MERCREDI SAINT

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LE MERCREDI SAINT.

 

Aujourd'hui les princes des prêtres et les anciens du peuple se sont réunis dans une des salles du Temple, pour délibérer une dernière fois sur les moyens de se défaire de Jésus On a discuté divers projets. Est-il prudent de mettre la main sur lui, en ce moment où la fête de Pâques retient dans la ville tant d'étrangers qui ne connaissent le Nazaréen que par l'ovation solennelle dont il a été l'objet il y a seulement trois jours ? Parmi les habitants de Jérusalem, n'en est-il pas aussi un grand nombre qui ont applaudi à ce triomphe, et dont l'enthousiasme pour Jésus serait à redouter ? Non : il ne faut pas songer, pour le moment, aux mesures violentes : une sédition pourrait éclater au milieu même des solennités de la Pâque. Ceux qui en auraient été les moteurs seraient aisément compromis vis-à-vis de Ponce-Pilate, et ils auraient à craindre peut-être la vengeance du peuple. Il vaut donc mieux laisser passer la fête, et chercher quelque moyen de se saisir sans bruit de la personne de Jésus.

Mais ces hommes de sang se faisaient illusion en croyant retarder au gré de leur politique la mort du juste. Ils ajournaient un meurtre; mais les décrets divins qui, de toute éternité, ont préparé un sacrifice pour le salut du genre humain, ont fixé précisément ce sacrifice à cette même fête de Pâques  que la trompette sacrée  doit  annoncer

 

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dès demain dans la ville sainte. Assez longtemps l'agneau mystérieux a été offert en figure de l'Agneau véritable ; elle va s'ouvrir, cette Pâque qui doit voir les ombres s'évanouir devant la réalité; et Le sang rédempteur versé par la main des pontifes aveuglés va se mêler à celui de ces victimes grossières que Jéhovah n'agréera plus désormais. Le sacerdoce judaïque se portera tout à l'heure à lui-même le coup de la mort, en immolant celui dont le sang doit abroger l'ancienne alliance et sceller pour jamais la nouvelle.

Mais comment les ennemis du Sauveur se mettront-ils en possession de l'auguste victime que convoitent leurs désirs sanguinaires, eux qui veulent éviter l'éclat et le bruit? Ils ont compté sans la trahison; mais voici que la trahison vient à leur secours. Un disciple du Sauveur demande à être introduit près d'eux; il a une proposition a leur l'aire : « Que me donnerez-vous, leur dit-il, et je vous le livrerai? » Quelle joie pour ces misérables ! Ils sont docteurs de la loi, et ils ne se souviennent pas du Psaume CVIII°, dans lequel David a prédit toutes les circonstances de cet infâme marché; ni de l'oracle de Jérémie, qui va jusqu'à exprimer le prix de trente pièces d'argent comme la rançon du Juste. Cette même somme, Judas vient la leur demander; ils la lui comptent sur l'heure. Tout est convenu. Demain Jésus sera dans Jérusalem ; il fera la Pâque. Sur le soir, il se rendra, selon son habitude, dans un jardin situé sur le penchant de la montagne des Oliviers. Mais, au milieu des ténèbres de la nuit, comment les gens chargés de l'arrêter le distingueront-ils de ses disciples ? Judas a tout prévu. Les soldats pourront en toute sûreté mettre la main sur celui auquel il aura donné un baiser.

 

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Tel est l'horrible forfait qui s'accomplit aujourd'hui à l'ombre du Temple de Jérusalem. Pour en témoigner son exécration, et pour faire amende honorable au Fils de Dieu si indignement outragé par ce pacte monstrueux, la sainte Eglise, dès les premiers siècles, a consacré le jour du Mercredi à la pénitence. En nos temps encore, la sainte Quarantaine s'ouvre par un Mercredi; et lorsque l'Eglise, quatre fois dans l'année, nous impose les jeûnes qui marquent chaque saison, le Mercredi est l'un des trois jours que nous devons consacrer à la mortification de notre corps.

Aujourd'hui avait lieu, dans l'Eglise Romaine, le sixième Scrutin pour l'admission des catéchumènes au baptême. On recevait, s'ils en étaient dignes, ceux sur lesquels on n'avait pas encore prononcé définitivement. A la Messe, il y avait deux lectures tirées des Prophètes, comme au jour du grand Scrutin, le Mercredi de la quatrième Semaine de Carême. Les catéchumènes sortaient de l'église comme à l'ordinaire, après l'Evangile; mais lorsque le Sacrifice était terminé, ils étaient introduits de nouveau par le Portier, et l'un des Prêtres leur disait ces paroles : « Samedi prochain, veille de la Pâque, à telle heure, vous vous réunirez dans la Basilique de Latran, pour le septième Scrutin; ensuite pour rendre le Symbole que vous devez avoir appris; enfin pour recevoir, par le secours de Dieu, le bain sacré de la régénération. Préparez-vous-y avec zèle et humilité dans les jeûnes et les prières continuelles, afin que, ayant été ensevelis, par ce saint baptême, avec Jésus-Christ, vous ressuscitiez avec lui pour la vie éternelle. Amen. »

A Rome, la Station a lieu aujourd'hui dans la

 

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Basilique de Sainte-Marie-Majeure. Compatissons aux douleurs de notre Mère, dont le cœur éprouve de si cruelles angoisses dans l'attente du sacrifice qui se prépare.

