HOMÉLIE XXXVI

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HOMÉLIE XXXVI. MES FRÈRES, NE SOYEZ PAS ENFANTS PAR L'ESPRIT, MAIS SOYEZ DES PETITS ENFANTS POUR LE MAL, ET SOYEZ PARFAITS POUR L'ESPRIT. (CHAP. XIV, VERS. 20.)

 

544

 

ANALYSE.

 

1 et 2. Le don de prophétie emporte sur le don des langues; il agit sur le cœur, il attire à Dieu les infidèles.

3. La règle fondamentale du christianisme, c'est d'être utile au prochain en toute chose.

4. Prophétisez les uns après les autres, et non tous ensemble.

5. et 6. De la sainteté de l'Eglise : combien tout doit y être réglé. — De la réponse que le peuple fait à l'Evêque : Le Seigneur soit avec vous et avec votre esprit! — Relâchement des chrétiens. — Des vierges, des femmes mariées, des veuves. — Assemblées saintes des fidèles. — Ne point parler dans l'église. — De la folie et de la misère des avares.

 

1. C'est avec raison qu'après des preuves et des démonstrations nombreuses: il se sert d'un style un peu plus véhément, gourmande ses auditeurs, et emploie un exemple qui s'applique à la circonstance présente. Les enfants, en effet, à la vue des petites choses, ouvrent la bouche, l'admiration les plonge dans la stupeur, mais les grandes ne les frappent point d'admiration. Puis donc que ceux qui ont le don des langues croient tout avoir, quand ce don n'est que le dernier pour les autres, il dit : « Ne soyez; pas enfants »; c'est-à-dire, ne soyez pas insensés là où il faut être sage, mais soyez enfants et simples là où sont l'injustice, la vaine gloire, l'orgueil. En effet, celui qui est enfant pour le vice, doit pourtant être prudent. De même que la prudence finie à l'improbité n'a jamais été la prudence, ainsi la simplicité unie à l'imbécillité ne sera jamais la simplicité. Dans la simplicité il faut éviter l'imbécillité, et dans la prudence, le vice et la scélératesse. Comme les remèdes amers ou doux ne sont plus efficaces, s'ils le sont plus qu'il ne faut, ainsi sont la simplicité et la prudence exagérées. C'est pourquoi le Christ ordonnait de-les tempérer toutes les deux, disant : « Soyez prudents comme les serpents, et simples comme les colombes ». (Matth. X, 16.) Qu'est-ce d'être de petits enfants pour le mal et le vice? c'est d'ignorer même ce que c'est que le vice; c'est ainsi que l'apôtre veut qu'ils soient. Et c'est pourquoi il disait: «Parmi vous on entend parler de la fornication ». (I Cor. V, 1.) Il n'a point dit : on s'en rend coupable, mais, ou en entend parler, vous connaissez bien la chose, car vous en avez ouï parler. Il voulait qu'ils fussent hommes et enfants, enfants pour le vice, hommes par la prudence. L'homme est un homme , s'il est encore un petit enfant, mais s'il n'est pas un enfant pour le vice, il n'est pas un homme. Car le scélérat n'est point parfait, c'est un insensé.

Car il est dit dans la loi : Je parlerai à ce peuple en des langues étrangères et inconnues, et, « après cela même », dit le Seigneur, ils ne m'entendront pas. Cela n'est écrit nulle part dans la loi; mais, je l'ai dit plus haut, il comprend sous le nom de «loi » tout l'Ancien Testament, le livre des prophètes et l'histoire; sainte. Il appelle en témoignage le prophète Isaïe, rabaissant encore le mérite du don des langues, dans l'intérêt de ses disciples. Ces mots : « après cela même », voulaient dire qu'un pareil miracle aurait dû suffire pour frapper leurs coeurs, et que si après cela ils ne croyaient pas, ils ne pouvaient s'en prendre qu'à eux. Et pourquoi Dieu a-t-il fait cela pour eux, s'ils ne devaient pas croire en lui ? Pour montrer qu'il fait sans cesse ce qu'il doit faire. Donc saint Paul, après avoir démontré , en le comparant au don de prophétie, que le don des langues est un signe (545) qui n'a pas une grande utilité, a ajouté ces mots: « Et ainsi le don des langues est un signe, non pour les fidèles, mais pour les infidèles; le don de prophétie, au contraire, n'est pas pour les infidèles, mais pour les fidèles (22). Si donc toute une église étant assemblée en un lieu, tous parlent diverses langues, et que des ignorants ou des infidèles entrent dans cette assemblée, ne diront-ils pas que vous êtes des insensés (23) ? Mais si tous prophétisent et qu'un infidèle ou un ignorant entre dans votre assemblée, tous le convainquent, tous le jugent (24). Et ainsi le secret de son coeur est découvert, et se prosternant le visage contré terre, il adorera Dieu, rendant témoignage que Dieu est véritablement parmi vous (25) ». Ces paroles soulèvent bien des doutes. Si en effet le don des langues est un signe, comment se fait-il que saint Paul dise : Si les infidèles vous entendent parler des langues inconnues, ils diront que vous êtes des insensés? Et si le don de prophétie n'est pas pour les infidèles, mais pour les fidèles, quel fruit les infidèles en recueilleront-ils? « Qu'un infidèle, dit-il, entre dans votre assemblée quand vous prophétisez, tous le convainquent, tous le jugent ».

