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LE V NOVEMBRE. CINQUIÈME JOUR DANS L'OCTAVE DE LA TOUSSAINT.Et l’Esprit et l'Epouse disent : Venez. Que celui qui écoute dise aussi : Venez (1) — Oui ; je viendrai bientôt (2). — Amen! Venez Seigneur Jésus (3). Sans négliger de faire monter vers l'Eglise triomphante l'hommage de nos chants , sans cesser d'apporter nos suffrages à l'Eglise souffrante, n'omettons pas de considérer l'Eglise militante, en ces jours où l'évolution du Cycle sacré nous la montre à la veille d'achever son œuvre sur terre. Modèle de ses fils, c'est surtout à l'heure où finira notre pèlerinage d'ici-bas qu'il convient que son attitude soit la nôtre. Or le dialogue précité, qui terminera l'histoire du monde, fait assez voir les sentiments auxquels dès maintenant l'Esprit la dispose en prévision du moment suprême. Comme sont brisés dans l'homme, par la souffrance de ses derniers jours, les liens qui le retenaient à la vie des sens ; de même, si violemment qu'elle en doive être heurtée, les dernières convulsions sociales auront pour résultat de dégager l'Eglise des entraves d'un monde qu'elle devra renoncer à disputer davantage à la ruine. 1. Apoc. XXII, 17. — 2. Ibid.
20. — 3 Ibid. 226 Et c'est pourquoi rendue au libre essor, si l'on peut dire ainsi, de sa spontanéité native, elle se consumera de l'unique désir qu'avaient, semblait-il, comprimé les siècles, maintenu à l'arrière-plan tant de labeurs ; elle n'aura plus qu'un mot : Venez ! Et dans le cataclysme où, le soleil obscurci, la lune refusant sa lumière, les vertus des cieux seront ébranlées (1), elle tressaillira, n'ignorant point qu'au milieu de cette nuit-là même va retentir le cri : Voici l'Epoux (2) ! Que celui donc qui écoute, que chacun de nous dise aussi : Venez ! Si nous aimons le Seigneur, si l'on doit reconnaître en nous les membres de son Eglise bien-aimée, justifions ce beau titre, en ne voyant que par les yeux de l'Eglise, en n'appréciant que par son cœur toutes choses et, plus que tout, la mort : dans le suprême passage saluons, pour les nôtres et pour nous, l'entrée des noces éternelles. Nous le savons : à qui veut loyalement le Seigneur, le Seigneur ne saurait manquer ; fallût-il, par delà cette vie, solder à sa justice quelques dettes encore, rectifier l'un ou l'autre détail de parure avant de nous asseoir au banquet des cieux, le béni passage n'en donne pas moins sans nul retard et de plain-pied, pour tous les justes, accès dans l'impeccabilité, dans la sécurité de l'amour à jamais sauf. Comme nous le verrons, c'est bien ainsi que l'entendaient nos pères. Les Eglises de France, de Suisse, d'Angleterre avaient, en grand nombre, fait choix de cette Séquence pour chanter les Saints. 1. Matth. XXIV, 29. — 2. Ibid. XXV, 6. 227 SEQUENCE.
