DIMANCHE DES RAMEAUX

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DIMANCHE DES RAMEAUX
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LE DIMANCHE DES RAMEAUX.

 

 

Hodie si vocem Domini audieritis, nolite obdurare corda vestra.

 

 

Aujourd’hui, si vous entendez la voix du Seigneur, n'endurcissez pas vos cœurs.

 

 

Dès le matin de cette journée, Jésus laissant à Béthanie Marie sa mère, les deux sœurs Marthe et Marie-Madeleine avec Lazare, se dirige vers Jérusalem, dans la compagnie de ses disciples. La mère des douleurs frémit en voyant son fils se rapprocher ainsi de ses ennemis, qui ne songent qu'à répandre son sang; cependant ce n'est pas la mort que Jésus va chercher aujourd'hui à Jérusalem : c'est le triomphe. Il faut que le Messie, avant d'être attaché à la croix, ait été proclamé Roi dans Jérusalem par le peuple; qu'en face des aigles romaines, sous les yeux des Pontifes et des Pharisiens muets de rage et de stupeur, la voix des enfants, se mêlant aux acclamations de la cite, fasse retentir la louange au Fils de David.

Le prophète Zacharie avait prédit cette ovation préparée de toute éternité pour le Fils de l'homme, à la veille de ses humiliations : « Tressaille d'allégresse, fille de Sion, avait-il dit; livre-toi aux transports de la joie, fille de Jérusalem: voici ton Roi qui vient vers toi ; il est le Juste et le Sauveur. Il est pauvre, et il s'avance monté sur l'ânesse et sur le petit de l'ânesse (1). » Jésus, voyant que l'heure de l'accomplissement de cet oracle était venue, détache deux de ses disciples. et leur ordonne de lui amener une ânesse et un ânon qu'ils trouveront à quelque distance. Le Sauveur était déjà arrivé à Bethphagé, sur le mont des Oliviers. Les deux disciples s'empressent de remplir la commission de leur maître ; et bientôt l'ânesse et l'ânon sont amenés aux pieds du Sauveur.

Les saints Pères nous ont donné la clef du mystère de ces deux animaux. L'ânesse figure le peuple juif qui, dès longtemps, avait été placé sous le joug de la Loi; « l'ânon sur lequel, dit l'Evangile, aucun homme n'était encore monté (2) », représente la gentilité, que nul n'avait domptée jusqu'alors. Le sort de ces deux peuples se décidera d'ici à quelques jours. Pour avoir repoussé le Messie, le peuple juif sera délaissé ; en sa place Dieu adoptera les nations qui, de sauvages qu'elles étaient, deviendront dociles et fidèles.

Les disciples étendent leurs vêtements sur l'ânon ; alors Jésus, pour accomplir la figure prophétique, monte sur cet animal (3), et se prépare à faire ainsi son entrée dans la ville. En même temps le bruit se répand dans Jérusalem que Jésus approche. Par un mouvement de l'Esprit divin, la multitude de Juifs qui s'était réunie de toutes parts dans la cité sainte pour y célébrer la fête de Pâques, sort à sa rencontre, portant des palmes et faisant retentir l'air d'acclamations. Le cortège qui accompagnait Jésus depuis Béthanie se confond avec cette foule que l'enthousiasme

 

1. Zachar. IX 9.

2. Marc, XI, 2.

3.  lbid. XI, 7.

 

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transporte; les uns étendent leurs vêtements sur la terre qu'il doit fouler, d'autres jettent des branches de palmier sur son passage. Le cri d'Hosannah retentit; et la grande nouvelle dans la cite, c'est que Jésus, fils de David, vient d'y faire son entrée comme Roi.

C'est ainsi que Dieu, dans sa puissance sur les cœurs, ménagea un triomphe à son Fils au sein même de cette ville qui devait,  si peu de temps après, demandera grands cris le sang de ce divin Messie. Cette  journée fut un moment  de gloire pour Jésus, et  la sainte  Eglise,  comme nous l’allons voir tout à l'heure, veut  que nous renouvelions chaque année la mémoire de ce triomphe de l'Homme-Dieu. Dans les temps de la naissance de l'Emmanuel, nous vîmes les Mages arriver du fond de l'Orient, cherchant et demandant à Jérusalem le Roi des  Juifs,  afin de lui  rendre leurs hommages et de lui offrir leurs présents ; aujourd'hui  c'est Jérusalem  elle-même qui  se levé comme  un seul homme pour aller au-devant de lui. Ces deux faits se  rapportent au même but; ils sont  une  reconnaissance de la  royauté de Jésus-Christ : le premier de la  part des Gentils, le second de la part des Juifs. Il fallait que le Fils de Dieu, avant de souffrir sa Passion, eût recueilli l'un et l'autre hommage. L'inscription que bientôt Pilate placera au-dessus de la tête du Rédempteur: Jésus de Nazareth, Roi des Juifs, exprimera l'indispensable caractère du Messie. En vain les ennemis de Jésus feront tous leurs efforts pour faire changer les termes de cet écriteau : ils n'y réussiront pas. « Ce que j'ai écrit est écrit », répondra le gouverneur romain, dont la main païenne et lâche a déclaré, sans le savoir, l'accomplissement des Prophéties  Israël aujourd'hui proclame Jésus son Roi; Israël bientôt sera dispersé, en punition de sa révolte contre le fils de David ; mais Jésus, qu'il a proclamé, demeure Roi à jamais.  Ainsi s'accomplissait à la lettre l'oracle de  l'Ange parlant à Marie, et  lui annonçant les grandeurs  du fils qui devait naître d'elle : « Le Seigneur lui donnera le trône de David son aïeul, et il régnera sur la maison de Jacob à jamais (1) ». Jésus commence aujourd'hui son règne sur la terre ; et si le premier Israël ne doit pas tardera se soustraire à son sceptre, un nouvel Israël, issu de la portion fidèle  de l'ancien, va s'élever, formé de tous les peuples de la terre, et offrir au Christ un  empire plus vaste que jamais conquérant ne l'a ambitionné.

Tel est, au milieu du  deuil de  la Semaine des douleurs, le glorieux mystère de ce jour. La sainte Eglise veut que nos cœurs se soulagent par  un moment d'allégresse, et que Jésus aujourd'hui soit salué par  nous comme notre Roi.  Elle a  donc dispose le service divin de cette journée de manière à exprimer à la fois la joie et la tristesse : la joie, en s'unissant aux acclamations  dont retentit  la cité de David;  la tristesse, en reprenant bientôt le cours de ses gémissements sur les douleurs de son Epoux divin. Toute la fonction est partagée comme en trois actes distincts, dont nous allons successivement expliquer les mystères et  les intentions.

La bénédiction des Palmes, ou des Rameaux, comme nous disons en France, est le premier rite qui s'accomplit sous nos yeux ; et l'on peut juger de son importance par la solennité que l'Eglise y déploie. On dirait d'abord que le Sacrifice va s'offrir, sans autre intention que de célébrer l'anniversaire de rentrée de Jésus à Jérusalem. Introït, Collecte, Epître, Graduel, Evangile, Préface même, se succèdent comme pour préparer l'immolation de l'Agneau sans tache ; mais après le Trisagion : Sanctus! Sanctus ! Sanctus! l'Eglise suspend ces solennelles formules, et son ministre procède à la sanctification de ces mystiques rameaux qui sont devant lui. Les prières employées à leur bénédiction sont éloquentes et remplies d'enseignements. Ces branches d'arbres, objet de la première partie de la fonction, reçoivent par ces oraisons, accompagnées de l'encens et de l'aspersion de l'eau sainte, une vertu qui les élève à l'ordre surnaturel, et les rend propres à aider à la sanctification de nos âmes, et à la protection de nos corps et de dos demeures. Les fidèles doivent tenir respectueusement ces rameaux dans leurs mains durant la procession, et à la Messe durant le chant de la Passion, et les placer avec honneur dans leurs maisons, comme un signe de leur foi, et une espérance dans le secours divin.

Il n'est pas besoin d'expliquer au lecteur que les palmes et les branches d'olivier, qui reçoivent en ce moment la bénédiction de l'Eglise, sont portées en mémoire de celles dont le peuple de Jérusalem honora la marche triomphale du Sauveur; mais il est à propos de dire quelques mots sur l'antiquité de cette coutume. Elle commença de bonne heure en Orient, et probablement, dès la paix de l'Eglise, à Jérusalem. Déjà au IV° siècle, saint Cyrille, Évêque de cette ville, atteste que le palmier qui avait fourni ses branches au peuple qui vint au-devant du Christ, existait encore dans la vallée de Cédron (1); rien n'était plus naturel que

 

1. Cateches. X.

 

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d'en tirer  occasion  pour instituer  une commémoration  anniversaire de  ce  grand événement. Au siècle suivant, on voit cette cérémonie établie, non plus seulement dans les Eglises de l'Orient, mais jusque dans les monastères dont les solitudes de l'Egypte et de la Syrie étaient peuplées. A l'entrée du Carême, beaucoup de saints moines obtenaient de leur abbé la permission de s'enfoncer dans le désert, afin d'y passer ce temps dans une profonde retraite; mais ils devaient rentrer au monastère pour le Dimanche des Palmes, comme nous l'apprenons de la Vie de saint  Euthymius. écrite par son disciple Cyrille (1). En Occident, ce rite ne s'établit pas aussi promptement; la première trace que l'on en trouve est dans le Sacramentaire de saint Grégoire : ce qui donne la fin du VI° siècle, ou le commencement du vue. A mesure  que la foi pénétrait dans le Nord, il n'était même plus possible de solenniser cette cérémonie dans toute son intégrité, le palmier et l'olivier  ne croissant pas dans nos climats. On fut obligé de les remplacer par des branches d'autres arbres; mais l'Eglise ne permet pas de rien changer aux oraisons prescrites pour  la bénédiction de ces  humbles rameaux, parce que les mystères qui sont exposés dans ces belles prières sont fondés sur l'olivier et la palme du récit évangélique, figurés par nos branches de buis ou de laurier.

