirer, et de s'y exciter
tant dans les lieux saints qu'aux fêtes solennelles.
691
28. Le dégoût de biens
spirituels est un bien, parce qu'il puritie l'amour-propre.
29. Quand une âme intérieure a
du dégoût des entretiens de Dieu ou de la vertu, et quand elle est froide et
sans ferveur, c'est un bon signe.
30. Toute sensibilité dans la
vie spirituelle est une abomination, saleté et ordure.
31. Aucun contemplatif ne
pratique de vraies vertus intérieures, parce qu'elles ne se doivent pas
connaître par les sens : il faut donc bannir les vertus.
32. Avant ou après la communion,
il ne faut aux âmes intérieures d'autre préparation ni action de grâces que de
demeurer dans la résignation passive et ordinaire, parce qu'elle supplée d'une
manière plus parfaite à tous les actes de vertus qui se font ou qui se peuvent
faire dans la voie commune : que si à l'occasion de la communion il s'élève dans
l’âme des sentiments d'humiliation, de demande ou d'action de grâces, il les
faut réprimer toutes les fois qu'on verra qu'ils ne viennent point d'une
inspiration particulière de Dieu : autrement ce sont des émotions de la nature
qui n'est pas encore morte.
33. L’âme qui marche dans cette
voie intérieure, fait mal d'exciter en elle par quelque effort, aux fêtes
solennelles, des sentiments de dévotion : parce que tous les jours de l’âme
intérieure sont égaux et tous lui sont jours de fêtes : j'en dis autant des
lieux sacrés, car tous les lieux lui sont aussi égaux.
34. Il n'appartient pas aux âmes
intérieures de faire à Dieu des actions
691
de grâces en paroles et de la langue : parce qu'elles
doivent demeurer en silence, sans opposer aucun obstacle à l'opération de Dieu
en elles : aussi éprouvent-elles, a. mesure qu'elles sont plus résignées à Dieu,
qu'elles peuvent moins réciter l'Oraison Dominicale ou Notre Père.
35. Il ne convient point aux
âmes intérieures de faire des actions de vertus par leur propre choix et leurs
propres forces, autrement elles ne seraient point mortes : ni de faire des actes
d'amour envers la sainte Vierge, les Saints et l'humanité de Jésus-Christ, parce
qu'étant des objets sensibles, l'amour en est de même nature.
36. Aucune créature, ni la
bienheureuse Vierge, ni les Saints ne doivent avoir place dans notre cœur, parce
que Dieu veut seul le remplir et le posséder.
37. Dans des tentations même
d'emportement, l’âme ne doit point faire des actes explicites des vertus
contraires, mais demeurer dans l'amour et dans la résignation qu'on a dit.
38. La croix volontaire des
mortifications est un poids insupportable et sans fruit ; c'est pourquoi il faut
s'en décharger.
39. Les plus saintes actions et
les pénitences que les saints ont faites, ne sont point suffisantes pour effacer
de l’âme la moindre attache.
40. La sainte Vierge n'a jamais
fait aucune action extérieure, et néanmoins elle a été la plus sainte de tous
les Saints : on peut donc parvenir à la sainteté sans action extérieure.
41. Dieu permet et veut pour
nous humilier, et pour nous conduire à la parfaite transformation, que le démon
fasse violence dans le corps
692
à certaines âmes parfaites, qui ne sont point possédées,
jusqu'à leur faire commettre des actions animales, même dans la veille et sans
aucun trouble de l'esprit, en leur remuant réellement les mains et d'autres
parties du corps contre leur volonté : ce qu'il faut entendre d'autres actions
mauvaises par elles-mêmes, qui ne sont point péché en cette rencontre, parce
qu'il n'y a point de consentement.
42. Ces violences à des actions
terrestres peuvent arriver en même temps entre deux personnes de différent sexe,
et les pousser jusqu'à l'accomplissement d'une action mauvaise.