Voilà donc une autre difficulté qui s'élève ! Voilà le don des langues qui semble l'emporter sur le don de prophétie ! Car si le don des langues est un signe pour les infidèles, tandis que le don de prophétie est un signe pour les fidèles, le don qui attire et unit à l'Eglise ceux qui sont hors de son sein, doit l'emporter sur, le don qui ne fait que réunir et organiser ceux qui sont déjà de la famille et de la maison. Que dit donc saint Paul? Rien dé difficile ni d'obscur, rien qui soit en contradiction avec ce qu'il a dit d'abord. Au contraire tout se tient, pour peu que nous y réfléchissions. Le don de prophétie s'adresse à tout le monde, tandis qu'il n'en est pas de même du don des langues. Aussi, après avoir dit que le don des langues est un signe, il ajoute : non pour les fidèles, mais pour les infidèles que Dieu veut attirer par ce signe, pour les infidèles que ce signe doit étonner, mais non instruire. Quand il s'agit du don de prophétie, il distingue encore et il dit : Le don de prophétie, au contraire, n'est pas pour les infidèles, mais pour les fidèles. C'est que lé fidèle n'a pas besoin de voir un signe; un enseignement et un précepte, voilà tout ce qu'il lui faut. Mais alors, comment peut-on dire que la prophétie est utile à tout le monde, puisque saint Paul. dit lui-même qu'elle n'est pas pour les infidèles, mais pour les fidèles ? Pesez ces paroles avec soin et dans une balance exacte, vous saurez ce qu'il veut dire. Il ne dit pas que la prophétie n'est pas utile aux infidèles, mais qu'elle n'est pas. comme les langues, un simple signe, c'est-à-dire, un don de luxe. Le don des langues, en effet, n'est pas précisément utile aux infidèles. Il n'a pour but et pour objet que d'étonner et de frapper leurs esprits. Car le signe n'est qu'un moyen. C'est ce qu'exprime le prophète en ces mots : « Sers-toi de moi pour faire un prodige », et il ajoute : « pour le bien » ; et il dit encore : « Dieu s'est servi de moi pour opérer, un miracle dans l'intérêt de plusieurs », c'est-à-dire, pour faire éclater un signe. (Ps. LXXXV, 17, et LXX, 7.)

2. Pour apprendre à ses disciples qu'il n'a pas voulu parler de ce signe, comme d'un don utile en tout point, il nous montre l'effet qu'il produit. Quel est cet effet? « Les infidèles, poursuit-il, diront que vous êtes des insensés. » Ce n'est point qu'il s'en prenne au signe en lui-même ; c'est à la démence des infidèles qu'il s'en prend. Et sous ce nom d'infidèles, n'allez pas croire qu'il désigne toujours les mêmes hommes. Tantôt il parle de ces malheureux qui sont incurables et incorrigibles; tantôt il parle de certaines âmes que l'on pourrait tourner au bien. Tels étaient, à l'époque des apôtres, ces infidèles qui admiraient pourtant les grandeurs de Dieu; tel était Cornélius. Voilà donc pourquoi il dit: Le don de prophétie est pour les infidèles et pour les fidèles; quant aux langues, les infidèles et les insensés qui les entendent parler, n'en retirent aucun profit et vont même jusqu'à se moquer de ceux qui les parlent, en les traitant d'insensés : car le don des langues n'est pour eux qu'un signe destiné à les frapper d'étonnement. Si ces infidèles avaient été sages, ils auraient pourtant profité du signe qui leur était manifesté. Car à cette époque, à côté des infidèles qui accusaient d'être en état d'ivresse ceux qui avaient le don des langues, il se trouvait aussi des gens qui admiraient ces orateurs comme des hommes qui leur parlaient des grandeurs de Dieu. Ceux qui tournaient de pareils hommes en ridicule étaient donc des insensés. Aussi saint Paul n'a-t-il pas dit simplement : « Vous êtes traités d'insensés », il ajoute : « par les ignorants et par les infidèles ». Mais le don (546) de prophétie n'est pas simplement un signe, mais un don utile aux fidèles et aux infidèles, un don qui se manifeste pour affermir leur foi. Ce sens de saint Paul devient clair, non pas sur-le-champ, mais par les paroles qui suivent Tous le convainquent, dit-il. Si tous prophétisent, et qu'un infidèle ou un ignorant entre dans votre assemblée, tous le convainquent, tous le jugent. Et ainsi le secret de son coeur est découvert, et se prosternant le visage contre terre, il adorera Dieu, rendant témoignage que Dieu est véritablement parmi vous. Par conséquent, le don de prophétie a sur le don des langues le double avantage d'agir sur toutes les âmes, et d'attirer à Dieu les infidèles les plus endurcis.

