VENDREDI

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PROPRE DES SAINTS

LE VENDREDI  DE LA SEXAGESIME.

 

Le Seigneur qui châtie la terre par le déluge veut néanmoins rester fidèle à ses promesses. Il a annoncé la défaite du serpent ; mais les temps ne sont pas venus encore ; il faut donc que le genre humain soit conservé jusqu'au jour où la promesse s'accomplira. L'arche reçoit dans son sein le juste Noé et sa famille, et si les eaux vengeresses s'élèvent jusqu'au-dessus des plus hautes montagnes, la demeure fragile, mais sûre, à laquelle ils se sont confiés, plane tranquillement sur les flots. Au jour marqué, ses habitants descendront sur la terre purifiée, et ils entendront encore de la bouche de Dieu cette parole qu'il avait d'abord adressée à nos premiers parents : « Croissez et multipliez, et remplissez la terre.  »

C'est donc à l'arche que le genre humain fut redevable de sa conservation : c'est par elle que Dieu nous sauva tous. Qu'il soit donc béni, ce navire hospitalier, dont le Seigneur lui-même daigna donner le plan, et sur lequel glissèrent, sans y pénétrer, toutes les pluies de sa colère ! Mais si nous devons honorer de nos respects ce bois insensible et vil (1), par lequel les générations humaines furent sauvées, quel ne doit pas être notre amour pour cette autre Arche, dont la première

 

1. Sap. X, 4.

 

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ne fut que la figure, et qui, depuis dix-huit siècles, nous sauve et nous conduit à Dieu ; pour cette Eglise sainte, Epouse du Fils de Dieu, hors de laquelle il n'y a pas de salut, et au sein de laquelle nous trouvons la vérité qui délivre de l'erreur et du doute (1), la grâce qui purifie les cœurs, l'aliment qui les nourrit et les prépare pour l'immortalité !

Arche sacrée, vous êtes habitée, non plus par une seule famille, mais par des membres de toutes les nations qui sont sous le ciel. Vous voguez sur les tempêtes depuis le jour où le pilote vous lança sur la mer de ce monde, et jamais vous n'avez sombré ; et nous savons que vous aborderez à l'éternité, sans que jamais aucun naufrage vienne accuser la prévoyance de celui qui vous aime et pour vous-même et pour le dépôt que vous lui gardez. C'est par vous qu'il repeuple ce monde, qu'il n'a créé que pour ses élus (2) ; « quand il est irrité contre les nommes, il se ressouvient de sa miséricorde (3) », à cause de vous ; car c'est en vous qu'il a fait alliance avec notre race.

Asile de sécurité, gardez-nous au milieu de l'affreux déluge. Au jour où l'Empire profane qui s'était enivré du sang des Martyrs (4) disparaissait sous l'invasion des barbares, la génération chrétienne était en sûreté, à l'ombre de vos flancs maternels. Le torrent qui inondait tout s'écoula peu à peu ; et la génération qui s'était confiée à vous, vaincue selon la chair, devint bientôt victorieuse par l'esprit. Le Sicambre s'humilia devant son esclave, et des peuples nouveaux ayant pour première loi l'Evangile commencèrent leurs brillantes

 

1. JOHAN. VIII, 32. — 2. MATTH. XXIV, 22. — 3. HABAC. III, 2. — 4. Apoc. XVII, 6.

 

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destinées sur la terre même qu'avaient corrompue et que n'avaient pu défendre les Césars.

Lorsque l'inondation sarrasine vint à son tour submerger tant de contrées orientales, menaçant même l'Europe qu'elle eût envahie tout entière, si la vigueur des fils que vous aviez sauvés n'eût refoulé ces hordes barbares, n'est-ce pas dans votre sein, Arche tutélaire, que se sont réfugiés les restes des chrétiens qui, au milieu des scandales et de l'abrutissement dans lesquels le schisme et l'hérésie ont plongé le plus grand nombre de leurs frères, conservent fidèlement le feu sacré ? Sous l'abri que vous leur avez ménagé, ils forment la chaîne non interrompue des témoins de la vérité dans ces régions, jusqu'à ce que le retour de la miséricorde céleste amène des temps meilleurs, et qu'il soit donné à ces nouveaux Sem de se multiplier encore sur cette terre jadis si féconde en fruits de gloire et de sainteté.

Et nous, ô Eglise, avec quel bonheur nous nous sentons portés par vous, et par vous garantis contre les vagues de l'océan de l'anarchie qui monte toujours, et que nos péchés ont déchaîné. Nous supplions le Seigneur, afin qu'il dise à cette mer furieuse : « Tu ne viendras que jusqu'ici, et tu briseras là l'orgueil de tes flots  (1) » ; mais si la divine justice avait résolu de la laisser prévaloir pour un temps, nous sommes assurés d'échapper au fléau. Dans votre sein tranquille, ô Eglise, nous trouvons les vrais biens, les biens spirituels « que les voleurs ne peuvent ravir (2) » ; la vie que vous donnez est la seule vie véritable ; la patrie qui est en vous est l'unique patrie. Oh ! gardez-nous, Arche du Christ ; que nous soyons toujours

 

1. Job. XXXVIII, II. — MATTH. VI, 19.

 

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en vous, avec ceux que nous aimons, « jusqu'à ce que les eaux de l'iniquité se soient écoulées (1) » ! Puis, lorsque la terre purifiée devra recevoir de nouveau la semence divine de la Parole qui produit les enfants de Dieu, ceux que vous n'aurez pas déposés encore sur les rivages éternels, descendront pour rendre à toute âme humaine les principes sacrés de l'autorité et du droit, de la famille et de la société, principes qui sont venus du Ciel, et que vous êtes chargée de conserver et d'enseigner, jusqu'à la

consommation des siècles.

 

1. Psalm. LVI, 2.

 

Nous placerons ici cette belle Oraison du Missel Mozarabe, dans laquelle  l'Eglise  gothique d'Espagne  implorait  si éloquemment la miséricorde de Dieu.

 

(In Dominica V post Epiphaniam.)

 

ORAISON.

 

Exaucez-nous , Seigneur notre Dieu, et, oubliant l'iniquité humaine, daignez ne vous souvenir que de votre miséricorde. Exaucez-nous , nous vous en supplions, vous qui ne souffrez pas le péché, qui prescrivez l'amendement, qui permettez la prière. Votre patience attend notre retour et notre correction ; votre justice nous inspire la crainte du jugement à venir : votre miséricorde nous montre le moyen d'éviter la mort. Que nos offrandes nous fassent trouver grâce devant vos yeux ; accordez pour nos péchés le pardon, pour nos plaies le remède. Que nos soupirs obtiennent votre pitié, nos douleurs la consolation, nos pleurs leur adoucissement. Que nos temps soient tranquilles, nos fonctions honorées, nos vœux exaucés ; que nos demandes méritent leur effet, nos regrets leur consolation, nos paroles sacrées leur résultat mystérieux. Que notre oblation soit féconde en sanctifications ; que nos terreurs s'éloignent devant la sécurité; que notre bénédiction soit fructueuse pour le salut : en sorte que, par l'abondante effusion de votre grâce sur tous, en réjouissant le prêtre, vous consoliez le peuple. Amen.

 

 

 

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