PSAUME CXLI

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EXPLICATION DU PSAUME CXLI. 1. « J'AI ÉLEVÉ MA VOIX POUR CRIER VERS LE SEIGNEUR. J'AI ÉLEVÉ MA VOIX POUR PRIER LE SEIGNEUR. »

 

ANALYSE.

 

1. L'affliction produit deux effets salutaires : elle nous rend plus vigilants ; elle fait que Dieu nous exauce.

2. Les malheureux trouvent peu d'hommes qui les assistent. Le diable tend ses pièges jusque sur le chemin de la vertu. Dieu ne punit jamais les péchés autant qu'ils le méritent.

3 La patience dans les afflictions est méritoire.

 

1. Vous voyez son habitude constante ; c'est toujours ainsi qu'il commence. Avez-vous remarqué cette répétition: « J'ai élevé ma voix, j'ai élevé ma voix? » Ce n'est pas, sans dessein ; cette répétition a pour but de nous apprendre deux qualités de la prière, (263) l'allégresse entière de l'âme et la parfaite attention de la pensée. Ajoutez, en outre, qu'il nous marque expressément que c'est sa voix à lui. Tous en effet, ne font pas entendre une voix ; tous ne l'élèvent pas vers Dieu, et tous ne s'adressent pas à lui, avec leur propre voix. Or, il faut que toutes ces circonstances se réunissent dans la prière. Celui qui crie contre ses ennemis, ne fait pas entendre la voix d'un homme, mais d'une bête féroce, d'un serpent; celui qui se laisse aller à la négligence, et qui n'écoute pas ce qu'il dit lui-même, ne crie pas vers Dieu; il parle inutilement et au hasard; celui dont la pensée n'est pas éveillée, a beau crier de toutes ses forces, celui-là ne crie pas. Le mot « voix, » en effet, comme je l'ai souvent dit, ne marque pas ici la force des poumons, mais l'attention de l'esprit. Le Psalmiste , ne ressemble pas à celui que je viens de dire ; il réunit les trois circonstances ; il montre qu'il crie avec la voix, et qu'il s'adresse à Dieu, et qu'il se sert de sa voix propre. Voilà, pourquoi, à deux reprises, il nous dit : « J'ai élevé ma voix, j'ai élevé ma voix. Je répands ma prière en sa présence et j'exposerai devant lui mon affliction (2). » Voyez-vous l'âme dégagée de toutes les choses de la vie présente? Il ne cherche pas un refuge auprès des hommes ; ce n'est pas à eux qu'il demande du secours; ce qu'il lui faut, c'est le secours invincible, l'assistance d'en-haut. Il montre ensuite toute la force de son attention, toute l'ardeur de son désir, désir caché dans les profondeurs de son âme, mais qu'il veut manifester par ces paroles : « Je répands; » ce qui marque l'abondance et la richesse.

Nous apprenons encore par là, que les afflictions ne sont pas d'une médiocre utilité pour la sagesse. Voici, en effet, le fruit de l'affliction, et, par conséquent, que personne ne songe à s'y soustraire. Elle a deux avantages que voici : le premier, de nous rendre plus zélés, plus attentifs; le second, et c'est aussi un précieux privilège qu'elle nous confère, elle nous rend plus dignes d'être écoutés. Aussi, le Psalmiste ne dit pas : ma justice, ni mes bonnes oeuvres, mais, « mon affliction. » C'est que cette affliction est pour lui une puissante recommandation. Voilà pourquoi Isaïe fait entendre ces paroles : « Consolez mon peuple, dit Dieu ; ô prêtres, parlez au cœur de Jérusalem ; car elle a reçu le double de la main du Seigneur pour les afflictions endurées en expiation de ses péchés. » (Is. XL, 1, 2.) Et Paul : « Livrez cet homme à Satan, pour mortifier sa chair, afin que son âme soit sauvée. » (I Cor. V, 5.) Et, en écrivant aux Corinthiens, il leur disait : « C'est pour cette raison qu'il y a parmi vous beaucoup  de malades et de languissants, et qu'un grand nombre dorment; si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés de Dieu. Mais lorsque nous sommes jugés par le Seigneur, il nous châtie afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde. » (I Cor. XI, 30, 32.) Et maintenant Abraham disait au riche : « Vous avez reçu vos biens dans votre vie, et Lazare ses maux. C'est pourquoi il reçoit à cette heure la consolation, et vous êtes dans les tourments. » (Luc, XVI. 25.) Ecoutons maintenant David, quand Séméï le maudissait : « Laissez-le me maudire, puisque le Seigneur le lui a commandé, afin qu'il vît mon affliction. » (II Rois, XVI, 11, 12.) Et partout l'Ecriture nous montre ceux qui se plaisent dans les afflictions, et les supportent avec patience, non-seulement, se purifiant d'un grand nombre de péchés, mais encore obtenant, auprès de Dieu, une grande confiance, un grand crédit.. « Lorsque mon âme est toute prête à me quitter, et vous connaissez mes voies (2). » Les cœurs pusillanimes succombent alors, et font entendre, de plus, de mauvaises paroles; le sage, au contraire, montre, alors surtout, sa sagesse, parce que l'affliction redouble; son zèle.

