PASSION MERCREDI

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LE MERCREDI DE LA SEMAINE DE LA PASSION.

 

A Rome, la  Station est  dans l'Eglise de Saint-Marcel,  Pape et  Martyr. Cette église avait été la maison de la sainte dame Lucine, qui la donna au Pontife pour la consacrer au culte de Dieu.

 

COLLECTE.

 

 Dieu de miséricorde, sanctifiez ce jeûne, éclairez les cœurs de vos fidèles, et daignez prêter une oreille favorable à ceux auxquels vous inspirez le sentiment de la piété. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

ÉPÎTRE.

 

Lecture du Livre du Lévitique. Chap. XIX.

 

En ces jours-là, le Seigneur parla à Moïse et lui dit : Parle à toute l'assemblée des enfants d'Israël, et dis leur de ma part : Je suis le Seigneur votre Dieu. Vous ne déroberez point ; vous ne mentirez point; et nul de vous ne trompera son prochain ; vous ne jurerez point faussement en mon nom, et vous ne souillerez point le nom de votre Dieu; je suis le Seigneur. Vous ne calomnierez point votre prochain, et vous ne l'opprimerez point par violence. Le salaire de votre mercenaire ne demeurera point chez vous jusqu'au matin. Vous ne parlerez point mal du sourd, et vous ne placerez point d'obstacle devant les pas de l'aveugle; mais vous craindrez le Seigneur votre Dieu, parce que je suis le Seigneur. Vous ne ferez rien contre l'équité, et vous ne jugerez point injustement. Ne laites point attention si la personne est pauvre, et ne vous laissez point intimider par l'aspect du puissant. Jugez votre prochain selon la justice. Vous ne serez point calomniateur, ni semeur de rapports parmi le peuple. Vous ne ferez point d'entreprise contre le sang de votre prochain. Je suis le Seigneur Vous ne haïrez point votre frère dans votre cœur; mais reprenez-le publiquement, de peur qu'il ne ne soit pour vous cause de péchés. Ne cherchez point la vengeance, et ne gardez pas souvenir de l'injure de vos concitoyens. Vous aimerez votre ami comme vous-même ; je suis le Seigneur. Gardez mes lois; car je suis le Seigneur votre Dieu.

 

 

L'Eglise, en nous mettant aujourd'hui sous les veux ce passage du Lévitique, dans lequel les devoirs de l'homme envers son prochain se trouvent exposés avec tant de clarté et d'abondance, veut faire comprendre au chrétien en quel détail

 

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il doit scruter et réformer sa vie, sur un point de si haute importance. C'est Dieu même qui parle ici et qui intime ses ordres; entendez comme il répète presque à chaque phrase : « Moi, le Seigneur » ; afin de nous faire comprendre qu'il se constituera le vengeur du prochain que nous aurions lèse. Que ce langage devait être nouveau à l'oreille des catéchumènes, élevés au sein de ce monde païen, égoïste et sans entrailles, qui ne leur avait jamais dit que tous les hommes étant frères, Dieu, Père commun de l'immense famille de l'humanité, exigeait qu'ils s'aimassent tous d'un amour sincère, sans distinction de races et de condition! Nous, chrétiens, en ces jours de réparation, songeons à remplira la lettre les intentions du Seigneur notre Dieu. Souvenons-nous que ces préceptes furent intimés au peuple israélite. bien des siècles avant la publication de la Loi de miséricorde. Or, si le Seigneur prescrivait au Juif un si sincère amour de ses frères , lorsque la loi divine n'était encore écrite que sur des tables de pierre, que ne demandera-t-il pas du chrétien qui peut maintenant la lire dans le cœur de l'Homme-Dieu descendu du ciel et devenu notre frère, afin qu'il nous fût à la fois plus facile et plus doux de remplir le précepte de la charité? L'humanité unie en sa personne à la divinité est désormais sacrée; elle est devenue l'objet des complaisances du Père céleste: c'est par amour fraternel pour elle que Jésus se dévoue à la mort, nous apprenant par son exemple à aimer si sincèrement nos frères que, s'il est nécessaire, « nous allions jusqu'à donner notre vie pour eux (1) ». C'est le disciple bien-aimé qui l'a appris de son Maître, et qui nous l'enseigne.

