Semaine de 1999

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Chapelle N-D du Vorbourg / CH-2800 Delémont (JU) / tél/fax + 41 032 422 21 41

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Semaine du Vorbourg 1999

12 au 19 septembre

La volonté du Père

 

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Prédicateur :

Père Paul-Bernard Hodel, dominicain

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Pour le décanat de Laufon la prédication sera assurée par Mmes Monica Gervasoni Schalk et Sybille Hodel, Pastoralassistentinnen.

Programme:

En semaine, du lundi au samedi,  l'Eucharistie est célébrée tous les matins à 5h30, 6h30, 7h30, 8h30 et 10h.

Confessions:

Au Vorbourg : dès 7h, chaque matin (sauf dimanche) messes et le soir dès 19h.
A Montcroix: le matin dès 7h à 10h et l'après-midi de 16h30 à 18h30.

Célébration communautaire du sacrement du pardon : Eglise Saint-Marcel, lundi 13 septembre à 20h.

Dimanche 12 septembre à 16h00 Célébration d'ouverture
Lundi 13 septembre à 20h00 Secteur Saint-Germain: paroisses de Courchapoix et de Vermes
Mardi 14 septembre à 20h00 Paroisse de Delémont
Mercredi 15 septembre

    

à 15h00

à 20h00

Bénédiction des enfants

Vallée de Delémont : paroisse de Boécourt

Jeudi 16 septembre à 10h00

à 20h00

Dekanat Laufental

SIngmesse

Vendredi 17 septembre à 20h00 Ajoie, Clos-du-Doubs: paroisses de la Baroche, Miécourt, Charmoille-Fregiécourt, Asuel-Pleujouse
Samedi 18 septembre à 10h00 Franches-Montagnes, Doyenné de Moutier-Saint-Imier-Bienne: paroisse de Saignelégier

Dimanche

19 septembre

Message au Jura pastoral

SCRIPT DE LA CELEBRATION

à 15h00 Célébration de clôture de la semaine et célébration de préparation à l'ouverture du Jubilé de l'an 2000, par Mgr Martin Gächter, évêque auxiliaire du diocèse de Bâle..

Ce dimanche est aussi journée fédérale d'action de grâce.

Prière patriotique

 

 

Pour les intéressés, le script des célébrations !

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Lectures :  Isaïe 55, 6-11 ; Jean 6, 37-40

Transcription

Frères et sœurs,

Si souvent, si souvent en effet, nous répétons les paroles du Notre Père et si souvent, nous répétons que ta volonté soit faite et si souvent aussi, nous ne comprenons pas aussi quelle peut être cette volonté lorsque vient l’épreuve, lorsque vient la difficulté, lorsque vient la souffrance, lorsque vient l’absurde, lorsque vient l’incompréhensible, alors, nous ne comprenons plus. Que peut bien vouloir Dieu pour nous, qu’elle peut bien être sa volonté ? Et cette question il vient bien à un moment de notre existence où nous nous la posons, nous nous la posons pour nous tout d’abord, mais c’est une question qui n’est pas nôtre seulement puisque il nous suffit de regarder autour de nous, il nous suffit d’ouvrir les yeux sur le monde et puis nous voyons notre terre déchirée, nous voyons notre monde lui aussi déchiré, l’actualité de ces derniers jours nous suffit pour le comprendre… Et cette même question revient, comment comprendre, comment discerner quelle peut être la volonté de Dieu.

L’Evangile que nous venons d’entendre qui est tiré de saint Jean, de l’Apôtre saint Jean, nous renvoie à ce que Jésus a dit après la multiplication des pains. Souvenez-vous de cet épisode de l’Evangile, la foule était venue écouter Jésus, il y n’y avait à manger que cinq pains et deux poissons et voilà que le Seigneur Jésus va nourrir la foule. Et le lendemain, c’est cette même foule qui part à la recherche de Jésus, elle le suit, elle le poursuit même et c’est là que le Seigneur déclare : " Vous me cherchez, parce que vous avez mangé, vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain et parce que vous avez été rassasié. Autrement dit, vous accourez, vous venez à ma suite en vous arrêtant aux signes que je vous ai donné et sans vraiment bien en comprendre le sens, sans comprendre la réalité qu’à travers ce signe je voulais vous donner et le Seigneur continue en disant : " Travaillez, travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle. "

La vie éternelle, voilà le maître mot, c’est cela l’œuvre de Dieu. C’est cela la volonté du Père, et Jésus le dira encore, Jésus ne cessera de le répéter, indiquant quelle mission lui a été confiée par le Père et c’est cela que nous venons d’entendre dans l’Evangile, lorsque Jésus déclare à ses disciple : " La volonté de celui qui m’a envoyé, c’est-à-dire la volonté du Père, c’est que je ne perde rien, je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. Oui, telle est la volonté de mon Père que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour. "

C’est tout de même un singulier changement de perspective, c’est dire que la volonté du Père, celle que nous demandons aussi dans notre prière, n’est peut être pas ce que nous imaginerions de prime abord. Il ne s’agit peut être pas uniquement de ce qui pourrait toucher à notre vie terrestre, à notre vie quotidienne, à ce dont nous pourrions avoir besoin au quotidien, ce qui pourrait nous permettre d’être heureux maintenant seulement. La volonté du Père, elle est tout d’abord que nous ayons la vie éternelle et c’est pour cela que le Christ est venu au milieu de nous, c’est pour cela que le Verbe de Dieu s’est fait cher, c’est pour accomplir cette volonté du Père, pour accomplir aussi cette parole du prophète Isaïe que nous avons entendu tout à l’heure et qui nous disait que " De même que la pluie et la neige descendent des cieux et n’y retourne pas sans avoir arrosé la terre, sans l’avoir fécondée, sans l’avoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche. Elle ne revient pas à moi sans effets, sans avoir accompli ce que j’ai voulu et sans avoir réalisé l’objet de sa mission. "

Cette parole, elle nous parlait du Christ, elle nous parlait du Christ comme parole de Dieu, comme Verbe de Dieu, lui qui est venu au milieu de nous pour accomplir cette mission, cette mission qui est de nous donner, de nous permettre d’accéder à la vie éternelle. Parler de la vie éternelle, ce n’est pas dire que ce qui fait le quotidien de nos vies soit sans signification, ce n’est pas dire que tout ce qui la traverse, de bonheur, de peine, soit sans signification… Mais c’est dire que tout cela, tout ce qui fait notre existence, et bien, nous voici appelés à le vivre dans une perspective bien particulière et qui est celle du Royaume des cieux. C’est dire que c’est vers cela que tend toute notre existence. Mais encore, c’est cela même et c’est cela seulement qui peut donner sens à ce que nous vivons. C’est cela même qui en donne la valeur et c’est alors que chacune de nos vies devient édification. Quand je dis édification, quand je pense que nos vies devraient être et doivent être édifiantes, je ne voudrais pas l’entendre au sens habituel, un peu désuet, un peu vieillot, un peu compassé, tel que l’entendrait les livres de piété d’autrefois ou tel que je l’ai vu dans les vieux missels de ma grand-mère… mais plutôt au service d’une édification d’un édifice spirituel qu’est l’Eglise. Car chacune de nos vies est constitutive, est édifiante, permet d’édifier l’Eglise, l’Eglise qui est faite de pierres vivantes et l’Eglise qui est aussi le Royaume des cieux. Et c’est alors que chacune de nos vies, chacune de nos existences devient nécessaire, car que signifierait, que serait un édifice auquel manquerait des pierres. Et peu importe que nos vies ne soient pas ce que nous voudrions qu’elles soient, peu importe qu’elles soient traversées par des choses que nous ne comprenons pas toujours. A travers tout cela, c’est toujours le Royaume des cieux vient, c’est toujours un seul et même édifice en train de grandir, en train d’être bâti. Permettez-moi de vous le dire encore un peu autrement et puis d’utiliser un texte qui n’est pas de moi, ce sera sans doute mieux l’exprimer encore.

