COLOSSIENS VI

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HOMÉLIE VI. DONC, SUIVANT L'INSTRUCTION QUE VOUS EN AVEZ REÇUE, MARCHEZ DANS LA VOIE DU CHRIST ET VIVEZ EN LUI. — ENRACINÉS A LUI, ÉDIFIÉS SUR LUI, APPUYÉS SUR LA FOI, COMME VOUS L'AVEZ APPRIS, CROISSANT DE PLUS EN PLUS DANS LA FOI, AU MILIEU DE CONTINUELLES ACTIONS DE GRACES. (CH. II, 6, 7-15)

 

Analyse.

 

1. Saint Paul attaque les pratiques superstitieuses des juifs et des gentils.

2. Explication des mots: La plénitude de la divinité habite en lui.

3. Dieu a déchiré l'acte de notre condamnation.

4. Régénération par le baptême. Comparaison de l'homme régénéré par le baptême avec l'athlète.

 

1. Il commence par les prendre à témoin, en leur disant : « Suivant l'instruction que vous avez reçue ». Nous ne changeons rien à nos préceptes, leur dit-il; ne changez donc rien à votre conduite. «Continuez à marcher dans sa voie, à vivre en lui » ; c'est lui en effet qui est la voie qui conduit à son Père, et non les anges; car cette voie ne conduit pas au même (133) but. « Enracinés», c'est-à-dire fixes et stables, ne flottant ni à droite, ni à gauche, mais « en« ratinés » , parce que ce qui est enraciné, ce qui a pris racine ne peut être transposé. Voyez comme il emploie toujours le mot propre et comme toutes ses expressions sont bien appliquées ! « Et édifiés sur lui », dit-il, c'est-à-dire, fixant sur lui notre pensée, et « appuyés» sur lui, c'est-à-dire tenant à lui, comme l'édifice tient à sa base. Il montre que leur foi tombait en ruines. C'est ce que signifie le mot « édifiés». C'est que la foi est un édifice qui a besoin d'être bien assis sur des fondements fermes et stables. Si le terrain n'est pas sûr, l'édifice chancelle; si le terrain est sûr, mais si l'édifice n'est pas bien assis, il n'est pas plus solide. « Comme vous l'avez appris ». Autre preuve qu'il ne dit rien de nouveau : « Croissant de plus en plus en cette foi, au milieu de continuelles actions de grâces ». C'est le propre de la reconnaissance non-seulement de rendre grâces, mais de rendre grâces avec effusion, avec plus d'effusion qu'on n'a appris à le faire, s'il est possible, et de tout son tueur. «Prenez garde que quelqu'un ne vous surprenne », preuve qu'il y a par là un voleur, un intrus qui s'introduit en cachette. Et il a raison de parler de surprise. Il y a par là un de ces malfaiteurs qui creusent sous les murailles pour les faire tomber. C'est son intérêt de poursuivre son oeuvre de destruction, sans qu'on s'en aperçoive. «Par la philosophie». Mais, la philosophie étant respectable à ses yeux, il ajoute : « Et par des raisonnements vains et trompeurs ». Il y a des fraudes salutaires dont nous avons plusieurs exemples et qui ne méritent pas le nom de fraudes. C'est celle dont Jérémie est victime, lorsqu'il dit: «Vous m'avez trompé, Seigneur». (Jér. XX, 7.) Ici il n'y a vraiment pas de quoi crier à la fraude. Et la fraude au moyen de laquelle Jacob a surpris son père n'était vraiment pas de la fraude, c'était une trame providentielle. « Par la philosophie», dit-il, et « par des raisonnements vains et trompeurs, selon une doctrine humaine, selon les éléments du monde, et non « selon Jésus-Christ ».

