MARIE EGYPTIENNE

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FRANCOISE ROMAINE
QUARANTE MARTYRS
GRÉGOIRE LE GRAND
PATRICE
CYRILLE DE JÉRUSALEM
GABRIEL
JOSEPH
BENOÎT
ANNONCIATION
FRANCOIS DE PAULE
ISIDORE
VINCENT FERRIER
MARIE EGYPTIENNE
JEAN DAMASCÈNE
JEAN DE CAPISTRAN

LE IX AVRIL. SAINTE MARIE ÉGYPTIENNE, PÉNITENTE.

 

Un des plus solennels exemples de la pénitence nous est proposé aujourd'hui : la pécheresse Marie d'Egypte vient encourager les fidèles dans la  voie de l'expiation. Coupable  comme  autrefois Madeleine, comme Marguerite de Cortone, mais purifiée par le repentir  et par les œuvres  de  la réparation, elle brille au ciel,  dans les chœurs des Anges. Adorons la toute-puissance  de Dieu qui d'un vase souillé  a su  faire un  vase  d'honneur, et espérons  dans les  richesses de la miséricorde céleste. Toutefois, sachons le comprendre, le pardon n'est accordé qu'au repentir; et le repentir est illusoire s'il ne produit, d'une manière durable, les  sentiments  et les  oeuvres  de  la pénitence. Marie d'Egypte eut le malheur de pécher durant dix-sept années;  l'expiation  dura quarante-sept ans : et  quelle  expiation que celle  du désert, sous un soleil brûlant, sans consolation humaine, au milieu de toutes les privations ! La réconciliation qui nous a été offerte si promptement  après le péché, Marie l'attendit pendant près d'un demi-siècle ; le gage du  pardon que le  Rédempteur a placé dans la participation au mystère d'amour, et qui nous a été livré avec tant de confiance, Marie

 

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ne le reçut, pour la seconde fois, qu'au moment où la mort allait séparer son âme de son corps exténué d'austérités ! Humilions-nous devant la justice de Dieu qui nous demandera compte des grâces dont nous sommes comblés, et efforçons-nous de mériter un jour, par la sincérité de notre pénitence, une place aux pieds de la pécheresse du désert.

 

Nous empruntons aux anciens Bréviaires Romains-Français les Leçons de l'Office de sainte Marie Egyptienne.

 

 

Maria Aegyptia, duodecennis, tempore Justini imperatoris, relictis parentinus, Alexandriam venit, fuitque per annos septemdecim ea in civitate peccatrix. Cum autem Hierosolymam profecta, Calvariæ templum in festo Exaltationis sancta; Crucis ingredi tentasset , ter divinitus repuisa, in atrio coram imagine Deiparae Virginis vovit pœnitentiam , si liceret sibi vivificum Crucis lignum videre et adorare : moxque templum ingressa, vidit et adoravit.

 

 

 

 

 

Inde sumpto tnum panum viatico, perceptaque Eucharistia in oratorio Sancti Johannis ad ripam  Jordanis,   ultra flumen in vastissimam solitudinem recessit. Ibi, consumpto viatico detritisque vestibus, ignota permansit annis quadraginta septem, donec ad torrentem quemdam occurrit ei Zozimas presbyter, a quo obtinuit ut vespere in Coena Domini, in adversam Jordanis ripam afferret sibi Corpus et Sanguinem Domini, quorum participatione tot annos caruerat.

 

 

 

Condicto  die accessit ad  eumdem locum Zozimas, quo et Maria signo crucis impresso super aquas ambulans pervenit; recitatoque  Symbolo et Oratione  Dominica,  ut moris erat, divina dona suscepit ; rursumque precata est Zozimam, ut anno recurrente ad  eumdem torrentem veniret. Qui cum eo accessisset. conspexit corpus cjus jacens in terra, in qua scripta haec legit : Sepeli,  Abba  Zozima. miseras Maris corpusculum; redde  terrae quod suum  est, et  pulveri adjice  pulverem ;  ora tamen  Deum pro me : transeunte mense Pharmuthi,  nocte salutiferae Passionis, post divinae et sacrae Coenae communionem.  Corpori ejus leo adveniens, effossa ungulis terra, paravit sepulcrum.

