Bienheureux Kamen VITCHEV
Nom:
VITCHEV
Prénom:
Pierre
Nom
de religion: Kamen
Pays: Bulgarie
Naissance:
23.05.1893 à Strem (diocèse de Tracia
(Thrace) - région de Burgas)
Mort: 11.11.1952 à Sofia
Etat: Prêtre - Assomptionniste
- Martyr
Note: Entre chez les Assomptionnistes en 1910. Noviciat à Gemp,
près de Louvain. Études à Louvain. Prêtre en 1921 à Kadiköy (Istanbul). Études
à Strasbourg. Recteur du collège de Plovdiv. Grande activité intellectuelle.
Supérieur du séminaire de Plovdiv en 1948. Arrêté en 1952. Fusillé le 11
novembre 1952.
Béatification:
26.05.2002 à Plovdiv par Jean Paul II
Canonisation:
Fête: 13 novembre
Réf.
dans lOsservatore Romano: 2002 n.22 p.7.12-13
Réf. dans la Documentation Catholique:
Notice
Pierre Vitchev naît en 1893 à Strem
dans le diocèse de Thrace (région de Burgas) en Bulgarie. Ses parents sont de
rite oriental. En 1910 il entre chez les Assomptionnistes et commence son
noviciat à Gemp, près de Louvain (Belgique). Il y reçoit le nom de Kamen. Il
fait profession perpétuelle à Limperzberg et commence ses études théologiques.
Après avoir été professeur au collège assomptionniste de Plovdiv en Bulgarie et
au petit séminaire d'Istanbul en Turquie, il retourne à Louvain en 1920 pour
continuer ses études. En 1921 il est ordonné prêtre à Kadiköy (faubourg
d'Istanbul) et là il enseigne la théologie.
En 1930, après avoir obtenu un
doctorat de théologie à Strasbourg, il revient au pays et on le retrouve au
collège de Plovdiv dont il devient le recteur. Il y restera jusqu'en 1948. Il
déploie une grande activité intellectuelle, écrivant des articles dans la revue
"Echo d'Orient" et dans celle d'"Istina" dont il est le
directeur (et qui existe encore) ainsi que des articles scientifiques dans
d'autres revues. C'est un spécialiste du rite byzantin. Il est passionné pour
la cause de l'unité entre orthodoxes et catholiques, et dans son collège règne
une parfaite harmonie entre les élèves catholiques, orthodoxes et musulmans.
Lorsque les communistes arrivent en
1948, le collège est fermé. Le Père Kamen est nommé supérieur du séminaire de
Plovdiv et vicaire provincial des Assomptionnistes bulgares. Ecrivant à son
Supérieur général, il l'informe que le rideau de fer devient de plus en plus
opaque; il prévoit que les prêtres catholiques seront bientôt poursuivis et il
conclut en disant: "Obtenez-nous par la prière la grâce d'être fidèles au
Christ et à l'Église dans notre vie quotidienne, afin d'être dignes de lui
rendre témoignage quand viendra le moment." Il est arrêté en 1952 et
condamné à mort comme 'espion' et 'conspirateur'. Ils sont 40 condamnés et il
est en tête de liste comme organisateur du 'complot'. Ils sont fusillés dans la
nuit du 11 au 12 novembre 1952, à Sofia.
NOTE SUR LES ASSOMPTIONNISTES EN
BULGARIE
Les Augustins de l'Assomption, appelés
'Assomptionnistes', sont fondés en 1850 par le Père d'Alzon. En 1862, le
Bienheureux Pie IX, pape missionnaire, déclare au Père d'Alzon: "Je bénis
vos uvres d'Orient et d'Occident."
Alors que les Assomptionnistes n'ont
encore rien créé en Orient! Le Père d'Alzon prend cela comme une invitation
prophétique à faire quelque chose dans cette direction-là afin que, selon sa
devise, "le Règne de Dieu arrive" (Adveniat Regnum tuum) et en 1863
il envoie un Père - un seul - en Bulgarie. C'est le point de départ de la
"Mission d'Orient" des Assomptionnistes. Elle prospère car les
vocations affluent. Les Assomptionnistes créent petits séminaires et collèges,
dont le grand collège Saint-Augustin à Plovdiv, en 1880, où se formera toute
l'intelligentsia du pays. En 1900, les lois anti-religieuses en France ont un
contrecoup positif en Bulgarie, car beaucoup de religieux contraints de
s'exiler arrivent en Bulgarie et parmi eux, beaucoup de prêtres ou de
séminaristes prennent goût à la Mission d'Orient. Dans la pensée des
fondateurs, l'uvre d'Orient voulait faciliter le retour à l'unité des
orthodoxes bulgares (eux-mêmes connaissaient un mouvement dans ce sens-là). Dès
le début ils voulaient aussi susciter un clergé autochtone de rite oriental.
En 1948, les communistes arrivant au
pouvoir, les missionnaires étrangers sont chassés et toutes les uvres sont
détruites ou confisquées. (A la fin de son homélie de béatification, Jean Paul
II demandera à l'Église bulgare de reconstruire le séminaire) Quant aux
religieux et religieuses qui restent au pays, ils sont confinés dans leurs
églises et sacristies. (Ainsi une religieuse carmélite, qui a témoigné au
procès, a vécu 38 ans enfermée dans le chur d'une église.) Des prêtres sont
emprisonnés. Si les communistes se sont 'intéressés' spécialement à nos trois
bienheureux, c'est qu'ils les considéraient comme des chefs de file, étant très
connus et influents dans le pays. Ils sont fusillés en 1952. Il a fallu
attendre la chute du communisme pour avoir accès aux archives et connaître le
lieu approximatif et la date de leur mort, car les communistes avaient peur
qu'on vienne les vénérer comme des martyrs: ils ont été exécutés dans la nuit
du 11 au 12 novembre 1952, dans la prison de Sofia, en même temps que le
bienheureux Vincent Bossilkov, évêque passioniste, béatifié en 1998. Si les
trois Pères Assomptionnistes ont été béatifiés plus tard que lui, c'est à cause
des communistes qui menaçaient, au cas où l'on ouvrirait le procès de
béatification, de s'en prendre aux confrères vivant encore dans le pays. Des
orthodoxes aussi ont été persécutés pour la même foi au Christ. Il y a là une
valeur cuménique. "Nous sommes unis sur la toile de fond des martyrs.
Nous ne pouvons pas ne pas être unis", disait Jean Paul II au Colisée, le
Vendredi Saint 1994.