Il blâme ici l'attention superstitieuse dont certains jours étaient l'objet, en parlant des éléments du monde, c'est-à-dire du soleil et de la lune. C'est ainsi qu'il disait dans l'épître aux Galates : «Comment vous tournez-vous vers ces éléments du monde impuissants et défectueux?» (Gal. IV, 9.) Il ne parle pas spécialement de l'observation des jours; il parle en général du monde, pour montrer combien ce monde et à plus forte raison ses éléments ont peu de valeur. C'est après avoir mis sous leurs yeux la multitude des bienfaits de Dieu, qu'il les accuse, pour donner plus de poids à l'accusation par le tableau des bienfaits, et pour convaincre ses auditeurs. C'est la méthode des prophètes; ils montrent les bienfaits de Dieu pour aggraver la faute des pécheurs. Isaïe s'écrie : «J'ai engendré, j'ai exalté des fils, et ils m'ont méprisé ». (Isaïe, I, 2.) Et Michée : « O mon peuple, que t'ai-je fait, quelle douleur, quel chagrin t'ai-je causé?» (Mich. VI, 3.) Et David : « Je t'ai exaucé dans une nuit d'orage ». (Ps. LXXX, 8.) Et dans un autre endroit : « Ouvre la bouche, et je la « remplirai de mes dons». Partout, chez les prophètes, on trouvera cette méthode. Ainsi, quoi que pussent dire les imposteurs, il ne faudrait pas les écouter, et même, tout souvenir des bienfaits de Dieu mis à part, il faut fuir tous les piéges de ces raisonneurs. Lors même en effet que vous pourriez servir deux maîtres, il ne faut pas vous rendre esclaves de ces sophistes. Mais leurs raisonnements ne vous permettent pas de suivre le Christ et vous en détournent. Après avoir battu en brèche les observations superstitieuses des gentils, il attaque victorieusement la superstition des juifs. Car juifs et gentils se livraient à des observations superstitieuses ; seulement, la source de ces observations étaient la loi pour les juifs, la philosophie pour les gentils. Il commence par s'en prendre à ceux chez lesquels il y ale plus à blâmer. Que dit-il? Il parle de ces observations qui n'étaient pas «selon le Christ ». — « C'est en lui, en effet, que toute la plénitude de la divinité habite corporellement (9). Et c'est en lui que vous en  êtes remplis; lui qui est le chef de toute  principauté et de toute puissance (10) ».

2. « Parce que la plénitude de la divinité habite en lui », c'est-à-dire, parce que Dieu habite en lui. Mais n'allez pas croire que Dieu soit renfermé en lui, comme dans un corps. Il dit : « Toute la plénitude de la divinité corporellement. Et c'est en lui que vous en êtes remplis». Il y en a qui prétendent que c'est l'Eglise qui reçoit son accomplissement de la divinité de Jésus-Christ, selon ce que saint Paul dit ailleurs : « Qui accomplit tout en (134) toutes choses». (Eph. I, 33.) Le mot « corporellement » signifie que Jésus-Christ est à l'égard de l'Eglise ce que la tête est à l'égard du corps. Mais pourquoi n'a-t-il pas dit : La plénitude de la divinité qui est l'Eglise? Quelques-uns prétendent que ces mots: « La plénitude de la divinité», désignent le Père: mais c'est à tort, parce que le mot «habiter», ne peut s'appliquer à Dieu, et parce que la plénitude n'est pas ce qui contient, mais ce qui remplit. « La terre et tout ce qui remplit la terre appartient à Dieu», dit le Psalmiste (Ps. XXIII, 1.) « Jusqu'à ce que tontes les nations qui remplissent la terre soient arrivées ». La réunion de toutes les parties, voilà la plénitude. Que veut dire « corporellement!» Comme dans une tête. Pourquoi donc ces mots qui suivent: « Et c'est en lui que vous en êtes remplis? » Que veulent dire ces mots? Que vous n'êtes pas moins bien partagés que lui. Ce qui est venu habiter en lui, est venu habiter en vous. Paul en effet cherche toujours à nous associer au Christ; c'est ce qu'il fait, quand il dit : « Il est ressuscité comme nous et nous a fait asseoir auprès de lui ». (Ephés. II, 6.) « Si nous persévérons, nous régnerons avec lui». (II Tim. II, 12.) « Ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ». (Rom. VIII, 32.) Il va jusqu'à nous donner le nom de cohéritiers du Christ. «Et il est le chef de toute principauté et de toute puissance». (Ibid. 17.) Celui qui est supérieur à tous, celui qui est la source de toute puissance et de toute principauté,. ne nous est-il pas aussi consubstantiel?

