I TIMOTHÉE II

Précédente Accueil Remonter Suivante

Accueil
Remonter
PRÉFACE
I TIMOTHÉE I
I TIMOTHÉE II
I TIMOTHÉE III
I TIMOTHÉE IV
I TIMOTHÉE V
I TIMOTHÉE VI
I TIMOTHÉE VII
I TIMOTHÉE VIII
I TIMOTHÉE IX
I TIMOTHÉE X
I TIMOTHÉE XI
I TIMOTHÉE XII
I TIMOTHÉE XIII
I TIMOTHÉE XIV
I TIMOTHÉE XV
I TIMOTHÉE XVI
I TIMOTHÉE XVII
I TIMOTHÉE XVIII
II TIMOTHÉE I
II TIMOTHÉE II
II TIMOTHÉE III
II TIMOTHÉE IV
II TIMOTHÉE V
II TIMOTHÉE VI
II TIMOTHÉE VII
II TIMOTHÉE VIII
II TIMOTHÉE IX
II TIMOTHÉE X

HOMÉLIE II. LA FIN DU PRÉCEPTE EST LA CHARITÉ QUI PART D'UN COEUR PUR, D'UNE BONNE CONSCIENCE ET D'UNE FOI SINCÈRE; MAIS QUELQUES-UNS S'EN SONT ÉCARTÉS POUR S'ÉGARER EN DE VAINS DISCOURS, VOULANT ÉTRE DOCTEURS DE LA LOI ET NE COMPRENANT NI CE QU'ILS DISENT NI L'OBJET DE LEURS AFFIRMATIONS. (I, 5-7 JUSQU'A 11.)

 

Analyse

 

1. D'où viennent les hérésies. — Usage qu'il faut faire de la loi.

2. Saint Chrysostome voit dans les versets 9 et 10, où se trouvent énumérés les plus grands crimes, une allusion aux Juifs. —En quoi consiste la vraie gloire.

3. Vanité de la parure. — Bonne odeur de la vertu, infection du péché. — Quelle est la vraie volupté.

 

1. Rien n'est si funeste au genre humain que de mépriser la charité au lieu de la pratiquer avec zèle; rien n'est si efficace pour la rectitude de la vie que de s'efforcer d'atteindre à cette vertu. Le Christ nous l'enseigne, quand il nous dit: « Si deux d'entre vous unissent leur  prière pour le même objet, tout ce qu'ils demanderont, ils l'obtiendront». (Matth. XVIII, 19.) Et encore : « Lorsque l'iniquité sera abondante, la charité se refroidira ». (XXIV, 12.) C'est là l'origine de toutes les hérésies. C'est parce qu'on n'aimait pas ses frères qu'on est devenu jaloux de leur bonne renommée; cette jalousie a produit l'amour de la domination, et celui-ci toutes les hérésies. Aussi Paul, après avoir dit à Timothée « de prescrire à certains hommes de ne point enseigner une autre doctrine », lui enseigne comment il y pourra réussir. Et quel est ce moyen ? La charité. De même que, lorsqu'il dit : « Le Christ est la fin de la loi » (Rom. X, 4), il veut dire son accomplissement, qui ne peut être obtenu sans le Christ; de même le précepte ne peut s'accomplir sans la charité. La fin de la médecine, c'est la santé; quand on la possède, on n'a pas besoin de soins extraordinaires; de même quand on possède la charité, on n'a pas besoin de beaucoup de préceptes. Et de quelle charité parle l'apôtre ? De celle qui est véritable et ne s'en tient pas aux paroles, mais réside dans le sentiment de l'âme et le partage des souffrances. Celle qui part d'un coeur pur, dit l'apôtre; voulant dire d'une conduite droite ou d'une affection légitime; car une (279) vie qui n'est point pure produit des divisions. « Quiconque fait le mal, hait la lumière ». (Jean, III, 20.) Il y a en effet aussi une amitié entre les méchants; les brigands aiment les brigands, les meurtriers aiment les meurtriers; celle-là ne part point d'une bonne conscience, mais d'une mauvaise; non d'un coeur pur, mais d'un coeur impur; elle ne part point d'une foi sincère. La foi enseigne le vrai; une foi véritable fait naître la charité; car celui qui croit véritablement en Dieu ne peut perdre la charité.

