SAMEDI DE PAQUES

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QUASIMODO
ANNONCIATION

LE SAMEDI DE PAQUES.

 

 

Hœc dies quam fecit Dominus : exsultemus et laetemur in ea.

 

 

C'est le jour que  le Seigneur a fait : passons-le dans les transports de l'allégresse.

 

 

Le septième jour de la plus joyeuse des semaines s'est levé, apportant avec lui le souvenir du repos du Seigneur, après son œuvre de six jours. Il nous retrace en même temps ce second repos que le même Seigneur voulut prendre, comme un guerrier assure1 de la victoire, avant de livrer le combat décisif à son adversaire. Repos dans un sépulcre, sommeil d'un Dieu qui ne s'était laissé vaincre par la mort que pour rendre son réveil plus funeste à cette cruelle ennemie. Aujourd'hui que ce sépulcre n'a plus rien à rendre, qu'il a vu sortir de ses flancs le vainqueur qu'il ne pouvait retenir, il convenait que nous nous arrêtions à le contempler, à lui rendre nos hommages ; car ce sépulcre est saint, et sa vue ne peut qu'accroître notre amour envers celui qui daigna dormir quelques heures a son ombre.

Isaïe avait dit : « Le rejeton de Jessé sera comme l'étendard autour duquel se rallieront les peuples; les nations l'entoureront de leurs hommages; et son sépulcre deviendra glorieux. » (Isaïe, XI, 10.) L'oracle est accompli; il n'est pas une nation sur la terre qui ne renferme des adorateurs de Jésus ;  et tandis que les tombeaux des  autres hommes, quand  le temps ne les a pas détruits et égales au sol, restent comme un trophée de la mort, celui de Jésus est toujours debout et proclame la vie.

Quel tombeau que celui qui réveille des pensées  de gloire, et dont les grandeurs avaient été prédites tant  de  siècles a  l'avance! Quand  les  temps sont accomplis.  Dieu suscite dans Jérusalem un homme pieux. Joseph d'Arimathie, qui secrètement, mais d'un cœur sincère, devient le disciple de Jésus. Ce magistrat songe a se faire creuser un tombeau ; et  c'est à l'ombre des remparts de la ville, sur le versant de la colline du Calvaire, qu'il fait tailler dans la  roche vive deux chambres sépulcrales, dont l'une sert de vestibule à l'autre. Joseph pensait travailler pour lui-même ; et c'était pour la dépouille d'un Dieu qu'il  préparait ce funèbre asile ;  il songeait à la fin commune de toute créature humaine depuis le péché ; et  les décrets divins portaient que Joseph ne reposerait pas dans ce tombeau, et que ce tombeau deviendrait pour les hommes le titre de  l'immortalité. Jésus expire sur la croix, au milieu des insultes de son peuple; toute la ville est soulevée contre le fils de David, qu'elle avait accueilli peu de jours auparavant au cri de l'Hosannah; c'est à ce moment même que, bravant les fureurs de la  cité déicide, Joseph se rend chez le gouverneur romain pour réclamer l'honneur d'ensevelir le corps du supplicié. Il ne tarde pas d'arriver avec Nicodème sur le Calvaire; et lorsqu'il a détaché de la croix les membres de la divine victime, il a la gloire de déposer ce corps sacré sur la table de pierre qu'il avait fait préparer pour lui-même : heureux d'en faire hommage au maître pour lequel il venait de

 

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confesser son attachement jusque dans le Prétoire de Ponce-Pilate. O homme véritablement digne des respects de l'humanité tout entière dont vous teniez la place dans ces augustes funérailles, nous ne doutons pas qu'un regard reconnaissant de la Mère des douleurs ne vous ait récompensé du sacrifice que vous faisiez si volontiers pour son Fils!

Les Evangélistes insistent avec une intention marquée sur les conditions du sépulcre. Saint Matthieu, saint Luc, saint Jean, nous disent qu'il était neuf, et qu'aucun corps mort n'y avait encore été déposé. Les saints Pères sont venus ensuite, et nous ont expliqué le mystère, à la gloire du saint tombeau. Ils nous ont enseigne1 la relation que ce sépulcre, qui rendit l'Homme-Dieu à la vie immortelle, devait avoir avec le sein virginal qui l'enfanta pour être la victime du monde ; et ils en ont tire cette conséquence, que le Seigneur notre Dieu, quand il se choisit un asile dans sa créature, tient à le trouver libre et digne de sa souveraine sainteté. Honneur donc au tombeau de notre Rédempteur d'avoir présenté, dans son être matériel, un rapport mystérieux avec l'incomparable et vivante pureté de la Mère de Jésus !

Durant les heures qu'il conserva son précieux dépôt, quelle gloire égalait alors la sienne sur la terre ! Quel trésor fut confié à sa garde! Sous sa voûte silencieuse reposait dans ses linceuls, mouillés des larmes de Marie, le corps qui avait été la rançon du monde. Dans son étroite enceinte, les saints Anges se pressaient, faisant la garde auprès de la dépouille de leur créateur, adorant son divin repos, et aspirant à l'heure où l'Agneau égorgé allait se lever Lion redoutable. Mais quel prodige inouï éclata sous la voûte de l'humble caverne,

 

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lorsque l'instant décrété éternellement étant arrivé, Jésus plein de vie pénétra, plus prompt que l'éclair, les veines de la roche, et s'élança au grand jour. Bientôt, c'est la main de l'Ange qui vient arracher la pierre de l'entrée, afin de révéler le départ du céleste prisonnier ; ce sont ensuite d'autres Anges qui attendent Madeleine et ses compagnes. Elles arrivent et font retentir cette voûte de leurs sanglots; Pierre et Jean y pénètrent à leur tour. Vraiment ce lieu est saint entre tous; le Fils de Dieu a daigné l'habiter; sa Mère y a été vue en pleurs ; il a été le rendez-vous des Esprits célestes; les plus saintes âmes de la terre l'ont consacré par leurs visites empressées, l'ont rendu le théâtre de leurs plus dévots sentiments. O sépulcre du Fils de Jessé, vous êtes véritablement glorieux !