 

A LA MESSE.

 

La sainte Eglise débute dans l'Introït par la glorification du saint Nom de Jésus, si outragé aujourd'hui par les hommes infâmes qui le prononcent avec tant de haine, dans l'odieux complot qu'ils ourdissent contre celui auquel il fut imposé, par ordre du ciel, pour annoncer notre salut. Ce Nom béni signifie Sauveur; nous voici dans les jours où il doit recevoir toute sa signification.

 

INTROÏT.

 

Qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse, au ciel, sur la terre, et dans les enfers ; parce que le Seigneur s'est fait obéissant jusqu'à la mort, et jusqu'à la mort de la Croix ; c'est pour cela que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père.

Ps. Seigneur, exaucez ma prière, et  que  mon cri monte jusqu'à  vous. Qu'au nom de Jésus.

 

Dans la première Collecte, l'Eglise confesse que ses enfants ont péché; mais elle représente au Seigneur la Passion qu'a soufferte pour eux son Fils unique, et elle se laisse aller à l'espérance.

 

PRIONS.

 

V/. Fléchissons les genoux.

R/. Levez-vous.

 

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Faites, s'il vous plaît, Dieu tout-puissant, que, par les mérites de la Passion de votre Fils unique, nous soyons délivrés des maux qui sans cesse nous affligent. à cause de nos péchés ; nous vous en supplions par lui, qui vit et. règne avec vous dans tous les siècles des siècles. Amen.

 

Lecture du Prophète Isaïe. Chap. LXII et LXIII.

 

Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Dites à la fille de Sion : Ton Sauveur vient ; voici sa récompense avec lui. Quel est celui qui vient d'Edom, qui arrive de Bosra avec sa robe teinte , de frais, qui éclate en la beauté de ses vêtements, et qui marche avec une force toute-puissante? C'est moi dont la parole est toute de justice, moi qui viens défendre et sauver. Pourquoi donc votre robe est-elle rouge, et vos vêtements comme les habits de ceux qui foulent le vin dans le pressoir ? J'ai été seul à fouler le vin, nul d'entre les hommes n'a travaillé avec moi. J'ai foulé mes ennemis dans ma fureur ; je les ai broyés dans ma colère; leur sang a jailli sur ma robe, et tous mes vêtements en sont tachés; car c'est le jour de la vengeance qu'appelaient mes désirs ; le temps de racheter les miens est arrivé.  J'ai regardé autour de moi, et personne n'était là pour m'aider ; j'ai cherché : et je n'ai point trouvé de secours ; mon bras seul m'a sauvé, et ma colère a été mon seul auxiliaire. Et j'ai foulé les peuples sous mes pieds dans ma fureur; et je les ai enivrés dans ma colère, et j'ai renversé par terre toute leur force. Je me souviendrai des miséricordes du Seigneur ; je louerai le Seigneur pour tous les biens qu'il nous a faits, lui le Seigneur notre Dieu.

 

 

Qu'il est terrible ce libérateur qui foule ses ennemis sous ses pieds, comme les grappes du pressoir, au point que ses vêtements sont teints de leur sang! Mais n'est-ce pas aujourd'hui qu'il importe de relever et d'exalter la vigueur de son bras, aujourd'hui qu'il est abreuvé d'humiliations, que ses ennemis, par le plus ignoble de tous les marchés, l'ont acheté d'un de ses disciples ? Il ne sera pas toujours dans l'abaissement; il se relèvera bientôt, et la terre apprendra quelle est sa puissance, à la vue des châtiments dont il accablera ceux qui ont osé le fouler aux pieds. Jérusalem s'apprête à lapider ceux qui prêcheront en son nom ; elle sera la plus cruelle des marâtres pour ces vrais Israélites qui, dociles aux enseignements des Prophètes, ont reconnu dans Jésus tous les caractères du Messie. La Synagogue tentera d'étouffer l'Eglise dans son berceau; mais à peine l'Eglise, secouant la poussière de ses pieds contre Jérusalem, se sera tournée vers les nations, que, semblable à une tempête, la vengeance du Christ viendra fondre sur la ville qui l'a  acheté, qui l'a

 

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trahi, qui l'a crucifié. C'est alors que le sang du Juif coulera par torrents, à ce point que, dans une des rues de Jérusalem que dévorait l'incendie, il lutta avec la flamme et l'arrêta Nous savons cet affreux détail par l'historien juif Josèphe, témoin oculaire du désastre de sa patrie. C'est ainsi que le Seigneur se vengera d'un peuple parricide, au jour où s'accompliront les menaces qu'il proférait avant-hier sur la montagne des Oliviers, en vue de la cité ingrate et perfide.

