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A - Ste Brigitte de Suède B - Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix C - Ste Catherine de Sienne D - St Benoît de Nursie E - St Méthode F - St Cyrille |
12 - St Gorazd, évêque (Slovaquie) |
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Cette icône de plus d'1,50 m de haut fut bénite le 13 octobre 2005, lors de
l'installation de la communauté des chrétiens slovaques et tchèques à Bruxelles,
au cours d'une eucharistie présidée par l'archevêque de Bratislava, Mgr Sokol,
en présence du commissaire Fige! et des ambassadeurs, au sein d'une assemblée
fervente.
L'icône a désormais pris place, à droite du choeur, au dessus
de l'autel du Saint-Sacrement
Au nom du cardinal Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, et de son
évêque auxiliaire, Mgr De Kesel, le Chanoine Lode Vermeir a accueilli la
communauté en ces termes: "Vous n'êtes pas à l'étranger, vous êtes chez nous.
C'est ainsi que peut se réaliser le rêve des fondateurs de l'Europe unie,
rêve que je vois vivre dans les pensées, les sentiments et l'engagement de la
génération actuelle des fonctionnaires."
Qui n'a jamais entendu résonner autour d'une crèche, cette prière contemplative
qui sert aujourd'hui de bruit de fond aux supermarchés de Noël ?
Folklore l'âne et le bœuf?
Certes, ils ne figurent pas dans les Evangiles, mais ils appartiennent au plus pur style d'Isaïe. C'est sur cet oracle retentissant que s'ouvre le livre du prophète:
« Ecoutez, deux ! Terre prête l'oreille !
C 'est le Seigneur qui parle :
'J'ai fait grandir des fils et je tes élevés,
Eux ils se sont révoltes contre moi.
Un bœuf connaît son propriétaire
et un âne la mangeoire de son maître :
Israël ne connaît pas,
mon peuple ne comprend pas (1) » (Is 1,2-3).
1. Catherine de Sienne, Le livre des dialogues,
Seuil, ch. 129, pp.426-132
Façon biblique de dire que, dans son aveuglement spirituel, le peuple choyé par Dieu - « mon peuple » - est devenu plus bête qu'un âne ou un bœuf. Près de la mangeoire où repose l'Enfant-Dieu, l'âne et le bœuf font donc figure de grands contemplatifs.
Quant aux séraphins?
Ils apparaissent dans le Temple, lors de la grande vision d'Isaïe. A
l'origine de sa vocation, le prophète vit le Seigneur : « Des séraphins se
tenaient au-dessus de lui...
Ils se criaient l'un à l'autre :
'Saint, Saint, Saint, le Seigneur, le tout-puissant,
sa gloire remplit toute la terre' » (la 6,2-3)
Ils font retentir une acclamation qui existait déjà dans le culte. Lorsque nous
chantons le Sanctus, c'est à l'unisson du ciel et de la terre que nous nous
inclinons. La sainteté de Dieu entraîne et exige celle du peuple. Dans le
cantique populaire, l'Amour appelle l'amour.
Et le chien ?
Dans les ruelles et aux abords des multiples portes auxquelles elle a
frappé, Catherine fit souvent connaissance avec ces quadrupèdes faisant fonction
de pariophones à l'entrée des logis. Charmants ou agressifs, endormis ou
vigilants, bien ou mal nourris, elle semble aussi bien les connaître que le cœur
de l'homme. C'est précisément de notre cœur qu'elle veut parler. Ou plutôt,
c'est à ce propos que Dieu « dialogue » avec elle.
Car ce que le Créateur nous a donné de plus précieux, c'est
notre détecteur intérieur pour Le reconnaître et pour débusquer l'ennemi. Vous
l'avez compris : le « toutou » qui dort ou qui veille au fond de nous, c'est le
gardien de notre conscience. Est-il bien nourri ?
Rien ne se détraque plus facilement qu'une boussole. Rien ne se déforme plus
subtilement qu'une conscience. Et que dire d'une conscience chrétienne dont la
vigueur baptismale est défraîchie ?
