QUARANTE MARTYRS

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FRANCOISE ROMAINE
QUARANTE MARTYRS
GRÉGOIRE LE GRAND
PATRICE
CYRILLE DE JÉRUSALEM
GABRIEL
JOSEPH
BENOÎT
ANNONCIATION
FRANCOIS DE PAULE
ISIDORE
VINCENT FERRIER
MARIE EGYPTIENNE
JEAN DAMASCÈNE
JEAN DE CAPISTRAN

 

LE X MARS. LES QUARANTE MARTYRS.

 

Le nombre quadragénaire éclate aujourd'hui sur le Cycle ; quarante nouveaux protecteurs se lèvent sur nous, comme autant d'astres pour nous protéger dans la suinte carrière de la pénitence. Sur la glace meurtrière de l'étang qui fut l'arène de leurs combats, ils se rappelaient, nous disent leurs Actes, les quarante jours que le Sauveur consacra au jeûne ; ils étaient saintement fiers de figurer ce mystère par leur nombre. Comparons leurs épreuves à celles que l'Eglise nous impose. Serons-nous, comme eux, fidèles jusqu'à la fin ? La couronne de persévérance ceindra-t-elle notre front régénéré dans la solennité pascale? Les quarante martyrs souffrirent, sans se démentir, la rigueur du froid et les tortures auxquelles ils furent ensuite soumis; la crainte d'offenser Dieu, le sentiment de la fidélité qu'ils lui devaient, assurèrent leur constance. Que de fois nous avons péché, sans pouvoir alléguer en excuse des tentations aussi rigoureuses ! Cependant, le Dieu que nous avons offensé pouvait nous frapper au moment même où nous nous rendions coupables, comme il fit pour ce soldat infidèle qui, renonçant à la couronne, demanda, au prix de l'apostasie, la grâce de réchauffer dans un bain tiède ses membres glacés. Il n'y trouva que la mort et une perte éternelle. Nous avons  été épargnés et réservés pour la miséricorde ; rappelons-nous que la justice divine ne s'est dessaisie de ses droits contre nous, que pour les remettre entre nos mains. L'exemple des Saints nous aidera à comprendre ce que c'est que le mal, à quel prix il nous faut l'éviter, et comment nous sommes tenus à le réparer.

Voici maintenant le récit liturgique, dans lequel l'Eglise nous retrace les principaux traits du coin bat des glorieux Martyrs de Sébaste.

 

 

Licinio imperatore, et Agricolao praeside, ad Sebasten Armenne urbem, quadraginta militum fides in Jesum Christum, et fortitudo in cruciatibus perferendis enituit. Qui saspius in horribilem carcerem detrusi, vinculisque cons-tricti, cum ora ipsorum lapidibus contusa fuissent, hiemis tempore Irigidissimo, nudi sub aperto aere supra stagnum rigens peinoctare jussi sunt, ut frigore congelati necarentur. Una autem erat omnium oratio : Quadraginta in stadium ingressi sumus, quadraginta item, Domine, corona donemur; ne una quidem huic numero desit. Est in honore hic numerus, quem tu quadraginta dierum jejunio decorasti , per quem divina lex ingressa est in orbem terrarum. Elias quadraginta dierum jejunio Deum quaerens, ejus visionem consecutus est. Et hæc quidem illorum erat oratio.

 

 

 

Ceteris autem custodibus somno deditis, solus vigilabat janitor, qui et illos orantes, et luce circumfusos , et quosdam e cœlo descendentes Angelos tamquam a Rege missos, qui coronas triginta novem militibus distribuerent, intuens, ita secum loquebator : Quadraginta hi sunt, quadragesimi corona ubi est? Quæ dum cogitaret, unus ex illo numero, cui animus ad frigus ferendum defecerat, in proximum tepefactum balneum desiliens, Sanctos illos summo dolore affecit. Verum Deus illorum preces irritas esse non est passus: Dam rei eventum admiratus janitor, mox custodibus e somno excitatis detractisque sibi vestibus, ac se christianum esse clara voce professus, Martyribus se adjunxit. Cum vero praesidis satellites janitorem quoque christianum esse cognovissent, bacillis comminuta omnium eorum crura fregerunt.

 

 

 

 

 

 

In eo supplicio mortui sunt omnes praeter Melithonem, natu minimum. Quem cum præsens mater ejus fractis cruribus adhueviventem vidisset, sic cohortata est: Fili paulisper sustine, ecce Christus ad januam siat adjuvans te. Cum vero reliquorum corpora plaustris imponi cerneret, ut in rogum inferrentur, ac tilium suum relinqui, quod speraret impia turba, puerum, si vixisset , ad idolorum cultum revocari posse ; ipso in numeros sublato, sancta mater véhicula Martyrum corporibus onusta strenue prosequebatur; in cujus amplexu Mélithon spiritum Deo reddidit, ejusque corpus in eumdem illum cœterorum Martyrum rogum pia mater injecit : ut qui fide et virtute conjunctissimi fuerant, funeris etiam societate copulati, una in cœlum pervenirent. Combustis illis , eorum reliquia; projectae in profluentem, cum mirabiliter in unum confluxissent locum , salviu et integra; repertœ, honorifico sepulcro conditae sunt.