L'enfer la voit, cette gloire ! et il voudrait l'effacer de la terre. Ce tombeau désespère son orgueil ; car il rappelle d'une manière trop éclatante la défaite qu'a essuyée la mort, fille du péché. Satan croit avoir accompli son odieux dessein, lorsque Jérusalem avant succombé sous les coups des Romains, une ville nouvelle et toute païenne s'élève sur les ruines avec le nom d'Aelia. Mais le nom de Jérusalem ne périra pas plus que la gloire du saint tombeau. En vain des ordres impies prescrivent d'amonceler la terre autour du monument, et d'élever sur ce monticule un temple à Jupiter, en même temps que sur le Calvaire lui-même un sanctuaire à l'impure Vénus, et sur la grotte de la Nativité  un autel  à Adonis; ces constructions sacrilèges ne feront que désigner d'une manière plus précise les lieux sacrés à l'attention des chrétiens. On a voulu tendre  un piège, et tourner au profit des faux dieux les hommages dont les disciples du Christ avaient coutume d'entourer

 

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ces lieux: vain espoir ! Les chrétiens ne les visiteront plus, tant qu'ils seront souillés par la présence des infâmes idoles ; mais ils tiendront l'œil fixé sur ces vestiges d'un Dieu, vestiges ineffaçables pour eux; et ils attendront en patience qu'il plaise au Père de glorifier encore son Fils.

Lorsque l'heure a sonné, Dieu envoie à Jérusalem une impératrice chrétienne, mère d'un empereur chrétien, pour rendre visibles de nouveau les traces adorables du passage de notre Rédempteur. Emule de Madeleine et de ses compagnes, Hélène s'avance sur le lieu où fut le tombeau. Il fallait une femme pour continuer les grandes scènes du matin de la Résurrection. Madeleine et ses compagnes cherchaient Jésus;  Hélène  qui l'adore ressuscité ne cherche que son tombeau ; mais un même amour les transporte. Par  les ordres de la pieuse impératrice, l'impie sanctuaire de Jupiter s'écroule, la terre amoncelée est écartée; et bientôt le soleil éclaire de nouveau le trophée de la victoire de Jésus. La défaite de la mort était donc une seconde fois proclamée par cette réapparition du sépulcre  glorieux. Bientôt un temple magnifique s'élève aux dépens du trésor impérial, et porte le nom de Basilique de la Résurrection. Le monde entier s'émeut à la nouvelle d'un tel triomphe; le paganisme déjà croulant en ressent un ébranlement auquel il ne résiste plus; et les pieuses pérégrinations des chrétiens vers le sépulcre glorifié commencent pour ne plus s'arrêter qu'au dernier jour du monde.

Durant trois siècles, Jérusalem demeura la ville sainte et libre, éclairée des splendeurs du saint tombeau ; mais les conseils de la justice divine avaient arrêté que l'Orient, foyer inépuisable de toutes les hérésies, serait châtié et soumis à

 

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l'esclavage. Le  Sarrasin vient inonder de ses hordes enthousiastes la terre des prodiges ; et les eaux de ce déluge honteux n'ont reculé un moment que pour se répandre avec une nouvelle impétuosité sur cette terre qui leur semble abandonnée pour longtemps encore. Mais ne craignons pas pour la tombe sacrée; elle demeurera toujours debout. Le Sarrasin aussi la révère; car à ses veux elle  est le sépulcre d'un grand prophète.  Pour approcher d'elle, le chrétien devra payer un tribut; mais elle est en sûreté; on verra même un calife offrir en hommage à notre Charlemagne les clefs de cet auguste sanctuaire, montrant par cet acte de courtoisie la vénération que lui inspire à lui-même la grotte sacrée, autant que  le respect dont il est pénétré envers le plus grand des princes chrétiens. Ainsi le sépulcre continuait d'apparaître glorieux. a travers même les tribulations qui, à penser humainement, auraient dû l'effacer de la terre.

Sa gloire parut avec  plus d'éclat encore, lorsque, à la  voix  du Père de la chrétienté, l'Occident tout entier se leva soudain en armes, et marcha, sous la bannière de la croix, à la délivrance de Jérusalem. L'amour du saint tombeau était dans tous les cœurs, son nom sur toutes les lèvres; et dès le premier choc, le  Sarrasin, contraint de reculer à son tour, laissa la place aux croisés. La Basilique d'Hélène vit alors un sublime spectacle: le pieux Godefroi de Bouillon sacré avec l'huile sainte roi de Jérusalem, à l'ombre du sépulcre du Christ, et les saints mystères célèbres pour la première fois, avec la  langue et les rites de Rome, sous les lambris orientaux de la Basilique constantinienne. Mais ce règne de Japhet sous les tentes de Sem ne se perpétua  pas. D'un côté, l'étroite politique de nos princes d'Occident n'avait

 

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pas su comprendre le prix d'une telle conquête ; de l'autre, la perfidie de l'empire grec ne se donna pas de relâche qu'elle n'eût amené, par ses noires trahisons, le retour du Sarrasin dans les murs sans défense de Jérusalem. Cette période n'en fut pas moins l'une des gloires prédites par Isaïe au saint tombeau; elle ne sera pas la dernière.

