GABRIEL

Précédente Accueil Remonter Suivante

Accueil
Remonter
FRANCOISE ROMAINE
QUARANTE MARTYRS
GRÉGOIRE LE GRAND
PATRICE
CYRILLE DE JÉRUSALEM
GABRIEL
JOSEPH
BENOÎT
ANNONCIATION
FRANCOIS DE PAULE
ISIDORE
VINCENT FERRIER
MARIE EGYPTIENNE
JEAN DAMASCÈNE
JEAN DE CAPISTRAN

LE MÊME JOUR. SAINT GABRIEL, ARCHANGE.

 

Jusqu’ici, nous n avons encore rencontré sur le Cycle aucune fête consacrée  à l'honneur des saints Anges;  mais au milieu des splendeurs de la nuit de Noël, nous mêlâmes nos voix joyeuses et timides aux divins concerts que faisaient entendre les Esprits célestes au-dessus de l'humble berceau de l'Emmanuel. Cet heureux souvenir émeut encore d'une douce allégresse nos cœurs attristés par la pénitence et par l'approche du douloureux anniversaire de la mort du Rédempteur. Aujourd'hui, faisons un peu trêve aux sévères pensées du Carême pour fêter l'Archange Gabriel; plus tard, Michel. Raphaël et l'immense armée de nos célestes Gardiens recevront nos hommages ; mais il était juste que Gabriel fût salué de nos acclamations en ce jour. Encore une semaine, et nous le verrons descendre sur la terre comme le céleste ambassadeur de la glorieuse Trinité près de la plus pure des vierges : c'est donc avec raison que les enfants de l'Eglise se recommandent à lui pour apprendre à célébrer dignement le mystère ineffable dont il fut ici-bas le messager.

Gabriel appartient aux plus hautes hiérarchies des Esprits angéliques ; il assiste devant la face de Dieu, comme il le dit lui-même à Zacharie (1).

 

1. Luc. 1, 19.

 

5o4

 

Les missions qui concernent le salut des hommes par l'incarnation du Verbe lui sont réservées, parce que c'est dans ce mystère, si humble en apparence, qu'éclate principalement la force de Dieu : or, le nom de Gabriel signifie Force de Dieu. Des l'Ancien Testament, l'Archange a préludé à ce sublime emploi. Nous le voyons d'abord se manifester à Daniel, après la vision qu'a eue ce Prophète sur les deux empires des Perses et des Grecs; et tel est l'éclat dont il brille, que Daniel tombe anéanti à ses pieds (1). Peu après, Gabriel reparaît encore ; et c'est pour annoncer au même Prophète le temps précis de la venue du Messie : dans soixante-dix semaines d'années, lui dit-il, la terre aura vu le Christ-Roi (2).

Lorsque les temps sont accomplis, et que le Ciel a résolu de faire naître le dernier des Prophètes, celui qui, après avoir averti les hommes de la prochaine manifestation du divin Envoyé, doit le montrer au peuple comme l’Agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde, Gabriel descend du ciel dans le temple de Jérusalem, et prophétise au prêtre Zacharie la naissance de Jean-Baptiste, prélude de celle de Jésus lui-même.

Après six mois, le saint Archange reparaît sur la terre, et, cette fois, c'est à Nazareth qu'il se montre. Il apporte du ciel la grande nouvelle. Sa céleste nature s'incline devant une fille des hommes ; il vient proposer à Marie, de la part de Jéhovah, l'honneur de devenir la Mère du Verbe éternel. C'est lui qui reçoit le consentement de la Vierge ; et quand il quitte la terre, il la laisse en possession de celui qu'elle attendait comme la rosée des cieux (3).

 

1. Dan. VIII,  17. — 2. Ibid. IX, 21. — 3. Isai. XLV, 8.

 

5o5

 

Mais l'heure est venue où la Mère de l'Emmanuel doit donner aux hommes le fruit béni de ses chastes entrailles. La naissance de Jésus s'accomplit dans le mystère et la pauvreté; toutefois, le Ciel ne veut pas que l'enfant de la crèche demeure sans adorateurs. Un Ange apparaît aux bergers des campagnes de Bethléhem, et les convoque à l'humble berceau du nouveau-né. Il est accompagné d'un nombre immense d'Esprits célestes qui font entendre les plus ravissants concerts, et chantent: Gloire à Dieu et Paix aux hommes! Quel est cet Ange supérieur qui parle seul aux bergers, et dont les autres Anges forment comme la cour ? De graves docteurs catholiques nous enseignent que cet Ange est Gabriel, qui continue son ministère de messager de la bonne nouvelle.