43. Aux siècles passés Dieu
faisait les Saints par le ministère des tyrans, maintenant il les fait par le
ministère des démons, en excitant en eux ces violences, afin qu'ils se méprisent
et s'anéantissent d'autant plus, et s'abandonnent totalement à Dieu.
44. Job a blasphémé, et
cependant il n'a point péché par ses lèvres, parce que c'était une violence du
démon.
45. Saint Paul a ressenti dans
son corps ces violences du démon; d'où vient qu'il a écrit : « Je ne fais point
le bien que je veux, mais je fais le mal que je hais. »
46. Ces violences sont plus
propres à anéantir l’âme, et à la conduire à la parfaite union et transformation
: il n'y a pas même d'autre voie pour y parvenir, et celle-ci est la plus courte
et la plus sûre.
47. Quand ces violences
arrivent, il faut laisser agir Satan, sans y opposer ni effort ni adresse, mais
demeurer dans son néant : et quoiqu'il s'en ensuive l'illusion des sens, ou
d'autres actions brutales, et
693
encore pis, il ne faut pas s'inquiéter, mais rejeter loin
les scrupules, les doutes et les craintes, parce que l’âme en est plus éclairée,
plus fortifiée et plus pure, et acquiert la sainte liberté ; surtout il faut
bien se garder de s'en confesser, c'est très-bien fait de ne s'en point accuser,
parce que c'est le moyen de vaincre le démon et de s'amasser un trésor de paix.
48. Satan, auteur de ces
violences, tâche ensuite de persuader à l’âme que ce sont de grands péchés, afin
qu'elle s'en inquiète, et qu'elle n'avance pas davantage dans la voie intérieure
: c'est pourquoi pour rendre ses efforts inutiles, il vaut bien mieux ne s'en
point accuser, puisqu'aussi bien ce ne sont point des péchés, pas même véniels.
49. Par la violence du démon Job
était emporté à des excès étranges, en même temps qu'il levait ses mains pures
au ciel dans la prière : ainsi que s'explique ce qu'il dit au chapitre XVI de
son livre.
50. David, Jérémie et plusieurs
saints prophètes souffraient ces sortes de violences au dehors dans de
semblables actions honteuses.
51. Il y a dans la sainte
Ecriture plusieurs exemples de ces violences à des actions extérieures,
mauvaises d'elles-mêmes : comme quand Samson se tua avec les Philistins, quand
il épousa une étrangère et qu'il pécha avec Dalila; choses d'ailleurs défendues
et certainement péchés : quand Judith mentit à Holoferne : quand Elisée maudit
les enfants : quand Elie fit brûler les chefs du roi Achab avec leurs troupes :
on laisse seulement à douter si cette violence venait immédiatement de Dieu, ou
du ministère des démons, comme il arrive aux autres âmes.
694
52. Quand ces sortes de
violences, même honteuses, arrivent sans trouble de l'esprit, alors l’âme peut
s'unir à Dieu, comme en effet elle s'y unit toujours.
53. Pour connaître dans la
pratique si quelque action dans les autres personnes vient de cette violence, la
règle que j'en ai n'est pas seulement tirée des protestations que ces âmes font
de n'avoir pas consenti à ces violences, ou de ce qu'il est impossible qu'elles
jurent faussement de n'y avoir pas consenti, ou de ce que ce sont des âmes
avancées dans la voie intérieure ; mais je la prends bien plutôt d'une certaine
lumière actuelle, supérieure a toute connaissance humaine et théologique, qui me
fait connaître certainement avec une conviction intérieure que telle action
vient de la violence : or je suis certain que cette lumière vient de Dieu, parce
qu'elle me vient jointe à la conviction que j'ai qu'elle est de Dieu; de sorte
qu'elle ne me laisse point l'ombre du moindre doute au contraire : de même qu'il
arrive quelquefois que Dieu révélant quelque chose à une âme, il la convainc en
même temps que la révélation vient de lui, de sorte qu'elle n'en peut avoir
aucun doute.
