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LE MEME JOUR.SAINT URBAIN, PAPE ET MARTYR.Cette journée est marquée par le triomphe de deux saints papes, et le septième Grégoire, en quittant la terre, est introduit dans le séjour céleste par un de ses prédécesseurs: Urbain, martyr par l'effusion de son sang ; Grégoire, martyr par les douleurs qu'éprouva sa grande âme. La cause était la même. Urbain donnait sa vie plutôt que de céder à la puissance terrestre qui eût voulu courber toute âme généreuse devant les idoles des faux dieux; Grégoire préféra encourir toutes les disgrâces de cette vie plutôt que de laisser la sainte Eglise sous le joug de César. Tous deux embellissent le cycle pascal de leurs palmes et de leurs couronnes. Jésus ressuscité avait dit à Pierre : « Suis-moi (1). » Pierre suivit son Maître jusqu'à la croix. Héritiers de Pierre, Urbain et Grégoire se sont attachés à la suite du même chef, et nous saluons leur commun triomphe, en lequel brille la force invincible que le triomphateur de la mort a communiquée dans tous les siècles à ceux qu'il a choisis pour rendre témoignage ici-bas à la vérité de sa résurrection. Voici maintenant le récit que la Liturgie 1. JOHAN. XXI, 19. 536 romaine nous donne sur les œuvres et les mérites du saint pape Urbain. Urbain, né à Rome, gouverna
l'Eglise au temps de l'empereur Alexandre Sévère. Par son enseignement et la
sainteté de sa vie il convertit un grand nombre de personnes à la foi du
Christ, entre autres Valérien, époux de la bienheureuse Cécile, et Tiburce, frère de Valérien, lesquels endurèrent plus tard
le martyre avec un grand courage. Il a écrit ces paroles au sujet des biens qui
sont donnes à l'Eglise : « Les choses que les fidèles offrent au Seigneur ne
doivent être employées que pour la subsistance des ministres de l'Eglise, des chrétiens
nos frères et de ceux qui sont dans le besoin, parce que ce sont les oblations des fidèles, le prix
de la rémission de leurs péchés, et le patrimoine des pauvres. » Il siégea six
ans, sept mois et quatre jours; il reçut la couronne du martyre, et fut enseveli
dans le cimetière de Prétextât, le huit des calendes de juin. En cinq
ordinations qu'il tint au mois de décembre, il créa neuf prêtres, cinq diacres
et huit évêques pour divers lieux. Saint Pontife, nous célébrons votre triomphe avec une joie augmentée encore par l'anniversaire du départ de votre illustre successeur pour le séjour où vous l'attendiez dans la gloire. Du haut du ciel vous aviez suivi ses combats, et vous aviez reconnu que son courage n'était pas au-dessous de celui des martyrs. Lui, sur sa couche funèbre à Salerne, s'animait à la dernière lutte par la pensée de votre dernier combat en ce même jour. O lien merveilleux de l'Eglise triomphante et de l'Eglise militante ! ô sublime fraternité des saints ! ô espérance immortelle pour nos cœurs ! Jésus ressuscité nous convie à nous réunir à lui pour l'éternité. Chaque génération lui envoie ses élus, et ils viennent tour à tour se grouper au-dessous de ce divin Chef, comme autant de membres qui forment la plénitude de son corps. Il est « le premier-né entre les morts », et il nous fera participer à sa vie, selon que nous aurons participé à ses souffrances et à sa mort. Priez, ô Urbain, afin que le désir de nous réunir à Jésus qui est « la voie, la vérité et la vie », s'enflamme en nous toujours plus. Rendez-nous supérieurs aux calculs terrestres, et donnez-nous de sentir toujours que tant que nous restons en ce monde, « nous sommes exilés du Seigneur (1) ». 1. II Cor. V, 6. |