Enfin, lorsque Jésus, dans le jardin de Gethsé-mani, à l'heure qui précède sa Passion, éprouve dans son humanité les terreurs du fatal calice, un Ange paraît auprès de lui, non seulement comme témoin de sa cruelle agonie, mais pour fortifier son courage. Quel est cet Ange que le saint Evangile ne nomme pas? De pieux et savants hommes voient encore en lui Gabriel ; et cette pensée est confirmée par un monument liturgique que nous reproduisons ici, et qui est revêtu de l'approbation du Siège Apostolique.

Tels sont les titres du sublime Archange aux hommages des chrétiens; tels sont les traits par lesquels il justifie son beau nom de Force de Dieu. En effet, Dieu l'a associé à toutes les phases du grand œuvre dans lequel il a manifesté davantage sa puissance : car Jésus-Christ jusque sur la croix est,  nous dit l'Apôtre, la force de Dieu(1).

 

1. I Cor. I, 24.

 

5o6

 

Or, Gabriel intervient à chaque pas, pour lui préparer la voie. Il annonce d'abord l'époque précise de sa venue; dans la plénitude des temps, il vient révéler la naissance du Précurseur ; bientôt il assiste comme témoin céleste au mystère du Verbe fait chair ; à sa voix, les bergers de Bethléhem, prémices de l'Eglise, viennent adorer le Fils de Dieu; et lorsque l'humanité de Jésus aux abois doit recevoir le secours d'une main créée , Gabriel se retrouve au Jardin des douleurs , comme il avait paru à Nazareth et à Bethléhem.

Honorons donc en lui l'Ange de l'Incarnation, et offrons-lui humblement en ce jour quelques-uns des cantiques que la piété liturgique lui a consacrés. Nous donnons ici d'abord deux Hymnes empruntées au Bréviaire Franciscain.

 

Ire HYMNE.

 

 

Mentibus lœtis jubilemus omnes,
Plectra tangentes fidibus canoris,
Inclytus quando Gabriel ab alto
Fulget Olympo.

 

Virginis summæ Paranymphus adest
Hodie nobis, simul Angelorum,
Plurimis Christum venerans triumphis,
Concio tota.

 

Principis laudes Gabrielis ergo
Concinat noster chorus, ipse quando est

Unus ex septem, Domino qui adstant
Jussa sequentes.

 

Nuntius cœli, mediator idem,
Exstat a summis Gabriel ubique
Laetus, et mundo reserat secreta
Omnipotentis.

 

 

Nuntia nobis, Gabriel, precamur,
Pacis aeternae speciale munus,
Quo poli tandem teneamus aulam
Semper ovantes.

 

Praestet hoc nobis Deitas beata
Patris, ac Nati, pariterque Sancti
Spiritus,  cujus resonat per omnem
Gloria mundum. Amen.

 

 

 

 

D'un cœur joyeux, faisons résonner nos cantiques ; promenons l'archet sur les cordes sonores, à l'heure où Gabriel descend radieux des hauteurs du ciel.

 

Voici aujourd'hui le Paranymphe de l'auguste Vierge ; il est accompagné de tout le chœur des Anges qui célèbre avec transport les louanges du Christ.

 

Que notre chœur à nous chante à sontourlalouange du prince Gabriel : il est un des sept qui se tiennent devant le Seigneur, prêts à exécuter ses ordres.

 

Messager du ciel, ambassadeur d'en haut, Gabriel, joyeux de sa mission, descend des demeures célestes ; il veille sur le monde, et lui dévoile les secrets du Tout-Puissant.

 

Annoncez-nous, ô Gabriel, le don de la paix éternelle, par lequel un jour nous entrerons pleins d'allégresse dans la céleste cour.

 

Daigne nous accorder cette grâce la divinité à jamais heureuse du Père, du Fils et du Saint-Esprit, dont la gloire retentit dans le monde tout entier. Amen.

