NAZAIRE

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LE XXVIII JUILLET. LES SS. NAZAIRE, CELSE ET VICTOR, MARTYRS, ET SAINT  INNOCENT,  PAPE  ET CONFESSEUR.

 

La gloire de l'Eglise de Milan, Nazaire et Celse apparaissent au Cycle en ce jour. Oubliés trois siècles dans l'obscurité de la tombe qui, au temps de Néron, avait caché leurs dépouilles sacrées, ils reçoivent maintenant les hommages de l'Orient et de l'Occident réunis dans leur culte. Neuf ans s'étaient écoulés depuis la journée triomphale où, non moins ignorés de la ville témoin jadis de leurs combats, Gervais et Protais étaient venus, comme d'eux-mêmes, se ranger près d'un illustre Pontife attaqué pour la divine consubstantialité du même Christ qui avait eu leur amour et leur foi. Ambroise, que le martyre fuyait, mais qu'aimaient les Martyrs, était près de recevoir la blanche couronne réservée à ses oeuvres saintes, quand le ciel lui révéla le nouveau trésor dont la découverte allait, une fois de plus, « illustrer les temps de son épiscopat (1). » Théodose n'était plus; Ambroise allait mourir ; partout déjà les Barbares se montraient. Mais comme si, avec la menace de la destruction imminente de l'ancien monde, l'heure

 

1. Ambr. Ep. XXII.

 

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de la première résurrection dont parle saint Jean eût sonné, les Martyrs se levaient de leurs tombes, et ils allaient régner mille ans avec le Christ sur un monde renouvelé (1).

Elle est tombée, elle est tombée la grande Ba-bylone qui abreuvait tous les peuples du vin de sa fornication, et dans laquelle s'est trouvé tout le sang des saints qui furent tués sur la terre (2). Le grand Pape saint Innocent Ier, dont la mémoire semble venir aujourd'hui compléter tout exprès celle des Martyrs, n'est-il pas là pour rendre en effet témoignage du cataclysme dans lequel, aux jours de son pontificat, Rome païenne périt enfin et fit place entière à la Jérusalem nouvelle descendue des cieux (3)? Pas plus que l'antique Sion, la Rome des Césars ne s'était rendue aux avances du Dieu qui pouvait seul répondre à ses espérances d'immortalité. Depuis même le triomphe de la Croix sous Constantin, aucune ville de l'empire n'était restée si opiniâtrement éprise des idoles aux pieds desquelles avait coulé par sa criminelle folie, tant qu'elle était demeurée libre, le sang généreux qui aurait pu renouveler sa jeunesse. Après pourtant la défaite de ses vains simulacres, la patience divine s'était résolue de l'attendre un siècle entier, dont les dix dernières années ne furent qu'une suite de menaces salutaires et d'interventions miséricordieuses, où se montrait ce Christ qu'elle s'obstinait à repousser. Or les marches et contre-marches des Goths, alliés la veille, ennemis le lendemain, promenant l'anarchie, furent l'occasion pour elle de revenir aux superstitions que les empereurs chrétiens ne toléraient

 

1. Apoc.  XX, 1-7. — 2.  Ibid. XIV,  8;  XVIII, 2, 24. — 3. Ibid. XXI.

 

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plus ; et l'on vit sa sénile démence sourire à la liberté que le siège mis par Alaric devant ses murs rendait aux aruspices toscans, venus à son secours, d'y rétablir le culte des dieux. Le réveil fut terrible, lorsqu'au matin du 24 août 410, le vrai Dieu des armées prit sa revanche enfin, et qu'on vit la foudre, tandis que les Barbares massacraient et pillaient, mettre en feu la ville et pulvériser les statues dans lesquelles si longtemps elle avait mis sa confiance et sa gloire.

Les justiciers de Dieu, renversant Babylone, avaient respecté la tombe des deux fondateurs de la Rome éternelle. Sur ces fondements apostoliques, Innocent reprit en sous-œuvre l'édification de la cité sainte. Bientôt, sur les sept collines purifiées par le feu, elle reparaissait plus éclatante que jamais comme le foyer prédestiné du monde des intelligences. C'est en l'année 417, dernière du pontificat d'Innocent, que retentissait dans l'Eglise l'acclamation d'Augustin à la condamnation portée contre l'hérésie pélagienne : « Des lettres de Rome sont arrivées ; la cause est finie (1). »

Les conciles de Carthage et de Milève qui, dans la circonstance, avaient sollicité du Siège apostolique la confirmation de leurs décrets, ne faisaient en cela, du reste, que reprendre la tradition ininterrompue des Eglises à l'égard de la suréminente principauté (2) reconnue par toutes à leur Maîtresse et Mère. C'est ce qu'atteste éloquemment le saint Pape Victor, associé aux Martyrs dans la Liturgie de ce jour. Son grand nom nous  rappelle  en effet les conciles qui, par son

 

1. Arc. Sermo CXXXI, De verbis Apost. II. — 2 Iren. Adv. haeres. III, III.

 

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ordre, se tinrent au second siècle dans l'Eglise entière au sujet de la Pâque ; la condamnation exécutée ou projetée par lui contre les Eglises d'Asie, sans que personne méconnût le droit qu'il avait de la prononcer ; enfin les anathèmes incontestés dont il frappa Montan et les précurseurs d'Arius.