 

 

 

Sous l'empire de Licinius, Agrieolaiis étant gouverneur de Sébaste, ville d'Arménie, quarante soldats firent éclater leur foi en Jésus-Christ, et leur courage à souffrir les tourments pour son nom. Après avoir été souvent jetés dans une affreuse prison, et avoir eu le visage froissé à coups de pierres, on leur fit passer la nuit sur un étang glacé, nus, exposés à la rigueur de l'air dans le temps le plus âpre de l'hiver, afin qu'ils y mourussent de froid. Là, ils firent tous cette prière: « Seigneur, nous sommes entrés quarante dans la lice; accordez-nous d'être aussi quarante à recevoir la couronne, et que pas un ne fasse défaut à notre société. Ce nombre est en honneur, parce que vous l'avez honore par un jeûne de quarante jours, et parce qu'il fut le terme après lequel la Loi divine fut donnée au monde. Elle aussi,  après

avoir cherché Dieu par un jeune de quarante jours, mérita le bonheur de le contempler. » Telle était leur prière.

 

Ceux qui les gardaient étant endormis, le portier qui veillait seul aperçut, pendant que les Martyrs étaient en prières, une lumière qui les environnait, et des Anges qui descendaient du ciel pour distribuer des couronnes à trente-neuf soldats, comme de la part de leur Roi. A cette vue, il se dit en lui-même: « Ils sont quarante : où donc est la couronne du quarantième ? » Pendant qu'il faisait cette remarque, un de la troupe à qui le courage manqua pour supporter le froid plus longtemps, alla se jeter dans un bain d'eau chaude qui était proche, et affligea sensiblement ses saints compagnons par sa désertion. Mais Dieu ne permit pas que leurs prières demeurassent sans effet ; car le portier, plein d'admiration de ce qu'il venait de voir, s'en alla aussitôt réveiller les gardes; et ayant ôté ses vêtements, il confessa à haute voix qu'il était chrétien, et alla se joindre aux Martyrs . Quand les gardes du gouverneur eurent appris que le portier aussi se déclarait chrétien, ils leur rompirent à tous les jambes à coups de bâton.

 

Ils moururent tous dans ce supplice, hors le plus jeune nommé Mélithon. Sa mère, qui était présente, le voyant encore envie, quoiqu il eût les jambes rompues, l'encouragea par ces paroles : « Mon fils, souffre encore un peu : le Christ est à la porte; il va t'aider de son secours. » Lorsqu'elle vit que l'on chargeait sur des chariots les corps des autres Martyrs pour les jeter dans un bûcher, et qu'on laissait celui de son fils, parce que ces impies espéraient amener le jeune homme au culte des idoles s'il pouvait vivre, cette sainte mère le prit sur ses épaules, et suivait courageusement les chariots qui portaient les corps des Martyrs. Durant le trajet, Mélithon rendit son âme à Dieu dans les embrassements de sa pieuse mère; et elle le jeta dans le même bûcher qui devait consumer les corps des autres Martyrs, afin que ceux qui avaient été si étroitement unis par la foi et le courage le fussent encore après la mort dans les mêmes funérailles, et qu'ils arrivassent au ciel tous ensemble. Le feu ayant dévoré leurs corps, on jeta ce qui était resté dans une rivière; mais on retrouva ces reliques saines et entières dans un même lieu, où elles s'étaient miraculeusement réunies, et on les ensevelit avec honneur.

 

 

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Afin de célébrer plus dignement la mémoire de ces célèbres Martyrs, nous empruntons quelques traits à la Liturgie grecque, qui chante leur gloire avec un saint enthousiasme.

 

(DIE IX MARTII.)

 

 

Generose prœsentia sufferentes, in prœmiis quae sperabant gaudentes, sancti Martyres ad invicem dicebant : Non vestimentum exuimus, sed veterem hominem deponimus ; rigida est hiems, sed dulcis Paradisus ; molesta est glacies, sed jucunda requies. Non ergo recedamus, o commilitones ; paulum sustineamus, ut victoriœ coronas obtineamus a Christo Domino et Salvatore animarum nostrarum.

Fortissima mente martyrium sustinentes , athletae admirandi , per ignem et aquam transivistis, et inde ad salutis latitudinem pervenistis, in haereditatem accipientes regnum cœlorum, in quo divinas pro nobis preces facile, sapientes quadraginta Martyres.

Attonitus stetit quadraginta Martyrum custos coronas aspiciens et, a more hujus vitæ contempto, desiderio gloria tuœ, Domine, quæ illi apparuerat, sublevatus est, et cum Martyribus cecinit : Benedictus es, Deus patrum nostrorum.

Vitae amator miles ad lavacrum currens pestiferum mortuus est ; Christi autem amicus egregius raptor coronarum quæ apparuerant, velut in lavacro immortalitatis, cum Martyribus canebat : Benedictus es, Deus patrum nostrorum.

