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Semaine du Vorbourg 1999 12 au 19 septembre La volonté du Père
Prédicateur : Père Paul-Bernard Hodel, dominicain
Pour le décanat de Laufon la prédication sera assurée par Mmes Monica Gervasoni Schalk et Sybille Hodel, Pastoralassistentinnen. En semaine, du lundi au samedi, l'Eucharistie est célébrée tous les matins à 5h30, 6h30, 7h30, 8h30 et 10h. Confessions: Au Vorbourg : dès 7h, chaque matin (sauf dimanche) messes et le soir dès 19h. Célébration communautaire du sacrement du pardon : Eglise Saint-Marcel, lundi 13 septembre à 20h.
Pour les intéressés, le script des célébrations !
Lectures : Isaïe 55, 6-11 ; Jean 6, 37-40 Transcription Frères et surs, Si souvent, si souvent en effet, nous répétons les paroles du Notre Père et si souvent, nous répétons que ta volonté soit faite et si souvent aussi, nous ne comprenons pas aussi quelle peut être cette volonté lorsque vient lépreuve, lorsque vient la difficulté, lorsque vient la souffrance, lorsque vient labsurde, lorsque vient lincompréhensible, alors, nous ne comprenons plus. Que peut bien vouloir Dieu pour nous, quelle peut bien être sa volonté ? Et cette question il vient bien à un moment de notre existence où nous nous la posons, nous nous la posons pour nous tout dabord, mais cest une question qui nest pas nôtre seulement puisque il nous suffit de regarder autour de nous, il nous suffit douvrir les yeux sur le monde et puis nous voyons notre terre déchirée, nous voyons notre monde lui aussi déchiré, lactualité de ces derniers jours nous suffit pour le comprendre Et cette même question revient, comment comprendre, comment discerner quelle peut être la volonté de Dieu. LEvangile que nous venons dentendre qui est tiré de saint Jean, de lApôtre saint Jean, nous renvoie à ce que Jésus a dit après la multiplication des pains. Souvenez-vous de cet épisode de lEvangile, la foule était venue écouter Jésus, il y ny avait à manger que cinq pains et deux poissons et voilà que le Seigneur Jésus va nourrir la foule. Et le lendemain, cest cette même foule qui part à la recherche de Jésus, elle le suit, elle le poursuit même et cest là que le Seigneur déclare : " Vous me cherchez, parce que vous avez mangé, vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain et parce que vous avez été rassasié. Autrement dit, vous accourez, vous venez à ma suite en vous arrêtant aux signes que je vous ai donné et sans vraiment bien en comprendre le sens, sans comprendre la réalité quà travers ce signe je voulais vous donner et le Seigneur continue en disant : " Travaillez, travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure en vie éternelle. " La vie éternelle, voilà le maître mot, cest cela luvre de Dieu. Cest cela la volonté du Père, et Jésus le dira encore, Jésus ne cessera de le répéter, indiquant quelle mission lui a été confiée par le Père et cest cela que nous venons dentendre dans lEvangile, lorsque Jésus déclare à ses disciple : " La volonté de celui qui ma envoyé, cest-à-dire la volonté du Père, cest que je ne perde rien, je ne perde rien de tout ce quil ma donné, mais que je le ressuscite au dernier jour. Oui, telle est la volonté de mon Père que quiconque voit le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle et moi, je le ressusciterai au dernier jour. " Cest tout de même un singulier changement de perspective, cest dire que la volonté du Père, celle que nous demandons aussi dans notre prière, nest peut être pas ce que nous imaginerions de prime abord. Il ne sagit peut être pas uniquement de ce qui pourrait toucher à notre vie terrestre, à notre vie quotidienne, à ce dont nous pourrions avoir besoin au quotidien, ce qui pourrait nous permettre dêtre heureux maintenant seulement. La volonté du Père, elle est tout dabord que nous ayons la vie éternelle et cest pour cela que le Christ est venu au milieu de nous, cest pour cela que le Verbe de Dieu sest fait cher, cest pour accomplir cette volonté du Père, pour accomplir aussi cette parole du prophète Isaïe que nous avons entendu tout à lheure et qui nous disait que " De même que la pluie et la neige descendent des cieux et ny retourne pas sans avoir arrosé la terre, sans lavoir fécondée, sans lavoir fait germer pour fournir la semence au semeur et le pain à manger, ainsi en est-il de la parole qui sort de ma bouche. Elle ne revient pas à moi sans effets, sans avoir accompli ce que jai voulu et sans avoir réalisé lobjet de sa mission. " Cette parole, elle nous parlait du Christ, elle nous parlait du Christ comme parole de Dieu, comme Verbe de Dieu, lui qui est venu au milieu de nous pour accomplir cette mission, cette mission qui est de nous donner, de nous permettre daccéder à la vie éternelle. Parler de la vie éternelle, ce nest pas dire que ce qui fait le quotidien de nos vies soit sans signification, ce nest pas dire que tout ce qui la traverse, de bonheur, de peine, soit sans signification Mais cest dire que tout cela, tout ce qui fait notre existence, et bien, nous voici appelés à le vivre dans une perspective bien particulière et qui est celle du Royaume des cieux. Cest dire que cest vers cela que tend toute notre existence. Mais encore, cest cela même et cest cela seulement qui peut donner sens à ce que nous vivons. Cest cela même qui en donne la valeur et cest alors que chacune de nos vies devient édification. Quand je dis édification, quand je pense que nos vies devraient être et doivent être édifiantes, je ne voudrais pas lentendre au sens habituel, un peu désuet, un peu vieillot, un peu compassé, tel que lentendrait les livres de piété dautrefois ou tel que je lai vu dans les vieux missels de ma grand-mère mais plutôt au service dune édification dun édifice spirituel quest lEglise. Car chacune de nos vies est constitutive, est édifiante, permet dédifier lEglise, lEglise qui est faite de pierres vivantes et lEglise qui est aussi le Royaume des cieux. Et cest alors que chacune de nos vies, chacune de nos existences devient nécessaire, car que signifierait, que serait un édifice auquel manquerait des pierres. Et peu importe que nos vies ne soient pas ce que nous voudrions quelles soient, peu importe quelles soient traversées par des choses que nous ne comprenons pas toujours. A travers tout cela, cest toujours le Royaume des cieux vient, cest toujours un seul et même édifice en train de grandir, en train dêtre bâti. Permettez-moi de vous le dire encore un peu autrement et puis dutiliser un texte qui nest pas de moi, ce sera sans doute mieux lexprimer encore. Cest un texte tiré du journal de Marie Noël qui était une pauvre femme, qui était au début du siècle, qui était en France néanmoins, une très grande mystique et qui dialoguait ainsi avec son Seigneur, qui lui disait : " Vous voilà mon Dieu. Vous me cherchez, que me voulez-vous ? Je nai rien à vous donner. Depuis notre dernière rencontre, depuis notre dernière rencontre, je nai rien mis de côté pour vous. Rien, pas même une bonne action, jétais trop lasse. Rien, pas même une bonne parole, jétais trop triste. Rien que le dégoût de vivre, lennui, la stérilité. Et le Seigneur répond :
