PATRICE
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SAINT PATRICE *

 

Patrice, qui vécut vers l’an du Seigneur 280, prêchait la passion, de J.-C. au roi des Scots, et comme,

 

* Les éditions latines que nous possédons; ne nous donnent pas l’interprétation du nom de ce saint; voici celle que nous trouvons dans une traduction française du XVe siècle :

« Patrice est dict ainsi comme saichant. Car par la voulente de nostre Seigneur, il sceut les secretz de paradis et d'enfer. »

 

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debout devant ce prince, il s'appuyait sur le bourdon qu'il tenait à la main et qu'il avait mis par hasard sur le pied du roi, il l’en perça avec la pointe. Or, le roi croyant que le saint évêque faisait cela volontairement et qu'il ne pouvait autrement recevoir la foi de J.-C. s'il ne souffrait ainsi, il supporta cela patiemment. Enfin le saint, s'en apercevant, en fut dans la stupeur, et par ses prières, il guérit le roi et obtint qu'aucun animal venimeux ne put vivre dans son pays. Ce ne fut pas la seule chose qu'il obtint; il y a plus : on prétend que les bois et les écorces de cette province servent de contre-poisons. Un homme avait dérobé à son voisin une brebis et l’avait mangée; le saint homme avait exhorté. le voleur, quel qu'il fut, à satisfaire pour le dommage,, et personne ne s'était présenté : au moment où tout le peuple était rassemblé à l’église, il commanda, au nom de J.-C., que la brebis poussât en présence de,tous un bêlement dans le ventre de celui qui l’avait mangée. Ce qui arriva : le coupable fit pénitence, et tous, se gardèrent bien de voler à l’avenir. Patrice avait la coutume de témoigner une profonde vénération devant toutes les croix qu'il voyait; mais ayant passé devant une grande et belle croix sans l’apercevoir; ses compagnons lui demandèrent pourquoi il ne l’avait ni vue ni saluée : il demanda à Dieu, dans ses prières à qui était cette croix et entendit une voix de dessous terre qui disait: « Ne vois-tu pas que je suis un païen qu'on a enterré ici et qui est indigne du signe de la croix? » Alors il fit enlever la croix de ce lieu.

En prêchant dans l’Irlande, saint Patrice y opérait (368) très peu de bien ; alors il pria le Seigneur de montrer un signe qui portât les pécheurs effrayés à faire pénitence. Par l’ordre donc du Seigneur, il traça quelque part un grand cercle avec son bâton; la terre s'ouvrit dans toute la circonférence et il y apparut un puits très grand et très profond. Il fat révélé au bienheureux Patrice que c'était là le lieu du Purgatoire où quiconque voudrait descendre n'aurait plus d'autre pénitence à faire et n'aurait plus souffrir pour ses péchés un autre purgatoire : Que la plupart n'en sortiraient pas, mais que:ceux qui en reviendraient, devraient y être restés depuis un matin jusqu'à l’autre. Or,beaucoup de ceux qui entraient n'en revenaient pas *. Longtemps après la mort de saint Patrice, un homme noble, appelé Nicolas, qui avait commis beaucoup de péchés, en, fit pénitence et voulut endurer le Purgatoire de saint Patrice. Après s'être mortifié, comme tous le faisaient, par quinze jours de jeûne, et avoir

 

* Thomas de Massingham a publié dans le Florilegium insulae sanctorum, seu vitae et acta sanctorum Hiberniae (Paris, 1624, in-4°) un Traité de Henri de Saltery, moine cistercien irlandais (en 1150) sur le Purgatoire de saint Patrice. Thomas de Massingham ne s'est pas contenté de donner le texte entier de cet auteur, il l’a augmenté en intercalant lies récits d'un certain nombre d'auteurs: anciens et modernes qui ont parlé du Purgatoire de saint Patrice. Il cite des livres liturgiques anciens, Mathieu Paris, Denys le Chartreux, Raoul Hygedem, Césaire d'Hirsterbach, Jean Camers, et un primat d'Irlande nommé David Rotho, ainsi que bien d'autres, qui ont écrit des relations plus ou moins étendues, ou bien encore des appréciations sur ce sujet. La Patrologie de Migne contient cet opuscule, tome CLXXX. Bellarmin parle du Purgatoire de saint Patrice dans ses controversés.

 