Donc lorsqu'il vous arrivera de voir un homme qui désespère dans l'affliction, ou qui fait entendre quelques paroles amères, n'en accusez pas l'affliction, mais la pusillanimité. En effet, le propre de l'affliction, c'est de produire les effets contraires : l'application de l'âme, la contrition du coeur, l'attention de ta pensée, un accroissement de piété. Aussi Paul disait : « L'affliction produit la patience , la patience produit l'épreuve. » (Rom. V, 3.) Si les Juifs murmuraient dans l'affliction, ce n'est pas à l'affliction, mais au délire de leur âme qu'il faut attribuer ces murmures, puisque l'on voit les saints, dans l'affliction, se couvrir de plus de gloire, s'appliquer avec plus d'ardeur à la sagesse. Aussi le Psalmiste lui-même disait-il encore : « Il m'est bon, Seigneur, que vous m'ayez humilié, afin que j'apprenne vos ordonnances pleines de justice. » (Ps. CXVIII, 71 .) Et Paul : « De peur que la (264) grandeur de mes révélations n'exaltât mon orgueil, j'ai ressenti, dans ma chair, un aiguillon, qui est l'ange de Satan chargé de me souffleter. C'est pourquoi j'ai prié trois fois le Seigneur, et il m'a répondu : Ma grâce vous suffit; car ma puissance se manifeste entièrement dans la faiblesse. Je prendrai donc plaisir dans les afflictions, dans les infirmités, dans les persécutions ; car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis puissant. » (II Cor. XII, 7, 10.) Voyez-vous comme l'affliction ne sert qu'à l'exciter davantage à chercher en Dieu son refuge ; comme il s'attache à Dieu avec plus de passion encore, quand il est au fond d'un abîme de maux? C'est là ce que signifie cette parole : « Lorsque mon âme est toute prête à me quitter; » voyez-vous comme l'affliction le rend plus diligent et meilleur ? Quant à ceci : « Et vous connaissez mes voies, » un autre interprète dit : « Car, vous savez, dans la voie où je marchais, ils ont caché un piége ; je considérais à ma droite, et je regardais, et il n'y avait personne qui me connût (5). » Ces paroles nous montrent la grandeur de la calamité, les maux qui s'accroissent, les piéges des ennemis, leur première attaque, afin de le terrasser; et, ce qui est, de tous les malheurs, le plus affligeant, non-seulement aucun compagnon, aucun aide, mais pas une âme qui le connût.

2. La solitude était entière et l'abandon complet. On voit, en effet, peu d'hommes assister, porter secours au moment du malheur, surtout lorsque le malheur menace de grands dangers. Mais le juste n'a pas souffert de cet abandon ; au contraire, il y a trouvé une grande utilité; il y a conquis la familiarité auprès de Dieu. Eh bien donc ! vous aussi, mon bien-aimé, quand vous voyez vos maux s'accroître, pas d'abattement, pas de désespoir; devenez, au contraire, plus sage et plus vigilant. En effet, si Dieu permet ces épreuves, c'est pour secouer votre indolence, c'est pour vous tirer de votre lourd sommeil. Alors en effet disparaissent toutes les superfluités, alors expirent toutes les pensées de la vie présente, alors la prière devient plus ardente, alors l'aumône et la continence se pratiquent d'un esprit plus allègre, et il est facile de triompher de chacun de ces vices qu'à mis en déroute l'affliction. Ce n'est pas en effet, afin de nous punir, que Dieu, dès le principe, nous a suscité les embarras des épreuves, des chagrins, quoiqu'il ait dit que nous les devions regarder comme des châtiments, mais c'est surtout pour nous amender, pour nous rendre meilleurs. Et voyez donc ! sous la menace de la douleur, au milieu des épreuves et des fatigues de la vie, le vice s'accroît et grandit; si vous supprimiez ces entraves , quels progrès ne ferait-il pas? Et qu'y a-t-il d'étrange à ce que l'affliction soit un bien pour l'âme, lorsqu'elle en est un même pour le corps, lorsque l'excès des délices est funeste même à la chair?

Les perfidies partout préparées rendent l'homme prudent et circonspect. Il nous suffit d'être attentifs, pour n'en recevoir aucun mal. De là ce que dit un sage : « Reconnaissez que vous passez au milieu des filets, et que vous vous promenez sur les toits des cités; » de même, ici, le Psalmiste : « Dans la voie où je marchais, ils ont caché un piége. » Si l'on veut prendre ces paroles dans le sens anagogique, on verra qu'elles s'appliquent bien à la conduite du démon, qui ne cache pas au loin, mais tout près, les piéges qu'il nous tend.

