ANGES GARDIENS

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LE II OCTOBRE. LES SAINTS ANGES GARDIENS.

 

Bien que la solennité du XXIX septembre ait pour but d'honorer tous les bienheureux esprits des neuf chœurs, la piété des fidèles s'est portée dans les derniers siècles à désirer qu'un jour spécial fût consacré par la terre à célébrer les Anges gardiens. Différentes Eglises ayant pris l'initiative de cette fête, qu'elles plaçaient sous divers rites à diverses dates de l'année, Paul V (1), tout en l'autorisant, crut devoir la laisser facultative ; Clément X (2) mit fin à cette variété au sujet de la fête nouvelle, en la fixant obligatoirement du rite double (3) au II octobre, premier jour libre après la Saint-Michel, dont elle demeure ainsi comme une dépendance.

Il est de foi qu'en cet exil, Dieu confie aux Anges la garde des hommes appelés à le contempler ainsi qu'eux-mêmes dans la commune patrie ; c'est le témoignage des Ecritures, l'affirmation unanime de la Tradition. Les conclusions les plus assurées de la théologie catholique étendent le bénéfice de cette protection précieuse à tous les membres de la race humaine, sans distinction de justes ou de pécheurs, d'infidèles ou de baptisés. Ecarter les dangers, soutenir l'homme dans sa lutte contre le démon, faire naître en lui de saintes pensées, le détourner du mal et parfois le châtier, prier pour lui et présenter à Dieu ses propres prières : tel est

 

1. 1608.— 2. 1670. — 3. Double majeur depuis 1883.

 

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le rôle de l'Ange gardien. Mission à ce point spéciale, que le même Ange ne cumule pas la garde simultanée de plusieurs ; à ce point assidue, qu'il suit son protégé du premier jour au dernier de sa mortelle existence, recueillant l'âme au sortir de cette vie pour la conduire, des pieds du juge suprême, à la place méritée par elle dans les cieux ou au séjour temporaire de purification et d'expiation.

C'est dans le voisinage plus immédiat de notre nature, parmi les rangs pressés du dernier des neuf chœurs, que se recrute surtout la milice sainte des Anges gardiens. Dieu, en effet, réserve les Séraphins, les Chérubins, les Trônes, à l'honneur de former son auguste cour. Les Dominations président des abords de son trône au gouvernement de l'univers ; les Vertus veillent à la fixité des lois de la nature, à la conservation des espèces, aux mouvements des cieux ; les Puissances retiennent enchaîné l'enfer. La race humaine, dans son ensemble et ses grands corps sociaux, les nations, les églises, est confiée aux Principautés ; tandis que le rôle des Archanges, préposés aux communautés moindres, semble être aussi de transmettre aux Anges les ordres du ciel, avec l'amour et la lumière descendant pour nous de la première et suprême hiérarchie. Profondeurs de la Sagesse de Dieu (1) ! Ainsi donc l'admirable ensemble de ministères ordonné entre les différents chœurs des esprits célestes aboutit, comme fin, à cette garde immédiatement remise aux plus humbles, la garde de l'homme, pour qui subsiste l'univers. C'est l'affirmation de l'Ecole (2) ; c'est le mot

 

1. Rom. XI, 33. — 2. Suarez. De Angelis, Lib. VI, c. XVIII, 5.

 

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de l'Apôtre : Tout esprit n'a-t-il pas pour mission de servir les futurs héritiers du salut (1) ?

Mais Dieu, tout magnifique qu'il daigne se montrer pour l'humanité entière, ne sait pas moins que les gouvernements de ce monde honorer d'une garde spéciale les princes de son peuple, privilégiés de sa grâce, ou régissant pour lui la terre ; au témoignage des Saints, une perfection suréminente, une mission plus haute dans l'Etat ou l'Eglise, assurent à qui en est revêtu l'assistance d'un esprit également supérieur, sans que l'Ange de la première heure, si l'on peut ainsi parler, soit nécessairement pour cela relevé de sa propre garde. Il s'en faut d'ailleurs que, sur le terrain des opérations du salut, le titulaire céleste du poste à lui confié dès l'aube puisse redouter jamais de se voir isolé ; à sa demande, à l'ordre d'en haut, les troupes de ses bienheureux compagnons, qui remplissent la terre et les cieux, sont toujours prêtes à lui prêter main forte. Il est pour ces nobles esprits, sous l'œil du Dieu dont ils aspirent par tous moyens à seconder l'amour, de secrètes alliances amenant parfois sur terre entre leurs clients mêmes des rapprochements dont le mystère se révélera au jour de l'éternité.