Quand il a convaincu Saphire en vertu du don de prophétie, et quand saint Pierre parlait des langues inconnues; il y avait là deux miracles différents. Le premier faisait passer la conviction dans les cœurs; le second faisait dire: Voilà un insensé ! Donc après avoir dit : « Le don des langues est inutile », après l'avoir rabaissé de nouveau en rejetant la faute sur les Juifs, il montre que ce don est même nuisible. Pourquoi donc a-t-il été donné? pour agir conjointement avec le don d'interprétation. Sans ce dernier don, il produit sur les insensés un effet contraire à celui qu'il devrait opérer. Si tous parlent diverses Lingues, dit saint Paul, et que des ignorants ou des infidèles entrent dans l'assemblée, ils diront que vous êtes des insensés. C'est ainsi que les apôtres ont passé pour des gens ivres: on disait d'eux: « Ces gens là sont pris de vin ». (Act. II, 13.) Mais ce n'est pas la faute du signe, c'est la faute de l'esprit grossier et injuste des auditeurs. Aussi saint Paul a-t-il ajouté que c'étaient les « ignorants » et les « infidèles » qui disaient : Voilà des insensés ! Les ignorants et les infidèles sont donc jugés par l'apôtre. Car, je l'ai dit plus haut, il insiste sur les dons qui n'ont pas une grande utilité, pour réprimer l'orgueil de ceux qui ont le don des langues et pour les mettre dans la nécessité de recourir à un interprète.

Car, comme ce n'était point là qu'ils tendaient, et que beaucoup de gens ne se servaient de ce don que pour en faire parade, et parce qu'ils désiraient des honneurs, il les en détourne principalement, en leur montrant qu'au lieu de gloire et d'estime, ils n'en retireraient qu'un grand dommage, comme les gens qu'on soupçonne de folie. Et c'est là perpétuellement la

manière de Paul : quand il veut nous détourner d'une chose, il nous montre que cela même que nous désirons nous fera du tort. Faites de même: voulez-vous détourner quelqu'un du plaisir, montrez-lui qu'il n'y a là qu'amertume; voulez-vous l'arracher à la vaine gloire, montrez-lui qu'elle ne renferme que honte et déshonneur. Ainsi faisait Paul. Voulant arracher les riches à l'amour des richesses, il ne dit pas seulement que les richesses sont nuisibles, mais encore qu'elles exposent aux tentations; car il dit : « Ceux qui veulent être riches tombent dans la tentation ». (I Tim. VI, 9.) Comme il semble qu'elles délivrent des tentations, il leur attribue le défaut contraire à la qualité que les riches lui attribuaient. D'autres s'appliquaient à la sagesse profane, comme s'ils pouvaient par ce moyen affermir le dogme; il montre que non-seulement elle n'apporte point de secours à la croix, mais encore tend à l'abolir. Ils insistaient pour être jugés à un tribunal étranger, pensant qu'ils étaient indignes d'être jugés par les leurs, comme si les étrangers étaient plus sages; il montre qu'il est honteux d'être jugé au dehors. Ils s'approchaient des autels des idoles, comme s'ils montraient par là une sagesse parfaite, et il prouve qu'il est d'une sagesse imparfaite de ne pas savoir gouverner les affaires de ses plus proches voisins. De même ici, comme ceux qui aiment la vaine gloire, admiraient profondément le don des langues, il montre que c'est cela même qui les couvre de honte, que non-seulement ce don ne leur procure point de gloire, mais leur attire encore le soupçon de folie. Mais il ne le dit pas tout de suite; après de longs développements qui ont pour objet de faire admettre et de faire agréer son discours, il ajoute ce qui est étonnant et contraire à l'opinion commune. Cette manière d'amener sa pensée lui est familière. Celui qui veut ébranler une opinion bien assise, et changer une conviction ferme et solide, ne doit pas tout de suite lui opposer l'opinion contraire; car il serait ridicule auprès de ceux qui sont prévenus par la pensée contraire. Ce qui est étonnant et contraire à l'opinion commune ne peut être admis tout de suite; il faut miner une croyance pour y substituer la croyance contraire.

