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REMARQUES SUR LE LIVRE INTITULÉ :
LA MYSTIQUE CITÉ DE DIEU, ETC.
Traduite de
l'espagnol, etc., à Marseille, etc.
Le seul dessein de ce livre
porte sa condamnation. C'est une fille qui entreprend un journal de la vie de la
sainte Vierge, où est celle de Notre-Seigneur, et où elle ne se propose rien
moins que d'expliquer jour par jour et moment par moment tout ce qu'ont fait et
pensé le Fils et la Mère, depuis l'instant de leur conception jusqu'à la fin de
leur vie ; ce que personne n'a jamais osé.
On trouve dans quelques
révélations qui n'obligent à aucune croyance, certaines circonstances
particulières de la vie de Notre-Seigneur ou de sa sainte Mère : mais qu'on ait
été au détail et à toutes les minuties que raconte celle-ci de dessein formé, et
comme par un ordre exprès de Dieu, c'est une chose inouïe.
Le titre est ambitieux jusqu'à
être insupportable. Cette religieuse appelle elle-même son livre, Histoire
divine, ce qu'elle répète sans cesse; par où elle veut exprimer qu'il est
inspiré et révélé de Dieu dans toutes ses pages. Aussi n'est-ce jamais elle,
mais toujours Dieu et la sainte Vierge par ordre de Dieu qui parlent ; et c'est
pourquoi le titre ajoute que cette Histoire divine a été manifestée «
dans ces derniers siècles par la sainte Vierge, à la sœur Marie de Jésus (a). »
On trouve de plus dans l'espagnol, que « cette vie est manifestée dans ces
derniers siècles pour être une nouvelle lumière du monde, une joie nouvelle à l'Eglise
catholique, et une nouvelle consolation et sujet de confiance au genre humain. »
Il faut garder tous ces titres pour le Nouveau
(a) D'Agréda.
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Testament : l'Ecriture est la seule histoire qu'on peut
appeler divine. La prétention d'une nouvelle révélation de tant de sujets
inconnus doit faire tenir le livre pour suspect et réprouvé dès l'entrée. Ce
titre au reste est conforme à l'esprit du livre.
Le détail est encore plus
étrange. Tous les contes qui sont ramassés dans les livres les plus apocryphes,
sont ici proposés comme divins, et on y en ajoute une infinité d'autres avec une
affirmation et une témérité étonnante.
Ce qu'on fait raconter à la
sainte Vierge dans le chapitre XV, sur la manière dont elle fut conçue, fait
horreur et la pudeur en est offensée. Ce chapitre est un des plus longs, et
suffit seul pour faire interdire à jamais tout le livre aux âmes pudiques.
Cependant les religieuses s'y attacheront d'autant plus, qu'elles verront une
religieuse qu'on donne pour une béate, demeurer si longtemps sur celte matière.
Au même
chapitre, après avoir dit combien de temps il faut naturellement pour
l'animation d'un corps humain, elle décide que Dieu réduisit ce temps, qui
devait être de quatre-vingt jours ou environ, à sept jours seulement. Ce jour de
la conception de la sainte Vierge, dit-elle, fut pour Dieu comme un jour de
fête de Pâque, aussi bien que pour toutes les créatures, (pag. 237, 238).
C'est, dit-on, une chose
admirable que ce petit corps animé, qui n'était pas plus grand qu'une
abeille (p. 241), et dont à peine on pouvait distinguer les traits, dès
le premier moment pleurât et versât des larmes dans le sein de sa mère, pour
déplorer le péché (p. 251).
Tous les discours de sainte
Anne, de saint Joachim, de la sainte Vierge même, de Dieu et des anges, sont
rapportés dans un détail qui seul doit faire rejeter tout l'ouvrage, n'y ayant
que vues, pensées et raisonnements humains.
Depuis le troisième chapitre
jusqu'au huitième, ce n'est autre chose qu'une scolastique raffinée, selon les
principes de Scot. Dieu lui-même en fait des leçons et se déclare scotiste,
encore que la religieuse demeure d'accord que le parti qu'elle embrasse est le
moins reçu dans L'Ecole. Mais quoi ! Dieu l'a décidé, et il l'en faut croire.
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Elle outre ces principes
scotistiques, jusqu'à faire dire à Dieu que le décret de créer le genre humain a
précédé celui de créer les anges.
Tout est extraordinaire et
prodigieux dans cette prétendue histoire. On croit ne rien dire de la sainte
Vierge, ni du Fils de Dieu, si l'on n'y trouve partout des prodiges, tel qu'est
par exemple, l'enlèvement de la sainte Vierge dans le ciel en corps et en âme,
incontinent après sa naissance, et une infinité de choses semblables, dont on
n'a jamais ouï parler, et qui n'ont aucune conformité avec l'analogie de la foi.
On ne voit rien, dans la manière
dont parlent à chaque page Dieu, la sainte Vierge et les anges, qui ressente la
majesté des paroles que l'Ecriture leur attribue. Tout y est d'une fade et
languissante longueur ; et néanmoins cet ouvrage se fera lire par les esprits
faibles, comme un roman d'ailleurs assez bien tissu, et assez, élégamment écrit
; et ils en préféreront la lecture à celle de l'Evangile, parce qu'il contente
la curiosité, que l'Evangile veut au contraire amortir ; et l'histoire de l'Evangile
ne leur paraîtra qu'un très-petit abrégé de celle-ci.
Ce qu'il y a d'étonnant, c'est
le nombre d'approbations qu'a trouvées cette pernicieuse nouveauté. On voit
entre autres choses que l'ordre de saint François, par la bouche de son général,
semble l'adopter, comme une nouvelle grâce faite au monde par le moyen de cet
ordre. Plus on fait d'efforts pour y donner cours, plus il faut s'opposer à une
fable, qui n'opère qu'une perpétuelle dérision de la religion.
On n'a encore lu que ce qui a
été traduit ; mais en parcourant le reste, on en voit assez pour conclure que ce
n'est ici que la vie de Notre-Seigneur et de sa sainte Mère changée en roman, et
un artifice du démon pour faire qu'on croie mieux connaître Jésus-Christ et sa
sainte Mère par ce livre que par l'Evangile.
FIN DU VINGTIÈME
VOLUME.
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