C’est un texte tiré du journal de Marie Noël qui était une pauvre femme, qui était au début du siècle, qui était en France néanmoins, une très grande mystique et qui dialoguait ainsi avec son Seigneur, qui lui disait : " Vous voilà mon Dieu. Vous me cherchez, que me voulez-vous ? Je n’ai rien à vous donner. Depuis notre dernière rencontre, depuis notre dernière rencontre, je n’ai rien mis de côté pour vous. Rien, pas même une bonne action, j’étais trop lasse. Rien, pas même une bonne parole, j’étais trop triste. Rien que le dégoût de vivre, l’ennui, la stérilité.

Et le Seigneur répond :

  • Donne, la hâte chaque jour de voir la journée finie sans servir à rien ; le désir du repos loin du devoir et des œuvres ; le détachement du bien à faire, le dégoût de vous.
  • Ô mon Dieu !
  • Donne la torpeur de l’âme, le remords de ma mollesse et la mollesse plus forte que le remords. Donne le besoin d’être heureuse, la tendresse qui brise, la douleur d’être moi sans recours . Donne, des troubles, des épouvantes, des doutes, donne.
  • Seigneur ! Voilà que comme un chiffonnier, vous allez ramassant des déchets, des immondices. Qu’en voulez-vous faire, Seigneur ?
  • Le Royaume des cieux ! "

Amen.

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Epître : Sg 7, 15-21

Psaume : 8, 4-5, 6

Evangile : Mc 4, 35-41

Frères et sœurs,

Bien souvent la nature ou le spectacle de la nature nous émerveille et sans doute, cela était vrai encore ce matin, par cette belle journée d’automne, en montant ici à la chapelle du Vorbourg. Et comment, devant ce spectacle si beau, devant une telle beauté, devant une telle perfection, comment ne pas voir là l’œuvre de Dieu et plus encore s’émerveiller devant la nature, mais aussi chercher à la comprendre, n’est-ce pas chercher à comprendre Dieu. Est-ce que l’œuvre de la création, finalement, ne nous renvoie-t-elle pas au créateur, et est-ce que le spectacle de la création, est-ce que la nature ne nous paraît-elle pas être une preuve extraordinaire, tout d’abord de l’existence de Dieu et puis de l’amour de Dieu pour nous. C’est ce que nous disait le texte que nous avons entendu tout à l’heure et qui est tiré de l’Ancien Testament, qui est tiré du livre de la Sagesse. Et qui que Dieu, Dieu est le guide de la Sagesse. Aussi l’auteur de ce livre de la Sagesse qui a du faire la même expression qui est la nôtre et qui est celle de l’émerveillement devant la création, dit que c’est le Seigneur lui-même qui lui a donné la connaissance infaillible des êtres pr connaître la structure du monde, l’activité des éléments, le commencement, la fin, le milieu des temps, les alternances des solstices et les changements des saisons, les cycles des années, les positions des astres, les animaux, la nature des animaux, les instincts des bêtes sauvages, les variétés des plantes et la vertu des racines. Tout cela, c’est la Sagesse de Dieu qui permet de la comprendre, qui permet de l’appréhender. Mais au fond, chercher à comprendre la nature, et peut-être même la comprendre, en comprendre le fonctionnement, en comprendre les rouages, tout cela, c’est vouloir en percer le mystère. Mais tout cela ne fait pas éviter une question qui demeure… ou que cela nous invite à nous poser une question et cette question, c’est le pourquoi de la création. Pourquoi donc, Dieu a-t-il créé le monde, et pourquoi Dieu en créant le monde, l’a-t-il confié à l’homme. La science nous donne sans doute des réponses, mais la science est attachée avant tout à discerner les fonctionnements de la nature, à en comprendre les fonctionnements les plus subtils… Mais tout cela ne nous donne pas encore une réponse sur le pourquoi de la création. Il est possible d’en connaître le plus fin des rouages, mais c’est encore et toujours observer un phénomène. Rien n’est encore dit de ce qui est l’origine de la nature, ce qui est l’origine de la création.

La foi va donner une réponse à cela et dira que dès les origines de la création, il y a Dieu et il y a l’amour de Dieu. Sans doute, le dire et le redire n’est pas d’une très grande originalité car nous le répétons dimanche après dimanche dans le credo lorsque nous disons de Dieu qu’il est créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible. Mais Dieu, Dieu qui est au-delà de la création, qui est au-delà du temps, au-delà de l’espace, a voulu la terre et pourquoi voulait-il la création de la terre ? Il a voulu que nous existions, avait-il besoin de l’existence de l’homme ? Avait-il la nécessité de créer le monde, était-il nécessaire de créer l’homme ? La réponde est bien sûr non, Dieu n’en avait aucun besoin. Alors Pourquoi, a création, qu’elle peut être l’origine de cela et à quoi bon, à quoi peut bien servir la création ? et en cela nous rejoignons aussi une question qui est celle de tous les hommes de tous les temps qui cherchent toujours de répondre à cette même question qui est de dire : D’où est-ce que cela vient, où va tout ce qui existe et puis nous, d’où venons-nous et où allons-nous ? Pour répondre à cela, il nous faut donner une réponse qui serait celle de notre foi chrétienne. Et bien il me semble que nous aurons la réponse ou plus exactement, nous aurons l’intuition de la réponse en contemplant le mystère de Dieu, de Dieu qui est Père, bien sûr, mais qui est Père, Fils et Saint-Esprit, Dieu qui est Trinité, Dieu qui est amour. .. Et rappeler que Dieu, selon notre foi, est un Dieu en trois personnes, c’est rappeler que Dieu est communion, qu’il est communication d’amour. Parler de la Trinité, peut-être n’aurait à premier abord, aucun rapport avec la création et pourtant, l’origine de la création, elle est dans la Trinité. C’est-à-dire que Dieu n’avait pas besoin d’un vis-à-vis pour aimer. Il n’avait pas besoin de la création, pour avoir quelqu’un à aimer et quelqu’un qui puisse lui rendre son amour puisque Dieu est lui-même amour, il est lui-même communication d’amour. Il est lui-même communion d’amour entre les personnes de la Trinité. Alors, si Dieu n’avait pas besoin de la création pour aimer, pourquoi la création ? Et bien je crois que la réponse serait de dire que la création est comme un débordement de l’amour de Dieu. Un amour qui est si grand, qui est si merveilleux, qui est si extraordinaire et dont nous avons les prémices dans l’œuvre de la création, et bien cet amour est si grand que Dieu a voulu le communiquer. Et c’est ainsi que le monde a été créé. Il a été créé par débordement de l’amour de Dieu et il a été créé ainsi pou la gloire de Dieu, car toute la création, nous l’avons encore chanté tout à l’heure, toute la création ne cesse de chanter et de célébrer l’amour de Dieu. Et l’homme alors ? Que fait l’homme au cœur de la création ? Je crois que ce débordement d’amour qui est celui de Dieu, celui de la Trinité, ce débordement d’amour, il est si grand, il est donné avec une telle profusion que Dieu a créé l’homme à son image, à sa ressemblance et lui a confié la création. Et là, nous voyons quelle extraordinaire, quelle merveilleuse dignité nous a été confiée par le Père puisque notre dignité est de participer à l’œuvre de la création, mais d’y participer librement, d’en parfaire l’harmonie, et dans cet œuvre de la création, d’être même collaborateurs du Dieu tout-puissant. Sans doute, de même que la création est parfois indépendante, et parfois elle déborde de façon inattendue, et bien de même cette image de Dieu qui est la nôtre, nous avons su la déformer, nous avons su l’altérer par le péché des origines. Et malgré tout, malgré toutes nos infidélités, toutes nos difficultés à ressembler véritablement à Dieu ou à vivre l’union à ce Dieu plein d’amour qui est à notre origine, cette image, cette ressemblance de Dieu, elle demeure. Plus encore, elle a été restaurée par Dieu qui est non seulement à l’origine de la création, qui est non seulement à l’origine de l’homme, mais qui est aussi à l’origine d’une création renouvelée, d’une création restaurée et pour cela, Dieu s’est fait homme, lui qui règne, lui qui commande, et l’Evangile nous le disait à propos du Christ, le Christ à qui même le vent et la mer obéissent… et bien, il s’est fait l’un de nous, il s’est fait humblement l’un de nous pour restaurer notre image et notre ressemblance de Dieu. Si donc l’homme, si donc nous, malgré tout l’amour reçu du Père, nous nous en sommes éloignés, le Christ est venu restaurer l’œuvre des 7 jours. Il est venu renouveler la création en cherchant l’homme, en venant nous chercher chacun d’entre nous et nous invitant comme nous le disait l’Evangile, à passe sur l’autre rive.

