M.-M. DE PAZZI

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LE XXIX MAI.

SAINTE MARIE-MADELEINE DE PAZZI, VIERGE.

 

Le Cycle pascal nous offre trois illustres vierges que l'Italie a produites. Nous avons salué dans notre admiration la vaillante Catherine de Sienne ; sous peu de jours, nous célébrerons Angèle de Mérici, entourée de son essaim de jeunes filles ; aujourd'hui le lis de Florence, Madeleine de Pazzi, embaume toute l'Eglise de ses parfums. Elle a été l'amante et l'imitatrice du divin crucifié; n'est-il pas juste qu'elle ait part aux allégresses de sa résurrection ?

Madeleine de Pazzi a brillé sur le Carmel par son éclatante pureté et par l'ardeur de son amour. Elle a été, comme Philippe Néri, l'une des plus éclatantes manifestations de la divine charité au sein de la vraie Eglise, se consumant à l'ombre du cloître comme Philippe dans les labeurs du ministère des âmes, ayant recueilli l'un et l'autre, pour l'accomplir en eux, cette parole de l'Homme-Dieu : « Je suis venu allumer le feu sur la terre ; et quel est mon désir, sinon qu'il s'enflamme (1) ? »

La vie de l'Epouse du Christ fut un miracle continuel. L'extase et les ravissements étaient journaliers chez elle. Les plus vives lumières lui

 

1. Luc. XII. 40.

 

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furent communiquées sur les mystères, et, afin de l'épurer davantage pour ces sublimes communications, Dieu lui fit traverser les plus redoutables épreuves de la vie spirituelle. Elle triompha de tout, et son amour montant toujours, elle ne trouvait plus de repos que dans la souffrance, par laquelle seule elle pouvait alimenter le feu qui la consumait. En même temps son cœur débordait d'amour pour les hommes; elle eût voulu les sauver tous, et sa charité si ardente pour lésâmes s'étendait avec héroïsme jusqu'à leurs corps. Tant que dura ici-bas cette existence toute séraphique, le ciel regarda Florence avec une complaisance particulière; et le souvenir de tant de merveilles a maintenu dans cette ville, après plus de deux siècles, un culte fervent à l'égard de l'insigne épouse du Sauveur des hommes.

L'un des plus frappants caractères de la divinité et de la sainteté de l'Eglise apparaît dans ces existences privilégiées, sur lesquelles se montre avec tant d'éclat l'action directe des mystères de notre salut. « Dieu a tant aimé le monde, qu'il lui a donné son Fils unique (2) » ; et ce Fils de Dieu daigne se passionner pour une de ses créatures, produisant en elle de tels effets, que tous les hommes sont à même d'y prendre une idée de l'amour dont son Cœur divin est embrasé pour ce monde qu'il a racheté au prix de son sang. Heureux ceux qui savent goûter ce spectacle, qui savent rendre grâces pour de tels dons ! Ils ont la vraie lumière, tandis que ceux qui s'étonnent et hésitent font voir que les lueurs qui sont en eux luttent encore avec les ténèbres de la nature déchue.

 

I. JOHAN. III, l6.

 

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L'espace qui nous reste ne nous permet pas, à notre grand regret, de développer davantage le caractère et la vie de notre sainte ; nous insérons ici les Leçons trop abrégées de son Office qui n'en donnent qu'une faible idée.

 

Marie-Madeleine , de l'illustre famille des Pazzi, naquit à Florence, et marcha presque dès le berceau dans le chemin de la perfection. Dès l'âge de dix ans, elle fit vœu de virginité, et, lorsqu'elle eut pris l'habit de carmélite dans le monastère de Notre-Dame-des-Anges, elle fit voir en sa personne un modèle achevé de toutes les vertus. Sa pureté alla jusqu'à ignorer toute sa vie ce qui peut blesser cette vertu. Par l'ordre de Dieu, elle jeûna cinq ans au pain et à l'eau, hors les dimanches qu'elle usait des mets permis en Carême. Elle affligeait son corps par le cilice, les fouets, l'abstinence, les veilles, la nudité, et par toutes sortes de tourments.