Puis il parle des bienfaits du Christ en termes admirables, plus admirables même que dans l'épître aux Romains. Car dans l'épître aux Romains, il dit : « La circoncision est celle du  coeur qui se fait par l'esprit et non selon la lettre». Ici la circoncision se fait «par le Christ ». — « C'est en lui que vous avez été circoncis d'une circoncision, qui n'est pas faite de main d'homme, mais qui consiste « dans le dépouillement du corps des péchés que produit la chair, et qui est la circoncision du Christ (11) » — Voyez comme il serre toujours de près la vérité. Il dit: Le dépouillement « absolu », et non pas « le simple dépouillement». Ce terme «du corps des péchés» fait allusion à l'ancienne vie que menaient les fidèles avant leur conversion. Il tourne et retourne toujours et de mille manières les mêmes idées. C'est ainsi qu'il disait plus haut.

« Qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres et nous a réconciliés avec Dieu qui s'était détourné de nous, afin que nous fussions saints et sans péchés». (Col. I, 13.) Ce n'est plus par le glaive, dit-il, que se fait la circoncision; c'est par le Christ lui-même. Ce n'est pas, comme autrefois chez les Juifs, la main de l'homme, c'est l'esprit qui opère la circoncision; et elle s'opère non sur une partie de l'homme, mais sur l'homme tout entier. Cela est un corps et ceci en est un autre; mais pour le corps du vieil homme, il y a la circoncision charnelle; pour vous, il y a la circoncision spirituelle qui n'a pas lieu comme chez les Juifs; car ce n'est pas de votre chair que vous vous êtes dépouillés, c'est de vos péchés. Quand et comment? Par le baptême. Et ce qu'il appelle circoncision, il l'appelle aussi sépulcre. Voyez comme il justifie ce qu'il vient de dire. Les péchés de la chair, sont ceux dont leur chair s'est rendue coupable. Cette circoncision nouvelle dont il parle est plus qu'une circoncision. Il ne se sont pas bornés à retrancher et à rejeter loin d'eux leurs péchés, ils les ont détruits, ils les ont anéantis.

« Ayant été ensevelis avec vos péchés par le baptême , dans lequel vous avez été aussi ressuscités parla foi que vous avez eue en Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts (12) ». Il n'y a pas là seulement un tombeau ; voyez ce qu'il dit : « Dans lequel vous avez été aussi ressuscités par la foi que vous avez eue en Dieu qui l'a ressuscité d'entre les morts ». Et cela est juste. C'est la foi qui a tout fait. Vous avez cru que Dieu pouvait vous ressusciter et vous êtes ressuscités. Pour prouver que vous aviez raison de croire, il dit : « Qui l'a ressuscité d'entre les morts» ; puis il montre la résurrection baptismale : « Et lorsque vous étiez dans la mort de vos péchés et dans l'incirconcision de votre chair, il vous a fait revivre avec lui ». Car vous étiez soumis à la mort. Et quand même vous seriez morts, votre mort n'eût pas été imméritée. Voyez maintenant ce qu'ajoute saint Paul, pour montrer à ses auditeurs les peines qu'ils avaient méritées.