Elle est riche cette image du Christ sur la barque et qui passe d’une rive à l’autre , car ce passage d’une rive à l’autre, et bien c’est l’image de notre vie et puis cette barque, c’est l’Eglise, c’est l’Eglise qui est remplie de la présence du Christ et qui devrait nous permettre de passer de ce monde vers le Père, qui devrait nous permettre de passer des réalités terrestres que nous connaissons bien, à cette autre réalité qui est celle du Royaume des cieux. Et alors, dans ce passage d’une rive à l’autre, peu importe, peu importe la tempête, peu importe les turbulences qui pourraient agiter notre vie, si nous savons que le Christ est avec nous. Peu importe même de croire que comme nous le disait cet Evangile, il dort sur un coussin à l’arrière. Peu nous importe, si nous avons parfois l’impression que le Christ est absent ou qu’il ne s’intéresse pas à nous, à notre vie, à notre existence. Il est là, il est là et il veille avec nous et pour nous et la barque qui va d’une rive à l’autre continue à avancer. Le Christ n’est-il pas mort et ressuscité pour que nous ayons la vie, Dieu est maître du temps et de l’histoire et ainsi au terme de l’aventure de la création, c’est vers le repos que le Seigneur lui-même nous conduira. Et ainsi, aujourd’hui, comme jadis à ses disciples, le Christ nous dit, le Christ nous redit : " N’ayez pas peut, n’avez-vous donc pas encore la foi ? ".

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Mardi 14 septembre 1999 : " L’histoire du salut "

Epître : Hb 11, 1-2. 8-16

Psaume 32

Evangile : Mt 5, 17-20

Frères et sœurs,

Voici des générations et des générations de générations que des pèlerins montent ici à Notre-Dame du Vorbourg. Ils y montent sans doute depuis que la Vierge y a été couronnée il y a 130 ans par Mg Lachat à la veille du Kulturkampf, mais ils étaient déjà montés très nombreux auparavant. Et puis après cela encore, ils ont continué à y monter et les pèlerins que nous sommes y sont montés aujourd’hui encore. Mais ce pèlerinage que nous accomplissons ici, dans cette chapelle qui est la nôtre, qui est proche de nous, qui est une chapelle familière ,qui est peut-être on pourrait dire, la Vierge de chez nous, celle que l’on connaît bien, ce pèlerinage n’est-il pas le signe d’un autre pèlerinage, commencé il y a bien longtemps, commencé par aussi des générations et des générations de croyants, commencé il y a des siècles et qui est au fond le pèlerinage de notre humanité toute entière, le pèlerinage de notre humanité en marche vers le Père, en marche vers le Royaume des cieux. Un pèlerinage qui est celui de la foi, car seule la foi peut nous mettre en route, et nous mettre en chemin sur les routes de ce pèlerinage, la foi dont l'Ecriture, dont la lettre aux Hébreux nous dit qu’elle est le moyen de posséder ce qu’on espère et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Autrement dit, c’est la foi qui nous fait déjà entr’apercevoir le bout du chemin, le bout du chemin qui sera le Royaume des cieux et que représente, que symbolise cette chapelle, comme n’importe quelle chapelle, si modeste soit-elle.

Ce pèlerinage de l’humanité, il a commencé il y a bien longtemps. Il a commencé nous dit l’Ecriture, avec Abraham, avec Abraham, non pas par la volonté d’un homme, non pas par la volonté du patriarche qui aurait décidé de se mettre en route, qui aurait tout abandonné pour partir, mais partir où ? Mais ce pèlerinage, il a commencé par une promesse et une promesse qui vient de Dieu, une promesse qui est double, car Dieu promet deux choses à Abraham. Il lui promet une descendance et il promet la terre. Mais pour obtenir cette descendance, pour obtenir cette terre, il faut partir, il faut tout quitter, il faut quitter le pays où il était, il lui faut quitter aussi sa propre famille. C’est cela que Dieu dit lorsqu’il s’adresse à Abraham   et qu’il lui dit : " Quitte ton pays, quitte ta parenté et la maison de ton Père pour le pays que moi, je te montrerai et puis je te donnera une descendance. " Pour obtenir, pour obtenir cette terre nouvelle, cette descendance nouvelle, Abraham va quitter son pays. Il aura été ainsi le premier sur le chemin de la foi. Et ce chemin, nous le savons parce que la Sainte Ecriture nous le dit et nous le rapporte, ce premier pèlerinage n’a pas été simple, il n’a pas été de tout repos. Car Dieu avait promis la descendance et la terre, l’un et l’autre seront bien long à venir. C’est seulement comme vieillard que, enfin, Abraham aura un enfant, ce sera Isaac. Et lorsqu’enfin Isaac vient au monde, Dieu met Abraham à l’épreuve en lui demandant d’offrir son fils en sacrifice. Et avant d’avoir pu obtenir ce fils de la promesse, avant même d’arriver en Terre Promise, il aura fallu à Abraham s’arracher, s’arracher à bien des choses, s’arracher à des amours trop humaines, à des calculs très humains et qui pourtant voulaient réaliser la promesse de Dieu. En route, Abraham et les siens auront connu la peur. Ils auront connu le mensonge, ils auront connu le danger. Et ce qui a été vrai pour Abraham, dans ce premier pèlerinage, dans cette première route, demeure à être vrai pour nous, comme cela a été vrai pour toutes les générations de croyants. Nous sommes héritiers de cette même promesse, de cette même Alliance que Dieu a conclue avec nous et qu’il nous adonnée. Nous voici en route comme Abraham, comme tous ces pèlerins de la foi, mais nous aussi, il nous semble que très souvent, il tarde. Dieu tarde d’accomplir ses promesses et que dans les méandres de ses chemins, bien souvent, bien souvent nous doutons de la présence de Dieu à nos côtés. Dieu était pourtant présent dans la vie d’Abraham comme il est présent dans la nôtre, mais son pèlerinage à lui, comme le pèlerinage de tous ces croyants de la première Alliance a été anticipation. C’est ce que dit l’Epître aux Hébreux en disant que c’est dans la foi qu’ils sont morts, sans avoir reçu l’objet de la promesse. Ce qui voudrait dire que nous, nous avons reçu cet objet là. Mais ils l’ont vu, ils l’ont salué de loin, ils ont confessé qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. Et cela demeure, car nous aussi, nous demeurons étrangers et voyageurs sur notre terre. Ceux qui parlent ainsi, dit la lettre aux Hébreux, font voir clairement qu’ils sont à la recherche d’une patrie. Et s’ils avaient pensé à celle d’où ils étaient sortis, ils auraient eu le temps d’y retourner. En fait, ils aspirent à une patrie meilleure, c’est-à-dire céleste. Et nous qui sommes de la nouvelle Alliance, et bien nous voici invités à lever les yeux vers Jésus parce qu’en Jésus, c’est Dieu lui-même d’un certaine manière qui s’est fait pèlerin et qui s’est fait pèlerin à nos côtés, qui s’est fait pèlerin avec nous, qui s’est fait pèlerin pour nous. C’est Jésus qui est venu accomplir cette promesse, c’est Jésus qui est venu comme nous le disait l’Evangile, accomplir la Loi et les prophètes. C’est Jésus qui est le nouvel Abraham à qui été promis terre et descendance, non plus une terre d’ici-bas, mais le Royaume des cieux, non plus une seule descendance humaine, mais le nouveau Peuple de Dieu. C’est Jésus qui est le nouvel Isaac immolé pour nos péchés, c’est ce que la Liturgie de ce jour nous rappelle en célébrant la croix glorieuse du Seigneur, puisque par la mort et la résurrection, par la croix du Seigneur, le Royaume nous est ouvert. Alors, il ne nous reste plus qu’à avancer avec lui, par lui, avec Jésus, pèlerin à nos côtés, avec Jésus le premier des pèlerins, le premier des pèlerins parce qu’il est premier-né de toute créature et que c’est lui qui nous a ouvert définitivement les portes du Royaume. C’est dire qu’à la suite de tous ces croyants, les croyants de l’Ancienne Alliance, mais à la suite du Christ, à la suite aussi de tous ceux qui nous ont précédé et nous en avons connus chacun d’entre nous beaucoup, ce pèlerinage qui doit nous mener vers le Père, nous ne sommes de loin pas seuls à l’accomplir. Ce pèlerinage, il est celui de l’Eglise, il est celui de toute l’humanité. Nous marchons, nous marchons à la suite du Seigneur, nous marchons à la suite de nombreux croyants et l’une des premières de ces croyants, c’est Notre-Dame, c’est la Vierge Marie. Et c’est cela aussi que nous célébrons en venant au Vorbourg en pèlerinage. J’ai entendu dire dimanche passé, c’est-à-dire à la sortie des Vêpres qui ont ouvert cette semaine du Vorbourg, j’ai entendu une dame qui m’a dit qu’elle aimait venir au Vorbourg. Elle me disait très exactement : " J’aime venir au Vorbourg parce que, avant moi, tous ceux de ma famille y sont venus.  Tous ceux que j’ai aimés, tous ceux que j’ai connus sont venus eux aussi en pèlerins et même cette porte qui est la porte d’entrée de la chapelle, je sais que tous ils y sont passés. Et lorsque je viens ici prier, c’est eux aussi que je retrouve. Je sais qu’ils sont là, je sais qu’ils sont là qui m’attendent et je sais qu’ils sont là qui prient aussi avec moi. " Comme cela est juste. Il est vrai, je crois que, en venant ici, nous n’y venons pas seuls. Il y a eu les générations de croyants qui nous y ont précédés. Mais il n’y a pas eux seuls qui y sont. Il y a aussi ceux qui n’y ont jamais portés les pieds et qui n’y porteront jamais les pieds, tous ceux que nous voudrions voir venir et voir venir prier avec nous. Mais d'une certaine manière, eux aussi sont là, car tous ceux que nous portons dans notre cœur, que nous portons dans notre prière, que nous portons dans notre intercession… Ils sont là aussi avec nous, nous les présentons dans notre prière à Dieu et Dieu lui, fera bien trouver le chemin de leur cœur. C’est l’épître aux Hébreux nous l’affirme, c’est pourquoi Dieu n’a pas honte de s’appeler leur Dieu. Il leur a préparé, il nous a préparés à tous en effet une ville. Amen