3. C'est ainsi qu'il a fait, quand il a disserté du mariage : comme bien des gens y voyaient le repos et le plaisir, il voulait leur montrer que le repos et le plaisir ne sont pas unis au (547) mariage; s'il l'avait dit tout de suite, il ne se serait pas fait écouter; comme il ne l'a avancé qu'après un long préambule, et qu'il l'a amené à propos, il a facilement ébranlé ses auditeurs. C'est ce qu'il a fait aussi pour la virginité. Ce n'est qu'après de longs discours qu'il dit : «Je vous ménage », et : «Je veux que vous soyez sans inquiétude ». (I Cor. VII, 28, 32.) Il le fait aussi pour les langues, montrant que non-seulement elles ne nous donnent point la gloire, mais encore que ceux qui ont ce don n'en retirent que de la honte et du déshonneur auprès des infidèles. La prophétie au contraire n'encourt point la honte et le déshonneur auprès des infidèles, et la gloire et l'utilité en sont également grandes: Personne ne dira de ceux qui ont le don de prophétie qu'ils sont insensés, personne ne se moquera d'eux; ils exciteront au contraire une admiration profonde.

En effet, « ils sont convaincus par tous », c'est-à-dire, ce qu'ils ont dans le coeur se montre à tous et se produit au grand jour. Ce n'est point même chose de voir entrer quelqu'un et de l'entendre parler en persan ou en syriaque, ou de l'entendre révéler les mystères de sa pensée, soit qu'il le fasse dans un mauvais esprit et pour tenter les autres ,soit qu'il le fasse sincèrement et en toute honnêteté. Ce que l'un fait involontairement, l'autre le fait par réflexion, et cela est plus étonnant et plus utile, C'est pourquoi il dit pour les langues que vous êtes insensés, et il ne le dit pas en son nom, mais au nom des assistants : « Disant que vous êtes insensés ». Pour la prophétie, il fait parler les faits, et ceux à qui elle rend service. « Il est convaincu par tous », dit-il, « il est jugé par tous, et c'est ainsi que les secrets de son coeur deviennent manifestes, et l'infidèle tombera sur sa face, adorera Dieu proclamant que Dieu est vraiment en vous ». Voyez comme ici rien n'est douteux : pour les langues il y a doute, et certains des infidèles attribuent cela à la folie; mais pour la prophétie il n'y a rien de semblable, on sera étonné, on adorera, on confessera Dieu d'abord en fait, ensuite en paroles. C'est ainsi que, Nabuchodonosor a adoré Dieu; disant : « En vérité votre Dieu est le Dieu qui révèle les mystères, puisqu'il a pu révéler ce mystère». (Dan. II, 47.) Voyez-vous la force de la prophétie, puisqu'elle a pu convertir et amener à la foi ce coeur farouche.

« Quoi donc, mes frères? quand vous êtes réunis, chacun de vous a le chant, a la doctrine, a la langue, a la révélation, a l'interprétation : que tout se fasse pour  l'édification (26) ». Voyez-vous la règle fondamentale du Christianisme? Comme c'est le devoir d'un artisan d'édifier, ainsi c'est le devoir du chrétien d'être utile en tout à ceux qui sont près de lui. L'apôtre s'élève violemment contre un don, irais il ne veut pas faire croire qu'il est inutile, il veut seulement réprimer l'orgueil de ceux qui le possèdent; aussi le compte-t-il de nouveau parmi les autres dons, disant : « Il a le chant, il a la doctrine, il a la langue ». Autrefois on avait le chant par l'effet d'une grâce ou d'un don, et on l'enseignait aux autres; mais tout cela, ajoute Paul, ne doit avoir qu'un but, l'amendement du prochain : que rien ne se fasse au hasard et sans objet. Si vous ne vous approchez point de votre frère pour l'édifier, pourquoi vous approchez-vous de lui? Je ne fais pas grand cas de la différence des grâces; je n'ai qu'un souci, je n'applique mes soins qu'à un seul objet, à savoir que tout se fasse pour l'édification. Ainsi celui qui n'aura qu'un petit don, surpassera celui qui en a un grand, si l'édification y est jointe. Aussi les dons n'existent que pour que chacun soit édifié. Si cela n'arrive point, le don ne sert à celui qui l'a reçu que pour sa condamnation. A quoi cela sert-il, dites-moi, de prophétiser? et à quoi de ressusciter les morts, si personne n'en retire du profit? Or, si tel est l'objet des dons, et si l'on peut arriver à la même fin par d'autres moyens et sans les dons, il ne faut point s'enorgueillir des miracles, ni se croire malheureux, quand on est privé des grâces. S'il y en a qui parlent des langues, qu'ils soient deux ou trois tout au plus, qu'ils parlent à tour de rôle, et qu'il yen ait un qui interprète (27); « que s'il n'y a « point d'interprètes, qu'il se taise dans l'église, et qu'il parle à lui-même et à Dieu (28)». Que dites-vous? Après avoir si longuement démontré que les langues sont un don inutile et superflu, s'il n'y a point d'interprètes, vous ordonnez de nouveau de parler les langues? Je ne l'ordonne point, répond-il, mais je ne le défends pas non plus ; c'est comme quand il dit . « Si quelqu'un des infidèles vous appelle, et si vous voulez aller » ( I Cor. X, 27), il n'ordonne point par là d'aller, mais il ne retient pas; il en est de même ici : « Qu'il se parle à (548) lui-même et à Dieu ». S'il ne peut, dit-il, se taire, et s'il a un tel désir des honneurs et de la vaine gloire, qu'il se parle à lui-même. Ainsi par cela même qu'il a permis, il a défendu, en inspirant la honte d'un pareil acte.

