ANGÈLE

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LE XXXI MAI. SAINTE ANGÈLE DE MERICI, VIERGE.

 

Le jour rayonne d'une double gloire : marqué par le triomphe virginal d'Aurélia Pétronilla au premier âge de l'Eglise, il est embaumé par le parfum des lis qui ceignent le front d'Angèle de Mérici. Le XVI° siècle, qui naguère offrait au Christ ressuscite la séraphique Madeleine de Pazzi, lui présente aujourd'hui ce nouveau tribut de la sainteté de l'Eglise. Angèle remplit toute la signification du beau nom qu'elle a reçu. Elle possède dans un corps mortel la pureté des esprits bienheureux, et elle imite leur vol agile, leur céleste énergie, par la vigueur de toutes les vertus. On voit cette héroïne de la grâce céleste abattre à ses pieds tout ce qui pourrait arrêter sa course. Elevée de bonne heure à la plus haute contemplation, une ardeur chevaleresque la pousse jusque sur les plages de l'Orient pour y suivre les traces de l'Epoux divin auquel elle s'est donnée. On la voit ensuite visiter la nouvelle Jérusalem, et répandre ses vœux devant la Confession de saint Pierre; après quoi, rentrée dans son repos, elle fonde un Ordre religieux qui est encore et qui sera toujours l'un des ornements et l'un des secours de la sainte Église.

Le spectacle d'Ursule entourée de sa légion de vierges a séduit le cœur d'Angèle; il lui faut aussi une armée de filles vaillantes. La noble princesse

 

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bretonne affronta les barbares; Angèle, nouvelle Ursule, livrera bataille au monde et à ses séductions si redoutables pour des âmes encore neuves, et, comme trophée de ses victoires, elle peut montrer les innombrables générations d'adolescentes que son saint institut a sauvées depuis trois siècles, en les initiant à la pratique et à l'amour des vertus chrétiennes.

 

La sainte Eglise nous donne en ces termes le récit abrégé des vertus et des actions de sainte Angèle.

 

Angèle de Mérici naquit de parents pieux à Decenzano, petite ville du diocèse de Vérone, près du lac Benago, dans l'Etat de Venise. Dès son jeune âge, elle veilla avec la plus grande précaution sur le lis de la virginité, qu'elle avait résolu de conserver à jamais intact. Repoussant toutes les parures de son sexe, elle altéra la beauté de son visage et coupa ses cheveux, afin de ne plaire qu'au céleste Epoux des âmes. Etant encore dans la fleur de son adolescence, et ayant perdu ses parents, elle tenta de s'enfuir dans un désert, afin d'y mener une vie plus austère. Ayant été empêchée par un oncle de mettre ce dessein à exécution, elle sut pratiquer à la maison ce qu'il ne lui était pas permis de faire dans la solitude. Elle se revêtit du cilice, et prit fréquemment la discipline ; hors les cas de maladie elle s'interdit la viande, et n'usa de vin qu'aux fêtes de la Nativité et de la Résurrection du Seigneur; il lui arrivait même de passer plusieurs jours sans prendre de nourriture. Vouée à une prière continuelle, elle prenait sur la terre nue un court sommeil. Le démon ayant voulu lui faire illusion sous la forme d'un ange de lumière, elle le reconnut aussitôt et le mit en fuite. Ayant enfin renoncé à la succession de son père, et embrassé la règle du tiers-ordre de saint François dont elle prit l'habit, elle joignit la pauvreté évangélique à la gloire de la virginité.

 

Fidèle à tous les devoirs de miséricorde envers le prochain, elle donnait aux pauvres tout ce qui lui restait de la nourriture qu'elle avait obtenue par l'aumône, et se livrait avec empressement au soin des malades. File laissa une haute renommée de sainteté dans un grand nombre de lieux qu'elle visitait, soit pour consoler les affligés, soit pour réconcilier des ennemis, soit pour retirer de grands pécheurs du bourbier des vices. Nourrie fréquemment du pain des anges, unique objet de ses désirs, l'ardeur de son transport pour Dieu était si grande, que souvent elle était ravie hors de ses sens. Elle visita avec une piété profonde les saints lieux de la Palestine. Dans le cours de ce voyage, ayant perdu la vue en passant dans l'île de Candie, elle l'y recouvra au retour , après avoir échappe par le secours divin aux mains des barbares et au danger imminent d'un naufrage. Sous le pontificat de Clément Vil, elle se rendit à Rome, afin d'y vénérer la pierre fondamentale de l'Eglise et d'y gagner l'abondant pardon du jubilé. Le pape ayant eu avec elle un entretien, découvrit sa haute sainteté, parla d'elle avec les plus grands éloges, et ne lui permit de sortir de Rome qu'après avoir reconnu que le ciel l'appelait ailleurs.

