PSAUME CXVIII-XV
Précédente Accueil Remonter Suivante

 

Accueil
Remonter
PSAUME CXVIII-I
PSAUME CXVIII-II
PSAUME CXVIII-III
PSAUME CXVIII-IV
PSAUME CXVIII-V
PSAUME CXVIII-VI
PSAUME CXVIII-VII
PSAUME CXVIII-VIII
PSAUME CXVIII-IX
PSAUME CXVIII-X
PSAUME CXVIII-XI
PSAUME CXVIII-XII
PSAUME CXVIII-XIII
PSAUME CXVIII-XIV
PSAUME CXVIII-XV
PSAUME CXVIII-XVI
PSAUME CXVIII-XVII
PSAUME CXVIII-XVIII
PSAUME CXVIII-XIX
PSAUME CXVIII-XX
PSAUME CXVIII-XXI
PSAUME CXVIII-XXII
PSAUME CXVIII-XXIII
PSAUME CXVIII-XXIV
PSAUME CXVIII-XXV
PSAUME CXVIII-XXVI
PSAUME CXVIII-XXVII
PSAUME CXVIII-XXVIII
PSAUME CXVIII-XXIX
PSAUME CXVIII-XXX
PSAUME CXVIII-XXXI
PSAUME CXVIII-XXXII

QUINZIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME CXVIII.

LES EFFETS DE LA GRÂCE.

 

Le Prophète supplie Dieu de se souvenir de sa promesse, non que le Seigneur oublie, mais parce que lui-même désire ardemment ce qu’il demande Cette parole d’espérance l’a consolé dans les épreuves de l’humiliation, l’en a fait triompher en lui donnant la vie du bien, en le soutenant contre l’apostasie dans la persécution. Celui qui est ainsi consolé, c’est l’homme tombé du paradis et relevé par la promesse du Rédempteur. Depuis le commencement il a pu se soutenir par la méditation des Jugements de Dieu, par sa miséricorde; et dans la nuit du péché, il s’est souvenu de Dieu, ce qui l’a fortifié contre les assauts du démon.

 

1. Considérons, avec le secours de Dieu, et expliquons ces versets de notre psaume

« Souvenez-vous de votre parole à votre serviteur, et qui m’a donné l’espérance. Cette espérance m’a consolé dans mon humilité, car votre parole m’a donné la vie 1». Est-ce

que l’oubli est aussi citez Dieu, comme chez les hommes ? Pourquoi donc le Prophète lui

dit-il : « Souvenez-vous? » Il est vrai qu’en d’autres endroits de l’Ecriture on retrouve cette

même expression : « Pourquoi m’avez-vous oublié 2? » et: « Pourquoi oublier notre misère 3? » et Dieu lui-même nous dit par son

 

1. Ps. CXVIII, 49, 50. — 2. Id. XLI, 10.— 3. Id. XLIII, 24.

 

Prophète : « J’oublierai toutes ses iniquités 1 » et beaucoup d’autres exemples semblables. Mais ces paroles ne doivent point s’entendre de Dieu comme on les entend des hommes. De itême en effet qu’on dit de Dieu qu’il se repent, quand contrairement à l’espérance des hommes, il change le cours des choses, sans néanmoins changer son dessein, puisque le dessein du Seigneur demeure éternellement 2 ; ainsi on dit qu’il oublie, quand il semble différer son secours, ou l’effet de sa promesse, ou ne peut châtier les pécheurs comme ils le méritent, ou toute autre chose semblable;

 

1. Ezéch XVIII, 22, — 2. Ps. XXXII, 11.

 

683

 

comme si ce que l’on espère, ou que l’on redoute, avait échappé à sa mémoire parce qu’on n’en voit pas l’accomplissement. C’est une manière morale de se mettre au niveau des hommes, quoique Dieu agisse de la sorte, avec une disposition fixe, sans aucun défaut de mémoire, sans obscurcissement d’intelligence, sans changement de volonté, Dès lors, dire au Seigneur: « Souvenez-vous », c’est montrer, c’est stimuler un désir dans celui qui réclame l’effet de la promesse, mais non rappeler au Seigneur ce qu’il aurait oublié. « Souvenez-vous», dit le Prophète, « de votre parole à votre serviteur » ; c’est-à-dire, accomplissez ce que vous avez promis à votre serviteur ; c’est-à-dire encore, cette parole qui contenait une promesse et qui m’a fait espérer.