Et cependant la ruine de Jérusalem n'a été que la figure de cette autre ruine à laquelle le monde coupable est destiné, lorsque le divin vengeur que nous entendons contredire et bafouer tous les jours, reparaîtra sur les nuées du ciel pour rétablir son honneur outragé. Présentement il se laisse livrer, conspuer et méconnaître ; mais lorsque « le temps de racheter les siens sera venu, le jour de vengeance qu'appellent les désirs du juste », heureux ceux qui l'auront connu, qui auront compati à ses abaissements et à ses douleurs! Malheur à ceux qui n'auront vu en lui qu'un homme! Malheur à ceux qui, non contents de secouer son joug pour eux-mêmes, lui auront enlevé l'empire sur les autres ! Car il est Roi ; et il est venu en ce monde pour régner, et ceux qui auront repoussé sa clémence ne pourront fuir sa justice.

 

Le Graduel qui suit cette sublime lecture d'Isaïe est un cri de détresse que le Messie fait entendre par la bouche de David.

 

GRADUEL

 

Ne  détournez pas votre visage  de votre serviteur ; l'affliction me presse, hâtez-vous de m'exaucer.

 

V/. O Dieu, sauvez-moi, car un torrent de maux a inondé mon âme ; je suis descendu dans un abîme, et je ne trouve pas le fond.

 

Dans la seconde Collecte, la sainte Eglise rappelle encore au Père céleste le supplice que son Fils a daigné endurer pour nous affranchir du joug de notre ennemi infernal, et demande que nous ayons part à la résurrection glorieuse de ce divin Médiateur.

 

COLLECTE.

 

O Dieu, qui avez voulu que votre Fils souffrit pour nous le supplice de la Croix, afin de nous délivrer de la puissance de l'ennemi ; accordez à vos serviteurs la grâce d'avoir part à sa résurrection. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

Autre Collecte, page 117.

 

ÉPÎTRE.

 

Lecture du Prophète Isaïe. Chap. LIII.

 

En ces jours-là, Isaïe dit : Qui a cru à notre parole ? à qui le Christ, bras du Seigneur, a-t-il été révélé? Il s'élèvera comme un faible arbrisseau devant le Seigneur, comme un rejeton qui sort d'une terre dévorée du soleil : il n'a ni beauté ni éclat ; nous l'avons vu : rien en lui n'attirait les regards: nous l'avons méconnu. Il nous a semblé un objet de mépris, le dernier des hommes, un homme de douleurs, voué à la souffrance. Son visage était comme caché ; il ne paraissait digne que de mépris ; et nous n'avons fait de lui aucun cas. Véritablement il a pris sur lui nos maladies ; il s'est chargé de nos douleurs. Nous l'avons pris pour un lépreux, pour un homme frappé de Dieu et humilié sous ses coups. C'est pour nos iniquités qu'il a été couvert de plaies; pour nos crimes qu'il a été broyé. Le châtiment qui devait nous ménager la paix est tombé sur lui ; et nous avons été guéris par ses meurtrissures. Tous nous nous étions égarés comme des brebis errantes ; chacun s'était détourné pour suivre sa propre voie ; et le Seigneur a mis sur lui l'iniquité de nous tous. Il a été sacrifié parce que lui-même l'a voulu, et il n'a pas ouvert la bouche. Il sera mené à la mort comme une brebis ; il demeurera dans le silence sans ouvrir la bouche, semblable à l'agneau devant celui qui le tond. Il a été enlevé au milieu des douleurs, après avoir été jugé. Qui racontera sa génération ? Il a été retranché de la terre des vivants je l'ai frappé à cause des crimes de mon peuple. Le Seigneur lui donnera des impies pour garder son sépulcre, et un homme riche pour l'ensevelir après sa mort. Car il n'a point commis l'iniquité, et le mensonge n'a jamais été dans sa bouche. Et le Seigneur a voulu le briser dans son infirmité ; mais, parce qu'il a donné sa vie pour l'expiation du péché, il verra sa race durer longtemps , et la volonté de Dieu s'exécutera par son bras. Il verra le fruit de ce que son âme aura souffert, et il en sera rassasié. Mon serviteur est juste, et par l'enseignement de sa doctrine il rendra justes un grand nombre d'hommes, et il prendra  sur lui-même leurs iniquités : c'est pourquoi je lui donnerai pour partage une multitude de disciples ; il vaincra ses puissants ennemis et  distribuera leurs dépouilles, parce qu'il a livré son âme à la mort, été mis au nombre des scélérats, porté les péchés de tous ,  et prié pour les transgresseurs de la loi.