Amen. Psaume : 8, 4-5, 6 Evangile : Mc 4, 35-41 Frères et surs, Bien souvent la nature ou le spectacle de la nature nous émerveille et sans doute, cela était vrai encore ce matin, par cette belle journée dautomne, en montant ici à la chapelle du Vorbourg. Et comment, devant ce spectacle si beau, devant une telle beauté, devant une telle perfection, comment ne pas voir là luvre de Dieu et plus encore sémerveiller devant la nature, mais aussi chercher à la comprendre, nest-ce pas chercher à comprendre Dieu. Est-ce que luvre de la création, finalement, ne nous renvoie-t-elle pas au créateur, et est-ce que le spectacle de la création, est-ce que la nature ne nous paraît-elle pas être une preuve extraordinaire, tout dabord de lexistence de Dieu et puis de lamour de Dieu pour nous. Cest ce que nous disait le texte que nous avons entendu tout à lheure et qui est tiré de lAncien Testament, qui est tiré du livre de la Sagesse. Et qui que Dieu, Dieu est le guide de la Sagesse. Aussi lauteur de ce livre de la Sagesse qui a du faire la même expression qui est la nôtre et qui est celle de lémerveillement devant la création, dit que cest le Seigneur lui-même qui lui a donné la connaissance infaillible des êtres pr connaître la structure du monde, lactivité des éléments, le commencement, la fin, le milieu des temps, les alternances des solstices et les changements des saisons, les cycles des années, les positions des astres, les animaux, la nature des animaux, les instincts des bêtes sauvages, les variétés des plantes et la vertu des racines. Tout cela, cest la Sagesse de Dieu qui permet de la comprendre, qui permet de lappréhender. Mais au fond, chercher à comprendre la nature, et peut-être même la comprendre, en comprendre le fonctionnement, en comprendre les rouages, tout cela, cest vouloir en percer le mystère. Mais tout cela ne fait pas éviter une question qui demeure ou que cela nous invite à nous poser une question et cette question, cest le pourquoi de la création. Pourquoi donc, Dieu a-t-il créé le monde, et pourquoi Dieu en créant le monde, la-t-il confié à lhomme. La science nous donne sans doute des réponses, mais la science est attachée avant tout à discerner les fonctionnements de la nature, à en comprendre les fonctionnements les plus subtils Mais tout cela ne nous donne pas encore une réponse sur le pourquoi de la création. Il est possible den connaître le plus fin des rouages, mais cest encore et toujours observer un phénomène. Rien nest encore dit de ce qui est lorigine de la nature, ce qui est lorigine de la création. La foi va donner une réponse à cela et dira que dès les origines de la création, il y a Dieu et il y a lamour de Dieu. Sans doute, le dire et le redire nest pas dune très grande originalité car nous le répétons dimanche après dimanche dans le credo lorsque nous disons de Dieu quil est créateur du ciel et de la terre, de lunivers visible et invisible. Mais Dieu, Dieu qui est au-delà de la création, qui est au-delà du temps, au-delà de lespace, a voulu la terre et pourquoi voulait-il la création de la terre ? Il a voulu que nous existions, avait-il besoin de lexistence de lhomme ? Avait-il la nécessité de créer le monde, était-il nécessaire de créer lhomme ? La réponde est bien sûr non, Dieu nen avait aucun besoin. Alors Pourquoi, a création, quelle peut être lorigine de cela et à quoi bon, à quoi peut bien servir la création ? et en cela nous rejoignons aussi une question qui est celle de tous les hommes de tous les temps qui cherchent toujours de répondre à cette même question qui est de dire : Doù est-ce que cela vient, où va tout ce qui existe et puis nous, doù venons-nous et où allons-nous ? Pour répondre à cela, il nous faut donner une réponse qui serait celle de notre foi chrétienne. Et bien il me semble que nous aurons la réponse ou plus exactement, nous aurons lintuition de la réponse en contemplant le mystère de Dieu, de Dieu qui est Père, bien sûr, mais qui est Père, Fils et Saint-Esprit, Dieu qui est Trinité, Dieu qui est amour. .. Et rappeler que Dieu, selon notre foi, est un Dieu en trois personnes, cest rappeler que Dieu est communion, quil est communication damour. Parler de la Trinité, peut-être naurait à premier abord, aucun rapport avec la création et pourtant, lorigine de la création, elle est dans la Trinité. Cest-à-dire que Dieu navait pas besoin dun vis-à-vis pour aimer. Il navait pas besoin de la création, pour avoir quelquun à aimer et quelquun qui puisse lui rendre son amour puisque Dieu est lui-même amour, il est lui-même communication damour. Il est lui-même communion damour entre les personnes de la Trinité. Alors, si Dieu navait pas besoin de la création pour aimer, pourquoi la création ? Et bien je crois que la réponse serait de dire que la création est comme un débordement de lamour de Dieu. Un amour qui est si grand, qui est si merveilleux, qui est si extraordinaire et dont nous avons les prémices dans luvre de la création, et bien cet amour est si grand que Dieu a voulu le communiquer. Et cest ainsi que le monde a été créé. Il a été créé par débordement de lamour de Dieu et il a été créé ainsi pou la gloire de Dieu, car toute la création, nous lavons encore chanté tout à lheure, toute la création ne cesse de chanter et de célébrer lamour de Dieu. Et lhomme alors ? Que fait lhomme au cur de la création ? Je crois que ce débordement damour qui est celui de Dieu, celui de la Trinité, ce débordement damour, il est si grand, il est donné avec une telle profusion que Dieu a créé lhomme à son image, à sa ressemblance et lui a confié la création. Et là, nous voyons quelle extraordinaire, quelle merveilleuse dignité nous a été confiée par le Père puisque notre dignité est de participer à luvre de la création, mais dy participer librement, den parfaire lharmonie, et dans cet uvre de la création, dêtre même collaborateurs du Dieu tout-puissant. Sans doute, de même que la création est parfois indépendante, et parfois elle déborde de façon inattendue, et bien de même cette image de Dieu qui est la nôtre, nous avons su la déformer, nous avons su laltérer par le péché des origines. Et malgré tout, malgré toutes nos infidélités, toutes nos difficultés à ressembler véritablement à Dieu ou à vivre lunion à ce Dieu plein damour qui est à notre origine, cette image, cette ressemblance de Dieu, elle demeure. Plus encore, elle a été restaurée par Dieu qui est non seulement à lorigine de la création, qui est non seulement à lorigine de lhomme, mais qui est aussi à lorigine dune création renouvelée, dune création restaurée et pour cela, Dieu sest fait homme, lui qui règne, lui qui commande, et lEvangile nous le disait à propos du Christ, le Christ à qui même le vent et la mer obéissent et bien, il sest fait lun de nous, il sest fait humblement lun de nous pour restaurer notre image et notre ressemblance de Dieu. Si donc lhomme, si donc nous, malgré tout lamour reçu du Père, nous nous en sommes éloignés, le Christ est venu restaurer luvre des 7 jours. Il est venu renouveler la création en cherchant lhomme, en venant nous chercher chacun dentre nous et nous invitant comme nous le disait lEvangile, à passe sur lautre rive. Elle est riche cette image du Christ sur la barque et qui passe dune rive à lautre , car ce passage dune rive à lautre, et bien cest limage de notre vie et puis cette barque, cest lEglise, cest lEglise qui est remplie de la présence du Christ et qui devrait nous permettre de passer de ce monde vers le Père, qui devrait nous permettre de passer des réalités terrestres que nous connaissons bien, à cette autre réalité qui est celle du Royaume des cieux. Et alors, dans ce passage dune rive à lautre, peu importe, peu importe la tempête, peu importe les turbulences qui pourraient agiter notre vie, si nous savons que le Christ est avec nous. Peu importe même de croire que comme nous le disait cet Evangile, il dort sur un coussin à larrière. Peu nous importe, si nous avons parfois limpression que le Christ est absent ou quil ne sintéresse pas à nous, à notre vie, à notre existence. Il est là, il est là et il veille avec nous et pour nous et la barque qui va dune rive à lautre continue à avancer. Le Christ nest-il pas mort et ressuscité pour que nous ayons la vie, Dieu est maître du temps et de lhistoire et ainsi au terme de laventure de la création, cest vers le repos que le Seigneur lui-même nous conduira. Et ainsi, aujourdhui, comme jadis à ses disciples, le Christ nous dit, le Christ nous redit : " Nayez pas peut, navez-vous donc pas encore la foi ? ".