2. «C’est elle qui m’a consolé dans mon humilité 1 » : elle, c’est-à-dire cette espérance qui a été donnée aux humbles, comme le dit l’Ecriture : « Dieu résiste aux superbes, et donne la grâce aux humbles 2 ». De là cette maxime sortie de la bouche du Sauveur lui-même : « Quiconque s’élève sera abaissé; quiconque s’abaisse sera élevé 3 ». Et par cet abaissement nous n’entendons pas cette humilité de quiconque avoue ses péchés et ne s’arroge point la justice ; mais celle d’un homme qui est tombé dans la tribulation ou dans quelque mépris dont Dieu a voulu châtier son orgueil, ou exercer sa patience et la mettre à l’épreuve Aussi le Psalmiste nous dit-il un peu plus loin: « Avant d’être humilié, j’ai commis-le péché ». Et encore au livre de la Sagesse : « Demeure en paix dans la douleur; et au temps de l’humiliation, garde la patience ; car l’or et l’argent s’épurent par la flamme, mais les hommes que Dieu accepte passent par le feu 3 ». En disant que Dieu accepte ces hommes, il nous donne cette espérance qui console dans l’humilité. Et quand le Seigneur Jésus prédisait aux disciples que ces humiliations leur viendraient de la part des persécuteurs, il ne les abandonna point sans espérance, mais il leur donna celle-ci qui doit les consoler : « Vous posséderez vos âmes par votre patience ». Quant à votre corps que vos ennemis peuvent tuer,et en quelque sorte anéantir, un cheveu de votre tête ne périra point 6 », nous

 

1. Ps. CXVIII, 10.— 2. Jacques, IV, 6; I Pierre, V, 5.— 3. Luc, XIV, 11; XVIII, 14, — 4. Eccli. II, 4, 5. — 5. Luc, XXI, 19. — 6. Id. 18.

 

dit-il. Telle est l’espérance donnée au corps du Christ, ou à l’Eglise, pour la consoler dans son humilité. C’est à propos de cette espérance que l’apôtre saint Paul nous dit : « Si nous ne voyons pas ce que nous espérons, nous l’attendons par la patience 1». Mais cette espérance regarde les biens éternels. Or, il y a une autre espérance très-propre à nous consoler dans l’abaissement de la tribulation, et qui a été donnée aux saints dans la parole de Dieu qui leur promet la grâce, de peur qu’ils ne viennent à succomber. C’est de cette espérance que l’Apôtre nous dit: « Dieu est fidèle, et ne permettra point que vous soyez tentés au-dessus de vos forces ; mais il vous fera profiter de la tentation, afin que vous puissiez persévérer 2 ». Telle est encore l’espérance que nous donnait la bouche du Sauveur: « Cette nuit Satan a demandé à vous cribler comme le froment, et j’ai prié pour toi, Pierre, afin que la foi ne t’abandonne point 3». C’est encore cette espérance qu’il nous donne dans la prière qu’il nous a enseignée. et où il nous fait dire: « Ne nous induisez pas en tentation 4 ». C’était en quelque-sorte promettre aux siens qui seraient en danger ce qu’il veut qu’ils lui demandent. C’est donc de cette espérance qu’il nous est mieux d’entendre cette parole du psaume : « C’est elle qui m’a consolé dans mon humilité, car votre parole m’a donné la vie 5 ». D’autres avec plus de fidélité ont traduit, non point Verbum ou « parole », mais Eloquium ou langage. Il y a en effet dans le grec logion ou Eloquium, tandis que c’est logos qui signifie Verbum.