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ouvert la porte avec une clef qui se gardait dans une abbaye, il descendit dans le puits en question et trouva, à son côté, une entrée par laquelle il s'avança. Il y rencontra une chapelle, où entrèrent des moines revêtus d'aubes qui y célébraient l’office. Ils dirent à Nicolas d'avoir de la constance, parce que le diable le ferait passer par bien des épreuves. Il demanda quel aide il pourrait avoir contre cela : les moines lui dirent : « Quand vous vous sentirez atteint par les peines, écriez-vous à l’instant et dites : J.-C., fils du Dieu vivant, ayez pitié de moi qui suis un pécheur. » Les moines s'étant retirés, aussitôt apparurent des démons qui lui dirent de retourner sur ses pas et de leur obéir, s'efforçant d'abord de le convaincre par ses promesses pleines de douceur, l’assurant qu'ils auront soin de lui, et qu'ils le ramèneront sain et sauf en sa maison. Mais comme il ne voulut leur obéir en rien, tout aussitôt il entendit des cris terribles poussés par différentes bêtes féroces, et des mugissements comme si tous les éléments fussent ébranlés. Alors plein d'effroi et tremblant d'une peur horrible, il eut hâte de s'écrier: « J.-C., fils du Dieu vivant, ayez pitié, de moi qui suis un pécheur. » Et à l’instant ce tumulte terrible de bêtes féroces s'apaisa., tout à fait. Il passa outre et arriva en un lieu où il trouva; une foule de démons qui lui dirent : «Penses-tu nous échapper ? pas du tout; mais c'est l’heure où tu vas commencer à être affligé et tourmenté. » Et voici apparaître un feu énorme et terrible; alors les démons lui dirent : « Si tu ne te mets à notre disposition, nous te jetterons dans ce feu pour y brûler. » Sur son refus, ils le prirent et le jetèrent (370) dans ce brasier affreux ; et quand il s'y sentit torturé, il s'écria de suite : « J.-C., fils... etc. » et aussitôt le feu s'éteignit. De là il vint en un endroit où il vit des hommes être brûlés vifs et flagellés parles démons avec des lames de fer rouge jusqu'au point de découvrir leurs, entrailles, tandis que d'autres, couchés à plat ventre; mordaient la terre de douleur, en criant : « Pardon! Pardon ! » et les diables les battaient plus cruellement encore. Il en vit d'autres dont les membres étaient dévorés par des serpents et auxquels des bourreaux * arrachaient les entrailles avec des crochets enflammés. Comme Nicolas ne voulait pas céder à leurs suggestions, il fut jeté dans le même feu pour endurer de semblables supplices et il fut flagellé avec des lames pareilles et ressentit les mêmes tourments. Mais quand il se fut écrié : «J.-C., fils du Dieu vivant, etc. » il fut incontinent délivré de ces angoisses. On le conduisit ensuite en un lieu où les hommes étaient frits dans une poêle; où se trouvait une roue énorme garnie de pointes de fer ardentes sur lesquelles les hommes étaient suspendus par différentes parties du corps ; or, cette roue tournait avec une telle rapidité qu'elle jetait des étincelles. Après quoi, il vit une `immense maison où étaient creusées des fosses pleines de métaux en ébullition, dans lesquelles l’un avait un pied et l’autre deux. D'autres y étaient enfoncés jusqu'aux genoux, d'autres jusqu'au ventre, ceux-ci jusqu’à

 

* Bufo veut dire crapaud, Buffones au moyen âgé signifiait bouffons ; on ne saurait concevoir comment des crapauds pourraient arracher des entrailles avec des instruments aigus.

 

la poitrine, ceux-là jusqu'au col, quelques-uns enfin jusqu'aux yeux. Mais en parcourant ces endroits, Nicolas invoquait le nom. de Dieu. Il s'avança encore; et vit un puits très large d'où s'échappait une fumée horrible accompagnée d'une puanteur insupportable de là sortaient des hommes rouges comme du fer qui jette des étincelles; mais les démons les ressaisissaient. Et ceux-ci lui, dirent : « Ce lieu que tu vois, c'est l’enfer, qu'habite notre maître Beelzébut. Si tu ne te mets à notre disposition, nous te jetterons dans ce puits or, quand tu y auras été jeté, tu n'auras aucun moyen d'échapper. » Comme il les écoutait avec mépris, ils le saisirent et le jetèrent dans ce trou : mais il fut abîmé d'une si véhémente douleur qu'il oublia presque d'invoquer le nom du Seigneur cependant en revenant à lui : « J.-C, fils, etc.., » s'écria-t-il du fond du coeur (il n'avait plus de voix), aussitôt il en sortit sans aucun mal; et toute la multitude dés démons s'évanouit comme réellement vaincue. Il s'avança et vit en un autre endroit un pont sur lequel il devait passer. Ce pont était très étroit, poli et glissant comme une glace, au-dessous coulait un fleuve immense de soufre et de feu. Comme il désespérait absolument de pouvoir . le traverser, toutefois il se rappela la parole qui l’avait délivré de tant de maux; il s'approcha avec confiance et eu posant un pied sur le pont, il se mit à dire : « J.-C., fils, etc...» Mais un cri violent l’effraya au point qu'il put à peine se soutenir; mais il récita sa prière accoutumée et il demeura rassuré ; après quoi il posa l’autre pied en réitérant les mêmes paroles et passa sans accident. Il se trouva donc dans (372) une prairie très agréable à la vue; embaumée par l’odeur suave de différentes fleurs. Alors lui apparurent deux fort beaux jeunes gens qui le conduisirent jusqu'à une ville de magnifique apparence et merveilleusement. éclatante d'or et de pierres précieuses. La porte en laissait transpirer une odeur délicieuse. Elle le délassa si bien qu'il ne paraissait avoir ressenti ni douleur ni puanteur d'aucune sorte; et les jeunes gens lui dirent que, cette ville était le paradis. Comme Nicolas voulait y entrer, ils lui dirent encore qu'il devait d'abord retourner chez ses parents ; que toutefois les démons ne lui causeraient point de mal, mais qu'à sa vue ils s'enfuiraient effrayés; que trente jours après, il mourrait en paix, et qu'alors il entrerait en cette cité comme citoyen à toujours. Nicolas monta donc par où il était descendu, se trouva sur la terre et raconta tout ce qui lui était arrivé. Trente jours après, il reposa heureusement dans le Seigneur.

 

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