Mardi 14 septembre 1999 : " Lhistoire du salut " Epître : Hb 11, 1-2. 8-16 Psaume 32 Evangile : Mt 5, 17-20 Frères et surs, Voici des générations et des générations de générations que des pèlerins montent ici à Notre-Dame du Vorbourg. Ils y montent sans doute depuis que la Vierge y a été couronnée il y a 130 ans par Mg Lachat à la veille du Kulturkampf, mais ils étaient déjà montés très nombreux auparavant. Et puis après cela encore, ils ont continué à y monter et les pèlerins que nous sommes y sont montés aujourdhui encore. Mais ce pèlerinage que nous accomplissons ici, dans cette chapelle qui est la nôtre, qui est proche de nous, qui est une chapelle familière ,qui est peut-être on pourrait dire, la Vierge de chez nous, celle que lon connaît bien, ce pèlerinage nest-il pas le signe dun autre pèlerinage, commencé il y a bien longtemps, commencé par aussi des générations et des générations de croyants, commencé il y a des siècles et qui est au fond le pèlerinage de notre humanité toute entière, le pèlerinage de notre humanité en marche vers le Père, en marche vers le Royaume des cieux. Un pèlerinage qui est celui de la foi, car seule la foi peut nous mettre en route, et nous mettre en chemin sur les routes de ce pèlerinage, la foi dont l'Ecriture, dont la lettre aux Hébreux nous dit quelle est le moyen de posséder ce quon espère et de connaître des réalités quon ne voit pas. Autrement dit, cest la foi qui nous fait déjà entrapercevoir le bout du chemin, le bout du chemin qui sera le Royaume des cieux et que représente, que symbolise cette chapelle, comme nimporte quelle chapelle, si modeste soit-elle. Ce pèlerinage de lhumanité, il a commencé il y a bien longtemps. Il a commencé nous dit lEcriture, avec Abraham, avec Abraham, non pas par la volonté dun homme, non pas par la volonté du patriarche qui aurait décidé de se mettre en route, qui aurait tout abandonné pour partir, mais partir où ? Mais ce pèlerinage, il a commencé par une promesse et une promesse qui vient de Dieu, une promesse qui est double, car Dieu promet deux choses à Abraham. Il lui promet une descendance et il promet la terre. Mais pour obtenir cette descendance, pour obtenir cette terre, il faut partir, il faut tout quitter, il faut quitter le pays où il était, il lui faut quitter aussi sa propre famille. Cest cela que Dieu dit lorsquil sadresse à Abraham et quil lui dit : " Quitte ton pays, quitte ta parenté et la maison de ton Père pour le pays que moi, je te montrerai et puis je te donnera une descendance. " Pour obtenir, pour obtenir cette terre nouvelle, cette descendance nouvelle, Abraham va quitter son pays. Il aura été ainsi le premier sur le chemin de la foi. Et ce chemin, nous le savons parce que la Sainte Ecriture nous le dit et nous le rapporte, ce premier pèlerinage na pas été simple, il na pas été de tout repos. Car Dieu avait promis la descendance et la terre, lun et lautre seront bien long à venir. Cest seulement comme vieillard que, enfin, Abraham aura un enfant, ce sera Isaac. Et lorsquenfin Isaac vient au monde, Dieu met Abraham à lépreuve en lui demandant doffrir son fils en sacrifice. Et avant davoir pu obtenir ce fils de la promesse, avant même darriver en Terre Promise, il aura fallu à Abraham sarracher, sarracher à bien des choses, sarracher à des amours trop humaines, à des calculs très humains et qui pourtant voulaient réaliser la promesse de Dieu. En route, Abraham et les siens auront connu la peur. Ils auront connu le mensonge, ils auront connu le danger. Et ce qui a été vrai pour Abraham, dans ce premier pèlerinage, dans cette première route, demeure à être vrai pour nous, comme cela a été vrai pour toutes les générations de croyants. Nous sommes héritiers de cette même promesse, de cette même Alliance que Dieu a conclue avec nous et quil nous adonnée. Nous voici en route comme Abraham, comme tous ces pèlerins de la foi, mais nous aussi, il nous semble que très souvent, il tarde. Dieu tarde daccomplir ses promesses et que dans les méandres de ses chemins, bien souvent, bien souvent nous doutons de la présence de Dieu à nos côtés. Dieu était pourtant présent dans la vie dAbraham comme il est présent dans la nôtre, mais son pèlerinage à lui, comme le pèlerinage de tous ces croyants de la première Alliance a été anticipation. Cest ce que dit lEpître aux Hébreux en disant que cest dans la foi quils sont morts, sans avoir reçu lobjet de la promesse. Ce qui voudrait dire que nous, nous avons reçu cet objet là. Mais ils lont vu, ils lont salué de loin, ils ont confessé quils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. Et cela demeure, car nous aussi, nous demeurons étrangers et voyageurs sur notre terre. Ceux qui parlent ainsi, dit la lettre aux Hébreux, font voir clairement quils sont à la recherche dune patrie. Et sils avaient pensé à celle doù ils étaient sortis, ils auraient eu le temps dy retourner. En fait, ils aspirent à une patrie meilleure, cest-à-dire céleste. Et nous qui sommes de la nouvelle Alliance, et bien nous voici invités à lever les yeux vers Jésus parce quen Jésus, cest Dieu lui-même dun certaine manière qui sest fait pèlerin et qui sest fait pèlerin à nos côtés, qui sest fait pèlerin avec nous, qui sest fait pèlerin pour nous. Cest Jésus qui est venu accomplir cette promesse, cest Jésus qui est venu comme nous le disait lEvangile, accomplir la Loi et les prophètes. Cest Jésus qui est le nouvel Abraham à qui été promis terre et descendance, non plus une terre dici-bas, mais le Royaume des cieux, non plus une seule descendance humaine, mais le nouveau Peuple de Dieu. Cest Jésus qui est le nouvel Isaac immolé pour nos péchés, cest ce que la Liturgie de ce jour nous rappelle en célébrant la croix glorieuse du Seigneur, puisque par la mort et la résurrection, par la croix du Seigneur, le Royaume nous est ouvert. Alors, il ne nous reste plus quà avancer avec lui, par lui, avec Jésus, pèlerin à nos côtés, avec Jésus le premier des pèlerins, le premier des pèlerins parce quil est premier-né de toute créature et que cest lui qui nous a ouvert définitivement les portes du Royaume. Cest dire quà la suite de tous ces croyants, les croyants de lAncienne Alliance, mais à la suite du Christ, à la suite aussi de tous ceux qui nous ont précédé et nous en avons connus chacun dentre nous beaucoup, ce pèlerinage qui doit nous mener vers le Père, nous ne sommes de loin pas seuls à laccomplir. Ce pèlerinage, il est celui de lEglise, il est celui de toute lhumanité. Nous marchons, nous marchons à la suite du Seigneur, nous marchons à la suite de nombreux croyants et lune des premières de ces croyants, cest Notre-Dame, cest la Vierge Marie. Et cest cela aussi que nous célébrons en venant au Vorbourg en pèlerinage. Jai entendu dire dimanche passé, cest-à-dire à la sortie des Vêpres qui ont ouvert cette semaine du Vorbourg, jai entendu une dame qui ma dit quelle aimait venir au Vorbourg. Elle me disait très exactement : " Jaime venir au Vorbourg parce que, avant moi, tous ceux de ma famille y sont venus. Tous ceux que jai aimés, tous ceux que jai connus sont venus eux aussi en pèlerins et même cette porte qui est la porte dentrée de la chapelle, je sais que tous ils y sont passés. Et lorsque je viens ici prier, cest eux aussi que je retrouve. Je sais quils sont là, je sais quils sont là qui mattendent et je sais quils sont là qui prient aussi avec moi. " Comme cela est juste. Il est vrai, je crois que, en venant ici, nous ny venons pas seuls. Il y a eu les générations de croyants qui nous y ont précédés. Mais il ny a pas eux seuls qui y sont. Il y a aussi ceux qui ny ont jamais portés les pieds et qui ny porteront jamais les pieds, tous ceux que nous voudrions voir venir et voir venir prier avec nous. Mais d'une certaine manière, eux aussi sont là, car tous ceux que nous portons dans notre cur, que nous portons dans notre prière, que nous portons dans notre intercession Ils sont là aussi avec nous, nous les présentons dans notre prière à Dieu et Dieu lui, fera bien trouver le chemin de leur cur. Cest lépître aux Hébreux nous laffirme, cest pourquoi Dieu na pas honte de sappeler leur Dieu. Il leur a préparé, il nous a préparés à tous en effet une ville. Amen