54. Les spirituels, qui marchent
dans la voie commune, seront bien trompés et bien confus à la mort, avec toutes
les passions qu'ils auront à purifier en l'autre monde.
55. Par cette voie intérieure on
parvient, quoiqu'avec beaucoup de peine, à purifier et à éteindre toutes les
passions ; de sorte qu'on ne sent plus rien, quoi que ce soit, pas le moindre
aiguillon : on ne sent pas plus de révolte que si le corps était mort, et l’âme
n'est plus sujette à aucune émotion.
56. Les deux lois et les deux
convoitises, l'une de l’âme et l'autre de
695
l’amour-propre, subsistent autant que règne l'amour-propre
: c'est pourquoi quand une fois il est épuré et mort, comme il arrive dans la
voie intérieure, alors aussi meurent les deux lois et les deux convoitises; on
ne fait plus aucune chute, on ne sent aucune révolte, et il n'y a plus même de
péché véniel.
57. Par la contemplation acquise
on parvient à l'état de ne plus faire aucun péché, ni mortel ni véniel.
58. On acquiert cet état en ne
faisant plus aucune réflexion sur ses actions, parce que les défauts viennent de
la réflexion.
59. La voie intérieure n'a aucun
rapporta la confession, aux confesseurs, aux cas de conscience, à la théologie,
ni à la philosophie.
60. Dieu rend la confession
impossible aux âmes avancées, quand une fois elles commencent a mourir aux
réflexions, ou qu'elles y sont tout à fait mortes : aussi y supplée-t-il par une
grâce qui les préserve autant que celle qu'elles recevraient dans le sacrement :
c'est pourquoi en cet état il n'est pas bon que ces âmes fréquentent la
confession, parce qu'elle leur est impossible.
61. Une âme arrivée à la mort
mystique ne peut plus vouloir autre chose que ce que Dieu veut, parce qu'elle
n'a plus de volonté et que Dieu la lui a ôtée.
62. La voie intérieure conduit
aussi à la mort des sens : bien plus, une marque qu'on est dans l'anéantissement
qui est la mort mystique, c'est que les sens extérieurs ne nous représentent pas
plus les choses sensibles que si elles n'étaient point du tout, parce qu'alors
elles ne peuvent plus faire que l'entendement s'y applique.
696
63. Par la voie intérieure, on
parvient à un état toujours fixe d'une paix imperturbable.
64. Un théologien a moins de
disposition qu'un idiot a la contemplation : 1° parce qu'il n'a pas une foi si
pure; 2° qu'il n'est pas si humble ; 3° qu'il n'a pas tant de soin de son salut
; 4° parce qu'il a la tète pleine de rêveries, d'espèces, d'opinions et de
spéculations; de sorte que la vraie lumière n'y trouve point d'entrée.
65. Il faut obéir aux supérieurs
dans les choses extérieures; le vœu d'obéissance des religieux ne s'étend qu'aux
choses de cotte nature : mais pour l'intérieur, il en est tout autrement; il n'y
a que Dieu seul et le directeur qui en connaissent.
66. C'est une doctrine nouvelle
dans l'Eglise et digne de risée, que les âmes dans leur intérieur doivent être
gouvernées par les évêques; et que l'évêque en étant incapable, elles doivent se
présenter à lui avec leurs directeurs : c'est, dis-je, une doctrine nouvelle,
puisqu'elle n'est enseignée ni dans l'Ecriture, ni dans les conciles, ni dans
les canons, ni dans les bulles, ni par aucun Saint ou par aucun auteur, et
qu'elle ne le peut être; l'Eglise ne jugeant point des choses cachées, et toute
âme ayant droit de se choisir qui bon lui semble.
67. C'est une tromperie
manifeste de dire qu'on est obligé de découvrir son intérieur au for extérieur
des supérieurs, et que c'est péché de ne le point faire, parce que l'Eglise ne
juge point des choses cachées, et que l'on fait un très-grand tort aux âmes par
ces illusions et ces déguisements.