3. Nous lisons ensuite : « Les superbes me provoquaient sans cesse par l’iniquité ; mais je n’ai point abandonné votre loi 6». Par ces superbes, il veut nous faire entendre les persécuteurs des saints ; c’est pourquoi il ajoute : « Mais je n’ai point abandonné votre loi », car c’était à une telle apostasie que tendait la persécution. C’est avec raison qu’il les accuse d’avoir sans cesse commis l’iniquité; car, non-seulement ils étaient impies, mais ils poussaient les saints à l’impiété. Or, dans cette humilité, ou plutôt dans cette affliction, se trouve la consolation de l’espérance, qui nous a été donnée dans la parole de Dieu, promettant des secours aux martyrs, de peur que

 

1. Rom VIII, 25. — 2. I Cor. X, 13. — 3. Luc, XXII, 31,32. — 4. Matth. VI, 13. — 5. Ps. CXVIII, 50 — 6. Id. 51.

 

684

 

leur foi ne vienne à défaillir: on trouve aussi la présence de l’Esprit-Saint qui répare les forces de ceux qui souffrent, afin qu’ils puissent échapper au filet des chasseurs, et dire « Sans la présence du Seigneur parmi nous, ils nous auraient dévorés tout vivants 1 ».

4. Quand il dit : « Cette espérance m’a consolé dans mon humiliation », n’entendrait-il point cette humiliation de celle où tomba l’homme, quand il fut condamné à la mort à cause du péché si malencontreusement commis dans le paradis de délices 2? C’est en effet par cette humiliation que l’homme est devenu semblable à la vanité, elle qui a fait passer ses jours comme l’ombre 3; c’est elle qui a fait de nous tous des enfants de colère, et pour toujours, si ceux qui avant la création du monde 4 ont été prédestinés pour le salut éternel, ne sont réconciliés avec Dieu par le Médiateur; et c’est en ce Médiateur que les anciens justes mettaient leur espérance, quand l’esprit de prophétie le leur montrait venant en sa chair. Alors la promesse faite à nos pères au sujet d’un médiateur, pourrait être cette promesse dont il est ici question si nous leur prêtons ce langage au sujet de la même promesse: « Souvenez-vous de votre parole à votre serviteur, et dans laquelle vous m’avez donné l’espérance ». C’est elle qui m’a consolé dans mon humiliation, c’est-à-dire dans ma mortalité: « Car cette parole m’a donné une vie nouvelle»: en sorte que, destiné à la mort, j’ai néanmoins conçu l’espoir de vivre. « Quant aux superbes, ils agissaient toujours d’une manière criminelle » : car l’assujettissement à la mort n’a pas dompté leur orgueil. « Mais je n’ai point apostasié votre loi 5», comme les superbes voulaient m’y contraindre.

5. « Je me suis souvenu, Seigneur, de vos jugements, depuis le commencement , et j’ai été consolé » : ou, comme on lit en certains exemplaires, exhortatus sum, j’y ai trouvé de l’encouragement. Le verbe grec parekleten peut avoir ces deux significations, Depuis le commencement donc, à l’origine de la race humaine, « je me suis souvenu de vos jugements au sujet des vases de colère destinés a la perdition 7» ; et j’ai été consolé, parce que là aussi j’ai compris les trésors de votre gloire pour les vases de votre miséricorde.

 

1. Ps. CXXIII, 2, 3. — 2. Gen. III, 23.— 3. Ps. CXLIII, 4.— 4. Ephés. I, 4, 5. — 5. Ps. CXVIII, 49-51. — 6. Id. 52. — 7. Rom. IX, 22, 23.

 

6. « La défaillance m’a saisi, quand j’ai vu les pécheurs abandonner votre loi. Vos oracles étaient mes cantiques dans le sein de mon exil 1 » : ou, comme d’autres ont traduit, « dans le lieu où j’étais étranger ».Telle est l’humiliation de l’homme banni du paradis, de la Jérusalem d’en haut, exilé dans ce lieu où il est mortel; c’est de Jérusalem que descendait à Jéricho cet homme qui tomba entre les mains des voleurs; mais à cause de la miséricorde que montra pour lui le samaritain 2, il chanta dans le lieu de son exil les oracles de Dieu. Et toutefois, la vue des pécheurs qui abandonnaient la loi divine, redoublait son ennui, car il lui fallait converser avec eux, au moins pour un temps, jusqu’à ce que le vent ait passé dans l’aire. On peut aussi accorder ces deux versets avec chaque partie du verset précédent; en sorte que ces paroles : « Je me suis souvenu, ô Dieu, de vos jugements depuis le commencement », peuvent se rapporter à celles-ci: « La défaillance m’a saisi à la vue des pécheurs qui abandonnent votre loi »; et ce mot : « Je me suis consolé », à ces paroles: « Dans le lieu de mon exil, je chantais vos oracles ».