Aujourd'hui, profané par les sacrifices offerts dans son enceinte par les mains sacrilèges du schisme et de l'hérésie; confié, à des heures rares et comptées, aux hommages légitimes de l'unique Epouse de celui qui daigna se reposer dans son sein, le divin sépulcre attend le jour où son honneur sera encore une fois vengé. Sera-ce que l'Occident, redevenu docile à la foi, viendra renouer sur cette terre les grands souvenirs qu'y a laisses sa chevalerie? Sera-ce que l'Orient lui-même, renonçant à une scission qui ne lui a valu que la servitude, tendra la main à la Mère et à la Maîtresse de toutes les Eglises, et scellera sur le roc immortel de la Résurrection une réconciliation qui serait la ruine de l'islamisme? Dieu seul le sait; mais nous avons appris de sa divine et infaillible parole qu'avant la fin des temps, l'antique Israël doit revenir au Dieu qu'il a méconnu et crucifié; que Jérusalem sera relevée par la main des Juifs devenus chrétiens. Alors la gloire du sépulcre du fils de Jessé s'élèvera au-dessus de tout ; mais le fils de Jessé lui-même ne tardera pas à paraître ; la terre sera au moment de rendre nos corps pour la résurrection générale ; et le dernier accomplissement de la Pâque se trouvera lié ainsi avec le dernier et suprême honneur qu'aura reçu la tombe sacrée. En nous éveillant de nos sépulcres, nous la chercherons du regard ; et il nous sera doux de la contempler alors comme le

 

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point de départ et comme le principe de cette immortalité dont nous serons déjà en possession. En attendant l'heure où nous devrons entrer dans l'habitation passagère qui gardera nos corps , vivons dans l'amour du sépulcre du Christ ; une son honneur soit le nôtre ; et héritiers de cette foi sincère et ardente qui animait nos pères et les arma pour venger son injure , remplissons ce devoir particulier de la Pâque, qui consiste à comprendre et à goûter les magnificences du Sépulcre glorieux.

 

Cette journée, dans la Liturgie, est appelée le Samedi in albis, ou plus exactement in albis deponendis; parce que c'était aujourd'hui que les néophytes devaient déposer les robes blanches qu'ils avaient portées durant toute l'Octave. L'Octave, en effet, avait commencé pour eux plus tôt que pour les autres fidèles ; car c'était dans la nuit du Samedi saint qu'ils avaient été régénérés,et qu'on les avait ensuite couverts de ce vêtement, symbole de la pureté de leurs âmes. C'était donc sur le soir du Samedi suivant , après l'office des Vêpres, qu'ils le quittaient, comme nous le raconterons plus loin.

La Station, à Rome, est aujourd'hui dans la Basilique de Latran, l'Eglise Mère et Maîtresse. qu'avoisine le Baptistère de Constantin, où les néophytes ont reçu, il y a huit jours, la grâce de la régénération. La Basilique qui les réunit aujourd'hui est celle-là même de laquelle ils partirent, sous les ombres de la nuit, se dirigeant vers la fontaine du salut, précédés du cierge mystérieux qui éclairait leurs pas; c'est celle où étant de retour sous leurs habits blancs, ils assistèrent pour la première fois à la célébration entière du Sacrifice chrétien, et participèrent au corps et au

 

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sang du Rédempteur. Nul autre lieu ne convenait mieux que celui-ci pour la Station de ce jour, dont les impressions doivent se conserver durables dans le coeur des néophytes, qui sont au moment de rentrer dans la vie commune. La sainte Eglise, dans ces dernières heures où ses nouveaux-nés se pressent autour d'elle, comme autour d'une mère, les considère avec complaisance ; elle couve de son regard ces précieux fruits de sa fécondité, qui lui inspiraient, durant ces jours, de si touchants et de si mélodieux cantiques.

Tantôt elle se les représentait se levant du divin banquet, et vivifiés par la chair de celui qui est à la fois sagesse et douceur; et elle chantait ce répons :

 

R/. De la bouche du Sage découle le miel, alleluia; qu'il est  doux ce miel sous sa langue ! alleluia;* Un rayon  de miel distille de ses lèvres. Alleluia.

V/. La Sagesse repose dans son cœur, et la prudence  est dans les paroles de sa bouche. * Un rayon de  miel  distille de  ses  lèvres. Alleluia.

 

Tantôt elle s'attendrissait en voyant transformés en tendres agneaux ces hommes qui avaient vécu jusque alors de la vie du siècle, et qui recommençaient leur carrière avec l'innocence des enfants; et elle disait dans un langage pastoral:

 

R/. Ce sont  là ces agneaux nouvelets qui nous ont annoncé l'Alleluia; ils sortent à l'instant de la fontaine ; * Ils sont tout brillants de lumière. Alleluia.

V/. Compagnons de l'Agneau, ils sont vêtus de robes blanches et tiennent des palmes dans leurs mains. * Ils sont tout brillants de lumière. Alleluia, alleluia.