 

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Mercredi 15 septembre 1999 

Notre-Dame des sept douleurs. Les sept douleurs de Marie sont : La prophétie de Siméon, la fuite en Egypte, la perte de Jésus au Temple, la montée au Calvaire, le crucifiement, la descente de Croix, la mise au tombeau.

" Quand l’homme rejoint la volonté du Père "

Epître : Gn 18, 16-33

Psaume 137

Evangile : Lc 11, 9-13 

Frères et sœurs,

Aurions-nous l’idée de marchander avec Dieu ? C’est pourtant ce que nous venons d’entendre dans ce passage du livre de la Genèse qui a été notre première lecture, lorsqu’il nous compte l’histoire d’Abraham qui cherche à sauver les cités de Sodome et Gomorrhe et qui pour cela, va marchander avec Dieu. Il va argumenter contre Dieu, il va en quelque sorte chercher à ressortir au Seigneur Tout-Puissant ses propres arguments en lui disant, vas-tu vraiment supprimer le juste avec le pécheur ? En disant aussi : Quelle horreur ! est-ce que vraiment traiter le juste de la même manière que le pécheur, est-ce possible ? Est-ce que celui qui juge la terre est capable de rendre une sentence qui aille contre la justice ? N’est-ce pas étrange de voir qu’un homme est capable de prendre le Seigneur à partie, de chercher à le faire changer d’avis, ou même, il semblerait qu’Abraham cherche à faire comprendre à Dieu qu’il est miséricorde, ou du moins il rappelle à Dieu que le rôle de Dieu, que la vocation de Dieu, que la volonté du Père est de faire miséricorde et de ne pas faire périr le juste avec le méchant. Peut-être peut-il nous sembler étrange de voir Abraham marchander de cette façon-là avec le Seigneur et essayer de placer, de placer le sauvetage de cette cité avec cinquante justes, quarante-cinq justes, trente justes, vingt justes, ou même dix justes, car il n’ose pas descendre un peu plus bas, mais sans doute aurait-il voulu le faire ?

Devenons-nous donc nous étonner de cette insistance d’Abraham, de cette intercession tellement insistante du Père des croyants ? Après tout, cela ne devrait pas nous surprendre, car nous aussi qui sommes chrétiens, il nous est demandé de prier et c’est l’Evangile qui nous le disait, c’est Jésus lui-même qui le disait à ses disciples, qu’il a enseigné à ses disciples, en leur disant : " Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. " Et puis, la prière, la grande prière des chrétiens que le Seigneur lui-même a donnée à ses disciples et qu’il a donnée à tous les croyants, celle que nous récitons jour après jour, celle que nous récitons chaque fois que nous célébrons la messe, ne nous dit-elle pas : " Père que ton nom soit sanctifié, que ton Règne vienne et que ta volonté soit faite. " Oui, je crois que cela nous rappelle à la fois cette intercession d’Abraham et aussi l’Evangile nous rappelle que comme chrétien, nous avons un devoir très particulier, et c’est un devoir de prière. Nous sommes appelés à la prière, le Seigneur Dieu nous demande de prier. Il demande que notre propre prière rejoigne la prière de tous les croyants de l’ancienne Alliance, que notre Prière rejoigne la prière du Christ lui-même dans son humanité, le Christ que l’Evangile nous montre très souvent en train de prier, qui nous parle souvent du Christ qui se retire seul pour prier son Père. Aussi pour nous, pour chacun d’entre nous, c’est accomplir la volonté du Père.