« Nous pardonnant tous nos péchés, il a effacé la cédule qui s'élevait contre nous par ses décrets, et il l'a détruite en l'attachant à sa croix; et dépouillant les principautés et les puissances, il les a menés hautement en triomphe, à la face du monde (13-15)». — «Nous (135) pardonnant », dit-il, « tous nos péchés ». Lesquels? Ceux qui causaient notre mort. Mais les a-t-il laissés subsister? Non, il les a anéantis. Il ne s'est pas borné à les effacer, il en a détruit jusqu'à la trace. « Par ses décrets ». Par quels décrets? Par la foi. Il suffit donc de croire. Il n'a pas mis les oeuvres à côté des oeuvres, mais la foi à côté des oeuvres. Après avoir parlé de la rémission, l'apôtre parle de l'abolition des péchés. « Et il a détruit la cédule », dit-il, il l'a déchirée violemment, « en l'attachant à sa croix ; dépouillant les « princes et les principautés, il les a menés hautement en triomphe, à la face du monde». Jamais l'apôtre ne s'est élevé à cette hauteur.

3. Vous voyez avec quel soin il a détruit cette cédule. Nous étions tous soumis au péché et au châtiment; il nous a délivrés de l'un et de l'autre, en se soumettant lui-même au supplice de la croix. C'est à cette croix qu'il a attaché la fatale cédule, et il a usé de son pouvoir pour la déchirer. Qu'est-ce que c'était que cette cédule ? Elle attestait peut-être ces promesses faites par les Juifs à Moïse : « Tout ce que Dieu a dit, nous le ferons et nous l'écouterons ». Peut-être témoignait-elle de l'obéissance que nous devons à Dieu. Peut-être encore était-ce un écrit qui se trouvait entre les mains du démon et qui conservait le souvenir de cette parole adressée par Dieu à Adam: « Le jour où tu mangeras du fruit de cet arbre, tu mourras ». (Gen. II, 17.) Cet écrit était donc au pouvoir du démon. Jésus-Christ ne s'est pas contenté de nous le rendre, il l'a déchiré lui-même, comme un créancier qui fait volontiers à son débiteur remise de sa dette. « Dépouillant les principautés et les puissances ». Les puissances de l'enfer, soit que la nature humaine se fût revêtue d'un pouvoir satanique, soit que le Christ trouvant les hommes toujours prêts à employer ces puissances, leur ait ôté l'occasion de s'en servir, en devenant homme. Tel est le sens de ces mots : « Il les a menés hautement en triomphe ». Et le mot est juste ; car jamais le démon ne fut aussi humilié. Il s'attendait à posséder le Christ, et il perdit son empire sur tous les esclaves qu'il possédait, et, par la grâce de ce corps attaché à une croix, les morts ressuscitaient. Ce fut alors que le démon fut blessé, et cette blessure mortelle c'était ce corps mort sur la croix qui la lui faisait. Le démon était l'athlète qui croit avoir frappé son adversaire et qui reçoit lui-même le coup mortel.

C'est encore là une preuve qu'une belle mort, une mort tranquille et courageuse est un moyen d'humilier et de couvrir d'opprobre le démon. Le démon aurait tout fait, s'il l'avait pu, pour persuader aux hommes que le Christ n'était pas mort. La résurrection de Jésus-Christ devait être assez démontrée par les temps à venir, mais sa mort n'eût pu être en aucune façon démontrée, si elle ne l'eût été à l'instant même où elle avait lieu ; voilà ce qui explique pourquoi il est mort sous les yeux de tous, tandis que la même publicité n'a pas entouré sa résurrection; le Christ savait que l'avenir devait en témoigner. Oui, c'est devant le monde entier que le serpenta été écrasé sur la croix, et voilà ce qu'il y a d'admirable. Que n'a pas fait le démon, en effet, pour que le Christ ne mourût pas? Ecoutez Pilate : « Prenez-le », dit-il, « et crucifiez-le vous-mêmes : car je trouve qu'il n'y a aucun motif pour le faire mourir». (Jean, XIX, 6.) Et les Juifs lui disaient : « Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix ». (Matth. XXVII, 40.) Mais la blessure était mortelle; il ne descendit pas et il fut mis dans le tombeau. Il pouvait ressusciter aussitôt; mais il fallait que tout le monde crût à sa mort.