 

De retour à Brescia, elle alla prendre sa demeure près de l'Eglise de Sainte-Afra. Ce fut là qu'elle institua, d'après l'ordre de Dieu qu'elle avait connu par une voix céleste et par une vision, une nouvelle société de vierges sous une discipline particulière, avec des règles qu'elle avait rédigées d'une manière toute sainte. Elle donna à cet institut le nom et le patronage de sainte Ursule, chef invincible de l'armée des vierges, et prédit , peu avant de mourir, qu'il durerait toujours. Enfin, étant presque septuagénaire, comblée de mérites, elle s'envola au ciel le six des calendes de février de l'an mil cinq cent quarante. Son corps, que l'on garda trente jours avant de l'inhumer, demeura flexible et conserva les apparences de la vie. On le déposa dans l'Eglise de Sainte-Afra, parmi les autres reliques des saints qu'elle possède en grand nombre ; et plusieurs miracles commencèrent à se manifester à son tombeau. Le bruit s'en répandit non seulement à Brescia et à Decenzano, mais encore au loin, et l'on commença de bonne heure à donner le nom de Bienheureuse à Angèle et à placer son image sur les autels. Saint Charles Borromée lui-même, peu d'années après la mort d'Angèle, affirma en chaire à Brescia qu'elle était digne d'être inscrite par l'autorité du Saint-Siège au catalogue des saintes vierges. Clément XIII ratifia et confirma par un décret ce culte populaire approuvé déjà par plusieurs évêques, et encourage par de nombreux induits des Souverains Pontifes. Enfin, après de nouveaux miracles légitimement prouvés, Pie VII inscrivit Angèle sur la liste des saintes vierges, dans la solennelle canonisation qu'il accomplit dans la basilique vaticane le vingt-quatre mai mil huit cent sept.

 

 

Vous avez combattu les combats du Seigneur, ô Angèle, et votre vie si remplie d'œuvres saintes vous a mérité un repos glorieux dans l'éternel séjour. Un zèle insatiable pour le service de celui que vous aviez choisi pour Epoux, une ardente charité pour tous ceux qu'il a rachetés de son sang divin, forment le caractère de votre existence tout entière. Cet amour du prochain vous a rendue mère d'une famille innombrable; car nul ne pourrait compter les jeunes enfants qui ont sucé à l'école de vos filles le lait de la saine doctrine et de la piété. Vous avez puissamment contribué, ô Angèle, au maintien de la famille chrétienne en préparant tant de mères et tant d'épouses pour leurs sublimes devoirs; et combien d'institutions appelées au même but sont sorties de la vôtre pour la consolation de l'Eglise et l'avantage de la société ! Le Pontife suprême a ordonné que votre nom fût désormais fêté dans toute la catholicité. En promulguant ce décret, il a déclaré qu'il voulait placer sous votre maternelle protection toute la jeunesse de votre sexe exposée aujourd'hui à tant de périls de la part des ennemis de Jésus-Christ et de son Eglise. Ils ont formé le dessein d'arracher la foi du cœur des épouses et des mères, afin d'anéantir plus sûrement le christianisme, qu'une forte et douce influence a conservé jusqu'ici dans la famille. Déjouez ces noirs complots, ô Angèle ! Protégez votre sexe; nourrissez en lui le sentiment de la dignité de la femme chrétienne, et la société peut encore être sauvée.

Nous nous adressons aussi à vous, ô épouse du Christ, pour obtenir votre aide dans le parcours de cette année liturgique, où nous retrouvons chaque jour vos traces. Votre ardeur à suivre les divins mystères qui se déroulent successivement à nos yeux vous entraîna au delà des mers. Vous vouliez voir Nazareth et Bethléhem, parcourir la Galilée et la Judée, rendre grâces dans le Cénacle, pleurer sur le Calvaire, adorer le Sépulcre glorieux. Daignez bénir notre marche timide dans ces sentiers que vos pas ont parcourus. Nous voulons vous suivre sur le mont des Oliviers, d'où notre Emmanuel est remonté dans les cieux ; il nous faut pénétrer une seconde fois dans le Cénacle, que le divin Esprit illumine de ses feux. Conduisez-nous sur vos pas, ô Angèle, vers ces lieux bénis dont l'attrait vous arracha à votre patrie, et vous lança à travers les hasards dans une lointaine et périlleuse pérégrination ; élevez nos âmes à la hauteur des augustes mystères qui couronnent le Temps pascal.

 

 

 

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