Au Christ glorieux nos
blanches phalanges adressent leurs chants dans cette fête auguste, célébrant
tous les Saints. Que notre voix nomme Marie la
première : par elle la vie nous fut conquise. Mère et vierge, ô notre Reine,
délivrez-nous par votre Fils des liens de nos péchés. Que tous les Anges et les
Archanges, leurs glorieux princes, toutes fautes effacées, nous disposent à
goûter les surhumaines délices des cieux. Vous qui, héraut du Christ et
son flambeau, fûtes prophète et plus que prophète, conduisez-nous dans le
chemin de la lumière et purifiez- nous. Prince des Apôtres, avec tout
le collège sacré, affermissez pour toujours les cœurs du peuple chrétien dans
la véritable doctrine. Illustre Etienne à la
couronne resplendissante, vaillante armée des saints Martyrs, donnez-nous
l'intrépidité des cœurs et des corps pour abattre l'ennemi sous les traits de
notre foi sainte. Glorieux Martin, dans
l'assemblée des saints Pontifes, en ce jour, à cette heure, agréez bénignement
nos humbles prières. Reine des Vierges, et
incomparablement la plus grande, vous êtes mère et la souillure ne vous atteint
pas, vous êtes vierge et portez votre fruit ; pour le Seigneur la pureté est
sacrée : gardez purs nos âmes et nos corps. Que les Moines parleurs pieux
suffrages, que tous les ordres des Saints par leurs prières assidues,
gouvernent nos temps ; qu'ils nous conduisent par delà ce monde aux joies non
menteuses. Amen ! dise pieusement pour
finir le peuple racheté. Le dixième Chant du Cathemerinon de Prudence fournit l'Hymne qui suit à l'Office mozarabe des Vêpres des morts. 229 HYMNE.Source embrasée des âmes, ô
Dieu, c'est dans l'union de deux principes, immortel et mortel, que vous fîtes
l'homme, en vous nommant son Père. Tous les deux sont à vous,
bien à vous, ô Seigneur suprême : comme par vous leur union s'accomplit, c'est
pour vous qu'elle subsiste et qu'ils vivent, c'est vous que servent ensemble
l'esprit et la chair. S'ils se séparent, l'homme se
dissout et il meurt : le corps retourne au terrestre limon ; L'âme subtile est
emportée vers les cieux. C'est une nécessité que toute
créature se débilite et qu'elle vieillisse enfin, que l’assemblage se
disjoigne, que l'union d'éléments dissonants ne dure pas. De là les soins si grands
donnés aux tombeaux, et le suprême honneur rendu à ces membres inanimés
qu'exalte la pompe des funérailles. Ainsi veut que soit fait, en
vue de l'avenir, la piété des disciples du Christ : elle croit que revivront
soudain tous ces corps plongés maintenant dans le glacial sommeil. Quiconque pieusement recouvre
de terre ces dépouilles humaines que la mort disperse en tous lieux, celui-là
fait oeuvre de miséricorde, œuvre que bénit comme faite à lui-même le Christ
tout-puissant. La commune loi nous avertit
assez qu'un même douloureux sort étant ici celui de tous, la mort d'un étranger
doit comme celle de nos proches attendrir nos coeurs. Mais nous nous attachons à
vos paroles, à Rédempteur, quand, terrassant la sombre mort, vous mander au
compagnon de votre croix, au larron, de vous suivre. Voici qu'enfin s'ouvre devant
vos fidèles la voie brillante qui mène au paradis sans bornes ; voici qu'à
l'homme est rendu l'accès du jardin de délices dont le serpent l'avait fait
exclure. O Guide très bon, recevez ma
prière : cette âme votre servante,
ordonnez que, par vous sanctifiée, elle rentre en ce séjour originel qu'elle
avait quitté pour l'exil et ses égarements. Et c'est pourquoi aussi,
souvenez-vous, ô Dieu, des âmes dont nous faisons mémoire à cette heure :
faites, nous vous en supplions, que purifiées de leurs souillures, elles
échappent aux brasiers d'enfer. Honneur soit à vous, source
de miséricorde ! Louange, gloire, puissance souveraine au Père, au Fils, au
Dominateur qui régit l'univers : un seul Dieu. Amen. La Préface suivante, d'une heureuse inspiration et rappelant des formules anciennes, est en usage en beaucoup de lieux aujourd'hui pour la Messe des défunts. PRÉFACE.C'est
une chose vraiment digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre
grâces en tout temps et en tous lieux. Seigneur saint, Père tout-puissant, Dieu
éternel ; par Jésus-Christ notre Seigneur : en qui vous nous avez donné
l'espérance de la résurrection bienheureuse. Si la nature s'attriste à la
pensée de l'inévitable mort, la foi, maintenant, se console dans la promesse de
la future immortalité. Car chez vos fidèles, Seigneur, la vie se transforme,
elle ne s'éteint pas ; et, pour cette demeure de notre terrestre séjour qui
tombe en ruines, c'est une demeure éternelle que nous échangeons dans les
cieux. C'est pourquoi donc,avec les Anges et les
Archanges, avec les Trônes et les Dominations, avec l'armée entière des cieux,
nous chantons l'hymne de votre gloire, disant, sans jamais cesser: Saint !
Saint ! Saint! |