PASSION DIMANCHE

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PROPRE DU TEMPS

 

Nous ne reprendrons pas dans cette reproduction la partie latine, mais seulement la traduction..

LE   DIMANCHE   DE   LA   PASSION.

 

 

Hodie, si vocem Domini audieritis, nolite obdurare corda vestra.

 

 

Aujourd’hui, si vous entendez la voix du Seigneur, n'endurcissez pas vos cœurs.

 

 

 

La sainte Eglise débute aujourd'hui, à l'Office de la nuit, par ces graves paroles du Roi-Prophète. Autrefois les fidèles se faisaient un devoir d'assister au service nocturne, au moins les jours de Dimanches et de Fêtes ; ils tenaient à ne rien perdre des profonds enseignements que donne la sainte Liturgie. Mais, depuis bien des siècles, la maison de Dieu n'a plus été fréquentée avec cette assiduité qui faisait la joie de nos pères ; et peu à peu le clergé a cessé de célébrer publiquement des offices qui n'étaient plus suivis. Hors des Chapitres et des Monastères, on n'entend plus retentir l'ensemble si harmonieux de la louange divine ; et les merveilles de la Liturgie ne sont plus connues du peuple chrétien que d'une manière incomplète. C'est pour nous une raison de présenter à l'attention de nos lecteurs certains traits des divins Offices, qui autrement seraient pour eux comme s'ils n'existaient pas. Aujourd'hui, quoi de plus propre à les émouvoir que ce   solennel avertissement que l'Eglise emprunte à David pour nous l'adresser, et qu'elle répétera chaque matin, jusqu'au jour de la Cène du Seigneur? Pécheurs, nous dit-elle, en ce jour où commence à se faire entendre la voix plaintive du Rédempteur, ne soyez pas assez ennemis de vous-mêmes pour laisser vos cœurs dans l'endurcissement. Le Fils de Dieu s'apprête à vous donner la dernière et la plus vive marque de cet amour qui l'a porté à descendre du ciel; sa mort est proche: on prépare le bois pour l'immolation du nouvel Isaac ; rentrez donc en vous-mêmes, et ne permettez pasque votre cœur, ému peut-être un instant, retourne à sa dureté ordinaire. Il y aurait à cela le plus grand des périls. Ces touchants anniversaires ont la vertu de renouveler les âmes dont la fidélité coopère à la grâce qui leur est offerte; mais ils accroissent l'insensibilité chez ceux qui les voient passer, sans convertir leurs âmes. « Si donc aujourd'hui vous entendez la voix du Seigneur, n'endurcissez pas vos cœurs. »

Durant les semaines qui ont précédé, nous avons vu monter chaque jour la malice des ennemis du Sauveur. Sa présence, sa vue même les irrite, et l'on sent que cette haine concentrée n'attend que le moment d'éclater. La bonté, la douceur de Jésus continuent d'attirer à lui les âmes simples et droites; en même temps que l'humilité de sa vie et l'inflexible pureté de sa doctrine repoussent de plus en plus le Juif superbe qui rêve un Messie conquérant, et le pharisien qui ne craint pas d'altérer la loi de Dieu, pour en faire l'instrument de ses passions. Cependant Jésus continue le cours de ses miracles ; ses discours sont empreints d'une énergie nouvelle ; ses prophéties menacent la ville et ce temple fameux dont il ne doit pas rester pierre sur pierre. Les docteurs  de la loi devraient du moins réfléchir, examiner ces œuvres merveilleuses qui rendent un si éclatant témoignage au fils de David, et relire tant d'oracles divins accomplis en lui jusqu'à cette heure avec la plus complète fidélité. Hélas ! ces prophétiques oracles, ils s'apprêtent à les accomplir eux-mêmes jusqu'au dernier iota. David et Isaïe n'ont pas prédit un trait des humiliations et des douleurs du Messie que ces hommes aveugles ne s'empresseront de réaliser.