« Mystère profond, dit Origène, que le partage des âmes entre les Anges destinés à leur garde ; divin secret, relevant de l'économie universelle qui repose sur l'Homme-Dieu ! Ce n'est point non plus sans d'ineffables dispositions que se répartissent entre les Vertus des cieux les services de la terre, les départements multiples de la nature : fontaines et fleuves, vents et forêts, plantes, êtres animés des continents ou des mers, dont les rôles

 

1. Heb. I, 14.

 

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s'harmonisent par le fait des Anges dirigeant au but commun leurs offices variés (1). «Telle subsiste, en sa puissante unité, l'œuvre du Créateur.

Et sur ces mots de Jérémie : Jusques à quand pleurera la terre (2)? Origène reprend, soutenu de l'autorité de saint Jérôme, son traducteur en la circonstance (3) : « C'est par chacun de nous que la terre se réjouit ou qu'elle pleure ; et non seulement la terre, mais l'eau, le feu, l'air, tous les éléments, qu'il ne faut point entendre ici de la matière insensible, mais des Anges préposés à toutes choses sur terre. Il y a un Ange de la terre, et c'est lui, avec ses compagnons, qui pleure de nos crimes. Il y a un Ange des eaux, à qui s'applique le Psaume: Les eaux vous ont vu, et elles ont été dans la crainte ; le trouble a saisi les abîmes ; voix des grandes eaux, voix de l'orage : l'éclair comme la flèche a sillonné la nue (4). »

Ainsi considérée, la nature est grande. Moins dépourvue que nos générations sans vérité comme sans poésie, l'antiquité ne voyait pas autrement l'univers. Son erreur fut d'adorer ces puissances mystérieuses, au détriment du seul Dieu sous lequel fléchissent ceux qui portent le monde (5).

« Air, terre, océan, tout est plein d'Anges, dit saint Ambroise à son tour (6). Assiégé par une armée, Elisée demeurait sans crainte; car il voyait d'invisibles cohortes qui l'assistaient. Puisse le Prophète ouvrir aussi tes yeux; et que l'ennemi, fût-il légion, ne t'effraie pas : tu te crois investi, et tu es libre ; il y en a moins contre nous que pour nous (7) ».

 

1. Origen. in Josue, Hom. XXIII. — 2. Jerem. XII, 4. — 3. Origen. in Jerem. Hom. X, juxta Hieron VIII.— 4. Psalm. LXXVI, 17-18. — 5. Job. IX, 13.— 6. Ambr. in Psalm. CXVIII, Sermo I, 9, 11, 12. — 7. IV Reg. VI, 16.

 

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Revenons à l'Ange particulièrement détaché près de nous tous, et méditons cet autre témoignage : « Il ne dort pas, on ne le trompe pas, le noble gardien de chacun d'entre nous. Ferme ta porte, et fais la nuit ; mais souviens-toi que tu n'es jamais seul : lui, pour voir tes actions, n'a pas besoin de lumière. » Qui parle ainsi ? non quelque Père de l'Eglise, mais un païen, l'esclave philosophe Epictète (1).

De préférence toutefois et pour finir, écoutons aujourd'hui comme fait l'Eglise l'Abbé de Clairvaux, dont l'éloquence se donne ici carrière : « En tous lieux, sois respectueux de ton Ange. Que la reconnaissance pour ses bienfaits excite ton culte pour sa grandeur. Aime ce futur cohéritier, tuteur présentement désigné par le Père à ton enfance. Car bien que fils de Dieu, nous ne sommes pour l'heure que des enfants, et longue et périlleuse est la route. Mais Dieu a commandé à ses Anges de te garder en toutes tes voies ; ils te porteront dans leurs mains, dans la crainte que tu ne heurtes ton pied contre la pierre ; tu marcheras sur l'aspic et le basilic, et tu fouleras aux pieds le lion et le dragon (2). Oui donc ; là où la route est praticable pour un enfant, ils borneront leur concours à te guider, à te soutenir comme on fait les enfants. L'épreuve menacera-t-elle de dépasser tes forces ? ils te porteront dans leurs mains. Ces mains des Anges ! combien d'impasses redoutées, franchies grâce à elles comme sans y penser, et ne laissant à l'homme par delà que l'impression d'un cauchemar soudainement évanoui (3) ! »

Mais où l'Ange triomphe, c'est dans la rencontre

 

1. Ap. Arrian.  Diss.  I, 14. — 2. Psalm. XC, 11 -13. — 3. Bernard, in Psalm. XC, Sermo XII.

 