 

Le feu de l'amour divin était si brûlant en elle, que n'en pouvant supporter 1 ardeur, elle était obligea pour la tempérer de répandre de l'eau sur sa poitrine. Souvent ravie hors d'elle-même, elle éprouvait de longues et merveilleuses extases, dans lesquelles elle pénétrait les mystères célestes, et recevait de Dieu des faveurs admirables. Fortifiée par ces secours, elle soutint un long combat contre les princes des ténèbres, livrée à la sécheresse et à la désolation, abandonnée de tout le monde, et poursuivie de diverses tentations, par la permission de Dieu, qui voulait en faire le modèle d'une invincible patience et de la plus profonde humilité.

 

Sa charité envers le prochain éclatait particulièrement ; souvent elle passait les nuits sans dormir, occupée soit à faire l'ouvrage des sœurs, soit à servir les malades, qu'elle guérit plus d'une fois en suçant leurs ulcères. Elle pleurait amèrement la perte des infidèles et des pécheurs, et s'offrait à endurer toutes sortes de tourments pour leur salut. Plusieurs années avant sa mort, elle renonça avec une vertu héroïque à toutes les délices dont le Ciel la comblait, et elle avait souvent à la bouche ces paroles : Souffrir, et ne pas mourir. Epuisée enfin par une longue et grave maladie, elle alla se réunir à l'Epoux le vingt-cinq mai de l'an mil six cent sept, étant âgée de quarante-un ans. De nombreux miracles la rendirent célèbre durant sa vie et après sa mort. Clément IX l'inscrivit au nombre des saintes vierges, et son corps s'est conservé jusqu'aujourd'hui sans corruption.

 

           

Votre vie ici-bas, ô Madeleine, a semblé celle d'un ange que la volonté divine eût captivé sous les lois de notre nature inférieure et déchue. Toutes vos aspirations vous entraînaient au delà des conditions de la vie présente, et Jésus se plaisait à irriter en vous cette soif d'amour qui ne pouvait s'apaiser qu'aux sources jaillissantes de la vie éternelle '. Une lumière céleste vous révélait les mystères divins, votre cœur ne pouvait contenir les trésors de vérité et d'amour que l'Esprit-Saint y accumulait; et alors votre énergie se réfugiait dans le sacrifice et dans la souffrance, comme si l'anéantissement de vous-même eût pu seul acquitter la dette que vous aviez contractée envers le grand Dieu qui vous comblait de ses faveurs les plus chères.

Ame de séraphin, comment vous suivrons-nous ? Qu'est notre amour auprès du vôtre ? Nous pouvons cependant nous attacher de loin à vos traces. L'année liturgique était le centre de votre existence; chacune de ses saisons mystérieuses agissait sur vous, et vous apportait, avec de nouvelles lumières, de nouvelles ardeurs. L'Enfant divin de Bethlehem, la sanglante Victime de la croix, le glorieux Epoux vainqueur de la mort, l'Esprit rayonnant de sept dons ineffables, vous ravissaient tour à tour; et votre âme, renouvelée par cette succession de merveilles, se transformait

 

1. JOHAN. IV, 14.

 

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toujours plus en celui qui, pour s'emparer de nos cœurs, a daigné se traduire lui-même dans ces gestes immortels que la sainte Eglise nous fait repasser chaque année avec le secours d'une grâce toujours nouvelle. Vous aimiez ardemment les âmes durant votre vie mortelle, ô Madeleine; votre amour s'est accru encore dans la possession du bien suprême; obtenez-nous la lumière pour voir mieux ce qui ravissait toutes vos puissances, l'ardeur de l'amour pour aimer mieux ce qui passionnait votre cœur.

 

 

 

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