En eux s'accomplit donc cette terrible parole: « Celui qui aura blasphémé contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle futur (1). » La synagogue court à la malédiction. Obstinée dans son erreur, elle ne veut rien écouter, rien voir; elle a faussé à plaisir son jugement : elle a éteint en elle la lumière de l'Esprit-Saint ; et on la verra  descendre tous les degrés   de  l'aberration   jusqu'à   l'abîme.   Lamentable spectacle   que l'on   retrouve   encore   trop souvent de nos jours, chez ces pécheurs qui, à force de résister à la   lumière de   Dieu, finissent par trouver un affreux repos dans les ténèbres ! Et ne soyons pas étonnés de  rencontrer en d'autres hommes les traits que nous observons dans les coupables auteurs de  l'effroyable drame qui va s'accomplir à Jérusalem. L'histoire de la Passion du Fils de Dieu nous fournira plus d'une leçon sur les tristes secrets du cœur humain et de ses passions. Il n'en saurait être autrement : car ce qui se passe à Jérusalem se renouvelle dans le cœur de l'homme pécheur. Ce cœur est un Calvaire sur lequel, selon l'expression de l'Apôtre, Jésus-Christ est trop souvent crucifié. Même ingratitude, même

 

1. Matth. XII, 32.

 

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aveuglement, même fureur; avec cette différence que le pécheur, quand il est éclairé des lumières de la foi, connaît celui qu'il crucifie, tandis que les Juifs, comme le dit encore saint Paul, ne connaissaient pas comme nous ce Roi de gloire (1) que nous attachons à la croix. En suivant les récits évangéliques qui vont, jour par jour, être mis sous nos yeux, que notre indignation contre les Juifs se tourne donc aussi contre nous-mêmes et contre nos péchés. Pleurons sur les douleurs de notre victime, nous dent les fautes ont rendu nécessaire un tel sacrifice.

En ce moment, tout nous convie au deuil. Sur l'autel, la croix elle-même a disparu sous un voile sombre; les images des Saints sont couvertes de linceuls; l'Eglise est dans l'attente du plus grand des malheurs. Ce n'est plus de la pénitence de l’Homme-Dieu qu'elle nous entretient; elle tremble à la pensée des périls dont il est environné. Nous allons lire tout à l'heure dans l'Evangile que le Fils de Dieu a été sur le point d'être lapidé comme un blasphémateur; mais son heure n'était pas venue encore. Il a dû fuir et se cacher. C'est pour exprimer à nos yeux cette humiliation inouïe du Fils de Dieu que l'Eglise a voilé la croix. Un Dieu qui se cache pour éviter la colère des hommes! Quel affreux renversement! Est-ce faiblesse, ou crainte de la mort ? La pensée en serait un blasphème; bientôt nous le verrons aller au-devant de ses ennemis. En ce moment, il se soustrait à la rage des Juifs, parce que tout ce qui a été prédit de lui ne s’est pas encore accompli. D'ailleurs ce n'est pas sous les coups de pierres qu'il doit expirer; c'est sur l'arbre de malédiction, qui

 

1. I Cor II, 8.

 

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deviendra dès lors l'arbre de vie. Humilions-nous, en voyant le Créateur du ciel et de la terre réduit à se dérober aux regards des hommes, pour échapper à leur fureur. Pensons à cette lamentable journée du premier crime, où Adam et Eve, coupables, se cachaient aussi, parce qu'ils se sentaient nus. Jésus est venu pour leur rendre l'assurance par le pardon : et voici qu'il se cache lui-même ; non parce qu'il est nu, lui qui est pour ses saints le vêtement de sainteté et d'immortalité; mais parce qu'il s'est rendu faible, afin de nous rendre notre force. Nos premiers parents cherchaient à se soustraire aux regards de Dieu; Jésus se cache aux yeux des hommes; mais il n'en sera pas toujours ainsi. Le jour viendra où les pécheurs, devant qui il semble fuir aujourd'hui, imploreront les rochers et les montagnes, les suppliant de tomber sur eux et de les dérober à sa vue; mais leur vœu sera stérile, et « ils verront le Fils de l'homme assis sur les nuées du ciel, dans une puissante et souveraine majesté (1) »

Ce dimanche est appelé Dimanche de la Passion, parce que l'Eglise commence aujourd'hui à s'occuper spécialement des souffrances du Rédempteur. On le nomme aussi Dimanche Judica, du premier mot de l'Introït de la messe ; enfin Dimanche de la Néoménie, c'est-à-dire de la nouvelle lune pascale, parce qu'il tombe toujours après la nouvelle lune qui sert à fixer la fête de Pâques.