 

 

 

 

 

Virili praedita pectore, mater Deo arnica, super humeros tollens quem genuerat fructum pietatis, Martyrem cum Martyribus victimam adducit, patris Abrahæ imitatrix. O fili, ad perenniter manentem vitam velocius currens carpe viam, Christi arnica mater ad puer um clamabat. Non fero te secundum ad Deum praemia largientem  pervenire

 

 

Venite, fratres, Martyrum laudibus celebremus phalangem, frigore incensam, et erroris frigus ardenti zelo incendentem ; generosissimum exercitum, sacratissimum agmen, consertis pugnans clypeis, infractum et invictum, defensores fidei et custodes, Martyres quadraginta, divinam choream, legatos Ecclesiæ, potenter Christum deprecantes ut pacem  animis  nostris concedat et magnam misericordiam.

 

Supportant avec générosité les maux présents, remplis de joie à cause de la récompense qu'ils espéraient, les saints Martyrs se disaient entre eux : « Ce n'est pas un vêtement que nous dépouillons, c'est le vieil nomme ; l'hiver est rigoureux, mais le  Paradis est doux; la glace est cruelle, mais le repos est agréable. Ne reculons donc pas, chers compati gnons ; souffrons un peu, afin de recevoir du Christ Seigneur et Sauveur de nos âmes la couronne de victoire. »

Athlètes admirables, vous avez souffert le martyre avec courage ; vous avez passé par le feu et l'eau ; vous êtes arrivés au repos du salut. obtenant pour héritage le royaume des deux : offrez-y pour nous vos saintes prières, quarante Martyrs pleins de sagesse.

Le gardien des quarante Martyrs fut frappé d'étonnement, à la vue des couronnes; il méprisa l'amour de cette vie, il s'éleva parle désir de ta gloire, Seigneur, qui lui était apparue, et il chanta avec  les  Martyrs :

« Tu es béni,  Dieu de nos « pères ! »

Le soldat trop amateur de la vie courut au bain empoisonné, et il y périt ; mais l'ami du Christ, ravisseur généreux de la couronne qui lui était apparue, plongé dans un bain d'immortalité, chantait avec les Martyrs : « Tu es béni, Dieu de nos pères ! »

La mère aimée de Dieu, pleine d'un mâle courage, imitatrice de la foi d'Abraham, portant sur ses épaules le fils qui était le fruit de sa piété, amena le Martyr avec les Martyrs, comme une victime. « Ô mon fils, disait cette mère aimée du Christ à celui qu'elle avait enfanté, cours dans la voie, élance-toi rapidement vers la vie qui dure toujours ; je ne supporte pas que tu arrives le second auprès de Dieu qui donne la récompense. »

Venez, frères, célébrons par nos louanges la phalange des Martyrs, brûlée par la froidure, et consumant par son ardeur le froid de l'erreur ; l'armée généreuse, le bataillon sacré toujours résistant et invincible, combattant sous ses boucliers réunis ; les défenseurs et les gardiens de la foi, le chœur divin des quarante Martyrs, les intercesseurs de l'Eglise, eux dont la prière  est puissante auprès du Christ pour obtenir la paix  à nos  âmes et la grande miséricorde.

 

Vaillants soldats de Jésus-Christ, qui consacrez par votre nombre mystérieux le temps de la sainte Quarantaine, recevez aujourd'hui nos hommages. Toute l'Eglise de Dieu vénère votre mémoire ; mais votre gloire est plus grande encore dans les cieux. Enrôlés dans la milice du siècle, vous étiez avant tout les soldats du Roi éternel ; vous lui avez garde fidélité, et, en retour, vous avez reçu de sa main la couronne immortelle. Nous aussi nous sommes ses soldats; et nous marchons à la conquête d'un royaume qui sera le prix de notre courage. Les ennemis sont nombreux et redoutables ; mais comme vous, nous pouvons les vaincre, si, comme vous, nous sommes fidèles à user des armes que le Seigneur nous a mises entre les mains. La foi en la parole de Dieu, l'espérance en son secours, l'humilité et la prudence assureront notre victoire. Gardez-nous, ô saints athlètes, de tout pacte avec nos ennemis; car, si nous voulions servir deux maîtres, notre défaite serait certaine. Durant ces quarante jours où nous sommes, il nous faut retremper nos armes, guérir nos blessures, renouveler nos engagements ; venez-nous en aide, guerriers émérites des combats du Seigneur ; veillez, afin que nous ne dégénérions pas de vos exemples. Une couronne aussi nous attend; plus facile à obtenir que la vôtre, elle pourrait cependant nous échapper, si nous laissions faiblir en nous le sentiment de notre vocation. Plus d'une fois, hélas ! nous avons semblé renoncer à cette heureuse couronne que nous devons ceindre éternellement ; aujourd'hui  nous  voulons  tout  faire pour nous l'assurer. Vous êtes nos frères d'armes ; la gloire de notre commun Maître y est intéressée ; hâtez-vous, ô saints Martyrs, de venir à notre secours.

 

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