«Quelques-uns», continue le texte, s'en sont a écartés pour s'égarer en de vains discours ». Oui, ils se sont égarés , car il faut être habile pour choisir la direction vraie et ne pas se détourner du but, en sorte qu'on se laisse diriger par l'Esprit ; beaucoup d'impulsions nous écartent du véritable but, et il faut avoir toujours en vue le terme unique. « Voulant», continue l'apôtre, « être docteurs de la loi ». Vous voyez ici une autre cause de ce désordre, l'amour de la domination. C'est pourquoi le Christ a dit: « Vous ne vous ferez point appeler rabbi ». (Matth. XXIII, 8.) Et l'apôtre à son tour : « Ils n'observent point eux-mêmes la loi, mais veulent se glorifier dans votre chair ». (Gal. VI, 13.) Ils désirent être honorés, et à cause de cela ne considèrent point la vérité. « Ne comprenant ni ce qu'ils disent, ni l'objet de leurs affirmations ». L'apôtre les accuse ici de ne point connaître le but de la loi, et de ne point savoir jusqu'à quel temps elle devait régner. Mais, me dira-t-on, si leur conduite vient d'ignorance, comment dites-vous qu'ils pèchent? C'est que leur faute vient non-seulement de ce qu'ils veulent être docteurs de la loi , mais encore de ce qu'ils ne conservent pas la charité , et que de là résulte l'ignorance. En effet, quand l'âme se donne aux objets charnels, sa vue se paralyse ; jetée hors de la charité, elle tombe dans une jalousie querelleuse, et désormais l'oeil de son intelligence est éteint. Celui qui se laisse posséder par le désir des choses temporelles, s'enivre de sa passion et ne saurait être le juge intègre de la vérité. — « Ils ne connaissent point ce qu'ils affirment ». Sans doute ils débitaient de vaines paroles au sujet de la loi, et s'étendaient en longs discours sur les cérémonies purificatoires et les autres observances matérielles.

Sans s'arrêter à démontrer que ces observances n'étaient que les ombres des préceptes spirituels et de simples figures, l'apôtre aborde un sujet plus digne d'attrait. Et quel est-il? C'est l'éloge de la loi, par laquelle il entend ici le décalogue, dont il a séparé les observances légales. Car si les violateurs de celles-ci, qui sont inutiles aux. chrétiens, ont encouru des châtiments, combien plus ceux du décalogue. « Nous savons», dit-il, « que la loi est bonne, si l'on en fait un usage légitime en sachant qu'elle n'est pas faite pour le juste (8, 9) ». La loi, dit-il, est bonne, et elle n'est pas bonne. Quoi ! si l'on en fait un usage illégitime, la loi cesse-t-elle d'être bonne? Non, elle l'est toujours; mais voici ce- que veut dire l'apôtre : Il la déclare bonne lorsqu'on l'accomplit par les oeuvres. Tel est ici le sens de ces mots: « Si l'on en fait un usage légitime». Mais l'interpréter en paroles et la violer dans sa conduite, c'est là en faire un usage illégitime ; ils en usent, mais non pour leur avantage. Il y a encore quelque chose à ajouter, c'est que si vous faites de la loi un usage légitime, elle vous conduit à Jésus-Christ. Le but de la loi en effet étant de justifier l'homme, et la loi ne le pouvant faire par elle-même, elle conduit à celui qui en a la puissance. Et l'on fait de la loi un usage légitime, lorsqu'on l'observe par surcroît. Et comment cela? De même qu'un cheval obéit au frein de la façon la plus convenable, s'il ne se cabre ni ne mord, mais s'il ne le porte que pour la forme; de même l'homme qui fait de la loi un usage légitime est celui qui ne doit pas sa conduite sage à la lettre de la loi. Et quel est-il? C'est celui qui sait qu'il n'a pas besoin d'elle. Car celui qui s'efforce d'arriver à une si haute vertu, que la rectitude de sa conduite soit due , non à la crainte que la loi inspire, mais à la vertu même, celui-là fait de la loi un usage légitime et sûr; agir sans craindre la loi, mais en ayant devant les yeux le jugement de Dieu et le châtiment, c'est faire un bon usage de la loi. L'apôtre appelle ici « juste » celui qui pratique la vertu. Celui-là fait un excellent usage de la loi, qui veut être formé par un autre que par elle.