Lisons les lignes consacrées dans l'Office d'aujourd'hui à nos quatre Saints.

 

Nazaire fut baptisé par le bienheureux Pape Linus. Etant passé en Gaule, il y baptisa lui-même Celse, qui était encore un enfant, après l'avoir instruit du christianisme. Ensemble ils allèrent à Trêves ; la persécution de Néron qui sévissait les fit jeter tous deux à la mer. Sauvés par un miracle, ils vinrent a Milan et y répandirent la foi du Christ ; ensuite de quoi le préfet Anolinus, ne pouvant triompher de leur constance à confesser le Christ comme Dieu, prononça contre eux une sentence capitale. Leurs corps furent ensevelis hors de la porte Romaine. Restés longtemps ignorés, leur existence fut révélée par Dieu à saint Ambroise,qui les trouva couverts d'un sang aussi vermeil que s'ils venaient de souffrir le martyre ; transportés dans la ville , on leur donna un tombeau digne d'eux.

 

Victor ,  en Afrique, gouverna l'Eglise  au temps de l'empereur Sévère. Il confirma le décret de Pie Ier sur la célébration de la Pâque au Dimanche; des conciles furent tenus dans beaucoup de lieux pour faire entrer cette règle dans les mœurs; et enfin le premier concile de Nicée établit que la solennité pascale aurait lieu, après  le quatorzième jour de la lune, de peur que les Chrétiens  ne parussent imiter les Juifs. Victor statua qu'en cas de nécessité on pourrait être baptisé avec n'importe quelle eau, pourvu qu'elle fût naturelle. Il chassa de l'Eglise Théodote le Corroyeur, de Byzance, qui enseignait que le Christ n'avait été qu un homme. Il écrivit sur la question de la  Pâque, et quelques  autres opuscules. En deux ordinations au mois de décembre  il créa quatre prêtres, sept diacres, et douze évêques pour divers lieux. Couronné  du martyre, on  l'ensevelit au Vatican, le cinq des  calendes d'août. Il  avait siégé neuf ans, un mois et vingt-huit jours.

 

Innocent, originaire d'Albano, vécut au temps de saint Jérôme et de saint Augustin. C'est de lui que Jérôme disait à la vierge Démétriade : Gardez la foi de saint Innocent, fils et successeur  d'Anastase de bienheureuse mémoire en la Chaire Apostolique ; ne recevez aucune doctrine étrangère, si prudente et habile que vous croyez être. Comme le juste Loth, écrit Orose, la providence de Dieu, pour lui épargner la vue de la ruine du peuple Romain, le retira de Rome et le mit en sûreté dans Ravenne. Après avoir condamné Pelage et Célestius, il décréta expressément, à l'encontre de leur hérésie, que les enfants même nés d'une chrétienne devaient renaître par le baptême, afin que cette nouvelle naissance purifiât en eux la souillure de la première. Il approuva aussi qu'on jeûnât le samedi, en souvenir de la sépulture de notre Seigneur. Il siégea quinze ans, un mois et dix jours. En quatre ordinations au mois de décembre, il créa trente prêtres, quinze diacres, et cinquante-quatre évêques pour divers lieux. On l'ensevelit au cimetière nommé ad Ursum Pileatum.

 

Glorieux élus qui, soit par l'effusion de votre sang dans l'arène, soit par les décrets rendus sur le Siège apostolique, avez exalté la foi du Seigneur, bénissez nos prières. Donnez-nous de comprendre l'enseignement qui résulte pour nous de votre rencontre  au Cycle sacré. Ni martyrs,

 

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ni pontifes, nous pouvons mériter pourtant d'être associés à votre gloire ; car le motif qui explique votre commun rendez-vous dans la béatitude en ce jour, doit être aussi pour chacun de nous, à des degrés divers, la raison du salut : dans le Christ Jésus, rien ne vaut, dit l'Apôtre, que la foi qui opère parla charité (1); c'est uniquement de cette foi, pour laquelle vous avez travaillé ou souffert, que nous aussi espérons la justice (2) et attendons la couronne (3).

Nazaire, qui aviez tout quitté pour annoncer le Christ aux contrées qui ne le  connaissaient pas ; Celse  qui,  tout enfant,  ne craignîtes  point  de sacrifier comme lui  au  Seigneur  Jésus votre famille, votre pays, votre  vie même : obtenez-nous l'estime du trésor que tout fidèle est appelé à faire valoir par la confession des œuvres et de la louange. Victor, gardien jaloux des traditions de cette divine louange en ce qui regarde le jour de la solennité des solennités, vengeur de l'Homme-Dieu dans sa nature divine; Innocent, oracle incorruptible de la grâce du Christ Sauveur, témoin aussi de ses inexorables justices : apprenez-nous et la confiance et la crainte,  et la rectitude de la croyance et la susceptibilité qui sied au chrétien en ce qui touche  cette foi, fondement unique pour lui de la  justice et de  l'amour.  Martyrs et Pontifes, ensemble attirez-nous parla voie droite qui mène au ciel.

 

1. Gal. V, 6. — 2. Ibid. 5. — 3. II Tim. IV, 8.

 

 

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