4. C'est ce qu'il a fait ailleurs aussi en parlant du commerce de l'homme avec sa femme, et en disant : « Je le dis à cause de votre incontinence ». ( I Cor. VII.) Mais quand il parlait de la prophétie, il ne disait pas ainsi: et comment disait-il? il ordonne, il impose une loi . « Que « deux ou trois prophètes parlent ». Et ici il ne demande point d'interprète, et il ne ferme point la bouche à celui qui prophétise, comme en cet autre endroit où il dit : « S'il n'y a point d'interprète, qu'il se taise ». Car parler les langues ne suffit point. C'est pourquoi si quelqu'un a l'un et l'autre don, qu'il parle; s'il ne les a point et veut parler, qu'il le fasse avec un interprète. Le prophète est l'interprète, mais l'interprète de Dieu, et vous, celui de l'homme. « S'il n'y a point d'interprète, qu'il se taise ». Il faut que rien ne se fasse inutilement, rien pour l'ambition et l'amour des honneurs.

« Qu'il se parle a lui-même et à Dieu », c'est-à-dire, dans son esprit et sans bruit, s'il le veut absolument. Ce n'est point là un ordre formel, c'est le fait d'un homme qui tâche d'inspirer la fonte par ce qu'il permet, comme quand il dit « Si quelqu'un a faim, qu'il mange chez lui ». (I Cor. II, 34.) Tout en lui permettant quelque chose, il ne l'en reprend que plus vivement. Vous n'êtes pas réunis, dit-il, pour montrer que vous avez des dons, mais pour édifier ceux qui vous écoutent ; c'est ce qu'il a dit au commencement : « Que tout se fasse pour l'édification. Que deux ou trois prophètes parlent et que les autres décident (29) ». Il n'en demande pas un grand nombre comme pour les langues. Et pourquoi cela, direz-vous; il montre que la prophétie ne suffit point, puisqu'il confie la décision à d'autres. Au contraire, elle est tout à fait suffisante, et en effet il ne ferme pas la bouche à celui qui prophétise comme à celui qui parle les langues; il ne lui impose pas silence, s'il ne se trouvé point là d'interprète; et s'il, a dit de l'autre : « S'il n'y a point d'interprète, qu'il se taise », il ne dit point de celui-ci : S'il n'est personne qui comprenne, qu'il ne prophétise point ; il a seulement prémuni l'auditeur. Il les a avertis de se mettre sur leurs gardes, et de ne pas permettre que les devins et les charlatans se présentent au milieu d'eux.

Dès le commencement il les a mis en garde contre cela, quand il a donné la différence de la divination et de la prophétie. Et maintenant il les engage à user de discernement, et à prendre garde que quelque chose de diabolique ne s'introduise parmi eux. « Si un des assistants a une révélation, que le premier se taise. Vous pouvez tous prophétiser les uns après les autres , afin que tous apprennent et que tous soient exhortés (30, 31) ». Que signifient ces paroles? Si pendant que vous parlez, dit saint Paul, et que vous prophétisez, un autre est touché de l’Esprit-Saint, cessez de parler. Ce qu'il a exigé pour les langues, il l'exige ici, que cela se fasse isolément, mais d'une façon plus divine : il n'a pas dit : isolément, mais « si un autre a une révélation », qu'est-il besoin, quand l'autre est saisi d'un mouvement prophétique, ' que le premier continue à parler?

