Bienheureux Sigismond Félix FELINSKI

Nom: FELINSKI

Prénom: Sigismond Félix (Zygmunt Szczesny)

Pays: Pologne

Naissance: 01.11.1822  01.11.1822  à Wojutyn (diocèse de Luck, province de Wolyn)

Mort: 17.09.1895  à Cracovie

Etat: Evêque

Note: Etudes à Moscou, Paris et Saint-Pétersbourg. Prêtre le 8 septembre 1855. Fonde les Sœurs de la Famille de Marie à St-Pétersbourg en 1857. Archevêque métropolitain de Varsovie le 6 janvier 1862, mais n'arrive à Varsovie qu'en février 1862, et ne restera sur place que 16 mois. Situation politique très difficile. Déporté en Russie le 14 juin 1863 pendant 20 ans. Libéré en 1883, il est nommé Archevêque titulaire de Tarse. Semi-exil en Galicie (Dzwiniaczka, diocèse de Lviv).

Béatification: 18.08.2002  à Cracovie  par Jean Paul II

Canonisation:

Fête: 17 septembre

Réf. dans l’Osservatore Romano: 2002 n. 34 p.3  -  n. 35 p.5 et 11

Réf. dans la Documentation Catholique:

Notice

Zygmunt Szczesny (Sigismond Félix) naît en 1822 de Gérard Felinski et d'Eva, née Wendorff, à Wojutyn (diocèse de Luck, province de Wolyn), ville polonaise sous domination russe, faisant actuellement partie de l'Ukraine. Il vit au sein d’une famille nombreuse, aisée et pieuse qui lui permet de recevoir une éducation soignée. Mais à l'âge de 11 ans il perd son père et 5 ans plus tard, en 1838, sa mère est exilée en Sibérie à cause de ses activités patriotiques qui consistaient ... à travailler à l'amélioration sociale et économique des paysans.

Après ses études secondaires, Félix étudie les mathématiques à l'université de Moscou (1840-1844). En 1847 il se rend à Paris où il étudie la littérature française à la Sorbonne et au Collège de France. Entre temps il participe à la révolte de Poznam de 1848 qui échoue. En 1851, après avoir séjourné à Munich et à Paris, il revient au pays et il entre au séminaire diocésain de Zytomierz, puis à l'Académie Catholique de Saint-Pétersbourg. Il est ordonné prêtre en 1855. Il exerce d'abord un ministère paroissial à Saint-Pétersbourg jusqu'en 1857, date à laquelle il est nommé directeur spirituel et professeur de philosophie à l'Académie de cette ville. Il avait déjà créé en 1856 une œuvre charitable pour les pauvres, et, en 1857, il fonde la Congrégation des Sœurs Franciscaines de la Famille de Marie.

Le 6 janvier 1862, le bienheureux Pape Pie IX le nomme Archevêque de Varsovie. Il est consacré le 26 janvier à Saint-Pétersbourg et le 9 février il arrive à Varsovie. Il n'exercera son ministère sur place que 16 mois (9 février 1862 – 14 juin 1863) car les conditions politiques sont très troublées. La Pologne a disparu de la carte et Varsovie est dominée par les Russes qui pratiquent une politique de russification et d'‘orthodoxisation’ intense, alors qu'ils viennent d'écraser brutalement une révolte en 1861. (« L’ordre règne à Varsovie », ce mot affreusement célèbre n’est pas d’un russe, mais du ministre français de la guerre, le général Sébastiani.) Malgré la dureté des temps et l’insécurité du lendemain, l’Archevêque entreprend une œuvre d’envergure. Il réforme le diocèse qu’il parcourt régulièrement pour mieux le connaître. Il réforme aussi le séminaire au point de vue intellectuel et spirituel. Il s’efforce d’obtenir la libération des prêtres prisonniers. Pour les pauvres et les orphelins, il ouvre un orphelinat à Varsovie qu’il confie aux Sœurs de la Famille de Marie qu’il a fondées naguère. Malheureusement son action est gênée par la méfiance d’une partie du clergé et des citoyens, car les Russes ont fait courir le faux bruit qu’il collaborait avec eux, c’est-à-dire avec le gouvernement d’occupation. En fait il lutte contre l’ingérence du pouvoir politique dans les affaires ecclésiastiques. Il donne aussi des conseils de prudence pour que la nation ne se précipite pas tête baissée dans la révolte. Mais lorsqu’éclate la ‘révolte de janvier’ (1862), réprimée dans le sang par les Russes, il écrit une lettre à l’Empereur où il proteste notamment contre la pendaison d’un capucin, chapelain des ‘rebelles’. Alexandre II l’envoie en exil.

