SERMON CCXLV
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SERMON CCXLV. POUR LA SEMAINE DE PAQUES. XVI. DIVINITÉ DE JÉSUS-CHRIST (1).

 

ANALYSE. — Dans ce discours, comme dans le précédent, saint Augustin constate d'abord que les Apôtres ne croyaient plu, après la passion, la divinité de Jésus-Christ. C'est pour la rappeler à Marie-Madeleine que le Sauveur lui dit : « Garde-toi de me toucher, car je ne suis pas monté encore vers mon Père ».

 

1. Aujourd'hui encore on a lu la Résurrection du Seigneur dans le saint Evangile, et cet Evangile est celui de saint Jean. Nous y avons vu ce que ne disent pas les autres Evangélistes.

Tous sans doute publient la vérité, ils l'ont tous puisée à la même source; mais, comme je l'ai fait remarquer souvent à votre charité, parmi les faits évangéliques il en est qui sont rapportés par tous, d'autres par deux ou trois d'entre eux, d'autres enfin par un

 

1. Jean, XX, 1-18.

 

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seul. Ainsi ce trait que vient de rappeler l'Evangile selon saint Jean, savoir, que Marie Madeleine vit le Seigneur et que le Seigneur lui dit: « Garde-toi de me toucher, car je ne suis pas monté encore vers mon Père », ne se lit que dans cet Evangile. Je vais donc en entretenir votre sainteté.

Il y est dit encore qu'en voyant les linges dans le tombeau, on avait cru qu'au lieu d'être ressuscité le Seigneur avait été enlevé. Jean lui-même, car c'est lui qu'il désigne sous le nom du disciple « que Jésus aimait », ayant entendu dire aux saintes femmes: « On a emporté mon Maître du sépulcre », y courut avec Pierre, n'y vit que les linges et le crut. Que crut-il? Non pas que le Seigneur était ressuscité, mais qu'il avait été enlevé du tombeau. C'est ce que prouvent les paroles suivantes. Voici en effet ce qui est écrit, ce que nous venons d'entendre : « Il regarda, il vit cet il crut; car il ne savait pas encore que d'après les Ecritures il fallait qu'il ressuscitât d'entre les morts ». Voilà qui montre ce qu'il crut; il crut ce qu'il ne devait pas croire; il crut ce qui était faux. Le Seigneur lui apparut ensuite, dissipa son erreur et lui fit connaître la vérité.

2. Quant à ces mots qui frappent tout lecteur et tout auditeur qui désire s'instruire au lieu d'être indolent : « Garde-toi de me toucher, car je ne suis pas monté encore vers mon Père », examinons, avec l'aide du Seigneur qui les a prononcés, quel en est le sens. Comment ne pas se préoccuper de ce que signifie: « Garde-toi de me toucher, car je ne suis pas monté encore vers mon Père? » Quand en effet y monta-t-il ? Ce fut, comme le disent les Actes des Apôtres, le quarantième jour après sa Résurrection, jour que nous célébrerons bientôt en son honneur; ce fut alors qu'il monta vers son Père , alors encore qu'après l'avoir touché de leurs mains ses disciples le conduisirent du regard; alors enfin que se firent entendre ces paroles angéliques : « Hommes de Galilée, pourquoi rester là debout, regardant au ciel ? Ce Jésus qui vient d'être enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l'avez vu allant au ciel (1) ». Si donc ce fut alors qu'il monta vers son Père, que répondre, mes frères? Marie ne pouvait le toucher quand il

 

1. Act. I, 1-11.

 

était sur la terre, et elle pourrait le toucher une fois monté au ciel ? Si elle ne le pouvait ici-bas , combien moins le pourrait-elle si haut ? Que signifient donc ces mots : « Garde-toi de me toucher, car je ne suis pas monté encore vers mon Père ? » Le Sauveur ne semble-t-il pas dire : Attends pour me toucher que je sois monté, ne me touche pas auparavant? Quoi, Seigneur, je ne puis vous toucher ici, et je vous toucherai quand vous n'y serez plus?

Dira-t-on qu'avant de monter vers son Père il avait en horreur tout attouchement humain? Comment alors permit-il à ses disciples, non-seulement de le voir, mais encore de le toucher, quand il leur dit : « Voyez mes mains et mes pieds ; touchez et reconnaissez, car un esprit n'a ni chair ni os, comme vous m'en voyez (1)? » Il n'y eut pas jusqu'à Thomas, le disciple incrédule, qui ne touchât son côté ouvert et qui ne s'écriât : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Or, quand il le toucha ainsi, Jésus n'était pas monté encore vers son Père.

