SERMON CCCXVII
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SERMON CCCXVII. FÊTE DE SAINT ÉTIENNE, MARTYR. IV. AMOUR DES ENNEMIS.

 

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ANALYSE. — Afin de partager un jour l'éternel bonheur de saint Etienne, imitons l'exemple qu'il nous donne au moment de son martyre. Dieu nous commande d'aimer nos ennemis, lui-même nous donne l'exemple de cet amour en faisant lever son soleil sur les bons et sur les méchants, en s'incarnant, en mourant et en priant pour ses ennemis. Objecteras-tu que tu ne peux t'élever si haut ? Voici Etienne, mortel et fragile comme toi, qui va te servir de modèle. Après avoir parlé aux Juifs avec une rigueur que commandait la charité même, il s'agenouille afin de prier pour eux, et il s'endort en paix.

 

1. Le bienheureux martyr Etienne, ordonné le premier après les Apôtres, ordonné diacre par eux, a reçu avant eux la couronne. Si par ses souffrances il a jeté tant d'éclat sur ces autres régions, il a visité les nôtres après sa mort (1). Après sa mort nous visiterait-il , si après sa mort il n'était vivant? Ce peu de poussière a suffi pour réunir ce peuple immense; c'est une cendre imperceptible, mais que de miracles sensibles ! Songez, mes bien-aimés, à ce que Dieu nous réserve dans la région des vivants, puisqu'il nous fait de si grands biens avec la poussière des morts ! On parle en tout lieu du corps de saint Etienne; mais c'est surtout le mérite de sa foi qui est glorifié. Or, en attendant de lui des bienfaits temporels, ayons soin, en l'imitant, de mériter les biens éternels. Et remarquer, croire, pratiquer ce que ce bienheureux martyr nous a montré dans ses souffrances, c'est réellement célébrer sa fête.

Parmi les grands et salutaires préceptes, parmi les préceptes divins et profonds que le Seigneur a donnés à ses disciples, il en est un qui paraît bien difficile aux hommes, c'est celui d'aimer ses ennemis. Le précepte est difficile, mais la récompense est immense. Aussi voyez comme il s'est exprimé en faisant ce commandement : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent ». Voilà le devoir, en voici le prix. Vois, en effet, ce qu'ajoute le Sauveur: « Afin que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux, qui

 

1. Voir Cité de Dieu, liv. XXI, ch. VIII.

 

fait lever son soleil sur les bons et les méchants, et pleuvoir sur les justes et les injustes (1) ». C'est ce que nous voyons se réaliser, nous ne saurions le nier. Dieu a-t-il dit aux nuées: Pleuvez sur les champs de mes serviteurs, éloignez-vous des terres de ceux qui me blasphèment ? A-t-il dit au soleil: Laisse-toi voir de ceux qui m'adorent et non de ceux qui me maudissent? Au ciel et sur la terre je vois les bienfaits divins : les sources jaillissent, les champs se fécondent, les arbres se chargent de fruits. Ces bienfaits sont pour les bons et pour les méchants, pour les reconnaissants et pour les ingrats. Celui qui donne tant aux bons et aux méchants, ne réserve-t-il rien de spécial aux bons? Aux bons et aux méchants il accorde ce qu'il a accordé aux bourreaux d'Etienne ; mais il réserve aux bons ce qu'il a octroyé à Etienne lui-même.

2. Ainsi donc, mes frères, à l'exemple de ce martyr surtout, apprenons à aimer nos ennemis. Nous venons de considérer le modèle que nous donne Dieu le Père, en faisant lever son soleil sur les bons et sur les méchants. C'est son Fils lui-même qui nous l'a proposé, après s'être incarné, et en s'exprimant par l'organe de ce même corps qu'il s'est uni par amour pour ses ennemis. Car en venant au monde par amour pour ses ennemis, il n'y a rencontré que des ennemis, pas un seul ami. Pour ses ennemis il a versé son sang, mais en le versant il les a convertis; il a, en le versant, effacé les péchés de ses ennemis, et en effaçant leurs péchés, il a fait de ses ennemis des amis.

 

1. Matt. V, 44, 45.

 

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Du nombre de ses amis était saint Etienne, ou plutôt il est et il sera l'un d'entre eux.

De plus, néanmoins, le Seigneur a pratiqué le premier sur la croix ce qu'il avait recommandé. Quand les Juifs l'entouraient en frémissant, en écumant de colère, en le tournant en dérision, en lui insultant, en le crucifiant « Mon Père, dit-il, pardonnez-leur, car ils ne  savent ce qu'ils font (1) ». C'est leur aveuglement qui me crucifie; ce qui était vrai. Néanmoins le divin Crucifié leur faisait avec son sang un remède pour leur ouvrir les yeux.