Notre-Dame des sept douleurs. Les sept douleurs de Marie sont : La prophétie de Siméon, la fuite en Egypte, la perte de Jésus au Temple, la montée au Calvaire, le crucifiement, la descente de Croix, la mise au tombeau. " Quand lhomme rejoint la volonté du Père " Epître : Gn 18, 16-33 Psaume 137 Evangile : Lc 11, 9-13 Frères et surs, Aurions-nous lidée de marchander avec Dieu ? Cest pourtant ce que nous venons dentendre dans ce passage du livre de la Genèse qui a été notre première lecture, lorsquil nous compte lhistoire dAbraham qui cherche à sauver les cités de Sodome et Gomorrhe et qui pour cela, va marchander avec Dieu. Il va argumenter contre Dieu, il va en quelque sorte chercher à ressortir au Seigneur Tout-Puissant ses propres arguments en lui disant, vas-tu vraiment supprimer le juste avec le pécheur ? En disant aussi : Quelle horreur ! est-ce que vraiment traiter le juste de la même manière que le pécheur, est-ce possible ? Est-ce que celui qui juge la terre est capable de rendre une sentence qui aille contre la justice ? Nest-ce pas étrange de voir quun homme est capable de prendre le Seigneur à partie, de chercher à le faire changer davis, ou même, il semblerait quAbraham cherche à faire comprendre à Dieu quil est miséricorde, ou du moins il rappelle à Dieu que le rôle de Dieu, que la vocation de Dieu, que la volonté du Père est de faire miséricorde et de ne pas faire périr le juste avec le méchant. Peut-être peut-il nous sembler étrange de voir Abraham marchander de cette façon-là avec le Seigneur et essayer de placer, de placer le sauvetage de cette cité avec cinquante justes, quarante-cinq justes, trente justes, vingt justes, ou même dix justes, car il nose pas descendre un peu plus bas, mais sans doute aurait-il voulu le faire ? Devenons-nous donc nous étonner de cette insistance dAbraham, de cette intercession tellement insistante du Père des croyants ? Après tout, cela ne devrait pas nous surprendre, car nous aussi qui sommes chrétiens, il nous est demandé de prier et cest lEvangile qui nous le disait, cest Jésus lui-même qui le disait à ses disciples, quil a enseigné à ses disciples, en leur disant : " Demandez et lon vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et lon vous ouvrira. " Et puis, la prière, la grande prière des chrétiens que le Seigneur lui-même a donnée à ses disciples et quil a donnée à tous les croyants, celle que nous récitons jour après jour, celle que nous récitons chaque fois que nous célébrons la messe, ne nous dit-elle pas : " Père que ton nom soit sanctifié, que ton Règne vienne et que ta volonté soit faite. " Oui, je crois que cela nous rappelle à la fois cette intercession dAbraham et aussi lEvangile nous rappelle que comme chrétien, nous avons un devoir très particulier, et cest un devoir de prière. Nous sommes appelés à la prière, le Seigneur Dieu nous demande de prier. Il demande que notre propre prière rejoigne la prière de tous les croyants de lancienne Alliance, que notre Prière rejoigne la prière du Christ lui-même dans son humanité, le Christ que lEvangile nous montre très souvent en train de prier, qui nous parle souvent du Christ qui se retire seul pour prier son Père. Aussi pour nous, pour chacun dentre nous, cest accomplir la volonté du Père. Notre prière, je crois quelle est double. Et avant de demander, car souvent nous demandons lorsque nous prions, avant même de demander, notre prière devrait être une prière dadoration la première prière du chrétien, cest la prière dadoration. La premièrechose que le chrétien est appelé à faire, cest dadorer Dieu, cest dadorer le Père, une prière qui est lhommage de toute la création au Créateur et il me semble quil existe une expression parfaite de cette prière, la prière du chrétien, qui est même la prière de lOffice. Cest Paul Claudel, pardonnez-moi de faire des citations, qui disait une chose à propos des prêtres, mais qui me semble vraie de tout chrétien. Il disait ça à propos de la prière des heures, la prière que les communuatés religieuses, que les prêtres, mais aussi que de nombreux chrétiens font, et quils font au quotidien et Claudel disait : " Loffice quun prêtre dit, (mais on pourrait dire la prière dadoration que tout chrétien fait), cette prière, cest le devoir de toute la nature, de lhommage quelle doit, ( ?) il acquitte la création. Le chrétien qui prie, il ne prie pas seulement, il ne demande pas seulement, il satisfait. " Cest-à-dire quil ne fait que rendre à Dieu ce qui est du à Dieu. Cest la prière dadoration. La prière du chrétien qui ne peut que rendre grâce au Seigneur. Cela, cest je crois la première prière du chrétien. Mais il en est une autre et cest la prière dintercession, cest la prière dAbraham, cest prier, cest prier pour demander, demander pour nous, mais surtout demander pour les autres. Cest intercéder pour les autres, cest intercéder pour le monde, cest être solidaire du monde. Cest présenter à Dieu le monde tout entier pour que Dieu puisse être et pour que Dieu soit ce quil est, cest-à-dire justice et miséricorde. Nous connaissons notre monde, parce que nous en faisons partie, parce que nous y sommes immergés, nous connaissons quelle est notre propre vie, nous connaissons la vie des autres, ceux qui nous sont proches, nous connaissons le monde lointain et nous avons à faire tout notre possible pour essayer dy voir la volonté de Dieu, de létablir, pour essayer dy amener la justice, la paix, la concorde, lunité, lamour. Mais il y a bien un moment où tout ce que nous pouvons faire, toute notre action humaine, tout notre amour du prochain, et bien il y a un moment où tout cela prend fin et cest à ce moment-là aussi quil sagit de prendre et dentreprendre Dieu corps-à-corps , il sagit de tenir bon et là où notre frère nest pas, il sagit que nous le remplacions. La prière quil ne fait pas, cest en elle que nous sommes constitués, car nous savons quil nest pas dautre moyen dobtenir que de demander, il ny a pas dautre prière à Dieu que lexécution de sa volonté. Et là, nous voici renvoyés au Christ, et nous voici invités une fois encore, à lever les yeux vers le Christ, vers le Christ dans son agonie, vers le Christ au jardin des oliviers, lui qui a eu peur avant la passion et puis qui a prié son Père et qui a demandé que ce soit la volonté du Père qui saccomplisse et non pas la sienne. Rappelez-vous : " Non pas ma volonté, mais ta volonté ". Cest là où le Christ dans son humanité sest accordé pleinement à la volonté du Père. De même que nous dans notre humanité, nous sommes appelés à nous accorder aussi à cette même volonté du Père, cette volonté qui est le salut du monde et qui demande que chacun de nous, nous portions le monde, nous présentions le monde à Dieu dans notre prière. Et finalement, célébrer la Messe, célébrer lEucharistie au quotidien, ce nest pas autre chose. Lorsquau moment de loffertoire, nous amenons le pain et le vin sur lautel, ce nest pas seulement un peu de pain, un peu de vin que nous amenons et que nous présentons au Seigneur, cest toute notre vie que nous lui présentons, cest tout ce que nous avons dans le cur, cest toutes les personnes dont nous sommes proches et dont nous nous soucions, cest le monde tout entier que nous présentons au Père et nous demandons que la Passion du Christ, cette Passion qui a sauvé le monde, ce salut qui nous vient du Christ, et bien quil soit efficace, quil soit vrai, quil soit réalisé, pour nous aujourdhui et pour tous ceux