Le second rite de cette journée est la Procession célèbre qui fait suite à la bénédiction solennelle des Rameaux. Elle a pour objet de représenter la marche du Sauveur vers Jérusalem et son entrée dans cette ville ; et c'est afin que rien ne manque à l'imitation du fait raconté dans le saint Evangile.

 

1. Act. SS. XX Januarii.

 

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que les rameaux qui viennent d'être bénits sont portés par tous ceux qui prennent part à cette Procession. Chez les Juifs, tenir en main des branches d'arbres était un signe d'allégresse ; et la loi divine sanctionnait pour eux cet usage. Dieu avait dit au livre du Lévitique, en établissant la fête des Tabernacles : « Le premier jour de la fête, vous tiendrez dans vos mains des fruits pris sur les plus beaux arbres; vous porterez des rameaux de palmier, des branches avec leur feuillage, vous en détacherez des saules du torrent, et vous vous livrerez à la joie, en présence du Seigneur votre Dieu (1). » C'est donc dans l'intention de témoigner leur enthousiasme pour l'arrivée de Jésus dans leurs murs que les habitants de Jérusalem, et jusqu'aux enfants, eurent recours à cette joyeuse démonstration. Nous aussi allons au-devant de notre Roi, et chantons Hosannah à ce vainqueur de la mort, à ce libérateur de son peuple.

Au moyen âge, en beaucoup d'églises, on portait avec pompe, à cette Procession, le livre des saints Evangiles qui représentait Jésus-Christ dont il contient les paroles. A un lieu marqué et préparé pour une station, la Procession s'arrêtait : le diacre ouvrait alors le livre sacré, et chantait le passage où l'entrée de Jésus dans Jérusalem est racontée. On découvrait ensuite la croix, qui jusqu'alors était demeurée voilée ; tout le clergé venait solennellement lui rendre ses adorations, et chacun déposait à ses pieds un fragment du rameau qu'il tenait à la main. La Procession repartait ensuite précédée de la croix, qui demeurait alors sans voile, jusqu'à ce que le cortège fût rentré à l'église.

 

1. Levit. XXIII, 40.

 

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En Angleterre et en Normandie, dès le XI° siècle, on pratiquait un rite qui représentait plus vivement encore la scène qui eut lieu, en ce jour, à Jérusalem. La sainte Eucharistie était portée en triomphe à la Procession. L'hérésie de Bérenger contre la présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie venait d'éclater à cette époque; et ce triomphe de l'Hostie sacrée était un prélude lointain à l'institution de la Fête et de la Procession du très saint Sacrement.

Un usage touchant avait lieu aussi à Jérusalem, dans la Procession des Palmes, toujours dans la même intention de renouveler la scène évangélique qui se rapporte à ce jour. Toute la communauté des Franciscains qui veille à la garde des saints lieux se rendait dès le matin à Bethphagé. Là le Père Gardien de Terre Sainte, en habits pontificaux, montait sur un ânon qu'on avait couvert de vêtements; et accompagné des religieux et des catholiques de Jérusalem, tous portant des palmes, il faisait son entrée dans la ville et descendait à la porte de l'Eglise du Saint-Sépulcre, où la Messe était célébrée avec la plus grande solennité. Depuis deux siècles environ, les autorités turques de Jérusalem ont interdit cette belle cérémonie, qui remontait aux temps du royaume latin de Jérusalem.

Nous avons réuni ici, selon notre usage, les différents faits qui peuvent servir à élever la pensée des fidèles aux divers mystères de la Liturgie; ces manifestations de la foi les aideront à comprendre que, dans la Procession des Palmes, l'Eglise veut qu'ils honorent Jésus-Christ comme présent au triomphe qu'elle lui décerne aujourd'hui. Cherchons donc par l'amour « cet humble et doux Sauveur qui vient visiter la fille de Sion », comme

 

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parle le Prophète. Il est là au milieu de nous; c'est à lui que s'adresse l'hommage de nos palmes ; joignons-y celui de nos cœurs. Il se présente pour être notre Roi ; accueillons-le, et disons à notre tour : Hosannah au fils de David !

La fin de la Procession est marquée par une cérémonie empreinte du plus haut et du plus profond symbolisme. Au moment de rentrer dans l'église, le pieux cortège en trouve les portes fermées. La marche triomphale est arrêtée ; mais les chants d'allégresse ne sont pas suspendus. Une hymne spéciale au Christ-Roi retentit dans les airs avec son joyeux refrain, jusqu'à ce qu'enfin le sous-diacre ayant frappé la porte avec le bâton de la croix, cette porte s'ouvre, et la foule, précédée du clergé, rentre dans l'église en célébrant celui qui seul est la Résurrection et la Vie.

Cette scène mystérieuse a pour but de retracer l'entrée du Sauveur dans une autre Jérusalem, dont celle de la terre n'était que la figure. Cette Jérusalem est la patrie céleste dont Jésus nous a procuré l'entrée. Le péché du premier homme en avait fermé les portes ; mais Jésus, le Roi de gloire, les a rouvertes par la vertu de sa Croix, a laquelle elles n'ont pu résister. Continuons donc de suivre les pas du fils de David ; car il est aussi le Fils de Dieu, et il nous convie à venir prendre part à son royaume. C'est ainsi que la sainte Eglise, dans la Procession des Palmes, qui n'est d'abord que la commémoration de l'événement accompli en ce jour, élève notre pensée jusqu'au glorieux mystère de l'Ascension, par lequel se termine au ciel la mission du Fils de Dieu sur la terre. Mais, hélas ! les jours qui séparent l'un de l'autre ces deux triomphes du Rédempteur ne sont pas tous des jour? d'allégresse, et la Procession ne sera

 

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pas plutôt terminée, que la sainte Eglise, qui a soulevé un moment le poids de ses tristesses, n'aura plus à faire entendre que des gémissements.

La troisième partie de la fonction de ce jour est l'offrande du saint Sacrifice. Tous les chants qui l'accompagnent sont empreints de désolation; et pour mettre le comble au deuil qui signale désormais le reste de cette journée, le récit de la Passion du Rédempteur va être lu par avance dans l'assemblée des fidèles Depuis cinq à six siècles. l'Eglise a adopté un récitatif particulier pour cette narration du saint Evangile, qui devient ainsi un véritable drame. On entend d'abord l'historien qui raconte les faits sur un mode grave et pathétique; les paroles de Jésus ont un accent noble et doux, qui contraste d'une manière saisissante avec le ton élevé des autres interlocuteurs, et avec les clameurs de la populace juive. Durant le chant de la Passion, tous les assistants doivent tenir leur rameau à la main, afin de protester par cet emblème de triomphe contre les humiliations dont le Rédempteur est l'objet de la part de ses ennemis. C'est au moment où, dans son amour pour nous, il se laisse fouler sous les pieds des pécheurs, que nous devons le proclamer plus haut notre Dieu et notre souverain Roi.

Tels sont les rites généraux de cette grande journée; nous insérerons dans le cours des prières et des lectures sacrées, selon notre coutume, les détails qui seront nécessaires pour en compléter l'intelligence.

Ce Dimanche, outre son nom liturgique et populaire de Dimanche des Rameaux, ou des Palmes, est appelé aussi Dimanche d’Hosannah, à cause du cri de triomphe dont les Juifs saluèrent l'arrivée de

 

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Jésus. Nos pères l'ont nommé longtemps Dimanche de Pâque fleurie, parce que la Pâque, qui n'est plus qu'à huit jours d'intervalle, est aujourd'hui comme en floraison, et que les fidèles peuvent remplir dès maintenant le devoir de la communion annuelle. C est en souvenir de cette appellation, que les Espagnols ayant découvert, le Dimanche des Rameaux de l'an 1513, la vaste contrée qui avoisine le Mexique, lui donnèrent le nom de Floride. On trouve ce Dimanche appelé aussi Capitilavium, c'est-à-dire lave-tête, parce que, dans les siècles de la moyenne antiquité, où l'on renvoyait au Samedi-Saint le baptême des enfants nés dans les mois précédents, et qui pouvaient attendre cette époque sans danger, les parents lavaient aujourd'hui la tête de ces enfants, afin que le samedi suivant on pût avec décence y faire l'onction du Saint-Chrême. A une époque plus reculée, ce Dimanche, dans certaines Eglises, était nommé la Pâque des Compétents. On appelait Compétents les catéchumènes admis au baptême. Ils se rassemblaient en ce jour à l'église, et on leur faisait une explication particulière du Symbole qu'ils avaient reçu au scrutin précédent. Dans l'Eglise gothique d'Espagne, on ne le donnait mère qu'aujourd'hui. Enfin, chez les Grecs, ce Dimanche est désigné sous le nom de Baïphore, c'est-à-dire Porte-Palmes.

 

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LA BÉNÉDICTION DES RAMEAUX.