 

 

D'autres fois elle se prenait à contempler avec un saint orgueil l'éclat des vertus que le saint Baptême avait infusées dans leurs âmes, la pureté sans tache qui les rendait brillants comme la lumière; et sa voix pleine d'enthousiasme célébrait ainsi leur beauté :

 

R/. Qu'ils sont blancs les Nazaréens de mon Christ ! alleluia ; leur éclat rend gloire à Dieu ; alleluia ; * Leur blancheur est celle du lait le plus pur. Alleluia, alleluia.

V/. Plus blancs que la neige, plus purs que le lait, plus vermeils que l'ivoire antique, plus beaux que le saphir; * Leur blancheur est celle du lait le plus pur. Alleluia, alleluia.

 

Ces trois Répons font encore partie des Offices de la sainte Eglise au Temps pascal.

 

A LA MESSE.

 

L'Introït est formé des paroles du Psaume CIV, dans lesquelles Israël glorifie le Seigneur d'avoir ramené son peuple de l'exil. Par ce peuple nous devons entendre nos néophytes qui étaient exilés du ciel à cause de la faute originelle et de leurs péchés personnels ; le Baptême leur a rendu tous leurs droits à cette heureuse patrie, en les établissant dans l'Eglise.

 

INTROÏT.

 

Le Seigneur a fait sortir son peuple dans les transports de la joie, alleluia, et ses élus dans l'allégresse. Alleluia, alleluia.

Ps. Louez le Seigneur et invoquez son Nom: publiez ses œuvres dans toutes les nations. Gloire au Père. Le Seigneur.

Au moment de voir expirer la Semaine pascale, l'Eglise demande au Seigneur, dans la Collecte, que les joies que ses enfants ont goûtées en ces jours leur ouvrent le chemin aux joies plus grandes encore de la Pâque éternelle.

 

COLLECTE.

 

Faites, s'il vous plaît. Dieu tout-puissant, que nous qui avons célébré religieusement ces fêtes de la Pâque, nous méritions d'arriver par elles aux joies de l'éternité. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

On ajoute ensuite une  des deux Collectes ci-dessus, page 290.

 

ÉPÎTRE.

 

Lecture de l'Epître du bienheureux Pierre, Apôtre. I, Ch. II.

 

Mes bien aimés, étant affranchis de toute malice, de toute tromperie et dissimulation, de l'envie et de la médisance ; devenus semblables à des enfants nouveau-nés, aspirez au lait spirituel et pur qui vous donnera décroître pour le salut, si vous savez goûter combien le Seigneur est doux. Et vous approchant de lui comme de la pierre vivante, que les hommes ont bien pu rejeter, mais que Dieu lui-même a choisie et mise en honneur ; vous aussi, comme autant de pierres vivantes, laissez-vous édifier par-dessus, pour former la maison spirituelle, le sacerdoce saint. offrant à Dieu des hosties qui lui soient agréables par Jésus-Christ. C'est pourquoi il est dit dans l'Ecriture: « Voici que je place dans Sion une pierre principale, angulaire, choisie et précieuse ; et celui qui croira en elle ne sera pas confondu. » Cette pierre est donc source d'honneur a vous qui croyez; quant à ceux qui ne croient pas, cette pierre rejetée par les architectes, et devenue la tête de l'angle, leur est une pierre qui les fait tomber, eux qui heurtent contre la parole et ne croient point à ce pour quoi ils avaient été préparés. Mais vous, vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple conquis, chargé de publier les grandeurs de celui qui vous a appelés du sein des ténèbres à son admirable lumière ; vous qui autrefois n'étiez point son peuple, et qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n'aviez point obtenu miséricorde, et qui maintenant avez obtenu miséricorde.

 

 

Les néophytes ne pouvaient entendre, en ce jour, une exhortation mieux appropriée à leur situation que colle que nous adresse à tous le prince des Apôtres, dans ce passage de sa première Epître. Saint Pierre avait adressé cette lettre à de nouveaux baptisés; aussi avec quelle douce paternité il épanchait les sentiments de son cœur sur ces « enfants nouveau-nés ! » La vertu qu'il leur recommande, c'est la simplicité qui sied si bien à ce premier âge; la doctrine dont ils ont été instruits, c'est un lait qui les nourrira et leur donnera la croissance; ce qu'il faut goûter, c'est le Seigneur ; et le Seigneur est plein de douceur.

L'Apôtre insiste ensuite sur un des principaux caractères du Christ: il est la pierre fondamentale et angulaire de l'édifice de Dieu. C'est sur lui seul que doivent s'établir les fidèles, qui sont les pierres vivantes du temple éternel. Lui seul leur donne la solidité et la résistance; et c'est pour cela que, devant retourner à son Père, il a choisi et établi sur la terre une autre Pierre, une Pierre toujours visible qu'il s'est unie à lui-même, et à laquelle il a communiqué sa propre solidité. La modestie de l'Apôtre l'empêche d'insister sur ce que le saint Evangile renferme de glorieux pour lui à ce sujet; mais quiconque connaît les paroles du Christ à Pierre va jusqu'au fond de la doctrine.