Dans l'Eglise grecque, ce Dimanche n'a pas d'autre nom que celui de cinquième Dimanche des saints jeûnes.

 

1. MATTH. XXIV, 3o.

 

A LA MESSE.

 

A Rome, la Station est dans la Basilique de Saint-Pierre. L'importance de ce Dimanche, qui ne cède la place à aucune fête, quelque solennelle qu'elle soit, demandait que la réunion des fidèles eût lieu dans l'un des plus augustes sanctuaires de la ville sainte.

L'Introït est le début du Psaume xlii. Le Messie implore le jugement de Dieu, et proteste contre la sentence que les hommes vont porter contre lui. Il témoigne en même temps son espoir dans le secours de son Père, qui, après l'épreuve, l'admettra triomphant dans sa gloire.

 

INTROÏT.

 

 

O Dieu, jugez-moi, et séparez ma cause de celle d'un peuple impie; arrachez-moi à l'homme inique et trompeur, parce que vous êtes mon Dieu et ma force.

Ps. Envoyez-moi votre lumière et votre vérité : elles me guideront et me conduiront jusqu'à votre montagne sainte et à vos tabernacles. O Dieu, jugez-moi.

 

On ne dit plus Gloria Patri, si ce n'est aux messes des Fêtes; mais on répète l'Introït.

Dans la Collecte, l'Eglise demande pour ses enfants cette complète réforme que le saint temps du Carême est appelé à produire, et qui doit tout à la fois soumettre les sens à l'esprit, et préserver l'esprit désillusions et des entraînements auxquels il n'a été que trop sujet jusqu'à présent.

 

COLLECTE.

 

Daignez, Dieu tout-puissant, regarder votre famille d'un œil favorable; et par vos soins paternels conduisez-la au dehors et gardez-la au dedans. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

On ajoute ensuite l'une des deux Oraisons suivantes :

 

CONTRE   LES PERSÉCUTEURS   DE   L'ÉGLISE.

 

Daignez, Seigneur, vous laisser fléchir par les prières de votre Eglise, afin que toutes les adversités et toutes les erreurs ayant disparu, elle puisse vous servir dans une paisible liberté.

 

POUR   LE   PAPE.

 

O Dieu, qui êtes le Pasteur et le Conducteur de tous les fidèles, regardez d'un œil propice votre serviteur N., que vous avez mis à la tête de votre Eglise en qualité de Pasteur ; donnez-lui, nous vous en supplions, d'être utile par ses paroles et son exemple à ceux qui sont sous sa conduite, afin qu'il puisse parvenir à la vie éternelle avec le troupeau qui lui a été confie. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

EPÎTRE.

 

Lecture de l'Epître de saint Paul, Apôtre, aux Hébreux. Chap. IX.

 

Mes Frères, Jésus-Christ, le Pontife des biens futurs, étant venu à paraître, est entré une fois dans le sanctuaire par un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n'a point été fait de main d'homme, c'est-à-dire qui n'a point été formé par la voie commune et ordinaire. Il est entré une fois dans le Saint des Saints, non avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang; nous ayant acquis une rédemption éternelle ; car si le sang des boucs et des taureaux, et l'aspersion de l'eau mêlée avec la cendre d'une génisse, sanctifient ceux qui ont été souillés, et leur donnent une pureté extérieure et charnelle ; combien plus le sang du Christ qui par l'Esprit-Saint s'est offert lui-même à Dieu comme une victime sans tache, purifiera-t-il notre conscience de ses œuvres mortes, pour nous rendre capables de servir le Dieu vivant? Et c'est pourquoi il est le médiateur du Testament nouveau, afin que, par la mort qu'il a subie pour racheter les prévarications commises sous le premier Testament, ceux qui y sont appelés reçoivent l'héritage éternel, en Jésus-Christ notre Seigneur.

