PASSION MARDI

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LE MARDI DE LA SEMAINE DE LA PASSION.

 

Rome, la Station était autrefois à l'Eglise du saint martyr Cyriaque, et elle est encore marquée ainsi au Missel Romain ; mais cet antique sanctuaire ayant été ruiné, et le corps du saint diacre transféré dans l'Eglise de Sainte-Marie in Via lata, c'est dans cette dernière que la Station a lieu présentement.

 

COLLECTE.

 

Daignez avoir nos jeûnes pour  agréables ,  Seigneur; afin que, produisant l'expiation, ils nous rendent dignes de votre grâce, et nous conduisent à l'éternel remède. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

EPÎTRE.

 

 Lecture   du   Prophète Daniel. Chap. XIV.

 

En ces jours-là, les Babyloniens s'étant assemblés, allèrent trouver le roi et lui dirent : Livre-nous Daniel qui a renversé Bel et tué le dragon : autrement, nous te ferons périr avec toute ta maison. Le roi, voyant qu'ils le pressaient avec tant de violence , et étant contraint par la nécessite, leur abandonna Daniel Ils allèrent le  jeter dans la fosse  aux lions, et il y demeura  six jours. Or  il y avait dans la fosse sept lions à qui l'on donnait par jour deux corps avec deux brebis ; mais on ne leur en donna point alors, afin qu'ils : dévorassent Daniel. En ce même temps, le prophète Habacuc était en Judée ; et ayant apprêté un potage, il l'avait mis dans un vase avec du  pain  trempé , et allait le porter dans le champ à  ses  moissonneurs.  Et l'Ange du Seigneur dit  à Habacuc : Porte à Babylone le dîner que tu  as préparé, et donne-le à Daniel, qui est dans la fosse aux lions. Et Habacuc  dit : Seigneur, je n'ai jamais vu Babylone, et je ne sais où est la fosse. Et l'Ange du Seigneur le prit par le haut de la tète, et  le tenant par les cheveux, il le porta avec la rapidité d'un esprit  jusqu'à  Babylone, au-dessus de la fosse. Et Habacuc  s'écria  : Daniel, serviteur de Dieu, prends le dîner que Dieu t'a envoyé. Et  Daniel  dit : Seigneur, mon Dieu, vous vous êtes souvenu de moi,  et vous n'avez pas abandonné ceux qui  vous aiment.  Et se levant, il mangea ; et l'Ange du Seigneur reporta aussitôt Habacuc dans le lieu où il l'avait  pris. Le roi  étant venu le septième jour pour pleurer Daniel, il vint près de la fosse et regarda dedans. Or Daniel était assis au milieu des lions. Et le roi jeta un grand cri, et il dit: Vous êtes grand, Seigneur, Dieu de Daniel ! Et il le fit tirer de la fosse aux lions. Quant à ceux qui avaient voulu perdre Daniel, il les y fit jeter, et ils furent dévorés devant lui en un moment. Alors le roi dit : Que tous les habitants de ce pays tremblent devant le Dieu de Daniel ; car c'est lui qui sauve, qui fait des prodiges et des merveilles sur la terre , et qui a délivré Daniel de la fosse aux lions.

 

Cette lecture était destinée spécialement à l'instruction des catéchumènes. Ils se préparaient à donner leurs noms à la milice chrétienne; il convenait donc de mettre sous leurs yeux les exemples qu'ils devaient étudier et réaliser dans leur vie. Daniel exposé aux lions, pour avoir méprisé et renversé l'idole de Bel, était le type du Martyr. Daniel avait confessé le vrai Dieu dans Babylone, exterminé un dragon monstrueux, image de Satan, auquel le peuple idolâtre, après la destruction de Bel, avait transporté ses hommages superstitieux ; la mort du Prophète pouvait seule apaiser les païens. Plein de confiance en son Dieu, Daniel s'était laissé descendre dans la fosse des lions, donnant ainsi aux âges chrétiens l'exemple de ce courageux dévouement qui devait apporter durant trois siècles la consécration du sang à l'établissement de l'Eglise. L'image de ce prophète entouré de lions se rencontre à chaque pas dans les Catacombes romaines ; et la plupart des peintures qui le retracent remontent au temps des persécutions. Ainsi les yeux des catéchumènes pouvaient contempler ce que leur oreille entendait lire, et tout leur parlait d'épreuves et de sacrifices. Il est vrai que l'histoire de Daniel leur montrait la puissance de Dieu intervenant pour arracher aux lions la proie innocente qu'on leur avait jetée ; mais les aspirants au baptême savaient d'avance que la délivrance sur laquelle ils devaient compter, ne leur serait accordée qu'après qu'ils auraient rendu le témoignage du sang. De temps en temps des prodiges se manifestaient jusque dans l'arène; on voyait quelquefois les léopards lécher les pieds des Martyrs, et contenir leur voracité en présence des serviteurs de Dieu ; mais de si éclatants miracles ne faisaient que suspendre l'immolation des victimes et leur susciter des imitateurs.