 

 

Marie Egyptienne quitta ses parents à l'âge de douze ans , au temps de l'empereur Justin, et s'en vint à Alexandrie. Elle se livra au vice, dans cette ville, durant dix-sept années; mais, étant allée à Jérusalem, et ayant essayé d'entrer dans l'église du Calvaire, au jour de l'Exaltation de la sainte Croix, elle se sentit repoussée jusqu'à trois fois, par une force divine. Etant sous le portique, elle fit vœu, devant l'image de la Vierge Mère de Dieu, d'embrasser la pénitence, s'il lui était permis de voir et d'adorer le bois vivifiant de la Croix. Tout aussitôt elle put entrer dans l'église, où elle vit et adora.

 

Ayant ensuite pris pour la route trois pains, et reçu l'Eucharistie dans l'oratoire de Saint-Jean, au bord du Jourdain, elle se retira dans une vaste solitude, au delà de ce fleuve. Ce fut là que, avant consommé ses provisions, et ses vêtements ayant fini par tomber en lambeaux, elle demeura ignorée quarante-sept ans, jusqu'au jour où le prêtre Zozime la rencontra au bord d'un torrent. Elle obtint de lui que, le soir du Jeudi saint, il viendrait sur l'autre rive du Jourdain lui apporter le Corps et le Sang du Seigneur, auxquels elle n'avait pas participé durant tant d'années.

 

Au jour  marqué,  Zozime vint au lieu qui avait été fixé; et Marie, ayant fait le signe de  la croix  sur les eaux, arriva près de  lui. Après la récitation du Symbole et de l'Oraison Dominicale, selon  la coutume, elle reçut les dons divins. Elle pria encore Zozime de revenir l'année suivante près du même torrent. Il y vint et aperçut le corps de Marie étendu par terre ; et  sur le sable étaient écrits ces mots : « Abbé Zozime, ensevelissez le corps de la misérable Marie; rendez à la terre ce qui lui appartient, réunissez la poussière à la poussière ; priez cependant Dieu pour moi. Ceci a été écrit le dernier jour du mois Pharmuthi, en la nuit de la Passion qui a donné le salut, après avoir participé à la sainte et divine Cène. » Un lion arriva près du corps, creusa la terre avec ses griffes et prépara le tombeau.

 

 

 

 

A la louange de notre incomparable pénitente, nous empruntons cette belle Séquence aux anciens Missels d'Allemagne.

 

SEQUENCE.

 

 

Ex Aegypto Pharaonis
In amplexum  Salomonis
Nostri transit filia ;
Ex abjecta fit electa,
Ex rugosa fit formosa,
Ex lebete phiala.

 

Stella maris huic illuxit,
Ad dilectum quam conduxit
Pacis nectens feedera ;
Matre Dei mediante,
Peccatrici, Christo dante,
Sunt dimissa scelera.

 

Vitam ducens haec carnalem,
Pervenit in Jerusalem,
Nuptura Pacifico ;

Hinc, excluso adultero,

Maritatur Sponso vero
Ornatu mirifico

 

Dei templum introire

Dum laborat, mox redire

Necdum digna cogitur;

Ad cor suum revertitur.

Fletu culpa submergitur,
Fletu culpa teritur.

 

Locus desertus quaeritur,
Leviathan conteritur,
Mundus, caro  vincitur,
Domus  patris  postponitur,
Vultus mentis componitur,
Decor carnis spernitur.

 

 

Laetare filia Thanis,
Tuis ornata tympanis,
Lauda quondam  sterilis,
Gaude , plaude ,  casta , munda,
Virtutum prole fœcunda,
Vitis meri fertilis.

 

Te dilexitnoster risus,
Umbilicus  est prrecisus

Tuus continentia :
Aquis  lotam, pulchram totam
Te salivit, te condivit

Sponsi sapientia.

 

Septem  pannis involuta,
Intus tota delibuta

Oleo lætitiae ;
Croco rubens  caritatis,
Bysso  cincta castitatis,
Zona pudicitiae.

 

Hinc hyacintho calciaris,
Dum superna contemplaris,
Mutatis affectibus ;
Vestiris discoloribus,
Cubile vernat floribus

Fragrat aromatibus.

 

O  Maria,  gaude  quia
Decoravit et amavit

Sic te Christi gratia ;
Memor semper peccatorum,
Et cunctorum populorum,
Plaude nunc in gloria.
Amen.