 

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Si l'Apôtre ne se glorifie pas lui-même, quels titres magnifiques il nous reconnaît en retour, à nous baptisés ! Nous sommes « la race choisie et sainte, le peuple que Dieu s'est conquis, un peuple de Rois et de Prêtres ». En effet, quelle différence du baptisé avec celui qui ne l'est pas ! Le ciel ouvert à l'un est fermé à l'autre; l'un est esclave du démon, et l'autre roi en Jésus-Christ Roi, dont il est devenu le propre frère ; l'un tristement isolé de Dieu, et l'autre lui offrant le sacrifice souverain par les mains de Jésus-Christ Prêtre. Et tous ces dons nous ont été confères par une miséricorde entièrement gratuite; ils n'ont point été mérités par nous. Offrons-en donc à notre Père adoptif d'humbles actions de grâces;et, nous reportant au jour où, nous aussi, nous fûmes néophytes, renouvelons les promesses qui furent faites en notre nom, comme la condition absolue à laquelle de si grands biens nous étaient octroyés.

 

A partir de ce jour, l'Eglise cesse, jusqu'à la fin du Temps pascal, d'employer, entre l'Epître et l'Evangile, la forme du Répons appelé Graduel. Elle y substitue le chant répété de l’Alleluia, qui présente moins de gravité, mais exprime un plus vif sentiment d'allégresse. Dans les six premiers jours de la solennité pascale qui sont en rapport avec les six jours de la création, elle n'a pas voulu dérogera la majesté de ses chants; maintenant que le repos du Seigneur est arrivé, que son œuvre est achevée, elle se livre avec plus d'abandon à la sainte liberté qui la transporte.

 

Alleluia, alleluia.

 

V/. C'est le jour que le  Seigneur a fait: passons-le dans les transports  de l'allégresse.

Alleluia.

V/. Enfants, louez le Seigneur; célébrez son saint Nom.

 

On chante ensuite la Séquence de la Messe du jour de Pâques,  Victimœ Paschali, page 194.

 

ÉVANGILE.

 

La suite du saint  Evangile selon saint Jean. Chap. XX.

 

En ce temps-là, le jour d'après le Sabbat, Marie-Madeleine vint dès le matin au sépulcre, lorsque les ténèbres régnaient encore ; et elle vit que la pierre du sépulcre avait été ôtée. Elle courut donc, et vint à Simon Pierre et à cet autre disciple que Jésus aimait, et elle leur dit : Ils ont enlevé le Seigneur du sépulcre, et nous ne savons où ils l'ont mis. Pierre sortit avec l'autre disciple, et ils vinrent au sépulcre. Tous deux ensemble couraient; mais cet autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre. Et s'étant baisse, il vit que les linceuls étaient à terre ; mais cependant il n'entra pas ; Simon Pierre, qui le suivait, étant donc arrivé, il entra dans le sépulcre, et vit les linges poses a terre, et le suaire qui avait été sur sa tête, qui n'était pas avec les linceuls, irais plié et posé  en un lieu à part. Alors cet autre disciple qui était arrivé le premier au sépulcre entra aussi, et il vit et crut ; car ils ne savaient pas ce que l'Ecriture enseigne, qu'il fallait qu'il ressuscitât d'entre les morts.

 

 

Cet épisode de la matinée du jour de Pâques a été réservé pour aujourd'hui par la sainte Eglise, parce qu'on y voit figurer saint Pierre, dont la voix s'est déjà fait entendre dans l'Epître. Ce jour est le dernier auquel les néophytes assistent au Sacrifice revêtus de la robe blanche ; demain, leur extérieur n'aura plus rien qui les distingue des autres fidèles. Il importe donc d'insister auprès d'eux sur le fondement de l'Eglise, fondement sans lequel l'Eglise ne pourrait se soutenir, et sur lequel ils doivent être établis, s'ils veulent conserver cette foi dans laquelle ils ont été baptisés, et qu'il leur faut garder pure jusqu'à la fin pour obtenir le salut éternel. Or cette foi se maintient inébranlable en tous ceux qui sont dociles à l'enseignement de Pierre, et qui révèrent la dignité de cet Apôtre. Nous apprenons d'un Apôtre même, dans ce passage du saint Evangile, le respect et la déférence qui sont dus à celui que Jésus a chargé de paître le troupeau tout entier, agneaux et brebis. Pierre et Jean courent ensemble au tombeau de leur maître; Jean, plus jeune que Pierre, arrive le premier. Il regarde dans le sépulcre; mais il n'entre pas. Pourquoi cette humble réserve dans celui qui est le disciple bien-aimé du maître? Qu'attend-il? — Il attend celui que  Jésus  a préposé à eux tous , celui qui est

 

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leur Chef, et à qui il appartient d'agir en chef. Pierre arrive enfin; il entre dans le tombeau; il constate l'état des choses, et ensuite Jean pénètre à son tour dans la grotte. Admirable enseignement que Jean lui-même a voulu nous donner, en écrivant de sa propre main ce récit mystérieux ! C'est toujours à Pierre de précéder, de juger, d'agir en maître; et c'est au chrétien de le suivre, de l'écouter, de lui rendre honneur et obéissance. Et comment n'en serait-il pas ainsi, quand nous voyons un Apôtre même, et un tel Apôtre, agir ainsi envers Pierre, et lorsque celui-ci n'avait encore reçu que la promesse des clefs du Royaume des cieux, qui ne lui furent données effectivement que dans les jours qui suivirent?

 

Les paroles de l'Offertoire sont tirées du Psaume CXVII, qui est par excellence le Psaume de la Résurrection. Elles saluent le divin triomphateur qui se levé comme un astre éclatant, et vient verser sur nous ses bénédictions.

 

OFFERTOIRE.