C'était donc le courage de Daniel, et non sa victoire sur les lions, que l'Eglise proposait à l'attention des catéchumènes; l'important pour eux était d'avoir désormais présente à la mémoire cette parole du Sauveur: « Ne craignez point ceux qui ne peuvent tuer que le corps ; mais craignez plutôt celui qui peut précipiter l'âme avec le corps dans l'enfer (1). » Nous sommes les descendants de ces premières générations de la sainte Eglise ; mais nous n'avons pas conquis au même prix l'avantage d'être chrétiens. Ce n'est plus en face des proconsuls que nous avons à confesser Jésus-Christ; c'est en face du monde, cet autre tyran. Que l'exemple des Martyrs nous fortifie. en ces jours, pour la lutte qu'il nous faudra soutenir de nouveau contre ses maximes, ses pompes

 

1. MATTH. X, 28.

 

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et ses œuvres. Il y a trêve entre lui et nous, dans ce temps de recueillement et de pénitence; mais le moment viendra où nous devrons le braver et nous montrer chrétiens.

 

EVANGILE.

 

La suite du saint Evangile selon saint Jean. Chat. VII.

 

En ce temps-là, Jésus parcourait la  Galilée, ne roulant pas aller en Judée, parce que  les Juifs cherchaient à le faire mourir. Or  la fête des  Juifs, appelée des Tabernacles, étant proche, ses frères lui dirent : Quitte ce pays, et va en Judée, afin que tes disciples voient aussi les œuvres que tu lais. Car personne n'agit en secret, lorsqu'il veut être connu dans le public. Si tu fais de  telles choses, montre-toi au  monde.  Car ses Itères non plus ne croyaient pas en lui. Jésus leur  dit donc: Mon temps n'est  pas encore  venu ; mais votre temps est toujours prêt. Le monde ne saurait vous haïr; mais  moi, il me hait, parce que je rends de lui ce témoignage, que ses oeuvres sont mauvaises. Allez,  vous, à cette fête ; pour moi, je n'y vais pas, parce que mon temps n'est pas encore accompli. Ayant dit cela, il demeura en Galilée. Et lorsque ses frères furent partis, il alla lui-même  à la fête. non  publiquement,  mais comme en secret. Or, le jour de la fête, les Juifs le cherchaient, et ils disaient : Où est-il ? Et il y avait une grande rumeur à son sujet dans le peuple ; car les uns disaient : C'est un homme de bien; et d'autres disaient .; Non, mais il séduit la foule. Cependant personne ne parlait de lui ouvertement, par crainte des Juifs.

 

Les faits racontés dans ce passage du saint Evangile se rapportent à une époque un peu antérieure de la vie du Sauveur; mais l'Eglise nous les propose aujourd'hui, à cause de la relation qu'ils ont avec ceux que nous avons lus dans le livre sacré depuis plusieurs jours. On voit que non seulement aux approches de cette Pâque qui devait être la dernière pour la Synagogue, mais dès le temps de la fête des Tabernacles, qui avait lieu au mois de septembre, la fureur des Juifs contre Jésus conspirait déjà sa mort. Le Fils de Dieu était réduit à voyager secrètement, et pour se rendre en sûreté à Jérusalem, il lui fallait prendre des précautions. Adorons ces humiliations de l'Homme-Dieu, qui a daigne sanctifier tous les états, même celui du juste persécuté et réduit à se dérober aux regards de ses ennemis. Il lui eût été facile d'éblouir ses adversaires par des miracles inutiles, comme ceux que désira Hérode, et de forcer ainsi leur culte et leur admiration. Dieu ne procède point ainsi; il ne contraint pas; il agit sous les yeux de l'homme; mais, pour reconnaître l'action de Dieu, il faut que l'homme se recueille et s'humilie, qu'il fasse taire ses passions. Alors la lumière divine se manifeste à l'âme; cette âme a vu suffisamment; maintenant, elle croit et veut croire; son bonheur, comme son mérite, est dans la foi ; elle est en mesure d'attendre la manifestation radieuse de l'éternité.