 

La fonction commence par le chant de l'Hosannah, dans  cette  Antienne qui  sert comme d'Introït:

 

ANTIENNE.

 

 

Hosanna filio David ! Benedictus qui venit in nomine Domini. O rex Israël ! Hosanna in excelsis!

 

 

Hosannah au fils de David ! Béni celui qui vient au nom du Seigneur. O roi d'Israël! Hosannah au plus haut des cieux!

 

 

 

Le Prêtre prend ensuite la parole, et recueillant les vœux de toute l'assemblée, il demande à Dieu, pour son peuple, la grâce d'arriver, après ce monde passager, au terme heureux que la mort et la résurrection de Jésus-Christ nous ont préparé.

 

 

V/. Dominus vobiscum ;

R/. Et cum spiritu tuo.

 

 

V/. Le  Seigneur soit avec vous ;

R/. Et avec votre esprit.

 

 

 

 

OREMUS.

 

Deus, quem diligere et amare , justitia est, ineffabilis gratiae tuae in nobis dona multiplica : et qui fecisti nos in morte Filii tui sperare quae credimus, fac nos eodem résurgente pervenire quo tendimus. Qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus, per omnia saecula saeculorum. Amen.

 

 

Prions.

 

O Dieu que nous devons aimer pour être justes, multipliez en nous les dons de votre grâce ineffable : par la mort de votre Fils, vous nous avez donné droit d'espérer ce qui est l'objet de notre foi ; faites-nous arriver, par sa résurrection, au terme vers lequel nous aspirons. Par Jésus-Christ notre Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne avec vous, en l'unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

 

 

 

 

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Après cette Oraison, le sous-diacre lit un passage du livre des Nombres, dans lequel on voit le peuple de Dieu sortant de l'Egypte, et venant camper à Elim, à l'ombre de soixante-dix palmiers, et auprès de douze fontaines. C'est là qu'il reçoit avis de la part de Moïse que la manne ne tardera pas à descendre du ciel pour le nourrir, et que dès le jour suivant, au matin, il en pourra apaiser sa faim. Toutes ces figures s'accomplissent dans le peuple chrétien. Par une sincère conversion, les fidèles ont rompu avec l'Egypte qui représente le monde. Les voici qui empruntent au palmier ses branches pour faire honneur à Jésus leur Roi. Les fontaines figurent le baptême qui sera confère bientôt à nos catéchumènes ; elles sont au nombre de douze, parce que les douze articles du Symbole ont été annoncés au monde par les douze Apôtres Enfin, le jour de Pâques, au matin, Jésus, Pain de vie, Manne céleste, sortira du tombeau et manifestera sa gloire.

 

 

Lecture du livre de l'Exode. Chap. XV.

 

En ces jours-là, les enfants d'Israël vinrent à Elim, où il y avait douze fontaines et soixante-dix palmiers; et ils campèrent auprès des eaux. Toute la multitude des enfants d'Israël partit ensuite d'Elim, et arriva au désert de Sin, qui est entre Elim et Sinaï, le quinzième jour du second mois depuis la sortie d'Egypte. Et toute la foule des enfants d'Israël murmura contre Moïse et Aaron dans le désert; et les enfants d'Israël leur disaient  : Que ne sommes-nous morts dans la terre d'Egypte par la main du Seigneur, lorsque nous étions assis près des chaudières pleines de viandes, et que  nous mangions du pain à notre contentement! Pourquoi nous avez-vous amenés dans ce désert, pour y faire mourir de faim toute cette multitude ? Alors le Seigneur dit à Moïse: Je vais vous faire pleuvoir des pains du ciel ; que le peuple sorte pour en recueillir ce qui lui suffira pour chaque jour, afin que j'éprouve s'il marche ou non dans ma loi. Le sixième jour ils en amasseront pour garder chez eux ; et il y aura le double de ce qu'ils recueillaient les autres jours. Moïse et Aaron dirent donc à tous les enfants d'Israël: Dès ce soir vous connaîtrez que c'est le Seigneur qui vous a tirés de la terre d'Egypte; et demain au matin vous verrez éclater la gloire du Seigneur.

 

 

Après cette lecture, le chœur chante l'un des deux Répons suivants, qui rappellent la Passion du Sauveur :

 

R/.Les Pontifes et les Pharisiens rassemblèrent le conseil et dirent: Que faisons-nous ? Cet homme fait beaucoup de prodiges : si nous le laissons aller de la sorte, tous croiront en lui ; *  Et  les  Romains viendront et détruiront notre pays et notre nation.

 

V/. Mais l'un d'eux, nomme Caïphe, étant Pontife cette année-là, prophétisa et dit : Il vous est avantageux qu'un seul homme meure pour le peuple entier, et que toute la nation ne périsse pas. Depuis ce jour, ils songèrent aux moyens de le faire mourir,et ils disaient:

* Et les Romains viendront et détruiront notre pays et notre nation.

 

R/. Sur le mont des Oliviers, Jésus fit cette prière à son Père : Mon Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi : * Car l'esprit est prompt, mais la chair est faible ; que votre volonté soit faite.

V/. Veillez et priez, pour que vous n'entriez point en tentation.

*  Car l'esprit est prompt, mais la chair est faible ; que votre volonté soit faite.

 

 

Le diacre monte ensuite à l'Ambon, et lit le récit de saint Matthieu sur l'entrée triomphante de Jésus-Christ dans Jérusalem. Les palmes du Nouveau Testament s'unissent à celles de l'Ancien pour glorifier l'Homme-Dieu, qui est le nœud de l'un et de l'autre.

 

La suite du saint Evangile selon saint Matthieu. Chap. XXI.

 

En ce temps-là , comme Jésus approchait de Jérusalem, étant arrivé à Bethphagé, près du mont des Oliviers, il envoya deux disciples auxquels il dit : Allez au village qui est devant vous : vous y trouverez une ânesse attachée , et son ânon avec elle : déliez-les et amenez-les-moi ; et si quelqu'un vous dit quelque chose, dites que le Seigneur en a besoin; et aussitôt il les laissera emmener. Or tout cela fut fait, afin que s'accomplit cette parole du Prophète : Dites à la fille de Sion : Voici que ton Roi vient à toi plein de douceur, assis sur l'ânesse, et sur l'ânon de celle qui est sous le joug. Les disciples s'en allant firent ce que Jésus leur avait commandé. Ils amenèrent l'ânesse et l'ânon ; et ayant mis dessus leurs vêtements, ils l'y firent asseoir. Le peuple en foule étendit ses vêtements le long de la route ; d'autres coupaient des branches d'arbres et les jetaient sur le chemin ; et toute cette multitude , tant ceux qui précédaient que ceux qui suivaient, criaient et disaient : Hosannah au fils de David ! béni celui qui vient au nom du Seigneur!

 

 

Le moment approche où les palmes mystérieuses vont recevoir la bénédiction de l'Eglise. Le Prêtre invoque d'abord les souvenirs de  Noé, à qui la branche d'olivier annonça la fin du déluge, et de Moïse, dont le peuple, à sa sortie d'Egypte, vint camper à l'ombre de soixante-dix palmiers ; ensuite, empruntant le mode solennel de la Préface, il adjure tous les êtres de confesser en ce moment le grand nom du Fils de Dieu, auquel va être rendu un si éclatant hommage. L'assistance répond par l'acclamation au Dieu trois fois Saint, et crie, à sa gloire : Hosannah au plus haut des cieux.

 

V/. Le Seigneur soit avec vous;
R/. Et avec votre esprit.

 

O Dieu, augmentez la Foi de ceux qui espèrent en vous; et, dans votre clémence, exaucez leurs supplications. Que votre miséricorde descende sur nous ; que ces rameaux de palmier et d'olivier soient bénis ; et de même que, voulant figurer l'Eglise, vous avez multiplié vos grâces sur Noé sortant de l'arche, et sur Moïse quittant l'Egypte avec les enfants d'Israël: ainsi faites que, portant ces rameaux de palmier et ces branches d'olivier, nous allions au-devant du Christ par nos bonnes œuvres, et que nous entrions dans la joie éternelle ; par lui qui, étant Dieu, vit et règne avec vous.

Dans tous les siècles des siècles.

R/. Amen.

 

V/. Le Seigneur soit  avec vous ;

R/. Et avec votre esprit.

 

V/. Les cœurs en haut !

R/. Nous les tenons élevés vers le Seigneur.

 

V/. Rendons grâces au Seigneur notre Dieu.

R/. C'est une chose digne et juste.

 

Oui, c'est une chose digne et juste , équitable et salutaire, de vous rendre grâces en tout temps et en tous lieux, Seigneur saint, Père tout-puissant. Dieu éternel, qui vous glorifiez dans l'assemblée de vos Saints. C'est vous que servent toutes vos créatures, parce qu'elles vous connaissent comme leur seul auteur et leur seul Dieu. Votre œuvre tout entière vous loue , et vos Saints vous bénissent en confessant avec liberté, devant les princes et les puissances de ce siècle, le grand nom de votre Fils unique, en présence duquel se tiennent les Anges et les Archanges, les Trônes et les Dominations, qui chantent, avec toute l'armée de la céleste milice, l'hymne de votre gloire, et disent sans fin :

 

Saint, Saint, Saint est le Seigneur, Dieu des armées!

Les cieux et la terre sont remplis de sa gloire.

Hosannah au plus haut des cieux !

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.

Hosannah soit à lui, au plus haut des cieux !