Notre prière, je crois qu’elle est double. Et avant de demander, car souvent nous demandons lorsque nous prions, avant même de demander, notre prière devrait être une prière d’adoration la première prière du chrétien, c’est la prière d’adoration. La premièrechose que le chrétien est appelé à faire, c’est d’adorer Dieu, c’est d’adorer le Père, une prière qui est l’hommage de toute la création au Créateur et il me semble qu’il existe une expression parfaite de cette prière, la prière du chrétien, qui est même la prière de l’Office. C’est Paul Claudel, pardonnez-moi de faire des citations, qui disait une chose à propos des prêtres, mais qui me semble vraie de tout chrétien. Il disait ça à propos de la prière des heures, la prière que les communuatés religieuses, que les prêtres, mais aussi que de nombreux chrétiens font, et qu’ils font au quotidien et Claudel disait : " L’office qu’un prêtre dit, (mais on pourrait dire la prière d’adoration que tout chrétien fait), cette prière, c’est le devoir de toute la nature, de l’hommage qu’elle doit, ( ?) il acquitte la création. Le chrétien qui prie, il ne prie pas seulement, il ne demande pas seulement, il satisfait. " C’est-à-dire qu’il ne fait que rendre à Dieu ce qui est du à Dieu. C’est la prière d’adoration. La prière du chrétien qui ne peut que rendre grâce au Seigneur. Cela, c’est je crois la première prière du chrétien. Mais il en est une autre et c’est la prière d’intercession, c’est la prière d’Abraham, c’est prier, c’est prier pour demander, demander pour nous, mais surtout demander pour les autres. C’est intercéder pour les autres, c’est intercéder pour le monde, c’est être solidaire du monde. C’est présenter à Dieu le monde tout entier pour que Dieu puisse être et pour que Dieu soit ce qu’il est, c’est-à-dire justice et miséricorde. Nous connaissons notre monde, parce que nous en faisons partie, parce que nous y sommes immergés, nous connaissons quelle est notre propre vie, nous connaissons la vie des autres, ceux qui nous sont proches, nous connaissons le monde lointain et nous avons à faire tout notre possible pour essayer d’y voir la volonté de Dieu, de l’établir, pour essayer d’y amener la justice, la paix, la concorde, l’unité, l’amour. Mais il y a bien un moment où tout ce que nous pouvons faire, toute notre action humaine, tout notre amour du prochain, et bien il y a un moment où tout cela prend fin et c’est à ce moment-là aussi qu’il s’agit de prendre et d’entreprendre Dieu corps-à-corps , il s’agit de tenir bon et là où notre frère n’est pas, il s’agit que nous le remplacions. La prière qu’il ne fait pas, c’est en elle que nous sommes constitués, car nous savons qu’il n’est pas d’autre moyen d’obtenir que de demander, il n’y a pas d’autre prière à Dieu que l’exécution de sa volonté. Et là, nous voici renvoyés au Christ, et nous voici invités une fois encore, à lever les yeux vers le Christ, vers le Christ dans son agonie, vers le Christ au jardin des oliviers, lui qui a eu peur avant la passion et puis qui a prié son Père et qui a demandé que ce soit la volonté du Père qui s’accomplisse et non pas la sienne. Rappelez-vous : " Non pas ma volonté, mais ta volonté ". C’est là où le Christ dans son humanité s’est accordé pleinement à la volonté du Père. De même que nous dans notre humanité, nous sommes appelés à nous accorder aussi à cette même volonté du Père, cette volonté qui est le salut du monde et qui demande que chacun de nous, nous portions le monde, nous présentions le monde à Dieu dans notre prière. Et finalement, célébrer la Messe, célébrer l’Eucharistie au quotidien, ce n’est pas autre chose. Lorsqu’au moment de l’offertoire, nous amenons le pain et le vin sur l’autel, ce n’est pas seulement un peu de pain, un peu de vin que nous amenons et que nous présentons au Seigneur, c’est toute notre vie que nous lui présentons, c’est tout ce que nous avons dans le cœur, c’est toutes les personnes dont nous sommes proches et dont nous nous soucions, c’est le monde tout entier que nous présentons au Père et nous demandons que la Passion du Christ, cette Passion qui a sauvé le monde, ce salut qui nous vient du Christ, et bien qu’il soit efficace, qu’il soit vrai, qu’il soit réalisé, pour nous aujourd’hui et pour tous ceux pour lesquels nous prions. Permettez-moi de citer encore une fois Paul Claudel, parce que la littérature parfois vient au secours de la prédication, lui qui écrivait à propos de l’Offertoire et c’est si beau que je ne peux que vous le citer… Et citer cela à propos de la quête tout d’abord et puis de l’Offertoire en disant : " Voici le plateau qu’on tend. N’as-tu rien que ce sou misérable, que cette pièce sans nom, sous la grâce à m’offrir et le seul porte-monnaie qui s’ouvre ? Quoi, rien de plus ? Quoi n’y a-t-il personne qui souffre ? Vraiment, quand je me retourne vers vous, ô mes frères et mes sœurs, il n’y a pas d’affligés parmi vous. C’est vrai, il n’y a pas de péché et de douleur, point de mère qui ait perdu son enfant, pas de failli sans que ce soit sa faute, point de jeune fille que son fiancé a lâché parce que son frère a mangé la dote… Point de malade que le médecin a jugé et qui sait qu’il n’y a plus d’espoir. Pourquoi donc frustrer votre Dieu de ce qui est son propre et son avoir : vos larmes et votre foi, votre sang avec le sien dans le calice, c’est cela comme le vin et l’eau qui est la matière de son sacrifice, c’est cela qui rachète le monde avec lui, c’est cela dont il a soif et faim. " Amen.

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Epître : Rm 5, 17-21

Evangile : Lc 23, 33-43

Frères et sœurs,

Peut-être, peut-être sommes-nous trop habitués à voir l’image du Seigneur crucifié. C’est une image qui nous est familière, nous la voyons souvent que ce soit parfois chez nous, que ce soit dans nos chemins, que ce soit dans les Eglises, nous connaissons, nous sommes habitués à cette image en croix, nous sommes peut-être tellement habitués à la voir que nous risquons d’oublier que ce lui qui meurt sur la croix, c’est le Fils de Dieu, c’est Dieu lui-même, c’est Dieu venu réconcilier l’humanité. Aussi, nous pouvons nous poser cette question, fallait-il véritablement la mort de l’innocent, était-elle nécessaire, cette mort de l’innocent pour que nous, à notre tour, nous puissions posséder la vie. Ecoutons c e que nous dit saint Paul dans l’épître aux Romains, c’est ce que nous venons d’entendre, saint Paul qui nous dit : " Par la faute d’un seul, le péché est entré dans le monde. " Et derrière ce texte de saint Paul, il est une idée, il y a une réalité qui est présente, qui n’est pas nommée, c’est bien de cela qu’il s’agit, c’est du péché, c’est du premier péché, le péché des origines, c’est du péché originel que nous parle saint Paul, tirant un parallèle entre le péché d’Adam et puis le don de Dieu dans le Christ. C’est peut-être un peu courageux, peut-être plus ou peut-être un peu inutile de vouloir aujourd’hui parler du péché originel. En tout cas, c’est visiblement un terme ou un thème qui n’est plus guère de mise aujourd’hui, qui n’est plus à la mode. Et pourtant, il faut y revenir parce que derrière cela, il est une réalité qui demeure et qui est de dire que nous avons été créés tous à l’image et à la ressemblance de Dieu, mais cette image et cette ressemblance de Dieu, il faut bien que nous convenions qu’elle n’est plus exacte. Il faut bien convenir d’une brisure, et cela c’est bien une brisure, et cela, c’est l’expérience que nous faisons tous, il n’y a pas besoin de chercher très très loin. C’est l’expérience la plus banale et la plus quotidienne de notre vie, c’est l’expérience ou les expériences que nous faisons, celles de l’injustice, de la souffrance, de la difficulté à aimer ou même de l’impossibilité à aimer. Tout cela, c’est l’expérience du péché que nous faisons. Alors, comment expliquer cela ? Comment comprendre, et si nous ne voulons pas chercher ou trouver la réponse à cela, dans la foi chrétienne, et bien, regardons autour de nous. Parce que c’est une expérience si commune et si communément admise que les réponses sont innombrables. Et si les réponses ne sont pas chrétiennes, elles existent tout de même. Il y a les grandes réponses, celle de Rousseau qui dira que c’est l’homme qui s’est séparé de la nature, il y a la réponse de Marx qui dira que c’est la réponse de classe qui en est responsable, il y a Freud qui dira que de toutes façons, il y a tout, et cela en particulier, vient du sexe. Mais derrière toutes les tentatives, derrière les tentatives des uns et des autres, pour chercher à expliquer cela, il est une question qui demeure. Et répondre par la doctrine du péché et du péché originel, c’est la réponse, c’est la réponse que nous propose la foi, et il faut bien convenir que ce n’est pas la réponse la plus aisée que nous pourrions trouver. Et tout cela, d’abord parce que la cause de ce péché, et bien, demeure extrêmement mystérieuse. Il y a bien sûr le récit que nous donne l’Ecriture, mais c’est une image et une image donnant une réalité ou cherchant à expliquer une réalité n’explique pas tout. Mais ce qui demeure, c’est le péché lui-même. Et puis nous savons que pour bien des choses dans nos existences, nous voyons les effets et nous ne connaissons pas toujours quelles sont les causes. Alors, si nous mesurons les effets du péché, sans en connaître la cause, c’est que ce péché existe et même que ce péché des origines, il résonne en chacun de nos péchés, comme une tonique. Mais, nous savons aussi que c’est de cela que le Christ est venu nous libérer et même, comme le dit saint Paul, là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé parce que la grâce de Dieu a comblé la multitude. La vie que Dieu donne, la vie que Dieu nous donne à chacun d’entre nous, elle est sans commune mesure avec le péché, quel qu’il soit. Elle est bien au-delà, parce qu’il s’agit de la vie de Dieu, il s’agit de l’amour de Dieu pour nous, et cela est au-delà de tout péché et c’est cela notre espérance. C’est notre espérance chrétienne et une espérance qui est bien plus large que notre seule existence parce que notre existence, elle est participation et participation à l’humanité et à l’humanité toute entière qui est en marche vers le Royaume de Dieu, puisque c’est cela la volonté du Père pour nous. Et cette humanité qui est ainsi engendrée, et bien nous savons qu’elle passe par des difficultés, par des souffrances de l’enfantement. Si souvent, dans notre vie, le péché, la souffrance, la mort, tout cela nous paraît dénué de sens. Très souvent, cela nous paraît bien inutile, et pourtant, c’est le Royaume de Dieu qui vient, un Royaume qui passe par la passion du Christ et ce mystère-là, le mystère du Christ en croix, nous y participons aussi. Finalement, tout cela nous renvoie inlassablement au pied de la Croix, et je crois que nous n’avons pas à craindre de lever les yeux vers Jésus en croix, vers Jésus crucifié, car ne sommes-nous pas, nous aussi à l’image du bon larron de l’Evangile. Parler du bon larron, c’est utiliser une très belle formule, mais la réalité de ce bon larron devait être un peu différente. Il devait être un personnage bien peu reluisant pour vivre ce supplice qui était le supplice des condamnés les plus bas et les plus coupables. Et pourtant, celui que l’Evangile a nommé le bon larron, c’est au cœur de sa propre souffrance, de son propre supplice, c’est là que Jésus vient le rejoindre et c’est parce qu’à ce moment-là, il ouvre son cœur, qu’il reçoit cette promesse de Jésus : " Je te le dis, aujourd’hui avec moi, tu seras au paradis. " Rappelons-nous que sur la croix, le Christ a crié : " J’ai soif ! " Et de quoi donc, le Seigneur Jésus avait-il soif ? Est-ce que ce n’est pas à chacun d’entre nous qu’il parlait à ce moment-là ? Est-ce que ce n’est pas de nous qu’il avait soif, et qu’il a soif encore aujourd’hui ? Est-ce que ce n’est pas de moi, de moi et de mes péchés, est-ce que ce n’est pas moi qui manque avant que tout ne soit consommé ?Alors, si cela est vrai, si le Christ sur la croix continue à nous donner son amour, à nous redire son amour et à nous permettre d’ouvrir notre cœur, nous pouvons à notre tour, répéter et répéter sans nous lasser : " Seigneur Jésus, souviens-toi de nous quand tu viendras dans ton Royaume. " Amen.