 

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C'est seulement par le sang que l'homme peut être racheté. La majesté divine offensée ne s'apaisera que par l'extermination de la créature rebelle qui, par son sang épanché à terre avec sa vie, rendra témoignage de son repentir et de son abaissement extrême devant celui contre lequel elle s'est révoltée. Autrement la justice de Dieu se compensera par le supplice éternel du pécheur. Tous les peuples l'ont compris, depuis le sang des agneaux d'Abel jusqu'à celui qui coulait à flots dans les hécatombes de la Grèce, et dans les innombrables immolations par lesquelles Salomon inaugura la dédicace de son temple. Cependant Dieu dit : « Ecoute, Israël, je suis ton Dieu. Je ne te ferai pas de reproches sur tes sacrifices : tes holocaustes s'accomplissent fidèlement devant moi ; mais je n'ai pas besoin de tes boucs ni de tes génisses. Toutes ces bêtes ne sont-elles pas à moi ? Si j'avais faim, je n'aurais pas besoin de te le dire : l'univers est à moi, et tout ce qu'il renferme. Est-ce que la chair des taureaux est ma nourriture ? est-ce que le sang des boucs est un breuvage pour moi (1) ? » Ainsi Dieu commande les sacrifices sanglants, et il déclare qu'ils ne sont rien à ses yeux. Y a-t-il contradiction ? Non : Dieu veut à la fois que l'homme comprenne qu'il ne peut être racheté que par le sang, et que le sang des animaux est trop grossier pour opérer ce rachat. Sera-ce le sang de l'homme qui apaisera la divine justice ? Non encore : le sang de l'homme est impur et souillé; d'ailleurs, fût-il pur, il est impuissant à compenser l'outrage fait à un Dieu. Il faut le sang d'un Dieu; et Jésus s'apprête à répandre tout le sien.

 

1. Psalm. XLIX.

 

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En lui va s'accomplir la plus grande ligure de l'ancienne loi. Une fois l'année, le grand-prêtre entrait dans le Saint des Saints, afin d'intercéder pour le peuple. Il pénétrait derrière le voile, en lace de l'Arche sainte; mais cette redoutable faveur ne lui était accordée qu'à la condition qu'il n'entrerait dans cet asile sacré qu'en portant dans ses mains le sang de la victime qu'il venait d'immoler. En ces jours, le Fils de Dieu, Grand-Prêtre par excellence, va faire son entrée dans le ciel, et nous y pénétrerons après lui ; mais il faut pour cela qu'il se présente avec du sang, et ce sang ne peut être autre que le sien. Nous allons le voir accomplir cette prescription divine. Ouvrons donc nos âmes, afin que ce sang « les purifie des œuvres mortes, comme vient de nous dire l'Apôtre, et que nous servions désormais le Dieu vivant. »

Le Graduel est emprunté au Psautier; le Sauveur y demande d'être délivré de ses ennemis, et d'être soustrait à la rage d'un peuple ameuté contre lui ; mais en même temps il accepte de faire la volonté de son Père, par qui il sera vengé.

Dans le Trait, qui est puisé à la même source, le Messie, sous le nom d'Israël, se plaint de la fureur des Juifs qui l'ont persécuté dès sa jeunesse, et qui s'apprêtent à lui faire subir une cruelle flagellation. Il annonce en même temps les châtiments que le déicide attirera sur eux.

 

GRADUEL.

 

Seigneur, arrachez-moi  à mes   ennemis   :   enseignez-moi à faire votre volonté.

V/. C'est vous, Seigneur, qui me délivrerez d'un peuple furieux ; vous me ferez triompher de ceux qui s'élèvent contre moi; vous m'arracherez à l'homme  inique.