 

 

C'est encore Isaïe que nous entendons dans cette prophétie ; mais ce n'est plus le poète sublime qui chantait tout à l'heure les vengeances de l'Emmanuel. Le fils d'Amos soupire sur le ton de l'élégie les angoisses de l'Homme-Dieu, « du dernier des hommes, de l'homme de douleurs et voué à la souffrance ». C'est bien ici que le plus éloquent des Prophètes mérite d'être appelé le cinquième Evangéliste, comme parlent les Pères. Ne résume-t-il pas par avance le récit de la Passion, en nous montrant le Fils de Dieu «semblable à un lépreux, à un homme frappé de Dieu  et humilié sous ses coups » ? Mais nous, à qui la sainte Eglise lit ces pages inspirées, et qui voyons se réunir l'Ancien et le Nouveau Testament pour nous donner tous les traits delà Victime universelle, comment reconnaîtrons-nous l'amour que Jésus nous témoigne en assumant sur lui seul toutes les vengeances que nous avions méritées?

« Nous avons été guéris par ses meurtrissures. » O médecin céleste, qui prend sur lui les maladies de ceux qu'il veut guérir ! Mais il n'a pas seulement été « meurtri » pour nous ; il a encore été égorgé comme l'agneau à la boucherie. Mais peut-être n'a-t-il fait que se soumettre à l'inflexible justice du Père, a qui a mis sur lui l'iniquité de nous tous » ? Ecoutez le Prophète : « S'il a été sacrifié, c'est parce que lui-même l'a voulu. » Son amour pour nous est égal à sa soumission envers son Père. Voyez comme il se garde de parler devant Pilate, qui pourrait d'un seul mot l'arracher à ses ennemis. « Il demeure dans le silence, sans ouvrir la bouche, semblable à l'agneau devant celui qui le tond. » Adorons ce divin silence qui nous sauve ; recueillons tous ces détails d'un dévouement que l'homme n'eut jamais pour l'homme, et qui ne pouvait se rencontrer que dans le cœur d'un Dieu. Comme il nous aime, nous « sa race », les fils de son sang, le salaire de son sacrifice ! Eglise sainte, postérité de Jésus mourant, tu lui es chère ; il t'a achetée d'un grand prix, et il se complaît en toi. Ames fidèles, rendez-lui amour pour amour; âmes pécheresses, redevenez fidèles, puisez la vie dans son sang, et souvenez-vous que si « nous nous étions tous égarés comme des brebis errantes », le Seigneur « a mis sur lui l'iniquité de nous tous ». Il n'est pas de pécheur si coupable, pas de païen, pas d'infidèle, qui n'ait sa part dans ce sang précieux, dont la vertu infinie est telle qu'elle pourrait racheter des millions de mondes plus criminels encore que le nôtre.

 

Le Trait qui fait suite à cette Lecture est formé de quelques versets du Psaume CI°, dans lequel David exprime les souffrances de la nature humaine dans le Christ, au milieu des délaissements qu'il éprouve.

 

TRAIT.

 

Seigneur,   exaucez  ma prière ; et que mon cri s'élève jusqu'à vous.

 

V/. Ne détournez pas de moi votre face ; en quelque moment que je tombe dans la tribulation, inclinez vers moi votre oreille.

V/. En quelque jour que je vous invoque, hâtez-vous de m'exaucer.

V/. Tous mes jours se sont évanouis comme la fumée, et mes os sont desséchés comme ce qui a passe par le feu.

V/. Je suis semblable à l'herbe que l'on a fauchée ; mon cœur a défailli, parce que j'ai oublié de prendre ma nourriture.

V/. Vous vous lèverez, Seigneur ; vous aurez pitié de Sion; le temps est venu d'avoir compassion d'elle.

 

La sainte Eglise commence ensuite le récit de la Passion selon saint Luc. Cet Evangéliste donne un grand nombre de détails que les deux premiers avaient omis de rapporter ; avec son aide, nous pénétrons toujours plus avant dans le divin mystère des douleurs et du sacrifice de l’Homme-Dieu.

 

La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ selon saint Luc. Chap. XXII.

 

En ce temps-là, la fête des Azymes, que l'on appelle la Pâque, approchait. Et les princes des prêtres et les scribes cherchaient comment ils pourraient faire mourir Jésus ; mais ils craignaient le peuple. Or Satan entra dans Judas, surnommé Iscariote, l'un des douze. Et il alla conférer avec les princes des prêtres et les officiers du Temple, touchant la manière en laquelle il le leur livrerait. Et, pleins de joie, ils convinrent de lui donner de l'argent. Et, s'étant engagé, il cherchait l'occasion de le leur livrer sans tumulte.

 

Vint le jour des Azymes, où il était nécessaire d'immoler la Pâque. Et Jésus envoya Pierre et Jean, disant : Allez, et préparez-nous ce qu'il faut pour manger la Pâque. Et ils lui dirent : Où voulez-vous que nous la préparions? Et il leur répondit : En entrant dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d'eau : suivez-le dans la maison où il entrera. et vous direz au  maître de cette maison : Le Maître vous envoie dire : Où est le lieu où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples? Et il vous montrera une grande salle meublée : préparez-y ce qu'il faut.