Le souci pastoral
Au chapitre cent vingt-neuvième du Dialogue, dans le cadre d'un
enseignement sur l'oraison, Dieu fait voir à Catherine l'aveuglement des
pasteurs, afin qu'elle intercède constamment pour les ministres de l'Eglise et
pour le monde entier.
« Les mauvais bergers se soucient peu d'avoir un bon chien qui aboie à
l'approche du loup. Ils ont un chien qui leur ressemble». Leur conscience ne
voit plus le mal en eux-mêmes, ni le péril qui guette leurs brebis. Leur chien «
ne saurait plus aboyer ». Il n'est « pas assez nourri ». Parfois le
manque de zèle et de conscience des prêtres est tel qu' « ils n'ont pas de
chien. Il est si faible en effet, qu'on peut dire qu'ils n'en ont pas. »
Il s'agit bien des ministres de l'Eglise. Et de par le monde, à côté de la
grande majorité des pasteurs zélés, il ne manque pas de cas douloureux, souvent
connus de Dieu seul, pour lesquels nous sommes priés d'intercéder, car il s'agit
de leur vie et de leur destinée spirituelle ainsi que de la survie des agneaux
et du troupeau.
Mais depuis Vatican II, nous comprenons « le souci pastoral » comme une
responsabilité qui appartient non seulement aux ministres ordonnés, mais aussi à
tout baptisé : les époux l'un pour l'autre, les parents pour leur famille - «
petite Eglise » selon l'expression patristique -les laïcs qui ont reçu ou non un
ministère et la communauté chrétienne tout entière. Cependant, dans la
culture individualiste qui est la nôtre, nous ne remarquons parfois même plus à
quel point nous sommes habités par le réflexe de Caïn : « Suis-je le gardien de
mon frère ? ». Cela va du drame des exclus à celui des exclus de « l'amitié avec
Dieu », pour toutes sortes de raisons et de négligences, à propos desquelles il
est toujours bon de nous interroger quant à notre propre « souci pastoral ».
'Chiens mal nourris'
Si ce titre faisait « la une » d'un magazine, il soulèverait une
vague d'émotion, de compassion et d'énergie parmi les défenseurs des droits des
animaux. Mais comme il fait « la une » d'un Dialogue entre Dieu et Catherine, il
a de quoi soulever une vague de compassion envers nous-mêmes et envers notre
prochain. Que notre âme aie « du chien »!
Rendez-vous à 'Bethléem', la 'Maison du Pain'
En ce temps de fine gastronomie, soignons donc avec amour notre « toutou » intérieur. « La nourriture qu'il lui faut est la chair de l'Agneau, mon Fils. Dès que la mémoire, véritable écuelle de l'âme, est remplie du sang, la conscience s'en nourrit. » C'est en faisant mémoire de la miséricorde de Dieu envers nous et en se nourrissant de l'Eucharistie que l'âme se réveille et s'enhardit. En route pour Bethléem avec nos « toutous ». Que Dieu les bénisse et nous aussi. Faufilons-nous parmi les bergers qui se sont se sont hâtés, avec leurs agneaux et leurs cabots. Ce sont des anges qui les ont réveillés. Catherine n'est-elle pas pour nous un de ces anges ? ( Ch. v. d. P.)
du Canada
3 novembre 2005
Bonjour Chantal!
Merci de tes envois de La Voix... Je les lis toujours avec beaucoup
d'intérêt. Ton article paru dans le dernier numéro, 135, est bien intéressant.
Comme tu la connais cette Catherine ! Merci de cela.
Nos activités catheriniennes se poursuivent. Nous aurons un
colloque au Collège universitaire dominicain d'Ottawa le 9-10 mars sur Femme de
Parole. Catherine de Sienne. On m'a invitée à donner la conférence d'ouverture
qui sera suivie d'ateliers le lendemain matin, en français et en anglais. Nous
en prévoyons un sur l'introduction à la lecture du Dialogue, un autre sur la
cellule intérieure et un troisième sur Catherine et le rapport au corps. Un des
aspects intéressants du projet c'est que nous le préparons ensemble. Ainsi le 12
novembre, je vais exposer ma façon de présenter le Dialogue et les membres du
groupe d'étude vont réagir. Nous aurons aussi une présentation en anglais, par
Maxime Allard, o.p. Je te reparlerai de tout cela lorsque tout sera bien défini.
