Bienheureux Josaphat CHICHKOV

Nom: CHICHKOV

Prénom: Robert Matthieu

Nom de religion: Josaphat

Pays: Bulgarie

Naissance: 09.02.1884  à Plovdiv

Mort: 11.11.1952  à Sofia

Etat: Prêtre - Assomptionniste  -  Martyr

Note: Noviciat chez les Assomptionnistes en Turquie en 1900. Études à Louvain. Prêtre le 11.07.1909 à Malines (Belgique). Enseigne à Plovdiv, à Varna, à Yambol. Supérieur provincial à Varna. Arrêté en 1951, exécuté en 1952.

Béatification: 26.05.2002  à Plovdiv  par Jean Paul II

Canonisation:

Fête: 13 novembre

Réf. dans l’Osservatore Romano: 2002 n.22 p.7.12-13

Réf. dans la Documentation Catholique:

Notice

Le bienheureux Josaphat Chichkov naît en 1884 à Plovdiv (appelée à l'époque Filippoli) en Bulgarie, au sein d'une famille nombreuse. Ses parents sont de fervents catholiques, appartenant au rite latin. Il reçoit au baptême le nom de Robert- Matthieu. A 9 ans, il entre au petit séminaire assomptionniste de Kara Agatch (près d'Odrin). En 1900, à 16 ans, il fait son noviciat à Fanarachi en Turquie et il reçoit le nom de Josaphat. En 1901 et 1902, il enseigne à Kara Agatch, puis à Varna. Il dirige l'orchestre du collège. De 1904 à 1909, il est à Louvain en Belgique pour ses études théologiques. Il est ordonné prêtre à Malines (Belgique), le 11 juillet 1909.

De retour au pays, il enseigne au collège Saint-Augustin de Plovdiv, puis à celui de Varna. En 1929 il est nommé directeur du petit séminaire Saints Cyrille et Méthode de Yambol. Ouvert à la technique et à la science, il est le premier de la ville à avoir une machine à écrire en caractères cyrilliques, ainsi qu'un 'cinématographe' et un 'gramophone' dont il fait profiter ses jeunes. Il est aussi aumônier militaire et donne des cours de français. C'est un bon prédicateur, un fin musicien et un érudit. Il introduit la dévotion au Sacré-Cœur dans les foyers. Il écrit: "Nous cherchons à faire le mieux possible tout ce qu'on attend de nous afin de nous sanctifier, sans en avoir l'air." (Lettre de 1930) Le Visiteur apostolique, Mgr Angelo Roncalli (le futur Bienheureux Jean XXIII  2, présent en Bulgarie de 1925 à 1934) le connaît très bien car il aime venir se reposer dans son séminaire. En 1937, le Père Josaphat retourne à Varna, où il est nommé supérieur provincial. Il y restera jusqu'à la fin de la guerre 1939-45. A l'arrivée  des communistes, en 1948, lorsque les prêtres étrangers sont contraints de quitter la Bulgarie, il est nommé aussi curé à la paroisse latine de Varna. Arrêté en 1951, il est exécuté en 1952, à l'âge de 68 ans, dans la prison de Sofia, avec les deux autres assomptionnistes, Kamen Vitchev  2  et Pavel Djidjov  2  béatifiés le même jour, et avec Mgr Vincent Bossilkov  2 , béatifié le 15 mars 1998.

 

NOTE SUR LES ASSOMPTIONNISTES EN BULGARIE

Les Augustins de l'Assomption, appelés 'Assomptionnistes', sont fondés en 1850 par le Père d'Alzon. En 1862, le Bienheureux Pie IX, pape missionnaire, déclare au Père d'Alzon: "Je bénis vos œuvres d'Orient et d'Occident."…Alors que les Assomptionnistes n'ont encore rien créé en Orient! Le Père d'Alzon prend cela comme une invitation prophétique à faire quelque chose dans cette direction-là afin que, selon sa devise, "le Règne de Dieu arrive" (Adveniat Regnum tuum) et en 1863 il envoie un Père - un seul - en Bulgarie. C'est le point de départ de la "Mission d'Orient" des Assomptionnistes. Elle prospère car les vocations affluent. Les Assomptionnistes créent petits séminaires et collèges, dont le grand collège Saint-Augustin à Plovdiv, en 1880, où se formera toute l'intelligentsia du pays. En 1900, les lois anti-religieuses en France ont un contrecoup positif en Bulgarie, car beaucoup de religieux contraints de s'exiler arrivent en Bulgarie et parmi eux, beaucoup de prêtres ou de séminaristes prennent goût à la Mission d'Orient. Dans la pensée des fondateurs, l'œuvre d'Orient voulait faciliter le retour à l'unité des orthodoxes bulgares (eux-mêmes connaissaient un mouvement dans ce sens-là). Dès le début ils voulaient aussi susciter un clergé autochtone de rite oriental.

En 1948, les communistes arrivant au pouvoir, les missionnaires étrangers sont chassés et toutes les œuvres sont détruites ou confisquées. (A la fin de son homélie de béatification, Jean Paul II demandera à l'Église bulgare de reconstruire le séminaire) Quant aux religieux et religieuses qui restent au pays, ils sont confinés dans leurs églises et sacristies. (Ainsi une religieuse carmélite, qui a témoigné au procès, a vécu 38 ans enfermée dans le chœur d'une église.) Des prêtres sont emprisonnés. Si les communistes se sont 'intéressés' spécialement à nos trois bienheureux, c'est qu'ils les considéraient comme des chefs de file, étant très connus et influents dans le pays. Ils sont fusillés en 1952. Il a fallu attendre la chute du communisme pour avoir accès aux archives et connaître le lieu approximatif et la date de leur mort, car les communistes avaient peur qu'on vienne les vénérer comme des martyrs: ils ont été exécutés dans la nuit du 11 au 12 novembre 1952, dans la prison de Sofia, en même temps que le bienheureux Vincent Bossilkov  2, évêque passioniste, béatifié en 1998. Si les trois Pères Assomptionnistes ont été béatifiés plus tard que lui, c'est à cause des communistes qui menaçaient, au cas où l'on ouvrirait le procès de béatification, de s'en prendre aux confrères vivant encore dans le pays. Des orthodoxes aussi ont été persécutés pour la même foi au Christ. Il y a là une valeur œcuménique. "Nous sommes unis sur la toile de fond des martyrs. Nous ne pouvons pas ne pas être unis", disait Jean Paul II au Colisée, le Vendredi Saint 1994.