 

I. I  JOHAN, III, l6.

 

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ÉVANGILE

 

La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chap. X.

 

En ce temps-là, on faisait à Jérusalem la fête de la Dédicace, et c'était l'hiver; et Jésus se promenait dans le temple, sous le portique de Salomon. Les Juifs s'assemblèrent autour de lui et lui dirent: Jusqu'à quand nous tiendrez-vous l'esprit en suspens ? Si vous êtes le Christ, dites-le-nous ouvertement. Jésus leur répondit : Je vous parle, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi ; mais vous ne croyez pas, parce que vous n'êtes pas de mes brebis.  Mes brebis écoutent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais; et nul ne les ravira d'entre mes mains. Ce que mon Père m'adonne est plus grand que toutes choses, et personne ne le saurait ravir de la main Je mon Père. Moi et le Père sommes une même chose. Alors les Juifs prirent des pierres pour le lapider. Jésus leur dit : J'ai fait devant vous plusieurs bonnes œuvres par la puissance de mon Père ; pour laquelle de ces œuvres me lapidez-vous? Les Juifs lui répondirent : Nous ne vous lapidons pas pour aucune bonne œuvre, mais à cause de votre blasphème; et parce que, étant un homme, vous vous faites Dieu. Jésus leur répondit: N'est-il pas écrit dans votre loi: J'ai dit que vous êtes des dieux? Si donc elle appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu était adressée, et que l'Ecriture ne puisse être détruite, celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde, comment dites-vous de lui : il a blasphémé, parce qu'il a dit: Je suis le Fils de Dieu ? Si je ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me croyez pas; mais si je les fais, quand vous ne voudriez pas me croire, croyez à mes oeuvres ; ann que vous connaissiez et que vous croyiez que le Père est en moi, et moi dans le Père.

 

 

Après la fête des Tabernacles vint celle de la Dédicace, et Jésus était demeuré à Jérusalem. La haine de ses ennemis croissait toujours, et voici qu'ils s'assemblent autour de lui, afin de lui faire dire qu'il est le Christ, pour l'accuser ensuite d'usurper une mission qui n'est pas la sienne. Jésus dédaigne de leur répondre, et les renvoie aux prodiges qu'ils lui ont vu opérer, et qui rendent de lui un si éclatant témoignage. C'est par la foi, et par la foi seule, que l'homme peut arriver à Dieu en ce monde. Dieu se manifeste par des œuvres divines; l'homme qui les connaît doit croire la vérité que de telles œuvres attestent ; en

 

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croyant ainsi, il a en même temps la certitude de ce qu'il croit et le mérite de sa croyance. Le Juif superbe se révolte; il voudrait dicter la loi à Dieu même, et il ne comprend pas que sa prétention est aussi impie qu'elle est absurde.

Cependant il faut que la doctrine divine ait son cours, dût-elle exciter le scandale de ces esprits pervers. Jésus n'a pas à parler seulement pour eux : il faut aussi qu'il le fasse pour ceux qui croiront. Il dit donc alors cette grande parole, par laquelle il atteste, non plus seulement sa qualité de Christ, mais sa divinité : « Moi et mon Père, nous sommes une même chose ». Il savait qu'en s'exprimant ainsi il exciterait leur fureur; mais il fallait qu'il se révélât à la terre et confondît d'avance l'hérésie. Arius se lèvera un jour contre le Fils de Dieu, et dira qu'il n'est que la plus parfaite des créatures : l'Eglise répondra qu'il est une même chose avec le Père, qu'il lui est consubstantiel; et après bien des agitations et bien des crimes, la secte arienne s'éteindra et tombera dans l'oubli. Les Juifs sont ici les précurseurs d'Arius. Ils ont compris que Jésus confesse qu'il est Dieu, et ils tentent de le lapider. Par une dernière condescendance, Jésus veut les préparera goûter cette vérité, en leur montrant par leurs Ecritures que l'homme peut recevoir quelquefois, dans un sens restreint, le nom de Dieu, à raison des fonctions divines qu'il exerce; puis il porte de nouveau leur pensée sur les prodiges qui témoignent si hautement de l'assistance que lui prête son Père, et répète avec une fermeté nouvelle que « le Père est en lui, et lui dans le Père ». Rien ne peut convaincre ces cœurs obstinés; et la peine du péché qu'ils ont commis contre le Saint-Esprit pèse toujours sur eux davantage. Que différent est le sort des brebis du Sauveur! « Elles écoutent sa voix, elles le suivent; il leur donne la vie éternelle, et nul ne les ravira de ses mains. » Heureuses brebis ! elles croient parce qu'elles aiment; c'est par le cœur que la vérité se t'ait jour en elles; de même que c'est par l'orgueil de l'esprit que les ténèbres pénètrent dans l'âme de l'incrédule, et s'y établissent pour toujours. L'incrédule aime les ténèbres; il les appelle lumière, et il en vient à blasphémer, sans plus sentir qu'il blasphème. Le Juif en vient jusqu'à crucifier le Fils de Dieu pour rendre hommage à Dieu.