 

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Samedi 18 septembre 1999

" Le salut accompli à vivre au quotidien. "

Epître : 2 Co 4,5-15

Evangile : Lc 21, 5-19

 

Frères et sœurs,

Nous savons, et nous croyons fermement que le salut du monde est accompli dans le Christ. C’est ce que nous avons entendu, c’est ce que nous avons dit, c’est ce que nous nous sommes rappelés toute cette semaine. Mais nous faisons aussi au quotidien l’expérience de la difficulté qui est la nôtre d’avancer dans la vie en enfants de Lumière. Nous savons que nous avons été sauvés par le Christ, nous savons que nous pouvons vivre de l’amour du Seigneur, et pourtant nous faisons au quotidien, l’expérience de la pauvreté de notre vie, l’expérience de la pauvreté de notre témoignage, l’amère expérience de la souffrance, du péché dont nous sommes victimes, dont nous sommes parfois l’auteur et parfois le complice. Tout cela nous trouble, tout cela nous attaque, et tout cela nous fait douter. Finalement, c’est l’expérience quotidienne en nous du combat, du péché et de la grâce, de la puissance de l’Evangile et de la pauvreté de notre vie, une pauvreté qui même nous fait douter de l’Evangile justement. Ecoutons ce que nous dit saint Paul, lorsqu’il nous dit que ce n’est pas nous que nous prêchons, mais c’est le Christ Jésus et ce trésor nous le portons dans des vases d’argile. Nous savons que nous sommes pauvres et que le Seigneur est puissant, que Dieu accomplit des merveilles et qu’elles s’accomplissent dans notre vie, parfois par nous, parfois malgré nous et que c’est au travers de notre vie que nos frère et sœurs humains peuvent reconnaître la puissance de Dieu. Permettez-moi de citer une fois encore Paul Claudel dans son Chemin de la Croix, car il dit : " Celui à qui Jésus Christ n’est pas seulement une image, mais vrai, aux autres hommes devient aussitôt désagréable et suspect. Son plan de vie est à l’envers, ses motifs ne sont plus les leurs, il y a quelque chose en lui toujours qui échappe et qui est ailleurs. Un homme fait qui dit son chapelet et va à confesse, qui fait maigre le vendredi et qu’on voit parmi les femmes à la Messe, cela fait rire et ça choque, c’est drôle et c’est irritant aussi. Qu’il prenne garde à ce qu’il fait, car on a les yeux sur lui. Qu’il prenne garde à chacun de ses pas, car il est un signe. Car tout chrétien, de son Christ est l’image vraie quoique indigne. " Comme tout cela est bien dit, et comme tout cela est vrai, car c’est l’expérience que nous faisons bien souvent. Et qui pourra nous faire tenir bon dans notre espérance chrétienne, qui pourra nous faire tenir bon dans notre témoignage, sinon le Christ lui-même ? Et nous rejoignons aussi ce que nous dit Saint Paul, lorsqu’il nous dit qu’à tout moment nous subissons l’épreuve, nous ne sommes pas écrasés, nous sommes désorientés, mais non pas désemparés. Nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés, terrassés, mais non pas anéantis. Partout et toujours, nous subissons dans notre corps, l’agonie du Christ afin que la vie du Christ soit elle aussi manifestée. Ainsi, est-ce que c’est bien de cela qu’il s’agit. Est-ce que notre vie chrétienne est participation, participation à l’agonie du Christ ? Est-ce que être chrétien, c’est être envoyé au pied de de la croix, est-ce que ce que nous vivons en cherchant à être fidèles au Christ, c’est être envoyé, être renvoyé au pied du Calvaire ? C’est bien difficile à dire, cela est bien difficile à affirmer et même, il conviendrait de ne pas l’affirmer trop vite, et pourtant, c’est bien cela dont il s’agit, c’est bien cela notre vie, c’est bien cela que nous vivons. Tout ce à quoi nous participons, renvoie à cela, renvoie à ce Royaume des cieux qui vient et qui vient dans notre vie, qui vient par notre vie, qui passe par l’agonie du Christ à laquelle nous participons et cela ne doit pas nous désespérer, bien au contraire, car c’est une invitation au témoignage et c’est une merveilleuse espérance qui nous est donnée. " Fort de ce même esprit de foi, dit saint Paul, selon ce qui est écrit, j’ai cru et c’est pourquoi j’ai parlé. " Nous aussi, nous croyons et c’est pourquoi nous parlons, sachant que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera nous aussi avec Jésus et nous placera près de lui avec vous. Finalement l’Evangile que nous avons entendu, ne nous dit pas autre chose, ca certes et nous le voyons bien autour de nous, il y aura des imposteurs qui vont chercher à égarer les chrétiens et il y en aura certains qui viendront au nom de Jésus, en disant : c’est moi. Mais si certains viendront au nom du Christ, en disant c’est moi, cherchant à se faire passer pour le Christ, c’est justement parce que le Christ vient. Il ne peut y avoir d’anti-Christ que parce qu’il y a le Christ. Il ne peut y avoir de fausses annonces de la fin des temps toute proche, que parce qu’il y aura la fin des temps… Et que bien des signes pourraient le faire croire. Ils sont faciles à utiliser les gens par catastrophisme et comme le dit l’Evangéliste saint Luc, ce ne sera pas tout de suite la fin, mais il faut que tout cela arrive, il faut qu’il y ait des guerres, des soulèvements, les nations, les Royaumes dressés les uns contre les autres. Et il semblerait selon ce que nous dit l’Evangile, ce ne seront pas des signes arbitraires qui annonceront la fin des temps, mais ce sera la création toute entière dans l’enfantement du Royaume des cieux. Ce sera et c’est notre humanité prise encore dans les liens du péché qui cherche encore à naître à la vie de Dieu. C’est notre humanité qui craque, qui crie, qui est écartelée, qui est équarrie. Et c’est ainsi qu’avant toute chose, il y aura la persécution une persécution qui ne semble pas réservée à la seule approche immédiate de la fin du monde, mais qui semble davantage être la caractéristique de la condition chrétienne, tant que durera l’histoire du monde. Avant que toute la création ne soit engendrée au salut, c’est dans chacun de nos cœurs que ce salut doit venir et ici, ce n’est plus seulement le monde en enfantement, mais c’est aussi le monde qui fait le procès de Dieu. Arrestations, incarcérations, comparutions devant les tribunaux, plus encore nous dit l’Evangile et nous dit le Christ, vous serez livrés même par vos parents, par vos proches et par vos amis. Partout ce ne sera que haine et mort, et cela au cours des siècles, nous ne l’avons point vu. Il pourrait sembler que ce tableau soit bien sombre, en parlant tout d’abord de la condition du chrétien, comme participation à l’agonie du Seigneur, puis en nous rappelant le monde qui vient, que le Royaume qui vient passe par les persécutions et par la persécution de ceux qui cherchent dans la pauvreté de leur vie, à être témoins du Seigneur. C’est un tableau bien sombre et peut-être beaucoup trop sombre pour un samedi matin, et pourtant ce n’est pas sans encouragement et ce n’est pas sans promesse, car Jésus nous dit : ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage, de rendre témoignage de Dieu devant les hommes, mais aussi de rendre témoignage devant Dieu, car notre persévérance plaidera pour nous devant le tribunal de Dieu et cela vaut pour chacun de nous comme un encouragement, d’autant plus que nous n’avons aucun souci à nous faire, nous n’avons pas à nous soucier de notre défense puisque nous dit l’Evangile, pas même un cheveu de notre tête ne sera perdu : Et puis, en tout cela, nous avons un modèle qui est le Christ Jésus lui-même, lui qui a connu la persécution, lui qui a été mis en procès et qui, ce procès, l’a perdu, Jésus qui a été vendu par l’un de ses Apôtres et dont la mort sur la Croix aurait bien pu faire croire que la promesse faite qu’aucun de ces cheveux perdu en vain n’était qu’une illusion. Et puis, la mort sur la croix, elle a été accompagnée elle-même par des signes, l’obscurité sur toute la terre, la terre secouée, les rochers qui se fendent, les tombeaux qui s’ouvrent. Mais en tout cela, c’était le salut qui s’accomplissait, le salut désiré par le Père, un salut qui a besoin de chacun d’entre nous avant que tout ne soit finalement accompli, et cela ce n’est qu’une question de temps. Amen.