 

 

Les Oraisons qui suivent expliquent le mystère des rameaux, et attirent sur ceux que l'on présente à la bénédiction du Prêtre, et sur les fidèles qui les porteront et les conserveront avec foi, les faveurs célestes.

 

V/. Le Seigneur  soit avec vous;

R/. Et avec votre esprit.

 

PRIONS.

 

Nous vous demandons , Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu éternel, de daigner bénir et sanctifier ces branches d'olivier qui sont votre créature, que vous avez fait naître sur l'arbre qui les portait, et qui sont semblables à celle que la colombe, rentrant dans l'arche, apporta dans son bec. Faites que ceux qui en recevront quelque chose obtiennent votre protection pour leur âme et pour leur corps ; et que ces rameaux, Seigneur, deviennent un remède pour nos infirmités et un symbole de votre grâce. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

PRIONS.

 

O Dieu, qui réunissez les choses  dispersées, et les conservez après les avoir réunies, vous qui avez béni le peuple qui portait des rameaux au-devant de Jésus, bénissez aussi ces branches de palme et d'olivier que vos fidèles serviteurs prennent en l'honneur de votre nom; afin que, lorsqu'ils les placeront dans leurs maisons, les habitants en éprouvent votre bénédiction, et que, toute adversité étant éloignée d'eux, votre droite protège ceux qu'a rachetés Jésus-Christ votre Fils notre Seigneur. Qui vit et règne avec vous dans tous les siècles des siècles. Amen.

 

PRIONS.

 

O Dieu, qui, par un ordre merveilleux de votre Providence,avez voulu vous servir des choses même insensibles pour exprimer l'admirable économie de notre salut, éclairez, s'il vous plaît, les cœurs de vos fidèles serviteurs, et faites-leur comprendre, pour leur salut, le mystère représenté dans l'action de ce peuple qui, poussé par l'inspiration céleste, marcha en ce jour au-devant du Rédempteur, et joncha de rameaux de palmier et d'olivier la route qu'il devait parcourir. Les branches de palmier marquaient la victoire qui allait être remportée sur le prince de la mort; et les branches d'olivier publiaient en quelque manière  que  l'onction spirituelle allait se répondre. Cette heureuse multitude d'hommes pressentit alors que notre Rédempteur, touché des misères de l'humanité, allait livrer le combat avec le prince de la mort pour la vie du monde entier, et qu'il triompherait par sa mort même. C'est pour cela qu'il lui fit hommage de ces branches d'arbre dont les unes exprimaient la victoire et le triomphe, et les autres l'effusion de la miséricorde. Nous donc qui possédons la foi dans sa plénitude, voyant dans cet événement le fait et la signification, nous vous supplions, Seigneur saint , Père tout-puissant, Dieu éternel, par le même Jésus-Christ notre Seigneur, dont vous nous avez rendus les membres, de nous faire triompher en lui et par lui de l'empire de la mort, et de nous rendre participants de sa glorieuse Résurrection. Lui qui, étant Dieu, vit et règne avec vous, en l'unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.

 

PRIONS.

 

O Dieu , qui avez voulu qu'une colombe annonçât autrefois la paix par une branche d'olivier; daignez répandre une bénédiction céleste sur ces rameaux pris sur l'olivier et sur d'autres arbres, afin qu'ils soient utiles et salutaires à votre peuple. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

PRIONS.

 

Daignez bénir, Seigneur, ces branches de palmier ou d'olivier , et faites que votre peuple accomplisse spirituellement, avec une dévotion véritable, ce qu'il fait extérieurement aujourd'hui en votre honneur; et que, remportant la victoire sur l'ennemi, il réponde par l'amour à l'œuvre miséricordieuse que vous avez accomplie pour son salut. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

Le Prêtre consomme la sanctification des rameaux, en les arrosant de l'eau sainte et en les parfumant avec l'encens qu'il vient de bénir. Puis il conclut ce rite imposant par l'Oraison suivante:

 

V/. Le Seigneur soit avec vous;

R/. Et avec votre esprit.

 

PRIONS.

 

O Dieu qui, pour notre salut, avez envoyé en ce monde votre Fils Jésus-Christ notre Seigneur, afin qu'en s'abaissant jusqu'à nous, il nous fit remonter à vous; et qui avez voulu que, lorsqu'il entra à Jérusalem pour accomplir les Ecritures, une troupe de peuple fidèle et  croyante  jetât  sur ses pas ses vêtements avec des palmes, faites que nous aussi, par notre toi, nous lui préparions une voie, que nous en étions la pierre d'achoppement et de scandale, et que nos œuvres poussent des rameaux de justice ; afin que nous méritions de marcher sur les pas de celui qui, étant Dieu, vit et règne avec vous, en l'unité du Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.

 

Après cette Oraison, le Prêtre procède à la distribution des rameaux; et pendant qu'elle dure, le chœur rappelle,dans les deux Antiennes suivantes, l'enthousiasme des enfants hébreux portant des palmes, et chantant Hosannah au fils de David.

 

ANTIENNE.

 

Les enfants des Hébreux, portant des branches d'olivier, allèrent au-devant du Seigneur; ils criaient et disaient : Hosannah au plus haut des cieux !

 

ANTIENNE.

 

Les enfants des Hébreux étendaient leurs vêtements sur le chemin; ils criaient et disaient: Hosannah au fils de David ! béni celui qui vient au nom du Seigneur!

La distribution des palmes étant terminée, le Prêtre recueille les sentiments de l'assistance dans cette Oraison qui met fin à la première partie de la fonction des Rameaux.

 

V/. Le Seigneur soit avec vous;

R/. Et avec votre esprit.

 

PRIONS.

 

Dieu tout-puissant et éternel, qui avez envoyé la foule du peuple au-devant de Jésus-Christ notre Seigneur monté sur l'ânesse, et leur avez inspiré d'étendre leurs vêtements, de jeter des branches sur son passage, et de chanter Hosannah à sa louange; faites-nous la grâce d'imiter leur innocence, et d'avoir part à leur mérite. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

LA PROCESSION DES RAMEAUX.

 

Le Prêtre ayant béni l'encens qui, selon l'usage de l'Eglise, doit toujours purifier et parfumer la voie que parcourt une Procession, le Diacre se tourne vers le peuple et donne le signal du départ, en disant:

 

Mettons-nous en marche dans la paix.

 

Le Chœur répond :

 

Au nom du Christ. Amen.

 

 

La Procession commence à défiler, chacun tenant en main son rameau. Le Chœur chante les Antiennes qui suivent, à l'honneur de Jésus, Roi d'Israël :

 

 

ANTIENNE.

 

Le Seigneur étant proche de Jérusalem, envoya deux de ses disciples, leur disant: Allez au village qui est devant vous; vous y trouverez un ânon attaché, et que personne n'a encore monte; détachez-le , et amenez-le-moi. Si quelqu'un vous dit quelque chose, dites: Le Seigneur en a besoin. Ayant donc détaché l'ânon, ils l'amenèrent à Jésus, et le couvrirent de leurs vêtements, et Jésus monta dessus. Les uns étendaient leurs vêtements au passage, les autres jetaient des branches d'arbres; et la foule criait: Hosannah! béni celui qui vient au nom du Seigneur; béni le règne de David notre père ! Hosannah au plus haut des cieux! Ayez pitié de nous, fils de David!

 

ANTIENNE.

 

Le peuple ayant appris que Jésus venait à Jérusalem, prit des branches de palmier, et marcha au-devant de lui. Les enfants criaient: Voici celui qui doit venir pour sauver son peuple; il est notre salut et la rédemption d'Israël. Qu'il est grand ! Les Trônes et les Dominations viennent au-devant de lui. Ne crains point , fille de  Sion: voici ton Roi qui vient à toi, monté sur le fils de l'ânesse, comme il est prédit. Salut, Ô Roi, créateur du monde, qui venez pour nous racheter !

 

ANTIENNE.

 

Six jours avant la solennité de la Pâque , lorsque le Seigneur vint dans la ville de Jérusalem, les enfants allèrent au-devant de lui. Ils portaient dans leurs mains des rameaux de palmier et criaient à haute voix: Hosannah au plus haut des cieux! Soyez béni, vous qui venez dans l'abondance de votre miséricorde ! Hosannah au plus haut des cieux!

 

ANTIENNE.

 

Une foule de peuple portant des fleurs et des palmes marche au-devant du Rédempteur, et rend un digne hommage à ce vainqueur triomphant. Aujourd'hui les nations publient la grandeur du Fils de Dieu, et à la gloire du Christ l'air retentit d'acclamations : Hosannah au plus haut des cieux!

 

ANTIENNE.

 

Fidèles, unissons-nous aux Anges et aux enfants; chantons au vainqueur de la mort: Hosannah au plus haut des cieux !

 

ANTIENNE.

 

La foule qui s'était réunie pour la fête alla au-devant du Seigneur, en criant : Béni celui qui vient au nom du Seigneur! Hosannah au plus haut des cieux!