 

 

 

IIe HYMNE.

 

 

En noctis medium surgite propere,
Cantemus  Domino jam nova cantica ;
Hac hora Gabriel nam fuit omnibus
Vitæ nuntius optimus.

 

Hac hora Dominum Virgineus alvus
Humano  generi protulit ; insuper
Devictis pariter funditus hostibus,
Victor surgit ab inferis.

 

 

Surgentes igitur mitibus invicem
Oremus precibus cœlica Numina :
Praesertim   Dominum , qui  dedit Angelum
Curam qui gerit hominum.

 

Quae virtus  hominis promere sufficit,
Quae  mundo   Gabriel munera conferat ?
Sanctas hic animas visere Dominum
Praesto ducit in aethera.

 

 

Te, Princeps igitur inclyte, quæsumus,
Pro nobis  miseris poscito gratiam ;
Fac et propitium, qui valet omnia,
Nobis ut veniam afferat. Amen.

 

 

Il est minuit ; levez-vous à la hâte ; chantons au Seigneur un cantique nouveau ; c'est l'heure où Gabriel fut pour le monde un messager de vie.

 

C'est aussi l'heure où le sein de la Vierge enfanta le Seigneur, pour le salut des hommes ; c'est l'heure où le Seigneur, ayant terrassé ses ennemis, s'éleva victorieux du tombeau.

 

A notre lever, offrons d'humbles prières aux Esprits célestes, mais surtout au Seigneur, qui nous a donné son Ange pour avoir soin de nous tous.

 

L'esprit de l'homme pourrait-il raconter les bienfaits que Gabriel ne cesse de répandre sur le monde ? C'est lui qui, conducteur des âmes, les introduit auprès du Seigneur pour contempler sa gloire.

 

Daignez donc, ô Prince admirable, obtenir grâce pour nous , malheureux ; rendez-nous propice celui qui peut tout ; obtenez qu'il nous pardonne. Amen.

 

 

5o8

 

Le Bréviaire des Dominicains nous fournit, à son tour, cette belle Hymne en l'honneur du saint Archange.

 

HYMNE.

 

 

O Robur  Domini, lucide Gabriel !
Quem de principibus signat Emmanuel :
A quo promcruit discere Daniel
Hirci prodigium  feri.

 

 

Tu Vatis precibus curris alacriter,
Monstras  hebdomadum sacrata tempora :
Quæ nos  retherei germine Principis,
Ditabunt bene gaudiis.

 

Baptistæ pariter mira parentibus
Affers a superis lœtaque nuntia,
Quod mater, sterili corpore, pignora
Longævo pariet patri.

 

 

Quod Vates referunt mundi ab origine,
Hoc sacrae veniens tu plene Virgini
Longo mysterium pandis ab ordine,
Verum  quod  pariet Deum.

 

 

Pastores Solymos, inclyte, gaudiis
Implesti, reserans cœlica nuntia :
Et tecum celebrat turba canentium
Nati mysterium  Dei.

 

 

Oranti  Domino nocte novissima,
Dum  sudor  madidum sanguine conficit,
Adstas a superis, ut calicem bibat,
Assensum patris indicans.

 

 

Mentes catholicas, inclyta Trinitas,
Confirma  fidei munere
cœlico :
Da nobis gratiam,  nos quoque gloriam
Per cuncta tibi saecula. Amen.

 

 

Force de Dieu, lumineux Gabriel, toi qu'Emmanuel distingue parmi les princes de la milice céleste, c'est toi qui fus choisi pour dévoiler à Daniel la vision du bouc terrible.

 

A la prière de ce Prophète, tu accours du ciel; tu lui expliques le mystère des semaines  sacrées  qui  doivent enrichir et réjouir la terre, par la naissance du Roi des cieux.

 

C'est toi qui apportes la nouvelle joyeuse et admirable aux parents de Jean-Baptiste ; toi qui révèles qu'une mère stérile donnera un fils à un vieillard cassé par les ans.

 

Ce que les Prophètes annoncèrent dès l'origine du monde, tu viens le manifester pleinement à la Vierge sacrée ; tes paroles développent le mystère, en lui annonçant qu'elle enfantera le vrai  Dieu.