3. Mais il est des hommes hésitants en face du précepte et ardents pour la récompense, qui n'aiment pas leurs ennemis et qui cherchent à s'en venger, ne considérant point que si le Seigneur avait voulu se venger des siens, il n'y aurait plus personne pour le bénir. Quand ces hommes entendent dans l'Évangile ces paroles du Seigneur en croix: « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font », ils répètent. Il le pouvait, lui, comme Fils de Dieu, comme Fils unique du Père; car, si on voyait son corps suspendu, l'invisible divinité n'était pas moins en lui. Mais nous, qui sommes-nous four en faire autant? — L'auteur du commandement se serait donc joué de nous? A Dieu ne plaise; non, il ne s'est point joué de nous. Tu estimes trop difficile d'imiter ton Seigneur ? Considère Etienne, son serviteur comme toi. Le Seigneur Jésus est le Fils unique de Dieu; Etienne l’est-il? Le Seigneur Jésus est né d'une Vierge sans tache; Etienne en est-il né ainsi ? Le Seigneur Jésus est venu au milieu de nous, non pas avec une chair de péché, mais seulement avec une chair semblable à la chair de péché (2) : Etienne avait-il une chair comme la sienne? Il est né comme toi, il a puisé la vie à la même source, il a été régénéré par le même Sauveur, racheté le même prix; il a la même valeur que toi. Nous sommes tous sur le même inventaire; l'Evangile est l'inventaire où est constaté notre rachat, le tien comme le sien. Si nous nous considérons comme esclaves, l'Évangile est un inventaire: comme enfants, il est un testament. Contemple, contemple donc Etienne, esclave comme toi.

4. Il est trop difficile, pour tes yeux malades, de fixer le soleil ? Regarde ce flambeau.  « Nul n'allume un flambeau, dit le Seigneur

 

1. Luc, XXIII, 34. — 2. Rom. VIII, 3.

 

à ses disciples, pour le mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, afin qu'il éclaire tous ceux qui sont dans la maison (1) ». Ici, la maison c'est le monde; le chandelier, la croix du Christ; le flambeau qui éclaire sur le chandelier, le Christ attaché à la croix. Sur ce chandelier luisait aussi cet homme qui gardait d'abord les vêtements de ceux qui lapidaient Etienne, ce Saul devenu Paul, ce loup devenu agneau, cet homme petit et grand tout à la fois, ravisseur d'abord des agneaux, leur pasteur ensuite ; il luisait sur ce chandelier quand il disait : « Loin de moi la pensée de me glorifier, sinon dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde m'est crucifié, et moi au monde (2) ». — « Qu'ainsi brille votre lumière aux yeux des hommes (3) ». Tel est l’éclat d'Étienne, l'éclat de ce flambeau : regardons-le. Que nul ne dise : C'est trop pour moi. Etienne était homme, et tu es homme. Ce n'est pas en lui qu'il a puisé. Croirais-tu qu'après avoir puisé, il t'a fermé la fontaine? Cette fontaine est pour tous; bois-y, puisqu'il y a bu. Il a tout reçu de la bonté de Dieu. Son bienfaiteur est riche; demande et reçois à ton tour.

5. Le Seigneur réprimandait les Juifs avec rigueur et vivacité, mais c'était par amour. « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites (4)». Qui ne dirait, en l'entendant parler de la sorte, qu'il avait de la haine contre eux? Il monta ensuite sur la croix, et là il s'écriait: « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ». C'est ainsi que dans son discours Etienne leur dit d'abord d'un ton accusateur : « Durs de tête, incirconcis de coeur et d'oreilles ». Voici, en effet, les paroles mêmes de saint Etienne aux Juifs : « Durs de tête, et incirconcis de coeur et d'oreilles; toujours vous avez, comme vos pères, résisté à l'Esprit-Saint. Quel prophète n'a pas été mis à mort par vos pères? » Ce langage semble celui de la haine et de la rigueur; mais si l'amertume paraît sur les lèvres, l'amour est dans le coeur. Nous venons devoir l'amertume de la parole, montrons l'amour du coeur.

Durs comme les pierres, les Juifs avaient eu recours aux pierres contre lui et, ce qui leur seyait bien, les lui lançaient. Ainsi se trouvait-il accablé sous une grêle de pierres, lui qui mourait pour la Pierre mystérieuse dont l'Apôtre

 

1. Matt. V, 15. — 2. Gal, VI, 14. — 3. Matt. V, 16. — 4. Ib. XXIII,13.

 

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a dit: « Or la pierre était le Christ (1) ». De plus, après avoir montré tant de fermeté dans son discours, voyez quelle patience le martyr a fait éclater à sa mort. Ses ennemis ébranlaient son corps sous la secousse des pierres, et lui priait pour eux; l'extérieur en lui était contusionné, l'intérieur était suppliant. Aussi bien le Seigneur, qui l'avait ceint, qui l'avait éprouvé, qui avait gravé son nom sur lui, non pas à la main, mais au front, regardait-il du haut du ciel son guerrier, pour le soutenir dans le combat et le couronner après. la victoire. Il se montra même à lui. « Voici, dit Etienne: je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu ». Seul il le voyait, parce qu'il ne se montrait qu'à lui. Que dit-il alors pour lui-même? « Seigneur Jésus, recevez mon esprit ». Prie-t-il pour lui ? il reste debout; pour ses ennemis? il s'agenouille; pour lui? il est droit; pour eux? il se courbe; pour lui? il reste levé; pour eux? il s'abaisse, fléchit le genou et s'écrie : « Seigneur, ne leur imputez pas ce péché » ; et en parlant ainsi, il s'endormit. O sommeil de paix ! S'il s'est endormi de la sorte sous les pierres lancées par ses ennemis, comment ne s'éveillera-t-il pas avec ses cendres sacrées ? Il s'est endormi tranquillement, il repose en paix, pour avoir recommandé son esprit au Seigneur.

 

1. I Cor. X, 4.

 

 

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