 

S'en allant donc, ils trouvèrent tout comme il leur avait dit, et préparèrent la Pâque. Et l'heure étant venue, il se mit à table, et les douze Apôtres avec lui, et il leur dit : J'ai souhaité avec ardeur de manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. Car, je vous le dis, je ne la mangerai plus jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. Et, prenant la coupe, il rendit grâces, et dit : Prenez, et partagez entre vous. Car, je vous le dis, je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu'à ce que vienne le royaume de Dieu. Et ayant pris du pain, il rendit grâces, et le rompit, et le leur donna, disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous : faites ceci en mémoire de moi. Il prit de même la coupe, après le souper, disant : Ce calice est la nouvelle alliance en mon sang, qui sera répandu pour vous. Cependant la main de celui qui me trahit est avec moi à cette table. Pour ce qui est du Fils de l'homme, il s'en va, selon ce qui a été déterminé ; mais malheur à cet homme par qui il sera trahi! Et ils commencèrent à s'entre-demander qui était celui d'entre eux qui ferait cela.

Il s'éleva aussi parmi eux une contestation : lequel d'entre eux devait être estimé le plus grand? Mais il leur dit : Les rois des nations dominent sur elles, et ceux qui ont puissance sur elles sont appelés bienfaisants. Entre vous, il n'en est pas ainsi ; mais que celui de vous qui est le plus grand soit comme le moindre, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Car quel est le plus grand, celui qui est assis à table, ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Or, moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. C'est vous qui êtes demeurés constamment avec moi durant mes épreuves : et moi, je vous prépare le royaume, comme mon Père me l'a préparé ; afin que vous mangiez et buviez à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël. Le Seigneur dit ensuite: Simon, Simon, voilà que Satan vous a demandés pour vous cribler comme le froment ; mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ; et toi, quand tu seras converti, confirme  tes frères.

Pierre lui dit : Seigneur, je suis prêt à aller avec vous en prison et à la mort. Jésus lui répondit : Je te le dis, Pierre, le coq aujourd'hui ne chantera point que, par trois fois, tu n'aies nié me connaître. Et il leur dit : Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans sac et sans souliers, quelque chose vous a-t-il manqué ? Ils répondirent : Rien. Et il ajouta : Mais maintenant, que celui qui a une bourse la prenne, et un sac pareillement ; et que celui qui n'en a point vende sa tunique et achète une épée. Car je tous le dis, il faut que ceci encore qui a été écrit s'accomplisse en moi : Il a été mis au rang des malfaiteurs: et toutes les choses qui ont été prédites de moi touchent à leur fin. Ils lui dirent : Seigneur, voici deux épées. Il répondit : C'est assez.

Et étant sorti, il s'en alla, suivant sa coutume, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Et arrivé en ce lieu, il leur dit : Priez, afin de ne point entrer en tentation. Et il s'éloigna Jeux à la distance d'un jet de pierre ; et s'étant mis à genoux, il priait disant : Père, si vous le voulez, éloignez de moi ce calice : cependant que votre volonté se fasse, et non pas la mienne. Alors un Ange du ciel lui apparut, qui le fortifiait. Et, étant  tombé en agonie, il redoublait sa prière. Et il lui vint une sueur, comme de gouttes de sang, qui tombaient à terre. Et, s'étant levé après sa prière, il vint à ses disciples et les trouva endormis par l'effet de leur tristesse. Et il leur dit : Pourquoi dormez-vous? levez-vous, priez, afin de ne point entrer en tentation.

Il parlait encore, quand parut  une troupe de gens, et à la tête marchait Judas, l'un  des douze ;  et il s'approcha  de Jésus pour le baiser. Et Jésus lui dit : Judas, tu trahis donc le Fils de l'homme par un baiser? Ceux qui étaient autour de lui.  voyant  ce qui allait arriver, lui dirent: Seigneur, frapperons-nous de  l’épée ? Et  l'un d'eux  frappa un serviteur du grand-prêtre, et lui coupa l'oreille droite. Mais Jésus dit : Demeurez-en  là.   Et avant touché l'oreille de cet homme, il le guérit. Puis Jésus dit à ceux qui étaient venus vers lui, aux princes des prêtres et aux anciens  :  Vous êtes venus avec des épées et des bâtons, comme à un voleur: j'étais tous les jours avec vous dans le Temple, et vous n'avez pas mis la main sur moi. Mais c'est maintenant votre  heure, et la puissance des ténèbres.

S'emparant donc de lui, ils l'amenèrent à la maison du  grand-prêtre: et Pierre le suivait de loin. Ayant allumé du feu au milieu de la cour, ils s'assirent autour, et Pierre se mêla à eux. Une servante qui le vit assis devant le feu, l'ayant regardé, dit : Celui-ci était aussi avec cet homme. Mais il le nia, disant:  Femme, je ne le connais point. Et peu après, un autre le voyant, dit : Tu es aussi de ceux-là. Et Pierre dit : Mon ami, je n'en suis point. Et environ une heure après, un autre affirmait la même chose, disant : Certainement celui-ci était avec lui; car il est aussi de Galilée. Et Pierre dit: Mon ami, je ne sais ce que tu dis. Et aussitôt, comme il parlait encore, le coq chanta. Et le Seigneur, se retournant, regarda Pierre. Et Pierre se ressouvint de la parole que le Seigneur lui  avait  dite : Avant que le coq chante, tu me renieras trois  fois. Et Pierre,  étant sorti,  pleura amèrement.