Je ne sais pas si tu as connu le dominicain D. Mongillo, de l'Angelicum qui nous
a donné de bien beaux cours sur Catherine à la Faculté des Dominicains ici à
Ottawa. Il a fait une étude sur les Oraisons dans le livre que j'ai dirigé «Ne
dormons plus...» Notre groupe d'étude a bien bénéficié de son expertise et de
son expérience du groupe d'étude interdisciplinaire sur Catherine dont-il
faisait partie à Rome. À notre profond chagrin, il est décédé au printemps
dernier. Avec amitié,
Elisabeth Lacelle
elisalac@sympatico.ca
de Belgique
Je viens de recevoir "La voix de Catherine ", un tout grand
merci, il n'y avait pas de petit "papier" à l'intérieur,
mais ce n'était rien, parce que j'y ai découvert beaucoup de "papiers", page 3,
notamment, c'était, une réponse à ce que je vis pour le moment.
Pas comme Ste Catherine avec l'exécrable Palmérina, mais quand même avec une
personne qui me fait souffrir. Je prie pour elle depuis à peu près 8 ans, je
vais donc persévérer.
Merci Chantal, merci Ste Catherine.,
Y.
le 10 décembre 2005
Chère Chantal,
Il y a deux mois, notre fille a décidé de vivre une année dans la communauté
Marie-Jeunesse à Ciney. Ce matin, je lis leur revue juste sortie de presse et
dans un des articles « témoignage », je lis l'extrait suivant que je te
transmets:
".....Une de mes prières préférées est
celle que l'on adresse à Jésus :
'Ô Jésus, doux et humble de coeur,
rends mon coeur semblable au tien !'
Avoir un coeur semblable au sien,
c'est l'idéal de vie de tout chrétien!
Toutefois, aurions-nous oublié ce qu'on a fait
à son coeur lors de son crucifiement?
Oui, on l'a transpercé
et de son coeur ont jailli l'eau et le sang,
prémices de notre baptême, prémices de
la vie de Dieu que nous allions recevoir.
Un coeur transpercé, c'est la plus sûre disposition pour
accueillir l'amour et le redonner en vérité.
Avec un coeur ouvert,
c'est la démesure de l'amour de Dieu
qu'il m'est donné d'accueillir
et que je peux laisser rejaillir sur tous mes frères.
Voici ce qu'a vécu Catherine de Sienne
suite à une prière qu'elle avait adressée à Jésus.
Catherine ne cessait de demander à notre Seigneur la
perfection de la charité:
'Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu' (Ps 50,12).
Il lui sembla alors voir le Seigneur en personne
s'approcher d'elle, lui ouvrir le côté,
enlever et emporter son coeur.
Deux jours plus tard, il revient à elle,
tenant dans sa main un coeur vermeil
d'où sortaient des rayons lumineux.
A nouveau, il lui ouvrit le côté
pour y placer ce coeur: 'Ma fille, lui dit-il, l'autre jour, je
fai enlevé ton coeur; aujourd'hui je te donne le mien.
Par lui, désormais tu vivras'.
Frères et soeurs, osons tout demander à Dieu comme l'a fait sainte Catherine: 'Seigneur, blesse mon cœur! Que ton amour soit mon amour! De ma chair, ôte te coeur de pierre et donne-moi ton propre coeur!' AMEN!"
Patrick Simard, fmj, 29 ans, Sherbrooke
Avec tous nos voeux pour 2006!
Carine
Faut-il guérir de tout ?
Dépasser l'idéologie thérapeutique
« Si l'on désire un amour qui protège l'âme contre les blessures,
il faut aimer autre chose que Dieu.» Simone Weil
« Peut-il y avoir des remèdes humains pour ceux qui sont malades du feu divin ?
