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HOMÉLIE XXVIII. CEUX-CI DONC ENVOYÉS PAR L'ESPRIT-SAINT, DESCENDIRENT A SÉLEUCIE, ET DE LÀ ILS NAVIGUÈRENT VERS CHYPRE. ÉTANT ARRIVÉS A SALAMINE, ILS ANNONÇAIENT LA PAROLE DE DIEU DANS LES SYNAGOGUES DES JUIFS. ILS AVAIENT AUSSI JEAN POUR MINISTRE. (CHAP. XIII, 4, 5, JUSQU'AU VERS. 16.)ANALYSE. 1et 2. Saint Paul et saint Barnabé prêchent l'Evangile ensemble.
Conversion du proconsul Sergius Paulus. 2 et 3. Parfois l'on triomphe d'un vice par un autre vice.
Qu'il faut fuir la gloire humaine, et quelle gloire il faut rechercher. 1. Après avoir reçu l'imposition des
mains, ils partirent ensemble , et naviguèrent vers « Paul et les siens ayant mis à la voile , passèrent de 2. Remarquez que la réprimande précède
le châtiment. Il justifie d'avance la punition qu'il va lui infliger, en disant : « O
homme plein de toutes sortes de ruses ! » c'est-à-dire, qui n'en néglige aucune. Et
c'est avec justesse qu'il dit « de toutes sortes de ruses », le magicien rusait en effet
: « fils du diable », car il faisait son couvre. « Ennemi de toute justice », la
doctrine à laquelle il s'opposait était en effet de toute justice. Il me semble que Paul
disait ces choses pour attaquer sa vie. Pour démontrer que ces paroles n'étaient pas
inspirées par la colère, l'auteur dit auparavant . « Paul
rempli du Saint-Esprit », c'est-à-dire de la force du Saint-Esprit. « Et maintenant,
voici que la main du Seigneur est sur toi ». Ce n'était pas une vengeance, mais un
remède. Comme s'il disait : Ce n'est pas moi qui agis, mais la main de Dieu; remarquez sa
modestie : « Tu seras aveugle, et tu ne verras pas la lumière du soleil jusqu'à un
certain temps ». Il lui dit cela pour lui donner lieu de se repentir. Les apôtres ne
cherchaient pas à se signaler parla terreur, même en ne frappant que leurs ennemis. Ils
usaient parfois de sévérité envers leurs disciples quand c'était nécessaire, mais
jamais contre les étrangers, afin qu'on ne pût attribuer les
progrès de leur oeuvre à la contrainte et à la terreur. La preuve de la cécité fut
qu'il cherchait quelqu'un qui lui tendît la main. Le proconsul voit cette cécité, et
aussitôt il croit, frappé d'étonnement, ajoute le texte. Il vit que ce n'étaient pas
là des paroles et rien de plus, ni de purs prestiges. Voyez quel amour de la doctrine
dans cet homme revêtu d'une dignité si haute ! Paul ne dit pas au mage : Vous ne cessez
de pervertir le proconsul, mais a les voies du Seigneur » : ce qui était bien plus
grand, et ne ressemblait en rien à une flatterie. Pourquoi Jean s'éloigne-t-il d'eux?
L'auteur dit en effet : « Jean s'étant séparé d'eux, retourna à Jérusalem » ; parce
qu'il redoutait un plus long voyage; il n'était cependant que ministre, et eux seuls
s'exposaient au danger. Venant à Perge, ils ne font que
traverser les autres villes, car ils se hâtaient d'arriver à la métropole, à Antioche.
Voyez combien l'écrivain abrége. « Ils s'assirent »; dit-il, « dans la synagogue le
jour du sabbat » ; comme pour préparer la voie à la parole. Ils ne parlent pas les
premiers, mais on les invite et on les engage comme des hôtes à parler. S'ils ne fussent
pas restés en cet endroit, ils auraient manqué l'occasion de parler ; c'est là que Paul
prêche pour la première fois. Voyez sa prudence; là où la parole s'est répandue, il
ne fait que passer; là où il n'y avait pas de disciple, il demeurait plus longtemps; il
le dit lui-même lorsqu'il écrit : « Ainsi j'ai cherché à évangéliser là où
n'a pas encore été nommé le Quel moyen de défense aurons-nous, nous qui triomphons d'un vice par un autre vice, mais non par la crainte de Dieu? Exemple Beaucoup qui étaient libertins et avares, par la parcimonie ont vaincu le plaisir; d'autres, épris de la vaine gloire, ont triomphé de ces deux vices en dépensant sans économie, et en affectant une sagesse vaine ; d'autres , fort désireux de vaine gloire, font taire cette passion et affrontent le déshonneur, poussés par la convoitise et la cupidité; d'autres, pour assouvir leur fureur, subissent mille maux, et n'en ont aucun souci, pourvu qu'ils accomplissent leur volonté. Et ce que la passion humaine peut faire, la crainte. de Dieu ne le peut. Et que dis-je, la passion? Ce que peut le respect humain , la crainte de Dieu ne le peut faire. Nous: faisons beaucoup de bonnes oeuvres, comme nous commettons beaucoup de péchés par respect humain, mais nous ne craignons pas Dieu. Combien par honte ont dépensé leur fortune ? Combien , par une vaine ambition, n'ont pas servi leurs amis pour le mal ? Combien, par crainte pour leurs amis, ont commis mille péchés? 3. Si donc la passion, et le respect humain peuvent.nous porter aux péchés et aux bonnes oeuvres, c'est en vain que nous dirons : je ne peux pas; nous pouvons ce que nous voulons. Il faut que tous veuillent. Mais, dites-moi : Pourquoi ne pouvez-vous triompher de la vaine gloire , lorsque d'autres la vainquent, qui ont la même âme, le même corps, la même forme, et vivent de la même vie?