Et ceux qui tenaient Jésus le raillaient et le frappaient. Et ils voilèrent sa face, et ils la frappaient, et ils l'interrogeaient, disant : Prophétise qui est celui qui t'a frappé. Et ils proféraient contre lui beaucoup d'autres outrages. Et lorsque le jour se fit, les anciens du peuple, et les princes des prêtres, et les scribes s'assemblèrent ; et l'ayant fait amener devant eux, ils lui dirent: Si vous êtes le Christ, dites-le-nous. Il leur répondit : Si je vous le dis, vous ne me croirez point. Et si je vous interroge, vous ne me répondrez point, ni ne me laisserez aller. Mais désormais le Fils de l'homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu. Alors tous dirent : Vous êtes donc le Fils de Dieu? Il répondit: Vous le dites, je le suis. Et ils dirent: Qu'avons-nous besoin d'autre témoignage? Nous l'avons nous-mêmes entendu de sa bouche.

Et toute l'assemblée s'étant levée, ils le menèrent à Pilate. Et ils commencèrent à l'accuser,  disant : Nous avons trouvé cet  homme pervertissant  la nation, et défendant de payer le tribut à  César, et se disant le Christ-Roi. Pilate l'interrogea  donc,  disant : Etes-vous le Roides Juifs ? Jésus répondit : Vous le dites. Et Pilate dit aux princes des prêtres et à la foule : Je ne trouve rien de criminel en cet homme. Mais eux insistaient, disant : Il soulève le peuple, enseignant depuis la Galilée où il a commencé, jusqu'ici. Pilate, entendant parler de la Galilée, demanda si cet homme était Galiléen. Et dès qu'il sut qu'il était de la juridiction d'Hérode, il le renvoya à Hérode, qui était aussi à Jérusalem en ces jours-là. Hérode, voyant Jésus, en eut grande joie ; car, depuis longtemps, il désirait le voir, ayant entendu dire beaucoup de choses de lui, et espérant le voir opérer quelque prodige. Il lui fit donc plusieurs questions; mais Jésus ne répondit rien. Or les princes des prêtres et les scribes là présents l'accusaient avec insistance. Mais Hérode et sa cour le méprisèrent; et l'ayant par moquerie revêtu d'une robe blanche, il le renvoya à Pilate. Et de ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent amis, d'ennemis qu'ils étaient auparavant. Or Pilate, ayant convoqué les princes des prêtres, et les magistrats, et le peuple, leur dit: Vous m'avez présenté cet homme comme soulevant le peuple; et voilà que, l'interrogeant devant vous, je n'ai rien trouvé en lui de ce dont vous l'accusez, ni Hérode non plus ; car je vous ai renvoyés à lui; et on ne l'a convaincu de rien qui mérite la mort. Je le renverrai donc, après l'avoir fait châtier.

Il fallait, en effet, que le jour de la fête il leur remit un prisonnier. Mais la foule entière cria : faites mourir celui-ci, et remettez-nous Barabbas. C'était un homme mis en prison à cause d'une sédition qui s'était faite dans la ville, et d'un meurtre. Pilate, désirant renvoyer Jésus, leur parla de nouveau. Mais ils redoublaient leurs cris, disant: Crucifiez-le, crucifiez-le. Et une troisième lois il leur dit : Qu'a-t-il fait de mal ? Je ne trouve rien en lui qui mérite la mort. Je le châtierai donc, et je le renverrai. Mais ils insistaient avec de grands cris pour qu'il fut crucifié; et leurs clameurs redoublaient. Pilate ordonna que leur demande leur fût accordée. Il leur livra donc celui qu'ils demandaient, cet homme qui avait été mis en prison pour cause de sédition et de meurtre, et abandonna Jésus à leur volonté.

Et comme ils l'emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et le forcèrent de porter la croix derrière Jésus. Or il était suivi d'une grande foule de peuple, et de femmes qui pleuraient sur lui, et se lamentaient. Et Jésus, se tournant vers elles, dit : Filles de Jérusalem, ne pleurez point sur moi ; mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants : car voici que viendront des jours où l'on dira : Heureuses les stériles, et les entrailles qui n'ont point porté, et les mamelles qui n'ont point allaité! Alors ils commenceront à dire aux montagnes : Tombez sur nous; et aux collines : Couvrez-nous. Car si on traite ainsi le bois vert, comment sera traité le bois sec ? On conduisait avec lui deux malfaiteurs, pour les faire mourir.

