PASTEUR
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SAINT PASTEUR *

 

Saint Pasteur passa de longues années dans le désert, se mortifiant par une grande abstinence : il était recommandable par son éminente sainteté et par sa dévotion. Or, comme sa mère désirait le voir, ainsi que ses frères, elle passa toute une journée à l’attendre sans le voir, et quand ils vinrent à l’église, tout à. coup elle se présenta devant eux. Alors ils se mirent  à fuir, entrèrent dans une cellule et lui en fermèrent la porte à la figure. Elle resta à l’entrée et criait en pleurant beaucoup. Mais Pasteur vint lui dire: «Qu'as-tu à crier ainsi, ô vieille ? » Quand elle entendit sa voix, elle criait encore plus haut en pleurant et en disant : « Je veux vous voir, mes enfants, quel grand malheur de vous voir! Est-ce que je ne suis pas votre mère, je vous ai nourris de mon lait? et d'ailleurs je suis déjà toute couverte de cheveux blancs. » Son fils lui dit : « Voulez-vous nous voir ici-bas, on dans l’autre monde? » Elle répondit : « Mais si je ne vous vois pas ici-bas, vous. verrai-je là, mes enfants? » Il dit : « Si vous pouvez vous résigner à ne pas nous voir ici, il n'est pas douteux que vous nous voyiez là plus tard. » Elle se retira pleine de joie en disant : « Si je dois vous voir là, je ne veux pas vous voir ici **.» — Le juge de la province désirait voir l’abbé Pasteur, mais comme il ne le pouvait, il fit saisir et mettre en

 

* Tiré des Vies des Pères du désert.

** Vies des Pères, l. V, libell. IV, n° 33.

 

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prison le fils de sa sueur comme malfaiteur : « Si Pasteur veut venir intercéder pour lui, dit-il, je le relâcherai. » La mère du jeune homme vint à la porte du vieillard en pleurant, et comme il ne lui répondait rien, elle dit : « Quand bien même vous auriez des entrailles de fer, et qu'aucune compassion ne puisse vous émouvoir, au moins, par compassion pour votre sang, laissez-vous fléchir, vous savez bien que c'est le seul fils que j'aie. » Alors l’abbé lui fit dire : « Pasteur n'a point d'enfants, c'est pour cela qu'il n'a point de compassion. » Et comme cette mère se retirait toute dolente, le juge lui dit : « Qu'au moins il me dise un mot que je regarderai comme un ordre et je le mettrai en liberté. » Alors Pasteur lui envoya dire : « Examine la cause d'après la loi, et s'il est digne de mort, qu'il meure aussitôt, sinon, fais comme il te plaît.* »  Il instruisait ainsi ses frères en disant : « Se garder, et se considérer soi-même, et être discret, sont des opérations de l’âme. La pauvreté, la tribulation et la discrétion sont les oeuvres. de la vie solitaire. Car il est écrit (Ezech., XIV) : Si ces trois hommes, Noé, Daniel et Job se trouvent au milieu de ce pays-là, ils délivreront leurs âmes par leur propre justice. Noé représente ceux qui ne possèdent rien, Job ceux qui sont en butte à la tribulation, et Daniel les discrets. Si un moine hait deux choses, il peut être délivré de ce Inonde. » Un frère, lui ayant demandé quelles étaient ces choses, il dit : « Les convoitises de la chair et 1a vaine gloire. Si vous voulez trouver le repos en ce

 

* Vies des Pères, l. V, libell. VIII, n° 13.