2. De même en effet que l'on met la ponctuation dans les écritures à l'usage des enfants, mais que celui qui la supplée dans les écritures où elle n'est pas mise est en possession d'une science plus haute et sait mieux faire usage des lettres; de même celui qui est  (280) au-dessus de la loi n'est pas instruit par elle. Celui qui l'accomplit, non par crainte, mais par un désir plus ardent de la vertu, celui-là l'exécute mieux. Car celui qui craint la peine et celui qui désire l'honneur n'accomplissent pas la loi de la même façon; on ne petit assimiler celui qui est sous la loi et celui qui est au-dessus de la loi; vivre au-dessus de la loi, c'est en faire un usage légitime. Celui-là en fait un excellent usage et l'observe, qui fait plus que la loi ne prescrit, et qui ne se fait pas le disciple de la loi. Car, en général, la loi défend le mal, mais cela ne suffit pas pour être juste; il y faut joindre la pratique du bien. En sorte que ceux qui ne s'abstiennent du mal que par une crainte servile n'accomplissent point le but de la loi. Comme elle est faite pour réprimer la prévarication, ils font bien usage de la loi, mais seulement dans la crainte du châtiment. « Voulez-vous », dit l'Ecriture, « ne pas craindre le pouvoir? Faites le bien » (Rom. XIII, 3); c'est-à-dire, qu'elle ne dénonce le châtiment qu'aux méchants; mais celui qui mérite des couronnes, à quoi bon une loi pour lui? Le médecin est utile au blessé, non à celui dont la santé est bonne et satisfaisante.

« La loi », continue l'apôtre, « est faite pour les injustes et les insubordonnés , les impies et les pécheurs (9) ». Par les injustes et les insubordonnés, il entend les Juifs. « La loi », dit-il ailleurs, « opère la colère ». (Rom. IV, 15.) Qu'a cela de commun avec celui qui mérite l'honneur? « Par la loi, le péché est reconnu ». (Ib. III, 20.) Qu'a cela de commun avec le juste ? Comment donc la loi n'est-elle pas faite pour lui ? Parce qu'il n'est pas soumis au châtiment, et parce qu'il n'attend pas qu'elle lui enseigne ce qu'il doit faire, ayant au dedans de lui-même la grâce de l'Esprit qui l'inspire. Car la loi a été donnée pour réprimer par la crainte et les menaces. Mais il n'est pas besoin de frein pour un cheval qui se laisse aisément conduire, ni d'instruction pour celui qui n'en manque pas. « Pour les injustes et les insubordonnés, les impies et les pécheurs, les scélérats et les hommes souillés, les meurtriers de leur père ou de  leur mère (9) ». L'apôtre ne s'est pas borné là dans l'indication des péchés, mais il les a parcourus en détail, afin de faire rougir ceux qui sont sous la loi. Et derrière cette énumération, il y a une allusion facile à saisir. De qui veut-il donc parler? Des Juifs. Les meurtriers de leur père et de leur mère, ce sont eux. Les hommes souillés, les impies, ce sont eux. Ce sont eux que l'apôtre a en vue lorsqu'il dit : « Pour les impies, pour les pécheurs ». Puisqu'ils étaient tels, il fallait bien que la loi leur fût donnée. Dites-moi, en effet, n'adoraient-ils pas continuellement des idoles? Ne voulaient-ils pas lapider Moïse? Leurs mains n'étaient-elles pas souillées du meurtre de leurs frères? Les prophètes ne leur font-ils pas sans cesse ces reproches? Tout cela est étranger à ceux dont la pensée est dans le ciel.