Car, tandis qu'il parlait, l'Esprit-Saint a touché l'autre, afin qu'il dit aussi quelque chose à dire. Puis, pour consoler celui à qui il ferme la bouche, il dit : « Vous pouvez tous prophétiser les uns après les autres, afin que tous apprennent et soient consolés». Voyez comment il met encore en avant le motif qui le guide en tout ? S'il défend absolument à celui qui parle les langues de parler, quand il n'y a point d'interprète, c'est à cause qu'il est inutile; ainsi fait-il à l'égard de la prophétie, quand elle est inutile, et ne pourrait apporter que la confusion, le trouble et un tumulte inopportun ; alors il la fait taire. « Et les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes (32) ». Voyez avec quelle force il prend ses auditeurs par la honte ? pour que l'homme ne lui résiste point et ne soulève point de sédition, il montre que le don lui-même est inférieur, car ce qu'il appelle ici l'Esprit est l'inspiration. Or, si l'inspiration a ses degrés, il ne serait pas juste que celui qui en est possédé luttât contre une inspiration supérieure. Puis il montre qu'un pareil arrangement est agréable à Dieu par ces mots qu'il ajoute « C'est que notre Dieu n'est pas un Dieu de discorde, mais un Dieu de paix, comme je l'enseigne dans toutes nos saintes assemblées (33) ». Voyez-vous de combien de manières il s'y prend pour imposer silence à la vanité et pour consoler celui qui cède la parole à l'autre ? Voici son premier et son principal motif de consolation; vous pouvez tous prophétiser l'un après l'autre. Son second (549) motif est tiré des degrés de l'inspiration. L'inspiration d'un prophète est soumise à celle d'un autre prophète. Autre motif de consolation encore : Notre Dieu est un Dieu de paix et non de discorde. Enfin, quatrième motif, c'est une loi générale, c'est un précepte universel : voilà, dit-il, ce que j'enseigne dans toutes nos saintes assemblées. Quoi de plus imposant que ces paroles!

C'est qu'à cette époque l'Église, c'était le ciel; c'était l'Esprit-Saint qui dirigeait tout, qui faisait mouvoir les chefs de l'Église et qui leur donnait l'inspiration divine. Aujourd'hui nous n'avons conservé que les symboles et les signes extérieurs de ces dons précieux, aujourd'hui encore nous sommes deux ou trois qui parlons, et nous prenons la parole tour à tour; et quand l'un se tait, l'autre commence, mais ce ne sont là que des signes qui rappellent de si grands dons; voilà pourquoi, quand nous prenons la parole, le peuple répond : Que le Seigneur soit avec votre esprit. Cela prouve que l'on parlait ainsi autrefois, mais alors c'était non pas la sagesse humaine, mais l'Esprit qui était dans toutes les bouches; il n'en est pas ainsi de nos jours; et ici je parle aussi pour moi.

5. Mais l'Église ressemble aujourd'hui à une femme déchue de son ancienne splendeur, et n'a plus que des images de sa prospérité d'autrefois, elle montre les cassettes et les coffrets où étaient renfermées des richesses, mais elle a perdu les richesses elles-mêmes. C'est à cette femme que l'Église ressemble. Ce n'est point à cause des grâces que je parle ainsi , il n'y aurait rien. d'étonnant si elle n'avait perdu que cela, mais elle a perdu encore la bonne conduite et la vertu. Autrefois la foule des veuves et la troupe des vierges servaient d'ornement à l'Église; maintenant elle est déserte et vide, et elle n'a plus que des fantômes. Il y a encore aujourd'hui des veuves et des vierges, mais elles n'ont plus ces qualités qui doivent orner les femmes qui, se préparent à de tels combats. Le caractère auquel on reconnaît le mieux une vierge, c'est qu'elle ne s'occupe. que de Dieu et n'est occupée qu'à le prier continuellement ; et l'on reconnaît une veuve, non pas à ce qu'elle ne désire point un mariage heureux, mais à d'autres signes, comme la charité, l'hospitalité, l'assiduité à la prière et à toutes les autres vertus que demande Paul dans sa lettre à Timothée.

Même parmi les femmes qui se sont soumises au mariage, on en peut trouver qui font preuve d'une grande vertu : cependant ce n'est pas cela seulement qu'on leur demande, mais le soin diligent et l'amour des pauvres; en quoi brillaient d'un vif éclat les femmes d'autrefois, il n'en est pas ainsi de beaucoup de femmes de notre temps. Alors au lieu d'or, c'étaient les aumônes qui leur servaient d'ornements; aujourd'hui elles s'en sont dépouillées, et elles sont couvertes de chaînes d'or forgées avec leurs péchés.

Dirai-je qu'un autre endroit encore n'a plus l'éclat d'autrefois? Jadis tout le monde se réunissait, et l'on chantait en commun. Nous le faisons encore aujourd'hui , mais alors tous n'avaient qu'un seul esprit et qu'une seule âtre; aujourd'hui vous ne trouveriez pas même en une seule âme cette concorde et cet accord, mais partout la guerre sévit. Celui qui préside à l'assemblée , demande encore à tous le silence, comme à ceux qui entrent dans la maison de leur père, mais ce n'est là qu'un vain mot; cela n'est jamais une réalité. Autrefois les maisons mêmes étaient des églises, aujourd'hui l'église même est une maison , elle est même pire que n'importe quelle maison. Car dans chaque maison vous remarquez un ordre bien établi : la maîtresse de la maison est assise sur un siège, entourée de chasteté, de modestie et d'honneur: autour d'elle les servantes filent en silence, et chaque serviteur s'occupe de la tâche qui lui est imposée.