 

 

La Procession a achevé son cours, et se dispose à rentrer dans l'église. Elle en trouve les portes fermées. Nous avons expliqué plus haut le sens de ce mystère. Tout à coup des voix retentissent dans l'intérieur du temple : elles saluent le Roi-Christ et Rédempteur. Ces voix représentent celles des saints Anges, qui. au plus haut des cieux, célébrèrent l'arrivée de Jésus dans l'éternelle Jérusalem. Au dehors de l'église, le Chœur répète ces accents de triomphe; mais ces voix sont celles de la terre, qui ne célèbrent encore que l'entrée du fils de David dans la Jérusalem terrestre. Un dialogue chanté s'établit entre les deux chœurs, à travers les portes du temple qui demeurent toujours fermées, jusqu'au moment où la Croix victorieuse, faisant violence à ces portes qui figurent celles du ciel, ouvre à l'Eglise militante un passage pour se réunir à l'Eglise triomphante. L'Hymne qui se chante ainsi à deux chœurs fut composée par Théodulphe, Evêque d'Orléans, lorsqu'il était prisonnier à Angers, par ordre de Louis le Débonnaire. L'Eglise romaine, en adoptant les six premières strophes de ce petit poème pour servir en celte rencontre, l'a rendu célèbre dans le monde entier.

Les chantres qui sont au dedans de l'église font entendre, comme on vient de le dire, la première strophe; au dehors, le chœur chante le refrain.

 

HYMNE.

 

Gloire, louange et  honneur soient a vous, Roi-Christ, Rédempteur ! vous à qui l'élite des enfants chanta avec amour:  Hosannah.

R/. Gloire, louange, etc.

 

Vous êtes le Roi d'Israël; le noble fils de David, ô Roi béni, qui venez au nom du Seigneur.

R/. Gloire, louange, etc.

 

 

L'armée angélique, au plus haut des cieux, l'homme mortel lui-même et toute créature célèbrent vos louanges.

R/. Gloire, louange, etc.

 

Le peuple hébreu en ce jour vint au-devant de vous avec des palmes ; nous voici à notre tour, avec des prières, des vœux et des cantiques.

R/. Gloire, louange, etc.

 

Vous alliez bientôt souffrir, lorsque ce peuple vous présenta le tribut de ses hommages; c'est à vous régnant aux cieux, que nous adressons ces chants.

R/. Gloire, louange,  etc.

 

Leurs vœux furent agréés; que notre dévouement le soit aussi de vous, Roi de bonté, Roi de clémence, à qui tout ce qui est bon plaît toujours.

R/. Gloire, louange, etc.

 

Quand le dernier refrain a cessé de retentir, le Sous-Diacre frappe la porte avec le bâton de la croix, et elle s'ouvre aussitôt. En plusieurs lieux, c'est le célébrant lui-même qui accomplit cet acte mystérieux, en prononçant les paroles du Psaume XXIII, par lequel David célèbre l'entrée du Rédempteur dans le ciel, au moment de sa glorieuse Ascension.

La Procession rentre dans l'église, en chantant le Répons suivant.

 

REPONS.

 

COMME le Seigneur entrait dans la ville sainte, les enfants des Hébreux annoncèrent par avance la résurrection de celui qui est la vie ; * Et tenant des rameaux de palmiers, ils criaient : Hosannah au plus haut des cieux!

V/. Le peuple, ayant appris que Jésus venait à Jérusalem, sortit au-devant de lui;

* Et tenant des rameaux de palmiers, ils criaient : Hosannah au plus haut des cieux!

 

A LA MESSE.

 

A Rome, la Station est dans la Basilique de Latran. Une si auguste fonction ne demandait pas moins que l'Eglise Mère et Maîtresse de toutes les autres. De nos jours, cependant, la Fonction papale a lieu à Saint-Pierre ; mais cette dérogation est sans préjudice des droits de l’Archibasilique qui, dans l'antiquité, avait en ce jour l'honneur delà présence du Souverain Pontife, et a conservé les indulgences accordées à ceux qui la visitent aujourd'hui.

La Messe de ce Dimanche ne retient plus aucune trace de la joie qui éclatait dans la cérémonie des Palmes. L'Introït est extrait du Psaume XXI, dans lequel David exprime les angoisses du Christ sur la croix.

 

INTROÏT.

 

Seigneur , n'éloignez pas de moi votre secours ; protégez-moi de votre regard ; délivrez-moi de la gueule du lion, et arrachez ma faiblesse à la fureur des licornes.

Ps. O Dieu, mon Dieu, jetez un regard sur moi; pourquoi m'avez-vous délaissé ? Le cri de mes péchés a éloigné de moi le salut. Seigneur, n'éloignez pas.

 

 

Dans la Collecte, l'Eglise demande pour nous la grâce d'imiter la patience et l'humilité du Sauveur. C'est pour l'homme pécheur que Jésus-Christ souffre et qu'il s'abaisse; il est juste que l'homme profite de l'exemple, et opère son salut par les moyens que lui révèle la conduite de son Rédempteur.

 

COLLECTE.

Dieu tout-puissant et éternel, qui. pour donner au genre humain un modèle  d'humilité ,  avez voulu que notre Sauveur se revêtît de notre chair et souffrît la croix ; accordez-nous de recevoir les leçons de sa patience et d'avoir part à sa résurrection. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

ÉPÎTRE.

 

Lecture de l'Epître du bienheureux Paul, Apôtre, aux Philippiens. Chap. II.

 

Mes Frères,avez à l'égard de vous-mêmes les sentiments qu'a eus Jésus-Christ, lui qui, étant dans la nature même de Dieu, ne devait pas croire que ce fût pour lui usurpation d'être égal à Dieu, et qui néanmoins s'est anéanti lui-même , prenant la nature d'esclave, se rendant semblable aux hommes, et paraissant à l'extérieur un pur homme. Il s'est humilié lui-même, obéissant jusqu'à la mort, et jusqu'à la mort de la Croix: c'est pourquoi Dieu l'a exalté, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout nom; en sorte qu'au nom de Jésus (à cet endroit, le Prêtre et toute l'assistance fléchissent le genou) tout genou fléchisse au ciel, sur la terre et dans les enfers; et que toute langue confesse que le Seigneur Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père.

 

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La sainte Eglise nous prescrit de fléchir le genou à l'endroit de cette Epître où l'Apôtre dit que tout doit s'abaisser quand le nom de Jésus est prononcé. Nous venons d'accomplir ce commandement. Comprenons que, s'il est une époque dans l'année où le Fils de Dieu ait droit à nos plus profondes adorations, c'est surtout en cette Semaine, où sa divine majesté est violée, où nous le voyons foulé sous les pieds des pécheurs. Sans doute nos cœurs doivent être animés de tendresse et de compassion à la vue des douleurs qu'il endure pour nous ; mais nous devons ressentir avec non moins de vivacité les outrages et les indignités dont il est abreuvé, lui qui est l'égal du Père, et Dieu comme lui. Rendons-lui par nos abaissements, autant du moins qu'il est en nous, la gloire dont il se prive pour réparer notre orgueil et nos révoltes, et unissons-nous aux saints Anges qui, témoins de tout ce que lui a fait accepter son amour pour l'homme, s'anéantissent plus profondément encore, en voyant l'ignominie à laquelle il est réduit.

 

Dans le Graduel, l'Eglise se sert des paroles du Roi-Prophète qui prédit les grandeurs futures de la victime du Calvaire, mais qui, en même temps, confesse que l'affreuse sécurité avec laquelle les Juifs devaient commettre le déicide avait ébranlé son âme tout entière.

 

GRADUEL.

 

Vous m'avez tenu par la main droite; vous m'avez conduit dans votre bonté, et vous m'avez enlevé dans la gloire.

 

V/. Qu'il est bon, le Dieu d'Israël, à ceux qui ont le cœur droit ! Cependant mes pieds ont été ébranlés, mes pas ont presque défailli par l'indignation que j'éprouvais contre les pécheurs, en voyant la paix dont ils jouissaient.

 

Le Trait est formé d'une partie considérable du Psaume XXI, dont Jésus-Christ répéta les premières paroles sur la Croix, et qui est autant une histoire de la Passion du Sauveur qu'une prophétie : tant les paroles en sont claires et évidentes.

 

TRAIT.

 

O Dieu, mon Dieu, jetez un regard sur moi ; pourquoi m'avez-vous délaissé?

 

V/. Le cri de mes péchés a éloigné de moi le salut.

 

V/. Mon Dieu, j'ai crié vers vous durant le jour, et vous ne m'avez pas exaucé; durant la nuit, et ma plainte était fondée.

 

V/. Mais vous, la gloire d'Israël, vous habitez dans votre sanctuaire.

 

V/. Nos pères ont espéré en vous; ils ont mis en vous leur confiance, et vous les avez délivrés.

 

V/. Ils ont crié vers vous, et ils ont été sauvés : ils ont espéré en vous, et leur espoir n'a pas été  confondu.

 

V/. Mais moi, je ne suis qu'un ver, et non pas un homme ; l'opprobre des hommes et le mépris du peuple.

 

V/. Tous  ceux  qui me voient me couvrent d'injures ; leur bouche parle contre moi, et ils branlent la tête.

 

V/. Il a espéré, disent-ils, dans le Seigneur; que le Seigneur le délivre, qu'il le sauve, puisqu'il lui est si cher.

 

V/. Ils sont là à me regarder, à me considérer; ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont jeté le sort sur ma robe.

 

V/. Délivrez-moi de la gueule du lion, et arrachez ma faiblesse à la fureur des licornes.

 

V/. Louez le Seigneur,vous qui avez sa crainte ; race de Jacob, exalte sa gloire.

 

V/. On célébrera devant le Seigneur la génération qui doit venir; et les cieux annonceront la justice du Seigneur,

 

V/. A ce peuple qui doit naître, à ce peuple que le Seigneur créera.