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chantée au Cantique sacré. « Lui, l'un des compagnons de l'Epoux, dit saint Bernard, envoyé pour cela des cieux à l'élue, négociateur, témoin du mystère accompli, comme il tressaille, et dit : Je vous rends grâces, Dieu de majesté, qui avez exaucé le désir de son cœur ! Or, c'était lui qui, sur la route, ami persévérant, ne cessait de murmurer à l'oreille de l'âme : Mets tes délices dans le Seigneur, et il t'exaucera (1) ; et de nouveau : Attends le Seigneur, et garde ses sentiers (2) ; puis, encore : S'il tarde, attends toujours, car il viendra sûrement et bientôt (3). Ce pendant qu'il remontrait au Seigneur : Comme le cerf aspire à l'eau des fontaines, ainsi cette âme aspire après vous, ô Dieu (4) ! soyez-lui pitoyable, écoutez ses cris, visitez sa désolation. Et maintenant, paranymphe fidèle, confident d'ineffables secrets, il n'est point jaloux. Il va du bien-aimé à la bien-aimée, offrant les vœux, rapportant les dons; il excite l'une, il apaise l'autre ; dès ce monde parfois il les met en présence, soit qu'il ravisse l'Epouse , soit qu'il amène l'Epoux : car il est de la maison et connu dans le palais ; il ne redoute point de rebut, lui qui voit tous les jours la face du Père (5). »

 

1. Psalm. XXXVI, 4. — 2. Ibid 34. — 3. Habac. II, 3. — 4. Psalm. XLI, 2. — 5. Bernard, in Cantic. Sermo XXXI.

 

Unissons-nous à l'Eglise offrant aux Anges gardiens cette Hymne des Vêpres du jour.

 

HYMNE.

 

Nous célébrons les Anges  qui gardent les humains.  Le  Père  céleste   les  donnés pour compagnons à notre faible nature , de crainte qu'elle ne succombât dans les embûches ennemies.

 

Car, depuis que l'ange mauvais fut justement précipité de ses honneurs, l’envie le ronge et il s'efforce de perdre ceux que le Seigneur appelle aux cieux.

 

Vous donc volez vers nous, gardien qui jamais ne dormez; écartez de la terre à vous confiée les maladies de l'âme et toute menace pour la paix de ses habitants.

 

Soit toujours louange et amour à la Trinité sainte, dont la puissance éternelle gouverne ce triple monde des cieux, de la terre et de l'abîme, dont la gloire domine les siècles. Amen.

 

Avant rétablissement de la fête spéciale des saints Anges gardiens, on chantait cette Séquence à la Messe du XXIX septembre en quelques églises.

 

SEQUENCE.

 

Appelons de nos vœux les paranymphes du Roi suprême, les défenseurs du troupeau du Christ; ce sont les monts dont il est dit qu'ils entourent le  trône, privilège qu'ils  possèdent entre tous.

 

C'est la triple hiérarchie des cieux, sous la Sagesse unique développant ses rameaux, s'épanouissant à la trine lumière ; nous purifiant, nous éclairant, elle nous parfait : ainsi notre âme se dégage du péché.

 

Leur contemplation les rapproche, leur mission ne les éloigne pas : c'est au dedans de Dieu qu'ils courent, contenant l'ennemi, guidant les justes ; ils gardent leurs dévots clients, les protégeant, les consolant dans leurs peines.

 

Leur béatitude déjà consommée n'empêche pas que, députés vers nous cependant, ils ne rapportent à Dieu nos prières; ils n'abandonnent pas les saints de ce monde, désirant voir par eux se combler leurs vides et s'accroître leur société fortunée.

 

Bienheureux citoyens qui, remplissant leur rôle sur terre, ne perdent rien des joies de la vraie patrie ! Supplions-les avec confiance de nous aider près de Dieu toujours.

Amen.

 

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Saints Anges, soyez bénis de ce que les crimes des hommes ne lassent point votre charité ; parmi tant d'autres bienfaits, nous vous rendons grâces pour celui de maintenir la terre habitable, en daignant y rester toujours. La solitude, souvent, menace de se faire lourde au cœur des fils de Dieu, dans ces grandes villes et sur ces routes du monde où ne se coudoient qu'inconnus ou ennemis ; mais si le nombre des justes a baissé, le vôtre ne diminue pas. Au sein de la multitude enfiévrée comme au désert, il n'est pas d'être humain qui n'ait près de lui son Ange, représentant de la Providence universelle sur les méchants comme sur les bons. Bienheureux esprits, nous n'avons avec vous qu'une patrie, qu'une pensée, qu'un amour : pourquoi les bruits confus d'une foule frivole agiteraient-ils la vie des deux que nous pouvons mener dès maintenant avec vous ? Le tumulte des places publiques vous empêche-t-il d'y former vos chœurs, ou le Très-Haut d'en percevoir les harmonies ? Vivant nous aussi par la foi dans le secret de cette face du Père (1), dont l'incessante contemplation vous ravit (2), nous voulons de même chanter en tous lieux au Seigneur, unir aux vôtres en tout temps nos adorations. Ainsi pénétrés des mœurs angéliques, la vie présente n'aura pour nous nul trouble, l'éternité nulle surprise.

 

1. Psalm. XXX, 21 : Col. III, 3.— 2. Matth. XVIII,  10.

 

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