pour lesquels nous prions. Permettez-moi de citer encore une fois Paul Claudel, parce que la littérature parfois vient au secours de la prédication, lui qui écrivait à propos de lOffertoire et cest si beau que je ne peux que vous le citer Et citer cela à propos de la quête tout dabord et puis de lOffertoire en disant : " Voici le plateau quon tend. Nas-tu rien que ce sou misérable, que cette pièce sans nom, sous la grâce à moffrir et le seul porte-monnaie qui souvre ? Quoi, rien de plus ? Quoi ny a-t-il personne qui souffre ? Vraiment, quand je me retourne vers vous, ô mes frères et mes surs, il ny a pas daffligés parmi vous. Cest vrai, il ny a pas de péché et de douleur, point de mère qui ait perdu son enfant, pas de failli sans que ce soit sa faute, point de jeune fille que son fiancé a lâché parce que son frère a mangé la dote Point de malade que le médecin a jugé et qui sait quil ny a plus despoir. Pourquoi donc frustrer votre Dieu de ce qui est son propre et son avoir : vos larmes et votre foi, votre sang avec le sien dans le calice, cest cela comme le vin et leau qui est la matière de son sacrifice, cest cela qui rachète le monde avec lui, cest cela dont il a soif et faim. " Amen. Evangile : Lc 23, 33-43 Frères et surs, Peut-être, peut-être sommes-nous trop habitués à voir limage du Seigneur crucifié. Cest une image qui nous est familière, nous la voyons souvent que ce soit parfois chez nous, que ce soit dans nos chemins, que ce soit dans les Eglises, nous connaissons, nous sommes habitués à cette image en croix, nous sommes peut-être tellement habitués à la voir que nous risquons doublier que ce lui qui meurt sur la croix, cest le Fils de Dieu, cest Dieu lui-même, cest Dieu venu réconcilier lhumanité. Aussi, nous pouvons nous poser cette question, fallait-il véritablement la mort de linnocent, était-elle nécessaire, cette mort de linnocent pour que nous, à notre tour, nous puissions posséder la vie. Ecoutons c e que nous dit saint Paul dans lépître aux Romains, cest ce que nous venons dentendre, saint Paul qui nous dit : " Par la faute dun seul, le péché est entré dans le monde. " Et derrière ce texte de saint Paul, il est une idée, il y a une réalité qui est présente, qui nest pas nommée, cest bien de cela quil sagit, cest du péché, cest du premier péché, le péché des origines, cest du péché originel que nous parle saint Paul, tirant un parallèle entre le péché dAdam et puis le don de Dieu dans le Christ. Cest peut-être un peu courageux, peut-être plus ou peut-être un peu inutile de vouloir aujourdhui parler du péché originel. En tout cas, cest visiblement un terme ou un thème qui nest plus guère de mise aujourdhui, qui nest plus à la mode. Et pourtant, il faut y revenir parce que derrière cela, il est une réalité qui demeure et qui est de dire que nous avons été créés tous à limage et à la ressemblance de Dieu, mais cette image et cette ressemblance de Dieu, il faut bien que nous convenions quelle nest plus exacte. Il faut bien convenir dune brisure, et cela cest bien une brisure, et cela, cest lexpérience que nous faisons tous, il ny a pas besoin de chercher très très loin. Cest lexpérience la plus banale et la plus quotidienne de notre vie, cest lexpérience ou les expériences que nous faisons, celles de linjustice, de la souffrance, de la difficulté à aimer ou même de limpossibilité à aimer. Tout cela, cest lexpérience du péché que nous faisons. Alors, comment expliquer cela ? Comment comprendre, et si nous ne voulons pas chercher ou trouver la réponse à cela, dans la foi chrétienne, et bien, regardons autour de nous. Parce que cest une expérience si commune et si communément admise que les réponses sont innombrables. Et si les réponses ne sont pas chrétiennes, elles existent tout de même. Il y a les grandes réponses, celle de Rousseau qui dira que cest lhomme qui sest séparé de la nature, il y a la réponse de Marx qui dira que cest la réponse de classe qui en est responsable, il y a Freud qui dira que de toutes façons, il y a tout, et cela en particulier, vient du sexe. Mais derrière toutes les tentatives, derrière les tentatives des uns et des autres, pour chercher à expliquer cela, il est une question qui demeure. Et répondre par la doctrine du péché et du péché originel, cest la réponse, cest la réponse que nous propose la foi, et il faut bien convenir que ce nest pas la réponse la plus aisée que nous pourrions trouver. Et tout cela, dabord parce que la cause de ce péché, et bien, demeure extrêmement mystérieuse. Il y a bien sûr le récit que nous donne lEcriture, mais cest une image et une image donnant une réalité ou cherchant à expliquer une réalité nexplique pas tout. Mais ce qui demeure, cest le péché lui-même. Et puis nous savons que pour bien des choses dans nos existences, nous voyons les effets et nous ne connaissons pas toujours quelles sont les causes. Alors, si nous mesurons les effets du péché, sans en connaître la cause, cest que ce péché existe et même que ce péché des origines, il résonne en chacun de nos péchés, comme une tonique. Mais, nous savons aussi que cest de cela que le Christ est venu nous libérer et même, comme le dit saint Paul, là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé parce que la grâce de Dieu a comblé la multitude. La vie que Dieu donne, la vie que Dieu nous donne à chacun dentre nous, elle est sans commune mesure avec le péché, quel quil soit. Elle est bien au-delà, parce quil sagit de la vie de Dieu, il sagit de lamour de Dieu pour nous, et cela est au-delà de tout péché et cest cela notre espérance. Cest notre espérance chrétienne et une espérance qui est bien plus large que notre seule existence parce que notre existence, elle est participation et participation à lhumanité et à lhumanité toute entière qui est en marche vers le Royaume de Dieu, puisque cest cela la volonté du Père pour nous. Et cette humanité qui est ainsi engendrée, et bien nous savons quelle passe par des difficultés, par des souffrances de lenfantement. Si souvent, dans notre vie, le péché, la souffrance, la mort, tout cela nous paraît dénué de sens. Très souvent, cela nous paraît bien inutile, et pourtant, cest le Royaume de Dieu qui vient, un Royaume qui passe par la passion du Christ et ce mystère-là, le mystère du Christ en croix, nous y participons aussi. Finalement, tout cela nous renvoie inlassablement au pied de la Croix, et je crois que nous navons pas à craindre de lever les yeux vers Jésus en croix, vers Jésus crucifié, car ne sommes-nous pas, nous aussi à limage du bon larron de lEvangile. Parler du bon larron, cest utiliser une très belle formule, mais la réalité de ce bon larron devait être un peu différente. Il devait être un personnage bien peu reluisant pour vivre ce supplice qui était le supplice des condamnés les plus bas et les plus coupables. Et pourtant, celui que lEvangile a nommé le bon larron, cest au cur de sa propre souffrance, de son propre supplice, cest là que Jésus vient le rejoindre et cest parce quà ce moment-là, il ouvre son cur, quil reçoit cette promesse de Jésus : " Je te le dis, aujourdhui avec moi, tu seras au paradis. " Rappelons-nous que sur la croix, le Christ a crié : " Jai soif ! " Et de quoi donc, le Seigneur Jésus avait-il soif ? Est-ce que ce nest pas à chacun dentre nous quil parlait à ce moment-là ? Est-ce que ce nest pas de nous quil avait soif, et quil a soif encore aujourdhui ? Est-ce que ce nest pas de moi, de moi et de mes péchés, est-ce que ce nest pas moi qui manque avant que tout ne soit consommé ?Alors, si cela est vrai, si le Christ sur la croix continue à nous donner son amour, à nous redire son amour et à nous permettre douvrir notre cur, nous pouvons à notre tour, répéter et répéter sans nous lasser : " Seigneur Jésus, souviens-toi de nous quand tu viendras dans ton Royaume. " Amen.