C'est pourquoi nous avons besoin d'une grande vigilance, car il cache le piège, dans l'aumône, où il met la vaine gloire; dans le jeûne, où il met l'arrogance; ce n'est pas dans les chemins que nous ne suivons pas, mais précisément dans nos chemins, dans les chemins où nous marchons, et c'est là, de beaucoup, le plus redoutable de tous les dangers. « Il ne m'est resté aucun moyen de fuir. » Voyez ici encore un autre mal, qui, vient s'ajouter à tant de maux. En effet, le Psalmiste nous montre non-seulement qu'il y a des pièges dans les chemins, qu'il n'y a personne pour porter secours au malheureux, personne qui le connaisse; mais il ne lui reste pas même un moyen d'échapper, de pourvoir, par la suite, à soir salut. Ainsi, il était au milieu des maux embarrassé, retenu, dans l'impossibilité de fuir, et cependant, même ainsi, il ne désespérait pas. « Et nul ne cherche à sauver ma vie, » c'est-à-dire à me défendre, à me secourir. Eh bien, que fait-il? Dans un manque si complet: de ressources, dans une si grande difficulté, désespère-t-il de son salut? Nullement. C'est à Dieu qu'il demande tout de suite un refuge, et il dit: « J'ai crié vers vous, Seigneur, j'ai dit: « Vous êtes mon espérance et mon partage, dans la terre des vivants (6). » Voyez-vous cette âme généreuse? le malheur, loin (265) de l’abattre, lui donne des ailes; absolument privé de secours, au milieu de toutes ces difficultés, le sage a reconnu la main invincible, la force toute-puissante, et, au milieu de tous ces embarras, le facile moyen d'échapper. « J'ai dit : Vous êtes mon espérance. » Tous les moyens humains, dit-il, sont réprouvés, la tempête est tellement au-dessus de tous les secours qu'aucun art ne saurait éviter le naufrage. Et pourtant, quoique tout ici soit désespéré aux yeux des hommes, quoique nous soyons tous à bout de force, épuisés par les malheurs, à vous cependant toutes choses sont faciles ; et de là vient que, pleins d'espoir en vous, nous ne languissons plus. « Vous êtes mon partage dans la terre des vivants, » c'est-à-dire, mon lot, mon trésor, mes richesses, vous êtes tout pour moi « dans la terre des vivants; » ce qu'il appelle, « la terre des vivants, » c'est sa patrie, car la captivité de Babylone, il l'appelle souvent les enfers et la mort. Sur la terre étrangère, on ne célébrait pas le culte accoutumé, au contraire, dans la patrie, s'accomplissaient tous les sacrifices, toutes les cérémonies, voilà pourquoi il dit: « Vous êtes mon partage dans la terre des vivants. » Toujours vous avez pris soin de moi, dit-il, et je jouissais de votre familiarité dans la terre des vivants, et je communiquais fréquemment avec vous. « Soyez attentif à ma prière, parce que je suis extrêmement humilié (7). »

Vous voyez, comme je l'ai déjà dit plus Haut, la raison qu'il tait valoir ici encore, il s'appuie sur ce qu'il est humilié, c'est-à-dire, sur ce qu'il a été puni outre mesure pour ses péchés. Cette expression «extrêmement,» n'est pas pour réclamer contre ce qui est arrivé; ce n'est que l'expression de la douleur et de la faiblesse de celui qui souffre. En effet, si vous considérez ce que les péchés méritent, l'humiliation n'est pas trop grande; mais si vous ne voulez voir que la faiblesse de celui qui souffre, l'humiliation est excessive, et dépasse la mesure. Jamais Dieu, sachez-le bien, n'exige de nous un châtiment qui soit proportionné à nos fautes. Si la peine paraît insupportable à ceux qui la subissent, cela ne vient pas de la nature du châtiment, mais de l'infirmité de ceux qui l'endurent. « Délivrez-moi de ceux qui me persécutent, parce qu'ils sont devenus plus forts que moi. » Voici une autre raison, l'injustice des ennemis qui attaquent, et la grande infirmité de celui qui est poursuivi. « Tirez mon âme de la prison où elle est afin que je confesse votre nom (8). » « Confesser, » veut dire ici, rendre grâces. Ces paroles reviennent à ceci : délivrez-moi de mes maux. En effet, par la prison de son âme, il entend la rigueur extrême du malheur.