 

 

 

Humiliate capita vestra Deo.

Humiliez vos têtes devant Dieu.

 

 

ORAISON.

 

 Ecoutez nos supplications, ô Dieu tout-puissant, et daignez accorder l'effet de votre miséricorde accoutumée à ceux auxquels vous donnez la confiance de l'espérer de votre bonté. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

L'Eglise Gothique d'Espagne nous présente, dans son Bréviaire Mozarabe, cette belle prière composée de solennelles acclamations au Christ souffrant.

 

(Sabbato Dominicœ V. Quadragesimae.)

 

V/. O Christ,  vrai Fils de Dieu !

R/. Exaucez-nous ,   ayez pitié d'un peuple suppliant.

 

V/.  Vous qui, par le triomphe de votre Croix, avez seul sauvé l'univers, délivrez-nous par votre sang expiateur.

R/. Exaucez-nous.

 

V/. Vous qui, en mourant, condamnez la mort, et par votre Résurrection procurez la vie ; vous qui souffrez pour nous une peine qui ne vous était pas due.

R/. Exaucez-nous.

 

V/. Accordez-nous de célébrer en paix ces jours de votre Passion. Dans ce saint temps, que votre bonté nous protège.

R/. Exaucez-nous.

 

V/. Ne laissez pas périr ceux pour qui vous avez souffert la Croix; mais, par la Croix, conduisez-les à la vie éternelle.

R/. Exaucez-nous.

 

Saluons la sainte Croix, en empruntant la voix de l'Eglise Grecque, dans son Triodion.

 

(Feria IV. mediae Septimanae.)

 

En changeant la disposition de ses bras, pour répandre la bénédiction sur ses petits-fils, Jacob, l'illustre patriarche, marquait la figure de la Croix ; il présageait la bénédiction de salut qui, par la Croix, est descendue sur nous tous.

 

O Croix digne d'honneur, nous t'embrassons comme l'armure de salut, l'invincible trophée, le signe d'allégresse, l'instrument par lequel la mort a succombé ; nous qui participons à la gloire de celui qui fut attaché à tes bras.

 

Les hiérarchies angéliques assistent saisies de terreur, en présence du bois qui donne la vie. Car sur ce bois le Christ a versé son sang, et il a offert, pour éloigner des hommes la ruine qui les menaçait, le prix de la rédemption qui détruit tous les droits que le péché avait donnés aux démons.

 

O Verbe, j'ai été blessé par le glaive de l'ennemi ; guérissez-moi par votre sang ; hâtez-vous de déchirer par la lance de votre Passion la cédule de mes péchés, et inscrivez-moi au livre de vie.

 

O Croix digne d'hommages, lorsque tu fus plantée en terre, les demeures infernales en furent ébranlées ; mais tu es devenue pour les fidèles l'appui solide, la protection qui ne manque jamais.

 

Rendus fertiles en vertus, cueillons sur ce bois divin les fruits vivifiants que nous présente Jésus , la vigne féconde, étendue sur ce bois.

 

Nous louons, ô Jésus, votre immense bonté, en adorant la Croix, la lance et le roseau avec lesquels vous avez renversé, dans votre miséricorde, le mur de séparation qui nous faisait ennemis de Dieu.

 

 

 

 

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