Et, arrivés au lieu nommé Calvaire, ils le crucifièrent, et les deux voleurs aussi, l'un à sa droite, et l'autre à sa gauche. Et Jésus disait : Mon Père, pardonnez-leur ; car ils ne savent ce qu'ils font. Partageant ensuite ses vêtements, ils les tirèrent au sort. Cependant le peuple qui regardait, et les magistrats, aussi bien que le peuple, le raillaient en disant : il a sauvé les autres ; qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ élu de Dieu. Les soldats aussi, s'approchant et lui présentant du vinaigre, l’insultaient, disant : Si tu es le Roi des Juifs, sauve-toi. Il v avait aussi au-dessus de sa tête une inscription en grec, en latin et en hébreu, où il était écrit : Celui-ci est le Roi des Juifs.

Un des voleurs suspendus en croix le blasphémait, disant : Si tu es le Christ, sauve-toi et nous aussi. Mais l'autre le reprenait, disant : No crains-tu point Dieu, toi non plus qui subis la même condamnation ? Pour nous c'est justice ; car nous recevons ce que nos actions méritent ; mais celui-ci n'a rien fait de mal. Et il disait à Jésus : Seigneur, souvenez-vous de moi, quand vous serez entré dans votre royaume. Et Jésus lui dit : En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis.

Il était environ la sixième heure ; et les ténèbres couvrirent toute la terre jusqu'à la neuvième heure. Et le soleil s'obscurcit, et le voile du Temple se déchira par le milieu. Et jetant un grand cri, Jésus dit : Seigneur, je remets mon esprit entre vos mains. Et disant cela, il expira.

 

 

Ici l’on fait une pause comme au Dimanche des Rameaux. Toute l'assistance se met à genoux ; et, selon l'usage des lieux, on se prosterne et l'on baise humblement la terre.

 

Le centurion, voyant ce qui était arrivé, glorifia Dieu, disant : Certainement cet homme était juste. Et ceux qui assistaient en foule à ce spectacle et qui virent ce qui se passait, s'en  retournèrent frappant leur poitrine. Ceux de la connaissance de Jésus, et les femmes qui l'avaient suivi de Galilée, étaient là aussi, et regardaient de loin ce qui se passait.

 

Ici le Diacre fait bénir l'encens par le Prêtre, et après avoir reçu lui-même la bénédiction, il termine le récit de la Passion, en observant les rites accoutumés pour le chant de l'Evangile à la Messe solennelle.

 

Un décurion nommé Joseph, homme bon et juste, qui n'avait point consenti à leur dessein et à leurs actes, et qui était d'Arimathie, ville de Judée, et attendait, lui aussi, le royaume de Dieu, alla trouver Pilate, et lui demanda le corps de Jésus. Et l'avant descendu de la croix, il l'enveloppa d'un linceul, et le mit dans un sépulcre taille dans le roc, ou personne n'avait encore été mis.

 

 

C'est encore la voix suppliante du Christ que l'on entend, à l'Offertoire, implorer le secours divin, et demander au Père céleste qu'il daigne ne pas détourner son visage de son propre Fils, qui est en proie à toutes les douleurs du corps et de l’âme.

 

OFFERTOIRE.

 

Seigneur, exaucez ma prière, et que mon cri s'élève jusqu'à vous ; ne détournez pas de moi votre visage.

 

 

Dans la Secrète, l'Eglise demande que nous ayons un sincère amour pour le divin Mystère dans lequel la Passion du Sauveur est retracée chaque jour.

 

SECRÈTE.

 

Daignez recevoir, Seigneur, le don qui vous est offert, et faites par votre bonté que nous méritions de participer, avec un tendre amour, à l'œuvre par laquelle nous renouvelons le Mystère de la Passion de votre Fils notre Seigneur. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

Autre Secrète, page 125.

 

Pour Antienne de la Communion, l'Eglise prend encore quelques versets de ce même Psaume cie, qu'elle a employé au Trait et à l'Offertoire.

 

COMMUNION.

 

Je mêlais mes larmes à mon breuvage, parce que, après m'avoir élevé, vous m'avez brisé ; et j'ai séché comme l'herbe. Pour vous, Seigneur, vous demeurez à jamais; mais vous vous lèverez enfin pour secourir Sion ; car le temps est venu d'avoir pitié d'elle.

 

 

La mort du Fils de Dieu pour nous doit nous être sans cesse un motif de confiance en la divine miséricorde. Cette confiance est un des premiers éléments de notre salut. La sainte Eglise la demande pour nous dans la Postcommunion.

 

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POSTCOMMINION.

 

Par la mort temporelle de votre Fils que ces augustes Mystères nous retracent, faites concevoir à nos âmes, Dieu tout-puissant, la confiance d'obtenir un jour la vie éternelle. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

Autre Postcommunion, page 126.

 

PRIONS.

 

Humiliez vos têtes devant Dieu,

 

Daignez, Seigneur, jeter un regard sur votre famille ici présente, pour laquelle notre Seigneur Jésus-Christ a bien voulu être livré aux mains des méchants, et souffrir le supplice de la Croix ; Lui qui, étant Dieu, vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Amen.

 

L’OFFICE DES TÉNÈBRES.