Un étourdi dira-t-il : Avant son ascension vers son Père, les hommes pouvaient le toucher, mais les femmes ne le peuvent que depuis cette ascension ? Une telle idée serait absurde , ce sentiment serait erroné. Que l'Eglise écoute plutôt ce qu'entendit Madeleine; que tous l'entendent, le comprennent et le pratiquent.

Que signifie donc : « Garde-toi de me toucher, car je ne suis pas monté encore vers mon Père?» En me voyant, tu me regardes comme un homme, tu ne sais pas encore que je suis égal à mon Père; ne me touche point avec ces sentiments, ne vois pas seulement l'homme en moi, crois que je suis aussi le Verbe égal à Celui qui l'engendre. Que signifie : « Garde-toi de me toucher? » Garde-toi de croire. De croire, quoi? Que je ne suis que ce que tu vois. Je monterai vers mon Père ; touche-moi alors. J'y monterai pour toi, quand tu comprendras que je suis son égal; car maintenant que tu m'estimes inférieur à lui, je n'y monte pas à tes yeux.

3. Toucher, c'est croire. Nous le verrons clairement, j'espère, dans l'histoire de cette femme qui toucha la frange du vêtement du Christ et se trouva guérie. Rappelez-vous ce

 

1. Luc, XXIV, 38, 39,

 

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trait de l'Evangile. Notre-Seigneur Jésus-Christ allait visiter cette fille d'un prince de la synagogue dont on lui avait annoncé la maladie d'abord, puis la mort. Comme il poursuivait sa route, voici qu'arrive par derrière une femme qui souffrait depuis douze années d'une perte de sang, et qui avait tout dépensé, sans obtenir de guérison, pour les soins qu'elle recevait des médecins. Elle disait dans son coeur : « Ah ! si je touche la frange de son vêtement, je serai guérie (1) ». Parler ainsi, c'était déjà le toucher. Aussi, écoute la sentence du Maître. Dès qu'elle eut obtenu sa guérison, conformément à ce qu'elle croyait, Notre-Seigneur Jésus-Christ s'écria : « Quelqu'un m'a touché ». —  « La foule vous accable, répondirent les disciples, et vous dites : Qui m'a touché? —  Quelqu'un m'a touché, reprit-il, car je sais qu'une vertu est sortie de moi (2) ». C'était la grâce qui s'échappait de sa personne pour guérir cette femme sans l'appauvrir lui-même. Remarquez-le : Les disciples lui disent : La foule vous accable et vous n'avez senti que quelqu'un ou quelqu'une? « Quelqu'un m'a touché », réplique-t-il; les autres me pressent, mais celle-là m'a touché. Que signifient : Les autres me pressent, mais celle-là m'a touché? Les Juifs m'affligent, c'est l'Eglise qui croit en moi.

4. Ainsi donc, nous le voyons, toucher, pour cette femme, c'était croire. Tel est aussi le sens de ces paroles adressées à Madeleine : « Garde-toi de me toucher » ; je monterai,

 

1. Matt. IX, 21. — 2. Luc, VIII, 41-46.

 

touche-moi alors. Touche-moi après avoir appris qu' « au commencement était le Verbe, que le Verbe était en Dieu, et que le Verbe était Dieu (1) ». Il est vrai, le Verbe s'est fait chair, et ce Verbe sans souillure et sans tache demeure immuable et parfait. Mais comme tu ne vois en lui que l'humanité et non pas le Verbe, je ne veux pas que tu croies à la réalité de sa chair, en laissant de côté sa nature de Verbe. Considère le Christ tout entier, car il est, comme Verbe, égal à son Père. Ne me touche donc pas avec ces sentiments; tu ne sais encore qui je suis.

Que l'Eglise donc, personnifiée dans Marie, prête l'oreille à ce qui fut dit à Marie. Touchons tous le Christ en croyant en lui. Il est maintenant monté près de son Père et assis à sa droite. Aussi l'Eglise universelle répète aujourd'hui : « Il est monté au ciel, il est assis à la droite du Père ». C'est ce qu'on enseigne à ceux qui reçoivent le baptême, c'est ce qu'ils croient avant de le recevoir. Quand donc ils croient ainsi, c'est Marie qui touche le Christ.

Ce sens est profond, mais vrai; inaccessible aux incrédules, mais il se révèle à ceux qui cherchent avec foi. Il s'ensuit donc que Jésus Christ Notre-Seigneur est en même temps là haut et avec nous, avec son Père et au milieu de nous; sans le quitter et sans nous laisser ; comme Maître il nous enseigne à prier, et comme Fils de Dieu il nous exauce avec son Père.

 

1. Jean, I, 1.

 

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