" Le salut accompli à vivre au quotidien. " Epître : 2 Co 4,5-15 Evangile : Lc 21, 5-19
Frères et surs, Nous savons, et nous croyons fermement que le salut du monde est accompli dans le Christ. Cest ce que nous avons entendu, cest ce que nous avons dit, cest ce que nous nous sommes rappelés toute cette semaine. Mais nous faisons aussi au quotidien lexpérience de la difficulté qui est la nôtre davancer dans la vie en enfants de Lumière. Nous savons que nous avons été sauvés par le Christ, nous savons que nous pouvons vivre de lamour du Seigneur, et pourtant nous faisons au quotidien, lexpérience de la pauvreté de notre vie, lexpérience de la pauvreté de notre témoignage, lamère expérience de la souffrance, du péché dont nous sommes victimes, dont nous sommes parfois lauteur et parfois le complice. Tout cela nous trouble, tout cela nous attaque, et tout cela nous fait douter. Finalement, cest lexpérience quotidienne en nous du combat, du péché et de la grâce, de la puissance de lEvangile et de la pauvreté de notre vie, une pauvreté qui même nous fait douter de lEvangile justement. Ecoutons ce que nous dit saint Paul, lorsquil nous dit que ce nest pas nous que nous prêchons, mais cest le Christ Jésus et ce trésor nous le portons dans des vases dargile. Nous savons que nous sommes pauvres et que le Seigneur est puissant, que Dieu accomplit des merveilles et quelles saccomplissent dans notre vie, parfois par nous, parfois malgré nous et que cest au travers de notre vie que nos frère et surs humains peuvent reconnaître la puissance de Dieu. Permettez-moi de citer une fois encore Paul Claudel dans son Chemin de la Croix, car il dit : " Celui à qui Jésus Christ nest pas seulement une image, mais vrai, aux autres hommes devient aussitôt désagréable et suspect. Son plan de vie est à lenvers, ses motifs ne sont plus les leurs, il y a quelque chose en lui toujours qui échappe et qui est ailleurs. Un homme fait qui dit son chapelet et va à confesse, qui fait maigre le vendredi et quon voit parmi les femmes à la Messe, cela fait rire et ça choque, cest drôle et cest irritant aussi. Quil prenne garde à ce quil fait, car on a les yeux sur lui. Quil prenne garde à chacun de ses pas, car il est un signe. Car tout chrétien, de son Christ est limage vraie quoique indigne. " Comme tout cela est bien dit, et comme tout cela est vrai, car cest lexpérience que nous faisons bien souvent. Et qui pourra nous faire tenir bon dans notre espérance chrétienne, qui pourra nous faire tenir bon dans notre témoignage, sinon le Christ lui-même ? Et nous rejoignons aussi ce que nous dit Saint Paul, lorsquil nous dit quà tout moment nous subissons lépreuve, nous ne sommes pas écrasés, nous sommes désorientés, mais non pas désemparés. Nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés, terrassés, mais non pas anéantis. Partout et toujours, nous subissons dans notre corps, lagonie du Christ afin que la vie du Christ soit elle aussi manifestée. Ainsi, est-ce que cest bien de cela quil sagit. Est-ce que notre vie chrétienne est participation, participation à lagonie du Christ ? Est-ce que être chrétien, cest être envoyé au pied de de la croix, est-ce que ce que nous vivons en cherchant à être fidèles au Christ, cest être envoyé, être renvoyé au pied du Calvaire ? Cest bien difficile à dire, cela est bien difficile à affirmer et même, il conviendrait de ne pas laffirmer trop vite, et pourtant, cest bien cela dont il sagit, cest bien cela notre vie, cest bien cela que nous vivons. Tout ce à quoi nous participons, renvoie à cela, renvoie à ce Royaume des cieux qui vient et qui vient dans notre vie, qui vient par notre vie, qui passe par lagonie du Christ à laquelle nous participons et cela ne doit pas nous désespérer, bien au contraire, car cest une invitation au témoignage et cest une merveilleuse espérance qui nous est donnée. " Fort de ce même esprit de foi, dit saint Paul, selon ce qui est écrit, jai cru et cest pourquoi jai parlé. " Nous aussi, nous croyons et cest pourquoi nous parlons, sachant que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera nous aussi avec Jésus et nous placera près de lui avec vous. Finalement lEvangile que nous avons entendu, ne nous dit pas autre chose, ca certes et nous le voyons bien autour de nous, il y aura des imposteurs qui vont chercher à égarer les chrétiens et il y en aura certains qui viendront au nom de Jésus, en disant : cest moi. Mais si certains viendront au nom du Christ, en disant cest moi, cherchant à se faire passer pour le Christ, cest justement parce que le Christ vient. Il ne peut y avoir danti-Christ que parce quil y a le Christ. Il ne peut y avoir de fausses annonces de la fin des temps toute proche, que parce quil y aura la fin des temps Et que bien des signes pourraient le faire croire. Ils sont faciles à utiliser les gens par catastrophisme et comme le dit lEvangéliste saint Luc, ce ne sera pas tout de suite la fin, mais il faut que tout cela arrive, il faut quil y ait des guerres, des soulèvements, les nations, les Royaumes dressés les uns contre les autres. Et il semblerait selon ce que nous dit lEvangile, ce ne seront pas des signes arbitraires qui annonceront la fin des temps, mais ce sera la création toute entière dans lenfantement du Royaume des cieux. Ce sera et cest notre humanité prise encore dans les liens du péché qui cherche encore à naître à la vie de Dieu. Cest notre humanité qui craque, qui crie, qui est écartelée, qui est équarrie. Et cest ainsi quavant toute chose, il y aura la persécution une persécution qui ne semble pas réservée à la seule approche immédiate de la fin du monde, mais qui semble davantage être la caractéristique de la condition chrétienne, tant que durera lhistoire du monde. Avant que toute la création ne soit engendrée au salut, cest dans chacun de nos curs que ce salut doit venir et ici, ce nest plus seulement le monde en enfantement, mais cest aussi le monde qui fait le procès de Dieu. Arrestations, incarcérations, comparutions devant les tribunaux, plus encore nous dit lEvangile et nous dit le Christ, vous serez livrés même par vos parents, par vos proches et par vos amis. Partout ce ne sera que haine et mort, et cela au cours des siècles, nous ne lavons point vu. Il pourrait sembler que ce tableau soit bien sombre, en parlant tout dabord de la condition du chrétien, comme participation à lagonie du Seigneur, puis en nous rappelant le monde qui vient, que le Royaume qui vient passe par les persécutions et par la persécution de ceux qui cherchent dans la pauvreté de leur vie, à être témoins du Seigneur. Cest un tableau bien sombre et peut-être beaucoup trop sombre pour un samedi matin, et pourtant ce nest pas sans encouragement et ce nest pas sans promesse, car Jésus nous dit : ce sera pour vous loccasion de rendre témoignage, de rendre témoignage de Dieu devant les hommes, mais aussi de rendre témoignage devant Dieu, car notre persévérance plaidera pour nous devant le tribunal de Dieu et cela vaut pour chacun de nous comme un encouragement, dautant plus que nous navons aucun souci à nous faire, nous navons pas à nous soucier de notre défense puisque nous dit lEvangile, pas même un cheveu de notre tête ne sera perdu : Et puis, en tout cela, nous avons un modèle qui est le Christ Jésus lui-même, lui qui a connu la persécution, lui qui a été mis en procès et qui, ce procès, la perdu, Jésus qui a été vendu par lun de ses Apôtres et dont la mort sur la Croix aurait bien pu faire croire que la promesse faite quaucun de ces cheveux perdu en vain nétait quune illusion. Et puis, la mort sur la croix, elle a été accompagnée elle-même par des signes, lobscurité sur toute la terre, la terre secouée, les rochers qui se fendent, les tombeaux qui souvrent. Mais en tout cela, cétait le salut qui saccomplissait, le salut désiré par le Père, un salut qui a besoin de chacun dentre nous avant que tout ne soit finalement accompli, et cela ce nest quune question de temps. Amen.