68. Il n'y a dans le monde ni
autorité, ni juridiction qui ait droit
697
d'ordonner que les lettres des directeurs sur l'intérieur
des ames soient communiquées : c'est pourquoi il est bon qu'on soit averti que
c'est une entreprise du démon.
Lesquelles propositions, de
l'avis de nos susdits frères les cardinaux de la sainte Eglise romaine, et
inquisiteurs généraux, nous avons condamnées, notées, et effacées, comme
hérétiques, suspectes, erronées, scandaleuses, blasphématoires, offensives des
pieuses oreilles, téméraires, énervant et détruisant la discipline chrétienne,
et séditieuses, respectivement; et pareillement tout ce qui a été publié sur ce
sujet, de vive voix, ou par écrit, ou imprimé : avons défendu à tous et à un
chacun de parler en aucune manière, d'écrire ou disputer de ces propositions et
de toutes autres semblables, ni de les croire, retenir, enseigner, ni de les
mettre en pratique : avons privé les contrevenants dès a présent et pour
toujours de toutes dignités, degrés, honneurs, bénéfices et offices, et les
avons déclarés inhabiles à en posséder jamais , et en môme temps nous les avons
frappés de l'anathème, dont ils ne pourront être absous que par nous ou nos
successeurs les pontifes romains.
En outre nous avons défendu et
condamné par notre présent décret, tous les livres, et tous les ouvrages du même
Michel de Molinos, en quelque lieu et en quelque langue qu'ils soient imprimés,
même les manuscrits, avec défense à toute personne de quelque degré, état et
condition qu'il puisse être, et quoique par sa dignité il dût être nommé, d'oser
sous quelque prétexte que ce soit les imprimer en toute
699
langue, dans les mêmes termes, ou en de semblables, ou
équivalons, ou sans nom, ou sous un nom feint et emprunté; ni les faire
imprimer, ni même les lire ou retenir chez soi imprimés ou manuscrits; mais de
les porter aussitôt et de les mettre entre les mains des Ordinaires des lieux ou
des inquisiteurs contre le venin de l'hérésie, sous les peines portées
ci-dessus, avec ordre de les brûler à la diligence desdits Ordinaires ou
Inquisiteurs. Enfin pour punir le susdit Michel de Molinos de ses hérésies,
erreurs et faits honteux, par des châtiments proportionnés qui servissent
d'exemple aux autres, et à lui de correction, lecture faite de tout son procès
dans notre congrégation susdite, ouïs nos très-chers fils les consulteurs du
saint Office, docteurs en théologie et en droit canonique, de l'avis commun de
nos vénérables frères susdits les cardinaux de la sainte Eglise romaine : Nous
avons condamné dans toutes les formes de la justice ledit Michel de Molinos,
comme coupable, convaincu, et après avoir avoué respectivement, et comme
hérétique déclaré, quoique repentant, à la peine d'une étroite et perpétuelle
prison, et à des pénitences salutaires qu'il sera tenu d'accomplir, après
toutefois qu'il aura fait abjuration suivant le formulaire qui lui sera prescrit
: ordonnant qu'au jour et à l'heure marqués, dans l'église de Sainte-Marie de la
Minerve de cette ville, en présence de tous nos vénérables frères les cardinaux
de la sainte Eglise romaine, prélats de notre Cour, même de tout le peuple qui y
sera invité par la concession des indulgences, sera lue d'un lieu élevé la
teneur du procès, le même Michel de Molinos étant debout sur un échafaud,
ensemble la sentence qui s'en est ensuivie : et après que ledit de Molinos
revêtu de l'habit de pénitent, aura abjuré publiquement les erreurs et hérésies
susdites, nous avons donné pouvoir a notre cher fils le com-
699
commissaire de notre saint Office, de l'absoudre en la
forme ordinaire de l'Eglise, des censures qu'il avait encourues : ce qui aurait
été accompli en tout point, en exécution de notre ordonnance du 3 septembre de
la présente année.