 

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Vêpres solennelles de la clôture des fêtes du Vorbourg et célébration de préparation au Jubilé de l’an

2000, le 19 septembre 1999. Texte biblique: Lc 6, 36-46. Homélie.

Si, durant l’année jubilaire, le mystère de la foi provoquait des déclics.

Chères soeurs et chers frères,

Dans trois mois et quelques jours, dans la nuit de Noël à Saint-Pierre de Rome, le pape Jean-Paul II ouvrira officiellement le Jubilé de l’an 2000, Jubilé qui sera clôturé en janvier 2001, lors de la fête de l’Epiphanie. Retentira d’une façon toute particulière durant l’année jubilaire, le thème retenu au niveau de l’Eglise universelle: Le Christ est le même hier, aujourd’hui et à jamais. Ces paroles ont donné naissance, chez nous, à notre thème "il est grand le mystère de la toi.", nous rappelant la proclamation d’une anamnèse après la consécration eucharistique. Et nous réfléchirons, nous méditerons au mystère de la foi, unis à tous les diocésains de Bâle, dont nous sommes, qui marcheront avec le thème: "Vivre en tant que baptisés." Nous avons là tout un programme.Oui, voilà trois fondements, au seuil de ce 3ème millénaire, sur lesquels nous avons à nous appuyer, pour bâtir la vie: la vie de l’homme avec Dieu, la vie des hommes entre eux.

Le Jubilé, vers lequel nous allons, est un temps, oui, béni de Dieu. Le Jubilé nous fait nous souvenir de ce temps où le Christ Messie est venu habiter parmi nous, lui qui était empli de l’Esprit-Saint et envoyé du Père. Le Jubilé dit le temps de l’espérance: un temps offert par l’Eglise qui nous appelle à la joie, à la réconciliation et à la communion que le Dieu Trinitaire nous offre. Il fait mémoire de l’histoire et il nous lance dans un nouveau parcours. En tout cela, le Jubilé nous ramène à l’essentiel. Oui, ce Christ, qui est le même, hier, aujourd’hui, voilà le mystère de notre foi, et c’est en tant que baptisés que nous le vivons Cet essentiel qui guidera tout particulièrement nos pas demain réclame une préparation.

Nous nous y sommes préparés pendant ces trois années, avec l’année dédiée au Fils, celle à l’Esprit-Saint, celle-ci au Père. Nous voilà presque à la fin. Mais ces trois mois de préparation restant, nous avons à bien les vivre. Et Il y a tant de manières de se préparer. Mais parmi toutes celles auxquelles nous pensons, il y en a une à côté de laquelle nous ne pouvons pas passer et qui, toujours, oriente les hommes et donc le monde: Cette manière consiste en ce que chacun retourne en lui-même, puisse considérer sa vie à partir de ce que Dieu lui dit au plus intime de lui, là où l’homme ne peut pas tricher.

Le frère Eloi Leclerc, ce franciscain, dont nous parlons beaucoup, ces temps, a cette parole qui bouleverse, parce que lui-même a côtoyé la mort, dans les camps de concentration, écrit:" C’est dans le coeur de l’homme que s’opère la grande transfiguration du monde, la conversion des forces agressives de la vie en énergie d’amour et de lumière."

Dans ce temps de préparation, dans ces trois mois de préparation, c’est là qu’il faut retourner, à l’endroit du cœur. C’est là que tout se passe et c’est là que tout se joue. Alors que souvent, il est vrai, si nous en restons à l’extérieur de ce coeur, le monde plutôt que de se transfigurer peut aller vers anéantissement. C’est là qu’il faut retourner, en découvrant tout d’abord, comme nous l’écrivent nos évêques, à l’occasion de ce jeûne fédéral, que la vie est belle, que la vie est plus nécessaire que les richesses du monde, que la vie est fragile, qu’elle est don: une vie donnée par le Créateur, depuis la vie élémentaire de l’être monocellulaire jusqu’à ses formes plus riches et plus compliquées des êtres supérieurs. Cette vie nous est donnée en abondance, de la part de Dieu, de qui nous la tenons.

Dans ce temps de préparation, c’est là qu’il nous faut retourner, à l’intérieur de nous-mêmes, pour dès lors, ne pas laisser lettre morte, d’autant plus après une semaine de pèlerinage ici, au sanctuaire du Vorbourg les paroles fortes de Jésus lui-même, qui n’a pas peur effectivement d’éveiller, voire de secouer et de faire partir en avant les personnes, qui sont à la fois enfants d’un même Père, frères et sœurs entre eux et disciples du Seigneur.

- D’abord, la parole aux enfants d’un même Père, qui est son Père. Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux, ne vous posez pas en juges et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnez. Des paroles tellement opposées à celles du monde et qui s’entrechoquent.

- Puis la parole adressée à la vie des frères entre eux: Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas? Des paroles qui renvoient l’homme à lui-même.

- Enfin la parole adressée aux disciples du Seigneur. Il n’y a pas de bon arbre qui produise un fruit malade et à ces mêmes disciples qu’il interpelle en leur disant:" Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur et ne faites-vous pas ce que je dis ?" Le témoignage n’est pas seulement la profession de foi dite, il est la mise en acte de cette profession de foi.

De telles paroles nous permettent, j’en suis convaincu, de faire de l’ordre en nous, dans nos communautés paroissiales, dans nos services pastoraux, dans les communautés religieuses, afin que nous puissions alors entrer de plein pied dans le temps du Jubilé.

Il semble, en effet, au moment où la technique, la science et la médecine et tant d’autres disciplines continuent de progresser, que se fait plus urgent ce retour à l’intérieur du cœur, à partir duquel la transfiguration du monde peut continuer de s’opérer.

Dans le message qui sera laissé tout à l’heure à vous les représentants des communautés paroissiales, des services pastoraux et des congrégations religieuses, il y a le souhait fortement exprimé de voir s’éloigner des hommes et des femmes de notre temps l’angoisse et les ténèbres, de voir s’éloigner toute forme d’existence ou de vie qui serait à subir, de voir s’éloigner les dangers, les déviations, les égarements. Il y a, alors, cette invitation ferme à une foi renouvelée en Jésus-Christ sauveur, à une attention au monde, en commençant par les petits et les sans-voix, à un vrai dialogue interreligieux et interconfessionnel toujours plus affiné, à cette redécouverte de Dieu en Occident et dans le monde..