Vêpres solennelles de la clôture des fêtes du Vorbourg et célébration de préparation au Jubilé de lan 2000, le 19 septembre 1999. Texte biblique: Lc 6, 36-46. Homélie. Si, durant lannée jubilaire, le mystère de la foi provoquait des déclics. Chères soeurs et chers frères, Dans trois mois et quelques jours, dans la nuit de Noël à Saint-Pierre de Rome, le pape Jean-Paul II ouvrira officiellement le Jubilé de lan 2000, Jubilé qui sera clôturé en janvier 2001, lors de la fête de lEpiphanie. Retentira dune façon toute particulière durant lannée jubilaire, le thème retenu au niveau de lEglise universelle: Le Christ est le même hier, aujourdhui et à jamais. Ces paroles ont donné naissance, chez nous, à notre thème "il est grand le mystère de la toi.", nous rappelant la proclamation dune anamnèse après la consécration eucharistique. Et nous réfléchirons, nous méditerons au mystère de la foi, unis à tous les diocésains de Bâle, dont nous sommes, qui marcheront avec le thème: "Vivre en tant que baptisés." Nous avons là tout un programme.Oui, voilà trois fondements, au seuil de ce 3ème millénaire, sur lesquels nous avons à nous appuyer, pour bâtir la vie: la vie de lhomme avec Dieu, la vie des hommes entre eux. Le Jubilé, vers lequel nous allons, est un temps, oui, béni de Dieu. Le Jubilé nous fait nous souvenir de ce temps où le Christ Messie est venu habiter parmi nous, lui qui était empli de lEsprit-Saint et envoyé du Père. Le Jubilé dit le temps de lespérance: un temps offert par lEglise qui nous appelle à la joie, à la réconciliation et à la communion que le Dieu Trinitaire nous offre. Il fait mémoire de lhistoire et il nous lance dans un nouveau parcours. En tout cela, le Jubilé nous ramène à lessentiel. Oui, ce Christ, qui est le même, hier, aujourdhui, voilà le mystère de notre foi, et cest en tant que baptisés que nous le vivons Cet essentiel qui guidera tout particulièrement nos pas demain réclame une préparation. Nous nous y sommes préparés pendant ces trois années, avec lannée dédiée au Fils, celle à lEsprit-Saint, celle-ci au Père. Nous voilà presque à la fin. Mais ces trois mois de préparation restant, nous avons à bien les vivre. Et Il y a tant de manières de se préparer. Mais parmi toutes celles auxquelles nous pensons, il y en a une à côté de laquelle nous ne pouvons pas passer et qui, toujours, oriente les hommes et donc le monde: Cette manière consiste en ce que chacun retourne en lui-même, puisse considérer sa vie à partir de ce que Dieu lui dit au plus intime de lui, là où lhomme ne peut pas tricher. Le frère Eloi Leclerc, ce franciscain, dont nous parlons beaucoup, ces temps, a cette parole qui bouleverse, parce que lui-même a côtoyé la mort, dans les camps de concentration, écrit:" Cest dans le coeur de lhomme que sopère la grande transfiguration du monde, la conversion des forces agressives de la vie en énergie damour et de lumière." Dans ce temps de préparation, dans ces trois mois de préparation, cest là quil faut retourner, à lendroit du cur. Cest là que tout se passe et cest là que tout se joue. Alors que souvent, il est vrai, si nous en restons à lextérieur de ce coeur, le monde plutôt que de se transfigurer peut aller vers anéantissement. Cest là quil faut retourner, en découvrant tout dabord, comme nous lécrivent nos évêques, à loccasion de ce jeûne fédéral, que la vie est belle, que la vie est plus nécessaire que les richesses du monde, que la vie est fragile, quelle est don: une vie donnée par le Créateur, depuis la vie élémentaire de lêtre monocellulaire jusquà ses formes plus riches et plus compliquées des êtres supérieurs. Cette vie nous est donnée en abondance, de la part de Dieu, de qui nous la tenons. Dans ce temps de préparation, cest là quil nous faut retourner, à lintérieur de nous-mêmes, pour dès lors, ne pas laisser lettre morte, dautant plus après une semaine de pèlerinage ici, au sanctuaire du Vorbourg les paroles fortes de Jésus lui-même, qui na pas peur effectivement déveiller, voire de secouer et de faire partir en avant les personnes, qui sont à la fois enfants dun même Père, frères et surs entre eux et disciples du Seigneur. - Dabord, la parole aux enfants dun même Père, qui est son Père. Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux, ne vous posez pas en juges et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnez. Des paroles tellement opposées à celles du monde et qui sentrechoquent. - Puis la parole adressée à la vie des frères entre eux: Quas-tu à regarder la paille qui est dans lil de ton frère ? Et la poutre qui est dans ton il, tu ne la remarques pas? Des paroles qui renvoient lhomme à lui-même. - Enfin la parole adressée aux disciples du Seigneur. Il ny a pas de bon arbre qui produise un fruit malade et à ces mêmes disciples quil interpelle en leur disant:" Pourquoi mappelez-vous Seigneur, Seigneur et ne faites-vous pas ce que je dis ?" Le témoignage nest pas seulement la profession de foi dite, il est la mise en acte de cette profession de foi. De telles paroles nous permettent, jen suis convaincu, de faire de lordre en nous, dans nos communautés paroissiales, dans nos services pastoraux, dans les communautés religieuses, afin que nous puissions alors entrer de plein pied dans le temps du Jubilé. Il semble, en effet, au moment où la technique, la science et la médecine et tant dautres disciplines continuent de progresser, que se fait plus urgent ce retour à lintérieur du cur, à partir duquel la transfiguration du monde peut continuer de sopérer. Dans le message qui sera laissé tout à lheure à vous les représentants des communautés paroissiales, des services pastoraux et des congrégations religieuses, il y a le souhait fortement exprimé de voir séloigner des hommes et des femmes de notre temps langoisse et les ténèbres, de voir séloigner toute forme dexistence ou de vie qui serait à subir, de voir séloigner les dangers, les déviations, les égarements. Il y a, alors, cette invitation ferme à une foi renouvelée en Jésus-Christ sauveur, à une attention au monde, en commençant par les petits et les sans-voix, à un vrai dialogue interreligieux et interconfessionnel toujours plus affiné, à cette redécouverte de Dieu en Occident et dans le monde.. Alors, oui, afin que le souhait et linvitation puissent avoir leur réponse, afin que la transfiguration du monde se fasse un peu plus, Lhomme est appelé à apprendre la miséricorde, afin que cela provoque en lui un déclic celui de la miséricorde à vivre tant et plus. Il est appelé a remarquer sa propre poutre, afin que cela provoque en lui un déclic, celui de sefforcer de lenlever dabord, avant de soccuper des autres et de leur paille. Il est appelé à devenir davantage un arbre sain, afin que cela provoque en lui un déclic, celui de porter un fruit bon. Il est appelé à faire sa profession de foi en disant Seigneur, Seigneur, mais afin que cela provoque le déclic de la mise en acte de cette profession de foi. Voilà les déclics que nous sommes en droit despérer pour lannée jubilaire et pour la