 

 

Il est temps d'écouter le récit de la Passion de notre Sauveur ; mais afin de montrer au ciel et à la terre que nous ne sommes pas scandalisés, comme le furent les disciples, par le spectacle de son apparente faiblesse et du triomphe de ses ennemis, tenons en mains les rameaux avec lesquels tout à l'heure nous l'avons proclamé notre  Roi.

L'Eglise lit, à quatre jours différents de cette Semaine, la narration des quatre Evangiles. Elle commence aujourd'hui parcelle de saint Matthieu, qui le premier a écrit son récit sur la vie et la mort du Rédempteur. En signe de tristesse, les Acolytes ne viennent pas à l'ambon avec leurs cierges, et le livre n'est pas encensé. Sans saluer le peuple fidèle par le souhait ordinaire, le Diacre qui remplit le rôle de l'historien commence immédiatement son lamentable récit.

 

 

La Passion de notre Seigneur Jésus-Christ selon saint Matthieu. Chap. XXVI.

 

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Vous savez que la Pâque se fera dans eux jours, et que le Fils de l'homme sera livré pour être crucifié. Alors les princes des prêtres et les Anciens du peuple se réunirent dans la salle du grand-prêtre, appelé Caïphe, et délibérèrent de se saisir de Jésus par ruse, et de le faire mourir. Mais ils disaient: Que ce ne soit pas pendant la fête, de peur d'émotion dans le peuple.

 

Or Jésus étant à Béthanie , dans la maison de Simon le Lépreux , une femme portant un vase d'albâtre plein d'un parfum de grand prix, s'approcha, et le répandit sur la tète de Jésus qui était à table. Ce que voyant, ses disciples s'indignèrent  et dirent : A quoi bon cette profusion?  On aurait pu vendre très cher ce parfum et donner le prix aux pauvres. Mais Jésus , connaissant leurs pensées, leur dit: Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? Ce qu'elle vient de faire envers moi est une bonne œuvre. Car vous aurez toujours parmi vous des pauvres ; mais moi, vous ne m'aurez pas toujours. Elle a répandu ce parfum sur mon corps en vue de ma sépulture. En vérité, je vous le dis, dans le monde entier, partout où sera prêché cet Evangile, on dira ce qu'elle a fait, et elle en sera louée.

 

Alors un des douze , nommé Judas Iscariote, s'en alla vers les princes des prêtres , et leur dit : Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai? Et ils convinrent avec lui de trente pièces d'argent. Et de ce moment il cherchait l'occasion de le leur livrer. Or, le premier jour des azymes, les disciples venant à Jésus lui dirent: Où voulez-vous que nous vous préparions ce qu'il faut pour manger la Pâque ? Et Jésus leur dit : Allez dans la ville chez un tel , et dites-lui : Le Maître dit: Mon temps est proche : je ferai la Pâque chez vous avec mes disciples. Et les disciples firent ce que Jésus leur avait commandé, et ils préparèrent la Pâque.

 

Sur le soir, il était à table avec ses disciples. Et pendant qu'ils  mangeaient, il leur dit: Je vous le dis en vérité1, un de vous me trahira. Cette parole les contrista beaucoup, et ils se mirent chacun a lui demander: Est-ce moi, Seigneur ? Mais il leur répondit : Celui qui met avec moi la main dans le plat, est celui qui me trahira. Pour ce qui est du Fils de l'homme, il s'en va, selon ce qui a été écrit de lui ; mais malheur à l'homme par qui le fils de l'homme sera trahi ! Il vaudrait mieux pour cet homme qu'il ne fût pas né. Judas, celui qui le trahit , dit : Est-ce moi, Maître? Il lui répondit : Tu l'as dit.

 

Pendant qu'ils soupaient, Jésus prit du pain, le béait et le rompit, et le donna à ses disciples, disant: Prenez et mangez ; ceci est mon corps. Et prenant la coupe, il rendit grâces, et la leur donna, disant : Buvez tous de ceci ; car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance qui sera répandu pour plusieurs, en rémission des péchés. Or je vous le dis : Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.

 

Et après avoir dit le cantique, ils s'en allèrent à la montagne des Oliviers. Alors Jésus leur dit: Je vous serai cette nuit à tous un sujet de scandale; car il est écrit: Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais après être ressuscité, je vous précéderai en Galilée. Pierre lui répondit : Quand tous se scandaliseraient à votre sujet, moi je ne me scandaliserai jamais. Jésus lui dit: Je te le dis en vérité, cette nuit même, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Pierre lui dit : Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai point. Tous les autres disciples parlèrent de même.

 

Alors Jésus vint avec eux en un lieu  appelé Gethsémani, et dit à ses disciples: Asseyez-vous ici, pendant que j'irai là pour prier.  El avant  pris avec  lui  Pierre ci les deux fils de Zébédée, il commença de  tomber en grande tristesse. Alors il leur dit :  Mon âme est triste jusqu'à la mort ; demeurez ici, et veillez avec moi. Et s'étant éloigné un peu, il se prosterna sur sa face, priant et disant : Mon Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de  moi; cependant, non pas comme je veux, mais  comme  vous voulez. Ensuite il vint à ses disciples, et les trouvant endormis, il dit  a  Pierre : Ainsi  vous n'avez pu veiller une heure avec moi? Veillez et  priez pour ne point entrer en tentation ; l'esprit est prompt, mais la chair est faible. Il s'en alla une seconde fois et pria, disant: Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté se fasse. Et il vint de nouveau, et les trouva encore endormis; car leurs yeux étaient appesantis. Et les laissant, il s'en alla encore, et pria une troisième fois, disant les mêmes paroles. Ensuite il revint à ses disciples, et leur dit : Dormez maintenant et reposez-vous; voici que l'heure approche où le Fils de l'homme va être livré aux mains des pécheurs. Levez-vous, allons : celui qui doit me trahir est près d’ici.

 

Il parlait encore, lorsque Judas, un des douze, arriva, et avec lui une troupe nombreuse, armée d'épées et de bâtons, envoyée par les princes des prêtres et les anciens du peuple. Or celui qui le livrait leur avait donné un signe, disant : Celui que je baiserai, c'est lui : arrêtez-le. Et aussitôt, s'approchant de Jésus, il dit : Salut, Maître ! Et il le baisa. Et Jésus lui dit : Mon ami, qu'es-tu venu faire? Alors les autres s'approchèrent, mirent la main sur Jésus, et se saisirent de lui. Et voilà qu'un de ceux qui étaient avec  Jésus,  étendant  la main, tira son épée, et, frappant un serviteur du prince des prêtres,  lui coupa l'oreille. Alors Jésus lui dit ; Remets ton épée en son lieu : car tous ceux qui prendront l'épée  périront par l'épée. Penses-tu que je ne puisse pas prier mon Père, et il m'enverrait aussitôt plus de douze légions d'Anges ?  Comment donc s'accompliront les Ecritures qui déclarent qu'il doit être fait ainsi ? En  même temps Jésus dit  à cette  troupe : Vous êtes venus à moi avec des épées et  des bâtons, comme pour prendre  un voleur.   Assis   dans  le Temple, j'y enseignais chaque jour, et vous ne m’avez pas pris. Or tout cela s'est fait pour que s'accomplit ce qu'avaient  écrit Les Prophètes. Alors tous les disciples, l'abandonnant, s'enfuirent.

 

Et les gens qui s'étaient saisis de Jésus l'emmenèrent chez Caïphe, prince des prêtres, où s'étaient assemblés les scribes et les anciens du peuple. Pierre le suivait de loin, jusque dans la cour du prince des prêtres; et y étant entré, il s'assit avec les serviteurs pour voir la fin. Or les princes des prêtres et toute l'assemblée cherchaient un faux témoignage contre Jésus pour le l'aire mourir.  Et  ils n'en trouvèrent point,  quoique beaucoup de  faux  témoins se fussent présentés. Enfin il vint  deux  faux témoins, qui dirent : Celui-ci a dit : Je puis détruire le Temple de Dieu, et le rebâtir après trois jours. Et le prince des prêtres, se levant, lui  dit : Vous ne répondez rien à ce que   ceux-ci   témoignent contre vous :  Et  Jésus se taisait. Le prince des prêtres lui dit : Je vous adjure par le Dieu vivant de nous dire si vous êtes  le Christ Fils de Dieu. Jésus lui répondit : Vous l'avez dit. Au reste, je vous  déclare qu'un  jour vous  verrez  le Fils  de l'homme  assis à  la  droite de la Vertu de Dieu, et venant sur les nuées du  ciel. Alors le prince des  prêtres déchira  ses   vêtements, disant : Il a  blasphème ; qu'avons-nous encore besoin de témoins ! Vous venez d'entendre le  blasphème. Que vous  en  semble ?  Ils répondirent : Il mérite la mort. Alors  ils lui  crachèrent au visage, et le frappèrent avec le poing ; et d'autres lui donnèrent  des soufflets, disant :  Christ, prophétise-nous qui  est-ce qui t'a frappé?

 

Cependant  Pierre était assis dans la cour, et une servante s'approchant, lui dit :

Et toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. Mais il le nia devant tous, disant : Je De sais ce que tu dis. Et comme il était à la porte pour sortir, une autre servante le vit, et dit à ceux qui étaient là : Celui-ci était aussi avec Jésus le Nazaréen. Il le nia une seconde fois avec serment, disant : Je ne connais point cet homme. Peu après, ceux qui se trouvaient là, s'approchant de Pierre, lui dirent : Certainement toi aussi, tu es de ces gens-là : ton langage même te décèle. Alors il se mit à jurer avec exécration qu'il ne connaissait point cet homme. Et aussitôt le coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que lui avait dite Jésus : Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Et étant sorti dehors, il pleura amèrement.