Et quoique le susdit décret fait
par notre ordre, ait été imprimé, publié et affiché en lieu public pour
l'instruction plus ample des fidèles; néanmoins, de peur que la mémoire de cette
condamnation apostolique, ne s'efface dans le temps à venir, et afin que le
peuple chrétien instruit de la vérité catholique, marche plus sûrement dans la
voie du salut, en suivant les traces des souverains Pontifes nos prédécesseurs,
par notre présente constitution qui sera à jamais en vigueur, nous approuvons de
nouveau et confirmons le décret susdit, et ordonnons qu'il soit mis à exécution
comme il le doit être, condamnant en outre définitivement et réprouvant les
propositions susdites, les livres et manuscrits du même Michel de Molinos, dont
nous interdisons et défendons la lecture, sous les mêmes peines et censures
portées et infligées contre les contrevenants.
Ordonnant au surplus que les
présentes lettres auront force, sont et seront en vigueur perpétuellement et à
toujours, sortiront et auront leur plein et entier effet : que tous juges
ordinaires et délégués, et de quelque autorité qu'ils soient ou puissent être
revêtus, seront tenus de juger et déterminer conformément à icelles, tout
pouvoir et autorité de juger ou interpréter autrement leur étant ôtés à tous et
à chacun d'eux; déclarant nul tout jugement, et comme non avenu, sur ces
matières à
700
ce contraire, de quelque personne et de quelque autorité
qu'il vienne, sciemment ou par ignorance. Voulons que foi soit ajoutée aux
copies des présentes même imprimées, soussignées de la main d'un notaire public,
et scellées du sceau d'une personne constituée en dignité ecclésiastique , comme
on l'aurait à ces mêmes lettres représentées en original. Qu'il ne soit donc
permis à aucun homme par une entreprise téméraire, de violer ou de contrevenir
au contenu de notre présente approbation, confirmation, condamnation,
réprobation, punition, décret et volonté. Que celui qui osera l'entreprendre,
sache qu'il s'attirera l'indignation du Dieu tout-puissant et des bienheureux
apôtres saint Pierre et saint Paul. Donné à Rome, à Sainte-Marie Majeure, le
vingtième novembre, l'an mil six cent quatre-vingt-sept de l'Incarnation de
Notre-Seigneur, et le douzième de notre pontificat. Signé F. DATAIRE. Et plus
bas, J-F. Albani. Registrée au secrétariat des brefs, etc.
Visa de
curià. S. de Pilastris. D. CIAMPINUS.
Loco + plumbi.
L'an de Notre-Seigneur
Jésus-Christ mil six cent quatre-vingt-huit, indiction onzième, le 19 février;
et du pontificat de notre saint Père le Pape par la Providence divine Innocent
XI, l'an douzième, les présentes lettres apostoliques ont été publiées et
affichées aux portes de l'église de Saint-Jean de Latran, de la basilique de
Saint-Pierre et de la chancellerie apostolique, et a la tète du champ de Flore,
et aux autres lieux accoutumés de la ville, par moi François Perino, courrier de
notre saint Père le Pape et de la très-sainte Inquisition.
701
Extrait du
latin. Du jeudi 5 février 1688.
Il porte condamnation de divers
ouvrages des quiétistes, et en particulier de ceux de Benait Biscia, prêtre de
la congrégation de l'Oratoire de la ville de Fermo en Italie ; ensemble d'une
feuille volante imprimée en français sous ce titre :
Propositions tirées des livres
et autres écrits du docteur Molinos, chef des quiétistes, condamnées par la
sainte Inquisition de Rome.
Ce décret est scellé, et a été
publié et affiché selon la coutume, le 27 février 1688.
Extrait du
latin. Du jeudi 1er avril 1688.
Entre plusieurs livres des
quiétistes, qui y sont condamnés, on y voit les suivants.
Pratique facile pour élever
l’âme à la contemplation , en deux parties ; par François Malaval, laïque,
aveugle : traduite du français en italien, par dom Lucio Labacci, prêtre romain.