 

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TRAIT.

 

Dès ma jeunesse, ils ont souvent dirigé contre moi leurs attaques.

V/. Israël peut bien dire : Dès ma jeunesse, ils ont souvent dirigé contre moi leurs attaques.

R/. Mais ils n'ont rien pu contre moi. Les pécheurs m'ont laissé la trace de leurs coups sur le dos.

V/. Ils ont continué longtemps leurs iniquités; mais le Seigneur, qui est juste, brisera la tête des pécheurs.

 

 

EVANGILE.

 

La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. VIII.

 

En ce temps-là, Jésus disait à la foule des Juifs : Qui de vous me convaincra de péché? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? Celui qui est de Dieu, écoute la parole de Dieu. Vous ne l'écoutez point, parce que vous n'êtes pas de Dieu. Les Juifs lui dirent : N'avons-nous pas raison de dire que vous êtes un Samaritain, et que vous êtes possédé du démon ? Jésus répondit : Je ne suis point possédé du démon ; mais j'honore mon Père, et vous me déshonorez. Pour moi, je ne cherche pas ma gloire ; il est un autre qui la cherchera    et    qui   jugera. En   vérité,   en   vérité,  je vous le  dis : Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais   la  mort. Les   Juifs lui  dirent donc  :  Maintenant nous voyons bien que le   démon    est    en   vous. Abraham  est  mort, et les Prophètes   aussi ;   et  vous dues :  Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort.   Etes-vous    donc plus grand  que notre père Abraham, qui est mort, et que les Prophètes qui aussi sont morts ? Que prétendez-vous être? Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien ; c'est mon  Père qui me glorifie. Vous dites   qu'il est votre Dieu, et vous ne le connaissez pas ; mais moi je le connais. Et si je disais que je ne le connais pas, je serais comme vous un   menteur. Mais je le connais et je garde sa  parole.   Abraham  votre père a désiré ardemment de voir mon jour : il l'a vu, et il en a été comblé de joie. Les Juifs lui dirent : Vous n'avez pas encore cinquante ans, et vous avez vu Abraham ? Jésus leur  dit : En vérité, en vérité, je vous le dis : avant qu'Abraham fût créé, je  suis. Alors  ils prirent des pierres pour les lui jeter; mais Jésus se cacha, et sortit du temple.

 

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On le voit, la fureur des Juifs est au comble, et Jésus est réduit à fuir devant eux. Bientôt ils le feront mourir ; mais que leur sort est différent du sien ! Par obéissance aux décrets de son Père céleste, par amour pour les hommes, il se livrera entre leurs mains, et ils le mettront à mort ; mais il sortira victorieux du tombeau, il montera aux cieux, et il ira s'asseoir à  la droite de son Père. Eux, au contraire, après avoir assouvi leur rage, ils s'endormiront sans remords  jusqu'au terrible réveil qui leur est préparé.  On sent que la réprobation de   ces  hommes   est sans retour. Voyez avec quelle sévérité le Sauveur leur parle : « Vous n'écoutez pas la parole de Dieu, parce que vous n'êtes pas de Dieu. » Cependant il fut un temps où ils étaient de Dieu : car le Seigneur donne sa grâce à tous; mais   ils ont   rendu inutile cette grâce; ils s'agitent dans   les ténèbres, et ils ne verront plus la lumière qu'ils ont refusée.