Mais dans l'église il y a un grand tumulte, une grande confusion, et elle ne diffère en rien d'une auberge, tant sont forts les rires, tant est grand le désordre, ainsi que dans des bancs et dans un marché où tous crient et font du bruit. Et cela n'arrive qu'ici : car ailleurs il n'est pas permis , dans l'église , d'adresser la parole même à son voisin, même à un ami qu'on revoit après une longue absence; tout cela doit se faire au dehors, et avec raison. L'église, en effet, n'est pas une boutique de barbier ou de parfumeur, ou une de ces échoppes d'artisans qui sont au marche, c'est le séjour des anges , le séjour des archanges, le royaume de Dieu, le ciel lui-même. Si quelqu'un vous introduisait au ciel, lors même que vous verriez votre père ou votre frère, vous n'oseriez lui parler : ainsi dans l'église ne faut-il dire que des choses spirituelles, car c'est aussi le ciel. Si vous ne me (550) croyez pas, regardez cette table, souvenez-vous pourquoi ce prêtre s'y tient, rappelez-vous quel est celui qui y descend, et demeurez muets même avant l'élévation. Si vous voyiez seulement le trône d'un roi, vous seriez excités par l'attente de son arrivée. De même il faut vénérer Dieu, même avant l'élévation; il faut être muet, et, avant de voir le voile déployé et le choeur des anges qui s'avance, il faut s'élancer vers le ciel. Mais celui qui n'est pas initié aux mystères ignore cela, il lui faut donc d'autres exhortations. Et nous ne manquerons point de paroles qui lui apprennent à se lever, et qui lui persuadent de s'élever sur les ailes de la pensée. Vous donc, qui ignorez les mystères, quand vous entendrez le prêtre dire : Voilà ce que dit le Seigneur : Retire-toi de la terre, vous aussi, montez au ciel, réfléchissez à ce qu'est celui qui, par la voix du prêtre, parle avec vous. Quand un historien cherche à exciter le rire, quand une femme joue le rôle d'une courtisane éhontée , l'assemblée est assise et écoute avec un profond silence ce qui se dit; cependant personne n'ordonne le silence, et il n'y a ni tumulte, ni clameurs, ni aucun bruit : mais quand Dieu parle du haut du ciel de choses bien autrement étonnantes et vénérables, nous poussons l'impudence au-delà du cynisme, et nous n'accordons pas même à Dieu le même respect qu'aux courtisanes.

6. Avez-vous frémi de ces paroles? frémissez encore bien plus, si vous vous rendez coupable des mêmes actes. Ce que Paul dit de ceux qui méprisent les pauvres et qui mangent seuls : « N'avez vous pas des maisons pour manger et pour boire? Méprisez-vous l'église de Dieu,  et voulez-vous faire rougir ceux qui ne possèdent rien » (I Cor. XI, 22), permettez-moi de l'appliquer à ceux qui font du bruit et qui parlent à l'église. N'avez-vous pas des maisons pour bavarder? Méprisez-vous l'église de Dieu? Et voulez-vous corrompre ceux qui sont modestes et tranquilles? Mais il vous est doux et agréable de parler à ceux qui vous sont connus. Je ne vous le défends pas, mais faites-le chez vous, sur la place publique, dans les bains; l'église n'est pas un lieu de conversation, mais d'enseignement. Mais aujourd'hui elle ne diffère en rien d'un marché, et si le mot n'était point trop fort, d'un théâtre, car les femmes qui s'y réunissent sont parées de vêtements plus lascifs et plus impudiques que les courtisanes de la scène. C'est cela même qui y attire beaucoup d'hommes impudiques; si l'on veut séduire ou corrompre une femme, aucun lieu n'y paraît plus propre, je pense, que l'église ; si l'on veut vendre ou acheter quelque chose, on trouve l'église plus commode que le marché. Car il y a là plus de conversations à ce sujet que dans les boutiques mêmes.

