QUADRAGÉSIME
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LA QUADRAGÉSIME ***

 

La quadragésime commence au dimanche où l’on chante: Invocavit me ****. L'Eglise, jusqu'alors accablée

 

 

*** Vulgairement carême.

**** Introït du 1er dimanche de carême.

 

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d’une multitude de tribulations, s'était écriée: Circumdederunt me, etc. *, et qui avait respiré en invoquant du secours quand elle disait. Exurge ** et Esto mihi in Deum protectorem ***, montre aujourd'hui qu'elle a été exaucée puisqu'elle dit: « Elle  m’a invoqué, et je l’exaucerai; je la sauverai et la comblerai de gloire, je la comblerai de jours. » Observons que le carême contient quarante-deux jours, en comptant les dimanches; si on retranche les six dimanches, il reste trente-six jours d'abstinence qui forment la- dixième partie de toute l’année; l’année étant de 365 jours dont 36 est le dixième mais on ajoute les quatre jours qui précèdent pour avoir le nombre sacré de 40 jours que le Sauveur a consacrés par son jeûne. Or, pourquoi ce nombre de 40 passé dans le jeûne? On peut en apporter trois raisons. La première est de saint Augustin. C'est parce que saint Mathieu énumère quarante générations en la généalogie de J.-C. Le Seigneur est descendu à nous en passant par quarante générations, afin que nous montions vers lui par quarante jours de jeûne. Le même père en assigne une autre raison. Afin d'arriver au terme de la cinquantaine; il faut ajouter un dixième au quadragénaire, parce que pour arriver au bienheureux repos, il nous faut travailler pendant tout le temps de la vie présente : Aussi le Seigneur est-il resté 40 jours avec ses disciples et le dixième jour suivant, il envoya le saint Esprit Paraclet ou consolateur. Maître Prévost assigne une troisième raison en

 

* Introït du dimanche de la septuagésime.

** Introït du dimanche de la sexagésime.

*** Introït du dimanche de la quinquagésime.

 

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sa Somme des offices : « Le monde, dit-il, est divisé en quatre parties, et l’année en quatre saisons ; et il y a quatre éléments et quatre complexions. Or, nous avons transgressé,la loi nouvelle qui se compose des quatre évangiles, et la loi ancienne qui contient dix commandements : il faut donc que dix soit multiplié par quatre pour avoir 40, c'est-à-dire, que nous accomplissions, pendant toute cette vie, les commandements de la loi ancienne et de la nouvelle. Nous avons déjà dit que notre corps est composé de quatre éléments qui ont en nous, pour ainsi dire, quatre sièges, car le feu domine en nos yeux, l’air en la langue et les oreilles, l’eau dans les organes sexuels, la terre en nos mains et les autres membres. En nos yeux réside la curiosité; en la langue et les oreilles, les bouffonneries ; dans les organes sexuels, la volupté; dans les mains et les autres membres, la cruauté. Le publicain les confesse et les avoue tontes quatre. Il se tient au loin pour confesser la luxure, qui est fétide: comme s'il disait:  « Je n'ose approcher, Seigneur, de peur de sentir mauvais à votre odorat.» Il n'ose lever les yeux au ciel pour confesser sa curiosité. Quand il se frappe la poitrine de la main, il confesse la cruauté. Quand il dit : « Pardonnez-moi, Seigneur, je suis un pécheur », il avoue la bouffonnerie, car ordinairement on appelle les bouffons des pécheurs ou plutôt des lécheurs (Maître Prévost). Saint Grégoire, en ses homélies, donne quatre autres raisons : « Pourquoi, dit-il, observer quarante jours d'abstinence, si ce n'est parce que le décalogue n'a d'efficacité que par les quatre livres du saint évangile? Ce corps, mortel que nous avons est (261) formé de quatre éléments et par les voluptés de ce même corps, nous violons les commandements du Seigneur. Or, puisque nous avons méprisé les commandements, du décalogue par les désirs de la chair, il était juste que nous affligions cette même chair quatre fois . dix fois. A dater de ce jour jusqu'à Pâques, il y a six semaines ou bien 42 jours; en retranchant de cette abstinence les six jours de dimanche, il en reste trente-six; or, comme l’année se compose de 363 jours nous donnons à Dieu comme la dîme de notre année. Pourquoi maintenant ne pas garder le jeûne à l’époque où jeûna J.-C. qui. le commença immédiatement après son baptême? Pourquoi le continuons-nous plutôt jusqu'à Pâques? Maître Jean Beleth en assigne,quatre raisons dans sa Somme de l’office *, La première est que si nous voulons ressusciter avec J.-C. parla raison qu'il a souffert pour nous lui-même,mous devons aussi souffrir avec lui nous-mêmes. La seconde raison est pour imiter les enfants d'Israël, qui, à leur, sortie d'Egypte en premier lieu, et, à leur sortie de Babylone, en second lieu, célébrèrent la Pâque à chaque fois; de même aussi, pour les imiter, nous jeûnons à cette époque, pour mériter de sortir de l’Egypte et de la Babylonie, afin de passer de ce monde en la terre de l’héritage éternel. La troisième raison est que, au printemps, l’ardeur des passions nous brûle le plus souvent; il convient donc de jeûner en cette saison pour pouvoir maîtriser le corps. La quatrième raison, c'est que de suite après le jeûne, nous devons recevoir le corps du Seigneur.