3. « Afin que je confesse votre nom. » Voilà encore qui n'est pas indifférent, à savoir , quo ceux qui sont dans la prospérité n'oublient pas les bienfaits qu'ils ont reçus. Un grand nombre d'hommes , dans le moment des afflictions , montrent beaucoup de zèle; au contraire, dans la prospérité , dans le calme , ils se négligent. Il en est d'autres qui dans le repos se négligent , et, au moment de l'affliction, désespèrent et s'affaissent sur eux-mêmes. Le Psalmiste, au contraire, flans ces deux circonstances si différentes, montre toujours la même sagesse. Ni l'affliction ne l'a abattu, au contraire, elle l'a porté à faire entendre ses prières et ses supplications; ni la prospérité et les loisirs de la paix ne l'ont jeté dans l'inaction , mais , dans ces circonstances mêmes il s'est trouvé encore disposé à rendre au Seigneur des actions de grâces. « Les justes sont dans l'attente de la justice que vous me rendrez. » Un autre texte : « Les justes me couronneront, quand vous m'aurez favorisé de vos bienfaits. » Qu'est-ce à dire? Le bien que vous me ferez , sera aussi utile aux justes. Car ils se réjouiront; ils seront saisis d'allégresse ; ils tressailliront, en me voyant affranchi de mes maux. Telles sont en effet les âmes des justes; les infortunés excitent leur compassion et les heureux ne leur inspirent pas d'envie. Au contraire , les saints se réjouissent et partagent leur joie , et ils félicitent ceux qui ont reçu des bienfaits. C'est là le conseil que donnait Paul , quand il disait : « Se réjouir avec  ceux qui se réjouissent et pleurer avec ceux qui pleurent. » (Rom. XII, 15.) Ce n'est pas là une médiocre vertu; beaucoup d'hommes se réjouissent à voir ceux que le malheur terrasse; quand l'infortuné se redresse, beaucoup d'hommes lui portent envie, triste fruit d'une cruauté , d'une haine qui n'a rien d'humain. Il n'en est pas de même des justes : affranchis de ces deux vices, ils possèdent l'humanité et la clémence. Et de même que chez les uns, la cruauté produit à la fois et la joie féroce et l'envie; de même l'humanité et la clémence sont le partage de ceux qui ont pitié du malheur, et s'associent à la joie des heureux.

 

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Mais pourquoi dit-il: « Dans l'attente de la justice que vous me rendrez? » Selon un autre texte: « Quand vous m'aurez favorisé de vos bienfaits ; » selon d'autres encore: « Quand vous m'accorderez ma rétribution et ma rémunération. » Or, il a parlé plus haut de son affliction, de son humiliation, il n'a pas parlé de ses glorieuses vertus, ni de la confiance que lui donnent ses mérites. De quoi donc réclame-t-il le salaire? il le demande pour les jours de l'humiliation. Ce n'est pas en effet, une vertu commune que de supporter l'affliction eu rendant des actions de grâces; et voilà pourquoi il appelle « justice » la récompense qui s'attache à cette conduite. Donc, cessons de nous tourmenter dans les afflictions, et prions pour ne pas entrer en tentation. Acceptons ce qui peut arriver; c'est ainsi que lions nous purifierons de nos péchés, et que, s'il y a en nous quelque justice, nous ajouterons à cette justice un plus vif éclat. C'est ce que Job nous a fait voir; l'affliction l'a rendu plus brillant. C'est un bien , même pour les corps ; est un bien , non-seulement pour l'homme, mais pour les animaux; non-seulement pour. les animaux, mais pour les plantes mêmes; et voilà pourquoi les agriculteurs ne souffrent pas que la vigne ait un feuillage trop luxuriant; et, pour les autres végétaux, pour les arbres, ils s'opposent à la croissance exagérée, ils les traitent avec la faux de manière que toutes leurs forces convergent vers les racines; il ne faut pas que ces forces, s'épuisant dans les feuilles,  produisent des fruits sans saveur et inutiles. C'est ce qui arrive , même dans l'homme. Quand son ardeur se consume en superfluités , l'âme n'a plus de force pour produire le fruit mûr de la piété parfaite. C'est ce qui arrive dans les eaux; l'eau stagnante et sans écoulement est malsaine; mais l'eau agitée, qui se prodigue en tous sens, qui se transmet par des tubes et des aqueducs, non-seulement est salubre, mais elle est plus agréable à la vue, au toucher, au goût. Souvent l'affliction a vaincu la nature; ce qui est flasque, ce qui retombe de soi-même vers la terre , sous une pression subite, se redresse tout à coup et se relève. C'est l'histoire de l'homme: quiconque supporte facilement l'affliction, s'élève à une plus grande hauteur, même au sein de l'abjection qui le courbait, qui l'abaissait jusqu'à terre; voilà comment l'affliction produit des fruits précieux. Donc, instruits de ces vérités, recevons avec mille actions, de grâces les malheurs qui nous sont envoyés; rendons-les ainsi plus supportables, et préparons-nous les biens à venir; et puissions-nous tous les recevoir en partage , par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et l'empire , maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

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