Dans une mort ordinaire on peut ne voir parfois qu'une défaillance. Mais il n'en est pas de même ici. Les soldats ne lui brisèrent pas les jambes, comme ils firent aux autres; il était donc manifeste pour eux qu'il était mort. Et ceux qui l'ensevelirent, firent aussi leur oeuvre, au vu et au su de tout le monde; voilà pourquoi les Juifs s'unissent aux soldats, pour sceller la pierre du sépulcre. Tout le monde travaillait à ce qu'il ne restât pas sur sa mort la moindre nuance de doute. Elle avait eu des témoins chez les ennemis du Christ, chez les Juifs. Entendez-les dire à Pilate : « Ce séducteur a dit qu'il ressusciterait dans trois jours; faites  donc garder le sépulcre ». (Matth. XXVII, 63, 64.) Et c'est ce qu'ils firent. Entendez-les dire ensuite aux apôtres : « Vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme ». (Act. V, 38.) Il n'a pas permis que le supplice de la croix continuât à être un supplice humiliant. Comme les anges n'avaient pas souffert ce supplice, Jésus-Christ voulut faire voir que sa mort avait sauvé le monde, car sa mort fut un duel. La mort frappa le Christ; mais le (136) Christ frappé anéantit bientôt sa mort: le cadavre détruisit la mort qui semblait immortelle, et cela à la face de l'univers. Et ce qu'il y a d'admirable, c'est que Dieu ne confia cette mission à personne et qu'il l'accomplit lui-même. Un autre acte fut donc passé, qui ne ressemblait en rien au premier.

4. Prenez donc garde d'être convaincus par votre propre témoignage, puisque nous avons dit dans ce billet que nous renoncions à Satan et que nous nous attachions à Jésus-Christ. Mais que dis-je? Ce n'est pas là un billet; c'est plutôt un traité et un pacte. Car ce n'est pas là une convention qui contient une peine; il n'y est pas dit: Si telle chose arrive, si telle clause n'est pas remplie. Moïse a parlé comme le Christ en arrosant le peuple du sang sacré, et Dieu, dans cette circonstance aussi, promettait à son peuple la vie éternelle; aux deux époques il y a pacte. Sous l'ancienne loi, il y a pacte entre le serviteur et le maître; sous la nouvelle loi , il y a pacte entre deux amis. « Le jour où vous mangerez de ce fruit », dit Dieu à l'homme, « vous mourrez ». (Gen. II, 17.) Voilà la menace ! Mais aujourd'hui rien de tel. Là, comme ici, l'homme est nu; là, après le péché et à cause du péché; ici, pour être délivré du péché. L'homme des premiers jours est dépouillé de la gloire qu'il avait possédée; l'homme d'aujourd'hui dépouille le vieil homme, avant de s'élever au-dessus de l'humanité, et il dépouille le vieil homme comme on se dépouille d'un vêtement. Il est frotté comme l'athlète prêt à entrer dans la lice. Il reçoit cette onction dès qu'il est né, et non peu à peu, comme le vieil athlète; et non pas seulement sur la tête, comme les anciens pontifes. Autrefois, on vous frottait d'huile la tête, l'oreille droite et la main, pour vous exciter à bien écouter et à bien faire. Mais le nouvel athlète, on lui frotte toutes les parties du corps. Car il ne vient pas seulement s'instruire; il vient combattre et s'exercer à la lutte. Il devient un autre homme. Car en confessant la vie éternelle, il confesse sa métamorphose.