 

Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ; nous qui  sommes de la maison Seigneur, nous vous bénissons ; Dieu est le Seigneur, et il a répandu sur nous la lumière. Alleluia, alleluia.

 

 

Dans la Secrète, l'Eglise nous enseigne que l'action des divins mystères que nous célébrons dans le cours de l'année, est incessante sur les fidèles. Ces mystères apportent tour à tour avec eux une nouvelle vie et une nouvelle allégresse; et c'est par leur succession anniversaire dans la sainte Liturgie que l'Eglise arrive à maintenir en elle la vitalité, qu'ils lui ont conférée par leur accomplissement dans leur temps.

 

SECRETE.

 

Faites, s'il vous plaît, Seigneur, que ces mystères de la Pâque soient désormais pour nous une source d'actions de grâces à vous rendre ; et que l'œuvre de notre régénération, qui est continuelle, soit en nous le principe d'une joie sans fin. Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

 

On ajoute une des deux Secrètes  ci-dessus, page 297.

 

Nos néophytes doivent, en ce jour même, déposer leurs habits blancs ; quel sera donc désormais leur vêtement ? Le Christ lui-même, qui s'est incorporé à eux par le Baptême. C'est le Docteur des Gentils qui leur confirme cette espérance dans l'Antienne de la Communion.

 

COMMUNION.

 

Vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. Alleluia.

 

Dans la Postcommunion, l'Eglise insiste encore sur le don de la foi. Sans la foi, le christianisme cesse d'exister; mais la divine Eucharistie, qui est le mystère de la foi, a la vertu de la nourrir et de la développer dans les âmes.

 

POSTCOMMUNION.

 

Nous venons d'être nourris du don de notre rédemption ; daignez faire Seigneur, que par cet instrument du salut éternel, la véritable foi s'accroisse toujours en nous. Par Jésus-Christ  notre Seigneur.

Amen.

 

On ajoute une des deux Postcommunions ci-dessus, page 299.

 

DÉPOSITION DES HABITS BLANCS.

 

Chacun des jours de cette semaine, l'Office des Vêpres s'est accompli avec la même solennité dont nous avons été témoins au Dimanche. Le peuple fidèle remplissait la Basilique, et accompagnait de ses regards et de son intérêt fraternel cette blanche troupe de néophytes qui s'avançait, chaque soir, à la suite du Pontife, pour revoir encore l'heureuse fontaine qui donne une nouvelle naissance a ceux qui y sont plongés. Aujourd'hui, le concours est plus grand encore ; car un nouveau rite va s'accomplir. Les néophytes, en quittant le vêtement qui retrace à l'extérieur la pureté de leurs aines, vont prendre rengagement de conserver intérieurement cette innocence dont le symbole ne leur est plus nécessaire. Par ce changement qui s'opère sous les yeux des fidèles, l'Eglise est censée rendre ses nouveaux enfants à leurs familles, aux soins et aux devoirs de la vie ordinaire; c'est à eux maintenant de se montrer ce qu'ils sont désormais pour toujours : chrétiens, disciples du Christ.

Au retour du Baptistère, et après avoir terminé l'Office des Vêpres par la station devant la Croix de l'arc triomphal, les néophytes sont conduits dans une des salles attenantes  à la Basilique, et

 

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dans laquelle on a préparé un vaste bassin rempli d'eau. L'Evêque, assis sur un siège d'honneur, et voyant autour de lui ces jeunes agneaux du Christ, leur adresse avec émotion un discours dans lequel il exprime la joie du Pasteur, à la vue des heureux accroissements du troupeau qui lui est confié. Il félicite de leur bonheur ces élus de la grâce divine; et venant ensuite à l'objet de leur réunion dans ce lieu, c'est-à-dire à la déposition des vêtements qu'ils reçurent de ses mains au sortir de la fontaine du salut, il les avertit paternellement de veiller sur eux-mêmes et de ne jamais souiller cette blancheur de l'âme dont celle des habits n'a été que la faible image.

Les vêtements blancs des néophytes leur ont été fournis par l'Eglise, ainsi que nous l'avons vu au Samedi saint ; c'est pour cette raison qu'ils viennent les remettre entre les mains de l'Eglise. L'eau du bassin est destinée à les laver. Après l'allocution, le Pontife bénit cette eau, en récitant sur elle une Oraison dans laquelle il rappelle la vertu que l'Esprit-Saint adonnée à cet clément de purifier les taches même de l'âme. Puis se tournant vers les néophytes, après avoir adressé à Dieu ses actions de grâces par la récitation du Psaume CXVI, il prononce cette belle prière:

 

Visitez, Seigneur, votre peuple dans vos desseins de salut; voyez-le tout illuminé des joies pascales ; mais daignez conserver dans nos néophytes ce que vous v ayez opéré vous-même, pour qu'ils fussent sauvés. Faites qu'en se dépouillant de ces robes blanches, le changement ne soit en eux qu'un changement extérieur; que l'invisible blancheur du Christ soit toujours inhérente à leurs âmes ; qu'ils ne la perdent jamais; et que votre grâce les aide à obtenir par les bonnes œuvres cette vie immortelle à laquelle nous oblige le mystère de la Pâque.

 

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Après cette prière, les néophytes aidés, les hommes de leurs parrains, et les femmes de leurs marraines, dépouillaient les vêtements blancs, qui étaient consignés aux mains des serviteurs de l'Eglise charges de les laver et de les conserver. Ils se revêtaient ensuite de leurs habits ordinaires, toujours aides de leurs parrains et marraines; et enfin, reconduits aux pieds du Pontife, ils recevaient de sa main le symbole pascal, l'image en cire de l'Agneau divin.

