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LE XXXI OCTOBRE. LA VIGILE DE LA TOUSSAINT.Préparons nos âmes aux grâces que le ciel s'apprête à verser sur la terre, en retour des hommages de celle-ci. Telle sera demain l'allégresse de l'Eglise, qu'elle semblera déjà se croire en possession de l'éternité. Aujourd'hui pourtant, c'est sous les livrées de la pénitence qu'elle se montre à nos yeux, confessant bien qu'elle n'est qu'une exilée (1). Avec elle, jeûnons et prions. Nous aussi, que sommes-nous que des voyageurs, en ce monde où tout passe et se hâte de mourir? D'années en années, la solennité qui va s'ouvrir compte parmi nos compagnons d'autrefois des élus nouveaux qui bénissent nos pleurs et sourient à nos chants d'espérance. D'années en années, le terme se rapproche où nous-mêmes, admis à la fête des cieux, recevrons l'hommage de ceux qui nous suivent, et leur tendrons la main pour les aider à nous rejoindre au pays du bonheur sans fin. Sachons, dès cette heure, affranchir nos âmes; gardons nos cœurs libres, au sein des vaines sollicitudes, des plaisirs faux d'une terre étrangère: il n'est pour l'exilé d'autre souci que celui de son bannissement, d'autre joie que celle où il trouve l'avant-goût de la patrie. 1. Heb. XI, 13. 528 Dans ces pensées, disons avec l'Eglise en ce jour de Vigile : ORAISON.Seigneur notre Dieu, faites
couler abondamment sur nous votre grâce ; et, comme nous prévenons la glorieuse
solennité de vos Saints, puissions-nous mériter par une sainte vie de les
suivre au bonheur. Par Jésus-Christ. En la manière que nous l'avons commencé, terminons ce mois par un hommage à Marie, Reine du très saint Rosaire et Reine des Saints. Les anciens Missels Dominicains nous en fourniront la formule. SEQUENCE.Voici qu'au jardin virginal
bourgeonnent les nouvelles pousses et se forment les fleurs ; c'est la
fertilité du printemps. C'est la fin des frimas ;
l'hiver s'en est allé, et les pluies et la neige avec lui ; les roses ont
apparu sur la terre, semées des cieux. La rose a produit le lis ;
puis du jardin de son fils, tant qu'a duré leur exil, elle a cueilli et
moissonné Pour les justes la joie, pour
les pécheurs une nouvelle innocence, pour les élus la gloire, pour tous le
salut : Dons que le Christ apporta
des cieux, qu'il assura par ses souffrances à la terre, sauvant le monde qu'il
était venu vaincre. Il se repose sous le
feuillage du rosier, se blesse à ses épines, se couronne de ses fleurs : et de
la sorte nous appelle, nous justifie, nous récompense. Grâce donc à la tige bénie, à
ses feuilles, à ses ronces, à ses roses, la patrie est à nous ; ses délices
nous attendent là où demeure l'auguste jardinière, L'impératrice qui se complaît
dans les associations de notre milice sainte, comme elle préside à la triple
hiérarchie des neuf chœurs. Triomphatrice nouvelle, qui
réparez l'antique désastre, à vous nos chants ! Mais voici qu'à nouveau
l'ennemi menace et rugit ; si vous ne l'arrêtez, c'en est fait des chrétiens. Nous vous saluons, ô vous la
demeure du Verbe, sanctuaire de l'Esprit-Saint, fille
du Père souverain. Contre les traits de
l'ennemi, dans les dangers multiples de cette vie, que votre secours soit sur
nous toujours. Qu'après le combat notre
couronne soit formée des roses et des lis que produit le parterre des cieux. Amen. FIN DU TOME CINQUIEME. |