 

Le matin étant venu, tous les princes des prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mourir. Et l'ayant lié, ils l'emmenèrent et le livrèrent au gouverneur Ponce-Pilate. Alors Judas, celui qui le trahit, voyant qu'il était condamné, se repentit et reporta les trente pièces d'argent aux princes des prêtres et aux anciens , disant : J'ai péché, en livrant le sang innocent. Mais  ils lui dirent : Que nous importe ? c'est ton affaire. Sur quoi, ayant jeté l'argent ans le Temple, il se retira, et alla se pendre. Mais les princes des prêtres ayant pris l'argent, dirent: Il n'est pas permis de le mettre dans le trésor, parce que c'est le prix du sang. Et s'étant consultés entre eux, ils en achetèrent le champ d'un potier pour la sépulture des étrangers. C'est pourquoi ce champ est encore aujourd'hui appelé Haceldama, c'est-à-dire le champ du Sang. Alors fut accompli ce qu'avait dit le prophète Jérémie : Ils ont reçu trente pièces d'argent, prix de celui misa prix suivant l'appréciation des enfants d'Israël ; et ils les ont données pour le champ d'un potier, comme le Seigneur me l'a ordonné.

 

Jésus comparut donc devant le gouverneur; et le gouverneur l'interrogea, disant : Etes-vous le Roi des Juifs? Jésus lui répondit: Vous le dites. Et comme les princes des prêtres et les anciens l'accusaient, il ne répondit rien. Alors Pilate lui dit: N'entendez-vous pas combien de choses ils disent contre vous? Mais à tout ce qu'il lui dit, il ne répondit rien, de sorte que le gouverneur s'étonnait grandement.

 

Au jour de la fête de Pâque , le gouverneur avait coutume de délivrer un prisonnier, celui que le peuple voulait. Il y en avait alors un fameux nomme Barabbas. Comme donc ils étaient tous assemblés, Pilate dit : Lequel voulez-vous que je vous délivre, Barabbas, ou Jésus, qu'on appelle le Christ ? Car il savait qu'ils l'avaient livré par envie. Pendant qu'il siégeait sur son tribunal, sa femme lui envoya dire : Ne prends aucune part à l'affaire de ce juste ; car j'ai été aujourd'hui étrangement tourmentée en songe à cause de lui. Mais les princes des prêtres et les anciens persuadèrent au peuple de demander Barabbas , et de faire périr Jésus. I ,e gouverneur donc leur dit: Lequel des deux voulez-vous que je vous délivre ? Ils lui répondirent : Barabbas. Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus, qu'on appelle le Christ? Tous dirent : Qu'il soit crucifié. Le gouverneur leur dit : Quel mal a-t-il fait? Mais ils criaient encore plus fort, disant : Qu'il soit crucifie.

 

Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte croissait de plus en plus, se fit apporter de l'eau, et se lavant les mains devant le peuple, il dit : Je suis innocent du sang de ce juste : vous en répondrez. Et tout le peuple dit: Que son sang soit sur nous et sur nos enfants. Alors il leur délivra Barabbas ; et, après avoir fait flageller Jésus, il le leur livra pour être crucifié.

 

Les soldats du gouverneur le menèrent dans le prétoire; et toute la cohorte s'assembla autour de lui. Et, l'ayant dépouillé, ils jetèrent sur lui un manteau de pourpre. Et tressant une couronne d'épines, ils la mirent sur sa tète, et un roseau dans sa main droite; et, fléchissant le genou devant lui, ils le raillaient, disant: Salut,Roi des Juifs. Et, crachant sur lui, ils prenaient le roseau, et en frappaient sa tète. Après s'être ainsi joués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements , et l'emmenèrent pour le crucifier.

 

Comme ils sortaient, ils trouvèrent un homme de la Cyrénaïque, nommé Simon, qu'ils contraignirent de porter sa croix. Et ils vinrent au lieu appelé Golgotha, qui est le lieu du Calvaire. Et ils lui donnèrent à boire du vin mêlé avec du fiel ; et, l'ayant goûté, il n'en voulut pas boire. Après qu'ils l'eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements, en les tirant au sort, afin que s'accomplit ce qu'avait dit le Prophète : Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort. Et. s'étant assis, ils le gardaient. Et au-dessus de sa tête ils mirent un écriteau portant le sujet de sa condamnation : Jésus, Roi des Juifs. En même temps, ils crucifièrent avec lui deux voleurs, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche.

 

Les passants  le chargeaient d'injures, branlant a tête et disant: Eh bien! toi qui détruis le Temple de Dieu et le rebâtis en trois jours, que ne te sauves-tu toi-même ? Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix. Les princes des prêtres aussi, avec les scribes et les anciens, disaient en se moquant de lui : Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même. S'il est le Roi d'Israël, qu'il descende maintenant de sa croix, et nous croirons en lui. il se confie en Dieu: que Dieu maintenant le délivre, s'il l'aime ; car il a dit : Je suis le Fils de Dieu. Les voleurs qu'on avait crucifiés avec lui, lui adressaient les mêmes reproches.

 

Or, depuis la sixième heure jusqu'à la neuvième, les ténèbres couvrirent toute la terre. Et vers la neuvième heure, Jésus jeta un grand cri , disant : Eli , Eli, lamma  sabacthani? C’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'avez-vous abandonné? Ce qu'entendant quelques-uns de ceux qui étaient là, ils disaient: Il appelle Elie Et aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge qu'il emplit de vinaigre , et la mettant au bout d'un roseau, il lui présenta à boire. Les autres disaient: Attendez, voyons si Elie viendra le délivrer. Mais Jésus , de nouveau jetant un grand cri, rendit l'esprit.

 

 

Ici l'historien fait une pause dans sa lecture, pour honorer par un acte solennel de deuil la mort du Sauveur des hommes. Toute l'assistance se met à genoux, et demeure quelque temps dans le silence. En beaucoup de lieux, on se prosterne et on baise humblement la terre. Le Diacre reprend ensuite son récit.

 

 

 

Et voilà que le voile du Temple se déchira en deux du haut jusqu'en bas, et la terre trembla : les pierres se fendirent, et les tombeaux s'ouvrirent ; et plusieurs corps de saints qui s'étaient endormis se levèrent , et sortant de leurs sépulcres après sa résurrection, ils vinrent dans la cité sainte, et furent vus de plusieurs. Le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, voyant le tremblement de terre et tout ce qui se passait, furent saisis d'une grande crainte, et dirent : Celui-ci était vraiment le Fils de Dieu. Il y avait là aussi, un peu éloignées, plusieurs femmes qui, de la Galilée, avaient suivi Jésus pour le servir, parmi lesquelles étaient Marie-Madeleine, et Marie mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zebédée. Sur le soir, un homme riche d'Arimathie, nommé Joseph, qui était, lui aussi, disciple de Jésus, vint trouver Pilate et lui demanda le corps de Jésus. Pilate commanda qu'on le lui donnât. Ayant pris le corps , Joseph l'enveloppa dans un linceul blanc, et le déposa dans un sépulcre neuf, qu'il avait fait creuser dans le roc; et ayant roulé une grande pierre à l'entrée du sépulcre, il s'en alla. Or , Marie-Madeleine et l'autre Marie étaient la assises  devant le  sépulcre.

 

 

 

Afin que la Messe de ce jour ne soit pas privée d'un rite essentiel, qui consiste dans la lecture solennelle de l'Evangile, le Diacre réserve une dernière partie du récit lugubre qu'il a fait entendre, et s'approchant de l'autel, il vient y faire bénir l'encens par le Prêtre et recevoir la bénédiction. Il se rend ensuite à l'Ambon; mais les Acolytes ne l'accompagnent pas avec leurs flambeaux. Après avoir encensé le livre, il termine ainsi la narration évangélique :

 

 

Le lendemain, qui était le Sabbat, les princes des prêtres et les pharisiens s'étant assemblés , vinrent trouver Pilate, et lui dirent: Seigneur, nous nous sommes souvenus que ce séducteur, lorsqu'il vivait encore, a dit : Après trois jours je ressusciterai. Commandez donc que l'on garde le sépulcre jusqu'au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent enlever le corps, et ne disent au peuple : Il est ressuscite d'entre les morts ; et la dernière erreur serait pire que la première. Pilate leur dit : Vous avez des gardes ; allez, et gardez-le comme vous l'entendrez. Ils allèrent donc, fermèrent soigneusement le sépulcre, en scellèrent la pierre, et y mirent des gardes.

 

 

L'Offertoire est une nouvelle prophétie de David. Elle annonce l'abandon où le Messie se verra réduit au milieu de ses angoisses, et la férocité de ses ennemis qui dans sa faim lui présenteront le fiel, et dans sa soif l'abreuveront de vinaigre. Ainsi a été traité celui qui s'apprête a nous donner son corps pour nourriture et son sang pour breuvage.

 

OFFERTOIRE.

 

L'opprobre et l'angoisse ont pénétré mon cœur; j'ai attendu que quelqu'un prit part à ma douleur, et il ne s'est trouvé personne ; j'ai cherche un consolateur, et je n'en ai pas trouve ; pour nourriture ils m'ont donné du fiel, et dans ma soif ils m'ont abreuvé de vinaigre.

 

La Secrète demande à Dieu pour ses serviteurs le double fruit de la Passion du Christ : la grâce dans le temps et la gloire pour l'éternité.

