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de-chausses, qu'ils y rapporteront au
retour après les avoir lavés. Les coules et les tuniques livrées par le vestiaire aux
frères qui se mettent en route seront un peu meilleures que celles qu'ils portent
habituellement, et ils les rendront au retour.
Les lits auront pour
toute garniture une paillasse, une saie, une couverture et un chevet. L'abbé fera
fréquemment l'inspection de ces lits, dans la crainte qu'il ne s'y trouve quelque objet
indûment approprié. Et celui chez qui l'on découvrirait la moindre chose qu'il n'eût
reçue de l'abbé, serait soumis à une correction très sévère. Aussi, pour retrancher
jusqu'à la racine ce vicieux esprit de propriété, l'abbé accordera largement le
nécessaire, savoir : coule, tunique, sandales, caliges, ceinture, couteau, poinçon,
aiguille, mouchoir, tablettes, afin d'enlever tout prétexte de nécessité. Mais il doit
toujours tenir compte de cette instruction des Actes des Apôtres: "On donnait à
chacun selon les besoins de chacun." Que l'abbé prenne donc en considération
l'indigence des faibles, sans nul égard pour les fâcheuses dispositions des envieux, se
souvenant, dans toutes ses décisions, que Dieu même lui rendra selon ses uvres.
CHAPITRE LVI
DE LA TABLE DE L'ABBE
L'abbé prendra tous ses repas avec
les hôtes en résidence ou de passage ; et quand il y en a trop peu, il ne tient qu'à
lui d'inviter à sa table ceux des frères qu'il lui plaira, pourvu qu'il laisse toujours
avec la communauté un ou deux anciens pour le maintien de la discipline.
CHAPITRE LVII
DES ARTISANS DU MONASTÈRE
S'il se trouve dans le
monastère des artisans qualifiés, qu'ils exercent leur métier en toute humilité
dès lors que l'abbé le permet. Que si l'un d'eux, infatué de son savoir-faire
personnel, se prévaut des avantages qu'il s'imagine procurer au monastère, il sera, le
prétentieux, relevé de son emploi, et désormais ne s'en mêlera plus, à moins que
l'abbé, le voyant revenu à d'humbles sentiments, ne l'autorise à reprendre sa tâche.
S'il faut vendre quelque produit du travail des artisans, ceux qui seront chargés des
transactions doivent se garder les mains nettes de toute fraude. Ils auront en la mémoire
Ananie et Saphire : et la mort que ceux-ci éprouvèrent dans leur corps, ils craindront
de la subir dans leur âme, eux et tous ceux qui trafiqueraient malhonnêtement des biens
du monastère.
En fixant les prix, qu'on ne se laisse
pas envahir par la passion du lucre : on cédera plutôt la marchandise à meilleur compte
que ne font les séculiers, et en toutes choses on ne recherchera que la seule gloire de
Dieu. |
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