Le dernier vestige de cette touchante fonction est la distribution des Agnus Dei que le Pape fait en ce jour, à Rome, la première et chaque septième année de son pontificat. On a vu comment ils ont été bénis par le Pontife le Mercredi précédent, et comment les rites que le Pape emploie dans cette occasion rappellent le baptême par immersion des néophytes. Le samedi suivant, dans les années dont nous venons de parler, il y a Chapelle papale au palais. Après la Messe solennelle, le Souverain Pontife étant sur son trône, on apporte dans des corbeilles les Agnus Dei, qui sont en très grand nombre. Le Prélat qui les présente chante ces touchantes paroles empruntées à l'un de ces beaux Répons que nous avons cités : « Saint Père, voici ces agneaux nouvelets qui nous ont annoncé l’Alleluia; ils sortent à l'instant de la fontaine; ils sont tout brillants de lumière. » Le Pape répond: Deo gratias. La pensée se reporte alors à ces temps où, en ce jour même, les nouveaux baptisés étaient amenés aux pieds du Pontife comme de tendres agneaux à la blanche toison, objet des complaisances du pasteur. Le Pape fait lui-même de son trône la distribution des Agnus Dei aux Cardinaux, aux Prélats et à tous ceux des assistants que les maîtres

 

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des cérémonies laissent approcher ; et ainsi se termine cette cérémonie si intéressante et par les souvenirs qu'elle retrace, et par son objet actuel.

Nous n'achèverons pas les récits qui se rattachent à ce dernier jour de l'Octave des nouveaux baptisés, sans avoir dit un mot de la Pâque annotine. On nommait ainsi le jour anniversaire de la Pâque de l'année précédente ; et ce jour était comme la fête de ceux qui comptaient une année révolue depuis leur baptême. L'Eglise célébrait solennellement le Sacrifice en faveur de ces nouveaux chrétiens, auxquels elle remettait ainsi en mémoire l'immense bienfait dont Dieu les avait favorisés en ce jour; et c'était l'occasion de festins et de réjouissances dans les familles dont les membres avaient été, l'année précédente, du nombre des néophytes. S'il arrivait, à  raison du mouvement irrégulier de la Pâque, que cet anniversaire tombât, l'année suivante, dans quelqu'une des semaines du Carême, on devait s'abstenir cette année-là de célébrer la Pâque annotine, ou la transférer après le jour de la Résurrection. Il paraît que, dans certaines Eglises, pour éviter ces continuelles variations, on avait fixé l'anniversaire du Baptême au Samedi de Pâques. L'interruption de l'usage d'administrer le Baptême dans la fête de la Résurrection devait amener peu à peu la suppression de la Pâque annotine; on en trouve cependant encore des traces en quelques lieux jusqu'au XIII° siècle, et peut-être au-delà. Cette coutume de fêter l'anniversaire du Baptême étant fondée sur la grandeur du bienfait qui pour chacun de nous se rattache à ce jour, n'a jamais dû sortir des habitudes chrétiennes; et de nos temps, comme dans l'antiquité, tous ceux qui ont

 

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été régénérés en Jésus-Christ doivent au moins porter à ce jour où ils ont reçu la vie surnaturelle, le respect que les païens portaient à celui qui les avait mis en possession de la vie naturelle. Saint Louis aimait à signer Louis de Poissy, parce que c'était sur les fonts de l'humble église de Poissy qu'il avait reçu le baptême; nous pouvons apprendre d'un si grand chrétien à tenir mémoire du jour et du lieu où nous fûmes faits enfants de Dieu et de son Eglise.

 

Le septième jour de cette semaine durant laquelle nous avons suivi toutes les phases de la création, à partir du moment où la lumière, sortant du néant, désigna le jour où celui qui est la lumière incréée et infinie devait sortir lui-même des ombres du tombeau ; le septième jour s'est levé, et nous v révérons le repos du Seigneur qui cesse de créer. Mais ce jour est aussi celui du repos que le même Seigneur a voulu prendre dans son glorieux sépulcre. Honorons aujourd'hui ce second mystère qui nous révèle, bien plus vivement encore que le premier, l'amour du Fils de Dieu pour l'homme; et payons notre hommage du Samedi, en lui offrant la prière que le Bréviaire mozarabe consacre aujourd'hui à l'accomplissement de ce devoir.

 

CAPITULA.

 

O Christ, Fils de Dieu, repos de nos âmes, qui avez accompli dans le sépulcre le repos du sabbat, ayant voulu que ce même jour où vous vous reposâtes de toutes vos œuvres, fût aussi celui de votre repos dans le sépulcre; vous avez véritablement sanctifié pour nous ce jour dont le soir est déjà le commencement du huitième jour, qui est celui où vous fîtes jaillir la lumière des ténèbres, et où, ressuscité d'entre les morts, vous apparûtes dans votre chair. Daignez diriger le cours de notre vie dans la voie de toute sainteté; afin que durant ces sept jours qui représentent la durée du monde, et dans chacun desquels l'Agneau est immolé et la Pâque célébrée pour nous, nous vivions d'une manière conforme à notre salut. Faites que, chaque jour, nous méritions de célébrer la Pâque sans aucun levain de malice, et que nous nous reposions de toutes nos œuvres en ce jour d'une manière si sainte, que nous avons part à  la consolation du huitième et éternel jour, ayant obtenu de ressusciter glorieux.