 

Aujourd’hui et les deux jours suivants, l'Eglise anticipe à la veille l'Office de nuit du lendemain, afin de donner au peuple chrétien une plus grande facilité d'y prendre part. Les Matines et Laudes du Jeudi saint seront donc célébrées aujourd'hui dans les heures de l'après-midi. Les

 

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fidèles doivent s'empresser d'assister à ce solennel office, autant que leurs occupations le leur permettent, puisque c'est pour eux-mêmes que l'Eglise en intervertit les heures. Quant au mérite de cette pieuse assistance, on ne saurait douter qu'il ne surpasse celui de toute pratique de dévotion privée. Le plus sûr moyen d'arriver au cœur de Dieu sera toujours d'employer l'intermédiaire de son Eglise; et quant aux saintes impressions qui peuvent nous aider à pénétrer dans les mystères de ces trois grandes journées, celles que l’on puise dans les divins Offices sont, pour l'ordinaire, plus fortes et plus sûres que celles que l'on chercherait dans les livres humains. Nourrie de la méditation des paroles et des rites de la sainte Liturgie, l'âme chrétienne profitera doublement des exercices et des lectures auxquels elle ne manquera pas de se livrer en son particulier. La prière de l'Eglise sera donc la base sur laquelle s'élèvera tout l'édifice de la piété chrétienne, en ces sublimes anniversaires : par là nous imiterons nos pères qui, dans les siècles de foi, furent si profondément chrétiens, parce qu'ils vivaient de la vie de l'Eglise par la sainte Liturgie.

On trouvera l'Office des Ténèbres pour aujourd'hui ci-après, au Jeudi saint, à l'Office de la nuit, page 333.

 

Pour terminer cette journée, nous empruntons à l'Eglise Grecque les strophes suivantes, qui se rapportent aux mystères du Mercredi saint.

 

(In Parasceve.)

 

Aujourd'hui Judas a quitté son Maître  pour  se faire le disciple du diable ;  la passion de l'argent l'a aveuglé ; ébloui par la lumière, il est tombe. Peut-on dire qu'il avait encore l'usage de la vue, celui qui a vendu pour trente pièces d'argent la Lumière du monde ? Mais celui qui a souffert pour le monde s'est levé sur nous comme un soleil. Crions vers lui et disons : Vous qui avez eu compassion des hommes, et avez souffert pour eux, gloire à vous !

 

Qui t'a porté, Judas, à trahir le Sauveur? T'a-t-il retranché du collège des Apôtres? T'a-t-il privé du don de guérir les maladies . Dans la cène qu'il faisait avec les autres, t'a-t-il chassé de la table? Quand il a lavé les pieds des autres, a-t-il négligé les tiens ? Que de bienfaits envers toi ! et tu les as tous oubliés. Ton ingrat complot t'a rendu infâme. Son incomparable patience, son immense miséricorde sont connues de tous.

Hommes injustes, dites, qu'avez-vous entendu de la bouche de notre Sauveur? N'a-t-il pas exposé la Loi et les enseignements des Prophètes ? Pourquoi donc ce Verbe, qui est de Dieu et qui vient racheter nos âmes,voulez-vous le livrer à Pilate?

 

Ceux-là mêmes, ô Christ, qui avaient été comblés de vos continuelles faveurs, criaient : Qu'il soit crucifié ! Ces meurtriers des justes demandaient que celui qui avait fait le bien fût traité comme un malfaiteur : mais vous gardiez le silence, et vous supportiez leur méchanceté ; vous vouliez souffrir et nous sauver, ô ami des hommes.

 

Nos péchés nombreux nous enlèvent la hardiesse de parler; nais vous,Vierge Mère de Dieu, suppliez pour nous celui qui est né de vous. La prière d'une mère a un grand pouvoir sur la clémence du Seigneur. Ne méprisez pas l'humble demande des pécheurs, ô très chaste ! car il est miséricordieux et puissant pour sauver, celui qui est allé jusqu'à souffrir pour nous.

 

Nous ajouterons cette belle Préface du Missel Ambrosien, qui exprime d'une manière si touchante les sentiments que doit éprouver le chrétien en cette veille de la Cène du Seigneur.

 

PRÉFACE.

 

Il est digne et juste, équitable et salutaire, que nous vous rendions grâces, sans cesse, ici et en tout lieu, Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, par Jésus-Christ notre Seigneur qui a daigné  souffrir, quoique innocent, pour les impies, et être injustement condamné pour les coupables. C'est sa mort qui a effacé nos péchés, et sa résurrection qui nous a ouvert les portes du Paradis. C'est en son nom que nous supplions votre miséricorde de nous purifier aujourd'hui de la tache de nos péchés, et demain de nous rassasier du mets sacré de l'auguste Cène. Acceptez aujourd'hui la confession de nos fautes: demain accordez-nous l'accroissement des dons spirituels. Aujourd'hui vous recevez le sacrifice de nos jeûnes : demain introduisez-nous dans la salle du divin festin. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen

 

 

 

 

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