Qui sait jusqu'où va la profondeur de cette
blessure ? » Thérèse d'Avila
« Déchirez votre cœur et non vos vêtements.» Joël 2,13
« Je salue celui que j'aime avec le sang de mon cœur. » Hadewijck d'Anvers
« J'ai voulu que vous voyiez le secret de mon cœur, en vous le montrant ouvert,
afin que vous voyiez que je vous aimais plus que ne pouvait le montrer la
souffrance finie.» Catherine de Sienne
« Tous les humains ne sont peut-être pas appelés à une quête
héroïque, à une élévation mystique ; du moins doivent-ils mériter ce
qualificatif d'humanité qui est bienveillance, bonté, accueil. Or, en allant
vers l'autre, en l'écoutant, on risque d'être ému, bouleversé. C'est pourquoi
beaucoup préféreront revêtir une carapace d'indifférence ou de froideur qui,
croient-ils, les protégera. Mais en fait elle montrera leur peur et leur carence
d'humanité.
Il y a une folle illusion à se vouloir à l'abri de tout, illusion soigneusement
entretenue par notre société. De qui, de quoi peut-on se garder? (...) Supprimer
la souffrance, l'inquiétude, au bénéfice du seul épanouissement de soi, qui est
bonheur, bien-être. C'est un enfermement redoutable et un rêve chimérique. »
Ainsi s'exprime Jacqueline Kelen dans un admirable livre, « Divine blessure »
(Paris. Albin Michel 2005. 302 pp.. 19.50 € 2 ). En
passant par les mythes antiques, les récite bibliques (Le combat de Jacob, le
drame de Job, la quête amoureuse du Cantique des Cantiques, le Christ
crucifié...), les Pères de l'Eglises, les saints, les mystiques chrétiens et
soufis et les héros de ia littérature - « des passeurs de liberté, d'amour et de
noblesse » - l'auteur tente de sauver la vocation spirituelle de l'homme, à
laquelle nul ne peut accéder dans le confort et la facilité.
Le chemin vers la rencontre absolue passe par la vulnérabilité. La fragilité
librement consentie nous fait accéder à une autre grandeur. « Guérir, se sentir
'bien dans sa peau', refermer toutes nos failles et se débarrasser de tous nos
maux pour accéder au but suprême de la quiétude et du bonheur, telles sont les
obsessions du jour. Nous vivons désormais sous le règne d'une idéologie
thérapeutique, régressive, consumériste, qui nous infantilise en cherchant à
nous détourner de tout risque. »
Loin de tout dolorisme - ce qui nous blesse ici, c'est l'Amour, la Beauté, la
Sagesse - ce parcours nous renvoie aux limites de notre condition mortelle, à
une déchirure, une béance, pour nous ouvrir à une liberté, à une joie qui nous
relie à la Source. « On peut aborder de trois façons la blessure que l'on
ressent : soit on cherche à ia refermer, et on se situe au niveau thérapeutique
; soit on fait un travail de transformation, à la façon dont ia perle naît d'une
écharde dans la chair de l'huître, et c'est un chemin initiatique ; soit on ia
garde vive, et c'est la voie mystique. Dans cette troisième démarche, l'être se
sait inconsolable parce que touché, appelé par l'infini. » (p.
19.) Ce livre vaut vraiment le détour !
Le Christ est à la porte de notre cœur
Dans un livre d'entretiens avec Sofia Strii-Rever, Sœur Emmanuelle s'exprime sur
la relation avec Dieu qui nourrit son action humanitaire. Pour exprimer ce coeur
à cœur qu'est l'expérience spirituelle, ce trésor d'amour caché au plus intime,
elle s'inspire du témoignage et des méditations de quelques « sentinelles de
l'invisible » : Thérèse d'Avila, Catherine de Sienne, Thérèse de Lisieux, Etty
Hillesum, Simone Weil, Mère Teresa... En voici quelques extraits (1).
« Je crois en Dieu qui nous a créés libres et a décidé de ne pas forcer notre
volonté. Dieu n 'est pas un dieu de pouvoir, comme les dieux de l'Antiquité qui
jouent avec le bonheur ou le malheur des hommes. Il est amour et l'amour ne
s'impose pas. La liberté de chacun est la condition pour chercher, connaître et
aimer Dieu, comme Dieu nous a aimés. Catherine de Sienne, mystique du XIVe
siècle (...) a ressenti elle aussi la présence du Christ à la porte de son âme.