« Les parricides, les meurtriers, les fornicateurs, les hommes coupables de désordres contre nature, les vendeurs d'hommes libres, les menteurs, les parjures, et tout ce qui peut encore être contraire à la saine doctrine (9, 10, 11) » : c'étaient là toutes les passions des âmes corrompues. « Doctrine qui est conforme », dit-il, « à l'Evangile de la gloire du Dieu bienheureux; et cet Evangile m'a été confié (11) ». En sorte que maintenant encore la loi est nécessaire pour l'affermissement de l'Evangile; mais non à ceux qui croient. Si l'apôtre l'appelle Evangile de gloire, c'est ou bien en vue de ceux qui en rougissent à cause des persécutions et de la passion du Christ, et spécialement parce que la passion du Christ et les persécutions sont une gloire; ou bien pour exprimer mystérieusement l'avenir. Car si l'époque présente est remplie d'opprobres et d'outrages, il n'en sera pas de même de l'avenir, et « l'Evangile » a pour objet l'avenir plutôt que le présent. Comment donc l'ange a-t-il dit : « Voilà que je vous évangélise qu'il vous est né un Sauveur ? » (Luc, XI, 10, 11.) Le Sauveur « est « né », mais il « sera » Sauveur, car il n'a pas fait ses miracles à sa naissance. — « Conforme « à l'Evangile de la gloire du Dieu bienheureux ». Par « gloire » il entend l'adoration de Dieu, et nous dit que si le temps présent est. rempli de sa gloire, le temps à venir le sera bien davantage; « quand ses ennemis seront mis sous ses pieds » (I Cor. XV, 25), lorsqu'il n'y aura plus d'opposition à sa gloire et que les justes verront ce bonheur « que l'œil n'a point vu, que l'oreille n'a point entendu, et qui n'a point pénétré dans le coeur de l'homme ». (Ib. II, 9.) « Je veux », dit l'Evangile, « que, là où je suis, ils soient (281) aussi, afin qu'ils contemplent la gloire que vous m'avez donnée ». (Jean, XVII, 24.) Apprenons quels sont ceux-là, afin que nous les félicitions d'être destinés à jouir, de tels biens, à participer à une telle gloire et à une telle lumière! Car ici-bas la gloire est vaine et instable; si longtemps qu'elle dure, elle ne peut durer plus que nous, elle s'évanouit donc bientôt. « Sa gloire », dit l'Ecriture, « ne descendra pas avec lui dans la tombe » (Ps. XLVIII, 18); et pour beaucoup elle n'a pas même duré jusqu'au terme de leur vie. Mais, pour la gloire céleste, on ne peut rien soupçonner de tel; bien au contraire, elle demeure et n'aura jamais de fin. Car ces dons divins sont permanents, supérieurs au changement et à la mort. Alors la gloire ne vient plus des choses extérieures, mais elle a son siège en nous-mêmes, elle ne provient plus des vêtements somptueux, de la foule des serviteurs, des chars qui nous portent; l'homme est revêtu d'une gloire indépendante de tout cela. Ici, quand il est privé de ces insignes, il est dépouillé de sa gloire : c'est ainsi qu'aux bains tous sont également nus, gens illustres et gens obscurs et misérables. C'est un danger que beaucoup ont couru, même sur les places publiques, lorsque pour quelque nécessité leurs serviteurs s'éloignaient d'eux. Mais le bienheureux n'est plus nulle part séparé de sa gloire. De même que les anges, quelque part qu'ils se montrent, portent leur gloire en eux-mêmes, ainsi en est-il des saints. Le soleil n'a pas besoin de vêtement; il n'a pas besoin d'un autre soleil, mais, dès qu'il paraît, il fait reluire sa gloire; ainsi en sera-t-il dans le ciel.