7. « Pendant la nuit, je me suis souvenu de votre nom, ô mon Dieu, et j’ai gardé votre loi 3 ». Cette nuit est l’humiliation avec l’ennui de la mortalité. Il y a nuit pour ces méchants qui commettent sans cesse l’iniquité, nuit encore dans cette défaillance à la vue des pécheurs qui abandonnent la loi dc Dieu; nuit enfin dans ce lieu d’exil, jusqu’à ce que vienne le Seigneur pour éclairer ce qu’il y a de plus caché dans les ténèbres, manifester les pensées des coeurs, et alors chacun recevra de Dieu la louange 4. Dans cette nuit donc l’homme doit se souvenir du nom du Seigneur, afin que celui qui se glorifie, ne se glorifie que dans le Seigneur, aussi est-il écrit : « Ce n’est point à nous, Seigneur, ce n’est point à nous, mais à votre nom qu’il faut donner la gloire 6 ». Car ce n’est point en cherchant sa propre gloire, mais celle de Dieu, comme ce n’est point par sa propre justice, mais par celle de Dieu, celle qui est un don de Dieu, que chacun garde la loi du Seigneur, ainsi que l’a dit le Prophète: « Je me suis souvenu de votre nom, Seigneur,

 

1. Ps. CXVIII, 53, 54. — 2. Luc, X, 30, 37. — 3. Ps. CXVIII, 55.— 4. I Cor. IV, 5.— 5. Id. I, 31.— 6. Ps. CXIII, 1.

 

685

 

et j’ai gardé votre loi ». Il ne l’eût point gardée, s’il s’était appuyé sur sa propre vertu,

oubliant le nom du Seigneur. « Car c’est dans le nom du Seigneur qu’est notre secours 1 ».

            8. Aussi le Prophète nous dit-il ensuite : « Elle m’est arrivée, parce que j’ai recherché vos justices 2»; oui, vos justices par lesquelles vous justifiez l’impie , et non les miennes, qui, loin de me rendre juste, me donnent de l’orgueil. Car le Prophète n’était point de ceux qui ignorent la justice venant de Dieu, et qui en voulant établir la leur, n’aboutissent qu’à se soustraire à celle de Dieu 3. Ces justices, dès lors, qui rendent justes gratuitement et par la grâce ceux qui ne peuvent le devenir par eux-mêmes, ont été nommées plus à propos justifications : car le grec ne porte point dikaiosunas, ou justices, mais dikaiomata, ou justifications. Mais que veut dire le Prophète dans ces paroles : «Elle m’est arrivée? » Qui, elle? la loi peut-être? Car il avait dit : « J’ai gardé votre loi »; et c’est à cette phrase qu’il joint cette autre : « Elle a été pour moi », comme s’il disait : Cette loi a été la mienne. Mais ne nous arrêtons point à montrer comment la loi de Dieu est devenue la sienne, car le mot grec, traduit en latin, nous indique suffisamment qu’il ne s’agit point de loi dans cette parole: « elle est devenue pour moi ». Car le mot loi est masculin dans cette langue, et c’est à propos d’un nom féminin qu’il est dit: celle-ci est devenue pour moi. Il faut donc chercher plus haut ce qui lui a été fait, puis comment « celle-ci », quelle qu’elle soit, est devenue pour lui. «Celle-ci », dit-il, « est devenue pour moi»: or, ce n’est point cette loi, sens qui est rejeté par le grec. C’est peut-être cette nuit, car dans le verset supérieur il est dit : « Toute la nuit je me suis souvenu de votre nom, ô mon Dieu, et j’ai gardé votre loi »; puis il continue : « Celle-ci est devenue pour moi »; or, si ce n’est pas la loi, c’est la nuit qui est devenue pour lui. Mais que signifie alors, cette nuit m’est arrivée parce que j’ai recherché vos justifications? C’est plutôt la lumière qui a été faite pour lui, et non la nuit, parce qu’il a recherché les justifications de Dieu. On peut aussi entendre, elle est devenue pour moi, dans le sens de elle a été faite pour moi, elle m’est devenue utile, Car si l’on entend par nuit, comme on le peut très bien, l’humiliation

 