Elle a vu en Marie, la mère de Jésus, l'exemple même du consentement total à
l'amour de Dieu ».
Voici la servante du Seigneur !
Nous voyons encore aujourd'hui en vous, ô Marie, la force et
la liberté de l'homme. Avant de descendre en votre sein, le Fils de Dieu
s'adresse à votre liberté ; il attend à la porte de votre volonté, il vous
soumet le désir qu'il a d'habiter en vous, et il n'y serait jamais entré, si
vous ne lui aviez dit : « Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait
selon votre parole. » N'est-ce pas là une grande preuve de la force et de la
liberté de la volonté ? Rien de bien ou de mal ne peut se faire sans elle. Le
démon ni aucune créature ne la forcent au mal, si elle ne devient pas leur
complice ; et personne ne peut la contraindre au bien, si elle veut résister. La
volonté de l'homme est donc libre.
Catherine de Sienne
« Ressentir la présence du Christ est une expérience commune
aux mystiques. Mère Teresa, dans son Testament spirituel, reprend, comme
Catherine de Sienne, l'image de Dieu qui se tient à la porte de notre cœur.
(...) Les mystiques et ceux qui vivent d'une foi profonde disent qu'il faut
toujours faire silence. Cela nous manque. Aujourd'hui, qui fait encore silence ?
» « N'aie pas peur, Dieu traverse ton être tout entier. Il te connaît jusqu'au
plus profond, au plus intime... Si Dieu me connaît ainsi, je puis très
facilement entrer en relation avec lui. D'autant plus facilement qu'il est là,
il frappe à ma porte. Dès l'instant où je pense à lui, il demande à enter dans
mon cœur. Dieu m'aime à un tel point, qui que je sois. Je suis tellement aimée
qu 'il insiste : 'Je t'aime, je suis là, ouvre-moi et j 'entrerai ' ».
« - 'Plus pauvre parmi les plus pauvres', cette
expression qui revient souvent dans les écrits et les discours de mère Teresa,
est-elle inspirée de la mission du Christ ?
- Oui, et cette expression est très parlante à Calcutta, où l'on meurt sur les
trottoirs de la ville. Mère Teresa est allée vers ces personnes qui sont à
l'image du Christ, né parmi les plus pauvres. De tout petits bébés couchés sur
des tas de chiffons, j'en ai vu de mes yeux en Egypte, dans les bidonvilles. Ils
me faisaient penser souvent à l'enfant Jésus né dans le dénuement total. Je me
remémorais cette prière de Catherine de Sienne :
'Ô Père tout puissant, Dieu éternel,
douce et ineffable Charité,
vous êtes le Dieu éternel et incompréhensible, qui,
poussé par votre seul amour et votre miséricordieuse bonté,
nous avez envoyé notre Seigneur Jésus-Christ, votre fus unique,
revêtu de notre chair mortelle.
Vous avez voulu qu 'il vienne,
non pas dans les jouissances et les grandeurs de ce siècle périssable,
mais dans ! 'abaissement, la pauvreté et la douleur. (2) »
1. Sofia Stril-Rever. La folie d'amour.
Entretiens avec Sœur Emmanuelle, Paris, Flammarion, sept. 2005,288 pp, 18 Euros
; pp. 41 et ss.
2. p. 187 et Note 22, p 285 : « Prière faite à Gênes, au moment où le Pape
Grégoire XI voulait retourner à Avignon. Cette prière fut recueillie pendant
l'extase de la sainte par Thomas Pétra, sténographe de Grégoire XI. puis
secrétaire du pape Urbain VI. Citée dans Lettres et Dialogues, éd. Téqui.
1985 ».