Alphabet pour savoir lire en
Jésus-Christ, composé par Fr.-Jean Falconi, de l'ordre de Notre-Dame de la
Mercy : traduit de l'espagnol en italien : avec un abrégé de la vie de l'auteur,
et une de ses lettres écrite à l'une de ses dévotes.
Autre lettre du même auteur à
l'une de ses filles spirituelles, touchant le plus pur et le plus parfait esprit
de l'oraison, traduite de l'espagnol en italien.
Autre du même à un religieux,
sur l'oraison de pure foi, aussi traduite de l'espagnol en italien.
Ce décret est scellé, et a été
publié et affiché le 3 avril 1688.
702
Extrait Du
Latin. Du jeudi 9 septembre 1688.
La sacrée Congrégation défend et
condamne les livres que voici.
Il y en a plusieurs de diverses matières, dont celui-ci
seul a rapport à la contemplation :
Orationis mentalis Analysis,
deque variis ejusdem speciebus judicium ex divini verbi, sanctorumve Patrum
sententiis concinnatum : per Putrern D. Franciscum la Combe Tononensem,
presbyterum professum, congregations clericorum regularium sancti Pauli.
Vercellis, apud Nicolaum Hyacinthum Martam, fypog. Episc. 1680.
Analyse de l'oraison mentale,
par le Père la Combe.
Ce décret est scellé, et a été
publié et affiché selon la coutume, le 4 septembre 1688.
Extrait du
latin. Du mardi 30 novembre 1689.
La sacrée Congrégation défend et
condamne les livres que voici.
Le chrétien intérieur, ou la conformité intérieure que les
chrétiens doivent avoir avec Jésus-Christ, traduit du français en italien par le
sieur Alexandre Cenami, prieur de Saint-Alexandre de Lucques.
Règle de perfection, qui
contient en abrégé toute la vie spirituelle, réduite an seul point de la volonté
divine, divisée en trois parties; par le Père Denoit de Canfeld, capucin
anglais; et traduite du français en italien. A Viterbe, 1687.
Moyen court et très-facile pour
l'oraison, que tous peuvent pratiquer très-aisément, et arriver par là en peu à
une haute perfection. A Grenoble, 1687.
Règle des associés à
l'enfance de Jésus : Modèle de perfection pour tous les états. A Lyon, 1685.
703
Lettre d'un serviteur de Dieu
(Falconi) à une personne qui aspire à la perfection religieuse.
Il contient plusieurs autres
livres, sur la nouvelle contemplation, en italien ou en espagnol, imprimés dans
la plupart des villes d'Italie.
Ce décret est scellé, et a été
publié et affiché à l'ordinaire les jour et an que dessus.
Extrait du latin,
Où sont condamnés les livres suivants.
Du mercredi 19
mars 1692.
Œuvres spirituelles de M. de
Bernières Louvigny, d'où a été tiré le Chrétien intérieur, ou la guide sûre pour
ceux qui aspirent à la perfection, en deux parties : traduites du français
en italien.
Recueil de diverses pièces
concernant le quiétisme et les quiétistes, ou Molinos et les disciples. A
Amsterdam, 1688.
Trois lettres touchant l'état
présent d'Italie, écrites en 1688 : 1, sur Molinos et ses quiétistes : 2, sur
l'inquisition et l'état de la religion : 3, sur la politique et les intérêts des
princes d'Italie. A Cologne, 1688, et autres ouvrages imprimés.
Scellé, affiché et publié,
les jour et an que dessus.
Voilà les actes qu'on a pu avoir
de différents endroits, pour composer ce recueil. Ils sont ici apportés par
manière de récit, afin qu'on voie ce qui s'est passé par toute la chrétienté, et
surtout à Rome, dans l'affaire du quiétisme. Pendant qu'on en achevait
l'impression, on a appris la mort de Molinos arrivée dans sa prison le 29
décembre dernier, après avoir reçu tous ses sacrements avec beaucoup de marques
de repentir.
FIN DU
DIX-HUITIÈME VOLUME.
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