1. Ps. CXXIII, 8. — 2. Id. CXVIII, 56. — 3. Rom. X, 3.

 

de cette vie mortelle, où les coeurs se dérobent mutuellement, et où ces ténèbres produisent des tentations graves et sans nombre, en sorte que pendant cette nuit passent et repassent les bêtes des forêts, les lionceaux rugissants qui demandent à Dieu leur nourriture ; ce même lion rugissant et cherchant sa nourriture, et dont le Seigneur a dit ce que nous avons déjà rappelé : « Cette nuit Satan a demandé à vous cribler comme le froment  2 » ; c’est-à-dire, pendant cette nuit où passent et repassent les bêtes des forêts, le lion gigantesque a demandé à Dieu sa nourriture : assurément, cette humiliation dans ce lieu d’exil, que l’on peut bien appeler nuit, devient utile à ceux qui y sont à l’épreuve, et qui apprennent à ne point s’élever par l’orgueil ; crime pour lequel nous sommes plongés dans cette nuit. « Le commencement de l’orgueil chez l’homme, c’est de se séparer de Dieu 3». Mais comme il est justifié gratuitement, et afin de s’avancer dans l’humilité, dans toutes ces tentations auxquelles il est exposé pendant cette nuit, maintenant qu’il a reçu l’intelligence, qu’il répète ce verset du psaume que nous lirons bientôt: « Il m’est bon que vous m’ayez humilié, afin que j’apprenne vos oeuvres de justice 4 ». Dire en effet: « Il m’est bon que vous m’ayez humilié », qu’est-ce autre chose que dire de cette humilité, qui est appelée nuit : « Elle a été pour moi », c’est-à-dire, elle m’a été avantageuse? Mais pourquoi? parce que j’ai recherché votre justice, et non la mienne.

9. Nous pouvons encore donner un autre sens à ces mots : « Celle-ci est devenue pour moi ». Ce ne serait alors ni la loi ni la nuit que désignerait le pronom « celle-ci », mais il aurait le sens que nous avons donné à cette expression d’un autre psaume : Unam petii, sans dire ce que signifie « une», ou quelle est cette « une », dont il dit, « je la demanderai encore ». Le genre féminin est ici mis pour le neutre; car il est contre notre usage de dire: Unam petii, j’ai demandé une seule, saris marquer à quoi se rapporte cette « seule ». On dirait mieux : Unum petii. J’ai demandé cela « seulement », d’habiter dans la maison du Seigneur. Dans ces espèces d’adjectifs neutres latins, on n’exige pas le nom neutre qui demeure sous-entendu, comme un bien, un don, ou quelque chose de semblable; mais

 

1. Ps. CIII, 21.— 2. I Pierre, V, 8.— 3. Eccli. X, 14.— 4. Ps. CXVIII, 71.

 

686

 

cette expression neutre peut désigner soit un nom masculin, soit un nom féminin, soit même ce que l’on veut désigner sans distinction de genre, et dans le langage ordinaire. Le Prophète a donc pu dire en cet endroit: « Celle-ci m’est arrivée », comme il aurait dit : « Ceci m’est arrivé ». Mais si nous demandons quoi, voyons ce qui a été dit auparavant : « Je me suis souvenu pendant la nuit de votre nom, ô mon Dieu, et j’ai recherché votre loi ». Ceci m’est arrivé, c’est-à-dire de garder votre loi, non par moi-même, mais cela m’est arrivé par vous, parce que j’ai recherché vos justices, et non les miennes. « C’est Dieu, en effet », dit l’Apôtre, « qui opère en nous le vouloir et le faire selon sa bonne volonté 1 ». Et le Seigneur dit encore par son Prophète : « Et je ferai que vous marchiez dans mes justifications, et que vous observiez et pratiquiez mes jugements 2 ». Quand donc le Seigneur nous dit: « Je ferai en sorte que vous observiez et que vous pratiquiez mes jugements », le Prophète a raison de dire : Ceci m’est arrivé; et à celui qui voudrait savoir ce qui lui est arrivé, il peut répondre ce qu’il a dit plus haut: « De garder la loi de Dieu ». Mais ce sermon est déjà bien long, il est mieux, dès lors, de réserver la suite à un autre discours, avec la grâce de Dieu.

 

1. Philipp. II, 13. — 2. Ezéch. XXXVI, 27.

 

 

Haut du document

 

 

 

Précédente Accueil Suivante