3. Poursuivons donc cette gloire, digne de la plus haute vénération ; renonçons à l'autre qui est ce qu'il y a de plus vain. « Ne vous enorgueillissez pas », dit l'Ecriture, « des vêtements qui vous couvrent ». (Ecclésiast. XI, 4.) Voilà ce qu'a dit aux insensés la sagesse d'en-haut. En effet, le danseur, la courtisane, l'acteur, ne sont-ils pas vêtus avec plus de grâce et de richesse que vous? Et, quand il n'en serait pas ainsi, comment vous enorgueillir d'un objet que les vers peuvent vous ravir, s'ils s'y attachent? Vous voyez donc combien est instable la gloire de la vie présente. Vous vous enorgueillissez d'une chose qu'un insecte produit et qu'un insecte dévore. On dit en effet que ces fils sont l’oeuvre de petits animaux de l'Inde (1) . Acquérez un vêtement, si vous le voulez, mais un vêtement qui soit tissu dans le ciel , un ornement vraiment digne d'admiration et de gloire, un costume dont l'or soit véritablement pur. Cet or n'est point arraché des mines par les mains des condamnés, mais il est le produit de la vertu. Revêtons-nous de cette robe qui n'est pas, l'oeuvre des pauvres et des esclaves, mais du souverain Maître lui-même. Mais quoi ! L'or est-il répandu sur ce vêtement? Et que vous importe? Ce que chacun admire dans votre costume, c'est l'art de l'ouvrier et non vous qui le portez, et c'est l'ouvrier seul qui le mérite. Pour les vêtements simples, nous n'admirons pas le morceau de bois sur lequel on les a étendus chez le foulon ; nous ne faisons cas que de l'ouvrier lui-même; et cependant le bois porte le vêtement et sert à le maintenir: de même une femme parée (2) ne sert qu'à donner de l'air à ses vêtements, pour que les vers ne les dévorent pas.

Comment donc en vient-on à cet excès de folie que, pour un objet qui n'est rien, l'on montre une telle passion, on soit prêt à tout faire, on trahisse le soin de son salut, on méprise l'enfer, on outrage Dieu, on oublie la pauvreté du Christ? Que dire de cette abondance de parfums, fournis par l'Inde, l'Arabie et la Perse, secs et liquides ; essences et parfums à brûler, pour lesquels on fait une dépense si grande et si inutile? Femme, pourquoi parfumez-vous un corps qui au dedans est rempli d'impureté? Pourquoi tant de frais pour un objet infect? C'est comme si vous jetiez un parfum sur de la boue ou du baume sur une misérable argile? Il est, si vous voulez l'acquérir, un parfum, un aromate, dont vous pouvez embaumer votre âme; on ne le tire point de l'Arabie, de l'Ethiopie, ni de la Perse, mais il descend du ciel lui-même; on ne l'achète point au prix de l'or, mais par la bonne volonté et la foi sincère. Procurez-vous ce parfum, dont l'odeur peut remplir la terre entière. C'est lui que respiraient les apôtres. « Nous sommes un parfum d'agréable odeur », dit l'apôtre, « aux uns pour la mort, aux autres pour la vie ». (II Cor. 11, 15, 16.) Que veulent dire ces paroles ? C'est que, dit-on , une odeur agréable suffoque les porcs. Ce

 

1. Il s'agit évidemment de la soie : dans la géographie très-imparfaite de cette époque, l'Inde se dit pour l'extrême Orient.

 

2. Texte obscur et peut-être altéré.

 

282

 

n'était pas seulement le corps des apôtres, mais leurs vêtements qui respiraient le parfum spirituel. Des vêtements de Paul sortait une émanation si noble qu'elle chassait les démons. Le laser, la cannelle et la myrrhe peuvent-ils rivaliser avec le charme et l'avantage d'un tel parfum? S'il chassait les démons, que ne pouvait-il pas faire?