 

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monde et en l’autre, dites-vous en toute circonstance «Qui suis-je ? » et : « Ne jugez personne. » Un frère de la communauté, ayant commis une faute, l’abbé, de l’avis d'un solitaire, le chassa. Et comme il pleurait et se désespérait, l’abbé Pasteur se le fit amener. Il le reçut avec bonté et l’envoya chez ce solitaire en disant : « J'ai entendu parler de toi et je désire te voir : prends donc la peine de venir jusqu'à moi. » Quand il fut venu, Pasteur lui dit : « Il y avait deux hommes qui avaient chacun leurs morts. L'un d'eux laissa le sien pour venir pleurer le mort de l’autre. » En entendant cela, le solitaire comprit ce qu'il voulait dire, et il eut regret de son action *. Un frère dit à Pasteur qu'il était troublé et qu'il voulait quitter la solitude, parce qu'il avait entendu, sur le compte d'un frère, certains propos qui ne l’avaient pas édifié. Pasteur lui dit de n'y pas ajouter foi parce qu'il n'y avait là rien de vrai. Or, le frère assurait que ces propos étaient véritables, car le frère Fidèle les lui avait rapportés. Pasteur reprit : « Celui-là qui te les a dits, n'est pas fidèle, car s'il était fidèle, jamais il ne t'aurait raconté choses pareilles. » Alors le frère lui dit : « Je l’ai vu de mes yeux. » Et Pasteur lui ayant demandé ce que c'étaient qu'une poutre et une paille; le frère lui répondit qu'une paille était une paille, et une poutre une poutre. Alors, lui dit Pasteur : « Mettez ceci dans votre coeur : Que vos péchés sont comme cette poutre et les péchés de l’autre comme ce petit brin de paille. »

 

* Vies des Pères, l. V, libell. IX, n° 7.

 

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Un frère qui avait commis un péché énorme et qui en voulait faire pénitence pendant trois ans, demanda, à Pasteur si c'était beaucoup. « C'est beaucoup, dit. Pasteur. » Interrogé s'il le condamnerait à une année, il dit : « C'est beaucoup. » Ceux qui étaient là disaient quarante jours. « C'est beaucoup, reprit Pasteur : » et il ajouta : « Je pense,que si un homme se repent de tout son coeur et ne retombe pas dans son péché, le Seigneur se contentera même d'une pénitence de trois jours. » On lui demandait ce qu'il pensait de cette. parole de J.-C. : « Celui qui, sans motif, s'irrite contre son frère, mérite d'être condamné. » Il dit : « Quoi que fasse ton frère pour t'affliger, ne te fiches pas contre lui, jusqu'à ce qu'il t'ait arraché l’oeil droit; que si tu fais autrement, lu t'irrites sans motif contre lui; mais si quelqu'un voulait te séparer de Dieu, pour cela irrite-toi contre lui. » Pasteur dit encore : « Celui qui est querelleur, n’est pas moine; celui qui garde de la malice dans son coeur, n'est pas moine ; celui qui est prompt à se fâcher, n'est pas moine ; celui qui rend le mal pour le mal, n'est pas moine; celui qui est orgueilleux et bavard, n'est pas moine; mais celui qui est vraiment moine, est toujours humble, doux, plein de charité, et toujours et en tout lieu, il a la crainte de Dieu sous les yeux pour ne point pécher. »

Il dit encore que si de trois personnes, il y en a une qui se porte bien, l’autre malade et remerciant Dieu, et la troisième qui a soin des deux premières du fond du coeur, elles sont toutes les trois semblables, comme si elles ne faisaient qu'une même couvre. Un frère se (402) plaignait à lui d'être assailli par une infinité de pensées dangereuses. Pasteur le poussa en plein air et lui dit : « Ouvre la poitrine et prends le vent. » « Je ne puis, dit le frère. » « Tu ne peux pas davantage empêcher les pensées d'entrer, mais c'est ton devoir de leur résister. » Un frère lui demanda ce qu'il ferait d'un héritage qui lui avait été laissé. Pasteur lui dit de revenir dans trois jours. Quand il revint, l’abbé lui dit : « Si je te dis de le donner aux clercs, ils en feront des festins; si je te dis, donne-le à tes parents, il n'y en aura pas de récompense pour toi , si je dis, donne-le aux pauvres, tu seras en sûreté. Fais donc tout ce que tu veux; pour moi, ce n'est pas mon affaire. »

 

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