Il quitte Varsovie le 14 juin 1863 et aboutit à Jaroslavl en Sibérie où il restera 20 ans, privé par le Tsar de tout contact avec Varsovie. Sur place il trouve le moyen d’organiser des œuvres de charité pour les prisonniers et spécialement les prêtres, et malgré les tracasseries policières il réussit à bâtir une église. A la suite de négociations avec le Vatican, il est libéré le 15 mars 1883 et le Pape Léon XIII le transfère du siège de Varsovie à celui de Tarse, in partibus, avec résidence à Dzwiniaczka (diocèse de Lviv) dans la Galicie du Sud-est. Dans ce demi-exil où il vivra les 12 dernières années de sa vie, Mgr Felinski exerce une activité pastorale intense. Dans ses temps libres, il écrit. Notons entre autres: recueil de conférences spirituelles, conférences sur la vocation, etc. et ses ‘Mémoires’ (3 éditions). Il meurt à Cracovie le 17 septembre 1895. Ses restes sont ramenés à Dzwiniaczka  et, en 1920-21, transférés à Varsovie, puis déposés dans la crypte de la cathédrale où ils sont vénérés.

Dans l’homélie de béatification, Jean Paul II propose Mgr Felinski comme exemple de ministère pastoral à ses frères dans l’épiscopat pour « mettre en place un programme pastoral de la miséricorde », empreint de charité sociale et de défense de la liberté. Et le Pape conclut par ces propos incisifs : « Monseigneur Felinski s'est profondément engagé dans la défense de la liberté nationale. Cela est nécessaire aujourd'hui également, alors que diverses forces, guidées par une fausse idéologie de liberté, cherchent à s'approprier ce terrain. Alors qu'une propagande bruyante de libéralisme, de liberté sans vérité et sans responsabilité, s'intensifie également dans notre pays, les pasteurs de l'Eglise ne peuvent manquer d'annoncer l'unique et infaillible philosophie de la liberté qu'est la vérité de la Croix du Christ. Cette philosophie de liberté est structurellement liée à l'histoire de notre nation. »

 

La béatification du 18 août 2002 à Cracovie

Au cours de son 98e voyage apostolique en dehors de l’Italie, le 8e dans son pays, du 16 au 19 août 2002, Jean Paul II s’est cantonné dans le diocèse de Cracovie, son ancien diocèse comme évêque, en même temps que celui de sa naissance. Le samedi 17 août, il a fait la dédicace du nouveau sanctuaire érigé en l’honneur de la Divine Miséricorde à Cracovie-Lagiewniki (dévotion à la Miséricorde inspirée par le Christ à Sainte Faustine Kowalska  2 . Le lendemain, dimanche 18 août, fut le sommet de son pèlerinage avec la béatification de 4 serviteurs de Dieu polonais (Sigismond Félix FELINSKI  2 , Jean Adalbert BALICKI  2 , Jean BEYZYM  2  et Marie Sancha SZYMKOWIAK  2 ) au parc de Blonie près de Cracovie devant une foule de plus de deux millions de fidèles, le plus grand rassemblement qu’ait jamais connu la Pologne. On pensait que ce voyage du Pape en terre polonaise serait un voyage d’adieu, un voyage ‘sentimental’, de ce pape âgé de 82 ans. Fatigué et près d’achever sa 24e année de pontificat. En fait il a dit des paroles très fortes, déclarant d’emblée dès le premier jour à ses compatriotes dont certains craignent l’avenir et notamment l’entrée de la Pologne dans l’Europe unie ; « Arrêtez d’avoir peur ! » Et lors de l’Audience générale qui a suivi, à Rome, le 21 août, il a donné le sens synthétique de ces béatifications en disant : « J'ai voulu indiquer ces nouveaux bienheureux au peuple chrétien, afin que leurs paroles et leur exemple constituent un élan et un encouragement à témoigner, à travers les faits, de l'amour miséricordieux du Seigneur qui vainc le mal par le bien (cf. Rm 12, 21). Ce n'est qu'ainsi qu'il est possible d'édifier la civilisation de l'amour désirée, dont la force douce s'oppose avec vigueur au mysterium iniquitatis présent dans le monde. C'est à nous, disciples du Christ, que revient la tâche de proclamer et de vivre le profond mystère de la Miséricorde Divine qui régénère le monde, en nous poussant à aimer nos frères et même nos ennemis. Ces bienheureux, ainsi que les autres saints, sont des exemples lumineux de la façon dont l'‘imagination de la charité’, nous permet d'être proches et solidaires de ceux qui souffrent (cf. n. 50), artisans d'un monde renouvelé par l'amour.