Epiphanie IIe Frg.
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FRAGMENT
POUR
LE  SERMON PRÉCÉDENT   (a).

 

Je dis donc avant toutes choses que la loi n'a que des ombres et des figures, selon ce que dit l'apôtre saint Paul : « Toutes choses leur arrivaient en figure (1). » Pour éclaircir cette vérité par la doctrine du saint Apôtre, posons premièrement ce principe : Tout ce qui agit par intelligence, se propose nécessairement une fin à laquelle elle rapporte ses actions; et d'autant plus que la cause est parfaite, d'autant plus ce rapport est exact. Et la raison en est évidente; car si la cause est plus excellente, il s'ensuit que l'opération est mieux ordonnée. Or il est certain que l'ordre consiste dans l'accord de la fin avec les moyens; et c'est de ce concert que résulte cette justesse qu'on appelle l'ordre. Cette vérité étant supposée, passons outre maintenant et disons : La loi est une œuvre d'intelligence et d'une intelligence infinie, parce que c'est une

 

1 I Cor., X, 11.

 

(a) Se rapportant au premier point.

 

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œuvre de l'Esprit de Dieu. Par conséquent elle a une fin à laquelle elle est destinée ; et quand nous connaîtrons cette fin, il ne faudra nullement douter que toutes les parties de la loi n'y soient rapportées. Or l'apôtre saint Paul nous assure que « Jésus-Christ est la fin de la loi : » Finis legis Christus (1). C'est pourquoi et les patriarches et les prophètes soupiraient perpétuellement après sa venue, parée qu'il était la fin de la loi et le sujet principal de ses prophéties. D'où il s'ensuit manifestement que toutes les cérémonies de la loi, toutes ses solennités, tous ses sacrifices regardaient uniquement le Sauveur, et qu'il n'y a page dans les Ecritures en laquelle nous ne le vissions, si nous avions les yeux assez épurés.

Et certes, puisqu'il plaisait à notre grand Dieu de se revêtir d'une chair humaine, il était convenable, mes sœurs, que de même que ce mystère étant accompli, nous en célébrons la grandeur par de pieuses actions de grâces, aussi ceux qui en ont précédé l'accomplissement, vécussent dans l'attente de ce bonheur qui de voit arriver à notre nature. Il est vrai que le Verbe éternel, en se faisant homme, est né dans un temps limité ; car c'est une suite de la condition humaine. L'éternité s'est alliée avec le temps, afin que ceux qui sont sujets au temps pussent aspirer à l'éternité. Mais encore que la venue du Sauveur fût arrêtée à un temps certain par les ordres de la Providence divine, toutefois il faut avouer que le mystère du Verbe fait chair devait remplir et honorer tous les temps. C'est pourquoi il était à propos qu'où il n'était pas par la vérité de sa présence , il y fût du moins d'une autre manière , par des figures très-excellentes. Et de là vient que la loi de Moïse est pleine de merveilleuses figures qui nous représentent le Sauveur Jésus.

En effet je vous demande, mes très-chères sœurs, d'où vient tant de sang répandu dans les cérémonies anciennes, sinon pour représenter le sang de Jésus ? Pourquoi est-ce que par le sang de l'Agneau le peuple est délivré du glaive vengeur qui désola les maisons des Egyptiens? pourquoi est-ce que l'alliance est signée et ratifiée par le sang ? pourquoi n'y a-t-il point d'entrée dans le sanctuaire, si le pontife n'a les mains teintes du sang des victimes ?

 

1 Rom., X, 4.

 

411

 

pourquoi les crimes sont-ils expiés, les pontifes et leurs vêtements consacrés par le sang versé dans le sacrifice ? Le sang des animaux égorgés était-il suffisant pour apaiser Dieu? était-il capable de purifier l'homme? Si ce n'est pour nous faire entendre qu'il n'y a ni délivrance, ni consécration, ni alliance, ni expiation, ni salut que par le sang de l'Agneau sans tache, « qui a été tué , dit saint Jean (1), dès l'origine du monde : » tué, dis-je, dès l'origine du monde, parce que dès l'origine du monde sa mort a été figurée par une multitude infinie de sacrifices sanglants. C'est ce qui fait dire à Tertullien : O Christum in novis veterem (2) ! « O que Jésus-Christ est ancien dans la nouveauté de son Evangile ! » Ce que nous honorons est nouveau, parce que Jésus-Christ l'a mis dans un nouveau jour (a) ; ce que nous honorons est ancien, parce que la figure s'en trouve dès les premiers temps. La loi est un Evangile caché, et l'Evangile est une loi expliquée.

Et c'est ce qu'exprime l'apôtre saint Paul en ces excellentes paroles : « La loi a l'ombre des choses futures, et non point la vive image (3). » Que veut dire ce grand Apôtre, que la loi a l'ombre, et non point la vive image des choses ? La comparaison est prise de la peinture. Le peintre dessine le portrait du roi. Vous en voyez déjà quelque ressemblance dans les premiers crayons du tableau : ce sont ses traits, c'est sa taille, c'est son air, c'est l'image du prince que vous y voyez ; mais quand l'ouvrage sera accompli, c'est alors que le roi paraîtra avec sa majesté naturelle. Ainsi la loi avait Jésus-Christ dans des ombres et dans des figures, et comme dans un crayon imparfait ; mais elle n'avait pas l'image finie. Et de même que la peinture achevée efface les linéaments imparfaits, ainsi la beauté parfaite de l'Evangile efface l'imperfection de la loi par des couleurs plus vives et plus éclatantes. C'est pourquoi Jésus-Christ change l'eau en vin, c'est-à-dire la loi de Moïse en son Evangile.

 

1 Apoc., XIII, 8. — 2 Lib. IV Advers. Marcion., n. 21. — 3 Hebr., X, 1.

(a) Var. : Dans un plus grand jour.

 

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