 

 

Nous demanderons aujourd'hui à l'Eglise grecque un chant sur la Résurrection. Elle nous fournit encore ces belles strophes que nous détachons de ses Offices du jour de Pâques.

 

IN DOMINICA RESURRECTIONIS

 

Tu es descendu, ô Christ, jusque dans les entrailles de la terre;  tu  as brisé les serrures  éternelles qui retenaient captives les âmes saintes; et trois jours après, tu sortais du tombeau, comme Jonas de la baleine.

 

Tu as laissé intact le sceau qui fermait le sépulcre, ô Christ ! toi qui, dans ta naissance, avais maintenu l'intégrité de la Vierge; et tu nous as rouvert les portes du Paradis.

 

Mon Sauveur, tu t'es librement offert à ton Père en hostie vivante, toi qui, comme Dieu, ne saurais être une victime ; et sortant du sépulcre, tu as ressuscité Adam tout entier.

 

Tu es descendu dans le sépulcre, ô immortel ! tu as brisé la puissance de l'enfer, et comme un vainqueur tu t'es levé, ô Christ Dieu ! Aux femmes qui portaient des parfums, tu as dit : « Je vous salue » ; aux Apôtres tu as donné la paix, toi qui relèves ceux qui étaient tombés.

 

En ce jour nous célébrons la destruction de la mort, la ruine de l'enfer et les prémices d'une vie nouvelle et éternelle, un Dieu unique et comblé de gloire, le Dieu célébré par nos pères.

 

O nuit vraiment sacrée et vraiment festive, nuit salutaire et brillante, qui porte l'annonce du jour radieux de la résurrection, où la lumière éternelle, s'élançant du sépulcre avec son corps, a lui  sur tous les hommes.

 

Venez donc, et participons, dans une divine allégresse, aux fruits de notre vigne nouvelle, en ce jour où le  Christ ressuscite  et proclame sa royauté ; louez-le dans vos cantiques comme le Dieu qui est à jamais.

 

Lève tes yeux, ô Sion ! regarde autour de toi et vois : brillants d'une splendeur divine et semblables à des lampes éclatantes, des fils te sont venus de l'Occident et de l'Aquilon, de la mer du Midi et de l'Orient ; ils s'unissent dans ton sein pour bénir le Christ à jamais.

 

O voix divine ! voix amie ! voix pleine de tendresse ! C'est en toute vérité que tu as promis, ô Christ, de demeurer avec nous jusqu'à la consommation du monde ; nous, tes fidèles, appuyés sur l'ancre d'espérance, nous sommes dans la joie.

 

O Christ, grande Pique, sainte Pâque ! O Sagesse ! ô Verbe ! ô Vertu de Dieu 1 sois notre modèle ; fais-nous participants de ton royaume, lorsque se lèvera le jour qui n'aura pas de couchant.

 

En ce jour que nous avons consacré à la gloire du divin tombeau, empruntons cette belle Hymne que nous fournit le Propre des Offices de l'Ordre du Saint-Sépulcre.

 

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HYMNE.

 

Chante, ô mon âme, avec transport, les prodiges du sépulcre glorieux, d’où le Christ s'est élancé , comme autrefois du sein de sa chaste mère ; ainsi l'avait annoncé l'oracle fidèle des prophètes.

 

Il fut conçu dans les entrailles d'une vierge sans tache ; il fut enseveli sous

un antre où nul corps n'avait encore été placé ; qu'il naisse enfant, qu'homme il s'élance, c'est toujours avec la même gloire.

 

Apres l'espoir d'une longue attente, sa mère l'enfante dans un corps mortel ; avant l'espoir de son retour, le tombeau le restitue immortel ; sa mère l'enveloppa de langes ; dans le sépulcre il était couvert de linceuls.

 

Du sein de sa mère, il naît pour accomplir le salut ; des flancs de la roche, il sort, le salut étant consommé ; sa mère l'enfanta pour la croix ; la pierre le rendit pour la gloire.

 

Sanctuaire trois fois heureux, empourpré du sang de l'Agneau céleste, reçois les adorations de la terre, de la mer et des cieux ; mais tu n'es plus un sépulcre, depuis qu'on a vu la vie sortir de toi.

 

Gloire et honneur à Dieu Très-Haut; gloire unique au Père, au Fils, à l'auguste Paraclet ; puissance et louange dans les siècles éternels. Amen.

 

 

Enfin, ne terminons pas cette journée du Samedi avant d'avoir rendu à Marie nos hommages, en la félicitant sur la glorieuse Résurrection de son Fils. Offrons-lui cette Prose touchante tirée des anciens Missels des Eglises d'Allemagne.

 

SÉQUENCE.

 

A vous, o Mère, de fêter votre fils ressuscite, qui règne victorieux du prince de la mort. O Vierge, cessez votre deuil ; recevez Jésus fruit de vos entrailles; il revit aujourd'hui.

 

La mort de ce fils vous fut cruelle ; le glaive de sa passion traversa votre cœur; livrez-vous à la joie de sa résurrection ; faites entendre  un chant d'allégresse.

 

Il fut crucifié ; mais il s'est levé du tombeau ; il vous a introduite dans son palais : apaisez-le en notre faveur ; de l'abîme de nos péchés faites-nous monter aux joies éternelles. Amen.

 

 

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