Alors, oui, afin que le souhait et l’invitation puissent avoir leur réponse, afin que la transfiguration du monde se fasse un peu plus, L’homme est appelé à apprendre la miséricorde, afin que cela provoque en lui un déclic celui de la miséricorde à vivre tant et plus.

Il est appelé a remarquer sa propre poutre, afin que cela provoque en lui un déclic, celui de s’efforcer de l’enlever d’abord, avant de s’occuper des autres et de leur paille.

Il est appelé à devenir davantage un arbre sain, afin que cela provoque en lui un déclic, celui de porter un fruit bon.

Il est appelé à faire sa profession de foi en disant Seigneur, Seigneur, mais afin que cela provoque le déclic de la mise en acte de cette profession de foi. Voilà les déclics que nous sommes en droit d’espérer pour l’année jubilaire et pour la suite aussi.

C’est là, à n’en pas douter l’oeuvre de tous et de toutes, c’est ce que je retiens principalement de la quinzaine interculturelle qui s’achève ici à Delémont, des célébrations des différentes religions, qui viennent de se terminer tout à l’heure. C’est, je crois, spécifiquement la tâche des chrétiens que nous sommes, de l’Eglise que nous formons. C’est dans ce sens qu’œuvre avec dévouement le groupe de travail du Jubilé de l’an 2000. Pensons à cet aujourd’hui qui nous rassemble, le 2 février, le jubilé des communautés religieuses du Jura pastoral, le 25 juin 2000, le grand rassemblement œcuménique autour de la chapelle de Develier dédiée à l’unité des chrétiens, les parcours des chapelles soit en VTT, soit à pied, le film sur le Jura pastoral et le théâtre 2000 intitulé: "Accusé, levez-vous" Oui, tant de rendez-vous, afin que des déclics aient lieu, en vous signifiant que le Notre-Dame du Vorbourg est un lieu choisi et privilégié au niveau du diocèse pour y faire un pèlerinage durant l’année Jubilaire.

C’est alors comme un temps de recul, de retraite qui nous est demandé, maintenant, au seuil d’un nouvel millénaire, que nous voulons porteur d’espérance, plutôt qu’annonciateur de toutes sortes de maux destructeurs.

Et dans ce temps, il y a alors la croix qui est là, une croix qui a vaincu la mort, qui a vaincu toute mort, une croix de lumière, vers laquelle nous sommes invités à nous tourner, pour en recevoir la force nécessaire et ce qu’il nous faut, pour devenir toujours plus témoins de la Parole de Dieu, et pour reprendre les mots des intentions de prières de vendredi matin, ici même au Vorbourg, pour devenir apôtres du partage et de la solidarité.

Apôtres, c’est-à-dire serviteurs, pour reprendre la finale de la lettre des évêques. Des serviteurs humbles, puisque toute vie vient de Dieu, Des serviteurs fidèles, parce que nous suivons notre Maitre, le Bon Berger, qui donne sa vie en abondance. Des serviteurs audacieux, car l’Esprit de force et de vérité habite en nous. Des serviteurs enfin, qui donnent leur vie pour ceux qui risquent de la perdre et leur voix à ceux qui ne peuvent se faire entendre dans nos sociétés.

Frères et soeurs, alors oui, préparons-nous joyeusement. Qu’à Noël, lorsque s’ouvrira le grand Jubilé, nos coeurs soient à ce point disponible que cette année soit pour tous une immense espérance en l’avenir, car tant que Dieu est reconnu, la vie est habitée par sa présence et sur la mort l’emporte toujours la vie.

Ne l’oublions pas alors: C’est dans le coeur de l’homme que s’opère la grande transfiguration du monde, la conversion des forces agressives de la vie en énergie d’amour et de lumière, en vue de déclics à vivre. Amen.

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Message de l’abbé Denis Theurillat, Vicaire épiscopal, en préparation au Jubilé de l’an 2000, adressé à toutes les paroisses et communautés du Jura pastoral.

 Chères soeurs et chers frères.

Pèlerins sur cette terre, parce que citoyens des cieux, nous nous sommes réunis, en ce dimanche 19 septembre 1999, au sanctuaire de Notre-Dame du Vorbourg Nous lui avons confié la suite de notre pèlerinage Avec elle, nous avons regardé dans la direction de ce carrefour, qui nous indique la route d’un nouveau millénaire. Par son intercession, nous nous préparons entrer dans le grand Jubilé de l’An 2000.

Il est vrai que le temps du Jubilé de l’an 2000 invite l’homme, plus que cela provoque l’homme la réflexion, la prière et l’action. il faut alors que nous nous préparions. Cette troisième et dernière année de préparation au Jubilé nous le rappelle avec force. Souvenez-vous: après la première dédiée la personne du Christ, "Sauveur", après celle dédiée la personne de l’Esprit-Saint, "Souffle de vie" nous sommes dans l’année du Père, "Amour". Nous serons alors comme projetés dans l’année du Jubilé, au cours de laquelle nous glorifierons la Trinité-Sainte. Nous nous situons donc dans la dernière partie de l’année du Père, dans laquelle nous voyons déjà poindre l’horizon l’éclat du thème lancé par l’Eglise universelle "JESUS EST LE MEME HIER, AUJOURD'HUI ET A JAMAIS". Paroles suffisamment fortes et décisives, qui, chez nous, dans le Jura pastoral, a donné naissance au thème du Jubilé: "Il est grand le mystère de la foi". Paroles proclamées après chaque consécration eucharistique et qui déjà sont comprises comme l’un des morceaux du puzzle du thème du diocèse de Bâle annoncé par notre évêque, Mgr Kurt Koch

" Vivre en tant que baptisés ".

Nous sommes entraînés dans le flot de l’histoire des hommes et des femmes de notre temps, mais le Vent guide la barque, que les rameurs s’efforcent de maîtriser, il souffle sur la mer et dans le coeur des hommes, tendus vers Christ, qui a la primauté et, en même temps, questionnés par un tel mystère. Mystère de Pieu la rencontre de l’homme. Mystère de l’homme la rencontre de Dieu. D’où la nécessaire dernière préparation la célébration du Jubilé. Loin de nous les jours angoissés, ténébreux, douloureux. Loin de nous la crainte des dangers, des déviations, des égarements. Loin de nous la tendance d’une vie subir. Proche de nous le désir d’une foi renouvelée en Jésus-Christ, sauveur, le vouloir d’une espérance débordante en l’homme, sauvé, la certitude, en Dieu et en l’homme, de la poursuite tenace de la construction du monde. Proche de nous, des signes nouveaux pleins de jeunesse, qui seront placés à la croisée de nos chemins et qui apporteront des ressources à nos existences. Proche de nous des réponses aux urgences, tels l’ouverture au monde avec une préférence pour les petits et les sans-voix, le dialogue interconfessionnel et interreligieux, la tâche de maîtriser la crise en Occident appelé redécouvrir Dieu en son centre. Oui, de telles réponses, parce que Dieu veut que l’homme vive et parce que nous voulons être les artisans et, la fois, les témoins, chez nous déjà, d’un petit bout du renouvellement de la face de la terre.

De ce fait, menons son achèvement le temps de préparation au Jubilé. Et comme il ne suffit pas seulement de dire, mais de faire donnons-nous des moyens très concrets:

- Un temps de prière régulier, dans sa vie personnelle déjà dans sa communauté de foi, dans son service pastoral, dans sa communauté religieuse.

- Un temps de réflexion, pour intérioriser les propositions, réfléchies par le groupe de travail du Jubilé du Jura pastoral, en lien avec notre diocèse de Bâle et l’Eglise universelle, et pour y participer.

- Un temps de créativité, pour faire naître cette manière originale et spécifique de vivre le Jubilé chez vous, là où vous vivez, là où vous êtes engagés.

C’est certain, nous pourrons alors dans la confiance et avec le courage, marcher vers l’ouverture du Jubilé par le Pape Jean-Paul II dans la nuit de Noël, lui qui confie le travail de l‘Eglise l’intercession de Marie, Mère du Rédempteur. Pans cette attente, partagez avec moi cette finale d’une prière qui nous met dans l’ambiance d’une aurore : "Le Jour nouveau se lève, un jour connu de toi, Père; que ton Fils dans l’homme achève la victoire de la croix".

Abbé Denis Theurillat

Vicaire épiscopal

Le 19 septembre 1999

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