Pensez à Dieu , pensez à la gloire d'en-haut,
mettez-la en face des choses présentes, et aussitôt vous fuirez cette gloire vaine. Si
vous désirez la gloire, soyez avide de la vraie gloire. Qu'est-ce que la gloire,
lorsqu'elle engendre l'infamie? Qu'est-ce que la gloire, lorsque vous êtes forcé de
rechercher les louanges de vos inférieurs, et que vous en avez besoin? C'est un honneur
de jouir de la gloire qui vient de plus grand que soi. Si vous aimez vraiment la gloire,
aimez celle qui vient de Dieu. Si, par amour de la gloire qui vient de Dieu, vous
dédaignez celle qui vient des hommes, vous verrez combien celle-ci est méprisable. Tant
que vous ne comprendrez pas cette gloire qui vient de Dieu, vous ne verrez pas combien la
gloire qui vient des hommes est honteuse et ridicule. De même que ceux qui sont épris de
l'amour d'une femme laide et méchante, tant qu'ils, lui sont affectionnés, ne sauraient
voir sa laideur, parce que la passion obscurcit leur jugement; de même, dans le cas
présent, tant que nous sommes retenus par la passion, nous ne pouvons comprendre la
grandeur du mal. Comment, direz-vous, nous en délivrerons-nous donc? Pensez à ceux qui
ont dépensé de grands biens, sans en avoir retiré aucun fruit; pensez aux morts qui ont
joui de cette gloire instable qui périt et s'évanouit; pensez que cette gloire en porte
le nom seulement, et n'est pas la gloire elle-même. Qu'est-ce donc que la gloire,
dites-le-moi, donnez m'en une définition ? C'est d'être l'admiration de tous,
direz-vous. Justement ou injustement? Si c'est injustement, ce ne serait pas l'admiration,
mais l'accusation, l'adulation, la calomnie ; si c'est justement ,
cela ne saurait être. Le peuple ne juge pas avec droiture; et il admire ceux qui servent
ses désirs. Et, si vous le voulez, examinez ceux qui jettent leur fortune, aux,
courtisanes, aux cochers, aux danseurs. Mais nous ne parlons pas de ceux1à, dites-vous,
nous parlons des hommes justes et droits, qui peuvent faire beaucoup de bien. Plût à
Dieu qu'on voulût les admirer ! la pratique des bonnes oeuvres
serait facile; mais il en est autrement. Qui maintenant a des louanges pour l'homme juste
et droit? C'est le contraire qui arrive. Quoi de plus insipide que la justice, si. pour prix de la justice, on attend les louanges de la foule ? C'est
la même chose que, si un excellent peintre, après avoir (139) fait le portrait d'un roi,
recevait les louanges des ignorants. D'ailleurs, l'homme qui agit en vue de la gloire
humaine, abandonnera bien vite la pratique de la vertu. En effet, s'il aspire aux louanges
des hommes, il fait ce qu'ils veulent, et non ce qu'il voudrait lui-même. Que vous
conseillerai-je donc? Je vous conseillerai de vous attacher à Dieu ,
de vous contenter de ses louanges, de faire tout ce qui lui plaît, de faire le bien , et
de n'aspirer nullement aux louanges des hommes : car elles corrompent le jeûne, l'aumône
et la prière, et rendent vaines toutes vos bonnes actions; pour n'avoir pas à essuyer ce
dommage , fuyons cette passion. Ne visons qu'aux louanges de Dieu ,
à son approbation, et à la bonne renommée qui nous vient du Seigneur commun des hommes,
de sorte qu'après avoir passé la vie présente dans la vertu, nous jouissions des biens
promis avec ceux qui aiment, Dieu, par la grâce et la bienveillance de Notre-Seigneur
Jésus- |