Dieu a pris autrefois un peu d'argile et il a fait l'homme. Aujourd'hui ce n'est plus avec l'argile, c'est avec l'Esprit-Saint que Dieu fait l'homme : oui , c'est l'Esprit-Saint qui crée et façonne l'homme, comme il à créé et façonné le Christ, dans le sein de la Vierge. Il n'est plus question. du paradis terrestre; il est question du ciel. Et, en effet, parce que vous foulez la terre, n'allez pas croire que vous apparteniez à la terre. Vous avez été transporté au ciel. C'est là, c'est au milieu des anges que s'accomplit le mystère. Dieu prend là-haut votre âme entre ses mains, c'est là-haut qu'il la pétrit et qu'il la façonne, et vous êtes là devant son trône royal. Cette âme façonnée et régénérée par l'eau, reçoit le souffle de Dieu qui est en harmonie avec elle. Le nouvel homme, une fois formé, n'est pas livré aux bêtes, mais il est mis en présence des démons et du prince des démons. Alors Dieu dit à l'homme: « Foulez aux pieds les serpents et les scorpions ». Il ne dit plus: «Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance ». (Gen. I, 26.) Mais que fait-il ? Il donne à l'homme la qualité d'enfant de Dieu, d'un de ces enfants qui ne sont pas nés du sang, mais de Dieu même. N'écoutez donc plus le serpent; car tout d'abord on vous apprend à dire : « Je renonce à toi », c'est-à-dire, quels que soient tes discours, je ne t'écouterai pas. Puis, de crainte qu'il n'emploie des instruments pour vous perdre, on ajoute : « Et à tes pompes, et à ton culte et à tes anges ». Dieu ne met plus l'homme au paradis terrestre, pour qu'il fasse du paradis terrestre sa demeure; il lui donne pour domicile le ciel. Car, dès que l'homme s'est élevé jusqu'à ce séjour, il dit aussitôt : « Notre Père, qui êtes aux cieux, que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». (Matth. VI, 9, 10.)

L'enfant ne s'agenouille point pour être sacrifié; il n'y a là ni bûcher ni source. Mais c'est le Seigneur lui-même que vous possédez tout d'abord ; c'est à lui que vous vous unissez, à lui dont vous recevez le baptême, et le Seigneur est placé trop haut, pour que le démon puisse approcher de vous. Il n'y a pas là de femme que le démon puisse tromper, en profitant de sa faiblesse. « Il n'y a là », dit saint Paul, « ni homme ni femme». (Gal. III, 28.) Si vous ne vous abaissez pas à descendre jusqu'au démon, il ne pourra monter jusqu'à vous; car vous êtes au ciel, et le ciel n'est pas ouvert au démon. Il n'y a pas là d'arbre, dont le fruit ait la propriété de faire discerner le bien et le mal ; il n'y a que l'arbre de vie. La femme n'est plus tirée d'une côte de l'homme; nous sommes tous tirés de la côte du Christ. Les hommes qui se frottent avec le suc de certaines plantes n'ont rien à craindre des serpents, et vous non plus vous n'aurez rien à craindre, (137) quand vous aurez reçu cette onction sacrée ; vous pourrez saisir et étouffer le serpent, vous foulerez aux pieds les serpents et les scorpions. Mais à côté de ces dons précieux, il y a un châtiment sévère. Une fois qu'on est tombé du paradis, on ne peut rester en face du paradis, on ne peut retourner dans le séjour d'où l'on est tombé. Qu'a-t-on en perspective alors? la géhenne et un ver rongeur aux replis immenses. Mais à Dieu ne plaise que quelqu'un d'entre nous encoure un pareil supplice ! Menons une vie vertueuse, étudions-nous à faire ce qui est bien, ce qui est agréable aux yeux de Dieu. Oui, rendons-nous agréables à Dieu, pour être à l'abri du châtiment et pour jouir des biens éternels , par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, auquel, conjointement avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, honneur et puissance, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

 

 

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