« Vous dites que le Père est votre Dieu; mais vous ne le connaissez même pas. » A force de méconnaître le Messie, la synagogue en est venue à ne plus connaître même le Dieu unique et souverain dont le culte la rend si chère ; en effet, si elle connaissait le  Père, elle   ne repousserait pas le Fils. Moïse, les Psaumes, les Prophètes sont pour elle lettre close, et ces livres divins vont bientôt passer entre les mains des gentils, qui sauront les lire et les comprendre. « Si je disais que je ne connais pas le Père, je serais comme vous un menteur. » A la dureté du langage de Jésus, on sent déjà la colère du juge qui descendra au dernier jour   pour  briser  contre terre la   tête   des pécheurs. Jérusalem n'a pas connu le temps de sa visite; le Fils de Dieu est venu à elle, et elle ose dire qu'il est « possédé du démon ». Elle dit en

 

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face au Fils de Dieu, au Verbe éternel qui prouve sa divine origine par les plus éclatants prodiges, qu'Abraham et les Prophètes sont plus que lui. Etrange aveuglement qui procède de l'orgueil et de la dureté du coeur ! La Pâque est proche ; ces hommes mangeront religieusement l'agneau figuratif; ils savent que cet agneau est un symbole qui doit se réaliser. L'Agneau véritable sera immolé par leurs mains sacrilèges, et ils ne le reconnaîtront pas. Son sang répandu pour eux ne les sauvera pas. Leur malheur nous fait penser à tant de pécheurs endurcis pour lesquels la Pâque de cette année sera aussi stérile de conversion que celle des années précédentes ; redoublons nos prières pour eux, et demandons que le sang divin qu'ils foulent aux pieds ne crie pas contre eux devant le trône du Père céleste.

A l'Offertoire, le chrétien, plein de confiance dans les mérites du sang qui l'a racheté, emprunte les paroles de David pour louer Dieu, et pour le reconnaître auteur de cette vie nouvelle dont le sacrifice de Jésus-Christ est la source intarissable.

 

OFFERTOIRE.

 

Seigneur, je vous louerai de tout mon cœur ; répandez votre grâce sur votre serviteur, et je vivrai, et je garderai vos commandements. Donnez-moi la vie. Seigneur, selon votre parole.

 

 

Le sacrifice de l'Agneau sans tache a produit deux effets sur l'homme pécheur : il a brisé ses chaînes, et il l'a rendu l'objet des complaisances du Père céleste.   L'Eglise demande, dans la Secrète, que le Sacrifice qu'elle va offrir, et qui est le même que celui de la Croix, produise en nous ces mêmes résultats.

 

SECRÈTE.

 

Que cette offrande, Seigneur, nous dégage des liens de notre malice, et nous concilie les dons de votre miséricorde. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

CONTRE  LES   PERSÉCUTEURS DE L’ÉGLISE.

 

Protégez-nous, Seigneur, nous qui célébrons vos mystères, afin que, nous attachant aux choses divines, nous vous servions dans le corps et dans l'âme. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

POUR   LE   PAPE.

 

Laissez-vous fléchir, Seigneur, par l'offrande de ces dons, et daignez gouverner par votre continuelle protection votre serviteur N., que vous avez voulu établir Pasteur de votre Eglise. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

 

L'Antienne de la Communion est formée des paroles mêmes de Jésus-Christ instituant l'auguste Sacrifice qui vient d'être célébré, et auquel le Prêtre et les fidèles viennent de participer, en mémoire de la divine Passion, dont il a renouvelé le souvenir et le mérite infini.

 

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COMMUNION.

 

Ceci est mon corps, qui sera livré pour vous : ceci est le calice de la nouvelle alliance en mon sang, dit le Seigneur. Faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous recevez ces choses.

 

Dans la Postcommunion, l'Eglise demandé à Dieu de conserver dans les fidèles les fruits de la visite qu'il a daigné leur faire, en entrant en eux parla participation aux Mystères sacrés.

 

POSTCOMMUNION.

 

ASSISTEZ-NOUS, notre  Dieu : Seigneur et défendez par votre continuel secours ceux que vous venez de nourrir par vos mystères. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

CONTRE   LES   PERSÉCUTEURS  DE   L'ÉGLISE.

 

Nous vous supplions, Seigneur notre Dieu, de ne pas laisser exposés aux périls de la part des hommes, ceux à qui vous accordez de participer aux mystères divins.

 

POUR   LE   PAPE.