Procurons-nous cet aromate; c'est la grâce de l'Esprit qui nous le donne par sa miséricorde. Nous le respirerons, sortis de ce monde; et comme, sur la terre, ceux qui sont parfumés attirent l'attention de tout le monde; comme au bain, à l'église et dans toutes les réunions nombreuses, où une toilette exhale cette odeur, chacun s'en rapproche ou se tourne vers elle; de même , dans l'autre monde, lorsqu'une âme se présente, respirant la bonne odeur spirituelle, chacun se lève et s'écarte pour lui faire honneur. Ici les démons et les vices n'ont ni le courage ni la force de s'en approcher : ils sont suffoqués. Couvrons-nous de cet aromate. L'autre nous vaut la réputation d'hommes efféminés; celui-là d'hommes courageux et admirables; il nous procure une mâle indépendance. Ce n'est point la terre qui le donne, c'est la vertu qui le produit; il ne se dessèche point, il fleurit; il rend dignes d'honneur ceux qui le possèdent. Nous en sommes enduits au baptême; nous exhalons alors une odeur suave. Mais le respirer aussi durant le reste de notre vie, cela dépend de notre vertu. C'est pour cela que dans l'antiquité les prêtres étaient oints de parfums, comme symbole de la suave odeur de la vertu que doit exhaler le prêtre.

Mais rien n'est plus infect que le péché. Voyez comment le prophète en décrit la nature, quand il dit :  « Mes blessures sont infectes et corrompues ». (Ps. XXXVII, 6.) Et réellement le péché est pire et plus infect que la pourriture. Qu'y a-t-il, dites-moi, de plus infect que la fornication? Si cette odeur ne se sent pas dans la perpétration du péché, essayez après, c'est alors que vous sentirez l'infection, que vous apercevrez l'impureté, la souillure, l'abomination. Il en est ainsi de tous les péchés : avant qu'ils soient commis, ils nous offrent quelque attrait; après qu'ils sont consommés, le plaisir cesse et se flétrit, la dou. leur et la honte en prennent la place. Pour la justice, il en est tout au contraire; elle im. pose d'abord quelque peine, mais ensuite elle apporte la joie et le repos. Et, même dans le péché, le plaisir n'est pas un plaisir, quand il attend la honte et le châtiment; dans la justice, la peine n'est plus une peine, par l'espoir de la récompense.

Qu'est-ce que l'ivrognerie, dites-le-moi? Ne trouve-t-elle pas du plaisir uniquement dans l'acte de boire, ou plutôt pas même dans cet acte ? Lorsque l'ivrogne est tombé dansun état d'insensibilité et ne voit rien de ce qui l'entoure, mais gît ravalé au-dessous de l'insensé, quel plaisir lui reste-t-il ? La débauche ne procure pas même une satisfaction momentanée; car, quand l'âme maîtrisée par sa passion a perdu le jugement , quelle joie peut-elle éprouver ? Si elle en éprouve, ce n'est qu'une démangeaison. La vraie joie est celle de l'autre vie, où l'âme n'est plus tourmentée et déchirée par les passions. Est-ce de la joie que de grincer des dents, de rouler les yeux, d'éprouver l'agitation et la chaleur de la fièvre? C'est si peu la joie que nous nous empressons de nous en débarrasser et qu'après l'accès de la passion nous souffrons encore. Si c'est la joie, ne vous en débarrassez point, conservez-la. Vous voyez bien qu'elle n'en a que le nom. Mais le bonheur du chrétien n'est point tel; il est véritable, ce n'est point un plaisir fiévreux; il donne la liberté à l'âme, elle en est charmée et se fond de plaisir. Telle était la joie de Paul quand il disait: a En cela a je me réjouis et me réjouirai encore ». (Phil. I, 18.) — Et plus loin : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ». (Ib. IV, 4.) L'autre joie entraîne la honte et la condamnation; elle ne se produit qu'en secret, et est remplie de mille dégoûts. celle-ci est franche de toutes ces peines. Poursuivons-la donc afin d'obtenir les biens futurs, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec qui soient au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, à présent et toujours, et aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Haut du document

 

 

 Précédente Accueil Remonter Suivante