 

* Ch. LXXVII.

 

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Or, comme les enfants d'Israël, avant de manger l’agneau pascal, se mortifiaient et mangeaient des laitues sauvages et amères, de même nous aussi, nous devons nous affliger parla pénitence avant que nous puissions manger dignement l’agneau de la vie.

 

JEUNE DES QUATRE-TEMPS

 

Ce fut le pape Calixte * qui institua les jeûnes des quatre-temps. On les observe quatre fois l’an aux quatre saisons, et pour bien des motifs: 1°le printemps est chaud et humide, l’été chaud et sec, l’automne froid et sec, l’hiver froid et humide : or, nous jeûnons au printemps, pour tempérer en nous l’humeur nuisible, qui est la luxure; à l’été, pour châtier la chaleur préjudiciable qui est l’avarice; à l’automne, pour tempérer la sécheresse de l’orgueil; à l’hiver, pour adoucir le froid de l’infidélité et de la malice. 2° Nous jeûnons quatre fois l’an et le premier de ces jeûnes a lieu en mars, savoir dans la première, semaine de carême, pour amollir en nous les vices, parce qu'on ne saurait les détruire entièrement ; ou plutôt encore pour faire germer en nous les vertus. L'été ont lieu les seconds, dans la semaine de la Pentecôte, parce qu'alors est venu le Saint-Esprit et que nous devons être fervents dans le Saint-Esprit. Les troisièmes jeûnes s'observent en septembre, avant la fête de Saint-Michel, parce qu'on fait alors la récolte des fruits et que nous devons

 

* Dist. LXVI.

 

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rendre à Dieu les fruits des bonnes oeuvres. En décembre arrivent les quatrièmes, parce que les herbes meurent en cette saison 'et que nous devons mourir au monde. 3° Pour imiter les juifs. Ceux-ci jeûnaient quatre fois l’an, savoir, avant Pâques, avant la Pentecôte, avant la Scénophégie, on le dressement des tentes (fête des Tabernacles), en septembre, et avant la dédicace, en décembre. 4° Parce que l’homme est composé de quatre éléments quant au corps, et de trois puissances qui sont la rationnelle, la concupiscible, et l’irascible, quant à l’âme. Afin donc de les modérer en nous, nous jeûnons quatre fois l’an pendant trois jours pour rapporter le. nombre quatre au corps et le nombre trois à l’âme. Toutes ces raisons sont de M. Beleth *. 5° Saint Jean Damascène dit que le sang augmente en hiver, la bile en été, la mélancolie en automne, et le flegme en hiver. On jeûne en conséquence au printemps, pour débiliter en nous le sang de la concupiscence et de la folle joie; le sanguin en effet est libidineux et gai; au printemps, pour affaiblir en nous la bile de l’emportement et de la fausseté, le bilieux est naturellement colère et faux en automne, pour calmer la mélancolie de la cupidité et de la tristesse ; le mélancolique en effet est naturellement cupide et triste ; à l’hiver, pour diminuer le flegme de la stupidité et de la paresse, car le flegmatique est stupide et paresseux. 6° Le printemps est comparé à l’air, l’été au feu, l’automne à la terre, l’hiver à l’eau, nous jeûnons donc au printemps, pour dompter en nous l’air de l’élevation

 

* Chap. CXXXIV.

 

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et de l’orgueil ; en été, pour éteindre en nous le feu de la cupidité et de l’avarice; à l’automne, pour vaincre la terre de froideur spirituelle et de ténébreuse ignorance ; à l’hiver, pour détruire l’eau de la légèreté et de l’inconstance. 7° Le printemps a rapport à l’enfance, l’été à l’adolescence , l’automne à la maturité ou âge viril, l’hiver à la vieillesse; alors nous jeûnons au printemps afin d'être enfants par 1'innocence; à l’été, pour devenir jeunes parla constance et forts à éviter l’incontinence ; à l’automne, pour devenir mûrs en modestie; à l’hiver, pour devenir vieux par la prudence et l’honnêteté de la vie; ou plutôt encore, nous jeûnons en hiver pour satisfaire en ce que nous avons offensé le Seigneur pendant les quatre autres âges. 8° Cette raison est de Guillaume d'Auxerre. Nous jeûnons aux quatre temps de l’année pour nous amender des fautes commises pendant ces quatre saisons. Ces jeûnes sont de trois jours pour satisfaire en un jour pour les fautes commises dans un mois. On jeûne le mercredi, jour où le Seigneur a été trahi par Judas ; le vendredi, jour de son crucifiement, le samedi, jour où il resta dans le tombeau, et parce que les apôtres étaient dans la tristesse de la mort de leur Seigneur et maître.

 

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