Le chair et le sang ne l'entendent pas ainsi; ils aiment l'éclat et le bruit. Le Fils de Dieu venant sur la terre ne devait pas se soumettre à un tel abaissement que de faire montre aux hommes de son pouvoir infini. Il avait à opérer des prodiges pour appuyer sa mission; mais en lui, devenu le Fils de l'Homme, tout ne devait pas être prodige. La plus large part de sa carrière était réservée aux humbles devoirs de la créature : autrement il ne nous eût pas appris par son exemple ce que nous avions tant besoin de savoir. Ses frères (on sait que les Juifs étendaient le nom de frères à tous les parents en ligne collatérale), ses frères auraient voulu avoir leur part dans cette illustration vulgaire qu'ils désiraient pour Jésus. Ils lui fournissent l'occasion de leur dire cette forte parole que nous devons méditer en ce saint temps, pour nous en souvenir plus tard : « Le monde ne saurait vous haïr; mais moi, il me hait ». Gardons-nous donc désormais de plaire au monde; son amitié nous séparerait de Jésus-Christ.

 

 

Humiliate capita vestra Deo.

Humiliez vos têtes devant Dieu.

 

ORAISON.

 

 

Faites-nous,  Seigneur, la grâce de persévérer dans le service que vous  voulez  de nous ; afin que, en  nos jours, le peuple qui vous sert croisse en nombre et en mérites. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

Cette Hymne touchante, empruntée à nos anciens Bréviaires Romains-Français, servira aujourd'hui à exprimer nos sentiments à notre Rédempteur.

 

HYMNE.

 

O Christ, Créateur et Roi de tous les êtres, rédempteur des croyants, nous célébrons vos louanges : laissez-vous fléchir par nos supplications.

 

Votre bonté unie à votre puissance a daigné briser es liens de notre premier père, par les blessures sacrées qu'elle reçut sur la Croix.

 

Vous, le Créateur des cieux, vous avez revêtu notre enveloppe de chair ; vous avez daigné subir l'humiliation et la douleur.

 

Vous avez souffert d'être enchaîné, afin de délier les pécheurs, tristes suppôts de ce monde destiné à périr ; par vos opprobres, vous avez effacé les crimes que le genre humain avait accumulés.

 

Rédempteur, on vous cloue à la Croix ; mais la terre entière s'ébranle ; vous rendez au Père votre âme toute-puissante ; et le monde disparaît sous d'épaisses ténèbres.

 

Mais bientôt on vous voit victorieux resplendir dans la gloire du Père; soyez, ô Roi de honte notre défenseur, et envoyez-nous le secours de votre Esprit. Amen.

 

Rendons notre hommage à la divine Croix, par cette Hymne de la Liturgie Grecque.

 

(Ferici IV. mediae Septimanœ.)

 

Seigneur de tous les êtres, Dieu créateur, vous avez été élevé sur la Croix, au milieu de la terre, attirant à vous la nature humaine qui s'était précipitée par les perfides conseils de l'ennemi ; c'est pourquoi nous nous offrons nos vœux sincères, relevés que nous sommes par votre Passion.

 

Déjà nos âmes illuminées par le jeûne se purifient ; éclairez-les des rayons spirituels de votre Croix. Aujourd'hui elle est exposée à nos regards; nous la couvrons de nos chastes baisers; nous l'adorons de bouche et de cœur.

 

Adorons la Croix divine; elle est le lieu où se sont arrêtes les pieds du Seigneur; demandons que les pieds de notre âme se fixent sur la pierre des divins commandements, et que, par la grâce divine, ils se dirigent dans la voie de la paix.    

 

Régions de la terre, faites entendre vos cantiques, a ce moment où l'on adore le bois auquel le Christ a été suspendu, et par lequel le diable a reçu la blessure.

 

Aujourd'hui est montrée la Croix qui donne la vie. Adorons avec joie et avec terreur la Croix du Seigneur, afin de recevoir l'Esprit-Saint.

 

Croix vivifiante, je m'approche pour te toucher; ma langue et mon esprit sont saisis de frayeur, quand je vois que le sang divin de mon Maître t'a baignée.

 

Confirmez , Seigneur , votre Eglise que vous avez acquise par la vertu de votre Croix ; par cette Croix, vous avez triomphé de l'ennemi, et illuminé le monde tout entier.

 

 

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