Si l'on veut même blasphémer et entendre des blasphèmes, c'est là qu'on les entendra, plutôt que sur la place publique; si vous voulez apprendre les affaires de la ville, ce qui se passe dans les maisons et dans les camps, n'allez pas au tribunal, ne demeurez pas dans la boutique des médecins; c'est ici qu'on les annonce le plus exactement, ce lieu est tout plutôt qu'une église. Je vous ai peut-être réprimandés fortement; pour moi, je ne le pense pas. Si vous persévérez dans votre égarement, comment pourrai-je savoir que mes paroles vous ont touchés. Il est donc nécessaire de répéter mes réprimandes. Cela est-il tolérable? Cela est-il supportable? Tous les jours nous nous fatiguons et nous nous épuisons pour vous renvoyer avec quelque instruction utile, et cependant personne de vous ne se retire avec quelque profit, mais avec un dommage plus grand encore; car vous vous rendez coupables, quand vous n'avez aucune occasion de pécher, et par vos importunes bagatelles vous chassez ceux qui valent mieux que vous et qui se tiennent tranquilles ; mais que disent la plupart: je n'entends point, disent-ils, ce qu'on lit; je ne sais point ce qu'on dit; c'est parce que vous faites du bruit et du tapage, et que vous n'arrivez point avec un esprit doué du sens de piété. Que dites-vous? Vous ne savez ce que signifient ces paroles; c'est -pour cela même qu'il fallait faire attention. Et si ce qui est obscur n'excite point votre esprit, vous feriez moins attention encore à ce qui serait clair et manifeste. C'est pour cela que tout n'est pas clair, afin que votre attention ne soit pas paresseuse, et que tout n'est pas obscur, afin que volis ne désespériez pas de le comprendre. Un eunuque, un barbare ne parlent point ainsi, mais, lors même qu'ils sont accablés d'une multitude d'affaires, et qu'ils sont au milieu de la rue, ils ont un livre à la main et ils lisent; et vous, qui avez cette foule de docteurs et des gens qui lisent pour vous, vous (551) m'apportez des excuses et de vains prétextes. Vous ne savez ce qui se dit? Priez donc Dieu de vous l'apprendre. Mais il ne peut se faire que vous ignoriez tout; beaucoup de parties sont claires et lucides, et, lors même que vous ne comprendriez rien , il faudrait encore vous tenir tranquille, afin de ne point chasser ceux qui sont attentifs, et alors comme votre silence et votre réserve seraient agréables à Dieu, il rendrait clair ce qui est obscur pour vous. Mais vous ne pouvez vous taire? Sortez donc, afin de ne;point apporter de dommage aux autres. Car il faut que dans l'église il n'y ait qu'une seule voix, comme s'il n'y avait qu'une seule personne. C'est pour cela que celui qui lit parle seul, que celui qui préside l'assemblée demeure assis en silence, que celui qui chante chante seul, et quand les autres lui répondent, c'est comme une seule voix qui sort d'une seule bouche; et celui qui parle au peuple parle seul. Mais lorsqu'un grand nombre de docteurs discutent sur des choses diverses, pourquoi nous nous imposerions-nous un jeu inutile? En effet, si vous n'aviez point la légèreté de croire que nous vous imposons une gène inutile, quand nous parlons de choses si importantes, vous ne parleriez point de ce qui n'y a aucun rapport. Ainsi, ce n'est pas seulement dans votre conduite, c'est encore dans votre appréciation des choses qu'il y a de la perversité; vous convoitez ce qui est superflu, et, négligeant- la vérité, vous poursuivez des ombres et des rêves.

Tous les biens présents , ne sont-ce pas de l'ombre et des rêves, et quelque chose de plus vain que l'ombre? Avant qu'ils apparaissent, ils se dissipent, et, avant de s'envoler, ils nous laissent un trouble bien plus grand que le plaisir qu'ils ont pu nous procurer. Celui qui a enfoui des richesses incalculables, est pauvre quand la nuit est passée, et avec raion. Ceux qui sont riches en rêve, une fois qu'ils sont sortis du lit, n'ont rien de ce qu'ils ont cru voir pendant leur sommeil : il en est de même des avares et de ceux qui sont tourmentés du désir de toujours posséder davantage , que dis-je ? leur état est pire encore. Celui qui est riche en rêve, n'a point les richesses qu'il a cru voir en songe, et se lève sans avoir reçu de son rêve aucun mal; mais l'avare est à la fois privé des richesses, et rempli de tous les péchés qui naissent des richesses ; les plaisirs qui viennent des richesses, il n'en jouit que dans une espèce de fantôme , mais les maux qui en viennent ne sont pas un fantôme, mais la vérité même ; le plaisir n'a existé qu'en rêve, le supplice qui suit le plaisir n'existe pas seulement en rêve, il est réel; et, même avant ce supplice, l'avare est puni des plus forts châtiments; en amassant les richesses, il est en proie aux soucis innombrables, aux inquiétudes, aux accusations, aux calomnies, aux tumultes et aux désordres. Pour être donc délivrés des rêves et des maux qui ne sont pas des rêves, au lieu de l'avarice et du désir d'amasser adoptons les aumônes, et au lieu des rapines, la bienveillance. C'est ainsi que nous obtiendrons les biens présents et futurs par la grâce et la faveur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui, conjointement avec le Père et le Saint-Esprit., appartiennent la gloire, la puissance, l'honneur, aujourd'hui et toujours, et jusque dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

 

 

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