 

C'est toi, auguste Archange, qui combles de joie les pasteurs de Judée, en leur manifestant la céleste nouvelle. La troupe angélique célèbre avec toi le mystère du Dieu qui vient de naître.

 

Lorsque le Seigneur dans la dernière nuit, inondé d'une sueur de sang, souffre l'agonie, tu descends des cieux, tu lui déclares qu'il doit boire le calice, selon la volonté du Père.

 

Daignez, ô Trinité glorieuse, confirmer les cœurs catholiques par le don céleste de la foi ; donnez-nous la grâce, que nous voyions votre gloire dans les siècles sans fin. Amen

 

 

 

510

 

Le genre humain tout entier vous est redevable. o Gabriel! et nous acquittons aujourd'hui sa dette de reconnaissance envers vous. Du haut du ciel, vous considériez avec une sainte compassion nos malheurs: car toute chair avait corrompu sa voie, et l'oubli de Dieu devenait de plus en plus universel sur la terre. C'est alors que vous recevez du Très-Haut la mission  d'apporter  la  bonne nouvelle à ce monde qui allait périr. Qu'ils sont beaux, vos pas,  ô Prince céleste,  lorsque vous vous élancez du séjour de la  gloire vers notre humble demeure !  Qu'il  est tendre et fraternel, votre amour pour l'homme, dont la nature si intérieure à la vôtre va être élevée à l'honneur sublime de l'union avec Dieu  même !  Avec quel respect vous approchez de la Vierge qui surpasse en sainteté toutes les hiérarchies angéliques!

Heureux messager de notre salut, vous que le Seigneur appelle quand il veut déployer la force de son bras, daignez offrir l'hommage de notre gratitude à celui qui vous envoya. Aidez-nous à acquitter notre dette immense envers le Père « qui a tant aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique (1) » : envers le Fils « qui s'est anéanti en prenant la forme d'esclave (2) » ; envers l'Esprit divin « qui s'est reposé sur la Fleur sortie de la tige de Jessé (3) ».

C'est vous, ô Gabriel ! qui nous avez enseigné la salutation que nous devons présenter à « Marie,  pleine de grâce ». C'est du ciel que vous avez apporté ces sublimes paroles; le premier, vous les avez prononcées ; les enfants de l'Eglise qui les ont apprises de vous les répètent par toute la

 

I. JOHAN, m, 16. — 2.  PHILIP, II,  7. — 3. ISAI. XI, 1-2.

 

511

 

terre, le jour et la nuit : obtenez que notre grande Reine les agrée toujours de notre bouche.

Ange de force, ami des hommes, continuez en notre faveur votre auguste ministère. Nous sommes environnés d'ennemis terribles ; notre faiblesse accroît encore leur audace; venez à notre secours, fortifiez notre courage. Assistez les chrétiens, en ce temps de conversion et de pénitence; faitesnous comprendre tout ce que nous devons à Dieu, après cet ineffable mystère de l'Incarnation dont vous fûtes le premier témoin. Nous avons oublié nos devoirs envers l'Homme-Dieu, et nous l'avons offensé: éclairez-nous, afin que nous soyons désormais fidèles à ses leçons et à ses exemples. Elevez nos pensées vers l'heureux séjour que vous habitez; aidez-nous à mériter dans les rangs de votre sublime hiérarchie les places que la défection des mauvais anges a laissées vacantes, et qui sont réservées aux élus de la

terre.

Priez, ô Gabriel, pour l'Eglise militante, et défendez-la contre l'enfer. Les temps sont mauvais ; les esprits de malice sont déchaînés : nous ne pourrions subsister devant eux, sans le secours du Seigneur. C'est par les saints Anges qu'il donne la victoire à son Epouse. Paraissez au premier rang. Archange force de Dieu. Repoussez l'hérésie, contenez le schisme, dissipez la fausse sagesse, confondez la vaine politique, réveillez l'indifférence : afin que le Christ que vous avez annonce règne sur la terre qu'il a rachetée, et que nous puissions chanter avec vous et avec toute la milice céleste : Gloire à Dieu! paix aux hommes !

 

Précédente Accueil Remonter Suivante