suite aussi. Cest là, à nen pas douter loeuvre de tous et de toutes, cest ce que je retiens principalement de la quinzaine interculturelle qui sachève ici à Delémont, des célébrations des différentes religions, qui viennent de se terminer tout à lheure. Cest, je crois, spécifiquement la tâche des chrétiens que nous sommes, de lEglise que nous formons. Cest dans ce sens quuvre avec dévouement le groupe de travail du Jubilé de lan 2000. Pensons à cet aujourdhui qui nous rassemble, le 2 février, le jubilé des communautés religieuses du Jura pastoral, le 25 juin 2000, le grand rassemblement cuménique autour de la chapelle de Develier dédiée à lunité des chrétiens, les parcours des chapelles soit en VTT, soit à pied, le film sur le Jura pastoral et le théâtre 2000 intitulé: "Accusé, levez-vous" Oui, tant de rendez-vous, afin que des déclics aient lieu, en vous signifiant que le Notre-Dame du Vorbourg est un lieu choisi et privilégié au niveau du diocèse pour y faire un pèlerinage durant lannée Jubilaire. Cest alors comme un temps de recul, de retraite qui nous est demandé, maintenant, au seuil dun nouvel millénaire, que nous voulons porteur despérance, plutôt quannonciateur de toutes sortes de maux destructeurs. Et dans ce temps, il y a alors la croix qui est là, une croix qui a vaincu la mort, qui a vaincu toute mort, une croix de lumière, vers laquelle nous sommes invités à nous tourner, pour en recevoir la force nécessaire et ce quil nous faut, pour devenir toujours plus témoins de la Parole de Dieu, et pour reprendre les mots des intentions de prières de vendredi matin, ici même au Vorbourg, pour devenir apôtres du partage et de la solidarité. Apôtres, cest-à-dire serviteurs, pour reprendre la finale de la lettre des évêques. Des serviteurs humbles, puisque toute vie vient de Dieu, Des serviteurs fidèles, parce que nous suivons notre Maitre, le Bon Berger, qui donne sa vie en abondance. Des serviteurs audacieux, car lEsprit de force et de vérité habite en nous. Des serviteurs enfin, qui donnent leur vie pour ceux qui risquent de la perdre et leur voix à ceux qui ne peuvent se faire entendre dans nos sociétés. Frères et soeurs, alors oui, préparons-nous joyeusement. Quà Noël, lorsque souvrira le grand Jubilé, nos coeurs soient à ce point disponible que cette année soit pour tous une immense espérance en lavenir, car tant que Dieu est reconnu, la vie est habitée par sa présence et sur la mort lemporte toujours la vie. Ne loublions pas alors: Cest dans le coeur de lhomme que sopère la grande transfiguration du monde, la conversion des forces agressives de la vie en énergie damour et de lumière, en vue de déclics à vivre. Amen.
Message de labbé Denis Theurillat, Vicaire épiscopal, en préparation au Jubilé de lan 2000, adressé à toutes les paroisses et communautés du Jura pastoral. Chères soeurs et chers frères. Pèlerins sur cette terre, parce que citoyens des cieux, nous nous sommes réunis, en ce dimanche 19 septembre 1999, au sanctuaire de Notre-Dame du Vorbourg Nous lui avons confié la suite de notre pèlerinage Avec elle, nous avons regardé dans la direction de ce carrefour, qui nous indique la route dun nouveau millénaire. Par son intercession, nous nous préparons entrer dans le grand Jubilé de lAn 2000. Il est vrai que le temps du Jubilé de lan 2000 invite lhomme, plus que cela provoque lhomme la réflexion, la prière et laction. il faut alors que nous nous préparions. Cette troisième et dernière année de préparation au Jubilé nous le rappelle avec force. Souvenez-vous: après la première dédiée la personne du Christ, "Sauveur", après celle dédiée la personne de lEsprit-Saint, "Souffle de vie" nous sommes dans lannée du Père, "Amour". Nous serons alors comme projetés dans lannée du Jubilé, au cours de laquelle nous glorifierons la Trinité-Sainte. Nous nous situons donc dans la dernière partie de lannée du Père, dans laquelle nous voyons déjà poindre lhorizon léclat du thème lancé par lEglise universelle "JESUS EST LE MEME HIER, AUJOURD'HUI ET A JAMAIS". Paroles suffisamment fortes et décisives, qui, chez nous, dans le Jura pastoral, a donné naissance au thème du Jubilé: "Il est grand le mystère de la foi". Paroles proclamées après chaque consécration eucharistique et qui déjà sont comprises comme lun des morceaux du puzzle du thème du diocèse de Bâle annoncé par notre évêque, Mgr Kurt Koch " Vivre en tant que baptisés ". Nous sommes entraînés dans le flot de lhistoire des hommes et des femmes de notre temps, mais le Vent guide la barque, que les rameurs sefforcent de maîtriser, il souffle sur la mer et dans le coeur des hommes, tendus vers Christ, qui a la primauté et, en même temps, questionnés par un tel mystère. Mystère de Pieu la rencontre de lhomme. Mystère de lhomme la rencontre de Dieu. Doù la nécessaire dernière préparation la célébration du Jubilé. Loin de nous les jours angoissés, ténébreux, douloureux. Loin de nous la crainte des dangers, des déviations, des égarements. Loin de nous la tendance dune vie subir. Proche de nous le désir dune foi renouvelée en Jésus-Christ, sauveur, le vouloir dune espérance débordante en lhomme, sauvé, la certitude, en Dieu et en lhomme, de la poursuite tenace de la construction du monde. Proche de nous, des signes nouveaux pleins de jeunesse, qui seront placés à la croisée de nos chemins et qui apporteront des ressources à nos existences. Proche de nous des réponses aux urgences, tels louverture au monde avec une préférence pour les petits et les sans-voix, le dialogue interconfessionnel et interreligieux, la tâche de maîtriser la crise en Occident appelé redécouvrir Dieu en son centre. Oui, de telles réponses, parce que Dieu veut que lhomme vive et parce que nous voulons être les artisans et, la fois, les témoins, chez nous déjà, dun petit bout du renouvellement de la face de la terre. De ce fait, menons son achèvement le temps de préparation au Jubilé. Et comme il ne suffit pas seulement de dire, mais de faire donnons-nous des moyens très concrets: - Un temps de prière régulier, dans sa vie personnelle déjà dans sa communauté de foi, dans son service pastoral, dans sa communauté religieuse.- Un temps de réflexion, pour intérioriser les propositions, réfléchies par le groupe de travail du Jubilé du Jura pastoral, en lien avec notre diocèse de Bâle et lEglise universelle, et pour y participer.- Un temps de créativité, pour faire naître cette manière originale et spécifique de vivre le Jubilé chez vous, là où vous vivez, là où vous êtes engagés.Cest certain, nous pourrons alors dans la confiance et avec le courage, marcher vers louverture du Jubilé par le Pape Jean-Paul II dans la nuit de Noël, lui qui confie le travail de lEglise lintercession de Marie, Mère du Rédempteur. Pans cette attente, partagez avec moi cette finale dune prière qui nous met dans lambiance dune aurore : "Le Jour nouveau se lève, un jour connu de toi, Père; que ton Fils dans lhomme achève la victoire de la croix". Abbé Denis Theurillat Vicaire épiscopal Le 19 septembre 1999 |