 

SECRÈTE.

 

Faites, nous vous en supplions , Seigneur,  que cette offrande , présentée aux regards de votre divine Majesté, nous obtienne la grâce de la  dévotion et nous ménage la possession de l'éternité bienheureuse. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

Dans l'Antienne de la Communion, l'Eglise, qui vient d'aspirer la vie du Christ dans le calice du salut, rappelle cet autre calice que le Christ a dû boire pour nous mériter le breuvage de l'immortalité.

 

COMMUNION.

 

Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite.

 

 

La sainte Eglise conclut les demandes du Sacrifice qu'elle vient d'offrir, en implorant la rémission des péchés pour tous ses enfants, et l'accomplissement du désir qu'ils ont d'avoir part à la résurrection glorieuse de l'Homme-Dieu.

 

POSTCOMMUNION.

 

Faites , Seigneur , par la vertu de ce mystère, que nous soyons purifies de nos péchés, et que nos justes désirs soient accomplis. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

A VEPRES.

 

Les Psaumes se trouvent ci-dessus, pages 90 et suivantes.

 

CAPITULE.

 

 

Mes Frères, Ayez à l'égard de vous-mêmes les sentiments qu'a eus Jésus-Christ, lui qui, étant dans la nature même de Dieu, ne devait pas croire que ce fût pour lui usurpation d'être égal à Dieu, et qui néanmoins s'est anéanti lui-même, prenant la nature d'esclave, se rendant semblable aux hommes, et paraissant à l'extérieur un pur homme.

 

L'Hymne et le Verset ci-dessus, page 97.

 

 

Antienne de Magnificat.

 

 Il est écrit : Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées; mais lorsque je serai ressuscité, je vous précéderai en Galilée ; c'est laque vous me verrez, dit le Seigneur.

 

ORAISON.

 

Dieu tout-puissant et éternel qui, pour donner au genre humain un modèle d'humilité, avez voulu que notre Sauveur se revêtit de noire chair et souffrît la croix ; accordez-nous de recevoir les leçons de sa patience, et d'avoir part à sa résurrection. Par le même Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

Achevons cette journée du Rédempteur à Jérusalem, en repassant dans notre mémoire les autres faits qui la signalèrent. Saint Luc nous apprend que ce fut pendant sa marche triomphale vers celle ville que Jésus, près d'y entrer, pleura sur elle, et exprima sa douleur par ces lugubres paroles: « Oh ! si tu connaissais, aujourd'hui surtout, ce qui pourrait te donner la paix! Mais tout cela est maintenant caché à tes yeux. Il viendra des jours où tes ennemis t'environneront, te renverseront par terre, et ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps de ta visite (1). »

 

Il y a peu de jours, le saint Evangile nous montrait Jésus pleurant sur le tombeau de Lazare; aujourd'hui nous le voyons répandre de nouvelles larmes sur Jérusalem. A Béthanie, il pleurait en songeant à la mort du corps, suite et châtiment du péché; mais cette mort n'est pas sans remède. Jésus est « la résurrection et la vie ; et celui qui croit en lui ne demeurera pas dans la  mort

 

1. Luc. XIX, 41-44.

 

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toujours (1) ». Mais l'état de l'infidèle Jérusalem figure la mort de rame-, et cette mort est sans résurrection, si l'âme ne revient pas à temps vers l'auteur de la vie. Voilà pourquoi les larmes que Jésus répand aujourd'hui sont si amères. Au milieu des acclamations qui accueillent son entrée dans la cité de David, son cœur est triste; car il sait que beaucoup « ne connaîtront pas le temps de leur visite ». Consolons le cœur de notre Rédempteur, et soyons-lui une Jérusalem fidèle.

Le divin récit nous apprend que Jésus, aussitôt après son entrée dans la ville, se rendit au Temple, et qu'il en chassa les vendeurs  (2). C'était la seconde fois qu'il accomplissait cet acte d'autorité dans la maison de son Père, et nul n'osa lui résister. Les princes des prêtres et les Pharisiens murmurèrent, ils se plaignirent à lui du tumulte qu'avait causé son entrée; mais leur audace était déconcertée. C'est ainsi que, dans la suite des siècles, quand il plaît à Dieu de glorifier, à certaines époques, son Fils et l'Eglise de son Fils, les ennemis de l'un et de l'autre protestent dans la rage de leur cœur ; le char triomphal n'en poursuit pas moins sa marche. Mais sitôt que Dieu, dans sa haute sagesse, a résolu de faire succéder des jours de persécution et d'épreuves à ces heures de gloire, ces lâches ennemis se retrouvent, et, plus irrités que jamais, ils ne se donnent point de repos qu'ils n'aient entraîné une partie de ce peuple, qui criait Hosannah au fils de David, à demander qu'on le lui livre et qu'il soit crucifie. Mais Jésus et son Eglise n'en ont pas moins régné ; et si leur règne visible semble interrompu, c'est pour reparaître plus tard, jusqu'à ce

 

1. JOHAN. XI, 2

2. MATTH. XXI, 12.

 

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que, après une succession de gloire et d'ignominies, la royauté de l'Epoux et de l'Epouse soit proclamée éternelle sur les ruines du monde « qui n'aura pas connu le temps de sa visite ».

Nous apprenons de saint Matthieu (1) que le Sauveur alla terminer cette journée à Béthanie. Sa présence dut suspendre les maternelles inquiétudes de Marie et rassurer la pieuse famille de Lazare. Mais dans Jérusalem nul ne se présenta pour offrir l'hospitalité à Jésus; du moins l'Evangile ne fait aucune mention à ce sujet. Les âmes pieuses qui ont médité la vie de notre Seigneur ont appuyé sur cette considération : Jésus honoré le matin d'un triomphe solennel, et réduit, le soir, à aller chercher la nourriture et le repos hors de la ville qui l'avait accueilli avec tant d'acclamations. Dans les monastères de Carmélites de la réforme de sainte Thérèse, il existe un usage touchant qui a pour but d'offrir au Sauveur une réparation pour l'abandon dont il fut l'objet de la part des habitants de Jérusalem. On dresse une table au milieu du réfectoire, et on y sert un repas , après le dîner de la communauté, ce repas offert au Sauveur du monde est distribué aux pauvres qui sont ses membres.

Nous terminerons cette journée en insérant ici quelques strophes d'une Hymne de la Liturgie Grecque, en ce Dimanche des Palmes. Elle a pour auteur le célèbre hymnographe Côme de Jérusalem.

 

1. MATTH. XXI, 17.

 

(In Dominica Palmarum.)

 

Le Dieu  qui est  assis sur les Chérubins,  au  plus haut des cieux,  et qui abaisse ses regards sur ie qu'il y a de plus humble, vient aujourd'hui dans la gloire et la puissance; tout est rempli de sa divine grandeur. Paix sur Israël, et salut pour les gentils !

 

Les âmes des justes s'écrièrent dans l'allégresse: Une nouvelle alliance se prépare aujourd'hui pour le monde ; les peuples vont être renouvelés par l'aspersion du sang divin.

 

Le peuple et les disciples fléchissent les genoux avec joie, et portant des palmes chantent: Hosannah au fils de David: vous êtes digne de toute louange, Seigneur, Dieu de nos pères; vous êtes béni.

 

La multitude au cœur simple, l'enfance naïve vous ont célébré comme il convient à un Dieu, vous, roi d'Israël et souverain des Anges: Vous êtes digne de toute louange , Seigneur, Dieu de nos pères; vous êtes béni.

 

Ton roi s'est présenté, ô Sion ! le Christ monte sur le petit de l'ânesse. Il vient délier le joug de l'erreur grossière qui poussait l'homme à adorer les idoles ; il vient arrêter le cours des passions aveugles qui règnent sur toutes  les nations ; tous chanteront maintenant : Œuvres du Seigneur , bénissez-le , et exaltez son nom dans tous

les siècles.

 

Livre-toi à la joie, ô Sion ! le Christ ton Dieu règne à jamais. Il est doux, et il vient pour sauver, comme il est écrit de lui; il est le juste, notre rédempteur qui s'avance monté sur le petit de l'ânesse. Il brisera l'audace de ceux qui ne veulent pas chanter en ce jour ; Œuvres du Seigneur, bénissez-le, et exaltez son nom dans tous les siècles.

 

L'inique et obstiné Sanhédrin , qui usurpait le Temple sacré, est chassé aujourd'hui ; il avait fait de la maison de prière, de la maison de Dieu, une caverne de voleurs, et refusait son amour au Rédempteur à qui nous chantons : Œuvres du Seigneur, bénissez-le, et exaltez son nom dans tous les siècles.

 

Le Seigneur Dieu parait devant nous ; faites-lui fête solennelle; accourez pleins de joie; chantons le Christ, et portant des palmes , crions à sa louange : Béni celui qui vient au nom de Dieu, notre Sauveur!

 

Peuple, pourquoi as-tu frémi contre les Ecritures? Prêtres, pourquoi méditez-vous de vains projets ? Pourquoi dites-vous : Quel est celui devant qui les enfants portant des palmes s'écrient : éni celui qui vient au nom de Dieu, notre Sauveur?

 

Hommes sans frein, pourquoi semez-vous le scandale sur la voie? Vos pieds sont rapides pour répandre le sang du Seigneur; mais il ressuscitera pour sauver tous ceux qui crieront: Béni celui qui vient au nom de Dieu notre Sauveur !

 

 

 

 

 

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