Un apôtre de la sainteté des
laïcs
Beaucoup d'entre vous ont sans doute lu le livre du Père Perrin (1), o.p. Catherine de Sienne, contemplative dans l'action (Téqui, 1961), réédité le 29 avril 1999. C'est pour éclairer les premiers pas de Caritas Christi2 que le P. Perrin (co-fondateur de cet institut avec Juliette Molland), écrivit en 1938 un petit ouvrage intitulé Sous l'égide de Sainte Catherine de Sienne. Cet opuscule est à la base du livre actuel.
1905-2005
Le Père Perrin, figure marquante de l'Eglise de Marseille, est né il y a 100 ans. Il mourut en 2002 à presque 97 ans. Ayant sentit très jeune l'appel à devenir prêtre, c'est grâce à une intervention de Pie XI, qu'il put être ordonné, en 1929, malgré sa cécité. Il entra dans l'ordre des Prêcheurs par amour de saint Dominique dont il admirait la transparence, la joie et le zèle : « un vrai fils de lumière ». Sa vie fut marquée par son amitié avec la célèbre philosophe Simone Weil (1909-1943), qui lui confia la charge de publier ses écrits. Il publia lui-même une trentaine de livres. Ecrivain matinal, père spirituel, prédicateur de retraites, sa spiritualité est habitée par la parole de Jésus : « Comme le Père m'aime, moi aussi je vous aime. Demeurez dans mon amour » (Jn 15,9). Il y a là une invitation à « repartir du Christ » (Jean-Paul II). Pour le P. Perrin, le sens de notre vie est d'abord une réponse à l'Amour. Cette réponse s'exprime dans une manière de vivre l'amour fraternel et de répandre l'amour du Christ dans le monde : « ...Les saints aiment pour de bon et veulent du réel. Catherine le vivait dès ici bas, regardant Dieu comme celui qui ne veut pas des paroles mais des œuvres (même celles du cœur et surtout l'infini de l'amour).
« Demeurez dans mon amour »
Cette spiritualité est une manière de communier à la miséricorde
de Dieu envers nous, envers l'Eglise et envers le monde. Avec Ste Catherine, le
P. Perrin pensait que c'est «parle moyen de ses serviteurs », c'est-à-dire à
travers nous, que <r Dieu veut faire miséricorde au monde ».
Mgr Benoît Rivière, évêque auxiliaire de Marseille a connu le P. Perrin en 1980.
Très marqué par 'le chemin tout simple' du « demeurer dans l'amour du Christ »,
il poursuit cette annonce dans son ministère d'évêque. Dans son livre, Prier
15 jours avec Le père Joseph-Marie Perrin (3), il consacre un petit chapitre
à « l'actualité de Catherine de Sienne » selon le fondateur de Caritas Christi.
« La sainteté apostolique dans le monde ! (...) La vie dans le monde
n'est-elle pas un obstacle insurmontable à cette perfection ? La multitude des
pensées ne va-t-elle pas distraire le pauvre esprit humain ? Mille soucis ne
vont-ils pas diviser son cœur ? Danger d'inconstance et de dispersion, voilà le
monde et surtout le monde moderne. Catherine ne le perd point de vue ; l'amour
qui l'a séduite est plus fort que le monde ; puisque tout vient de l'amour tout
doit servir à l'amour : 'Si vous me dites, disait la sainte à une de ses amies
.je ne voudrais pas être absorbée parles choses temporelles, je vous répondrai
que c'est nous qui les rendons temporelles, car tout procède de la bonté
suprême, tout par conséquent est bon et parfait.' C'est là le secret de la
sainteté laïque : aimer, faire aimer et profiter de tout pour développer l'amour
et le rayonner » (op. cit. p.97).
1. Photo et infos tirées du reportage paru dans
Familles chrétiennes, N° 1457, déc. 2005.
2. Institut séculier, fondé en 1937, pour les femmes voulant se consacrer à Dieu
tout en restant dans le monde. Plus tard, ce groupe comprendra aussi l'association
sacerdotale, pour les prêtres diocésains voulant vivre de cette spiritualité
de l'amour du Christ, et une fraternité laïque ouverte aux hommes et aux
femmes mariés ou non. Caritas Christi compte aujourd'hui environ 1300 membres
dans le monde.
3. Nouvelle cité, 2005, pp. 96-102.