 

 

Du fond de l'Egypte des Pharaons, une fille a été appelée aux honneurs d'épouse de notre Salomon; d'abjecte elle a été élue ; de difforme qu'elle était, elle a éclaté en beauté; le vase vulgaire a paru comme le vase le plus précieux.

 

L'Etoile de la mer a daigné luire sur elle ; c'est elle qui l'a conduite à son bien-aimé, et a serré les nœuds de l'alliance; par la médiation de la Mère de Dieu, la bonté du Christ a remis à la pécheresse tous ses crimes.

 

Esclave d'abord des passions charnelles , elle est entrée en Jérusalem,  celle qui devait être l'épouse du Roi pacifique; ses liens adultères sont brisés; parée avec magnificence, elle  s'unit à l'Epoux céleste.

 

 

Elle cherche d'abord à pénétrer dans le temple de Dieu ; non digne encore, elle s'en voit refuser l'entrée : alors elle rentre en elle-même; ses péchés sont noyés sous ses larmes, les crimes de sa vie passée sont dissous par ses pleurs.

 

Aussitôt elle court se cacher dans le désert; c'est là qu'elle triomphe de Léviathan. là qu'elle remporte la victoire sur le monde et sur la chair; elle y oublie la maison de son père ; et tandis qu'elle sacrifie sa beauté corporelle, la beauté de l'âme se forme en elle.

 

Réjouis-toi, fille de Thanis, sous ta parure nouvelle: chante le cantique de jubilation, toi qui fus si tristement stérile; devenue féconde en vertus, vigne abondante en vin délicieux, triomphe et réjouis-toi devenue chaste et pure.

 

Il t'a aimée, celui qui est notre joie; ta honte a disparu sous le mérite de la continence ; purifiée par l'eau, devenue toute belle, les mains de l'Epoux qui est la Sagesse ont pris plaisir à te parer.

 

 

Tu as reçu les sept voiles ; l'huile de l'allégresse a inondé ton cœur ; l'éclat vermeil de la charité, la robe de la chasteté, la ceinture de la continence : telle est ta parure.

 

 

Ta chaussure est d'azur, à toi qui, par un heureux changement, contemples désormais les choses célestes ; ta robe est éclatante de mille couleurs variées ; ton lit est parsemé de Heurs ; il exhale l'odeur des plus suaves parfums.

 

Réjouis-toi, ô Marie ! car c'est la grâce du Christ, ton céleste amant, qui t'a parée ainsi ; goûte maintenant la gloire et les délices ; mais souviens-toi des pécheurs, et sois propice aux peuples de la terre. Amen.

 

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Vois chantez éternellement, ô Marie, les  miséricordes  du Seigneur; vous remerciez  sa bonté, qui, d'une pécheresse, a fait de vous une élue. Nous le louons avec vous, et nous  lui rendons grâces de ce qu'il a  daigné nous faire voir, par votre  exemple, que,  malgré ses fautes, l'âme repentante peut  non seulement éviter  les feux éternels, mais prétendre encore  aux félicités  du ciel. Qu'elle vous  paraît légère aujourd'hui, ô Marie, cette pénitence de quarante-sept ans, dont La seule pensée accable  notre imagination ! Que sa  durée  est courte en  face de l'éternité ! que ses rigueurs sont douces, comparées aux  tourments de l'enfer ! que sa récompense est magnifique, dans les délices  sans fin que le  Seigneur vous  fait goûter !  Nous  aussi, nous sommes pécheurs ; mais sommes-nous pénitents ?  Aidez notre faiblesse, ô Marie ! Votre  vie, longtemps inconnue au fond du désert, s'est révélée à sa dernière heure, afin que les chrétiens  apprissent à connaître mieux la gravité du péché qu'ils  commettent si facilement, la justice de Dieu dont ils se font trop souvent, dans leur orgueil, une fausse idée, sa bonté qu'ils outragent, sans l'avoir jamais bien comprise. Eclairez-nous, ô Marie ! faites pénétrer en nous les leçons que l'Eglise nous prodigue en ce saint temps ; par vos prières achevez notre conversion ; brisez nos hauteurs, confondez nos lâchetés, apprenez-nous le prix du pardon, et obtenez que nous approchions toujours de la table du Seigneur avec cette componction et cet amour qui parurent en vous, à cette heure fortunée où Jésus vint se donner à vous dans son Sacrement, pour vous enlever ensuite avec lui dans le séjour du repos et des joies sans fin.

 

 

 

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