 

Que la réception de ce divin Sacrement nous protège, Seigneur ; qu'elle sauve aussi et fortifie à jamais, avec le troupeau qui lui est confié, votre serviteur N., que vous avez établi Pasteur de votre Eglise. Par Jésus-Christ notre Seigneur.

 

 

A VEPRES.

 

Les Psaumes se trouvent ci-dessus, pages 89 et suivantes.

 

CAPITULE.

 

Mes Frères, Jésus-Christ, le Pontife des biens futurs, étant venu à paraître, est entré une fois dans le Sanctuaire par un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n'a point été fait de main d'homme ; c'est-à-dire qui n'a point été formé par la voie commune et ordinaire. Il est entré une fois dans le Saint des Saints, non avec le sang des boucs et des taureaux, mais avec son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle.

R/. Rendons grâces à Dieu.

 

L'Hymne et le Verset ci-dessus, page 97.

 

Antienne de Magnificat.

 

Abraham votre père a désiré ardemment de voir mon jour ; il l'a vu, et il en a été comblé de joie.

 

ORAISON.

 

Seigneur Dieu tout-puissant, regardez votre famille d'un œil favorable ; et par vos soins paternels conduisez-la au dehors et gardez-la au dedans. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

Nous placerons ici cette solennelle Oraison de l'Eglise gothique d'Espagne que nous empruntons au Bréviaire Mozarabe.

 

CAPITULE.

 

Le cours du temps, ô Christ Fils de Dieu, nous a ramené les fêtes commémoratives de votre Passion. Nous commençons d'un coeur pieux à vous rendre les devoirs qui vous appartiennent, en ce temps où vous avez souffert pour nous les insultes de vos persécuteurs et enduré sur la croix les coups de vos ennemis; nous vous en supplions, ne vous éloignez pas de nous. Aux approches de votre tribulation, personne n'était là pour vous secourir; soyez, au contraire, notre seul soutien par le mérite de votre Passion. Ne nous livrez pas à nos ennemis pour nous perdre ; mais recevez vos serviteurs pour les sauver. Par votre puissante vertu, repoussez ces superbes qui nous calomnient, c'est-à-dire les ennemis de nos âmes ; car vous êtes, dans votre humanité, le divin flambeau placé sur le chandelier de la croix. Enflammez-nous des feux qui sont les vôtres, afin que nous ignorions ceux du châtiment. Faites part des mérites de votre Passion à ceux que vous voyez en célébrer les prémices d’un cœur pieux ; par le bienfait de votre lumière, daignez dissiper les ténèbres de nos erreurs.

 

 

Pour honorer la sainte Croix, nous insérons chaque jour de cette semaine une pièce liturgique où elle est célébrée. Nous commencerons aujourd'hui par cette belle Hymne de saint Venance Fortunat, évêque de Poitiers

 

HYMNE.

 

Elle attire nos regards, la Croix bénie, sur laquelle le Sauveur fut suspendu par sa chair; sur laquelle il lava nos blessures dans son sang.

 

C'est par elle que l'Agneau sacré, douce victime, dans son amour pour nous, a arraché les brebis de la gueule du loup.

 

C'est sur elle que, ayant les mains clouées, il a racheté le monde de sa perte, et, en mourant, fermé ses voies à la mort.

 

Sur elle fut traversée d'un clou sanglant cette main qui arracha Paul à ses crimes, et sauva Pierre du trépas.

 

Doux et noble bois, qu'elle est riche, ta fécondité, quand tu portes sur tes rameaux un fruit si nouveau !

 

A l'odeur merveilleuse que tu répands, les corps morts se lèvent de leurs tombeaux, et ceux qui ne voyaient plus la lumière reviennent a la vie.

 

Sous le feuillage de cet arbre, on ne sent plus les ardeurs dévorantes, ni la lune pendant la nuit, ni le soleil dans son midi brûlant.

 

Dans ton éclat tu t'élèves au bord des eaux; c'est là que tu étales ta verdure embellie de fleurs nouvelles.

 

A tes branches est suspendue la vigne qui donne un vin si doux, dans le sang vermeil du Christ.

 

 

 

 

 

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